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Assemblée nationale XVe législature Session
ordinaire de 2019-2020
Compte rendu intégral
Deuxième séance du mercredi 19 février 2020
SOMMAIRE
Présidence
de Mme Annie Genevard
1.
Système universel de retraite
Discussion
des articles (suite)
Article 1er
(suite)
M. Éric
Woerth
M. Sébastien
Jumel
Amendements nos 5
, 940
, 1438,
1440, 1443, 1451, 1454, 1458, 1459, 1461, 1462, 1467, 1471, 1473, 1475, 1477,
1484, 1485, 1488 , 3904
, 24379
, 25082
, 25195
, 25458,
25459, 25460, 25461, 25462, 25463, 25464, 25465, 25466, 25467, 25468, 25469,
25470, 25471, 25472, 26714 , 37586
, 40006
Rappels
au règlement
M. Sébastien
Jumel
Mme la
présidente
Mme Clémentine
Autain
Mme la
présidente
M. Boris
Vallaud
Mme la
présidente
Article 1er
(suite)
Suspension
et reprise de la séance
Mme la
présidente
Rappels
au règlement
M. Sébastien
Jumel
Mme la
présidente
M. Boris
Vallaud
M. Ugo
Bernalicis
Mme la
présidente
Article 1er
(suite)
Amendements nos 1489,
1495, 1498, 1501, 1503, 1506, 1509, 1511, 1512, 1514, 1516, 1519, 1522, 1525,
1540, 1545, 1547 , 37169
, 23978
, 41890
(sous-amendement) , 41895
(sous-amendement) , 41902
(sous-amendement) , 41899
(sous-amendement)
Rappel
au règlement
M. Hubert
Wulfranc
Article 1er
(suite)
Suspension
et reprise de la séance
Amendements nos 41904
(sous-amendement) , 41912
(sous-amendement) , 41985
(sous-amendement) , 41914
(sous-amendement) , 42085
(sous-amendement) , 41918
(sous-amendement) , 41920
(sous-amendement) , 42087
(sous-amendement)
2.
Ordre du jour de la prochaine séance
Présidence de
Mme Annie Genevard
vice-présidente
Mme la
présidente. La séance est ouverte.
(La séance est ouverte à vingt et une heures trente.)
1
Système universel de retraite
Suite de la discussion d’un projet de loi
Mme la
présidente. L’ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet
de loi instituant un système universel de retraite (nos 2623
rectifié, 2683).
Discussion des articles (suite)
Mme la
présidente. Cet après-midi, l’Assemblée a poursuivi la discussion des
articles du projet de loi, s’arrêtant à l’amendement no 5 à
l’article 1er.
Article 1er (suite)
Mme la
présidente. La parole est à M. Éric Woerth, pour répondre aux
questions posées par M. Sébastien Jumel à la fin de la séance
précédente.
M. Éric
Woerth. Je tiens à apporter quelques précisions s’agissant de
l’application de l’article 40 de la Constitution.
M. Jumel a
cité l’exemple d’amendements portant, si j’ai bien compris, sur le mécanisme
d’âge d’équilibre. En deçà de cet âge, les points acquis feront l’objet d’une
décote ; au-delà, les points acquis feront l’objet d’une surcote. On peut
proposer de supprimer purement et simplement l’article : cela ne pose pas
de difficulté, et les amendements de suppression sont évidemment recevables. En
revanche, lorsqu’il s’agit de modifier l’article, les choses se compliquent. On
ne peut pas proposer une mesure permettant d’obtenir plus de droits à pension de
retraite, ou d’obtenir ces droits plus rapidement. En effet, la réduction ou la
suppression du mécanisme de décote reviendrait à créer une nouvelle charge
publique, puisqu’une telle mesure coûterait plus cher que le mécanisme proposé
par le Gouvernement. En revanche, il est tout à fait possible de proposer de
supprimer ou de réduire uniquement la surcote, puisque cela reviendrait à une
diminution de charges – mais je ne suis pas sûr que ce soit l’objet de vos
amendements… (Sourires.)
De façon générale, tous les amendements
proposant de créer de nouveaux droits non prévus dans le système actuel ou dans
le système proposé par le Gouvernement ont été considérés comme créateurs de
charges. J’ai essayé d’être le plus simple possible, mais je ne sais pas si j’ai
été clair.
M. Sylvain
Maillard. Non, nous sommes perdus !
Mme la
présidente. La parole est à M. Sébastien Jumel.
M.
Sébastien Jumel. Je tiens à remercier le président Woerth d’avoir pris
le soin de nous répondre, témoignant ainsi à notre assemblée un respect qui
tranche singulièrement avec ce dont nous avons l’habitude.
Sur le fond,
je trouve ses explications très intéressantes. Nous n’avons cessé de tenter de
démontrer que le nouveau système universel proposé, en décalant l’âge
d’équilibre et en appliquant des décotes à ceux qui voudraient partir à la
retraite avant cet âge qui ne cesse d’être repoussé en fonction de leur date de
naissance, allait dégrader le niveau des pensions et permettre au Gouvernement
et à la majorité d’atteindre l’objectif qu’ils se sont fixé de réduire la part
des retraites dans le PIB de notre pays. En nous expliquant que les amendements
visant à réduire la portée du nouveau régime créaient des charges nouvelles, le
président Woerth a démontré de façon implacable que le nouveau système allait
aboutir à une réduction des charges, à une réduction du niveau des pensions et à
une réduction du poids des retraites dans le PIB.
Mme
Brigitte Bourguignon, présidente de la commission spéciale. Non,
vous extrapolez !
M.
Sébastien Jumel. En cela, il appuie parfaitement les arguments que nous
développons. Rien que pour cette raison, je voulais le remercier de cet
éclairage (Sourires sur plusieurs bancs du groupe LR), qui se nourrit de
son expertise de président de la commission des finances, qui est donc
irréfragable – non susceptible de preuve contraire – et qui alimente
une contre-expertise à l’étude d’impact dont nous avons dénoncé les
insuffisances…
M. Patrick
Hetzel. Une étude d’impact indigente !
M. Ugo
Bernalicis. Truquée !
M.
Sébastien Jumel. …et le caractère tronqué, biaisé, truqué.
M. Ugo
Bernalicis. C’est une pratique commerciale trompeuse !
M.
Sébastien Jumel. Même si nous n’avons pas la même vision de ce que
devrait être notre système de retraite, je remercie donc une nouvelle fois le
président Woerth de donner raison au groupe GDR lorsqu’il affirme que le système
universel va dégrader les retraites.
Mme la
présidente. Je suis saisie de quarante et un amendements identiques
tendant à supprimer l’article 1er.
Cette série comprend
les amendements nos 5, 940, les amendements
nos 1438 et identiques déposés par les membres du groupe La
France insoumise, les amendements nos 3904, 24379, 25082, 25195,
les amendements nos 25458 et identiques déposés par les membres
du groupe de la Gauche démocrate et républicaine, ainsi que les amendements
nos 37586 et 40006.
Sur ces amendements de suppression,
je suis saisie par le groupe Les Républicains et le groupe de la Gauche
démocrate et républicaine d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est
annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à
M. Gérard Cherpion, pour soutenir l’amendement no 5.
M. Gérard
Cherpion. Nous ne sommes pas opposés, bien au contraire, à une réforme
des retraites. En revanche, nous sommes opposés à la réforme des retraites qui
nous est proposée par le Gouvernement, pour plusieurs raisons.
Tout
d’abord, cette réforme n’est pas universelle. Elle instaure en réalité cinq
régimes, comme le souligne le Conseil d’État, et tous ces régimes ne seront pas
soumis aux mêmes règles, comme M. le rapporteur pour le
titre Ier l’a confirmé hier. Certains salariés de ces régimes
spéciaux continueront de partir à la retraite à un âge moindre que les
autres ; d’autres continueront de bénéficier de leur régime
complémentaire.
Cette réforme n’est pas équitable. Il n’est pas exact
d’affirmer que chaque euro cotisé donnera les mêmes droits. Les niveaux de
cotisation, les dispositifs de solidarité et les départs anticipés en raison de
statuts divers continueront d’ailleurs de créer des droits différenciés entre
les cotisants. Cette réforme est également injuste pour les femmes, les
salariés, les aides-soignants et les infirmiers.
Cette réforme n’est pas
financée. Selon le Conseil d’État, les projections financières restent
lacunaires. Le financement est renvoyé à une conférence de financement dont
l’avenir est particulièrement sombre.
Cette réforme est illisible. En
dehors des grands principes énoncés par le Gouvernement, personne ne comprend le
fonctionnement du futur système.
Enfin, cette réforme ne respecte pas le
Parlement, car le Gouvernement abuse du recours aux ordonnances
– vingt-neuf ordonnances sont prévues sur soixante-cinq articles. Aucune
réforme précédente ne s’est passée de la sorte.
M. Patrick
Hetzel. Aucune, en effet !
M. Gérard
Cherpion. C’est pour toutes ces raisons que nous avons déposé cet
amendement de suppression de l’article 1er. (Applaudissements
sur les bancs du groupe LR.)
Mme la
présidente. La parole est à M. Boris Vallaud, pour soutenir
l’amendement no 940.
M. Boris
Vallaud. Nous demandons la suppression d’un article qui, comme je le
disais cet après-midi, est le résumé saisissant de toutes les fausses promesses,
de tous les boniments entendus à propos de cette réforme.
M. Ugo
Bernalicis. Pratique commerciale trompeuse !
M. Boris
Vallaud. Les Françaises et les Français se demandent s’il s’agit d’une
réforme de progrès, c’est-à-dire si demain sera mieux qu’aujourd’hui.
M. Pierre
Dharréville. Hélas, non !
M. Boris
Vallaud. Hélas, cela ne peut pas leur être promis.
Sans réforme,
le système actuel conduira à une dégradation du taux de remplacement. Votre
réforme vient-elle corriger cela ? En aucune manière. Ce que nous sommes
capables de comprendre de cette réforme, c’est qu’elle consistera
essentiellement à consacrer le décrochage du niveau de vie des retraités par
rapport aux actifs. Cet écart de niveau de vie équivaudra à celui des années
quatre-vingt : ainsi, nous allons gommer quarante ans de progrès social.
Par ailleurs, chacun devra travailler plus longtemps – jusqu’à trois ans de
plus qu’aujourd’hui. Cette réforme est particulièrement injuste du fait de la
fixation d’un âge pivot qui défavorisera ceux qui commencent à travailler tôt
– c’est la source de toutes les injustices.
Même les prétendus
progrès sociaux qu’elle contiendrait n’en sont pas. Pour maintenir son niveau de
retraite, il faudra travailler plus longtemps, sous peine de subir une décote.
Même le minimum contributif que vous êtes en train d’élaborer n’est qu’un filet
de sécurité pour les plus modestes des pensionnés, puisque 30 % des
pensionnés et 40 % des femmes seront au minimum contributif. Qui pourra se
constituer par capitalisation le complément de pension qui lui manquera ?
On s’inquiète moins pour le 1 % de Français à qui vous allez rendre
4 milliards d’euros de cotisations que pour les millions de Françaises et
de Français que vous maintiendrez dans la pauvreté en raison d’une indexation
très faible de ce minimum contributif – il faut répéter que vingt ans après
avoir fait valoir ses droits à pension, on ne touchera plus que 70 % du
SMIC.
Mme la
présidente. La parole est à M. Jean-Hugues Ratenon, pour soutenir
l’amendement no 1438 et les seize autres amendements identiques
déposés par les membres du groupe La France insoumise.
M.
Jean-Hugues Ratenon. En rejetant toutes les propositions de changement
de titre, le Gouvernement refuse d’assumer l’objectif de ce projet de loi.
Permettez-moi de vous rappeler que vous faites fausse route, mesdames, messieurs
les députés de la majorité. Vous êtes ici les représentants du peuple ; or
vous avez entamé la discussion d’un texte qui va totalement à l’encontre de la
volonté de ce dernier. Comme vous l’avez entendu à plusieurs reprises, tant dans
cet hémicycle qu’en commission spéciale, la très grande majorité de la
population continue de s’opposer à votre texte. Vous ne voulez pas entendre
raison mais, je vous le répète, nous nous opposons, comme les Français, à ce
projet de loi.
Je vous demande de penser une seconde – au moins une
seconde ! – à l’outre-mer. Vous êtes en train de programmer un crash
social chez nous. Le texte ne parle pas des ultramarins puisque vous renvoyez
aussi à des ordonnances toutes les adaptations nécessaires à la situation
particulière des outre-mer. Nous pouvons comparer ces ordonnances à des
enveloppes surprises. Normalement, on gagne ou on perd… Mais avec vous, on perd
à tous les coups car l’ouverture des enveloppes nous désavantage encore
plus !
Dans nos territoires, vous le savez, le chômage est tellement
massif que très peu de personnes effectuent une carrière complète.
M. Frédéric
Petit. Justement, ce projet de loi est fait pour eux !
M.
Jean-Hugues Ratenon. Vous avez tout faux dans vos projections, par
exemple pour le paramètre de l’âge d’entrée sur le marché de l’emploi. Je
rappelle que dans le département de La Réunion, seuls 30 % des jeunes
trouvent un emploi dans l’année suivant la fin de leur formation initiale,
contre 62 % dans l’hexagone. Pensez aux catastrophes que cela va entraîner
et au stress que suscite déjà votre réforme.
Mme la
présidente. Merci, monsieur Ratenon.
M.
Jean-Hugues Ratenon. Permettez-moi de terminer, madame la
présidente : si j’ai parcouru 11 000 kilomètres, ce n’est pas
pour m’arrêter à deux minutes. (Mme Danièle Obono
applaudit. – Protestations sur les bancs du groupe
LaREM.)
Mme la
présidente. Terminez rapidement, je vous prie.
M.
Jean-Hugues Ratenon. Cette situation repousse mécaniquement l’âge de
départ à la retraite à taux plein. Pourquoi ne le dites-vous pas à nos
concitoyens d’outre-mer ? Vous allez encore les appauvrir en diminuant
leurs pensions de retraite, qui sont déjà très maigres.
Mme la
présidente. Merci, monsieur le député.
M.
Jean-Hugues Ratenon. Pour cette raison… (Applaudissements sur les
bancs du groupe FI.)
Mme la
présidente. La parole est à Mme Emmanuelle Ménard, pour soutenir
l’amendement no 3904.
Mme
Emmanuelle Ménard. On a rappelé tout à l’heure que le Conseil d’État
avait considéré l’étude d’impact de ce projet de loi comme lacunaire. Dans un
contexte de mouvements sociaux explosifs, il convient de reporter la réforme
pour la présenter devant le Parlement lorsqu’elle sera aboutie. En l’état, le
Parlement n’est pas en mesure de se prononcer sur cette réforme considérable,
qui affecte, je le rappelle, tout le système de retraite français et toute notre
économie sociale.
Les six grands objectifs que vous annoncez à
l’article 1er – l’équité, la solidarité, la garantie d’un
niveau de vie satisfaisant pour les retraités, le renforcement de la liberté
dans le choix de départ à la retraite des assurés, la soutenabilité économique
et l’équilibre financier, la lisibilité des droits à la retraite – ne sont
pas atteints. Le système que vous proposez n’est pas financé, pas plus que les
mesures de solidarité – c’est toujours le Conseil d’État qui le dit. En
attendant que ces grands objectifs soient effectivement atteints par votre
texte, il convient de supprimer l’article 1er.
Mme la
présidente. L’amendement no 24379 de Mme Constance
Le Grip est défendu.
La parole est à Mme Agnès Thill, pour
soutenir l’amendement no 25082.
Mme Agnès
Thill. Nous sommes nombreux à penser qu’une réforme de notre système de
retraite est nécessaire – nous ne remettons pas cela en cause. Cependant,
le système de retraite par points et la prise en compte de la totalité de la
carrière étaient deux sujets distincts, qui sont dorénavant liés dans le projet
de loi : c’est bien là la difficulté.
La prise en compte de la
totalité de la carrière de chacun affectera irrémédiablement les retraités en
fonction de la façon dont ils sont entrés dans la vie professionnelle. Les
efforts de carrière ne seront plus récompensés ni valorisés. Aujourd’hui, par
exemple, un ouvrier qui a commencé au SMIC peut progresser et devenir
cadre : ses vingt-cinq meilleures années seront prises en compte pour le
calcul de sa pension. Un fonctionnaire, quel que soit son parcours, aura une
retraite calculée sur son traitement des six derniers mois. Indéniablement,
chacun y perdra dans le nouveau système, et je ne vois pas comment vous pouvez
dire le contraire.
Il aurait été plus juste d’instaurer, comme beaucoup
d’habitants de ma circonscription me l’ont suggéré, un système commun et
universel par type de régime. Il aurait fallu passer de quarante-deux régimes à
trois : privé, public et indépendants, autrement dit salariés,
fonctionnaires et non-salariés. On aurait pu instituer les mêmes règles
d’harmonisation au sein de chacun des trois types de régime, tout en gardant
certains principes universels, communs à tous, tels que l’âge de départ, la
retraite progressive, la majoration pour enfants, les pensions de réversion, le
minimum contributif, ou encore la prise en compte de la pénibilité. Cela aurait
été plus équitable et aurait permis une vraie solidarité au sein des régimes et
entre eux, rendant le système tout aussi universel que celui que vous
proposez.
Vous souhaitez une réforme de justice, de solidarité,
profondément redistributrice et protectrice, mais il faudrait également qu’elle
soit plus juste dans sa fondation. Pouvons-nous accepter que les pensions de
demain ne soient pas identiques à celles d’aujourd’hui, à fonction et carrière
équivalentes ?
Mme la
présidente. La parole est à M. Nicolas Dupont-Aignan, pour soutenir
l’amendement no 25195.
M. Nicolas
Dupont-Aignan. On nous parle d’équité, alors que chaque euro cotisé
n’ouvrira pas les mêmes droits selon les générations et les années, c’est une
évidence. On nous parle d’égalité entre les hommes et les femmes, alors qu’il
est complètement faux de prétendre que les femmes vont gagner à la réforme. Tout
au contraire, elles vont y perdre énormément. Le calcul de la pension à partir
de l’ensemble de la carrière et non plus des six derniers mois pour les
fonctionnaires ou des vingt-cinq meilleures années pour les salariés va
considérablement pénaliser les femmes, dont les carrières sont moins
régulières : voilà une réalité que vous dissimulez.
Il n’y aura pas
non plus de solidarité puisque la suppression du bénéfice de huit trimestres par
enfant n’est pas compensée. Il est clair que vous n’avez pas osé faire figurer
dans les études d’impact des cas prouvant que les femmes allaient y gagner,
comme vous voulez le faire croire. C’est un mensonge complet.
Vous nous
parlez d’un niveau de vie satisfaisant des retraités alors qu’il suffit de lire
l’étude d’impact pour comprendre que les pensions de retraite vont baisser
mécaniquement. La part du PIB consacrée aux retraites étant plafonnée à
12,9 % alors que de nouveaux droits seront institués pour certains, la
masse globale des pensions va obligatoirement baisser. Ce n’est pas parce que la
loi de 2003 et la réforme Touraine étaient déjà très dures qu’il faut se
satisfaire de voir le niveau des retraites diminuer.
Vous nous parlez de
soutenabilité économique et d’équilibre financier. Sur ce point je vous renvoie
à l’interview du constitutionnaliste Didier Maus publiée tout récemment dans la
presse. Selon lui, il y a de fortes chances pour que votre projet soit
anticonstitutionnel en raison de l’atteinte portée à la sincérité du débat
parlementaire. Je réitère ma question au risque de vous lasser, monsieur le
secrétaire d’État : comment la sincérité du débat pourrait-elle être
garantie si vous n’êtes pas capable de nous dire ce que va coûter le nouveau
régime spécial destiné aux plus hauts revenus ? D’après certaines
indiscrétions, dont la presse s’est fait l’écho, nous serions à
4,7 milliards d’euros par an. Il ne sera pas sans intérêt pour le juge
constitutionnel de savoir que vous n’avez pas voulu répondre aux nombreuses
questions des députés sur le coût réel de la création de ce régime spécifique
aux plus hauts revenus.
Mme la
présidente. La parole est à M. Fabien Roussel, pour soutenir les
amendements identiques nos 25458 à 25472 et no
26714.
M. Fabien
Roussel. Nous demandons la suppression de cet article par ces
amendements rescapés des 1 184 amendements des députés communistes
supprimés par la présidence – je ne parle pas de vous, madame la
présidente !
Il faut dire la vérité aux Français : cette
réforme est injuste. Elle est injuste parce que les hommes et les femmes devront
travailler plus, cela a été rappelé par le Premier ministre et par vous-même.
Tout le monde devra travailler plus, y compris ceux qui effectuent des travaux
pénibles, les agriculteurs, les artisans, les femmes aux carrières hachées, les
bûcherons, les soudeurs, les couvreurs.
Cette réforme est injuste parce
qu’elle va accroître les inégalités, au détriment des femmes surtout, notamment
celles qui ont élevé au moins un enfant et qui avaient jusqu’ici le droit de
bénéficier de deux ans de cotisations supplémentaires leur permettant de partir
plus tôt à la retraite. Avec votre réforme, elles n’auront droit à rien, il faut
le dire aux Français.
Cette réforme est injuste parce qu’elle va
transférer au moins un point de PIB aux assurances et aux fonds de pension, soit
à peu près 23 milliards d’euros qui iront à la capitalisation,…
Un député du groupe
LaREM. C’est faux !
M. Fabien
Roussel. …faisant passer la part de notre système de retraite dans le
PIB à 12,9 % : AXA et Blackrock vous remercient.
Nous proposons
une autre réforme des retraites, à partir de ce qui existe aujourd’hui. Nous
proposons de porter la part des richesses consacrée aux retraites à 17 % du
PIB. C’est l’objectif que nous devons nous fixer pour prendre en compte
l’allongement de la durée de la vie, pour permettre à tous les retraités de
partir à 60 ans, et à 55 et 57 ans pour ceux qui sont exposés aux
travaux pénibles. C’est le minimum : quand on a été couvreur toute sa vie,
par exemple, on ne peut plus continuer après 55 ans.
Nous proposons
enfin de porter le minimum contributif au niveau du SMIC pour qu’au
XXIe siècle, dans la sixième puissance économique mondiale,
aucun retraité ne vive sous le seuil de pauvreté. C’est autre chose que votre
projet de loi ! (M. Pierre Dharréville
applaudit.)
Mme la
présidente. La parole est à M. Philippe Gosselin, pour soutenir
l’amendement no 37586.
M. Philippe
Gosselin. Vous employez la méthode Coué, c’est bel et bien votre
méthode ; mais, en réalité, votre projet de réforme ne correspond en rien
aux attentes de nos concitoyens.
Nous sommes nombreux à penser qu’une
réforme des retraites est nécessaire et même indispensable, du fait du
vieillissement de la population et de l’allongement de l’espérance de vie, mais
la façon dont vous vous y prenez n’est pas la bonne, parce qu’elle fait trop de
laissés-pour-compte : les femmes et ceux et celles qui auront fait l’effort
de se former tout au long de leur vie professionnelle et se seront hissés avec
courage et à la force du poignet à des postes supérieurs.
En outre, votre
projet n’est en rien universel, cela a été dit et redit, des régimes
« particuliers » succédant aux régimes spéciaux – je ne vois pas
trop la différence – censés s’éteindre selon une sortie « en
sifflet » qui s’échelonnera sur des décennies. Ce n’est pas ce que nous
attendons.
Quant à la conférence de financement, elle donnera peut-être
des résultats un jour – qui sait ? –, mais en tout cas bien après
les débats que nous avons aujourd’hui, que nous aurons demain et pendant de
longues semaines. C’est comme si on devait signer l’acte de vente d’une maison
sans connaître le montant de l’emprunt, les modalités de remboursement ni le
taux d’intérêt. Cela s’appelle une tromperie sur la marchandise.
Pour
toutes ces raisons, parce que ce n’est pas la réforme des retraites que nous
attendons, je demande, avec mes collègues du groupe Les Républicains et d’autres
bancs, la suppression de cet article 1er. (Applaudissements sur
les bancs du groupe LR. – M. Ugo
Bernalicis applaudit également.)
Mme la
présidente. La parole est à M. Olivier Marleix, pour soutenir
l’amendement no 40006.
M. Olivier
Marleix. Cet amendement tend à supprimer l’article 1er, qui
cristallise toutes les injustices de ce texte : l’abandon du calcul fondé
sur les vingt-cinq meilleures années, qui pénalisera les carrières ascendantes
et se traduira par une baisse globale des pensions de 10 % ;
l’injustice envers les femmes élevant des enfants, les 5 % que vous
prévoyez pour elles n’étant évidemment pas l’équivalent de la majoration de huit
trimestres ; l’injustice envers les indépendants, les professions
libérales, les commerçants, les artisans, qui verront leurs cotisations
augmenter ; l’injustice de l’âge pivot, puisque les Français dont les
revenus sont les plus faibles seront obligés, le plus souvent, d’attendre leurs
67 ans pour partir à la retraite ; enfin, l’injustice envers les
fonctionnaires, évidemment.
Les reculs sont nombreux également. Ainsi,
les premiers cheminots qui partiront à la retraite au même âge que tous les
autres ont aujourd’hui 15 ans au maximum. C’est donc une réforme destinée
aux collégiens, voire aux écoliers !
À cela s’ajoute une injonction
au Gouvernement. Il est assez stupéfiant que cette disposition ait été maintenue
alors que le Conseil d’État l’a jugée inconstitutionnelle. C’est une véritable
insulte au travail parlementaire. Aucun gouvernement ne se risquait à maintenir
des dispositions à ce point contraires à la Constitution avant vous, qui vous
moquez délibérément du Parlement. C’est une méthode indigne, monsieur le
secrétaire d’État. On ne construit pas une telle réforme avec des boniments.
(Applaudissements sur les bancs du groupe LR.)
Mme la
présidente. La parole est à M. Nicolas Turquois, rapporteur de la
commission spéciale pour le titre Ier, pour donner l’avis de la
commission sur les amendements de suppression.
M. Nicolas
Turquois, rapporteur de la commission spéciale pour le titre Ier.
Il me semble que notre rôle de législateur est de nous consacrer au texte.
M. Frédéric
Reiss. C’est ce que nous faisons !
M. Nicolas
Turquois, rapporteur. J’entends que l’opposition puisse ne pas
approuver les outils choisis par la majorité pour relever le défi des retraites,
mais ce n’est pas d’eux qu’il s’agit dans cet article. Supprimer
l’article 1er, ce serait supprimer l’affirmation de
l’attachement de la nation à un système par répartition – mais c’est
peut-être ce que vous souhaitez. Ce serait également supprimer les objectifs de
solidarité et d’équité – là encore, vous êtes tout à fait en droit de le
souhaiter, mais nous pensons, nous, qu’ils sont importants.
Vous
souhaitez également supprimer l’objectif de lisibilité du système, alors que nos
concitoyens déclarent ne pas comprendre les modes de calcul du système
actuel,…
M. Ugo
Bernalicis. Il n’est pas mauvais en sophismes !
M. Nicolas
Turquois, rapporteur. …ou encore l’objectif de soutenabilité
économique, auquel vous me sembliez pourtant attachés, mesdames et messieurs du
groupe Les Républicains.
Mme Danièle
Obono. Ce sont vos mensonges que l’on veut supprimer !
M. Nicolas
Turquois, rapporteur. Vous demandez enfin qu’on supprime le
paragraphe II, qui affirme l’engagement du Gouvernement d’accompagner la
revalorisation du salaire des enseignants et des chercheurs.
M. Nicolas
Dupont-Aignan. C’est une injonction au Gouvernement ! C’est
inconstitutionnel !
M. Nicolas
Turquois, rapporteur. Je vous rappelle que la situation actuelle
des enseignants et des chercheurs est due à un sous-investissement massif et
répété des majorités précédentes, auxquelles vous avez appartenu,…
Mme
Christine Pires Beaune. Cela fait deux ans et demi que vous êtes
là !
M. Nicolas
Turquois, rapporteur. …d’où un décalage de trente points de
pourcentage environ entre leurs salaires et ceux de leurs homologues belges ou
allemands.
M. Patrick
Hetzel. Qu’avez-vous fait depuis trois ans ?
Mme
Christine Pires Beaune. Qu’avez-vous donc fait ?
Mme Danièle
Obono. Que dalle !
M. Nicolas
Turquois, rapporteur. Vous ne serez donc pas surpris que mon avis
soit défavorable.
Mme la
présidente. La parole est à M. le secrétaire d’État chargé des
retraites, pour donner l’avis du Gouvernement.
M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État chargé des retraites. C’est vrai
qu’il est pour le moins baroque de voir de nombreux parlementaires demander
qu’on supprime les principes d’équité, de solidarité, de responsabilité, alors
qu’ils nous ont eux-mêmes rabâché l’importance de tel ou tel de ces trois
principes selon les bancs sur lesquels ils siègent ! (Applaudissements
sur les bancs du groupe LaREM.)
Mme Danièle
Obono. C’est la novlangue que l’on veut supprimer !
M. Fabien
Roussel. Avant tout, le principe de vérité !
M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. J’en déduis qu’il n’y a plus
lieu de respecter le principe de responsabilité et que la solidarité n’a plus
grand intérêt…
M. Patrick
Hetzel. C’est faiblard, comme argument !
Mme Danièle
Obono. On veut supprimer votre baratin !
M. Ugo
Bernalicis. Pratique commerciale trompeuse !
M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. M. Dupont-Aignan nous
ressert toujours le même argument, qu’il habille des mots qui lui sont propres.
Je voudrais d’abord vous dire, monsieur le député, que je suis très curieux de
savoir à quelle ligne, à quel article, à quelle page du projet de loi est
institué un régime spécial pour ceux qui gagnent plus de trois fois le plafond
annuel de la sécurité sociale, le PASS. C’est parfaitement inexact et ce n’est
pas en répétant dix fois des inexactitudes que vous en faites des arguments
sérieux. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LaREM et
MODEM.)
M. Nicolas
Dupont-Aignan. Combien ça coûte ?
M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. Il aurait peut-être été plus
intéressant d’aborder ce débat en se demandant pourquoi nous avons limité à
trois PASS le plafond de cotisation dans le cadre du système universel de
retraite, question à laquelle le rapporteur a clairement répondu dès hier
– mais vous n’étiez peut-être pas là, monsieur le député – avant que
je ne complète ses propos.
M.
Jean-Jacques Bridey. Il était absent !
M. Nicolas
Dupont-Aignan. Pas du tout, j’étais là !
M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. M. le rapporteur a
expliqué que la baisse des cotisations ne s’abattrait pas comme un couperet
au-delà de trois PASS, mais serait progressive. Je vous ai moi-même indiqué
qu’il n’est pas avantageux pour un système par répartition d’inclure un grand
nombre de cotisants au-delà de trois PASS, ce que souligne M. Piketty lui-même,
éminent économiste souvent cité sur les bancs de la gauche. En effet,
l’espérance de vie de ces cotisants, qui bénéficient des pensions les plus
élevées, dépasse de plus de deux ans et demi l’espérance de vie des autres
cotisants, d’où une sorte de redistribution inversée, qui voit les plus
vulnérables et les moins bien lotis contribuer aux pensions les plus
élevées.
Il y a un autre débat intéressant qui est revenu à plusieurs
reprises – je suis désolé d’être un peu long, mais il est vrai que
l’article 1er concentre tous les sujets ayant trait à la
réforme ; sans revenir sur tous,…
M. Ugo
Bernalicis. Mais si, allez-y !
M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. …je voudrais tout de même
donner quelques éléments.
Ce débat récurrent, que nous avons eu en
commission spéciale, porte sur le calcul de la pension : faut-il retenir
les vingt-cinq meilleures années ou plutôt la carrière complète ? Nous
avons entendu diverses inexactitudes à ce sujet dans l’hémicycle, tenant soit à
une grande méconnaissance du système actuel, soit à la volonté d’habiller la
réalité par des arguments personnels, et sans doute plus politiques
qu’objectifs. (Protestations sur les bancs des groupes FI et GDR.)
M.
Sébastien Jumel. Mais non !
M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. La réalité incontestable, que
quiconque peut vérifier aisément, la voici : le système de base, qui
retient les vingt-cinq meilleures années, est limité à un PASS.
M.
Sébastien Jumel. Et les bons boulots, on les a en début de carrière,
peut-être ?
M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. Vous pouvez vous en assurer
vous-même, monsieur Jumel, mais vous ne l’avez pas dit. C’était probablement un
oubli ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM et sur
quelques bancs du groupe MODEM.)
Pour ceux qui s’intéressent au
sujet, comme M. Nicolas Dupont-Aignan, je mentionnerai une autre
omission : depuis 1993 – et le président Woerth le sait
pertinemment –, les salaires portés au compte sont indexés non pas sur le
salaire moyen par tête mais sur l’inflation, ce qui induit d’ailleurs une nette
dépréciation de la valeur de ces années. (Mêmes mouvements.)
M.
Sébastien Jumel. C’est vous qui les avez désindexés !
M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. Cette situation est
parfaitement incontestable, monsieur le président de la commission des finances,
et j’espère que vous le rappellerez vous-même tout à l’heure.
À entendre
Mme Agnès Thill, même un enfant pourrait comprendre qu’il est plus
intéressant de retenir les vingt-cinq meilleures années de la carrière.
(Exclamations sur les bancs des groupes FI et GDR.) Mais quand on
s’intéresse au système des retraites, il faut être précis. Or Mme Agnès
Thill a oublié de préciser que 50 % du montant des salaires portés au
compte servaient de base pour calculer la pension. (Applaudissements sur les
bancs du groupe LaREM.) Eh oui ! Lorsqu’on parle du système actuel, il
faut être précis – et on s’aperçoit alors que, pour une partie des
Français, il est beaucoup moins intéressant de retenir les vingt-cinq meilleures
années que la carrière complète ! (Vifs applaudissements sur les bancs
des groupes LaREM et MODEM.) Il était important d’apporter ces précisions à
ceux qui nous écoutent, et de ne pas en rester aux approximations.
Nous
sommes régulièrement interpellés au sujet de l’étude d’impact : pourquoi
retenons-nous des cas-types dans lesquels le départ à la retraite intervient à
65 ans, nous demande-t-on ? Je l’ai déjà expliqué : nous
appliquons tout simplement les dispositions légales qui seront en vigueur en
2035, à savoir quarante-trois ans d’activité – comme le prévoit la loi dite
Touraine de 2014 –, avec un âge moyen d’entrée dans la vie active de
22 ans.
M. Éric
Coquerel. Ça y est, il devient incompréhensible !
M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. Voilà l’explication, fondée sur
des éléments objectifs, n’en déplaise à ceux qui ne cessent de nous reprocher de
ne pas fournir de réponse.
Monsieur Marleix, vous n’avez sans doute pas
été suffisamment attentif à un point intéressant concernant nos concitoyens qui
gagnent plus de trois PASS : ils restent bien à l’intérieur du système
universel…
Mme
Clémentine Autain. C’est une blague ? Ils cotisent à
2,8 % !
M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. …jusqu’à trois PASS. Ils n’en
sont pas exclus, contrairement à ce que vous affirmez. Ce n’est qu’au-delà de
trois PASS qu’ils sortent du système universel.
Telles sont les raisons
de mon avis défavorable. (Vifs applaudissements sur les bancs des groupes
LaREM et MODEM. – Exclamations sur les bancs des groupes FI
et GDR.)
M. Frédéric
Petit. Bravo !
M. Éric
Coquerel. Incompréhensible !
Mme la
présidente. La parole est à Mme Marie-Christine Dalloz.
Mme
Marie-Christine Dalloz. Monsieur le rapporteur nous demande de nous en
tenir au texte. Soit, je m’en tiendrai au texte, rien qu’au texte, et plus
précisément à l’article 1er. Les Républicains partagent un
principe avec votre projet : le souci de maintenir la répartition. Le
système français de retraite est un régime par répartition ; ce principe,
nous le validons. En revanche, les six objectifs que vous assignez à votre
réforme dans l’article 1er ne sont que de la communication, de
l’affichage et des vœux pieux.
Votre premier objectif est celui de
l’équité, un euro cotisé devant ouvrir les mêmes droits à tous. Or nous vous
démontrons depuis lundi qu’au-delà de cette belle formule, votre texte
n’aboutira absolument pas à une telle équité. La preuve en est que vous créez
cinq régimes différents et disparates.
Votre deuxième objectif est de
prendre en considération les spécificités des diverses situations. L’idée est
belle, mais comment traitez-vous la pénibilité ? Quels critères de
pénibilité comptez-vous retenir ? Nous n’en savons rien !
Votre
troisième objectif est d’assurer un niveau de revenus satisfaisant aux
retraités. Qu’est-ce qu’un niveau de revenus « satisfaisant » ?
Vous et moi ne nous satisferons peut-être pas du même montant, monsieur le
rapporteur ! Là encore, ce n’est que de l’affichage.
Passons à votre
quatrième objectif : le choix de la date du départ à la retraite pour les
assurés. C’est un luxe que vous leur faites miroiter ! En réalité, les
assurés n’auront pas le choix, en raison de la super-décote que vous leur
préparez à 62 ou 63 ans. Soyez honnêtes : c’est une
super-décote ! (Approbation sur les bancs du groupe
FI.)
Votre cinquième objectif – et je m’arrêterai là, m’en
tenant, je le répète, au texte – est celui de l’équilibre financier du
système. Or vous savez pertinemment que, sur ce sujet, nous n’avons aucun
élément.
Il faut donc supprimer cet article. (Applaudissements sur les
bancs du groupe LR et sur plusieurs bancs du groupe FI.)
Mme la
présidente. La parole est à M. Nicolas Dupont-Aignan.
M. Nicolas
Dupont-Aignan. Je constate un progrès, monsieur le secrétaire
d’État : vous avez repris la réponse du rapporteur, que j’avais bien
entendue hier, en nous expliquant qu’au-delà des trois PASS, la transition
depuis le régime par répartition serait progressive. Je vous soumets donc une
question, et j’espère que votre réponse aura la clarté qu’exige le Conseil
constitutionnel. Peut-être cette perspective finira-t-elle d’ailleurs par faire
réfléchir le Gouvernement : si ce dernier ne répond pas aux questions en
plus d’avoir prévu de recourir à vingt-neuf ordonnances et voit, pour ces
raisons, son projet de loi ruiné par une décision d’inconstitutionnalité, il
rira moins !
Voici donc ma question : comment se déroulera la
transition au-delà de trois PASS, en combien de temps et selon quelles
modalités ? Je vous renvoie une fois de plus à l’article des Échos,
ainsi qu’à un échange avec le président d’une grande centrale syndicale :
l’AGIRC-ARRCO chiffre le coût à 65 ou 67 milliards d’euros. Et encore,
c’est une estimation imprécise. Vous nous apprenez aujourd’hui que la transition
sera provisoire : c’est tout de même extravagant ! Combien de temps
durera-t-elle, et quelles en seront les modalités ? Vous cherchez à nous
faire croire que les assurés concernés, étant riches, ne cotiseront plus.
Toutefois, vous verserez pendant vingt ans des pensions aux anciens salariés
ayant eu les plus hauts revenus, alors que vous ne toucherez plus les
cotisations des actifs correspondants. La transition devra être
financée !
Une dernière remarque, monsieur le secrétaire d’État.
Mme la
présidente. Merci, monsieur le député.
M. Nicolas
Dupont-Aignan. Vous nous expliquez que les plus riches ont une meilleure
espérance de vie, et qu’ils ne doivent donc plus cotiser.
M. Frédéric
Petit. Mais ils cotisent !
M. Nicolas
Dupont-Aignan. Faut-il comprendre que tous ceux qui ont une belle
espérance de vie ne doivent plus cotiser ? C’est un raisonnement par
l’absurde !
Mme la
présidente. La parole est à M. Philippe Vigier.
M. Philippe
Vigier. Mon groupe n’a certes pas déposé d’amendement de suppression de
l’article 1er,…
M. Ugo
Bernalicis. C’est dommage !
M. Philippe
Vigier. …mais je vous demande instamment d’éclairer nos débats, monsieur
le secrétaire d’État, tout particulièrement sur un sujet. À l’alinéa 8 est
visé « un objectif de liberté de choix pour
les assurés, leur permettant, sous réserve
d’un âge minimum, de décider de leur
date de départ à la retraite en fonction du
montant de leur retraite ». Quel est cet âge minimal ? A-t-il vocation
à évoluer ? Est-ce un âge pivot ou un âge d’équilibre ? Vous devez
nous répondre, d’autant que les conséquences de la réforme différeront selon les
catégories socioprofessionnelles – salariés du public, du privé ou
indépendants.
Faisons un exercice pratique. François, né en 1984,
travaille à la RATP : à quel âge partira-t-il à la retraite ? Bruno
– c’est pour faire plaisir à mon collègue Millienne (Sourires sur les
bancs du groupe MODEM) –, né pour sa part en 1990, est conducteur de
train à la SNCF : à quel âge partira-t-il à la retraite ? Enfin,
Jeanine, née en 1988, est assistante sociale : à quel âge partira-t-elle à
la retraite ? Répondez à ces trois questions, et nous connaîtrons l’âge
minimal de départ à la retraite.
M. Ugo
Bernalicis. Ça dépend, ça dépasse…
M. Philippe
Vigier. Nous pourrons alors voter en toute connaissance de cause.
(Applaudissements sur les bancs du groupe LT.)
Mme la
présidente. La parole est à Mme Clémentine Autain.
Mme
Clémentine Autain. L’article 1er procède à une forme
d’obstruction.
M. Bruno
Millienne. Je suis inquiet, car ce sont des spécialistes qui le
disent !
Mme
Clémentine Autain. En effet, il affirme de grands principes qui se
fracassent contre les articles et les propositions concrètes qu’ils contiennent.
En définitive, votre projet aboutira à une élévation de l’âge de départ à la
retraite et à une diminution du niveau des pensions – conséquences en
contradiction avec les principes que vous annoncez à
l’article 1er. C’est pourquoi cet article nuit à la clarté et à
la sincérité du débat.
Vous prônez une universalité du système ; or
nous avons tous compris que celle-ci n’existerait pas. Vous prônez un objectif
de soutenabilité financière ; or nous ignorons toujours comment la
transition sera financée, et nous ne disposons d’aucun élément de long terme
expliquant comment l’équilibre financier sera maintenu. Vous souhaitez
d’ailleurs soumettre cet équilibre aux principes de l’austérité et de la règle
d’or budgétaires, mais d’autres éléments pourraient jouer sur les recettes. Nous
n’y voyons pas clair. Par ailleurs, vous prônez la solidarité alors que les plus
hauts revenus – de plus de trois PASS – seront exclus du système, ce
qui coûtera 4 milliards d’euros chaque année à nos caisses.
M. Bruno
Millienne. C’est faux !
Mme
Clémentine Autain. Quant aux fonctionnaires, c’est peu de dire qu’ils ne
bénéficieront pas de la solidarité, puisque leur taux de remplacement se
dégradera considérablement, de 32 %.
Mme
Caroline Fiat. Eh oui !
Mme
Clémentine Autain. Vous prônez l’égalité entre les hommes et les femmes
en matière de retraite ; quelle plaisanterie, quand on sait que les femmes
ont les carrières les plus hachées et les salaires les plus bas ! Dans
votre système, elles seront forcément perdantes !
M. Nicolas
Dupont-Aignan. C’est évident !
Mme
Clémentine Autain. Les compensations que vous annoncez ne seront pas
suffisantes. D’ailleurs, nous ne savons toujours pas ce qu’il adviendra des
pensions de réversion ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe
FI.)
M. Bruno
Millienne. Que de fake news !
Mme la
présidente. La parole est à M. Régis Juanico.
M. Régis
Juanico. Comme M. Boris Vallaud l’a très bien expliqué en
présentant notre amendement de suppression, tous les beaux principes que vous
affichez dans l’article 1er à propos du système universel de
retraite sont battus en brèche par la réalité. Vous parlez de liberté de choix
du départ à la retraite, mais vous oubliez la mécanique infernale de l’âge
d’équilibre : il sera de 65 ans en 2037, voire plus élevé encore
ultérieurement, en fonction de l’espérance de vie. Cette mécanique conduit
inexorablement à une réduction du niveau des pensions. Un ouvrier qui aura
commencé à travailler à 20 ans et qui partira à la retraite après
quarante-trois ans d’activité se verra appliquer, à 63 ans, une décote de
10 %. En revanche, un cadre supérieur qui aura commencé à travailler à
24 ans et qui partira après quarante-trois ans d’activité se verra
appliquer, à 67 ans, une surcote de 10 %. Toute l’injustice de votre
projet est résumée dans ces exemples.
Vous parlez de lisibilité, mais
nous sommes dans le brouillard le plus complet quant à la situation des futurs
retraités, tant votre système est complexe. C’est une usine à gaz ! Demain,
il sera beaucoup plus difficile à nos concitoyens de savoir quand et avec quelle
pension ils pourront partir à la retraite…
M. Erwan
Balanant. Mais non !
M. Régis
Juanico. …puisque tous les paramètres évolueront, y compris la valeur du
point et l’âge d’équilibre. Les futurs retraités connaîtront au dernier moment
l’âge auquel ils pourront partir à la retraite.
M. Éric
Woerth. C’est fait exprès !
M. Régis
Juanico. Vous dites vouloir garantir un niveau de vie satisfaisant aux
retraités, mais vous n’expliquez ni comment évoluera le taux de remplacement, ni
quel sera le niveau de vie des retraités par rapport à celui des
actifs.
Vous annoncez une meilleure prise en compte des carrières
hachées, mais comment est-ce possible dès lors que vous vous fondez sur
l’ensemble de la carrière plutôt que sur les vingt-cinq meilleures
années ?
M. Nicolas
Dupont-Aignan. Bien sûr !
M. Régis
Juanico. Je pense notamment aux plus jeunes, qui débutent souvent leur
vie active par des contrats précaires et des périodes de chômage non
indemnisées. Or le chômage non indemnisé ne créera pas de point de retraite,
tandis que le chômage indemnisé crée moins de points depuis votre réforme de
l’assurance chômage, qui est une véritable injustice. Voilà la réalité de
l’article 1er ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du
groupe SOC. – M. Nicolas Dupont-Aignan
applaudit également.)
Mme la
présidente. La parole est à M. Hubert Wulfranc.
M. Hubert
Wulfranc. Si les députés communistes ont déposé un amendement de
suppression de l’article 1er, c’est parce que nous sommes en
totale opposition avec votre texte. À ma remarque, hier, concernant le caractère
régressif de votre projet de loi, vous m’avez répondu, monsieur le secrétaire
d’État, que nous devions parler du fond.
Eh bien, ce que nous vous
proposons sur le fond, c’est un projet progressiste. Fabien Roussel l’a
évoqué ; il n’est pas parti des moyens, mais des besoins, qui s’élèvent
aujourd’hui à 17 % du PIB.
M. Fabien
Roussel. Tout à fait !
M. Hubert
Wulfranc. Voilà où nous plaçons la barre : une retraite à
60 ans, des départs anticipés sur le fondement de la pénibilité, des
espérances de vie qui nous orientent vers des départs anticipés à 55 ans,
et le SMIC comme niveau de vie des retraités.
M. Fabien
Roussel. Enfin un peu d’ambition !
M. Hubert
Wulfranc. Voilà notre projet progressiste ;…
M. Bruno
Millienne. Et vous le financez comment ?
M. Hubert
Wulfranc. …nous allons en chercher les moyens.
M. Bruno
Millienne. Où donc ?
M.
Sébastien Jumel. Dans vos poches !
M. Hubert
Wulfranc. Nous allons les chercher en appliquant une règle simple, que
vous vous refusez à mettre en œuvre : celle des vases communicants.
(« Ah ! » sur les
bancs du groupe MODEM.) Entre autres, la cotisation sociale du capital,…
M.
Sébastien Jumel. Et voilà !
Mme
Clémentine Autain. C’est dur, ça fait mal, hein ?
M. Hubert
Wulfranc. …qui nécessiterait une déclinaison, mais dont, à l’instant où
je vous parle, nous estimons le montant à 14 milliards d’euros. À la
revoyure pour la suite du débat ! (Applaudissements sur les bancs du
groupe GDR.)
Mme la
présidente. La parole est à M. Éric Girardin.
M. Éric
Girardin. Depuis le début de la semaine, nous sommes réunis pour parler
solennellement d’un projet important : la construction d’un nouveau système
de retraite. Pourquoi un nouveau système ? Depuis la création, après la
seconde guerre mondiale, du régime général puis des régimes généraux, deux
critères ont présidé à leur construction : un rapport entre cotisants et
retraités très favorable aux cotisants, et une performance économique régulière
du pays. (M. Aurélien Pradié proteste.) On voulait un
système qui soit financièrement pérenne, mais aussi et surtout un bon niveau de
retraite pour tout le monde.
Il se trouve que le monde a changé.
M. Éric
Coquerel. Oui : la richesse n’a cessé d’augmenter !
M. Éric
Girardin. Faute d’adaptation, les choses peuvent devenir très
compliquées. Si nous n’y avions pas pris garde, le système aurait d’ailleurs pu
dériver.
M. Aurélien
Pradié. Vous parlez pour ne rien dire !
M. Éric
Girardin. Pour répondre à un certain nombre de questions au sujet des
supposés projets qu’on nous oppose, avancer l’âge de départ a déjà été tenté en
1981. Dix réformes se sont alors succédé pour permettre, tout simplement, que le
système survive. Il faut donc passer à autre chose, à quelque chose qui s’adapte
au monde d’aujourd’hui,… (Exclamations sur les bancs des groupes LR et
FI.)
Mme
Clémentine Autain. Au monde de demain !
M. Éric
Girardin. …qui embarque tous les Français. Aujourd’hui, les rapports
démographiques par branche ont dérivé : un certain nombre de professions
comptent peu ou pas de cotisants et beaucoup de retraités.
M.
Christian Hutin. Les avocats, par exemple !
Mme la
présidente. Merci, monsieur Girardin.
M. Éric
Girardin. Ces situations sont invivables. Il faut donc ramener tout le
monde vers le pot commun. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM
et MODEM.)
Mme la
présidente. La parole est à M. Thierry Benoit.
M. Thierry
Benoit. Puisque nous en sommes aux principes directeurs du projet de
loi, je voudrais aborder un point qui, certainement, nous importe à tous :
les droits familiaux.
Un député a dit tout à l’heure que le système
actuel octroyait des trimestres par enfant né, et que le projet ne comprenait
rien de tel. Depuis quinze jours, nous avons eu le temps de lire ce texte de
manière approfondie. Il prévoit des points pour les périodes de congé
maternité,…
Un député du groupe LR.
Moins qu’avant !
M. Thierry
Benoit. …une majoration de 5 % par enfant, et, à partir du
troisième enfant, 2 % supplémentaires. (Applaudissements sur plusieurs
bancs des groupes LaREM et MODEM. – Protestations sur les
bancs des groupes FI et GDR.)
M. Fabien
Roussel. Combien de trimestres ?
M. Thierry
Benoit. Enfin, des points seront accordés pour l’éducation des enfants,
ce qui constitue une mesure inédite. Il est important de le souligner à
l’intention de ceux, nombreux dans cet hémicycle, qui sont sensibles à la
question des droits familiaux. (Applaudissements sur plusieurs bancs des
groupes LaREM et MODEM.) C’est l’un des éléments qui motivent mon opposition
à la suppression de l’article 1er : je souhaite approfondir
ces nouveaux droits qui concernent notamment les familles. (Mêmes
mouvements.)
Mme Danièle
Obono. Cela n’a rien de nouveau !
Mme la
présidente. La parole est à M. Erwan Balanant.
M. Erwan
Balanant. Nous avançons lentement, mais nous avançons. Hier soir, le
groupe Socialistes, ainsi que M. Jumel, il me semble, comparant nos
promesses au programme de M. Macron, nous ont accusés de modifier l’âge du
départ à la retraite.
(« Oui ! » sur les
bancs des groupes FI et GDR.)
J’aimerais rappeler quelques
fondamentaux de la situation actuelle. L’âge légal de départ est aujourd’hui de
62 ans.
Mme
Clémentine Autain. Et demain ?
Mme Danièle
Obono. Vous allez empirer les choses !
M. Erwan
Balanant. Pour une femme qui a eu une carrière hachée, qui n’a pas
cotisé durant les quarante-deux ans et demi que vous avez adoptés, messieurs
Vallaud et Juanico,…
M.
Christian Hutin. À l’époque, M. Vallaud n’était pas
député !
M. Erwan
Balanant. …il s’élève à 67 ans. (Exclamations sur les bancs des
groupes SOC et GDR.)
M. Fabien
Roussel. Supprimez la décote !
M. Erwan
Balanant. Dans notre projet, la fin de la décote survient à 64 ans.
(Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes MODEM et LaREM.) Pour
les nombreuses femmes et les nombreux hommes qui ont eu des carrières hachées,
nous avançons donc de trois ans le moment de la décote. Je suis désolé, mais
partir à 67 ans ou à 64 ans, ce n’est pas la même chose !
(Vifs applaudissements sur les bancs des groupes MODEM et LaREM.)
M. Ugo
Bernalicis. Pratique commerciale trompeuse, une fois de
plus !
Mme la
présidente. Sur les amendements identiques nos 1489 et
identiques à venir, je suis saisie par le groupe de la Gauche démocrate et
républicaine d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans
l’enceinte de l’Assemblée nationale.
Rappels au règlement
Mme la
présidente. La parole est à M. Sébastien Jumel, pour un rappel au
règlement.
M.
Sébastien Jumel. Pour fait personnel, madame la présidente, au titre du
premier alinéa de l’article 58 du règlement. Mon nom a été cité, mon
intervention déformée. (M. Erwan Balanant rit.
– Exclamations et applaudissements sur plusieurs bancs du
groupe LaREM et sur les bancs du groupe MODEM.)
Une fois n’est pas
coutume, je me vois donc dans l’obligation de rétablir la vérité.
M. Bruno
Millienne. Tartuffe !
M.
Sébastien Jumel. Au groupe du Mouvement démocrate et apparentés, aux
marcheurs, à ceux qui sont aux ordres, je n’ai pas reproché d’avoir parlé de la
manière dont ils vont sacrifier les femmes à ce mauvais projet.
(Protestations sur plusieurs bancs du groupe LaREM et sur les bancs du groupe
MODEM.) J’ai indiqué que, dans les professions de foi que chacun peut
consulter sur le site du ministère de l’intérieur, la quasi-totalité voire la
totalité d’entre eux ont fait l’impasse sur le sujet ou menti en promettant aux
électeurs qu’ils garantiraient à tous la retraite à 62 ans.
M.
Jean-Jacques Bridey. C’est ce que nous faisons !
M.
Sébastien Jumel. Aujourd’hui, vous faites le contraire de ce que vous
aviez annoncé ! (Mêmes mouvements.)
Un député du groupe
LaREM. L’âge légal n’a pas bougé !
M. Erwan Balanant et
plusieurs membres du groupe LaREM. Ce n’est pas un rappel au
règlement !
M.
Sébastien Jumel. Quant au fond, la suppression de la majoration de durée
d’assurance, la suppression de la majoration de pension de 10 % pour les
parents d’enfants de 3 ans et plus, l’application de la décote aux femmes
qui ont eu une carrière hachée, vont faire des femmes les grandes perdantes de
votre réforme. Cela, nous vous le ferons boire jusqu’à la lie ! (Mêmes
mouvements.)
Mme la
présidente. Mesdames et messieurs les députés, le rappel au règlement
pour fait personnel de M. Jumel m’autorise à vous remettre certaines règles
en mémoire. D’une part, monsieur Jumel, ce n’est pas parce que l’on a cité votre
nom que vous êtes gravement mis en cause, ce qui justifierait un rappel au
règlement. (Protestations sur plusieurs bancs des groupes FI et GDR.)
M. Bruno
Millienne. Merci, madame la présidente !
M.
Sébastien Jumel. C’est surtout que mes propos ont été
déformés !
Mme la
présidente. D’autre part, chers collègues, vous ne prenez pas la parole
pour répondre à un seul d’entre nous, mais pour vous adresser à l’ensemble de
notre assemblée. Par conséquent, je vous demande de ne pas citer vos collègues,
afin de ne pas motiver de rappels au règlement pour fait personnel.
(Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM.
– M. Philippe Vigier applaudit
également.)
M. Bruno
Millienne. Madame la présidente, vous avez raison !
Mme la
présidente. La parole est à Mme Clémentine Autain, pour un rappel
au règlement.
Mme
Clémentine Autain. Qui se fonde sur l’article 98-1 du règlement.
Nous venons d’être informés que 114 de nos amendements avaient été écartés, sans
que rien ne le justifie. (Exclamations sur les bancs des groupes LaREM et
MODEM.)
M. Bruno
Millienne. Sauf l’article 40 de la Constitution !
M. Woerth vous a répondu tout à l’heure !
Mme
Clémentine Autain. Nous avons débattu plusieurs heures durant des
conditions de recevabilité de nos amendements et de leur examen en séance. Je
constate que la mise à l’écart de ces 114 amendements n’est pas
motivée…
M. Bruno
Millienne. Si, si !
Mme
Clémentine Autain. …et relève d’une ostracisation des oppositions, d’une
volonté de votre majorité de contraindre le débat, d’empêcher que nous ne
fassions valoir nos droits à débattre dans un cadre démocratique.
(Applaudissements sur les bancs du groupe FI.
– Protestations sur les bancs des groupes LaREM et
MODEM.)
M. Rémy
Rebeyrotte. Oh là là !
Mme la
présidente. Monsieur Millienne, arrêtez de vitupérer de la sorte :
vous pouvez parler calmement.
M.
Christian Hutin. La démocratie, monsieur Millienne, n’oubliez pas la
démocratie !
Mme la
présidente. Madame Autain, je suppose qu’il s’agit du même cas de figure
que tout à l’heure. M. Woerth, président de la commission des finances, a
répondu à cette question.
Mme
Clémentine Autain. Pas concernant ces 114 amendements !
Mme la
présidente. La parole est à M. Boris Vallaud, pour un rappel au
règlement.
M. Boris
Vallaud. Il se fonde sur l’article 100 du règlement. Vous nous avez
indiqué tout à l’heure que vous produiriez dans les meilleurs délais les textes,
examinés par le passé, sur lesquels s’est constamment appuyé le président
Ferrand pour instaurer une pratique que nous avons contestée : faire tomber
les amendements qui ont les mêmes motifs mais portent sur des articles
différents. Cette controverse a commencé à quinze heures ; il est
vingt-deux heures trente.
M.
Christian Hutin. Et le président est allé se coucher ! Il
dort !
M. Boris
Vallaud. Le président paraissait très au fait de ce dont il
parlait : il devait avoir sous la main ces fameux textes, que nous
attendons toujours. Aucun doute ne doit subsister concernant le bien-fondé de
ses décisions. (M. Christian Hutin applaudit.
– Exclamations sur divers bancs.)
M.
Sébastien Jumel. Bravo !
Mme la
présidente. Monsieur Vallaud, je ne dispose pas de ces éléments. Sans
doute arriveront-ils demain dans la matinée. (Protestations sur les bancs des
groupes SOC et GDR.)
M.
Sébastien Jumel. Il faut demander une suspension de
séance !
Article 1er (suite)
Mme la
présidente. Je mets aux voix l’amendement no 5 et les
amendements identiques.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la
présidente. Voici le résultat du
scrutin :
Nombre de
votants 194
Nombre
de suffrages
exprimés 191
Majorité
absolue 96
Pour
l’adoption 57
Contre 134
(Les amendements identiques nos 5 et
suivants ne sont pas adoptés.)
Mme la
présidente. Encore un rappel au règlement, monsieur Jumel ? Il ne
faut pas abuser des bonnes choses.
M.
Sébastien Jumel. Madame la présidente, je connais l’efficacité des
fonctionnaires qui vont se voir pénaliser par cette mauvaise réforme. S’ils ne
nous transmettent pas les documents que nous demandons, c’est qu’on ne leur
permet pas de le faire, ou que ces documents n’existent pas. Je demande donc une
suspension de séance, afin de leur permettre de les retrouver.
M. Rémy
Rebeyrotte. Oh là là ! On se croirait au Soviet
suprême !
Suspension et reprise de la séance
Mme la
présidente. La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à vingt-deux heures trente, est reprise à vingt-deux
heures trente-cinq.)
Mme la
présidente. La séance est reprise.
Mes chers collègues, je suis
en mesure de vous faire part de quelques exemples qui montrent que la pratique
dont nous parlions a été mise en œuvre à différentes époques, aussi bien en
commission qu’en séance publique.
En voici quatre : troisième séance
du 19 novembre 1998, lors de l’examen du projet de loi relatif au mode
d’élection des conseillers régionaux et des conseillers à l’Assemblée de Corse
et au fonctionnement des conseils régionaux ; mardi 29 septembre 2009,
lors de l’examen du projet de loi relatif à l’application du cinquième alinéa de
l’article 13 de la Constitution ; première séance du 30 mars
2009, lors de l’examen du projet de loi favorisant la diffusion et la protection
de la création sur internet ; 30 janvier 2019, lors de l’examen en
commission des affaires économiques de la proposition de loi portant création
d’une agence nationale de la cohésion des territoires.
Rappels au règlement
Mme la
présidente. La parole est à M. Sébastien Jumel, pour un rappel au
règlement.
M.
Sébastien Jumel. Madame la présidente, je vous remercie de nous avoir
communiqué oralement ces éléments ; je souhaiterais qu’une copie écrite
nous soit transmise pour que nous puissions les vérifier. Cela étant, ces
quelques exemples ne témoignent pas d’une pratique ininterrompue. Nous avons
nous-mêmes prouvé que lors de l’examen du projet de loi relatif à la réforme des
retraites en 2013, ce procédé n’a pas été utilisé. Or, pour que cette pratique
devienne une jurisprudence établie et irréfragable et s’impose à l’Assemblée
nationale, elle doit avoir été continue. Les quelques exemples que vous citez ne
suffiront pas à emporter notre conviction. Une réunion de la conférence des
présidents n’est pas de nature à modifier la Constitution, ni à établir une
jurisprudence du Conseil constitutionnel.
Ces éléments nourriront le
recours que nous enrichissons chaque jour. Je souhaite que vous nous
communiquiez ces éléments par écrit et j’ajouterai au dossier l’examen, en 2013,
du projet de loi portant réforme des retraites qui atteste qu’à cette époque, de
nombreux amendements identiques déposés par tous les groupes avaient pu être
débattus et avaient permis d’éclairer les parlementaires qui avaient ainsi pu
voter en connaissance de cause.
Je vous remercie, madame la présidente,
pour votre bonne volonté qui nous aura permis de consolider nos arguments.
M. Nicolas
Dupont-Aignan. Excellent !
Mme la
présidente. Je précise que ces éléments étaient prêts mais ne m’avaient
pas encore été communiqués.
M.
Sébastien Jumel. Je n’en doute pas.
Mme la
présidente. La liste écrite vous en sera transmise.
La parole est
à M. Boris Vallaud.
M. Boris
Vallaud. Rappel au règlement sur le fondement de
l’article 100.
Je vous remercie, madame la présidente, de la manière
dont vous présidez les débats et de votre diligence à nous répondre.
Cela
étant, quatre cas d’espèce ne font pas une jurisprudence constante, répétée et
ancienne. Nous produirons demain au moins le double d’exemples de textes dont
l’examen n’a pas consacré cette pratique.
Mme la
présidente. La parole est à M. Ugo Bernalicis.
M. Ugo
Bernalicis. Rappel au règlement sur le fondement des articles 100
et 52. Je partage les interprétations de mes collègues et je vous remercie
de nous avoir communiqué ces éléments qui, d’ailleurs, renforcent nos arguments
contre la décision qui a été prise.
J’invoque également l’article 52
du règlement car, pendant que l’on se penche sur l’historique des pratiques
antérieures, les réponses apportées par le rapporteur et le secrétaire d’État
aux amendements déposés à l’article 1er témoignent d’une
pratique commerciale trompeuse – je n’ai de cesse de le dire.
(Protestations sur plusieurs bancs des groupes LaREM et MODEM.) Aux
termes de l’article 52 en son alinéa 2, le président exerce la police
de l’Assemblée. À ce titre, vous pourriez intervenir pour faire cesser cette
infraction. Nous ne savons même plus de quoi nous parlons. Personne ne connaît
la valeur du point, ni celle du coefficient !
Mme la
présidente. Monsieur le député…
M. Ugo
Bernalicis. C’est insupportable !
Mme la
présidente. Les termes mêmes que vous employez montrent qu’il ne s’agit
pas d’un rappel au règlement.
Mme
Brigitte Bourguignon, présidente de la commission spéciale. Non,
ce n’était pas un rappel au règlement !
Article 1er (suite)
Mme la
présidente. Je suis saisie d’une série de dix-huit amendements
identiques. Cette série se compose des amendements no 1489 et
identiques déposés par les membres du groupe La France insoumise et de
l’amendement no 37169 de M. Nicolas Dupont-Aignan.
La
parole est à M. Michel Larive, pour soutenir l’amendement no
1489 et les seize amendements identiques déposés par le groupe La France
insoumise.
M. Michel
Larive. Cet amendement tend à supprimer le paragraphe I, qui
prévoit de modifier le code de la sécurité sociale en posant le principe des
vases communicants. En effet, le déficit des caisses de retraite pourrait être
comblé en puisant dans les caisses de la sécurité sociale, ce qui creuserait
encore davantage le déficit.
Hélas, ce n’est pas le seul paradoxe de
votre projet de loi.
Ainsi, vous prétendez qu’aucune pension de retraite
ne sera inférieure à 1 000 euros mais cette mesure est réservée à ceux
dont la carrière aura été complète, notion dont on ignore ce qu’elle recouvre
car on ne sait pas ce qu’est une carrière complète dans un régime de retraite
par points.
Par ailleurs, ceux qui perçoivent un salaire supérieur à
10 000 euros mensuels cotiseront à hauteur de 2,8 % contre
28 % pour les autres, ce qui les incitera à préférer la
capitalisation.
Quant aux retraités, vous leur proposez de continuer à
travailler pour qu’ils puissent vivre dignement. Or le mot
« retraite » signifie l’arrêt du travail.
Votre projet de loi
n’est ni égalitaire, ni universel. Ce jugement n’est pas le nôtre mais celui du
Conseil d’État. Vous faites porter le poids total de la solidarité nationale sur
les épaules de la population productive, pour le plus grand bien-être des
spéculateurs. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe
FI.)
Mme la
présidente. La parole est à M. Nicolas Dupont-Aignan, pour soutenir
l’amendement no 37169.
M. Nicolas
Dupont-Aignan. La réforme entame le principe de répartition. Ce qui est
décidé aujourd’hui pour les plus hauts revenus pourra l’être demain pour des
revenus inférieurs : il suffira d’abaisser le plafond.
Avant même
que le juge constitutionnel ne le fasse, je vous demande plus de clarté
– ce faisant, je vous rends service, d’une certaine manière, alors que je
pourrais m’en abstenir.
J’ai retrouvé, monsieur le secrétaire d’État, le
fameux article des Échos, en date du 20 janvier. Permettez-moi de
vous en citer un passage édifiant : « La marche arrière de huit
plafonds à trois plafonds ne sera pourtant pas aisée. Car après avoir procuré
des recettes inespérées au régime complémentaire, cette tranche va coûter très
cher à éteindre. Le manque à gagner en cotisations annuelles à partir de 2025 a
été précisément chiffré » – ce que vous ne saviez sans doute
pas – « par l’AGIRC-ARRCO : 4 milliards d’euros en 2025,
4,8 milliards en 2037, 5 milliards en 2040, selon un document interne
qu’ont pu lire Les Échos » – journal a priori sérieux.
« Nul ne semble savoir à ce stade, y compris à l’AGIRC-ARRCO, quelles
pensions sont décaissées en regard de ces cotisations chaque année
– assurément bien plus qu’il y a trente ans. Or le Gouvernement a promis
d’honorer intégralement les droits acquis. Mais avec quelles
recettes ? ».
Il est extravagant que vous refusiez de répondre
aux questions posées par un grand journal sérieux de la presse économique, par
des partenaires sociaux, par les représentants du régime complémentaire
– dont vous vous apprêtez à voler 70 milliards de réserves, soit dit
en passant, car ils appartiennent aux Français qui ont cotisé –, et
relayées par mes collègues du groupe Les Républicains et d’autres ainsi que par
moi-même.
Cela signifierait-il que vous ignorez le contenu des fameuses
ordonnances, ces vingt-neuf trous ? Il serait important de le savoir eu
égard à l’exigence de clarté du débat. Nous feriez-vous débattre toutes les
nuits sans savoir ce que contiendront ces ordonnances ? Vous évoquez un
régime transitoire, mais quel sera-t-il ? Comment ? Pour quel
coût ?
Vraiment, vous tricotez l’inconstitutionnalité de ce texte,
et je poserai autant de questions qu’il le faudra car il est inacceptable pour
la représentation nationale – et, à travers elle, pour les Français –
de débattre sans rien savoir de cette façon de creuser le déficit. Vous parlez
d’équilibre financier alors que vous augmentez le déficit de 65 milliards
d’euros ! C’est considérable ! Réfléchissez au trou que vous êtes en
train de creuser !
Mme la
présidente. Quel est l’avis de la commission sur ces amendements
identiques ?
M. Nicolas
Turquois, rapporteur. À titre personnel, sans connaître
l’historique des pratiques de l’Assemblée, je tiens en préambule à faire
remarquer que les rappels au règlement successifs et les amendements visant à
substituer au mot « universel » le mot « inéquitable » sont
contreproductifs pour la mission de l’Assemblée nationale et notre travail de
parlementaires. Nous allons devoir nous exprimer, à de nombreuses reprises, sur
les amendements du groupe La France insoumise tendant à supprimer les alinéas un
à un : ce n’est pas là ma conception du travail parlementaire, qui doit
servir à enrichir le texte. C’est un travail a minima. Je serai donc défavorable
à tous ces amendements.
M. Nicolas
Dupont-Aignan. Répondez aux questions !
M. Nicolas
Turquois, rapporteur. Je vais maintenant répondre à quelques
interpellations.
M.
Sébastien Jumel. Faites-le plutôt taire !
M. Nicolas
Turquois, rapporteur. Monsieur Dupont-Aignan, en défendant votre
amendement dans lequel vous demandez la suppression de
l’alinéa 1er, vous avez évoqué le plafond des trois PASS :
je ne vois pas le rapport puisque le sujet n’est abordé qu’à l’article 13
– nous y viendrons.
Néanmoins, pour en dire quelques mots, je
précise que les 4,5 milliards cités dans l’étude de l’AGIRC-ARRCO
correspondent à l’hypothèse où l’on supprimerait brutalement le taux d’appel de
cotisations de 26 %. En réalité, cette suppression sera étalée sur quinze à
vingt ans, avec une baisse du taux à 24 %, puis 23 %, etc., qui
représente un montant de l’ordre de 200 millions d’euros par an. Et, en
parallèle, la constitution de droits sera réduite. Cela s’appelle une transition
en fuseau : il faut diminuer à la fois le montant des cotisations et la
constitution de droits.
Monsieur Vigier, vous avez parlé tout à l’heure
de l’âge minimal de départ à la retraite. L’âge minimum auquel il est fait
référence à l’article 1er, c’est bien l’âge légal, qui est
généralement fixé à 62 ans mais peut être réduit par certains dispositifs
– y compris le départ anticipé à la retraite – pour des raisons
tenant, par exemple, à la pénibilité.
La commission est défavorable aux
amendements de suppression de l’alinéa 1er. (Applaudissements
sur plusieurs bancs du groupe MODEM.)
Mme la
présidente. Quel est l’avis du Gouvernement ?
M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. M. le rapporteur a apporté
un éclairage technique qui sera, je le crois, utile à la représentation
nationale. Monsieur Dupont-Aignan a l’air satisfait – ou presque.
M. Nicolas
Dupont-Aignan. Je commence à comprendre !
M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. M. le rapporteur a pris le
temps d’apporter quelques éléments chiffrés pour expliquer cette sortie en
fuseau.
M. Hervé
Saulignac. Et quels sont vos, arguments à vous ?
M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. M. le rapporteur vous a
expliqué à quoi correspondait la notion d’âge minimum. Sans vouloir embrouiller
le débat, puisque vous n’avez pas déposé d’amendement de suppression et que je
ne suis censé m’exprimer que sur ceux-ci, j’ajouterai quelques exemples :
un policier pourra partir à 52 ans, et un militaire pourrait partir à la
retraite après dix-sept ans de carrière, s’il est homme du rang ou
sous-officier, ou vingt-sept ans s’il est officier. Voilà quelques points qu’il
convient de distinguer de l’âge minimum, qui constitue une référence
globale.
Vous avez posé vos questions sous forme de quiz ; je veux
bien y répondre mais je ne passerai pas le débat à traiter de cas particuliers,
même je sais que certains – dont Mme Caroline Fiat, qui évoque
régulièrement des cas individuels –, les prennent très à
cœur.
Madame Fiat, vous parliez d’un salarié de la RATP qui est,
j’imagine, conducteur de métro – mais il existe d’autres métiers à la RATP.
S’il est né en 1984, son départ à la retraite est prévu dans moins de dix-sept
ans : il n’est donc pas concerné par la réforme.
Vous parliez
également d’une salariée de la SNCF, ce qui pose quelques difficultés, car je ne
sais pas depuis combien de temps elle y travaille ; il faudrait regarder sa
carrière de plus près.
M. Philippe
Vigier. Elle est née en 1990.
M. Ugo
Bernalicis. Si elle est à la SNCF depuis trois mois…
M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. Quoi qu’il en soit, une chose
est certaine : c’est la règle de la proportionnalité qui s’appliquera.
Cette personne pourra partir plus tôt à due proportion de la carrière effectuée,
c’est-à-dire en fonction du nombre d’années de cotisation validées rapporté au
nombre total d’années exigées dans l’ancien système.
Enfin, l’âge auquel
l’assistante sociale de votre circonscription née en 1988 pourra partir à la
retraite dépendra de l’âge d’équilibre : 1988 plus 62 ans, cela
signifie qu’elle pourra légalement partir à la retraite en 2050. Mais l’âge
d’équilibre applicable à cette date sera déterminé par les propositions de la
gouvernance, laquelle sera validée par des échanges qui auront lieu, entre
autres, lors du projet de loi de finances. Par ailleurs, il faut tenir compte
des choix de la personne, qui souhaitera peut-être partir plus tôt, ou plus
tard.
Il m’est impossible d’être plus précis, mais vous voyez que je n’ai
pas cherché à fuir le débat et que je vous ai apporté, comme à l’ensemble des
députés, un éclairage. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe
MODEM.)
M. Patrick
Hetzel. Tout cela n’est pas très clair. Vous nous embrouillez plus
qu’autre chose.
M. Pierre
Cordier. On ne comprend rien !
M. Ugo
Bernalicis. Encore des motifs de censure pour le Conseil
constitutionnel !
Mme la
présidente. La parole est à M. Olivier Marleix.
M. Olivier
Marleix. L’article 1er réaffirme les deux principes
généraux que sont l’universalité du système et le choix d’un financement par
répartition. Je souhaite y revenir, monsieur le secrétaire d’État, car vous
n’avez pas apporté d’éléments à l’Assemblée sur la question de l’assiette des
cotisations, laquelle renvoie, qu’on le veuille ou non, à ces deux principes.
L’abaissement du seuil d’exonération de huit à trois PASS – qui exclut plus
de 300 000 personnes de la sécurité sociale pour la part du salaire
qui dépasse trois PASS – va créer, sur toute la période de transition, un
déficit cumulé de près de 65 milliards. Ce montant colossal est celui que
l’AGIRC-ARRCO a communiqué aux organisations syndicales.
Tous les
syndicats – y compris le MEDEF, qui a rejoint la CGT, la CGC et les
autres – ont interrogé le Gouvernement sur les modalités de financement de
cette transition, soit en précisant, pour les uns, qu’il était hors de question
de piquer dans les réserves de l’AGIRC-ARRCO, soit en excluant, comme le MEDEF,
tout autre mode de financement, à commencer par l’augmentation des cotisations.
Il me paraît donc important que vous nous précisiez comment va s’opérer la
transition. Je n’étais pas en commission spéciale et c’est la première fois que
j’entends parler d’une sortie progressive. Nous avons besoin
d’explications ; il y va de la sincérité de nos débats.
M. Nicolas
Dupont-Aignan et M. Patrick Hetzel. Très bien !
Mme la
présidente. La parole est à M. Bruno Fuchs.
M. Bruno
Fuchs. Puisque l’on entend beaucoup de contrevérités et
d’approximations, je voudrais, moi aussi, faire une citation, en convoquant un
auteur de référence pour une grande partie de l’hémicycle. Thomas Piketty, dans
son ouvrage Pour un nouveau système de retraite, écrit :
« Traiter les super-cadres à 250 000 euros annuels de la même
façon que les salariés au salaire minimum n’a aucun intérêt du point de vue de
la redistribution. Prélever des cotisations jusqu’à 266 000 euros de
salaire annuel permet certes de faire rentrer des recettes supplémentaires, sauf
qu’à la sortie, les cadres en question bénéficient d’une retraite calculée en
référence au salaire ayant servi de base aux cotisations. Si l’on ajoute à cela
que les cadres tendent à bénéficier d’une espérance de vie supérieure à la
moyenne, le résultat est que les cotisations ainsi prélevées tendent à être
inférieures aux pensions correspondantes. » (Applaudissements sur
quelques bancs des groupes MODEM et LaREM.)
M. Sylvain
Maillard. Il est bon, ce Piketty !
M. Bruno
Fuchs. Voilà qui apporte certains éléments de réponse à vos
interrogations et à beaucoup de contre-vérités. Il ajoute : « Cette
distribution à l’envers est d’autant plus regrettable que ces cadres ne sont
généralement pas demandeurs d’un plafond aussi élevé. Quel est le bon niveau de
plafond pour assurer un bon système de redistribution ? À l’évidence, nous
nous garderons bien de trancher cette question qui mérite d’être débattue. Il
nous semble toutefois qu’un plafond de l’ordre de deux à trois PASS serait
raisonnable. Au-delà de trois PASS, ce serait excessif pour assurer un bon
système de redistribution. » (Applaudissements sur quelques bancs
des groupes MODEM et LaREM.)
Mme la
présidente. La parole est à M. Adrien Quatennens.
M. Adrien
Quatennens. L’alinéa 1er concerne la sécurité sociale,
fondée, je le rappelle, sur le principe suivant : chacun cotise selon ses
moyens et reçoit selon ses besoins. Or, à nos yeux, le projet de loi porte
atteinte à ce principe. Le but est bien que les 300 milliards d’euros de la
sécurité sociale consacrés aux retraites fuient petit à petit vers la
capitalisation.
M. Bruno
Millienne. Allez, c’est reparti !
M. Adrien
Quatennens. Je veux apporter à ma contribution au débat sur les hauts
revenus. En effet, de 324 000 euros annuels, le plafond sera ramené à
120 000 euros. Cela signifie qu’au-delà de 10 000 euros par
mois, on versera une cotisation symbolique – « vous dites
« solidaire » – de 2,8 %… (Exclamations sur les bancs du
groupe MODEM.)
M. Erwan
Balanant. Ça rapporte de l’argent pour les plus faibles !
M. Bruno
Millienne. Vous n’écoutez rien !
M. Adrien
Quatennens. … sans acquérir de droits supplémentaires.
M. Cyrille
Isaac-Sibille. Voilà !
Mme la
présidente. Je vous en prie ! Seul M. Quatennens a la parole.
M. Adrien
Quatennens. Je vous ai compris, chers collègues. Mais croyez-vous que
les riches – ceux qui gagnent plus de 120 000 euros par an –
vont se laisser faire les poches ? Non. Ils voudront compléter leurs
revenus.
M. Erwan
Balanant. Cela ne coûtera rien puisque ce sera défiscalisé !
M. Adrien
Quatennens. Si, cela coûtera, mais laissons la question de côté. Comment
feront-ils pour compléter leurs revenus, puisqu’ils ne pourront plus acquérir de
droits à la retraite ? Ils se tourneront vers la capitalisation, que vous
encouragez ainsi de manière considérable.
M. Nicolas
Dupont-Aignan. Mais oui ! Il a raison !
M. Bruno
Millienne. Cela se fait déjà !
M. Adrien
Quatennens. Auparavant, jusqu’à 324 000 euros de salaire
annuel, on cotisait comme tout le monde pour acquérir des droits. Désormais, la
limite sera de 120 000 euros. Certes, au-delà de
120 000 euros, il existera une cotisation dite « solidaire »
– je laisse de côté le débat sur le trou financier que ce changement
provoquera. Mais ces personnes chercheront à compléter leurs revenus. Emmanuel
Macron leur adresse un message clair, que l’on pourrait traduire ainsi :
« Mes chers amis, vous qui avez du fric, pourquoi vous embêtez-vous avec ce
modèle rétrograde qu’est la sécurité sociale ? Allez mettre votre argent
chez les banquiers et chez les assureurs ! » C’est limpide.
(Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe FI. – Protestations sur les
bancs des groupes LaREM et MODEM.)
M. Ugo
Bernalicis. Imparable, sans compter la défiscalisation qui va
avec !
M. Bruno
Millienne. Et la liberté individuelle, qu’en faites-vous ?
M. Rémy
Rebeyrotte. Pitoyable !
Mme la
présidente. La parole est à M. Philippe Vigier.
M. Philippe
Vigier. Je tiens à vous remercier, monsieur le secrétaire d’État, pour
les réponses que vous avez bien voulu apporter à mes questions sur des cas
d’école.
Toutefois, chers collègues, vous aurez bien noté l’information
importante que nous a communiquée M. le rapporteur : l’âge minimum,
c’est l’âge légal. J’imagine que chacun aura à cœur de modifier le texte afin
que nous soyons parfaitement éclairés sur le sujet.
M. Ugo
Bernalicis. Absolument ! Je confirme !
M. Philippe
Vigier. Néanmoins, à ce stade du débat, il est important que vous nous
disiez si vous envisagez toujours de déposer un volume de vingt-neuf
ordonnances. Je crois savoir que le Gouvernement a déposé cinquante-huit
amendements sur le projet de loi, qui sont disponibles depuis la fin de
l’après-midi, et certains d’entre eux concernent des principes énoncés à
l’article 1er. Il me paraît essentiel que vous nous éclairiez à
leur sujet car, comme je l’ai déjà fait valoir avec plusieurs de mes collègues,
la représentation nationale ne peut pas être mise face à vingt-neuf ordonnances,
restreignant naturellement le champ d’intervention des parlementaires, sans
explications.
Mme la
présidente. La parole est à M. Pierre Dharréville.
M. Pierre
Dharréville. Un député de la majorité a déclaré tout à l’heure qu’il se
disait ici beaucoup de contrevérités. Je le confirme : nous en avons eu de
nombreux exemples depuis le début de la discussion du texte en séance.
M. Patrick
Hetzel. Excellent !
M. Pierre
Dharréville. Pour justifier la réforme, nous avons vu fleurir beaucoup
d’éléments de langage contredits par les faits – j’ai tout à l’heure dit
deux mots à propos de la situation des femmes.
Les cas présentés ne
prennent pas en compte tous les nouveaux paramètres, notamment la décote qui
sera instaurée en même temps que l’âge dit « d’équilibre ». « Âge
d’équilibre », c’est une belle formule, et chacun peut croire que cet
équilibre le concerne. Oui, il concerne chacun, mais pas de la bonne façon,
puisque l’équilibre en question, c’est celui du système : les droits de
chacun sont indexés sur l’équilibre financier du système ; ce sont eux qui
constituent la variable d’ajustement.
Nous venons d’évoquer la
disposition relative aux personnes dont les revenus dépassent trois PASS
– qui n’avait d’ailleurs été demandée par personne mais que vous défendez
comme une mesure de solidarité. Monsieur le secrétaire d’État, vous n’avez
toujours pas expliqué précisément de quelle façon les pertes liées aux
cotisations perdues seront compensées d’ici à la mise en place du nouveau
système, alors que les pensions continueront à être servies aux personnes
concernées. Je voudrais obtenir une réponse précise à cette question ; je
suis preneur d’un graphique en biseau ou d’un tableau résumant comment les
choses vont se dérouler.
Par ailleurs, ces derniers jours, nous avons
reçu plusieurs représentants syndicaux. Étant très mal reçus par le Gouvernement
et la majorité,…
Mme
Caroline Fiat. Voire pas reçus du tout !
M. Pierre
Dharréville. …ils discutent volontiers avec nous. Nous avons donc reçu
François Hommeril, président de la CFE-CGC – qui n’était pas non plus
demandeur de cette mesure.
Mme la
présidente. Merci, monsieur Dharréville.
M. Pierre
Dharréville. J’en termine en deux phrases, si vous me le permettez,
madame la présidente.
M. Hommeril nous a indiqué que le niveau des
cotisations au-dessus de trois PASS n’est pas celui que vous donnez mais s’élève
à 9,84 %. Avec la mesure que vous proposez, nous perdons donc des
cotisations de solidarité. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes
GDR et FI.)
Mme
Caroline Fiat. Bravo !
Mme la
présidente. La parole est à Mme Corinne Vignon.
Mme Corinne
Vignon. La technique oratoire fréquemment utilisée dans cet hémicycle,
qui tente de faire croire aux Françaises et aux Français qu’une majorité
écrasante de nos concitoyens sont contre cette réforme,…
M. Fabien
Roussel. D’après le dernier sondage, ils sont 57 % à
l’être !
Mme Corinne
Vignon. …est une pure imposture. (Applaudissements sur quelques bancs
du groupe LaREM.) Demandez aux Françaises et aux Français s’ils veulent
supprimer les régimes spéciaux : ils sont pour. (Mêmes mouvements.)
Demandez aux Françaises et aux Français qui gagnent 600 ou 700 euros de
retraite s’ils souhaitent une retraite minimale à 85 % du SMIC : ils
sont pour. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LaREM. –
Exclamations sur les bancs des groupes GDR et FI.)
M. Fabien
Roussel. Posez donc la question aux Français par référendum !
Mme Corinne
Vignon. Demandez aux Françaises qui n’ont qu’un enfant si elles veulent
bénéficier d’une majoration de leur pension de 5 % : elles sont pour.
(« Oui ! » et
applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM et quelques bancs du groupe
MODEM.) Demandez aux femmes fonctionnaires qui ont eu deux enfants et ont
bénéficié d’une majoration de quatre trimestres – alors que pour une
salariée du privé, la majoration en représentait seize – si elles veulent
l’équité : elles sont pour ! (Mêmes mouvements.)
Mme
Caroline Fiat. Mais oui, demandez-leur !
M. Fabien
Roussel. Posez la question aux Français ! Organisez un
référendum !
Mme Corinne
Vignon. Demandez aux Françaises qui n’ont pas fait une carrière complète
et qui doivent travailler jusqu’à 67 ans si elles sont d’accord pour partir
en retraite deux ans plus tôt : elles sont pour ! (Applaudissements
et encouragements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.)
M.
Christian Hutin. Convoquez un référendum !
Mme Corinne
Vignon. Eh oui, les silencieux qu’on n’entend pas, les gens qui ne
descendent pas dans la rue, qui ne brandissent pas de pancartes, qui ne courent
pas les plateaux télé, nous les avons rencontrés dans les 150 ateliers
citoyens que nous avons organisés en France ! (Applaudissements sur
plusieurs bancs du groupe LaREM.) Eh bien, ces gens-là, quand on leur parle
du système universel, ils sont pour ! (Vifs applaudissements sur les
bancs des groupes LaREM et MODEM. – Les députés des groupes FI et GDR
scandent :
« Référendum ! »)
Mme
Caroline Fiat. Mme Vignon veut un référendum !
Mme la
présidente. Mme Vignon a enflammé l’hémicycle, mais calmons-nous à
présent !
La parole est à M. Christian Hutin.
M.
Christian Hutin. Madame Vignon, votre enthousiasme est fantastique. Mais
hier, nous avons défendu une motion référendaire :…
Mme
Caroline Fiat. Eh oui !
M.
Christian Hutin. …si tous les Français dont vous nous parlez sont pour
la réforme, pourquoi avez-vous peur d’un référendum ? (Applaudissements
sur les bancs des groupes LR, FI et GDR ainsi que sur quelques bancs du groupe
SOC et parmi les députés non inscrits.) Les 300 députés de la majorité
ici présents vous applaudissent avec fougue, mais ce ne sont pas eux qui votent
lors d’un référendum ! Soumettez l’ensemble de vos questions au référendum
et je vous assure que le résultat sera très surprenant !
(Applaudissements sur quelques bancs du groupe FI.) Ayez le courage,
contrairement à hier soir, d’organiser un référendum sur la réforme des
retraites ! Que le président de votre groupe reprenne votre question et
nous donne la possibilité d’adopter une motion référendaire ! Nous verrons
alors si vous avez raison ! (Applaudissements sur les bancs des groupes
LR, FI et GDR.)
M. Fabien
Roussel. Bravo et merci, madame Vignon ! On veut d’autres
interventions comme celle-là !
Mme la
présidente. Je mets aux voix les amendements nos 1489 et
identiques.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la
présidente. Voici le résultat du
scrutin :
Nombre de
votants 203
Nombre
de suffrages
exprimés 192
Majorité
absolue 97
Pour
l’adoption 38
Contre 154
(Les amendements nos 1489 et
identiques ne sont pas adoptés.)
Mme la
présidente. Sur les sous-amendements nos 41890, 41895,
41902 et 41899 à venir, je suis saisie par le groupe de la Gauche démocrate et
républicaine de demandes de scrutin public.
Les scrutins sont annoncés
dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
Je suis saisi d’un amendement
no 23978, qui fait l’objet d’une série de
sous-amendements.
La parole est à Mme Gisèle Biémouret, pour
soutenir l’amendement.
Mme Gisèle
Biémouret. Il vise à proposer un principe de non-régression. Il est
essentiel de garantir aux assurés le respect de leur sécurité matérielle et de
réduire les inégalités entre les femmes et les hommes. Nous regrettons une étude
d’impact où les femmes sont invisibles. Dans sa seconde version, elle ne propose
aucune simulation qui serait pourtant utile. Les temps partiels, les congés
maternité ou sans solde viendront diminuer le montant du salaire annuel brut et
donc de la retraite. Autre problème : les critères de pénibilité
aujourd’hui retenus valorisent plus les carrières d’hommes. Mais on ne peut pas
oublier la pénibilité des métiers liés aux services à la personne,
essentiellement féminins : ils sont souvent répétitifs et impliquent des
postures difficiles. (M. Régis Juanico
applaudit.)
Mme la
présidente. La parole est à M. Pierre Dharréville, pour soutenir le
sous-amendement no 41890.
M. Pierre
Dharréville. C’est un sous-amendement de précision.
Je voudrais
profiter de l’occasion pour essayer de répondre à la préoccupation de notre
collègue Vignon. Depuis le début de la discussion, je suis troublé par votre
volonté de faire complètement abstraction du rejet dont votre projet de loi fait
l’objet dans le pays. Vous venez de le dire vous-même : pour vous, ce rejet
n’existe pas. Pourtant, les manifestations et les grèves massives qui se sont
déroulées dans le pays témoignent d’un rejet qui l’est tout autant.
(M. Ugo Bernalicis applaudit. – Protestations sur les
bancs des groupes LaREM et MODEM.) Vous n’en prenez pas la mesure, c’est un
véritable problème démocratique. Vous devriez regarder les choses en face et
cesser de mépriser celles et ceux qui vous transmettent ces messages. Si vous
les écoutiez un peu plus, le pays irait sans doute mieux.
(Mme Caroline Fiat applaudit.)
Mme la
présidente. La parole est à M. Sébastien Jumel, pour soutenir le
sous-amendement no 41895.
M.
Sébastien Jumel. Madame l’ambassadrice, je ne sais pas qui vous avez
rencontré dans vos réunions tupperware… (Vives protestations sur les bancs
des groupes LaREM et MODEM.)
M. Rémy
Rebeyrotte. C’est d’un sexisme épouvantable !
M. Bruno
Millienne. Sexiste ! Vous n’avez pas le droit de dire ça !
M.
Sébastien Jumel. En revanche, je suis prêt à vous permettre…
(Tumulte. – Protestations ininterrompues et claquements de pupitre sur les
bancs des groupes LaREM et MODEM.)
Il m’est arrivé d’aller à des
réunions tupperware !
M. Rémy
Rebeyrotte. Honteux ! C’est du Georges Marchais !
M. Jimmy
Pahun. Excusez-vous au moins !
M. Fabien
Di Filippo. Mais quoi ? Moi aussi, je fais des réunions
tupperware !
Mme la
présidente. S’il vous plaît, mes chers collègues, calmez-vous !
M.
Sébastien Jumel. Les réunions tupperware, ce sont des réunions où il y a
peu de monde et où on achète des produits qu’on regrette aussitôt. C’est cela,
la définition des réunions tupperware. (Vives exclamations sur les bancs des
groupes LaREM et MODEM.)
M. Rémy
Rebeyrotte. Sexiste !
Mme la
présidente. On se calme !
M.
Sébastien Jumel. Je vous propose d’aller rencontrer : Arnaud,
contrôleur dans une verrerie ; Christian, manœuvrier du pont Colbert ;
Clément, marin de Transmanche Ferries ; Didier, conducteur mécanicien de
machines industrielles dans la verrerie ; Emmanuelle, ouvrière dans
l’agroalimentaire ; Jean-Luc, chauffeur de benne à ordures ; John,
éboueur ; Julie, conductrice de TER ; Julie, infirmière de nuit à
l’hôpital public ; Marc, électricien de maintenance dans
l’automobile ; Marc, releveur de compteurs ; et encore une trieuse de
verre à Saint-Gobain Desjonquères. Vous verrez que ce qu’ils disent tranche
singulièrement avec les petites réunions entre-soi où se vendent des produits
qu’on regrette immédiatement d’avoir achetés ! (Exclamations et
huées sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.)
Mme la
présidente. Mes chers collègues, chacun a pu faire claquer son pupitre
et exprimer sa désapprobation. Je suggère à M. Jumel d’éviter les
métaphores déplaisantes et aux auteurs d’accusations un peu rapides de sexisme
de ravaler également ce qualificatif. Retrouvons notre calme !
La
parole est à M. Pierre Dharréville, pour soutenir le sous-amendement
no 41902.
M. Pierre
Dharréville. Je reviens sur la question de l’universalité qui n’est pas
au rendez-vous. Monsieur le secrétaire d’État, je souhaiterais obtenir des
réponses à plusieurs questions précises. J’en ai posé une tout à l’heure et je
voudrais, si vous me le permettez, en poser une autre. (Exclamations sur les
bancs du groupe LaREM.)
Un député du groupe
LaREM. Sexiste !
Un autre député du groupe
LaREM. On veut des excuses !
Mme Perrine
Goulet. On exige du respect !
M.
Christian Hutin. Madame la présidente, pourriez-vous rétablir
l’ordre ?
M. Pierre
Dharréville. Je voudrais savoir comment vous envisagez la question de la
convergence entre le public et le privé. Comme vous le savez, le taux de
cotisations patronales dans le secteur public est très élevé – aux
alentours de 60 % en moyenne. Comment comptez-vous réaliser la transition
et comment sera-t-elle financée ?
Mme la
présidente. Les sous-amendements nos 41899 et 41916 de
M. Pierre Dharréville sont défendus.
La parole est à
M. Sébastien Jumel – que j’invite à la pondération –, pour
soutenir le sous-amendement no 41904. (Huées sur les
bancs des groupes LaREM et MODEM.)
Mes chers collègues, un peu de
calme !
M. Hubert
Wulfranc. Rappel au règlement !
Rappel au règlement
Mme la
présidente. Monsieur Wulfranc, si c’est pour relancer la polémique, je
vous invite à bien réfléchir à vos propos. Sur quel fondement souhaitez-vous
prononcer ce rappel au règlement ?
M. Ugo
Bernalicis. Pratiques commerciales trompeuses !
Mme la
présidente. Monsieur Bernalicis, calmez-vous ! Les meilleures
blagues ont une fin !
Donc, monsieur Wulfranc, sur quel
fondement ?
M. Hubert
Wulfranc. Madame la présidente, sur le simple fondement de votre
autorité. (Rires. – Applaudissements sur les bancs des groupe LaREM et
MODEM.)
Mme la
présidente. Poursuivez !
M. Hubert
Wulfranc. Je vous demande de faire en sorte que le débat se poursuive
sans agitation. (Exclamations sur les bancs des groupes LaREM et
MODEM.)
Mme la
présidente. C’est précisément, monsieur Wulfranc, le type de remarque
susceptible d’inspirer un peu d’émoi…
M. Hubert
Wulfranc. Nos propos ne doivent pas être couverts par des réactions qui,
quels que soient leurs auteurs, troublent la bonne parole d’un collègue.
(Exclamations sur de nombreux bancs des groupes LaREM, LR, MODEM et
UDI-Agir.)
M. Fabien
Di Filippo. Il a raison !
Article 1er (suite)
Mme la
présidente. La parole est à M. Sébastien Jumel, pour soutenir le
sous-amendement no 41904. (Exclamations et huées sur les
bancs des groupes LaREM, LR, MODEM, SOC et UDI-Agir.)
M. Fabien
Roussel. Il faut suspendre la séance, madame la
présidente !
Suspension et reprise de la séance
Mme la
présidente. Je suspends la séance pendant deux minutes afin de voir les
présidents de groupe.
(La séance, suspendue à vingt-trois heures quinze, est reprise à
vingt-trois heures vingt.)
Mme la
présidente. La séance est reprise.
Chacun ayant recouvré son
calme, je donne la parole est à M. Hubert Wulfranc, pour soutenir le
sous-amendement no 41904.
M. Hubert
Wulfranc. Puisque ce projet de loi nous offre l’occasion de faire état
d’expériences, je voudrais me projeter en 1981,…
Un député du groupe
LaREM. C’est ce qui s’appelle se projeter vers l’avenir… (Sourires sur
les bancs du groupe LaREM.)
M. Hubert
Wulfranc. …lorsque la retraite à 60 ans est apparue dans la vie des
salariés du pays. Les salariés, parmi lesquels certains d’entre vous peut-être,
ont accueilli cet acquis social avec un extrême bonheur, une joie vécue au
quotidien, partagée dans les familles et les entreprises à l’échelle du
pays.
M. Aurélien
Pradié. Merci tonton !
M. Hubert
Wulfranc. Quarante ans plus tard, vous proposez de porter l’âge de
départ à la retraite à 65 ans.
M. Sylvain
Maillard. On vit plus longtemps !
M. Hubert
Wulfranc. Quarante ans plus tard, vous nous imposez un processus de
régression sociale, en invoquant deux types de soutenabilité : l’une
démographique, l’autre financière. Tout en vous situant dans une pure logique
libérale,…
Mme Sophie
Auconie. Deux minutes de temps de parole !
M. Hubert
Wulfranc. …vous avez une vision malthusienne qui consiste…
Mme la
présidente. Merci, monsieur Wulfranc.
(« Ah ! » sur les
bancs du groupe LaREM.)
La parole est à M. Pierre Dharréville,
pour soutenir le sous-amendement no 41912.
M. Pierre
Dharréville. Je me garderai de terminer le propos de mon collègue pour
le laisser le faire plus tard.
Monsieur le secrétaire d’État, je vous ai
déjà posé deux questions – je vois que vous hochez la tête –,
auxquelles j’espère obtenir les réponses requises car les enjeux financiers
représentent des milliards d’euros. Du reste, les partenaires sociaux ont eux
aussi besoin de ces informations.
J’ai une troisième question, qui porte
sur la conférence que vous avez convoquée. La Fédération syndicale unitaire, qui
regroupe des agents de la fonction publique et beaucoup d’enseignants, n’a pas
été invitée à cette conférence, ce qui nous paraît problématique. Je crois
comprendre que la composition de cette conférence reflète celle que vous
envisagez pour la future CNRU – la Caisse nationale de retraite
universelle. Cela nous confirme l’existence d’une possible difficulté. Sur
quelle base avez-vous fixé le seuil arbitraire à partir duquel vous avez exclu
des organisations syndicales, pourtant représentatives dans leur
secteur ?
Mme la
présidente. La parole est à M. Éric Coquerel, pour soutenir le
sous-amendement no 41985.
M. Éric
Coquerel. Monsieur le secrétaire d’État, à chaque fois qu’on vous fait
remarquer que les pensions vont baisser à cause du calcul sur l’ensemble d’une
carrière et non plus sur les vingt-cinq meilleures années, vous nous répondez
que les salaires portés au compte le sont à 50 % sur les vingt-cinq
meilleures années. Pour que le futur système soit préférable au régime actuel,
je suppose que vous vous engagez donc à ce que le taux ne soit plus de 50 %
mais de 75 ou 80 %, sans quoi nous serons perdants, car la totalité d’une
carrière englobe les salaires les moins élevés.
C’est d’autant plus vrai
que, dans votre système, le point acquis ne prend sa valeur qu’à l’âge
d’équilibre, qui évolue selon les générations, à hauteur des deux tiers de
l’espérance de vie à la retraite, soit 65 ans pour la génération de 1975,
68 ans pour la génération de 2011, 68 ans et 7 mois pour la
génération de 2018, qui partira en 2080.
Vous ne démontrez à aucun moment
que le système de points calculés sur toute la carrière sera plus avantageux que
le régime actuel – je regrette d’ailleurs que le calcul ne se fasse pas
actuellement sur les dix meilleures années. En revanche, il est démontré qu’à
salaire égal et à pension égale, les gens partiront forcément plus tard que dans
la situation actuelle. Votre projet de loi tend donc bien à instaurer une
procédure générale qui fera reculer sans fin l’âge de départ à la retraite. Vous
ne pouvez pas le nier. (Applaudissements sur les bancs du groupe FI.)
M. Ugo
Bernalicis. Imaparable !
Mme la
présidente. La parole est à M. Sébastien Jumel, pour soutenir le
sous-amendement no 41914.
M.
Sébastien Jumel. Tout d’abord, je tiens à préciser que, dans mon
intervention précédente, je voulais seulement dire que 160 réunions
réunissant peu de monde avaient peu de valeur à nos yeux.
M. Rémy
Rebeyrotte. À votre place, je n’y reviendrais pas !
M.
Sébastien Jumel. Cela étant dit, je voudrais parler des réunions liées
au grand débat national. J’ai assisté à la réunion de lancement, à
Grand-Bourgtheroulde, où la parole était confisquée, où les prises de parole
étaient triées sur le volet, où l’arbitre jouait à domicile. Dès le début, le
grand débat national était pipé.
M. Fabien
Di Filippo. C’est vrai !
M.
Sébastien Jumel. Je me suis intéressé aux réunions suivantes, notamment
à celle de Rodez, où le Président de la République a tenu les propos
suivants : « Le pacte social implicite qu’on a fait depuis des
décennies dans l’éducation nationale, c’est de dire : on ne vous paye pas
très bien, votre carrière est assez plate […] mais vous partez à la retraite
avec un système qui est mieux calculé que chez beaucoup d’autres, parce que
c’est le système où l’on calcule sur la base des six derniers mois […] Et c’est
pourquoi les enseignants comme quelques autres professions, je ne peux pas leur
dire du jour au lendemain, vous allez passer dans le nouveau système parce que
leur système est calculé sur les six derniers mois. Si je passe au nouveau
système qui est tout au long de la vie, tous les enseignants seront
lésés. »
Je veux donc me référer à la parole présidentielle…
M. Aurélien
Pradié. Amen !
M.
Sébastien Jumel. …pour dire que les paroles n’engagent que ceux qui les
croient.
M. Fabien
Di Filippo. Surtout avec Macron !
M.
Sébastien Jumel. Votre projet de réforme et une addition de
renoncements, de mesures qui vont léser les salariés que nous représentons,
notamment les fonctionnaires. Ce matin, nous avons rencontré le secrétaire
général de la FSU. Les négociations engagées lui font dire que, pour l’instant,
les promesses d’augmentation de pouvoir d’achat en primes se limiteront à
45 euros par mois.
M. Vincent
Descoeur. C’est exact ! Ce n’est pas à la hauteur !
M.
Sébastien Jumel. C’est loin du compte et loin de compenser la baisse de
pension générée par votre nouveau mode de calcul.
Un député du groupe
LaREM. C’est faux !
M.
Sébastien Jumel. Monsieur le secrétaire d’État, sur ce sujet, traité
dans l’article 1er, dont l’inconstitutionnalité est avérée, le
compte n’y est pas, loin de là. Et ce ne sont pas vos 160 réunions qui sont
de nature à nous réconforter.
Mme la
présidente. La parole est à Mme Emmanuelle Anthoine, pour soutenir
le sous-amendement no 42085.
Mme
Emmanuelle Anthoine. Le présent sous-amendement, dont l’auteur est notre
collègue Le Fur, vise à préciser que les réformes des retraites prennent en
considération l’exposition aux facteurs de pénibilité. Il prend en compte la
diversité des facteurs de pénibilité – port de charges, travail de nuit ou
posté, gestes répétitifs entraînant des troubles musculo-squelettiques,
exposition à des substances chimiques, au bruit ou à des vibrations – que
connaissent les salariés de secteurs aussi divers que l’agroalimentaire ou le
BTP.
Mme la
présidente. La parole est à M. Sébastien Jumel, pour soutenir le
sous-amendement no 41918.
M.
Sébastien Jumel. Dans cette affaire des retraites, la question de
l’espérance de vie est évidemment au cœur des préoccupations des Français. Or,
comme le montrent les études effectuées par les observatoires régionaux de la
santé et par l’Agence nationale de santé publique, l’espérance de vie en bonne
santé varie en fonction du salaire perçu et du métier exercé.
Notre
question est simple, monsieur le secrétaire d’État : comment
concilierez-vous, dans ce mauvais projet de réforme, l’impérieuse nécessité que
vous vous êtes fixée d’allonger l’âge de départ à la retraite et la réalité
objective selon laquelle, en fonction du métier qu’on occupe, on ne profite pas
de la retraite de la même manière ?
François Morel, dans sa
chronique humoristique de France Inter, a parfaitement résumé votre projet de
réforme : avec la réforme Macron, « tâchons […] de mourir
tôt ! » Façon de dire que, pour certains métiers, le report de l’âge
de départ à la retraite aura une conséquence tragique : la mort
quelquefois, pour les amiantés et les victimes de maladies
professionnelles ; une retraite en mauvaise santé dans tous les autres
cas.
C’est pourquoi ce sous-amendement précise que les conditions d’une
retraite en bonne santé ne sont pas partagées par tous.
Mme la
présidente. La parole est à M. Pierre Dharréville, pour soutenir le
sous-amendement no 41920.
M. Pierre
Dharréville. L’amendement de notre collègue Gisèle Biémouret tend à
résorber les inégalités entre les femmes et les hommes, objectif qui nous semble
indispensable et que vous n’atteindrez pas avec vos mesures.
Nous
proposons quant à nous une mesure efficace : la suppression de la décote
que subissent actuellement de nombreuses femmes, les obligeant à attendre
67 ans pour atteindre le taux plein. Cette mesure serait simple à
appliquer, y compris dans le système actuel. Pourquoi, monsieur le secrétaire
d’État, n’avez-vous donc pas décidé de la prendre ?
Par ailleurs,
nous le savons, tout se joue pendant la vie active ; les inégalités entre
les femmes et les hommes sont alors criantes. Les mesures prises par le
Gouvernement ne permettront pas de réduire non plus ces inégalités. Mon groupe
avait proposé, dans une de ses niches parlementaires, avait proposé différentes
mesures qui auraient permis d’atteindre cet objectif mais que le Gouvernement a
refusées. Monsieur le secrétaire d’État, que comptez-vous faire pour assurer une
meilleure égalité professionnelle entre les femmes et les
hommes ?
Mme la
présidente. La parole est à M. Patrick Hetzel, pour soutenir le
sous-amendement no 42087.
M. Patrick
Hetzel. L’objectif de ce sous-amendement, dont l’auteur est Marc
Le Fur et que plusieurs collègues du groupe Les Républicains ont cosigné,
est de prendre en compte la situation des mères. En effet, la naissance d’un
enfant peut avoir un impact sur la carrière d’une femme. Or notre groupe accorde
une grande importance à la situation des familles et à celle des
mères.
Mme la
présidente. Quel est l’avis de la commission sur l’amendement et les
sous-amendements ?
M. Nicolas
Turquois, rapporteur. Je formulerai une réponse de principe aux
nombreux amendements du groupe Socialistes et apparentés visant à constituer des
listes et des inventaires, amendements que des sous-amendements viennent
compléter, le plus souvent au moyen d’adjectifs.
Deux cas de figure se
posent parmi ces amendements : soit ils proposent un inventaire des
professions, des métiers et des statuts ; soit ils proposent un inventaire
des objectifs généraux de politique publique.
Dans le premier cas, je
voudrais souligner que l’on ne peut pas à la fois défendre l’universalité du
système et réclamer qu’il soit fait référence, dès
l’article 1er, à des métiers en particulier – les avocats,
les sapeurs-pompiers, les orthophonistes, etc. Privilégier une profession plutôt
qu’une autre est contraire à notre ambition de construire un système universel
par répartition.
Dans le second cas, qui concerne les objectifs généraux
de politique publique, nous partageons évidemment de grands principes comme la
réduction des inégalités entre les hommes et les femmes. Cependant, sur ce sujet
particulier, votre demande est satisfaite, madame Biémouret :
l’alinéa 6 fixe précisément comme objectif la résorption des écarts de
retraite entre les hommes et les femmes.
Je demanderai le retrait de
l’ensemble de ces amendements, sur lesquels je ne reviendrai pas dans le détail.
À défaut, mon avis sera défavorable.
Mme la
présidente. Quel est l’avis du Gouvernement ?
M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. L’avis du rapporteur sur votre
amendement m’a paru clair, madame Biémouret. Je pense comme lui que, sur le
fond, votre demande est satisfaite. C’est pourquoi je vous invite également à le
retirer. Les informations contenues dans l’étude d’impact, dont nous avons
discuté en commission spéciale, sont précises : demain, la retraite moyenne
des femmes des générations 1980 et 1990 sera améliorée de 6 à
13 % ; en revanche, celle des hommes restera inchangée en moyenne pour
la génération 1980 et augmentera de 6 % pour la génération 1990. Votre
groupe conteste sans doute la pertinence des parcours types que nous avons
proposés, mais ces taux indiquent de manière tangible que la redistribution
prévue par le nouveau système de retraite sera favorable aux femmes. Par
conséquent, votre demande, qui est légitime, me paraît en tout point
satisfaite.
Monsieur Dharréville, je ne vous oublie pas ! Je sais
que vous attendez ma réponse et je vais vous la donner maintenant, ce qui nous
évitera de revenir à chaque fois sur le sujet. La convergence…
M. Ugo
Bernalicis. Convergence des luttes ! (Sourires sur les bancs du
groupe FI.)
M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. …entre les retraites du secteur
public et du secteur privé sera en fait celle du secteur privé et du secteur
public vers le système universel de retraite. C’est ainsi que nous avons
envisagé les évolutions prévues dans le projet de loi. (Exclamations sur les
bancs du groupe FI.)
Mme
Clémentine Autain. Mais le taux unique est aligné sur le
privé !
Mme la
présidente. Madame Autain, je vous en prie !
M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. Nous traiterons du
rapprochement du secteur privé avec le système universel de retraite à
l’article 15, puis du rapprochement du secteur public avec le système
universel de retraite à l’article 18. Je parle ici de la convergence des
cotisations et non de celle des âges de départ à la retraite. Votre question
portait bien sur ce point, monsieur Dharréville ?
M. Pierre
Dharréville. Oui.
M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. Ce sujet, sur lequel vous être
spécialiste, est important, et je préférerais que nous ouvrions véritablement la
discussion lorsque nous aborderons les articles concernés.
Vous m’aviez
également interrogé au sujet de la conférence sur l’équilibre et le financement
des retraites et sur l’incompréhension des représentants de la FSU, avec qui
vous vous êtes entretenus, de n’y avoir pas été conviés. Il se trouve que la FSU
n’est pas représentative du secteur public et du secteur privé car elle n’a pas
dépassé le score de 5 % aux élections professionnelles. C’est pourquoi elle
n’est pas représentée dans cette conférence, contrairement à d’autres
organisations dont la représentativité est avérée à la fois dans le secteur
privé et dans le secteur public, bien qu’elles soient, selon les cas, plus
fortement implantées dans l’un ou dans l’autre – cela dépend de leur
histoire et cela ne préjuge en rien de leur évolution future et de leur capacité
à être présentes demain dans l’un ou l’autre secteur.
Vous m’avez
également interrogé, monsieur le président Vigier, et je veux vous apporter
quelques éléments de réponse – si vous avez des interrogations plus
techniques, je ne manquerai pas de vous les apporter par écrit. Notre volonté,
vous l’avez compris, est, grâce à ce débat, de graver dans le marbre de la loi
certaines mesures qu’il était prévu de prendre par ordonnance. Nous allons donc
formuler des propositions, mais nous nous appuierons également sur celles des
différents groupes parlementaires.
Cela pourra être le cas, à
l’article 18, de la transition vers le système universel des cotisations
des fonctionnaires – sujet sur lequel M. Dharréville s’interroge
probablement aussi –, avec notamment l’intégration des primes.
La
transformation du service des retraites de l’État en établissement public sera
abordée à l’article 53 : là encore, nous écrirons la loi ensemble et
nous graverons les mesures dans le marbre ; je souhaite que le recours à
une ordonnance ne soit pas nécessaire et que nous avancions
ensemble.
Nous avons par ailleurs progressé dans la prise en compte des
conjoints divorcés et nous devrions là encore, à l’article 46, aboutir à
une rédaction commune.
Enfin, comme nous y sommes parvenus en commission
spéciale – celle-ci n’a malheureusement pas pu achever ses travaux –,
nous nous efforcerons d’éviter une ordonnance, à l’article 12, sur le droit
à l’information.
Je sais, monsieur Vigier, que, comme d’autres présidents
de groupe – je pense en particulier à Damien Abad –, vous souhaitez
qu’il y ait moins d’ordonnances et plus de mesures gravées dans le marbre de la
loi grâce au débat parlementaire. J’espère que nous pourrons aller dans ce sens,
au-delà des quatre ordonnances que je viens d’évoquer, et que nous approchions
du double, c’est-à-dire de huit ordonnances évitées.
M. Ugo
Bernalicis. Vous ne nous avez pas répondu !
Mme la
présidente. La parole est à M. Ugo Bernalicis.
M. Ugo
Bernalicis. Monsieur le secrétaire d’État, permettez-moi de souligner,
pour commencer, que vous n’avez pas répondu à la question technique de mon
collègue Éric Coquerel. Je vous remercie par avance de bien vouloir réparer cet
oubli.
L’amendement de notre collègue Biémouret est clair : il pose
le principe selon lequel la réforme ne doit pas se traduire par une régression
pour les assurés par rapport au système actuel. Je pense évidemment à une
profession en particulier : les avocats. S’il y a bien une profession qui a
fait la démonstration que votre système entraîne une régression – et une
régression majeure – par rapport au système actuel, c’est celle-là !
(Exclamations sur les bancs du groupe LaREM.)
Je prendrai
plusieurs exemples pour le démontrer, en laissant de côté, pour commencer, le
taux de cotisation.
M. Frédéric
Petit. Ben voyons !
M. Ugo
Bernalicis. Premier élément : actuellement, pour une carrière
complète, le minimum garanti par la caisse de retraite autonome des avocats est
de 1 400 euros. Vous fanfaronnez en déclarant qu’avec votre système
plus juste et plus solidaire ce montant sera de 1 000 euros. Que nous
racontez-vous là ?
Deuxième élément : vous expliquez aux
avocats qu’ils vont passer de 14 % de cotisations retraite pour les moins
fortunés à 28 %, ce qui va les obliger à renchérir le coût des prestations
qu’ils fournissent à leurs clients. Quand on entre dans le détail du
fonctionnement de ce système de retraite particulier, on comprend qu’il s’agit
d’un système progressif – c’est assez exceptionnel pour le
souligner –, dans lequel les plus gros cabinets d’avocats paient plus que
les 28 % que vous avez prévus. Par conséquent, les plus petits cabinets
seront pénalisés par votre réforme quand les plus gros en sortiront renforcés.
(Exclamations sur les bancs du groupe LaREM.)
Mme
Caroline Fiat. Et voilà !
M. Ugo
Bernalicis. Et vous appelez ça un système juste, solidaire et
universel ! C’est une blague, j’espère ! (Applaudissements sur les
bancs du groupe FI et sur plusieurs bancs du groupe LR.)
Mme la
présidente. La parole est à M. Éric Woerth.
M. Éric
Woerth. Le sujet des droits familiaux, dont nous avons déjà beaucoup
parlé, revient toujours dans nos débats. J’aimerais à mon tour en dire quelques
mots.
S’agissant des carrières hachées – heurtées, dit-on
aussi – des femmes, les cas de figure sont très différents. Certaines
– pas toutes – décident volontairement d’arrêter de travailler. Au
bout du compte, la retraite reflète la carrière, et certaines carrières sont
incomplètes. Les périodes de chômage sont compensées ; elles donnent droit
à des trimestres comptabilisés. Les périodes de maternité donnent droit à huit
trimestres par enfant, au titre de la maternité puis de l’éducation.
Au
total, des dispositions sont donc prévues pour compenser la situation des
personnes qui ont dû interrompre leur carrière. Leur carrière est plus ou moins
complète, mais leurs droits sont ouverts à 62 ans et elles peuvent choisir
de travailler plus longtemps pour une raison ou une autre. Le système actuel
prévoit de multiples compensations qui sont systématiquement oubliées, je me
demande pourquoi.
La réforme des retraites française sera-t-elle la
première, au sein des pays occidentaux, à abaisser l’âge de départ à la
retraite ? Je soumets cette interrogation à votre sagacité.
Enfin,
selon l’étude d’impact, la masse financière consacrée aux droits familiaux dans
le système en vigueur est plus importante que dans le système que vous êtes en
train de créer. Regardez les graphiques et vous le constaterez.
(Applaudissements sur les bancs du groupe LR.)
Mme la
présidente. La parole est à Mme Christine Pires Beaune.
Mme
Christine Pires Beaune. Cet amendement, dont l’auteure est ma collègue
Gisèle Biémouret, concerne les femmes. J’évoquerai à ce propos deux professions
majoritairement exercées par des femmes, d’où la féminisation usuelle de la
dénomination des personnes qui les exercent : il faut savoir que 20 %
des infirmières et 30 % des aides-soignantes partent en retraite avec un
taux d’invalidité.
Mme
Caroline Fiat. Eh oui !
Mme
Christine Pires Beaune. L’espérance de vie d’une infirmière est de
78 ans, soit sept ans de moins que l’espérance de vie moyenne chez les
femmes. Tous deux sont des métiers pénibles, et c’est d’ailleurs pourquoi elles
sont classées, quand elles exercent dans la fonction publique hospitalière, dans
la catégorie dite « active ». La remise en cause de cette catégorie
par votre réforme leur fera perdre cinq années par rapport à l’âge de départ à
la retraite anticipée. Comme les enseignants, les infirmières et les
aides-soignantes vont être les grandes perdantes de votre réforme.
M. Ugo
Bernalicis. Eh oui !
Mme
Christine Pires Beaune. Les aides-soignantes nées après 1980 vont perdre
leur droit de partir à 57 ans, ce qui est tout simplement injuste, sachant
que 40 % d’entre elles ne vont pas au bout de leur carrière.
M. Vincent
Descoeur. C’est peut-être universel, mais surtout injuste !
Mme
Christine Pires Beaune. Si votre réforme ne constitue pas un recul, vous
devriez être d’accord pour l’adoption de cet amendement, qui leur permettra de
conserver non pas des avantages, mais leur classement en catégorie active et
donc leur droit – car ce n’est pas un avantage – à partir plus tôt,
compte tenu de la pénibilité de leur métier. (Applaudissements sur les bancs
du groupe SOC. – M. Jean-Yves Bony applaudit
également.)
M.
Christian Hutin. Bravo !
Mme la
présidente. La parole est à M. Nicolas Dupont-Aignan.
M. Nicolas
Dupont-Aignan. L’amendement no 23978 est essentiel
parce qu’il garantit le maintien d’un minimum de justice sociale. Je voudrais
revenir sur la situation des femmes.
On nous dit que la retraite minimale
se situera à 85 % du SMIC, mais il faudra avoir atteint l’âge d’équilibre,
c’est-à-dire 65 ans d’après l’étude d’impact, et que veut dire « une
carrière complète » ? Cela relève du slogan et non de la réalité. Une
infime minorité de femmes profitera du nouveau système.
On nous dit aussi
que les carrières heurtées seront mieux valorisées. Or, au contraire, il est
évident que les vingt-cinq meilleures années ou les six derniers mois protègent
mille fois plus les femmes que la compensation ici proposée. Vous aggravez à cet
égard les conséquences du système tout en disant que vous allez l’améliorer…
Évitez tout simplement de les aggraver ! M. Woerth a rappelé que les
personnes qui choisissent de faire une pause dans leur carrière ne sont pas pour
autant pénalisées pour leur retraite si elles accomplissent ensuite vingt-cinq
bonnes années. Ce texte est donc d’une profonde injustice.
Je rappelle
que 66 % des agents publics, éligibles à la règle des six derniers mois,
sont des femmes, en particulier à l’hôpital public, en tant qu’infirmières ou
aides-soignantes. Ce sera un drame, une casse sociale sans précédent !
Mme
Caroline Fiat. Vous y pensez maintenant ?
M. Nicolas
Dupont-Aignan. J’appelle l’attention de notre collègue qui s’est livrée
tout à l’heure à une opération de communication, et qui ne m’écoute pas :
quand les Français vont découvrir le décalage entre vos slogans et la réalité
des calculs, imaginez leur déception !
M. Fabien
Roussel. Les députés de la majorité de seront plus là ! Ils auront
été battus !
M. Nicolas
Dupont-Aignan. Nous avons droit à un mensonge permanent. Quand on
entrera dans le détail, en examinant chaque article, on s’en s’apercevra
d’autant plus. Ainsi, à la page 185 de l’étude d’impact, vous
écrivez : « la majoration de pension pour enfants […] bénéficiait, en
masses financières, principalement aux hommes ». Mais vous ne comptez pas
les huit trimestres par enfant auxquels la mère a droit actuellement ; vous
comptez uniquement le bonus de 10 % au titre du troisième enfant.
Il
est tellement facile de faire de tels calculs en omettant la disparition des
huit trimestres. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe
LR.)
Mme la
présidente. La parole est à M. Pierre Dharréville.
M. Pierre
Dharréville. Je ne reprendrai pas les deux démonstrations qui viennent
d’être faites sur la manière dont les femmes vont être lourdement pénalisées par
votre réforme, contrairement à la légende urbaine que vous essayez de répandre,
selon laquelle votre réforme aura des effets magnifiques.
Je voudrais
simplement lire à haute voix deux alinéas de l’amendement
no 23978, parce que j’estime qu’il n’y a pas été répondu
correctement et que c’est un sujet important : « La nation garantit
que les réformes relatives aux retraites ne conduiront pas à une régression des
droits des assurés. Ces réformes prennent en considération, dans un esprit de
justice sociale, les spécificités des métiers, de leur pénibilité ». Au vu
de vos affirmations, vous devriez être d’accord.
Dans son avis, le
Conseil d’État écrit, page 8, que, si le Gouvernement a bien sûr le droit
de modifier des dispositions pour garantir le droit à la retraite, « il ne
saurait toutefois en procédant ainsi, sans motif d’intérêt général suffisant, ni
porter atteinte aux situations légalement acquises ni remettre en cause les
effets qui peuvent légitimement être attendus de telles situations dans des
conditions contraires à la garantie des droits proclamée par l’article 16
de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 ».
Cet
amendement introduit donc l’idée qu’il faut tenir compte de la diversité des
situations, car c’est ainsi que le principe d’égalité doit être compris au
regard de la Constitution. Il a tout à fait sa place dans le texte ; je
doute que le principe qu’il pose soit honoré dans les articles suivants, mais
l’intention serait au moins inscrite dans le texte.
M.
Christian Hutin. Très bien, mon cher collègue !
Mme la
présidente. La parole est à Mme Catherine Fabre.
Mme
Catherine Fabre. Nous pourrons aborder le sujet de l’égalité entre les
femmes et les hommes aux articles 43 à 46, puisque c’est leur objet, mais
je vais déjà vous démontrer, point par point, que nous sommes présents sur tous
les fronts pour atteindre cette égalité.
Premièrement, le minimum de
retraite à 85 % du SMIC concernera des femmes à 70 %
(Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM). Aujourd’hui,
20 % des femmes doivent attendre d’avoir 67 ans pour liquider leur
carrière sans décote car elles ont eu des carrières à trous ; demain, elles
pourront partir trois ans plus tôt S’agissant de la réversion, le nouveau
système maintiendra le niveau de vie des femmes beaucoup mieux qu’avant. Notre
réforme protège donc les femmes les plus précaires.
M. Cédric
Roussel. Votre réforme, on va la supprimer !
Mme
Catherine Fabre. Deuxièmement, le texte reconnaît l’impact des enfants
sur la carrière des femmes non à partir du troisième enfant mais dès le
premier : leur pension de retraite augmentera alors de 5 %, puis de
10 % au deuxième et de 17 % au troisième. Cela n’existait pas jusqu’à
présent. Or toutes les femmes, pas seulement les plus précaires, sont
potentiellement concernées.
Troisièmement, la pénibilité des infirmières
est prise en compte puisque le texte comporte une avancée historique en matière
de prévention et de possibilités de reconversion. Ce sont des avancées
essentielles. Mieux vaut prévenir que guérir.
Quatrièmement, on progresse
aussi s’agissant de l’égalité salariale en y obligeant les entreprises, grâce à
l’index de l’égalité.
Vous voyez que nous sommes présents sur tous les
fronts pour atteindre l’égalité entre les femmes et les hommes.
(Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.)
M. Vincent
Descoeur. Hors sujet !
Mme la
présidente. La parole est à M. Jean-Paul Mattei.
M.
Jean-Paul Mattei. Nous avions pris l’habitude, en commission spéciale,
d’examiner des amendements répétitifs ; nous découvrons maintenant la
pratique des sous-amendements répétitifs.
Sur la forme, je pense que les
mesures proposées dans l’amendement ne devraient pas être insérées après
l’article L. 111-1 du code de la sécurité sociale mais après
l’article L. 111-2-1 du même code. Mais passons.
Surtout, je le
trouve moins bien écrit que l’article 1er, dont voici
l’alinéa 6 : « Un objectif de solidarité, au sein de chaque
génération, notamment par la résorption des écarts de retraites entre les femmes
et les hommes, par la prise en compte des périodes d’interruption et de
réduction d’activité et de l’impact sur la carrière des parents de l’arrivée et
de l’éducation d’enfants ». Cette rédaction me semble beaucoup plus forte
que celle de l’amendement. Je suis désolé de vous dire que l’amendement est
moins bien écrit que le projet de loi originel. (Applaudissements sur les
bancs des groupes MODEM et LaREM.)
Mme la
présidente. Nous en venons aux votes.
Je mets aux voix le
sous-amendement no 41890.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la
présidente. Voici le résultat du
scrutin :
Nombre de
votants 187
Nombre
de suffrages
exprimés 179
Majorité
absolue 90
Pour
l’adoption 26
Contre 153
(Le sous-amendement no 41890 n’est pas
adopté.)
Mme la
présidente. Je mets aux voix le sous-amendement
no 41895.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la
présidente. Voici le résultat du
scrutin :
Nombre de
votants 183
Nombre
de suffrages
exprimés 173
Majorité
absolue 87
Pour
l’adoption 24
Contre 149
(Le sous-amendement no 41895 n’est pas
adopté.)
Mme la
présidente. Je mets aux voix le sous-amendement
no 41902.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la
présidente. Voici le résultat du
scrutin :
Nombre de
votants 186
Nombre
de suffrages
exprimés 171
Majorité
absolue 86
Pour
l’adoption 23
Contre 148
(Le sous-amendement no 41902 n’est pas
adopté.)
Mme la
présidente. Je mets aux voix le sous-amendement
no 41899.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la
présidente. Voici le résultat du
scrutin :
Nombre de
votants 187
Nombre
de suffrages
exprimés 172
Majorité
absolue 87
Pour
l’adoption 23
Contre 149
(Le sous-amendement no 41899
n’est pas adopté.)
(Les sous-amendements
nos 41916, 41904,
41912, 41985, 41914,
42085, 41918, 41920 et 42087,
successivement mis aux voix, ne sont pas adoptés.)
(L’amendement no 23978 n’est pas
adopté.)
Mme la
présidente. La suite de la discussion est renvoyée à la prochaine
séance.
2
Ordre du jour de la prochaine séance
Mme la
présidente. Prochaine séance, demain, à neuf heures :
Suite
de la discussion du projet de loi instituant un système universel de
retraite.
La séance est levée.
(La séance est levée à vingt-trois heures cinquante-cinq.)
Le Directeur du service du compte rendu de la séance
de
l’Assemblée nationale
Serge Ezdra
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