Assemblée nationale XVe législature Session
ordinaire de 2019-2020
Compte rendu intégral
Troisième séance du jeudi 20 février 2020
SOMMAIRE
Présidence
de M. Sylvain Waserman
1.
Système universel de retraite
Discussion
des articles (suite)
Article 1er
(suite)
Amendements nos 41819
(sous-amendement) , 41822
(sous-amendement) , 41824
(sous-amendement) , 41826
(sous-amendement) , 42106
(sous-amendement) , 41828
(sous-amendement) , 41831
(sous-amendement) , 41834
(sous-amendement) , 41836,
41838 (sous-amendements) , 42075
(sous-amendement)
M. Nicolas
Turquois, rapporteur de la commission spéciale
M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État chargé des retraites
Rappel
au règlement
Mme Clémentine
Autain
M. le
président
Article 1er
(suite)
M. Jacques
Maire, rapporteur de la commission spéciale
Rappel
au règlement
M. Jean-René
Cazeneuve
Article 1er
(suite)
Rappel
au règlement
M. Sébastien
Jumel
Article 1er
(suite)
Rappel
au règlement
M. Jean
François Mbaye
Article 1er
(suite)
Rappel
au règlement
M. Bruno
Fuchs
M. le
président
Suspension
et reprise de la séance
Article 1er
(suite)
Amendements nos 23858
, 41790
(sous-amendement) , 41791
(sous-amendement) , 41792
(sous-amendement) , 42306
(sous-amendement) , 41794
(sous-amendement) , 42308
(sous-amendement) , 41795
(sous-amendement) , 41799
(sous-amendement) , 41797
(sous-amendement) , 42307
(sous-amendement) , 41800
(sous-amendement) , 42319
(sous-amendement) , 42074
(sous-amendement) , 23969
, 41956
(sous-amendement) , 41959,
41960, 41963 (sous-amendements) , 42303
(sous-amendement) , 41964
(sous-amendement) , 41967,
41968, 41972 (sous-amendements) , 42284
(sous-amendement) , 41971
(sous-amendement) , 41975,
41976 (sous-amendements) , 42086
(sous-amendement) , 42299
(sous-amendement) , 23976
, 41877
(sous-amendement) , 41880,
41882 (sous-amendements) , 42304
(sous-amendement) , 42300
(sous-amendement) , 41887
(sous-amendement)
2.
Ordre du jour de la prochaine séance
Présidence de
M. Sylvain Waserman
vice-président
M. le
président. La séance est ouverte.
(La séance est ouverte à vingt et une heures trente.)
1
Système universel de retraite
Suite de la discussion d’un projet de loi
M. le
président. L’ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet
de loi instituant un système universel de retraite
(nos 2623 rectifié, 2683).
Discussion des articles (suite)
M. le
président. Cet après-midi, l’Assemblée a poursuivi la discussion des
articles du projet de loi, s’arrêtant au sous-amendement
no 41819 à l’amendement no 23859 à
l’article 1er.
Article 1er (suite)
M. le
président. Le sous-amendement no 41819 de M. Pierre
Dharréville est défendu.
La parole est à M. Sébastien Jumel, pour
soutenir le sous-amendement no 41822.
M.
Sébastien Jumel. Avant de nous séparer pour une pause qui nous a permis
de nous ressourcer, nous parlions des métiers qui consistent à prendre soin des
gens : les soignants, tous ceux qui, d’une certaine manière, donnent du
sens à la société fraternelle et à la République qui prend soin. Parmi ces
personnes, celles qui travaillent dans les EHPAD, les établissements
d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, me semblent devoir retenir toute
notre attention, car elles font un travail extraordinaire.
Souvent, et
même dans les hôpitaux ou établissements publics, elles commencent leur carrière
dans une situation précaire, en contrat à durée déterminée et parfois à temps
partiel. Lorsqu’elles se mobilisent, elles finissent par être
« cédéisées » ou titularisées – quoique la réforme de la fonction
publique aggravera la situation en accroissant le nombre de contractuels dans
l’ensemble des fonctions publiques, notamment dans la fonction publique
hospitalière.
Pour ces personnes qui ont un cheminement professionnel
compliqué, le mode de calcul de la pension de retraite sur la base des six
derniers mois d’activité était la garantie qu’au bout du compte, ce calcul
prenait en compte les meilleures années de leur carrière. De surcroît, dans les
établissements hospitaliers, les commissions administratives paritaires,
composées des chefs d’établissement, des directions et des organisations
syndicales, avaient vocation à récompenser ces personnes pour avoir voué leur
vie à prendre soin des nôtres.
La remise en cause de cette référence aux
six derniers mois de carrière aura une conséquence directe et concrète sur le
niveau de pension de ces personnes. Comment pouvez-vous nous garantir qu’après
cette réforme instaurant une retraite par points, ces femmes – car ce sont,
dans une proportion de 90 %, essentiellement des femmes qui travaillent
dans les EHPAD – auront une retraite garantie, améliorée et
préservée ?
M. le
président. La parole est à M. Pierre Dharréville, pour soutenir le
sous-amendement no 41824.
M. Pierre
Dharréville. Les cas qui ont été présentés ont donné lieu à bien de
débats. Certains, dont ceux qu’a évoqués Mme Fiat, concernaient des
infirmières et aides-soignantes et ont, pour partie, été
contestés.
Monsieur le secrétaire d’État, avez-vous eu le temps de
retravailler votre copie pour nous présenter, en ce qui concerne les personnels
soignants et hospitaliers, des propositions plus acceptables et qui nous
permettent d’y voir un peu plus clair ? Je souhaiterais que vous éclairiez
la représentation nationale sur les effets de votre réforme par rapport à la
situation actuelle, avec un peu plus de sincérité que dans l’étude d’impact
– qui, comme vous le savez, a été beaucoup critiquée. Pourriez-vous nous
apporter des informations complémentaires ?
M. le
président. Le sous-amendement no 41826 de M. Pierre
Dharréville est défendu.
La parole est à M. Pierre Vatin, pour
soutenir le sous-amendement no 42106.
M. Pierre
Vatin. À propos de la pénibilité, je tiens à évoquer le cas particulier
des infirmières et aides-soignantes qui travaillent au contact de radiations
ionisantes. De fait, la pénibilité du travail ne semble pas vraiment prise en
compte dans votre projet.
M. le
président. La parole est à M. Sébastien Jumel, pour soutenir le
sous-amendement no 41828.
M.
Sébastien Jumel. « Je vous parle au nom de toute une profession. Je
suis un peu fatiguée. Je viens de finir ma journée de douze heures, première
journée d’une longue série qui s’achèvera dimanche. Cinq jours. Je vous laisse
faire le calcul.
« Je vais vous parler au nom de toute une
profession : les infirmières, toutes ces personnes qui prennent soin des
autres, quelle que soit l’heure, quel que soit le jour. Qui sont auprès des
personnes, des malades abîmés, meurtris par la maladie, par la
vie.
« Les pénibilités sont multiples : il y a le travail de
nuit, il y a l’alternance jour-nuit, qui casse énormément le rythme. Il y a
aussi les rappels incessants sur nos jours de repos. Il y a les jours fériés,
les week-ends, les dimanches travaillés où l’on est loin de notre famille. Il y
a encore la pression au sein des services, qui augmente, parce que, si les
activités des hôpitaux augmentent, les moyens humains mobilisés, eux,
stagnent.
« Vous mettez toutes ces pénibilités-là dans un contexte
de restrictions budgétaires, de manque d’effectifs, de manque de moyens, et vous
obtenez un personnel fatigué, épuisé, en perte de sens. » Le nouveau
ministre semble, du reste, avoir découvert qu’il pouvait y avoir une perte de
sens dans le milieu hospitalier et il missionne une nouvelle enquête pour en
attester.
« Voilà que vous repoussez l’âge de la retraite. Ce n’est
tout bonnement pas possible », me dit Julie, infirmière à l’hôpital de
Dieppe.
Et pour ceux qui disent qu’il faut mettre au travail le service
public, poursuit-elle sous forme d’une invitation, elle vous met au défi,
monsieur le secrétaire d’État, de venir la suivre au long de l’une de ses
journées de travail.
M. Régis
Juanico et M. Boris Vallaud. Très bien !
Mme Cendra
Motin. Moi, je l’ai fait !
Mme
Brigitte Bourguignon, présidente de la commission spéciale. Nous
le faisons déjà !
M. le
président. La parole est à M. Pierre Dharréville, pour soutenir le
sous-amendement no 41831.
M. Pierre
Dharréville. Comme Sébastien Jumel, j’ai à l’esprit de nombreux visages
d’agents hospitaliers, infirmières et aides-soignantes de ma circonscription,
avec lesquels j’ai eu de nombreux échanges ces derniers temps, ainsi que les
visages de toutes celles et tous ceux que nous avons rencontrés au cours de
notre tour de France des hôpitaux, dans une situation de crise profonde, aiguë,
qui n’est toujours pas résolue malgré les prétendus plans que vous avez
développés.
Monsieur le secrétaire d’État, comment allez-vous permettre
que la retraite de ces femmes et de ces hommes soit effectivement garantie et
qu’ils ne soient pas obligés de travailler plus longtemps ou de voir baisser
leurs pensions ? Ce que nous pensons, ce que nous lisons et ce que nous
analysons dans votre projet de loi, c’est qu’il représente une régression
sociale massive, dont ils et elles ne veulent pas. Vous n’avez, jusqu’à présent,
produit aucune démonstration qu’au moment de la retraite, un véritable progrès
social serait au rendez-vous pour ces femmes et ces hommes. Ce que vous avez mis
dans votre projet de loi annonce tout l’inverse : travailler plus longtemps
et avoir des pensions plus faibles. La mécanique est
implacable.
M. le
président. La parole est à M. Alain Bruneel, pour soutenir le
sous-amendement no 41834.
M. Alain
Bruneel. Nous pourrions témoigner ici des rencontres que nous avons eues
avec le personnel soignant et lire aussi les messages qu’il nous a envoyés. Je
voudrais pourtant vous parler des agents de sécurité incendie, qui font
également partie du personnel, mais dont le statut, tel qu’il est défini dans le
contrat qui les lie à l’hôpital, n’est pas respecté. En effet, étant donné qu’il
manque beaucoup de personnel dans les hôpitaux, ils ont un rôle de couteau
suisse et doivent remplacer tout le monde : ils sont à la fois vigile,
technicien, dépanneur, concierge et hôtelier, et passent la plus grande partie
de leur temps à rendre des services, entre lesquels ils parviennent parfois à
exercer leur mission première d’agent de sécurité incendie, telle qu’elle figure
dans l’intitulé de leur contrat de travail. Ils sont épuisés et n’en peuvent
plus.
Là aussi se pose la question de savoir quand ils pourront prendre
leur retraite. Seront-ils encore aussi efficaces à 65 ou 67 ans ? Ne
faudrait-il pas respecter la retraite qu’ils ont
actuellement ?
M. le
président. Les sous-amendements nos 41836 de
M. Pierre Dharréville et 41838 de M. Sébastien Jumel sont
défendus.
La parole est à M. Pierre Vatin, pour soutenir le
sous-amendement no 42075.
M. Pierre
Vatin. Il concerne lui aussi la pénibilité. Si les gens manifestent et
râlent autant, c’est bien parce que les choses n’ont pas été expliquées
clairement et que personne n’est rassuré. Aurons-nous un jour des explications
permettant aux gens de comprendre et de savoir avec certitude ce qu’ils
auront ? Manifestement, ce n’est pas du tout le cas aujourd’hui.
M. le
président. Sur les sous-amendements no 41802,
no 41804, nos 41808 et 42288 identique, ainsi
que nos 41810 et 42291 identique, je suis saisi par le groupe de
la Gauche démocrate et républicaine d’une demande de scrutin public.
Le
scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole
est à M. Nicolas Turquois, rapporteur de la commission spéciale pour le
titre Ier, pour donner l’avis de la commission sur l’amendement
no 23859 et les sous-amendements.
M. Nicolas
Turquois, rapporteur de la commission spéciale. On dit parfois
que la nuit porte conseil. En l’occurrence, il s’agit plutôt de la pause du
dîner ! Il est ici question du personnel hospitalier, des infirmières et
des aides-soignants. Juste avant, il s’agissait des avocats et, avant encore,
des orthophonistes et des professions libérales. Tout cela a un sens : nous
constituons tous la même société.
Vous avez raison de souligner les
spécificités et les difficultés particulières, car elles donnent encore plus de
sens à notre projet, qui vise à ce que, pour la retraite, pour ce temps
particulier qu’est la dernière partie de notre vie, nous ayons des règles
communes pour la prise en compte de la pénibilité. Cette dernière est indéniable
pour les métiers de la santé, mais elle l’est également pour certaines
professions indépendantes, comme les pêcheurs – je sais qu’ils vous sont
chers, monsieur Jumel – et d’autres professions que vous avez citées.
Tenter de définir des règles communes qui tiennent compte des spécificités des
parcours me semble donc avoir du sens. Cette succession de particularités donne
du sens à notre recherche d’universalité, qui ne nie pas pour autant les
difficultés des uns et des autres.
S’agissant des questions spécifiques
qui ont été soulevées, et bien que je n’aie pas à présenter ici la politique de
santé, permettez-moi cependant une réflexion : le plan d’urgence pour
l’hôpital public, qui a été publié l’année dernière et qui fait suite à quinze
ans au moins de sous-investissement dans l’hôpital, ne peut évidemment pas, en
un claquement de doigt, répondre à toutes les difficultés auxquelles est
confronté le personnel médical. Cependant, dans la circonscription dont je suis
l’élu, la prise en charge d’un tiers de l’endettement de l’hôpital de
Châtellerault représente autant de charges en moins, donc de capacités
financières en plus pour le personnel qui y travaille. Il faut déployer ces
capacités,…
M. Boris
Vallaud. Quand ?
M. Nicolas
Turquois, rapporteur. …mais cela prend du temps. C’est en tout
cas l’objet de ces politiques.
Pour ce qui concerne, enfin, le
remplacement de la prise en compte des six derniers mois par celle de la
carrière complète, gardons à l’esprit le fait que certaines infirmières exercent
à titre libéral, tandis que d’autres exercent dans le privé et d’autres encore
dans le public. À votre collègue, Mme Fiat, qui avait évoqué à plusieurs
reprises le cas des infirmières, j’avais donné en réponse l’exemple
suivant : imaginons deux sœurs infirmières, l’une exerçant dans le privé,
l’autre dans le public ; pourquoi leurs conditions de départ à la retraite
seraient-elles différentes ? Je vous donne un autre exemple : pourquoi
ces conditions seraient-elles différentes pour quelqu’un qui a travaillé pendant
vingt ans dans l’hôpital public puis vingt ans dans le secteur privé et pour
quelqu’un qui aurait fait la trajectoire inverse ? Toutes ces aberrations
du système, qui s’expliquent historiquement, doivent être corrigées. Ce projet
de loi s’y attelle et je vous invite à l’améliorer plutôt que d’adopter une
attitude d’opposition qui me semble complètement déphasée par rapport aux enjeux
actuels et aux difficultés dans lesquelles se trouvent nos
concitoyens.
Avis défavorable sur les sous-amendements et sur
l’amendement auquel ils se rapportent.
M. le
président. La parole est à M. le secrétaire d’État chargé des
retraites, pour donner l’avis du Gouvernement.
M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État chargé des retraites. J’ai eu
l’occasion de répondre assez longuement, tout à l’heure, à une question de
Mme Pires Beaune portant sur un sujet assez proche : la situation
des agents hospitaliers, et plus particulièrement celle des infirmiers et des
aides-soignants. Je ne répéterai pas ce que j’ai déjà expliqué en détail ;
j’ai en outre transmis des informations à Mme Fiat concernant les décisions
prises lors de la réunion multilatérale du jeudi 13 février, portant entre
autres sur l’accès à la retraite progressive dès 60 ans dans le secteur
hospitalier et sur l’utilisation du compte épargne-temps de manière à assurer
une transition douce entre la période d’activité et la retraite.
J’en
viens à un point que je n’ai pas évoqué tout à l’heure : les règles de
transition en matière d’âge d’ouverture des droits à retraite, développées dans
l’article 38 du projet de loi – les dispositions plus générales étant
abordées dans le titre V, dont le rapporteur est M. Christophe. Cette
question avait déjà été évoquée rapidement dans l’hémicycle, et de façon plus
approfondie en commission.
Le Gouvernement a fait le choix de préserver
les droits acquis – ce que je ne vous avais pas précisé tout à l’heure,
madame Pires Beaune. Cette décision est importante, parce que tous les
personnels – infirmiers, aides-soignants – de la catégorie active, qui
sont à moins de dix-sept ans de l’âge de la retraite, en l’occurrence
57 ans, ne sont pas concernés. Les dispositions en vigueur aujourd’hui
s’appliqueront pour eux. Pour tous les autres, c’est un principe de
proportionnalité qui s’appliquera, c’est-à-dire qu’ils auront également le droit
de prendre un départ anticipé, au prorata de la durée de service effectué. C’est
important car c’est une demande qui avait été formulée avec force par les
partenaires sociaux lors des réunions que nous avions eues, Olivier Dussopt,
Agnès Buzyn et moi-même, avec eux à propos de la fonction publique et de la
fonction publique hospitalière. Je souhaitais apporter cette précision pour
répondre à la fois à Mme Pires Beaune et aux diverses questions posées à
l’occasion de l’examen de cet amendement et des nombreux sous-amendements qui
s’y rapportent.
M. Vatin, enfin, m’interroge sur la protection des
personnes contre les risques liés aux rayonnements ionisants. Je dois
reconnaître que ce n’est pas le domaine dans lequel je suis le plus calé en
matière de droit social et de droit du travail. J’ai néanmoins passé beaucoup de
temps à lire le document unique d’évaluation des risques professionnels,
notamment toutes les dispositions concrètes à mettre en œuvre, y compris pour
protéger les salariés.
C’est un sujet que vous semblez parfaitement
maîtriser, monsieur Vatin. Je me permets simplement d’indiquer – car j’ai
procédé à des vérifications, fort intéressantes, d’ailleurs – que depuis la
directive européenne de 2013, qui a été transposée en droit français et dont de
nombreuses dispositions sont en vigueur depuis 2018, notre pays dispose d’un
arsenal juridique très solide en la matière. Il existe en outre de nombreuses
associations consacrées à la prévention en amont. Des mesures ont été prises
concernant les seuils à ne pas dépasser, l’objectif étant d’être le moins exposé
possible. Si j’ai bien compris, vous souhaitez établir un lien entre ces risques
et la question de la pénibilité. Or, en matière de rayons ionisants, les enjeux
se situent vraiment en amont : il ne faut surtout pas dépasser les
seuils.
M. Pierre
Vatin. Le problème de la répétition se pose !
M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. Des mesures peuvent être prises
au niveau individuel. Il est vrai que lorsque les périodes d’exposition se
répètent, les risques se multiplient ; il convient donc d’être vigilant.
Toutefois, c’est en amont qu’il faut réfléchir à des mesures de sécurité, de
protection et aussi de suivi individuel de la personne. Celui-ci doit être
renforcé – ce qui semble normal.
M. le
président. La parole est à Mme Jeanine Dubié.
Mme Jeanine
Dubié. Je souhaite réagir aux propos de M. le rapporteur – je
regrette d’ailleurs qu’il ait quitté l’hémicycle. Il a évoqué la reprise par
l’État de la dette des hôpitaux, à hauteur de 10 milliards d’euros en trois
ans. Certes, la mesure a été adoptée, ce dont je me félicite, mais elle est loin
d’être appliquée. En effet, sa mise en œuvre nécessite la promulgation d’une loi
organique, laquelle est en cours d’élaboration. On ignore encore quand elle sera
prête.
M. Julien
Borowczyk. Au deuxième semestre 2020 !
Mme Jeanine
Dubié. Inutile donc de parler de choses qu’on n’est pas en mesure de
rendre opérationnelles !
En ce qui concerne le personnel
hospitalier, on ne peut nier la pénibilité du métier d’aide-soignant, que ce
soit en EHPAD ou en hôpital. Les aides-soignants sont amenés à porter des corps
et à adopter des postures qui, souvent, fatiguent le dos, si bien qu’après vingt
ans de métier ils ne peuvent plus l’exercer et doivent être reclassés, ce qui
est aujourd’hui extrêmement difficile car il n’est pas possible de reclasser
tout le monde dans les services administratifs. Le problème de la pénibilité des
métiers du soin, notamment de celui d’aide-soignant, doit être pris en
considération dans le projet de loi, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
Certes, dans le secteur public, la catégorie active permet de partir à
57 ans : appliquons donc ce dispositif dans le secteur privé. C’est la
moindre des choses que nous leur devons !
Mme
Clémentine Autain. Rappel au règlement !
Rappel au règlement
M. le
président. La parole est à Mme Clémentine Autain, pour un rappel au
règlement.
Mme
Clémentine Autain. Il se fonde sur l’article 100. Je voudrais
revenir sur la question du nombre de nos amendements. Je vois bien que la
majorité est impatiente. Elle attend probablement le moment opportun pour avoir
recours à l’article 49, alinéa 3, afin de clore ce débat.
Plusieurs députés du groupe
LaREM. Pas du tout !
Mme
Clémentine Autain. Cela ne justifie en rien le fait que des informations
totalement délirantes circulent dans les médias et sur les réseaux sociaux. J’ai
été interviewée ce matin par un journaliste qui m’interrogeait sur notre
méthode, sur la façon dont nous abordions le débat. (Exclamations sur les
bancs des groupes LaREM et MODEM.)
M. Philippe
Michel-Kleisbauer. Allez donc répondre à vos interviews !
Mme
Clémentine Autain. J’aimerais pouvoir m’exprimer dans le calme, car ce
que je veux dire est assez important. (Mêmes mouvements.)
Plusieurs députés du groupe
LaREM. Assumez ce que vous faites !
Mme
Clémentine Autain. Ce n’est pas la peine de vous énerver !
Mme Cendra
Motin. Ah, ça ! Vous ramez maintenant !
Mme
Clémentine Autain. C’est vous qui ramez pour trouver des raisons
d’utiliser le 49.3 !
M. le
président. Madame Autain, je vais vous laisser poursuivre votre rappel
au règlement, mais je veux souligner que ce qui se dit dans les médias, que ce
soit Twitter ou les autres, ne concerne pas cet hémicycle. (Applaudissements
sur les bancs des groupes LaREM, MODEM et UDI-Agir.) Je n’ai entendu
personne évoquer ce sujet sur ces bancs.
Le même problème s’est posé
hier. Nous ne pouvons passer notre temps à commenter ce qui se passe sur les
réseaux sociaux. (Mêmes mouvements.) Je vais, très respectueusement, vous
laisser finir votre rappel au règlement, mais je vous demande de vous en tenir à
nos procédures de travail et à la façon dont nous menons ce débat dans
l’hémicycle, sans faire référence à ce qui se passe à l’extérieur.
Mme
Clémentine Autain. Il s’agit pourtant, monsieur le président, d’un enjeu
qui touche à la procédure,…
Plusieurs députés des groupes
LaREM et MODEM. Non !
Mme
Clémentine Autain. …puisque ce dont il est question, c’est que notre
groupe aurait déposé 700 000 sous-amendements. Ce chiffre m’a été
communiqué par le journaliste qui m’interrogeait. (Protestations et huées sur
les bancs des groupes LaREM et MODEM.) Mais oui ! Regardez la vidéo au
lieu de mentir ! Ce chiffre est extravagant pour une raison simple :
nous avons déposé 141 sous-amendements et 22 000 amendements.
D’où sort donc ce chiffre délirant ? (Vives exclamations sur les bancs
des groupes LaREM et MODEM.)
M. Brahim
Hammouche. C’est vous qui l’avez donné !
M. Bruno
Millienne. Assumez !
Mme
Clémentine Autain. C’est l’argument que vous avancez pour essayer
d’imposer l’utilisation de l’article 49, alinéa 3 : vous cherchez
une raison d’y avoir recours ! (Mêmes mouvements.)
M. le
président. Merci, madame Autain.
M. Bruno
Millienne. C’est vous qui avez donné ce chiffre !
Mme
Clémentine Autain. Non, monsieur ! Deux députés de cet hémicycle,
Sacha Houlié et Olivia Gregoire, racontent sur les réseaux sociaux que nous
aurions fait circuler ce chiffre. Vous essayez de trouver des arguments pour
recourir au 49.3.
M. le
président. Madame Autain, votre propos est clair, mais ne nous demandez
pas d’apporter des explications à propos de ce que vous a dit un journaliste
dans une émission de télévision ou de ce que vous avez lu sur les réseaux
sociaux.
Article 1er (suite)
M. le
président. La parole est à M. Sébastien Jumel.
Plusieurs députés du groupe
LaREM. Encore ?
M.
Sébastien Jumel. Chers collègues, pour prendre la parole, il faut avoir
des choses à dire et ne pas avoir fait vœu d’abstinence, d’obéissance ou
d’allégeance !
Un député du groupe
LaREM. Encore faudrait-il que vous nous laissiez parler !
M.
Sébastien Jumel. Monsieur le secrétaire d’État, monsieur le rapporteur,
vous avez beau dire que vous prenez en considération le problème de la
pénibilité auquel est confronté le personnel soignant, la règle de l’âge
d’équilibre s’appliquera à ces professionnels. Même si un critère de pénibilité
est retenu, leur âge de départ à la retraite se verra donc mécaniquement
repoussé.
Deuxièmement, vous dites que vous allez instaurer des
mécanismes de retraite progressive et de compte épargne-temps afin de prendre en
considération cette situation. Mais sur quelle planète vivez-vous ? Dans
les hôpitaux, les comptes épargne-temps débordent !
M. Bruno
Millienne. La faute aux 35 heures !
M.
Sébastien Jumel. Les hôpitaux n’ont pas les moyens de payer les heures
supplémentaires ni les rappels à domicile. Par conséquent, lorsque les
personnels soignants font valoir leur droit à la retraite, ils s’assoient sur
leur compte épargne-temps.
Vous annoncez qu’il y aura des périodes de
transition et que des reclassements sont envisageables. Je reprends mon exemple
des aides à domicile en EHPAD. Ces derniers disposent – le
savez-vous ? – d’un budget distinct de celui du centre hospitalier. Si
vous devez recaser des aides-soignants, qui ont le dos cassé, parmi le personnel
administratif, la conséquence est que vous augmentez le prix de l’hébergement
journalier pour une personne âgée. À Neuilly, on peut peut-être augmenter un peu
les tarifs, mais dans les territoires où les gens n’ont pas de blé, comme à
Dieppe, ce n’est pas possible ! Les directeurs d’hôpitaux ne peuvent donc
procéder au reclassement.
Enfin, pour ce qui concerne le plan de
résorption de la dette, comme l’a dit notre collègue du groupe LT, la loi
organique n’a pas été adoptée. Dès lors, que font les ARS, les agences
régionales de santé, qu’il faudrait plutôt rebaptiser « agences de
rationalisation de la dépense de santé publique » ? Eh bien, leurs
représentants se rendent dans les hôpitaux pour expliquer qu’ils devraient
pouvoir réduire leur déficit de 30 %, mais qu’en contrepartie les hôpitaux
sont tenus de faire preuve de bonne gestion.
M. Julien
Borowczyk. C’est faux !
M.
Sébastien Jumel. Ah oui ? J’ai rencontré la directrice de l’ARS de
Normandie cette semaine ! Vous mentez comme un arracheur de dents !
(Protestations sur plusieurs bancs des groupe LaREM, MODEM et
UDI-Agir.)
M. le
président. Monsieur Jumel, je veux bien vous laisser conclure votre
propos, mais si vous vous lancez dans une partie de ping-pong, je coupe votre
micro. Vous avez dépassé votre temps de parole de dix secondes. Je vous laisse
finir votre phrase, mais soyez respectueux du débat et des règles.
M.
Sébastien Jumel. Je vous remercie, monsieur le président, mais dites au
dentiste d’arrêter de me couper la parole ! (Mêmes
mouvements.)
On conditionne les plans de retour à l’équilibre
budgétaire à des restrictions de dépenses de personnel, ce qui aboutit à une
aggravation de la pénibilité pour les personnes concernées.
M. le
président. La parole est à M. Jacques Maire, rapporteur de la
commission spéciale pour le titre II.
M. Jacques
Maire, rapporteur de la commission spéciale. Je souhaitais
intervenir car les questions posées de façon très pertinente par
M. Dharréville, par M. Jumel et par Mme Fiat trouvent leur place,
pour l’essentiel, dans le cadre du titre II. Je pense notamment à ce que
vous venez d’évoquer, monsieur Jumel, concernant la question du départ anticipé
à la retraite pour les personnels hospitaliers, notamment les aides-soignants et
les agents de service hospitaliers. Comme vous l’avez dit – puisque vous
connaissez bien leur situation –, leur niveau d’invalidité en fin de
carrière est très élevé, et c’est pourquoi ces personnes seront parmi les
principaux bénéficiaires du dispositif permettant de partir à la retraite à taux
plein à 60 ans lorsqu’on a un niveau d’invalidité de 10 %. Je conviens
toutefois que ce n’est pas encore satisfaisant. Cela dit, savez-vous que le
dispositif actuel de classement en catégorie active n’est pas réellement
efficace, puisque, même si ces personnes ont le droit de partir à 57 ans,
la réalité est qu’elles partent aujourd’hui à 59 ans et 7 mois parce
qu’il leur manque des annuités ? Elles travaillent donc quelque deux ans et
demi de plus que la durée à laquelle elles peuvent prétendre.
M.
Sébastien Jumel. C’est pour ça que vous leur ajoutez cinq mois de
travail !
M. Jacques
Maire, rapporteur. Je vais contribuer à éclairer vos lanternes.
Comme l’a dit le secrétaire d’État tout à l’heure, ce qui est prévu aujourd’hui
à titre horizontal est déjà important puisqu’il s’agit de la prise en compte de
la période transitoire avec la proratisation du droit au départ anticipé et
l’ouverture de la retraite progressive dès 60 ans.
M. Jacques
Maire, rapporteur. Deux propositions très importantes ont été
entérinées à l’occasion de la conférence sociale et de la réunion multilatérale.
Elles ont été annoncées la semaine dernière par le Premier ministre. La première
met l’accent sur la prévention : le fonds national de prévention sera
financé séparément, pour un montant annuel important, et proposera un diagnostic
sur les professions dont il est ici question et un accompagnement des personnels
concernés au sein de chaque hôpital. La seconde proposition, la plus importante
dans la perspective d’un départ anticipé à la retraite, concerne le temps
partiel de fin de carrière, que vous avez évoqué brièvement et sur lequel je
souhaite revenir. Il sera précisé par le moyen d’un amendement, que nous
examinerons dans quelques jours, dans le cadre du titre II.
De quoi
s’agit-il ? Un mi-temps de fin de carrière, qui peut être exercé au cours
des deux dernières années d’activité, sera payé à 75 % avec une prise en
charge des cotisations retraites à 100 %. Ce mi-temps sera financé, non pas
par l’hôpital, mais par le fonds pour l’emploi hospitalier, donc indépendamment
de la situation financière de l’hôpital, ce qui est très important. En outre, le
mi-temps de fin de carrière pourra être cumulé avec le compte professionnel de
prévention – C2P.
Aussi, si les aides-soignants partent aujourd’hui
à la retraite à 59 ans et 7 mois, avec ce dispositif de fin de
carrière progressive, financé à 100 % et cumulable avec le C2P, on peut
affirmer que les conditions d’un financement correct d’un départ à la retraite à
60 ans sont remplies. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM
et MODEM.)
M.
Sébastien Jumel. Je demande la parole, monsieur le président !
M. le
président. Vous vous êtes déjà exprimé, monsieur Jumel.
M.
Sébastien Jumel. Je souhaiterais relancer le débat après ce que vient de
dire le rapporteur. C’est important !
M.
Jean-René Cazeneuve. Rappel au règlement !
Rappel au règlement
M. le
président. La parole est à M. Jean-René Cazeneuve, pour un rappel
au règlement.
M.
Jean-René Cazeneuve. Mon intervention se fonde sur l’article 100 et
porte sur le bon déroulement de nos débats. Il est absolument incroyable que nos
travaux soient perturbés par des tweets et des commentaires sur ces tweets. La
réalité, c’est que certains de nos collègues n’assument pas leur attitude. Ils
appliquent, depuis le début, une stratégie visant à bloquer nos débats. Ils ont
déposé quarante sous-amendements sur chacun des 40 000 amendements
déjà déposés, ce qui représente 7 000 jours de débats, et maintenant
ils n’assument plus ! (Applaudissements sur quelques bancs du groupe
LaREM.)
Mme Danièle
Obono. Quelle intervention constructive ! Vous ne lui coupez pas le
micro, monsieur le président ?
M.
Jean-René Cazeneuve. Je leur demande donc au moins d’assumer leurs
objectifs. (Applaudissements sur de nombreux bancs des groupes LaREM et
MODEM. – Exclamations sur les bancs des groupes FI et
GDR.)
Article 1er (suite)
M. le
président. Nous en revenons au débat sur le fond.
La parole est à
M. Jean-Paul Mattei. (Exclamations persistantes sur
les bancs des groupes FI et GDR.)
M.
Sébastien Jumel. Rappel au règlement !
M. le
président. Monsieur Mattei va s’exprimer et je vous donnerai la parole
ensuite, monsieur Jumel.
M.
Jean-Paul Mattei. Je ferai deux remarques, l’une sur la forme, l’autre
sur le fond.
Sur la forme, on observe un jeu de rôles entre le groupe
Socialistes et apparentés, le groupe de la Gauche démocrate et républicaine et
le groupe de la France insoumise, qui sous-amendent tant qu’ils ont de dix à
vingt fois plus de temps de parole que les autres groupes.
M. Alain
Bruneel. Pas du tout !
M.
Jean-Paul Mattei. Mais si, puisque vous prenez à chaque fois la parole
pour défendre vos sous-amendements ! C’est un constat.
Mme
Mathilde Panot. Et le groupe LR ? Lui aussi dépose des
amendements !
Mme Danièle
Obono. En tout cas, voici un temps de parole utilisé à bon escient…
Encore une intervention constructive : bravo !
M.
Jean-Paul Mattei. J’en viens à présent au fond. Je souhaiterais obtenir
une précision concernant l’amendement. Il prévoit l’insertion, dans le code de
la sécurité sociale, d’un article L. 111-1-1. Ce dernier article
remplacerait-il l’article L. 111-2-1-1, tel que prévu par le texte, et
qui fixe les principes généraux du système universel de retraite ? En
effet, si nous adoptions chacune de vos propositions d’amendement, cela rendrait
le texte complètement illisible.
Plusieurs députés des groupes
LR et SOC. Il l’est déjà !
M.
Jean-Paul Mattei. À travers chacune, vous abordez en effet des questions
catégorielles. On peut être d’accord sur le fond avec nombre de vos
interventions, chers collègues, mais c’est de la fabrique de la loi qu’il s’agit
et, j’y insiste, vous allez rendre le texte illisible. Nous ne pouvons donc pas
adopter ces amendements incohérents.
De toute façon, j’y insiste, nous
avons bien compris votre petit jeu qui consiste à priver de la parole une grande
partie de l’hémicycle. (Applaudissements sur les bancs du groupe MODEM et sur
quelques bancs du groupe LaREM.)
M. Alain
Bruneel. La vie des gens n’est pas un jeu pour
nous !
Rappel au règlement
M. le
président. La parole est à M. Sébastien Jumel, pour un rappel au
règlement. Sur quel fondement le formulez-vous, cher collègue ?
M.
Sébastien Jumel. Sur le fondement de l’article 100, alinéa 5,
monsieur le président. Notre collègue Cazeneuve se transforme en gardien de
l’idéologie des marcheurs, en commentateur des débats, alors que nous avons
entamé l’examen de sujets très sérieux.
Mme Sylvie
Tolmont. Une discussion sur le fond !
M.
Sébastien Jumel. D’ailleurs, le rapporteur pour le titre II,
M. Maire, nous a apporté des réponses très précises. Je ne comprends donc
pas cette volonté permanente, de la part de notre collègue Cazeneuve, de faire
le chien de garde, d’une certaine manière. (Vives protestations sur plusieurs
bancs du groupe LaREM.)
J’en viens au fond, car c’est ce qui nous
intéresse. M. Maire… (« Ce n’est pas un rappel au
règlement ! » sur les bancs des groupes
LaREM et MODEM.)
M. le
président. Non, monsieur Jumel, vous ne pouvez aborder pas le fond du
débat dans le cadre d’un rappel au règlement.
M.
Sébastien Jumel. Je m’en tiendrai donc au règlement. La jurisprudence du
Conseil constitutionnel implique que, pour que l’Assemblée se forge une
conviction éclairée, le président de séance peut décider que certains sujets
méritent de plus amples débats que d’autres. Aussi, puisque le rapporteur pour
le titre II prend le soin de nous répondre en apportant des informations
précises provenant de réunions qui se tiennent en dehors de l’Assemblée,
serait-il utile que nous puissions en débattre. On nous indique que des
dispositions ont été prises pour permettre des temps partiels à 50 % afin
de prendre en compte la pénibilité du travail des infirmières. C’est très
intéressant et j’aimerais en discuter en séance avec le rapporteur et lui
expliquer que l’attractivité des hôpitaux…
M. le
président. Non, non, on ne parle pas du fond ici. Nous avons bien
compris votre rappel au règlement, monsieur Jumel.
M.
Sébastien Jumel. …ne permet pas de recruter des infirmières à mi-temps.
(Exclamations sur les bancs du groupe LaREM.)
M. Erwan
Balanant. Vous ne cessez de parler depuis ce matin !
M. Brahim
Hammouche. Vous monopolisez la parole ! Si vous ne nous empêchiez
pas de nous exprimer, je vous dirais ce que je pense de l’hôpital, où j’ai passé
quinze ans de ma vie.
M. Jean
François Mbaye. Rappel au règlement ! M. Jumel a traité
M. Cazeneuve de chien de garde. Je ne l’accepte pas ! Il y en a marre
des insultes !
Article 1er (suite)
M. le
président. La parole est à M. Julien Borowczyk.
M. Jean
François Mbaye. Les propos de M. Jumel sont inacceptables !
(Approbations sur les bancs du groupe LaREM.)
M. Julien
Borowczyk. En guise d’introduction, en réaction à ce qui a été dit…
(Exclamations persistantes et échanges de banc à banc.)
M. le
président. S’il vous plaît, chers collègues. La parole est à
M. Julien Borowczyk et à lui seul.
M. Jean
François Mbaye. Je n’accepte pas ce qu’a dit M. Jumel !
M. Julien
Borowczyk. Je constate que…
M. Jean
François Mbaye. Je ne l’accepte pas ! Je demande la parole pour un
rappel au règlement !
M. le
président. Retrouvons notre calme. C’est moi qui donne la parole
ici : nous allons d’abord laisser M. Borowczyk s’exprimer et, quand
l’orateur aura terminé son intervention, vous pourrez faire votre rappel au
règlement, cher collègue.
Poursuivez, monsieur Borowczyk.
M. Julien
Borowczyk. Je remarque qu’il y aura eu, aujourd’hui, moins de
manifestants que d’amendements ! (Applaudissements sur les bancs des
groupes LaREM et MODEM.– Exclamations sur les bancs des groupes FI et GDR.)
Je vous reconnais le monopole du blocage parlementaire, chers collègues, mais
pas celui de la rue, et encore moins celui de la bienveillance.
M. Pierre
Dharréville. Quel mépris !
M. Julien
Borowczyk. Les rapporteurs vous ont apporté des réponses concrètes sur
la pénibilité, sur les phases de transition. Vous demandiez tout à
l’heure : « Qu’est-ce qu’on fait d’une aide-soignante ? »
– excusez-moi, mais c’étaient les termes employés. L’une des mesures
concrètes que nous avons prises est la création du statut des assistants
médicaux. C’est précisément une solution pour reclasser une carrière
d’aide-soignante.
Je suis assez effaré de constater que, vous
revendiquant de la gauche, la seule solution, pour vous, c’est de mettre de
l’argent, toujours de l’argent. Or nous en avons bel et bien mis. Nous avons
ainsi débloqué 1,5 milliard d’euros sur trois ans et 150 millions
d’euros immédiatement pour les hôpitaux.
M. Pierre
Dharréville. C’est faux !
M. Julien
Borowczyk. Plus encore, concernant la pénibilité, c’est le sens que nous
donnons à notre action qui compte pour les personnes qui travaillent dans le
monde hospitalier, en particulier dans le secteur de la santé ; je suis
bien placé pour en parler – et je ne suis pas un arracheur de dents, il ne
faudrait pas faire l’amalgame… Le sens de notre action, c’est la réforme de la
tarification à l’acte, la TAA, la réforme des urgences, celle de la gouvernance
des hôpitaux, la création des communautés professionnelles territoriales de
santé, la politique relative au grand âge et à l’autonomie…
Mme Danièle
Obono. C’est donc pourquoi les personnels hospitaliers sont en grève
depuis deux mois ?
M. Julien
Borowczyk. Autant de réformes concrètes, sérieuses, responsables. Je
vous le dis, au risque de vous décevoir : Axa n’assure pas contre la
démagogie ! (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.–
Exclamations sur les bancs des groupes FI et GDR.)
Mme Danièle
Obono. Vous avez l’air bien au courant de ce qui se passe chez Axa, cher
collègue !
Rappel au règlement
M. le
président. La parole est à M. Jean François Mbaye, pour un rappel
au règlement.
M. Jean
François Mbaye. Mon intervention se fonde sur l’article 70,
alinéa 5. Monsieur le président, j’en appelle solennellement à votre
autorité. Hier soir, Anne Genetet présidait la séance (Rires)… Annie
Genevard, pardon. Elle nous a tous invités à faire preuve de respect, d’écoute,
bref de bienveillance. Tout comme j’ai condamné les propos ahurissants de notre
collègue Meyer Habib, en particulier sa petite phrase sur les « petites
connes », je n’accepte pas, je n’accepterai plus – je vous le dis,
monsieur Jumel – que l’un d’entre nous puisse se faire traiter de chien de
garde. Personne n’est le chien de garde de personne, ici. Ce sont des propos
inacceptables ! (Les membres des groupes LaREM, MODEM et UDI-Agir, dont
plusieurs se lèvent, applaudissent vivement l’orateur.)
Soit nous
travaillons dans le respect mutuel et avec bienveillance, soit nous sommes à la
foire et je n’accepterai pas de siéger dans ces conditions. Ces mots :
« chien de garde », « bécassine », « petites
connes » etc. n’ont pas leur place dans l’hémicycle où siègent des gens
responsables, des pères et des mères de famille (Applaudissements sur les
mêmes bancs), qui sont aussi responsables et aussi respectables que vous.
Alors, les chiens de garde, allez les chercher ailleurs, peut-être chez vous,
mais pas sur ces bancs ! (Mêmes mouvements.– Exclamations sur divers
bancs.– Invectives.)
M. Brahim
Hammouche. C’est en effet inadmissible !
M. Bruno
Fuchs. Honteux !
M. Bruno
Millienne. Nous exigeons des excuses !
M.
Sébastien Jumel. Quel cinéma !
M. Bruno
Fuchs. Rappel au règlement !
Article 1er (suite)
M. le
président. Nous allons tenter de reprendre nos travaux dans la sérénité.
M. Woerth, M. Vallaud et Mme Fiat avaient demandé à s’exprimer
sur le fond. Je tiens à ce qu’ils puissent le faire.
La parole est à
M. Éric Woerth.
M. Éric
Woerth. Je n’ai évidemment aucun conseil à donner à la présidence, mais
je pense qu’une courte suspension de séance permettrait de calmer les esprits.
Auparavant, je tiens à faire remarquer que je ne suis pas sûr que nous puissions
tenir trois semaines ainsi. L’ambiance est assez désagréable, parfois malsaine,
tendue alors qu’il n’y a aucune raison pour que ce soit le cas.
J’ai bien
sûr, comme tout le monde, beaucoup de respect pour le personnel
hospitalier ; comme chacun, pour des raisons familiales ou autres, je
fréquente les hôpitaux, les EHPAD et toutes sortes de maisons de soins. Il y a
en France un droit du travail. On travaille 35 heures par semaine, ce qui
n’est pas le cas dans d’autres pays. Vous évoquiez de très longues périodes de
travail, monsieur Jumel, sans doute très difficiles à vivre, mais après
lesquelles – et c’est tant mieux – on peut bénéficier de longues
périodes de récupération.
Mme Danièle
Obono. Pas dans la fonction publique hospitalière !
M. Éric
Woerth. Les heures supplémentaires doivent être payées – …
Mme Caroline Fiat et
Mme Danièle Obono. Elles ne le sont pas !
M. Éric
Woerth. …même si elles ne le sont pas toujours, et j’avais d’ailleurs
demandé un rapport à la Cour des comptes sur les heures supplémentaires dans la
fonction publique, en particulier dans la fonction publique
hospitalière.
Il a été question du minimum contributif ; nous
devrions également évoquer le minimum garanti. Vous prévoyez un montant de
1 000 euros. Comment cela va-t-il se passer ? Les gens vont-ils
avoir moins d’argent lorsqu’ils seront au minimum garanti ? L’étude
d’impact répond par l’affirmative.
Ensuite, des périodes de transition
très longues sont prévues. Quelle en est le calendrier ?
Enfin, pour
ce qui est de la pénibilité, il faut éviter de la considérer métier par métier.
En dehors des grands métiers mille fois cités, il y a une pénibilité objective
qui doit donner droit à des points pour la prévention ou pour la reconversion
professionnelle. Lorsqu’on y a été exposé plus qu’un autre, on doit pouvoir
partir plus tôt à la retraite si on constate une usure physique – nous
aurons l’occasion de revenir sur les problèmes d’ordre psychologique. Si la
pénibilité n’est pas objectivée par l’usure et par l’exposition à des facteurs
de pénibilité, on prendra des décisions injustes. Je ne crois en aucun cas à la
possibilité pour les branches professionnelles d’établir des listes par métier.
(Applaudissements sur les bancs du groupe LR.)
Rappel au règlement
M. le
président. Vous souhaitiez faire un rappel au règlement, monsieur
Fuchs ?
M. Bruno
Fuchs. Oui, monsieur le président, sur le fondement de
l’article 70, alinéa 5. Je partage le point de vue du président
Woerth : nous ne pouvons pas continuer nos travaux dans ces conditions.
Nous avons droit au mensonge permanent depuis trois ou quatre jours et,
désormais, nous avons droit à l’outrage : on nous a par exemple accusés à
plusieurs reprises de mentir comme des arracheurs de dents. Nous ne pouvons pas
siéger ici alors que nous faisons l’objet d’accusations personnelles. Nous ne
sommes pas à la buvette de l’Assemblée, nous sommes dans la salle des
séances.
Mme Danièle
Obono. C’est une intervention respectueuse et bienveillante,
ça ?
M. Bruno
Fuchs. Nous devons prendre un peu de hauteur et par conséquent éviter
les mensonges et les outrages. Je demande donc solennellement à M. Jumel,
d’homme à homme, de présenter ses excuses pour les propos qu’il a tenus.
(Applaudissements sur les bancs des groupes MODEM et LaREM.
– Exclamations sur les bancs des groupes GDR et FI.)
M. Bruno
Millienne. Ce serait en effet la moindre des choses !
M. le
président. Il est évident que nos débats ne peuvent se poursuivre sans
le minimum de respect que l’on se doit entre collègues et entre parlementaires
qui ont chacun leur légitimité et leur place dans l’hémicycle.
Je vais
suspendre la séance pendant cinq minutes. Je demande à tous les représentants
des groupes de venir me voir afin que nous puissions discuter des conditions de
ce débat et essayer de retrouver un peu de sérénité.
Suspension et reprise de la séance
M. le
président. La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à vingt-deux heures quinze, est reprise à vingt-deux
heures vingt.)
M. le
président. La séance est reprise.
Article 1er (suite)
M. le
président. La suspension de séance a permis de dégager un consensus
(« Ah ! » sur
plusieurs bancs) afin que le respect dû à chacun d’entre nous retrouve tous
ses droits. Je compte sur chacun pour que nous puissions poursuivre les
débats. (Mme Caroline Abadie
applaudit.)
La parole est à M. Boris Vallaud.
M. Boris
Vallaud. Je crois que la suspension de séance aura permis à chacune et
chacun de s’engager à poursuivre ce débat dans la sérénité, et aussi avec
sincérité. Qu’il me soit donc permis d’être sincère pour évoquer les carrières
du secteur de la santé et du monde médical.
Toutes les annonces reprises
à ce jour par la presse, que ce soit sur le compte épargne-temps, la retraite
progressive ou les mi-temps de fin de carrière, ne seront que des expédients si
la situation structurelle de l’hôpital ne s’améliore pas.
M.
Sébastien Jumel. Exact !
M. Boris
Vallaud. Si les difficultés viennent de loin,…
M. Bruno
Millienne. Ça, c’est sûr !
M. Boris
Vallaud. …la réponse n’a pas été prompte : ce n’est qu’entre la
première et la nouvelle lecture du projet de loi de financement de la sécurité
sociale pour 2020 que des mesures d’urgence ont été enfin décidées par la
ministre des solidarités et de la santé de l’époque, aujourd’hui appelée à vivre
d’autres aventures. Il reste que ces mesures sont insuffisantes : la
reprise d’un tiers de la dette n’aura pas lieu, au mieux, avant l’année
prochaine.
On ne peut pas prétendre, s’agissant de la pénibilité, que la
suppression des carrières actives est une bonne nouvelle pour celles et ceux qui
pouvaient partir plus tôt à la retraite. Les mesures annoncées ne seront
certainement pas adaptées à la réalité d’un certain nombre de professions, ni en
réel rapport avec leur pénibilité.
On a évoqué les 100 millions
d’euros du fonds national de prévention : franchement, ce montant est
absolument dérisoire si l’on veut tenir compte de l’impératif de
prévention !
Sur un autre sujet, je rappelle que la modification
d’assiette de la CSG fera perdre 2,6 milliards d’euros à la branche santé.
Qui viendra les compenser ? Nous avons déjà posé la question, mais elle n’a
toujours pas reçu de réponse.
Quant à l’âge pivot, nous avons eu
l’occasion d’en décrire les effets : les personnels de santé, comme tous
les autres, travailleront plus longtemps et devront choisir entre une retraite
plus tardive ou une décote.
Enfin, s’agissant des droits acquis,
pardonnez-moi, mais je ne vois pas à quel titre nous devrions remercier le
Gouvernement : c’est quand même bien le moins que les droits acquis par le
travail soient maintenus ! (Applaudissements sur les bancs du groupe
SOC.)
M. le
président. La parole est à Mme Caroline Fiat.
Mme
Caroline Fiat. Monsieur Maire, si nous avons déposé des
sous-amendements, c’est que, dès lors que l’article 1er
déclinait les principes du projet de loi, il nous fallait bien en traiter avant
même d’en venir au titre II.
D’autre part, savez-vous que l’âge
moyen d’entrée dans un institut de formation d’aide-soignant est de
32 ans ? Dans les documents que M. le secrétaire d’État avait
promis de me transmettre et que j’ai bien reçus – je l’en remercie –,
je constate qu’il faudra avoir travaillé vingt ans pour avoir droit à une
formation. Autrement dit, une aide-soignante devra attendre ses 52 ans pour
bénéficier d’une formation. Connaissez-vous le taux de chômage des plus de
55 ans en France ? Vous m’envoyez en formation à 52 ans, et
ensuite, je fais quoi ? Il faut être réaliste ! Connaît-on, oui ou
non, la situation en France dans cet hémicycle ? Il faut
réfléchir !
Certains font de l’humour en soulignant qu’il y aurait
eu moins de manifestants parmi les personnels hospitaliers qu’il y a
d’amendements sur ce projet de loi. Chers collègues, c’est oublier que les
personnels hospitaliers sont réquisitionnés pendant les manifestations ; ce
n’est pas sérieux.
Monsieur Turquois, s’agissant de la différence entre
le public et le privé, je peux reprendre l’exemple que je vous avais donné lors
l’examen du texte en commission spéciale. Vous vous souvenez peut-être des
infirmières Caro et Caroline : la première était dans le public, l’autre
dans le privé. Dans le système actuel, l’une peut partir à la retraite à
57 ans avec une pension de 1 575 euros, l’autre peut partir à
62 ans avec 1 300 euros. Dans votre système, il semble que la
première doive partir à 64 ou 66 ans avec 1 200 euros et que la
seconde parte au même âge avec 1 000 euros. En réalité, demain, elles
partiront toutes les deux à 58 ou 60 ans en invalidité et elles toucheront
le RSA, le revenu de solidarité active. Voilà votre universalité ! Ce n’est
pas cela que nous voulons. C’est pourquoi nous vous invitons à adopter nos
sous-amendements. (Applaudissements sur les bancs du groupe
FI.)
M. le
président. Je mets aux voix le sous-amendement
no 41802.
(Il est procédé au scrutin.)
M. le
président. Voici le résultat du
scrutin :
Nombre de
votants 107
Nombre
de suffrages
exprimés 94
Majorité
absolue 48
Pour
l’adoption 18
Contre 76
(Le sous-amendement no 41802 n’est pas
adopté.)
M. le
président. Je mets aux voix le sous-amendement
no 41804.
(Il est procédé au scrutin.)
M. le
président. Voici le résultat du
scrutin :
Nombre de
votants 100
Nombre
de suffrages
exprimés 90
Majorité
absolue 46
Pour
l’adoption 18
Contre 72
(Le sous-amendement no 41804 n’est pas
adopté.)
(Le sous-amendement no 42292 n’est pas
adopté.)
M. le
président. Je mets aux voix les sous-amendements identiques
nos 41808 et 42288.
(Il est procédé au scrutin.)
M. le
président. Voici le résultat du
scrutin :
Nombre de
votants 105
Nombre
de suffrages
exprimés 92
Majorité
absolue 47
Pour
l’adoption 16
Contre 76
(Les sous-amendements identiques nos 41808
et 42288 ne sont pas adoptés.)
M. le
président. Je mets aux voix les sous-amendements identiques
nos 41810 et 42291.
(Il est procédé au scrutin.)
M. le
président. Voici le résultat du
scrutin :
Nombre de
votants 105
Nombre
de suffrages
exprimés 92
Majorité
absolue 47
Pour
l’adoption 15
Contre 77
(Les sous-amendements identiques nos 41810
et 42291 ne sont pas adoptés.)
(Les sous-amendements identiques nos 41814
et 42289 ne sont pas adoptés.)
(Les sous-amendements nos 41816, 42290,
42295, 42296, 41819, 41822, 41824, 41826, 42106, 41828, 41831, 41834, 41836,
41838 et 42075, successivement mis aux voix, ne sont pas adoptés.)
M. le
président. Je mets aux voix l’amendement no 23859.
(Il est procédé au scrutin.)
M. le
président. Voici le résultat du
scrutin :
Nombre de
votants 104
Nombre
de suffrages
exprimés 100
Majorité
absolue 51
Pour
l’adoption 28
Contre 72
(L’amendement no 23859 n’est pas
adopté.)
M. le
président. Je suis saisi d’un amendement no 23858, qui
fait l’objet de plusieurs sous-amendements.
La parole est à
Mme Christine Pires Beaune, pour soutenir l’amendement.
Mme
Christine Pires Beaune. Nous abordons là un nouveau cas, que nous
n’avons pas encore évoqué aujourd’hui dans l’hémicycle : celui des
sapeurs-pompiers volontaires. Comme vous le savez, à côté des sapeurs-pompiers
professionnels, il existe 200 000 pompiers volontaires, hommes et
femmes, sans lesquels nous aurions bien du mal à faire fonctionner notre système
de sécurité, et qui honorent cet engagement en plus de leur vie professionnelle
et familiale.
La semaine dernière, dans le cadre de la semaine de
contrôle, j’ai fait remarquer à la ministre des solidarités et de la santé que
le présent projet de loi ne comportait aucune disposition concernant les
sapeurs-pompiers volontaires, alors que nous avions là l’occasion de reconnaître
leur engagement, notamment en leur attribuant des points supplémentaires, sans
attendre qu’ils aient effectué vingt ans de services. En effet, leur
fidélisation constitue un véritable problème : le bénévolat est en train de
s’effriter et si l’on compte encore 200 000 pompiers volontaires, leur
nombre est en diminution.
Il s’agit donc d’un amendement d’appel. Bridés
par l’article 40 de la Constitution, nous n’avons pas pu présenter
d’amendement visant à attribuer aux sapeurs-pompiers volontaires des points
supplémentaires par tranches de trois ou cinq ans, voire plus – ce qui
permettrait de les fidéliser. Nous souhaitons donc que vous vous engagiez à
introduire dans ce texte, peut-être par l’intermédiaire d’un amendement
gouvernemental, des dispositions permettant aux sapeurs-pompiers d’être reconnus
au sein du nouveau système. (Applaudissements sur les bancs du groupe
SOC.)
M. le
président. La parole est à M. Sébastien Jumel, pour soutenir le
sous-amendement no 41790.
M.
Sébastien Jumel. S’il était besoin d’attester le rôle essentiel des
pompiers, qui prennent soin de nos vies en risquant la leur, on pourrait citer
l’exemple du drame de Lubrizol. Voilà un accident industriel majeur durant
lequel les pompiers se mettent en danger extrême, inhalent des fumées hautement
toxiques et se confrontent au risque de l’amiante. Tout cela justifie la
reconnaissance de la spécificité de ce métier. Dans les négociations que les
sapeurs-pompiers ont engagées, ils obtiennent, comme une vérité de
La Palice, la reconnaissance de leur métier comme métier à risque, pouvant
justifier un départ à la retraite à 57 ans.
Or, dans le même temps,
comme dirait l’autre, on leur applique l’âge pivot – ou l’âge d’équilibre,
appelez-le comme vous voulez. Cela revient à dire que s’ils partent avant
59 ans, on leur impose une décote. Autrement dit, ce que la main droite
leur donne, l’autre main droite leur reprend. C’est pourquoi les
sapeurs-pompiers sont profondément engagés et mobilisés, depuis le début, dans
le mouvement social – à Dieppe, en Seine-Maritime, comme partout en
France.
Pour remercier les pompiers de leur engagement altruiste au
service de la sécurité de nos concitoyens, alors qu’ils manifestent à deux pas
de l’Assemblée nationale, voilà qu’on leur envoie les forces de l’ordre pour
leur taper sur la carafe. Je n’ai toujours pas digéré la manifestation des
sapeurs-pompiers, où ceux qui prennent soin de nos vies se sont pris les forces
de l’ordre en pleine figure – ces forces de l’ordre aux côtés desquelles
ils se battent au quotidien pour prendre soin de notre population.
Tel
est l’objet du sous-amendement que je vous propose d’adopter.
M. le
président. La parole est à M. Pierre Dharréville, pour soutenir le
sous-amendement no 41791.
M. Pierre
Dharréville. Pour prolonger ce que vient de dire Sébastien Jumel, depuis
ces événements, j’ai eu l’occasion, comme sans doute plusieurs d’entre vous, de
rencontrer les sapeurs-pompiers de ma circonscription et de mesurer le
traumatisme qu’ils ont subi et qu’ils n’acceptent pas. Ce traumatisme ne les
empêche pas de continuer à exprimer des revendications sociales. Des discussions
ont eu lieu ; la prime de feu a été augmentée, même si certains des
pompiers jugent l’augmentation insuffisante. Une question reste à leurs yeux
trouble et non réglée : celle de leur retraite, dont nous parlons
aujourd’hui.
L’un des membres de l’intersyndicale disait il y a quelques
jours que personne n’était capable de leur confirmer que la majoration prévue
couvrirait entièrement la perte anticipée des pensions. Si – selon ce que
nous comprenons – une dérogation inscrite dans le projet de loi leur
assurera, dans le système que vous proposez, la possibilité de partir en
retraite dès 57 ans, certains s’inquiètent, sans doute à juste raison,
d’une baisse des pensions au moment du départ. Dans ce domaine aussi, nous vous
demandons, monsieur le secrétaire d’État, de clarifier les zones d’ombre, afin
que le Parlement puisse prendre une décision en connaissance de
cause.
Vous remarquerez que, depuis tout à l’heure – de fait, depuis
le début des débats –, nous posons des questions pour obtenir des réponses,
et que nous ne faisons pas le commentaire du commentaire du commentaire.
(Mme Caroline Fiat applaudit.)
M. le
président. La parole est à M. Sébastien Jumel, pour soutenir le
sous-amendement no 41792.
M.
Sébastien Jumel. Les pompiers de garde prennent soin de nos vies et la
question de la pénibilité de leur métier est essentielle ; mais ce n’est
pas la seule question à soulever. En tant que membre de bureau d’un service
départemental d’incendie et de secours, SDIS, je sais qu’il est d’usage, depuis
que la loi a transféré la gestion des sapeurs-pompiers aux départements, que
dans les dernières années de carrière, le colonel et le président du SDIS leur
donnent un grade supplémentaire, comme une récompense pour leur engagement au
service de nos concitoyens. Ainsi, les pompiers montent d’un échelon. J’imagine
que vous avez tous déjà remis des grades aux sapeurs à l’occasion de la
Sainte-Barbe.
Ces grades ne sont pas un Graal ; ils expriment la
reconnaissance par la collectivité – ou par la nation – du service
rendu. Ils se traduisent par un régime indemnitaire et un salaire
correspondants. Lorsqu’on nommait un pompier au grade supérieur pour les six
derniers mois de sa carrière, il bénéficiait de la pension inhérente à ce grade
pour la totalité de sa retraite. En supprimant la référence aux six derniers
mois pour la fonction publique territoriale, donc pour les sapeurs-pompiers,
vous pénalisez gravement leurs conditions de pension. Si l’on y ajoute la
décote, ainsi le problème que j’ai évoqué en défendant mon précédent amendement,
on comprend que les sapeurs-pompiers soient de la mobilisation
sociale.
M. le
président. Le sous-amendement no 42306 de M. Ugo
Bernalicis, identique au précédent, est défendu.
La parole est à
M. Alain Bruneel, pour soutenir le sous-amendement
no 41794.
M. Alain
Bruneel. J’irai dans le même sens que mes collègues.
En
préambule, je voudrais souligner qu’en discutant de différentes catégories
– les personnels hospitaliers, les avocats ou, ici, les pompiers –,
nous donnons notre point de vue. S’il n’est pas partagé, eh bien, tant pis.
M.
Jean-Paul Mattei. Si, il est partagé – mais les dispositions
contenues dans le texte sont satisfaisantes !
M. Alain
Bruneel. Mais l’évoquer fait partie du débat démocratique. Nous ne
sommes pas là pour polluer l’examen du texte, nous souhaitons rapporter ce que
les personnes que nous avons rencontrées nous ont dit. Ce sont là les règles
d’un véritable débat démocratique, que j’essaie d’appliquer.
Comme tous
les parlementaires présents dans l’hémicycle, nous avons rencontré les pompiers
de nos circonscriptions, qui nous ont fait part de leur malaise lié au manque de
matériel, d’hommes et de moyens. C’est ce malaise que nous relayons aujourd’hui.
Toutefois, j’ai remarqué que d’un département à l’autre, les pompiers n’avaient
pas forcément les mêmes conditions salariales d’embauche. Cela
m’interroge : dans le cadre d’une retraite par points, si chaque euro
cotisé vaut des points, l’absence de cohérence en matière salariale devient un
problème.
M. le
président. La parole est à M. Adrien Quatennens, pour soutenir le
sous-amendement no 42308.
M. Adrien
Quatennens. J’ai un peu de mal à me représenter comment les dispositions
aujourd’hui exprimées en annuités seront transposées dans le système par points.
S’agissant des pompiers, ce passage pose toute une série de questions.
Aujourd’hui, les pompiers gagnent une année de cotisation tous les cinq ans, et
leur âge légal de départ à la retraite est de 57 ans. Le ministre de
l’intérieur leur a promis que ces conditions seraient maintenues. Ainsi,
l’article 36 du projet de loi évoque la liste des fonctions dangereuses,
qu’un décret dressera dans le détail, et affirme que l’âge d’équilibre
s’appliquera aux pompiers en matière de décote, mais non de surcote, et que leur
âge légal de départ à la retraite restera fixé à 57 ans.
En
défendant le sous-amendement no 42308, je veux poser une
question au secrétaire d’État : comment garantir des avantages en annuités
dans le cadre du système par points, notamment pour les pompiers ? Cette
question mérite d’être posée.
M. le
président. La parole est à M. Pierre Dharréville, pour soutenir le
sous-amendement no 41795.
M. Pierre
Dharréville. Je voudrais, à la faveur de ce sous-amendement, souligner
l’importance de ce que vient de dire notre collègue Pires Beaune. Nous
connaissons tous la manière dont est construit notre modèle de protection
civile, et la place et le rôle qu’y jouent les pompiers volontaires. Dans le
département des Bouches-du-Rhône, ils sont très nombreux : nous devons
faire face à de nombreux risques – risque incendie, bien entendu, mais
aussi risques industriels ; s’y ajoute tout le travail que les pompiers
font en matière de secours du quotidien. Il serait bon que nous reconnaissions à
leur juste valeur celles et ceux qui s’engagent au service de nos concitoyennes
et concitoyens dans le cadre de ce volontariat. Je serais curieux de savoir,
monsieur le secrétaire d’État, comment vous envisagez cette
question.
M. le
président. La parole est à M. Sébastien Jumel, pour soutenir le
sous-amendement no 41799.
M.
Sébastien Jumel. Monsieur le secrétaire d’État, on ne peut pas être
spécialiste de tout ! Pour consolider votre diagnostic, sachez que la
couverture des risques sur nos territoires repose sur l’originalité du modèle
français, qui allie sapeurs-pompiers professionnels et sapeurs-pompiers
volontaires. La plupart de nos casernes, même en milieu urbain, sont mixtes, les
gardes étant assurées conjointement par les professionnels et par les
volontaires. En milieu rural, la mobilisation et la disponibilité des
volontaires sont encore plus déterminantes puisque les petites casernes ont bien
évidemment peu d’effectifs professionnels. Les volontaires font d’ailleurs
souvent l’objet de conventions entre les employeurs et le SDIS, leur permettant
d’accomplir cette mission de sécurité publique au service de nos concitoyens sur
leur temps de travail.
La question posée par notre collègue
Pires Beaune – la nécessité de prendre en considération la mission
régalienne de service public accomplie par des volontaires – mérite d’être
intégrée à votre réflexion concernant la retraite. Comparaison n’est pas raison,
mais c’est dans le même esprit que nous militons pour la création d’un statut
des aidants. Nous aimerions donc savoir comment vous envisagez de traiter le cas
des sapeurs-pompiers volontaires dans le cadre de votre
réforme.
M. le
président. Le sous-amendement no 41797 de M. Pierre
Dharréville est défendu.
La parole est à Mme Danièle Obono, pour
soutenir le sous-amendement no 42307.
Mme Danièle
Obono. Nous voulons compléter l’amendement de nos collègues du groupe
Socialistes et apparentés parce qu’il est important d’expliquer pourquoi il faut
assurer une retraite digne aux sapeurs-pompiers, de même qu’aux membres d’autres
professions. Il s’agit de reconnaître les spécificités d’un métier, d’un
engagement ou d’un service public en fonction non seulement du service qu’il
rend, mais aussi de ce qu’il coûte à celles et ceux qui s’y engagent.
On
l’a déjà souligné : cette assemblée aurait tort de mépriser ou de
sous-estimer les manifestations qui se sont déroulées et qui se déroulent encore
dans notre pays. Les sapeurs-pompiers ont été de la mobilisation sociale et il
serait juste et bon – et, de notre point de vue, intelligent –
d’entendre leur message.
Nous proposons une reformulation qui rende
impérative la rédaction de nos collègues sur le maintien des droits acquis pour
les sapeurs-pompiers. Il s’agit d’inscrire dans la loi un engagement réel. Des
négociations se déroulent, parallèlement à nos débats, qui donnent lieu à de
nombreux commentaires. Pour les salariés encore en lutte, ce ne sont que des
paroles en l’air pour les apaiser. Ils ne seront convaincus que par l’adoption
formelle de garanties écrites noir sur blanc, reconnaissant les difficultés de
certains métiers comme celui de sapeur-pompier ou d’autres que nous évoquerons
ultérieurement. Pour la sincérité des débats, il serait juste d’adopter ces
amendements.
M. le
président. Le sous-amendement no 41800 de M. Pierre
Dharréville est défendu.
La parole est à M. Julien Aubert, pour
soutenir le sous-amendement no 42319.
M. Julien
Aubert. L’amendement de nos collègues met en avant le cas assez épineux
des sapeurs-pompiers professionnels et volontaires, mais il ne faudrait pas
oublier les sapeurs-pompiers militaires, qui exercent à Paris et à Marseille.
Rappelons que le Conseil supérieur de la fonction militaire s’est déclaré
hostile au projet de réforme, en expliquant qu’on allait affaiblir la situation
des personnels sous statut militaire.
Les marins-pompiers de Marseille
ont ce statut militaire depuis le célèbre incendie du début du XXe
siècle, de même que les sapeurs-pompiers de Paris. Ces deux cas très
particuliers, qui se situent au croisement des dispositifs prévus par le
Gouvernement d’un côté pour les sapeurs-pompiers et de l’autre pour les
militaires, doivent être mis en exergue aux côtés des catégories précédemment
citées.
M. le
président. La parole est à M. Marc Le Fur, pour soutenir le
sous-amendement no 42074.
M. Marc Le
Fur. Si nous posons cette question des sapeurs-pompiers sur différents
bancs, c’est qu’elle est centrale. Julien Aubert a parfaitement résumé la
situation des sapeurs-pompiers militaires et exposé la nécessité de la prendre
en compte. Pour les sapeurs-pompiers professionnels, la question est le maintien
ou non de l’âge de départ en retraite à 57 ans : à vous d’y
répondre.
Pour ma part, je voudrais insister sur la situation des
sapeurs-pompiers volontaires qui bénéficient d’une prestation de fidélisation et
de reconnaissance – PFR – créée par Nicolas Sarkozy, pour leur donner
en quelque sorte une esquisse de retraite. Que va devenir cette
prestation ? Sera-t-elle intégrée dans le droit commun ou demeurera-t-elle
une spécificité ?
C’est compliqué parce que les volontaires, par
définition, ont une autre activité. Ils sont donc appelés à avoir une autre
retraite, qu’ils ne liquideront peut-être pas au même moment. Certains retraités
continuent leur activité de pompiers ; d’autres personnes cessent leur
activité de pompier tout en continuant à exercer leur profession. Comment se
passe la liquidation de la retraite dans ces cas-là ?
Ces sujets
sont solubles si l’on y met un peu de bonne volonté – et l’on ne doute pas
de la vôtre, monsieur le secrétaire d’État – mais ils exigent que l’on
rassure des gens qui sont inquiets. D’ailleurs, tous les Français sont inquiets,
depuis que l’on parle des points : on trouble tout, on modifie tout.
M. Pierre
Vatin. Ils ont déjà le permis à points !
M.
Jean-Charles Colas-Roy. Les points, ce n’est pas le problème !
M. Marc Le
Fur. Mais si, c’est le problème !
M.
Jean-Charles Colas-Roy. Toutes les complémentaires sont à
points !
M. Marc Le
Fur. Après le permis à points, ils vont connaître la retraite à
points : c’est rarement une bonne nouvelle !
M.
Jean-Charles Colas-Roy. Le système AGIRC-ARRCO est à points !
M. Marc Le
Fur. Il faut donc rassurer les Français, notamment les sapeurs-pompiers,
qui méritent toute notre attention.
M. le
président. Quel est l’avis de la commission ?
M. Nicolas
Turquois, rapporteur. Je vais apporter quelques éléments à votre
réflexion, en m’exprimant en toute modestie car je vous avoue que je n’ai pas
une parfaite maîtrise technique de tous les statuts et de toutes les situations
différentes que la question implique.
Monsieur Le Fur, le système à
points n’est pas une invention spécifique. Pratiquement la moitié des pensions
distribuées en France s’appuient sur des systèmes à points, notamment celui de
l’AGIRC-ARRCO.
M. Marc Le
Fur. Ce sont des complémentaires, c’est très différent !
M. Nicolas
Turquois, rapporteur. Monsieur Bruneel, vous avez parlé de
cohérence salariale. Les départements, qui sont autonomes, appliquent des
grilles différentes pour les sapeurs-pompiers et leurs personnels
administratifs, selon la politique qu’ils ont définie en la matière. De la même
manière, deux entreprises qui fabriquent les mêmes produits n’auront pas
systématiquement les mêmes politiques de rémunération.
Cela étant, je
veux alerter spécifiquement sur la situation des pompiers volontaires.
M. Marc
Le Fur et M. Stéphane Viry. Très bien !
M. Nicolas
Turquois, rapporteur. J’imagine que tous les députés ici présents
sont invités aux cérémonies de la Sainte-Barbe et manifestent leur
reconnaissance aux sapeurs-pompiers, symboles par excellence de l’engagement au
service de la nation.
M. Marc Le
Fur. On vit et on travaille avec eux !
M. Nicolas
Turquois, rapporteur. Vous avez sûrement aussi été alertés par
les SDIS sur l’arrêt Matzak, du nom d’un pompier belge qui avait saisi la Cour
de justice de l’Union européenne – CJUE – et qui a obtenu la
requalification de son volontariat en contrat professionnel.
M. Marc Le
Fur. Eh oui !
M. Nicolas
Turquois, rapporteur. Au vu des éléments dont je dispose
– et dont je fais une lecture de non-juriste – je pense que
l’attribution de points de retraite renforcerait l’impression que le volontariat
suppose une sorte de contrat de travail puisqu’il donne lieu à une
indemnisation.
M. Marc Le
Fur. C’est vrai !
M. Nicolas
Turquois, rapporteur. Je vous appelle à la vigilance. J’avais
moi-même envisagé d’attribuer des points retraite aux volontaires, par une forme
d’intéressement différé. Il ne faudrait pas que cette bonne intention remette en
cause le volontariat à la française.
Ce sont des éléments de réflexion et
non des certitudes que je vous livre. Il faut faire un geste et nous engager
auprès des pompiers, tout en faisant attention à ce que nous faisons. C’est
pourquoi j’émets un avis défavorable à l’amendement et aux
sous-amendements.
M. le
président. Sur l’amendement no 23858, je suis saisi par
le groupe Socialistes et apparentés d’une demande de scrutin public.
Sur
le sous-amendement no 41799, je suis saisi par le groupe La
France insoumise d’une demande de scrutin public.
Les scrutins sont
annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
Quel est l’avis du
Gouvernement ?
M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. Madame la députée Pires Beaune,
votre amendement a suscité de l’intérêt et a donné lieu à des sous-amendements
cette fois relativement cohérents, si je peux me permettre, ce qui m’a donné le
sentiment que le débat était plus riche. On ne peut pas être spécialiste en
tout, disait M. Jumel. En écoutant le rapporteur, qui dit ne pas être un
spécialiste de la gestion des SDIS, je l’ai pourtant trouvé tout à fait
compétent.
En ce qui concerne les pompiers professionnels, nous
maintenons dans les dispositions du système universel de retraite le départ à
57 ans et la limite d’âge de 62 ans. Les pompiers professionnels
remplissent des missions régaliennes dangereuses, qui seront identifiées comme
telles. Cet engagement que le Gouvernement a pris à l’égard des sapeurs-pompiers
sera respecté.
Cela fait écho à la question de fond d’Adrien
Quatennens : comment arrive-t-on à basculer dans un système par points
d’éventuelles bonifications en matière de durée ? La bonification égale au
cinquième du temps des services accomplis par les sapeurs-pompiers
professionnels sera transformée en une cotisation patronale qui bonifiera le
niveau de la prime.
Répondant à une très ancienne attente des
sapeurs-pompiers professionnels, nous prévoyons que le droit au départ sera
désormais portable : tout sapeur-pompier qui aura effectué vingt-sept ans
de service pourra partir à l’âge de 52 ans, y compris s’il n’est plus
pompier. Actuellement, cette disposition étant statutaire, un ex-pompier ne peut
pas en bénéficier. C’est un point très important.
Monsieur Aubert, les
sapeurs-pompiers militaires se verront appliquer les dispositions des militaires
et conserveront notamment la jouissance immédiate de la retraite, qui est une
spécificité essentielle des militaires.
En ce qui concerne les
sapeurs-pompiers volontaires, M. le rapporteur nous a recommandé la
vigilance collective, de manière claire et bien documentée sur le plan
juridique. Le ministère de l’intérieur travaille sur le sujet en cherchant un
moyen de prendre des dispositions favorables aux sapeurs-pompiers volontaires
tout en évitant de créer ce qui pourrait s’apparenter à un contrat de travail,
ce qui aurait des conséquences notamment en matière de cotisations sociales du
salarié et de l’employeur.
Il faut trouver les moyens de faire vivre ce
volontarisme à la française. Le député Fabien Matras travaille à une proposition
de loi sur le sujet.
M. Pierre
Dharréville. Vous en savez des choses !
M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. Même si je ne pourrai pas
émettre un avis favorable à votre amendement, que je considère comme un
amendement d’appel, je le trouve intéressant sur le fond. Je peux vous dire dès
maintenant que, lorsque nous en viendrons à l’article 63, j’émettrai un
avis favorable à la demande de rapport qui a été faite sur ce sujet précis.
M. Marc Le
Fur. Vous avez dit que les demandes de rapport ne seraient examinées
qu’après l’article 65 !
M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. Nous voulons ainsi montrer
notre volonté d’enrichir la proposition de loi qui sera présentée par le député
Matras, à laquelle le Gouvernement est particulièrement attentif.
En
attendant cette proposition de loi, une autre piste peut être explorée : la
PFR, évoquée précédemment par M. le député Le Fur, un bon connaisseur
du dossier – les députés bretons sont bien encadrés… par les pompiers
aussi ! (Sourires.) Je ne vais pas m’engager ici alors que des
concertations sont en cours, qui vont, je l’espère, aboutir prochainement avec
le ministère de l’intérieur, mais cette idée est en discussion et elle
permettrait d’éviter l’écueil évoqué par le rapporteur.
Après vous avoir
donné ces explications et ces pistes de réflexion, j’émets un avis défavorable à
l’amendement et aux sous-amendements.
M. le
président. La parole est à Mme Marie-Christine Dalloz.
Mme
Marie-Christine Dalloz. Monsieur le secrétaire d’État, nous débattons
depuis lundi d’un projet de loi qui vise à instaurer un système universel en
matière de retraite, et voilà que, pour les sapeurs-pompiers volontaires, vous
nous renvoyez à une future proposition de loi que prépare un collègue
– certainement éminent – de La République en marche. Ce n’est pas
sérieux ! Si votre système doit être universel, pourquoi ne
s’appliquerait-il pas aux quelque 200 000 sapeurs-pompiers
volontaires ?
Comme cela a déjà été dit et redit, tous les frais de
fonctionnement des SDIS sont exclusivement assumés par les communes et les
départements, avec des arrangements à l’intérieur de chaque département. La PFR
est financée par les communes et, majoritairement, par les
départements.
Vous affirmez qu’une bonification des cotisations
compensera les pertes. Les collectivités territoriales devront-elles assumer
cette bonification ?
Vous prônez un régime universel, et le ministre
de l’intérieur a pris des engagements vis-à-vis des pompiers et du système de
volontariat à la française. Néanmoins, une inquiétude persiste chez l’ensemble
des sapeurs-pompiers, qu’ils soient professionnels ou volontaires. Vous devez
nous dire dès aujourd’hui comment se déroulera la transformation, et surtout
selon quels délais. Quelle sera la période de transition ? Pour le moment,
nous n’en savons rien. Il n’est pas envisageable d’attendre une future
proposition de loi pour nous prononcer, alors que c’est aujourd’hui que nous
traitons des retraites. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe
LR.)
M. le
président. La parole est à M. Régis Juanico.
M. Régis
Juanico. Nous nous accordons tous à saluer l’engagement sans faille et
le dévouement des 200 000 sapeurs-pompiers volontaires ainsi que des
50 000 sapeurs-pompiers professionnels et militaires, qui risquent
leur vie pour sauver celle des autres. Ils exercent un métier dangereux et
difficile, d’une grande pénibilité, et qui doit être reconnu comme tel. En dépit
d’effectifs relativement constants, leur activité a crû de 50 % en dix ans,
atteignant 4 millions d’interventions annuelles, dont 85 % pour des
secours aux personnes touchant souvent à des problématiques complexes, y compris
sociales et sociétales.
Le Gouvernement a apporté des précisions
concernant les sapeurs-pompiers professionnels ; Marie-Noëlle Battistel y
reviendra à l’amendement suivant. Pour ma part, je souhaitais interroger le
Gouvernement sur la reconnaissance de l’engagement associatif et citoyen des
sapeurs-pompiers volontaires – question chère au président Sylvain Waserman
et au groupe du Mouvement démocrate et apparentés. Avec le soutien de mes
collègues du groupe Socialistes et apparentés, j’ai obtenu, en
février 2017, que les sapeurs-pompiers volontaires soient éligibles au
dispositif du compte d’engagement citoyen : en échange de deux cents heures
d’exercice, ils ont droit à vingt heures de formation chaque année. Il existe
également la prestation de fidélisation et de reconnaissance, que Marc
Le Fur a déjà évoquée, ainsi qu’un dispositif d’engagement très innovant,
celui des jeunes sapeurs-pompiers volontaires.
Mais, comme je l’ai
souligné en commission spéciale, votre réforme a des conséquences pour la vie
associative en général. Aujourd’hui, les personnes qui s’engagent dans la vie
associative sont à 40 % des retraités, ce taux atteignant 44 % pour
les 60-70 ans. Quelles seront les conséquences du système de retraite à
points pour l’engagement bénévole des retraités, et qu’en sera-t-il pour les
sapeurs-pompiers volontaires ? Instaurerez-vous une majoration de points
leur permettant de partir plus tôt à la retraite ?
M. le
président. La parole est à Mme Monique Limon.
Mme Monique
Limon. J’ai bien entendu vos réponses, monsieur le secrétaire d’État et
monsieur le rapporteur, mais je tenais à souligner que le groupe La République
en marche avait déposé un amendement après l’article 48 – nous n’y
sommes pas encore… – visant à rappeler que les sapeurs-pompiers
participaient à des missions de sécurité civile de toute nature dans l’ensemble
du territoire, confiées certes aux services d’incendie et de secours mais
surtout, à 79 %, aux sapeurs-pompiers volontaires.
M. Marc Le
Fur. Votons tout de suite, puisque nous n’arriverons jamais à
l’article 48 !
Mme Monique
Limon. Il est essentiel de valoriser l’engagement des sapeurs-pompiers
volontaires. Nous souhaitons vivement qu’une solution soit trouvée en ce sens,
pourquoi pas dans le cadre de la proposition de loi de notre collègue Fabien
Matras. D’ores et déjà, par l’amendement qu’il a déposé après l’article 48,
notre groupe affirme sa volonté de valoriser cet engagement.
(Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LaREM et
MODEM.)
M. le
président. La parole est à Mme Clémentine Autain.
Mme
Clémentine Autain. Le cas des sapeurs-pompiers illustre à merveille,
malheureusement, le problème que pose un texte à trous. À l’instar des
policiers, les sapeurs-pompiers exercent une fonction dangereuse, a priori
reconnue comme devant relever à l’avenir d’un régime spécifique – concept
merveilleux, dans un régime dit universel ! Mais c’est bel et bien ce vers
quoi nous nous dirigeons… Or la liste des métiers dangereux n’est pas encore
arrêtée : elle le sera par ordonnance. On voit bien encore une fois que ce
texte à trous pose problème, qu’on n’y voit jamais parfaitement
clair.
Aujourd’hui, les sapeurs-pompiers gagnent une annuité de
cotisation tous les cinq ans, leur âge légal de départ à la retraite étant fixé
à 57 ans. Le basculement vers un nouveau système dans lequel, explique le
Gouvernement, les conditions propres aux sapeurs-pompiers seront maintenues,
nous plonge dans le flou le plus total. D’abord, l’âge de 57 ans ne sera
pas véritablement maintenu, puisque les sapeurs-pompiers seront soumis à l’âge
d’équilibre. En outre, le principe consistant à gagner une annuité de cotisation
tous les cinq ans ne pourra pas être transféré en l’état dans le système à
points. Nous avons besoin de réponses précises sur la façon dont vous
compenserez la perte des annuités, sans doute avec un gain de
points.
M. Christophe Castaner s’est engagé à revaloriser de six
points la prime de feu, après huit mois de grève des sapeurs-pompiers, ce qui
est considérable, et alors que ceux-ci demandaient une revalorisation de neuf
points. Pourquoi cet engagement n’a-t-il toujours pas pris effet ? Surtout,
les communes et les départements devront-ils supporter cet engagement de l’État,
qui représente des sommes non négligeables ? Enfin, nous attendons des
éclaircissements concernant les points de solidarité des sapeurs-pompiers
volontaires.
En définitive, nous devons voter un texte en nous fiant aux
promesses selon lesquelles les sapeurs-pompiers garderont un statut spécifique,
mais sans disposer de la moindre garantie quant aux mécanismes qui traduiront
ces promesses dans la pratique.
M. le
président. La parole est à M. Philippe Vigier.
M. Philippe
Vigier. Je suis heureux que Christine Pires Beaune nous ait offert
l’occasion de débattre des sapeurs-pompiers. Nous avions déposé un amendement à
ce sujet après l’article 48, mais le service de la séance l’a jugé
irrecevable.
Tout a été dit du travail extraordinaire qu’accomplissent
les sapeurs-pompiers volontaires, de leur générosité et de leur disponibilité.
Vous savez pertinemment, monsieur le secrétaire d’État, que si le modèle de
sécurité civile reposant sur les volontaires disparaissait, cette mission
pèserait bien davantage sur les finances publiques. Rappelons aussi combien
l’instauration de la fameuse prestation de fidélisation et de reconnaissance fut
difficile. On sait qu’il faut éviter que l’activité des sapeurs-pompiers
volontaires puisse être qualifiée de contrat de travail, sans quoi elle
tomberait sous le coup de la directive européenne du temps de travail. Aussi
faut-il probablement recourir à la notion de mission. Certains départements
expérimentent à ce titre la gestion individuelle de la disponibilité
opérationnelle – GIDO. Notre amendement proposait que dans le cadre d’une
GIDO, dix ans de disponibilité opérationnelle donnent lieu à une reconnaissance
sous forme de points. Vu le soutien unanime des députés de tous bords à l’égard
des sapeurs-pompiers volontaires, nous devrions pouvoir trouver une solution
pour reconnaître l’engagement de ces derniers.
M. le
président. La parole est à M. Pierre Dharréville.
M. Pierre
Dharréville. Mme Limon a bien de la chance que son amendement n’ait
pas été déclaré irrecevable. À vingt heures, alors que nous quittions la séance,
ce sont soixante amendements de notre groupe qui ont été jugés irrecevables d’un
coup !
Mme
Marie-Christine Verdier-Jouclas. Oh là là !
M. Pierre
Dharréville. Mais cela pose problème, madame, ils comportaient des
propositions susceptibles d’alimenter notre débat ! Je tenais à vous en
faire part, monsieur le président.
Par ailleurs, il paraît pour le moins
singulier de s’en remettre à une proposition de loi dont nous ne savons rien
– mais peut-être en savez-vous plus, monsieur le secrétaire
d’État ? – pour traiter ce sujet.
Je m’étonne que l’insécurité
juridique mentionnée par M. le rapporteur concernant le statut des
sapeurs-pompiers volontaires ne soit toujours pas levée. La situation est
suffisamment problématique, les sapeurs-pompiers s’en émeuvent suffisamment pour
que nous ne la passions pas sous silence. Vous ne pouvez pas prendre ce prétexte
pour dire que vous ne pouvez rien faire ! C’est au contraire un argument
supplémentaire qui doit vous convaincre de résoudre ce problème qui dure depuis
trop longtemps.
Une fois encore, nous avons la démonstration que le
système par points n’apporte pas de solutions aux difficultés du système actuel
que vous avez pointées. Il ne règle rien, et vous oblige à des contorsions
inutiles. Cherchons à améliorer ce qui peut l’être, mais par d’autres voies.
Celle que vous avez choisie, consistant à faire table rase, à bousculer les
cadres existants, provoquera une insécurité supplémentaire et une
régression.
(Les sous-amendements nos 41790 et 41791,
successivement mis aux voix, ne sont pas adoptés.)
(Les sous-amendements identiques nos 41792
et 42306 ne sont pas adoptés.)
(Les sous-amendements nos 41794, 42308 et
41795, successivement mis aux voix, ne sont pas adoptés.)
M. le
président. Je mets aux voix le sous-amendement
no 41799.
(Il est procédé au scrutin.)
M. le
président. Voici le résultat du
scrutin :
Nombre de
votants 112
Nombre
de suffrages
exprimés 101
Majorité
absolue 51
Pour
l’adoption 22
Contre 79
(Le sous-amendement no 41799 n’est pas
adopté.)
(Les sous-amendements nos 41797, 42307,
41800, 42319 et 42074, successivement mis aux voix, ne sont pas
adoptés.)
M. le
président. Je mets aux voix l’amendement no 23858.
(Il est procédé au scrutin.)
M. le
président. Voici le résultat du
scrutin :
Nombre de
votants 109
Nombre
de suffrages
exprimés 107
Majorité
absolue 54
Pour
l’adoption 32
Contre 75
(L’amendement no 23858 n’est pas
adopté.)
M. le
président. Je suis saisi d’un amendement no 23969 qui
fait l’objet de plusieurs sous-amendements,
nos 41956, 41959, 41960, 41963, 42303, 41964, 41967,
41968, 41972, 42284, 41971, 41975, 41976, 42086 et 42299. Ces deux derniers
sous-amendements sont identiques.
La parole est à Mme Marie-Noëlle
Battistel, pour soutenir l’amendement.
Mme
Marie-Noëlle Battistel. Il complète l’amendement précédent, puisqu’il
concerne les sapeurs-pompiers professionnels. Nous sommes nombreux, ici, à
participer aux célébrations de la Sainte-Barbe et par notre présence, nous
témoignons aux sapeurs-pompiers notre reconnaissance pour leur engagement au
service des biens et surtout des personnes. Chacun sait que leurs missions
croissent d’année en année. Souvent, les sapeurs-pompiers pallient des déficits
dans les territoires, la désertification médicale, le manque d’aides à la
personne… Nous devons l’affirmer et le reconnaître, mais aussi, en ce moment qui
engage leur avenir et leur retraite, nous assurer qu’ils seront traités à la
hauteur de leur engagement.
Nous vous remercions pour les éléments que
vous nous avez apportés, monsieur le secrétaire d’État, notamment en ce qui
concerne les vingt-sept ans de service et le départ à 52 ans. S’ils sont de
nature à rassurer les sapeurs-pompiers, nous nous inquiétons cependant de vous
entendre dire que vous ne pouvez pas vous engager davantage au motif que les
concertations sont en cours. Nous le regrettons, et nous aurions bien évidemment
souhaité que l’examen du texte ne commence qu’une fois les concertations
terminées : vous auriez ainsi pu prendre des engagements plus poussés et
plus fermes. Nous attendons néanmoins de votre part des éléments complémentaires
concernant notamment l’âge d’équilibre, la décote éventuelle, la valorisation
des cotisations et leur financement – dont nous craignons qu’il pèse sur
les collectivités, départements et communes.
M. le
président. La parole est à M. Pierre Dharréville, pour soutenir le
sous-amendement no 41956.
M. Pierre
Dharréville. Je voudrais prolonger ce que vient de dire Marie-Noëlle
Battistel. Ce n’est en effet pas la première fois que nous vous entendons dire
que vous ne pouvez aller plus loin en ce moment parce que des
« concertations » sont en cours – un mot qui est sans doute plus
approprié que « négociations ». Il y a des concertations avec les
sapeurs-pompiers, des concertations dans le domaine de la santé, des
concertations dans le domaine du financement, des concertations à tour-de-bras…
Bref, le texte n’est pas fini ! Vous n’êtes pas prêt, monsieur le
secrétaire d’État !
Je tiens à le souligner parce que je pense qu’il
n’est pas sérieux de voter ainsi une loi de cette nature, dotée d’une telle
ampleur, qui aura une telle portée sur notre pacte social. Au-delà du risque
d’inconstitutionnalité qui a déjà été soulevé maintes et maintes fois, j’attire
votre attention sur le fait que vous demandez aux députés de s’engager sur un
texte tellement plein de trous, tellement vide en réalité que cela revient à
leur demander un chèque en blanc. Vous n’avez pris les choses dans
l’ordre : si vous aviez vraiment voulu élaborer ce texte correctement, il
aurait fallu conduire d’abord de véritables discussions, ce qui n’a pas été fait
pendant les deux ans de préparation, et ensuite nous présenter un projet tout de
même un peu plus établi. Non seulement ce n’est pas le cas mais, en plus, vous
ne discutez toujours pas vraiment : l’écho que nous en avons de la part des
organisations syndicales est qu’il n’y a pas de véritables discussions et que
cela se passe mal.
M. Boris
Vallaud. Ah oui !
M. Pierre
Dharréville. Vous êtes en train de nous raconter des histoires. Ce n’est
pas sérieux. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR, SOC et
FI.)
M. le
président. Les sous-amendements nos 41959 de
M. Sébastien Jumel, 41960 de M. Pierre Dharréville et 41963 de
M. Sébastien Jumel sont défendus.
La parole est à Mme Caroline
Fiat, pour soutenir le sous-amendement no 42303.
Mme
Caroline Fiat. En commission spéciale, quand nous avons abordé le sujet
des militaires, on m’a rétorqué que, ceux-ci risquant leur vie pour la patrie,
il était évident qu’ils devaient avoir une retraite spéciale. J’avais alors dit
que, les pompiers risquant eux aussi leur vie pour la patrie, ils le méritaient
tout autant. Je n’avais pas eu de réponse. C’est devenu une
habitude…
Sans être tatillonne, je ne peux m’habituer à entendre de votre
part, monsieur le secrétaire d’État, que vous ne pouvez vous engager davantage.
Pour l’instant, une revalorisation leur est promise. Mais si demain il arrivait
quelque chose à l’un d’entre nous sur ces bancs, accepteriez-vous qu’un pompier
fasse seulement une « promesse » de soins ? Qu’on lui demande
quand, où, comment et qu’il réponde « Je ne sais pas, je vais y réfléchir,
je ne peux pas m’engager davantage pour le moment » ?
Soyons
sérieux : nous sommes en train de voter un texte de loi, nous devrions
logiquement nous prononcer sur des éléments clairs et précis. Mais nous n’en
avons aucun ! Quand je vais rentrer dans ma circonscription et rencontrer
les hommes du feu, ils me demanderont ce qui s’est dit. Tout ce que je pourrai
leur répondre, c’est que le secrétaire d’État ne peut pas s’engager
davantage ? Ce n’est vraiment pas sérieux. (Applaudissements sur les
bancs du groupe FI.)
M. le
président. La parole est à M. Sébastien Jumel, pour soutenir le
sous-amendement no 41964.
M.
Sébastien Jumel. Nous constatons que le Gouvernement n’est prêt sur
rien, et n’est prêt à rien : pas prêt sur les questions de financement, pas
prêt sur les questions de transition, pas prêt sur les questions de pénibilité,
pas prêt non plus sur la question qui nous occupe depuis deux heures, celle des
personnels assurant des missions de sécurité et de secours auprès de nos
concitoyens.
Vous nous dites, monsieur le secrétaire d’État, qu’il va
falloir attendre que les concertations prospèrent et que peut-être une
proposition de loi finira par régler la question… Ce n’est pas sérieux !
Vous consultez le Parlement sur un sujet de cette importance, avec vingt-neuf
ordonnances à la clef, c’est-à-dire vingt-neuf trous, et vous n’êtes prêt sur
rien ! Cela renforce évidemment les inquiétudes qui sont les nôtres et les
demandes réitérées de suspendre l’examen de ce mauvais texte. Comment
pouvez-vous avec autant d’assurance – et en donnant autant
d’assurances – présenter un texte aussi mal préparé, aussi mal ficelé,
aussi mal abouti (« On a
compris ! » sur les bancs du groupe
LaREM), avec d’aussi mauvaises simulations ? Mes collègues et moi
allons vous le répéter jusqu’à ce que vous en preniez conscience, car une chose
est d’entendre, une autre de comprendre. Les vociférations qu’on entend ici en
disent long sur l’état de fébrilité de la majorité. (Exclamations
diverses.)
Mme
Brigitte Bourguignon, présidente de la commission spéciale. On
n’entendait rien !
M. Nicolas
Turquois, rapporteur. Pas un mot !
M. le
président. Monsieur Jumel, s’il vous plaît. L’hémicycle est calme et
serein, et je compte que nous terminions cette séance sur le même ton.
M.
Sébastien Jumel. Il semble que les noms d’oiseaux ne volent pas jusqu’au
Perchoir, monsieur le président, mais je les entends de la place où je suis.
(Exclamations sur les bancs du groupe LaREM.) J’ai le sentiment de
développer mon argumentation de manière sereine, et je vous assure que j’ai
l’ouïe suffisamment fine pour entendre les propos désagréables, pour ne pas dire
désobligeants, de mes collègues marcheurs. (Mêmes mouvements.)
M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. C’est incroyable !
M.
Sébastien Jumel. Je tiens à insister sur le fait qu’un texte aussi mal
préparé mérite d’être remis sur le métier. Il faut en suspendre l’examen et
reprendre les négociations, permettant ainsi au temps de faire son
œuvre.
M. le
président. Les sous-amendements nos 41967, 41968 et
41972 de M. Sébastien Jumel sont défendus.
La parole est à
M. Olivier Marleix, pour soutenir le sous-amendement
no 42284.
M. Olivier
Marleix. Monsieur le secrétaire d’État, cela fait bien plus d’une heure
que nous débattons de la situation particulière des pompiers et, comme vient de
le dire Sébastien Jumel, nous n’avons aucune réponse.
S’agissant des
sapeurs-pompiers volontaires, le rapporteur nous a dit qu’on n’était pas sûr de
pouvoir transformer la PFR en points supplémentaires, et vous-même avez renvoyé
à une éventuelle proposition de loi dont nul ne sait quand elle serait
votée.
Sur les sapeurs-pompiers professionnels, il y a trois
sujets : l’âge de départ à 57 ans, la bonification permettant un
départ anticipé et évidemment la suppression des six derniers mois comme base de
calcul des pensions. Vous reprenez l’engagement du ministre de l’intérieur de
maintenir l’âge de départ à 57 ans, mais les choses ne sont pas si claires
dans le projet de loi. Non seulement l’article 36 renvoie à un décret en
Conseil d’État, mais il fait référence aux « fonctions » exercées,
sans les définir précisément. Aujourd’hui, les règles de retraite sont
applicables aux cadres d’emploi. Demain, elles le seront selon les fonctions
exercées, et ne concerneront donc pas tous les sapeurs-pompiers d’un même cadre
d’emploi. C’est une vraie question, qui préoccupe les sapeurs-pompiers et je
n’ai pas entendu de réponse
Il y a aussi la question des
cotisations : vous avez seulement dit qu’il y aurait sans doute une hausse,
on verra bien… Ce seront donc les communes et les départements qui paieront, à
travers le financement des SDIS !
Tout cela est vraiment
inacceptable. Je rappelle tout de même que l’on parle de plus de 250 000
personnes, soit 200 000 volontaires, 40 000 professionnels
et près de 13 000 pompiers sous statut militaire. Et pour toute
réponse, on nous dit « Faites-nous confiance » ! Ce n’est
évidemment pas suffisant et cela pose un vrai problème. Cela illustre, comme à
propos des avocats, l’absence de clarté de ce débat parlementaire.
M. Pierre
Dharréville. Eh oui !
M. Olivier
Marleix. Il y a eu des moments d’emportement ici où là tout à l’heure,
mais c’est parfaitement compréhensible quand il s’agit de dispositions aussi
importantes…
Mme
Caroline Fiat. Bien sûr !
M. Olivier
Marleix. …qui engagent tous les Français pour des dizaines et des
dizaines d’années, et qu’il y a aussi peu de réponses de la part du
Gouvernement ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe
LR. – Mme Danièle Obono
applaudit également.)
M. le
président. La parole est à M. Alain Bruneel, pour soutenir le
sous-amendement no 41971.
M. Alain
Bruneel. Je rejoins ce qu’a exprimé mon collègue Marleix à l’instant.
Nous disons la même chose : que ce soit pour les avocats ou pour le système
hospitalier, c’est pareil, nous n’avons pas de réponses, on est toujours dans
l’inconnu… Nous apportons des propositions, nous relayons des témoignages
poignants sur des situations très fortes, et nous aimerions aller jusqu’au bout
du débat avec vous, monsieur le secrétaire d’État, mais nous n’en avons pas les
moyens. Cela pose un véritable problème. Quand nous disons que la raquette a des
trous, ce n’est pas par plaisir mais parce qu’il faut bien constater qu’il y a
des manques dans votre réforme universelle des retraites. Vous ne pouvez jamais
répondre…. Mais vous ne pouvez pas demander au Parlement de voter une réforme
sans lui apporter les éléments de réponse nécessaires, les éléments susceptibles
de satisfaire l’ensemble des corporations, y compris celle des pompiers !
(Mme Caroline Fiat applaudit.)
M. le
président. Les sous-amendements nos 41975 et 41976 de M.
Sébastien Jumel sont défendus.
Nous en venons aux sous-amendements
identiques, nos 42086 et 42299.
Le sous-amendement
no 42086 de M. Marc Le Fur est défendu.
La parole
est à Mme Mathilde Panot, pour soutenir le sous-amendement
no 42299.
Mme
Mathilde Panot. Je vais tout de même récapituler la situation, parce
qu’il y a vraiment un manque de sérieux dans ce débat.
(« Ah ! » sur
les bancs du groupe LaREM.) Nous sommes en train de discuter d’un texte sur
les retraites sans connaître l’indicateur qui servira à calculer le point
– puisque vous renvoyez à un indicateur inexistant, le « revenu moyen
d’activité par tête » –, sans connaître l’âge d’équilibre
– d’ailleurs à la fois truqué et gelé dans l’étude d’impact –, sans
connaître le financement, sans connaître les critères de pénibilité, sans savoir
comment seront compensées les pertes entre autres pour les fonctionnaires,
notamment les enseignants, et pour les femmes, sans simulations individuelles,
sans réponses sur les avocats, les égoutiers, les pompiers, les soignants, les
danseurs et danseuses de l’Opéra…
Sur la question des pompiers,
vous renvoyez une fois de plus à une proposition de loi en disant que vous ne
pouvez pas vous engager alors que, depuis huit mois, ils se sont mobilisés
autour de revendications que nombre d’entre eux estiment ne pas avoir été
entendues, et qui ont donné lieu à des scènes d’affrontement entre CRS et
pompiers, images d’une répression terrible, scènes absolument indignes de notre
république. Je pense donc que nous avons droit à des réponses à propos des
pompiers, notamment des pompiers volontaires. Ce n’est pas sérieux d’examiner un
texte aussi important sans disposer de ces réponses. En agissant ainsi,
honnêtement, vous abîmez la république sociale ! (Applaudissements sur
les bancs du groupe FI. – Exclamations sur les bancs du
groupe LaREM.)
M. le
président. Sur l’amendement no 23969 et sur les
sous-amendements nos 42303 et 41972, ainsi que sur les
sous-amendements identiques nos 42086 et 42299, je suis saisi
par le groupe La France insoumise d’une demande de scrutin public.
Les
scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La
parole est à M. Stéphane Viry.
M. Stéphane
Viry. Cet amendement est utile et intéressant parce qu’il suscite une
réflexion collective sur les objectifs que la nation s’assigne à l’égard de
celles et ceux à qui nous devons beaucoup, en l’occurrence les sapeurs-pompiers
et les sapeurs-pompiers volontaires. On s’aperçoit que notre assemblée est en
attente d’éléments concrets, face à des inconnues totalement insupportables.
Vous savez, monsieur le secrétaire d’État, qu’à l’extérieur de cet hémicycle,
des corporations frondent. Depuis des mois, les sapeurs-pompiers attendent une
position claire du Gouvernement ; il y a quelques jours à peine, ils
étaient aux portes du Palais-Bourbon pour faire entendre leur voix. Il me paraît
que depuis le début de cette législature, les sapeurs-pompiers sont l’angle mort
des politiques publiques pour le Gouvernement. À travers ce texte, nous avons
pourtant l’occasion de leur envoyer un message très clair marquant une vraie
volonté de notre part. Je ne peux absolument pas me satisfaire de renvoyer tout
cela à l’hypothétique proposition de loi d’un collègue, sur la base d’un groupe
d’études constitué il y a quelques semaines suite à la volonté de nombre de
collègues de faire bouger les lignes s’agissant des sapeurs-pompiers
volontaire.
Mme
Marie-Christine Dalloz. Eh oui !
M. Stéphane
Viry. La situation française est suspendue aux conséquences de l’arrêt
Matzak, qui pose une grande difficulté : il est désormais urgent de
négocier un accord avec l’Union européenne, sans quoi notre système va
s’écrouler. Je déplore, à ce stade des débats, que personne n’ait un
commencement de réponse concrète : nous bien sûr, en tant que législateurs,
mais surtout les sapeurs-pompiers, qui attendent que le Gouvernement s’exprime.
Ce débat sur les retraites aurait dû être l’occasion de marquer une première
étape à cet égard. Mais, à ce stade de vos réponses, on reste encore sur sa
faim. (Applaudissements sur les bancs du groupe LR.)
M. le
président. Quel est l’avis de la commission sur l’amendement et sur les
sous-amendements ?
M. Nicolas
Turquois, rapporteur. L’amendement de M. Vallaud et de ses
collègues porte sur le maintien des droits acquis pour les sapeurs-pompiers.
Nous l’avons dit à de nombreuses reprises, les droits acquis resteront acquis.
La question sera traitée au titre V, dont le rapporteur est Paul
Christophe. Je vous invite donc, mes chers collègues, à l’aborder à ce
moment-là.
Au-delà, je vous invite à une réflexion collective. On
reproche souvent aux élus, quels qu’ils soient, de prendre des décisions de
dernière minute, en réaction à l’actualité. Nous envisageons une réforme
d’ampleur et prenons, pour cette raison même, le temps de la construction. Cela
implique d’abord de définir précisément l’objectif, le système de retraite
universel, ce qui est notamment l’objet du titre Ier. Une fois
ce travail achevé, les ministres chargés des différents dossiers pourront
finaliser les concertations engagées.
M. Olivier
Marleix. Suspendez l’examen du texte, alors ! Laissez du temps,
notamment pour la conférence de financement !
M. Nicolas
Turquois, rapporteur. Nous sommes en train de construire une
maison commune.
M. Olivier
Marleix. Maison commune, ben voyons !
M. Nicolas
Turquois, rapporteur. Il n’est pas absolument urgent de fixer, à
l’instant même, les modalités selon lesquelles les différentes professions
entreront dans cette maison commune.
Mme Danièle
Obono. Mais alors, que faisons-nous ici ?
M. Nicolas
Turquois, rapporteur. Nous pouvons attendre.
Mme
Marie-Noëlle Battistel. Il n’est pas urgent non plus d’examiner le
texte !
M. Nicolas
Turquois, rapporteur. Compte tenu de la multiplicité des statuts
évoqués, ne serait-ce que chez les pompiers…
Mme Sylvie
Tolmont. Sur quoi allons-nous voter, alors ?
M. Nicolas
Turquois, rapporteur. Sur la définition de la maison commune, du
système de retraite universel.
M. Olivier
Marleix. Nous ne savons pas comment elle est financée, la maison
commune !
M. Nicolas
Turquois, rapporteur. Nous allons voter aussi sur les mécanismes
de gouvernance et de gestion de cette maison commune, mais non sur la façon dont
chacune des professions ou corporations y entrera. Nous allons prendre le temps,
et il appartient à chaque ministre d’apporter des réponses. Cela s’appelle de la
négociation ; cela s’appelle des politiques publiques. (Exclamations sur
les bancs du groupe SOC.)
Mme
Marie-Noëlle Battistel. La négociation, ça doit se passer
avant !
M. le
président. S’il vous plaît, mes chers collègues…
M. Nicolas
Turquois, rapporteur. Vous faites la liste de toutes les
difficultés que connaissent chacune des professions. C’est en-dehors du sujet,
même si la question des pompiers est certes très importante. (Exclamations
sur les bancs des groupes SOC et LR.)
M. le
président. Mes chers collègues, s’il vous plaît, écoutons le
rapporteur !
M. Nicolas
Turquois, rapporteur. Construisons le système cible, validons-le.
Les chemins de transition seront élaborés par la suite. Avis défavorable sur
l’amendement et les sous-amendements. (Applaudissements sur quelques bancs du
groupe MODEM.)
M. le
président. Quel est l’avis du Gouvernement ?
M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. L’amendement précédent était
relatif aux sapeurs-pompiers volontaires et professionnels, l’un des
sous-amendements portant même sur les sapeurs-pompiers militaires. J’ai donc
répondu en embrassant l’ensemble de la question, mais sans doute n’ai-je pas été
suffisamment explicite.
La difficulté, monsieur le président, c’est que
nous revenons sur la question avec un amendement certes très clair, mais qui
entre d’une certaine manière en concurrence avec la série précédente. On me
demande, et à juste titre, des éclaircissements supplémentaires mais il en
résulte, depuis quarante-cinq minutes, un débat quelque peu décousu sur un sujet
qui semble pourtant intéresser tout le monde.
M. Pierre
Dharréville. Ne cherchez pas à nous diviser, c’est inutile.
M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. Revenons-en au présent
amendement. Peut-être faudrait-il d’ailleurs mieux concentrer les débats sur les
amendements,…
Mme
Marie-Christine Verdier-Jouclas. Ce serait une bonne chose !
M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. …dans la mesure où ce sont eux
qui sont la base de la réflexion : les sous-amendements ne viennent que
dans un second temps. Sans amendement, il n’y aurait pas de
sous-amendements.
M.
Sébastien Jumel. C’est au président qu’il revient d’organiser les
débats, pas à vous !
M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. C’était une simple réflexion de
ma part. Je vois qu’elle fait réagir certains d’entre vous, cela montre que tout
le monde chemine.
M.
Sébastien Jumel. Non ! Et il n’appartient pas au Gouvernement
d’organiser les débats !
M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. S’agissant des sapeurs-pompiers
professionnels, rappelons les éléments qui ont été sanctuarisés par le
Gouvernement et le ministre de tutelle, Christophe Castaner : le départ en
retraite à 57 ans et la limite d’âge à 62 ans. Quant aux missions
régaliennes dangereuses, il a été souligné qu’elles seront définies dans une
ordonnance, mais l’engagement du Gouvernement vaut, vous le savez : il n’y
a donc pas d’inquiétude à avoir.
Les sapeurs-pompiers professionnels sont
représentés par des syndicats, que j’ai rencontrés au ministère. Ils sont très
au clair sur tout ce qui a été acté et en sont satisfaits,…
M. Olivier
Marleix et Mme Marie-Christine Dalloz. Ce n’est pas ce qu’ils
disent !
M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. …notamment s’agissant de la
portabilité des droits à la retraite, dont j’ai parlé tout à
l’heure.
J’en viens aux sapeurs-pompiers volontaires. S’il était
nécessaire de créer pour eux un système de retraite particulier, nul doute que
tous ceux qui ont exercé des responsabilités depuis dix ou quinze ans l’auraient
fait avant nous. (Mme Cendra Motin
applaudit.)
Sans doute est-il facile de nous réclamer de faire les
choses que vous n’avez pas faites vous-mêmes. (Exclamations sur les bancs des
groupes SOC et LR.) Vous fixez d’ailleurs un niveau d’exigence très élevé,
mais c’est le même, j’imagine, que vous vous seriez appliqué à vous-mêmes.
(Exclamations sur les bancs des groupes FI et GDR.) C’est là une simple
réalité objective ! (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et
MODEM.)
Le sujet méritant d’être traité, je vous ai présenté l’état
des concertations en cours. Le rôle du Gouvernement était de partager ces
informations avec la représentation nationale. Le rapporteur vous a indiqué à
juste titre qu’il convenait d’être vigilant sur certains points de droit, connus
de certains d’entre vous, notamment Marc Le Fur. La solution pourrait être
d’avoir recours à la PFR plutôt qu’à un autre système qui ne serait pas
nécessairement adapté juridiquement.
M. Olivier
Marleix. C’est faux !
M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. Tout le reste est connu. La
concertation est en cours. N’oublions pas non plus, cela a été dit sur certains
bancs, qu’il faut prendre le temps de discuter avec ceux qui verseront la PFR,
si c’est la voie qui est choisie.
Mme
Marie-Christine Dalloz. Les collectivités territoriales !
M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. Les collectivités locales, en
effet. On ne peut tout de même pas faire grief au Gouvernement de prendre le
temps de dialoguer avec elles !
M. Olivier
Marleix. Ne nous faites pas voter, alors ! Qu’a fait
M. Delevoye pendant deux ans ? C’est incroyable ! C’était un
emploi fictif !
M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. On sait déjà beaucoup de
choses. Il en reste à établir, ce qui nécessite un peu de temps. D’où l’idée que
cela fasse l’objet d’une proposition de loi, qui pourrait être déposée par
Fabien Matras, député très engagé sur les questions de sécurité intérieure et
qui connaît bien le sujet. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes
LaREM et MODEM.)
M. le
président. La parole est à Mme Christine Pires Beaune.
Mme
Christine Pires Beaune. Veuillez m’excuser, monsieur le secrétaire
d’État, de revenir sur la question des sapeurs-pompiers volontaires. Je n’avais
pas eu la parole à la fin de la discussion sur l’amendement précédent, je
profite de l’examen de celui-ci pour le faire.
Les volontaires
représentent 79 % des effectifs de sapeurs-pompiers et effectuent les deux
tiers des interventions. Sans eux, le système ne pourrait pas exister. Tout le
monde l’a bien compris sur tous les bancs.
Permettez-moi d’être un peu
circonspecte quant au calendrier des mesures que vous avez évoquées.
La
mission pour la relance du volontariat des sapeurs-pompiers préconisait déjà
d’accorder des bonifications de points de retraite aux sapeurs-pompiers
volontaires. C’était sa proposition no 22, qui figurait en
toutes lettres dans le rapport qu’elle avait remis le 23 mai 2018 au
ministre de l’intérieur, Gérard Collomb.
Mme Danièle
Obono. Et voilà !
Mme
Christine Pires Beaune. Le pire, si j’ose dire, c’est qu’un plan
d’action 2019-2021 pour les sapeurs-pompiers volontaires a été présenté par
M. Collomb en septembre 2018, qui comprenait trente-sept mesures, dont la
vingt-neuvième portait elle aussi sur la possibilité d’accorder des points de
retraite aux sapeurs-pompiers volontaires.
Mme
Marie-Christine Dalloz. Depuis lors, on a changé de ministre…
Mme
Christine Pires Beaune. Le Président de la République lui-même a
mentionné à deux reprises l’engagement citoyen des sapeurs-pompiers volontaires
et évoqué la possibilité de leur accorder des points de retraite, précisément
dans le cadre du projet de réforme des retraites.
Certes, nous ne sommes
qu’en première lecture, mais je ne comprendrais pas que l’engagement pris par le
Président de la République et M. Collomb, et qui figurait dans le rapport
de la mission pour la relance du volontariat, ne devienne pas effectif à
l’occasion de l’examen de ce texte. (Applaudissements sur les bancs du groupe
SOC.)
Mme Marie-Christine
Dalloz. Bien sûr !
M. le
président. La parole est à M. Philippe Michel-Kleisbauer.
M. Philippe
Michel-Kleisbauer. Je tiens à apporter une précision. Une comparaison
malheureuse et un peu hasardeuse a été faite à plusieurs reprises dans
l’hémicycle entre le statut des sapeurs-pompiers et celui des
militaires.
Pourquoi les deux statuts ne peuvent-ils pas être
comparés ? Tous les membres de la commission de la défense nationale et des
forces armées, par exemple Bastien Lachaud, qui est très assidu à ses réunions,
sont aussi qualifiés que moi pour le dire : parce que
l’article 1er du statut général des militaires met le militaire
en position d’offrir sa vie, sur ordre, pour en protéger d’autres. Aucun autre
statut de droit commun ou de droit spécial ne prévoit une telle sujétion.
M.
Sébastien Jumel. Mais si, celui des pompiers justement !
M. Philippe
Michel-Kleisbauer. Il arrive que des pompiers ou des policiers perdent
leur vie, par bravoure ou par héroïsme, mais jamais sur ordre. Aucun autre
statut que celui des militaires ne contraint un homme à donner sa vie, lorsqu’il
monte à l’assaut ou marche au feu. Voilà pourquoi je trouve la comparaison
malheureuse, Je vous remercie de bien vouloir tenir compte de cette donnée, qui
place probablement le statut des militaires au-dessus des autres.
(Applaudissements sur les bancs du groupe MODEM et sur plusieurs bancs du
groupe LaREM.)
M. le
président. La parole est à Mme Danièle Obono.
Mme Danièle
Obono. Je tiens à apporter quelques précisions.
Vous parlez,
monsieur le rapporteur, d’une réforme d’ampleur : il s’agirait de prendre
le temps de construire une maison commune. Peut-être y a-t-il un malentendu.
Pour notre part, nous ne construisons pas avec vous de maison commune. Nous
sommes opposés à votre réforme des retraites, qui s’apparente pour nous à la
déconstruction, à la casse de toutes les conquêtes et acquis sociaux issus du
programme national de la Résistance.
Si vous pensez que nous sommes là
pour construire avec vous cette maison commune, vous vous trompez. (Murmures
sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.) Pour la lisibilité de nos débats,
il serait sans doute préférable d’en prendre acte. Nous sommes dans notre
rôle : nous pensons qu’il faut repenser les choses, reconstruire autrement
à partir du système existant.
Pour filer la métaphore, nous refusons les
plans de construction que vous proposez. Vous voudriez que l’on signe sans
regarder, que l’on vous dise « Banco, allons-y ! » sans savoir ce
qui sera fait, sans savoir à quelle enseigne les uns et les autres seront logés,
sans savoir combien cela va coûter. Il y a là une incompréhension
fondamentale.
Compte tenu de leurs statuts respectifs, les uns et les
autres – les militaires, les policiers, etc. – sont considérés de
manière différente, ce qui est normal. Mais tout de même, vous devriez avoir des
réponses ! Notre collège l’a dit tout à l’heure, cela fait deux ans
que vous réfléchissez à ces questions, vous n’avez pas commencé la semaine
dernière !
Quant aux engagements du Gouvernement, monsieur le
secrétaire d’État, ils valent ce que vous voulez bien qu’ils vaillent.
M. le
président. Je vous prie de conclure, ma chère collègue.
Mme Danièle
Obono. Pour notre part, nous ne prenons pas vos déclarations pour argent
comptant. Des engagements, des déclarations, nous en avons entendu !
Malheureusement, compte tenu de l’expérience des deux dernières années, nous
n’avons pas de raison de croire à ce que vous dites.
M. le
président. Il faut conclure…
Mme Danièle
Obono. Nous ne sommes d’ailleurs pas les seuls : la mobilisation
des sapeurs-pompiers continue car ils ne croient pas à la valeur de vos
engagements.
M. le
président. La parole est à M. Paul Christophe.
M. Paul
Christophe. Ma parole étant plutôt rare, je me permets de prendre un peu
de votre temps ce soir. Rassurez-vous, j’entends être beaucoup plus prolixe sur
le titre V, si nous arrivons un jour jusque-là. (Applaudissements
sur les bancs des groupes UDI-Agir, LaREM et MODEM.)
Dans la vie,
j’ai pour habitude d’être plutôt constructif. Ce n’est pas pour rien que notre
groupe s’appelait à l’origine « Les Constructifs ». Nous avons donc
l’intention de construire ensemble.
M.
Jean-Paul Mattei. Absolument !
M. Paul
Christophe. Je ne voudrais pas que les Françaises et les Français qui
nous écoutent, nous lisent ou nous regardent pensent qu’il n’y a qu’un seul
article dans ce texte de loi. Il y en a soixante-cinq, précisément parce que ce
texte majeur a besoin de s’appuyer sur des choses
construites.
L’article 1er porte sur les principes. On
peut faire, si l’on veut, la liste de tous les métiers, mais il ne faut pas
laisser croire que nous ne nous sommes pas penchés sur tous ces sujets, en
particulier que nous n’allons pas penser aux sapeurs-pompiers ; c’est tout
le contraire. Il en sera question, on l’a rappelé, à
l’article 48.
Le président Vigier l’a dit très justement, la
transformation du volontariat en contrat serait une erreur. La Cour des comptes
a estimé qu’elle coûterait 6 milliards d’euros, ce qui n’est pas neutre.
Cela mérite donc que l’on y réfléchisse.
Il est possible de construire en
privilégiant pour partie le dialogue social. C’est ce que nous faisons, de
manière assez inédite. Je suis parfois surpris de voir ceux qui défendent les
syndicats et la représentation sociale nous le reprocher. Pour ma part, je
trouve que cela a du sens.
Les droits constitués, les régimes
complémentaires et les transitions, dont il a été question tout à l’heure, font
l’objet des articles 61, 62 et 63. Je me languis un peu que l’on avance et
que l’on se transporte vers ces articles. J’aurai beaucoup de plaisir à les
aborder avec vous, avec toute la sérénité qui sied à nos débats. (Vifs
applaudissements sur les bancs des groupes UDI-Agir, LaREM et
MODEM.)
M. le
président. La parole est à M. Sébastien Jumel.
M.
Sébastien Jumel. J’imagine que dans 150 jours, nous serons en
situation d’examiner le titre V et vous nous trouverez dans les mêmes
dispositions.
Monsieur le secrétaire d’État, vos méthodes de concertation
sont déconcertantes : elles ne vous permettent pas de livrer à l’Assemblée
nationale le moindre éclairage sur un quelconque début d’aboutissement. Le débat
sur les sapeurs-pompiers l’illustre.
Monsieur le rapporteur, je trouve
que vous accomplissez votre travail avec beaucoup de bonne foi et dans une
transparence qui serait rassurante si elle ne nous donnait pas des sujets de
préoccupation. Vous nous proposez d’acheter une maison au Canada sans connaître
la valeur du terrain, ni la localisation, ni le prix exact, ni la qualité de
l’isolation : uniquement en vous faisant confiance sur sa capacité à
héberger notre famille.
Mais l’Assemblée nationale n’est pas un think
tank, ni un conseiller d’orientation ; on n’y dresse pas des plans sur la
comète, ni sur une maison au Canada ! Son rôle est de délibérer pour voter
la loi, laquelle fixe des règles, c’est-à-dire un cadre protecteur. Or, vous
êtes incapable de répondre à aucune de nos questions. Vous vous contentez de
nous dire « N’ayez pas peur, faites-nous confiance ».
Mme
Marie-Christine Dalloz. C’est ça !
M.
Sébastien Jumel. « Occupe-toi de rien, je m’occupe du reste »,
comme disait ma grand-mère. Non ! il n’est pas question, sur un sujet de
cette importance, que les organisations syndicales, les acteurs concernés ou
nous-mêmes vous signions un chèque en blanc. Le texte ne prend aucune
précaution, ne fournit aucun cadre, aucun principe clair. Vous êtes empêtrés
dans ce mauvais procédé. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe
LR.)
(Les sous-amendements nos 41956, 41959,
41960 et 41963, successivement mis aux voix, ne sont pas adoptés.)
M. le
président. Je mets aux voix le sous-amendement
no 42303.
(Il est procédé au scrutin.)
M. le
président. Voici le résultat du
scrutin :
Nombre de
votants 98
Nombre
de suffrages
exprimés 94
Majorité
absolue 48
Pour
l’adoption 20
Contre 74
(Le sous-amendement no 42303 n’est pas
adopté.)
(Les sous-amendements nos 41964, 41967 et
41968, successivement mis aux voix, ne sont pas adoptés.)
M. le
président. Je mets aux voix le sous-amendement
no 41972.
(Il est procédé au scrutin.)
M. le
président. Voici le résultat du
scrutin :
Nombre de
votants 97
Nombre
de suffrages
exprimés 93
Majorité
absolue 47
Pour
l’adoption 21
Contre 72
(Le sous-amendement no 41972 n’est pas
adopté.)
(Les sous-amendements nos 42284, 41971,
41975 et 41976, successivement mis aux voix, ne sont pas adoptés.)
M. le
président. Je mets aux voix les sous-amendements identiques
nos 42086 et 42299.
(Il est procédé au scrutin.)
M. le
président. Voici le résultat du
scrutin :
Nombre de
votants 101
Nombre
de suffrages
exprimés 99
Majorité
absolue 50
Pour
l’adoption 25
Contre 74
(Les sous-amendements identiques nos 42086
et 42299 ne sont pas adoptés.)
M. le
président. Je mets aux voix l’amendement no 23969.
(Il est procédé au scrutin.)
M. le
président. Voici le résultat du
scrutin :
Nombre de
votants 103
Nombre
de suffrages
exprimés 100
Majorité
absolue 51
Pour
l’adoption 27
Contre 74
(L’amendement no 23969 n’est pas
adopté.)
M. le
président. Je suis saisi d’un amendement no 23976 qui
fait l’objet de plusieurs sous-amendements.
La parole est à M. Régis
Juanico, pour soutenir l’amendement.
M. Régis
Juanico. Nous allons finir la séance en parlant du sport.
(« Ah ! » sur
plusieurs bancs.) Comme vous le savez, il existe un dispositif spécifique de
retraite pour les sportifs de haut niveau, institué par la loi de financement de
la sécurité sociale pour 2012.
Les carrières sportives se distinguent par
leur brièveté. Les sportifs entrent tardivement sur le marché du travail.
Environ 75 % des sportifs de haut niveau ne sont pas salariés et 50 %
vivent sous le seuil de pauvreté. Les entraînements intensifs et répétés
provoquent une usure des corps et des problèmes de santé, ainsi que des
blessures.
Depuis 2012, la loi permet de prendre en compte les périodes
d’inscription sur la liste ministérielle des sportifs de haut niveau lors de
l’ouverture des droits à la pension, sous certaines conditions d’âge et de
ressources : il faut avoir plus de 20 ans et les cotisations obéissent
à un plafond de 1 500 euros par mois. Un maximum de seize trimestres
peuvent être accordés, soit quatre années sur la totalité d’une carrière de
sportif de haut niveau, qui sont gracieusement financés par
l’État.
Malheureusement, ce dispositif n’est pas rétroactif. Il serait
néanmoins possible, dans le cadre du projet de loi, d’abaisser l’âge d’entrée
– certains sportifs sont précoces et atteignent un haut niveau avant
20 ans – et de porter à trente-deux le nombre de trimestres qu’il est
possible d’acquérir, pour correspondre à deux olympiades. Si c’est possible, il
faudrait également rehausser le plafond financier au-delà de
1 500 euros.
Je ne sais pas si ces demandes seront satisfaites,
mais je voudrais savoir si le Gouvernement entend maintenir dans le nouveau
système les droits des sportifs de haut niveau, en particulier ceux qui sont en
vigueur depuis 2012.
M. le
président. La parole est à M. Sébastien Jumel, pour soutenir le
sous-amendement no 41877.
M.
Sébastien Jumel. Il est effectivement important de mettre de côté les
préjugés pour examiner le sujet de la retraite des sportifs de haut niveau. Il
faut garder à l’esprit que leur carrière est brève, que les temps d’entraînement
ne sont pas toujours comptabilisés et ne font donc pas toujours l’objet de
cotisations. Ils n’ont pas tous le salaire de Kylian Mbappé ! Un grand
nombre d’entre eux ont des revenus loin d’être mirobolants, à peine au-dessus du
SMIC, comment en attestent de nombreuses études.
Ces spécificités ne
doivent pas être oubliées si nous voulons préserver nos sportifs d’aujourd’hui
et conserver nos capacités à en avoir demain. Il faut donc maintenir dans votre
mauvais système les petites avancées acquises, qu’a présentées M. Juanico.
Nous craignons que votre système par points s’articule mal avec les dispositifs
de bonification de trimestres, tels qu’ils ont été conçus pour prendre en
considération les particularités des carrières sportives. Tel est l’objet des
propositions que nous présentons.
M. le
président. Les sous-amendements nos 41880 de
M. Sébastien Jumel et 41882 de M. Pierre Dharréville sont
défendus.
La parole est à Mme Clémentine Autain, pour soutenir le
sous-amendement no 42304.
Mme
Clémentine Autain. Je me souviens que M. Turquois nous affirmait en
commission : « Nous essayons de ne rien oublier »… Au cours des
heures de débat en commission, nous avons évoqué de très nombreuses situations.
À chaque fois, il était impossible d’obtenir des informations précises sur la
manière dont le régime à points prendrait en charge leurs spécificités,
correspondant aux divers régimes actuels.
L’amendement du groupe
Socialistes et apparentés, que nous sous-amendons, vise justement à garantir aux
sportifs de haut niveau qu’ils ne seront pas victimes d’une forme de
moins-disant. Ils ne sont pas tous fortunés. Même si certains gagnent beaucoup
d’argent, ils exercent un métier physiquement très exigeant et leur reconversion
est compliquée. Une bonification est donc nécessaire. Aujourd’hui elle est
accordée sous la forme de trimestres, mais nous ne savons pas vraiment comment
ce sera le cas avec le régime à points.
Ce n’est qu’un des très nombreux
trous du texte. Nous atteignons ici les limites de ce que notre assemblée peut
faire. Nous n’avons pas obtenu de réponse tout à l’heure sur le cas des
pompiers, hormis qu’il nous fallait faire confiance aux promesses que vous
formulez la main sur le cœur.
M. Erwan
Balanant. Ce sera dans l’article 47 !
Mme
Caroline Fiat. On est en train de parler des principes !
Mme
Clémentine Autain. L’article 1er définit les principes,
et ils doivent être cohérents avec ce qui est développé dans la suite du texte.
Je veux bien qu’on saucissonne l’ensemble, mais si les principes qu’on avance au
début du texte ne trouvent aucune application dans la suite, cela revient à
s’asseoir dessus. C’est bien le problème de ce texte !
(Mmes Caroline Fiat et Mathilde Panot
applaudissent.)
De multiples questions ne reçoivent aucune réponse
– on nous demande juste de signer un chèque en blanc au Gouvernement.
Nombre de beaux principes sont affichés, mais finissent fracassés sur le mur de
la réalité du projet de loi. Effectivement, le débat devient infernal !
(Applaudissements sur les bancs du groupe FI.)
M. le
président. La parole est à Mme Danièle Obono, pour soutenir le
sous-amendement no 42300.
Mme Danièle
Obono. Il s’agit effectivement d’un sous-amendement et d’un amendement
qui visent à affermir le texte. Dans beaucoup d’autres cas, nous avons déposé
des amendements de suppression ou tendant à proposer des alternatives…
M. Bruno
Millienne. On est au courant !
Mme Danièle
Obono. …mais le présent sous-amendement veut bel et bien consolider,
notamment pour rassurer. Vous qui ne cessez d’affirmer qu’il faut vous croire et
que vos intentions sont bonnes, vous devriez l’adopter : nous pourrions
poursuivre le débat en confiance, car certains aspects seraient garantis. Cela
ne coûte rien.
Concernant les sportifs de haut niveau, nous voulons
souligner que certaines professions, dont la leur, se caractérisent par des
conditions de travail pénibles qui doivent être compensées par des droits
supplémentaires leur permettant de partir plus tôt à la retraite. Ces
professionnels jouissent moins longtemps de leur retraite, car ils vieillissent
en moins bonne santé, et leur espérance de vie est parfois réduite – chacun
a en mémoire des drames de sportifs morts brutalement sur le terrain, parfois
très jeunes : c’est un des risques de leur métier.
Nous estimons
donc qu’il est nécessaire de garantir le maintien de leurs droits acquis. Ce
sous-amendement permettra de consolider les principes généraux énoncés à
l’article 1er, pour faire en sorte que la discussion technique à
venir repose sur des fondements solides.
Mme
Caroline Fiat. Évidemment !
M. le
président. La parole est à M. Pierre Dharréville, pour soutenir le
sous-amendement no 41887.
M. Pierre
Dharréville. Les sportifs de haut niveau représentent un cas
particulier. Il faut effectivement reconnaître leur excellence et l’effort
consenti pour y parvenir – cela est du reste vrai dans d’autres domaines.
Leur situation est très inégale selon le sport pratiqué. Thierry Braillard, qui
fut secrétaire d’État chargé des sports, estimait que 40 % des sportifs de
haut niveau ou professionnels gagnent moins de 500 euros par mois
– Mme la présidente de la commission spéciale était d’ailleurs
rapporteure de la proposition de loi visant à protéger les sportifs de haut
niveau.
Il s’agit d’un sujet sensible, qui exige la prise en
considération de plusieurs particularités. En outre, certains sportifs de haut
niveau exercent une autre activité professionnelle : nous devons quand même
tenir compte de leur activité sportive lorsqu’elle est pratiquée à haut niveau.
À mon tour, je veux donc souligner la nécessité de poursuivre les avancées dans
ce domaine, et je me sens dépourvu d’éléments de réponse.
M. le
président. La suite de la discussion est renvoyée à la prochaine
séance.
2
Ordre du jour de la prochaine séance
M. le
président. Prochaine séance, demain, à neuf heures :
Suite
de la discussion du projet de loi instituant un système universel de
retraite.
La séance est levée.
(La séance est levée à minuit.)
Le Directeur du service du compte rendu de la séance
de
l’Assemblée nationale
Serge Ezdra
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