Assemblée nationale XVe législature Session
ordinaire de 2019-2020
Compte rendu intégral
Troisième séance du lundi 24 février 2020
SOMMAIRE
Présidence
de Mme Annie Genevard
1.
Système universel de retraite
Discussion
des articles (suite)
Article 2
(suite)
Amendements nos
2546 ,
5605, 5606, 5619, 5621, 5622, 5623, 5624, 5650, 5941, 5942, 5944, 5945, 5963,
5965, 5966, 5967, 5968
M. Nicolas
Turquois, rapporteur de la commission spéciale
M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État chargé des retraites
Amendements nos
4975, 4994, 4995, 4997, 4998, 5229, 5556, 5559, 5561, 5563, 5564, 5565, 5568,
5569, 5570, 5571, 5572 ,
5573, 5575, 5578, 5580, 5581, 5583, 5584, 5585, 5587, 5589, 5591, 5592, 5595,
5599, 5600, 5601, 5604 ,
24922 ,
42143, 42144, 42145, 42146, 42147, 42148, 42149 (sous-amendements) ,
42432 (sous-amendement) ,
26736, 29769, 29770, 29771, 29772, 29773, 29774, 29775, 29776, 29777, 29778,
29779, 29780, 29781, 29782, 29783
Rappel
au règlement
M. Patrick
Hetzel
Article 2
(suite)
Rappels
au règlement
M. Thibault
Bazin
M. Sébastien
Jumel
Article 2
(suite)
Amendements nos
3957 ,
26737, 29754, 29755, 29756, 29757, 29758, 29759, 29760, 29761, 29762, 29763,
29764, 29765, 29766, 29767, 29768 ,
42556 (sous-amendement)
M. Guillaume
Gouffier-Cha, rapporteur général de la commission spéciale
Amendement no
10
Rappel
au règlement
Mme Marie-Christine
Dalloz
Mme la
présidente
Article 2
(suite)
Amendement no
486
Rappel
au règlement
M. Thibault
Bazin
Mme la
présidente
Article 2
(suite)
Amendements nos
11087 ,
26936, 26937, 26938, 26939, 26940, 26941, 26942, 26943, 26944, 26945, 26946,
26947, 26948, 26949, 26950, 26951
Mme Carole
Grandjean, rapporteure de la commission spéciale
Suspension
et reprise de la séance
Amendements nos
26952, 26953, 26954, 26955, 26956, 26957, 26958, 26959, 26960, 26961, 26962,
26963, 26964, 26965, 26966, 26967 ,
42557 (sous-amendement)
M. Jacques
Maire, rapporteur de la commission spéciale
Amendements nos
3952 ,
5970, 5972, 5973, 5974, 5975, 5977, 5978, 5979, 5980, 5983, 5984, 5985, 5986,
5989, 5992, 5996, 5998 ,
24924 ,
24923 ,
24926 ,
24925
2.
Ordre du jour de la prochaine séance
Présidence de Mme Annie
Genevard
vice-présidente
Mme
la présidente. La séance est ouverte.
(La séance est ouverte à vingt et une heures trente.)
1
Système universel de retraite
Suite de la discussion d’un projet de loi
Mme
la présidente. L’ordre du jour appelle la suite de la discussion du
projet de loi instituant un système universel de retraite
(nos 2623 rectifié, 2683).
Discussion des articles (suite)
Mme
la présidente. Cet après-midi, l’Assemblée a poursuivi l’examen des
articles du projet de loi, s’arrêtant à l’amendement no 2546 à
l’article 2.
Article 2 (suite)
Mme
la présidente. Je suis saisie de plusieurs amendements identiques, le
no 2546 et dix-sept amendements du groupe La France
insoumise.
La parole est à M. Alain David, pour soutenir
l’amendement no 2546.
M.
Alain David. Le Gouvernement veut accréditer l’idée qu’il créerait un
système universel, sous-entendant que le système actuel ne le serait pas, ce qui
est faux. Par ailleurs, comme l’indique le Conseil d’État dans son avis, ce
qu’il propose « ne crée par un régime universel de retraite qui serait
caractérisé, comme tout régime de sécurité sociale, par un ensemble constitué
d’une population éligible unique, de règles uniformes et d’une caisse
unique », puisque subsistent à l’intérieur de ce système cinq régimes.
Enfin, le Gouvernement fait reposer son système sur des règles mouvantes, liées
à l’évolution de l’âge d’équilibre, ce qui est contraire à l’esprit d’un système
universel.
Mme
la présidente. La parole est à M. Alexis Corbière, pour soutenir
les amendements identiques no 5605 et suivants, déposés par les
membres du groupe La France insoumise.
M.
Alexis Corbière. L’alinéa 2 de l’article en dit long sur la
complexité de ce qui nous est proposé : « Le système universel de
retraite prévu par le présent titre est un ensemble de règles de calcul et de
conditions de versement des retraites, définies dans le cadre d’une
organisation, d’un financement et d’un pilotage unifié et communes à tous les
assurés qui exercent une activité professionnelle en étant soumis à la
législation française de sécurité sociale. »
Précisément, quelles
sont les règles de calcul et les conditions de versement des retraites ?
Vous connaissez notre opposition et nos doutes, depuis le début de ces débats,
concernant le grand nombre de variables qui ne sont pas connues, notamment le
calcul des points. Je ne réitérerai pas notre argumentation, mais il est tout de
même assez choquant que le critère même de calcul du point ne soit toujours pas
défini. Bref, selon nous, tout ce verbiage mériterait d’être supprimé. Tel est
le but de l’amendement que nous défendons.
Mme
la présidente. La parole est à M. Nicolas Turquois, rapporteur de
la commission spéciale, pour donner l’avis de la commission.
M.
Nicolas Turquois, rapporteur de la commission spéciale. L’alinéa
évoque la définition de règles communes, tant pour l’attribution des points que
pour les conditions de versement, ainsi qu’un pilotage commun. Le système actuel
propose des règles différentes – il existe quarante-deux façons de
calculer –, des versements différents – tenant compte de trimestres ou
de points, validant des valeurs portées au compte ou non en fonction de la
maternité, appliquant des conditions de réversion différentes… – et
quarante-deux pilotages différents, quand le système de retraite universel n’en
aura qu’un. Nous avons donc de légitimes raisons de penser que notre système est
beaucoup plus universel que la situation actuelle. Avis défavorable.
Mme
la présidente. La parole est à M. Marc Le Fur.
M.
Marc Le Fur. Une question se posera rapidement s’agissant de la
gouvernance, étant donné que certains régimes avaient constitué leur propre
organisation administrative. Ainsi, la MSA – mutualité sociale
agricole – gère les retraites des agriculteurs et l’ENIM
– établissement national des invalides de la marine – celle des gens
de mer. Les usagers, mais aussi les agents de ces organismes,
s’interrogent : que vont-ils devenir ? Qu’en sera-t-il de leur
activité professionnelle ? On ne peut aborder l’ensemble des questions
concernant la retraite sans se poser très clairement la question de la
gouvernance de l’administration de chacun de ces régimes. Vous affichez une
volonté d’uniformisation de ces différents systèmes : que se passera-t-il
pour leur gouvernance ? Des milliers d’agents sont concernés et
s’intéressent à cette question. Dans les rares moments que j’ai pu passer dans
ma circonscription…
M.
Roland Lescure. Bienvenue au club !
M.
Marc Le Fur. …j’ai été alerté par plusieurs d’entre eux.
Mme
la présidente. La parole est à M. Boris Vallaud.
M.
Boris Vallaud. Je ne désespère jamais d’obtenir une réponse.
Pouvez-vous nous donner, s’il vous plaît, le taux de rendement réel pour les
salariés et pour les indépendants ? Vous évoquez un taux de 5,5 % pour
les deux, mais je pense qu’il sera différent, ce qui constituerait évidemment un
grand coup de canif dans le principe de l’universalité.
Mme
la présidente. La parole est à M. Jean-Paul Dufrègne.
M.
Jean-Paul Dufrègne. Monsieur le rapporteur, dans sa réponse, a mis en
avant quarante-deux régimes différents et des modalités de calculs diverses. Il
a également fait référence à des conditions de réversion différentes.
Pourrions-nous avoir des explications sur ce dernier point ?
(Les amendements no 2546 et
identiques ne sont pas adoptés.)
M.
Marc Le Fur. Je n’ai pas eu de réponse à ma question ! Elle
intéresse pourtant des milliers de gens.
Mme
la présidente. Je suis saisie de plusieurs amendements,
no 4975 et identiques, déposés par les membres du groupe La
France insoumise.
La parole est à M. Loïc Prud’homme, pour les
soutenir.
M.
Loïc Prud’homme. Nous revenons sur cet alinéa 2, pour compléter la
demande du groupe GDR. La question des pensions de réversion n’est pas anodine
et M. le rapporteur n’a pas répondu. L’universalité est une tarte à la
crème que vous nous servez depuis maintenant trois mois, mais il faut en réalité
comprendre que votre système n’est pas du tout universel. En particulier, vous
privez les femmes divorcées du droit à une pension de réversion. Pouvez-vous
nous éclairer au sujet de ces dispositions qui mettent un nouveau coup de canif
dans la pseudo-universalité que vous nous vendez depuis des
semaines ?
Mme
la présidente. Quel est l’avis de la commission ?
M.
Nicolas Turquois, rapporteur. Monsieur Prud’homme, vous voulez
insérer la phrase « le système universel des retraites est un système
piloté par l’ensemble des cotisants ». Je ne sais pas ce que vous entendez
par là, sachant que nous confions le pilotage du système aux partenaires
sociaux : 50 % aux représentants des salariés et 50 % aux
représentants des employeurs. Cela me semble être la meilleure réponse à votre
demande.
Pour répondre à M. Le Fur, le système universel compte cinq
régimes : fonctionnaires, régime général, marins et deux régimes agricoles.
En-dessous, les multiples caisses déjà existantes perdurent. La MSA, par
exemple, ne traite pas uniquement des retraites ; elle est d’ailleurs le
seul système unifié. Ainsi, et c’est là mon expérience personnelle, on n’a
affaire qu’à elle pour toutes les autres questions également – logement,
famille… – et on est fort surpris d’avoir de multiples interlocuteurs
lorsqu’on rejoint le régime général. Bref, chaque caisse conservera ses
compétences autres que celles relatives à la retraite, et exercera ces dernières
dans le cadre d’une convention d’objectif et de gestion avec la future caisse
nationale de retraite universelle – CNRU. Défavorable.
Mme
la présidente. Quel est l’avis du Gouvernement ?
M.
Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Comme l’a très bien
expliqué M. le rapporteur, il n’y a pas d’inquiétude à avoir concernant les
caisses complémentaires. Une convergence longue est prévue, qui ne préjuge en
rien de ce qu’elles deviendront. Elles pourront agir par délégation de
service.
Monsieur Vallaud, vous êtes un passionné du taux de rendement et
vous avez raison, c’est un sujet intéressant. J’imagine que vous êtes
parfaitement à l’aise avec les différents taux existants, qui vont de 4 % à
12 % ?
M.
Boris Vallaud. Ma question concerne les hypothèses qui figurent dans
l’étude d’impact.
M.
Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Oui, mais il est tout
de même intéressant de rappeler que dans la situation actuelle, les taux de
rendement vont de 1 à 3. Le taux de rendement dans un système à points, c’est le
rapport entre la valeur de service et la valeur d’achat.
M.
Boris Vallaud. Non, je parle du taux de rendement réel.
M.
Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Sur la partie
contributive, ce rapport sera le même, que l’on soit indépendant ou
salarié ! Je ne comprends pas votre question. Les valeurs d’achat et de
service seront fixées par la gouvernance ; dans la mesure où celle-ci se
tient aux trajectoires budgétaires, le Gouvernement ne pourra que les entériner
et les confirmer par décret. Défavorable.
Mme
la présidente. La parole est à M. Thibault Bazin.
M.
Thibault Bazin. Monsieur le rapporteur, vous cherchez à nous rassurer,
concernant ces conventions d’objectifs.
M.
Roland Lescure. C’est son boulot !
M.
Thibault Bazin. Il y a de nombreux sujets concernant la gouvernance que
nous voulons aborder avec vous, mais le recours à l’article 49,
alinéa 3 de la Constitution nous empêchera sans doute de les évoquer, comme
cela a été le cas en commission spéciale.
Au sein de la CNAVPL
– caisse nationale d’assurance vieillesse des professions libérales –
se déclinent différentes caisses professionnelles, dont celles des
professionnels de santé. Comment s’articulera la convention d’objectif de la
caisse mère par rapport aux caisses filles, qui ont chacune des prérogatives et
une autonomie de gestion ? Y aura-t-il des sous-conventions
d’objectif ? Quelle latitude auront les caisses ? On voit bien qu’il y
a des objectifs et des moyens, mais qui les définit ? Garderont-elles leur
autonomie pour définir elles-mêmes leurs propres objectifs ? Pourront-elles
décider elles-mêmes de ce qu’elles feront de leurs réserves, sans être obligées
de financer la transition coûteuse que vous voulez leur imposer ?
M.
Marc Le Fur. Très bonne question !
Mme
la présidente. La parole est à M. Boris Vallaud.
M.
Boris Vallaud. M. le secrétaire d’État a parfaitement compris ma
question. L’AGIRC-ARRCO – Association générale des institutions de retraite
des cadres-Association pour le régime de retraite complémentaire des
salariés – par exemple présente bien un taux de rendement technique
incluant les cotisations contributives et non contributives, consolidées. C’est
ça le taux de rendement réel, et il n’est pas le même pour les salariés et pour
les indépendants.
M.
Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Mais si !
M.
Boris Vallaud. En effet, entre une fois et trois fois le PASS
– plafond annuel de la sécurité sociale –, la part des cotisations non
contributives dans le total des cotisations des indépendants pèse plus lourd. Le
taux de rendement technique consolidé est donc plus bas pour les indépendants
que pour les salariés.
M.
Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Non !
Mme
la présidente. La parole est à M. Jean-Paul Dufrègne.
M.
Jean-Paul Dufrègne. Depuis des heures et des jours, la majorité
regrette que nous n’abordions pas le fond du texte mais il se trouve qu’elle ne
répond pas à nos questions. Puisque le rapporteur avait abordé la question des
pensions de réversion, je lui ai posé une question très précise, et
M. Prud’homme y est revenu, s’agissant en particulier des femmes divorcées.
Pouvez-vous nous apporter les éléments de réponse que beaucoup
attendent ?
(Les amendements no 4975 et
identiques ne sont pas adoptés.)
Mme
la présidente. La parole est à M. Alexis Corbière, pour soutenir
les amendements no 5573 et identiques déposés par les membres du
groupe La France insoumise.
M.
Alexis Corbière. Monsieur le secrétaire d’État, monsieur le rapporteur,
qu’en sera-t-il des pensions de réversion ? Vous n’ignorez pas que des
universitaires ont, dans une tribune, interpellé le Gouvernement sur la menace
de suppression des pensions de réversion, qui affecte particulièrement les
femmes divorcées. Ce sujet lourd concerne de nombreuses personnes. Pour que le
débat s’éclaire, il faut que vous nous apportiez des précisions. C’est le sens
de ces amendements.
Mme
la présidente. Quel est l’avis de la commission ?
M.
Nicolas Turquois, rapporteur. Permettez-moi de commencer par
apporter une précision à M. Bazin qui a évoqué la question de la
gouvernance. La CNAVPL est une caisse-chapeau, en quelque sorte, qui regroupe
les caisses des différentes professions libérales.
M.
Thibault Bazin. En somme, c’est une caisse grand-mère !
M.
Nicolas Turquois, rapporteur. La CNAVPL, la CNAV – Caisse
nationale d’assurance vieillesse – et l’AGIRC-ARRCO intégreront directement
la CNRU. En revanche, toutes les « caisses filles » des professions
libérales demeureront conventionnées avec la CNRU, comme la MSA déjà évoquée.
Nous examinerons cette question à l’article 50.
Les pensions de
réversion, monsieur Corbière, seront abordées à l’article 46 : en tant
que rapporteur du titre 1er, je n’en maîtrise pas tous les
tenants et les aboutissants. Retenons néanmoins cette mesure phare : le
conjoint survivant percevra, selon des règles identiques pour tous, une pension
de réversion correspondant à 70 % du revenu antérieur du foyer. S’y
ajouteront des mesures spécifiques en cas de divorce pour tenir compte de
précédents conjoints. En tout état de cause, je le répète, les pensions de
réversion porteront les revenus du conjoint survivant à 70 % des revenus
perçus avant le décès de l’autre membre du couple.
Sur l’amendement, avis
défavorable.
Mme
la présidente. Quel est l’avis du Gouvernement ?
M.
Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Ce sujet a été évoqué
à plusieurs reprises. Je confirme les arguments déjà répétés, que vient encore
de rappeler le rapporteur. Avis défavorable.
Mme
la présidente. La parole est à M. Jean-Paul Dufrègne.
M.
Jean-Paul Dufrègne. J’entends la réponse qui nous est faite pour les
cas ordinaires, mais j’évoquais la question des femmes divorcées qui, souvent,
perçoivent une pension versée par leur ex-conjoint. Lorsque celui-ci décède, la
pension s’éteint. Sans réversion, certaines de ces femmes se retrouvent avec des
pensions très faibles qui ne suffisent pas à vivre.
Mme
la présidente. La parole est à M. Frédéric Petit.
M.
Frédéric Petit. Peut-être pourrions-nous éviter d’anticiper les
questions, celle-ci devant par exemple être examinée à l’article 46, où
toutes les garanties sont clairement précisées.
M.
Marc Le Fur. Mais nous n’arriverons jamais à
l’article 46 !
M.
Frédéric Petit. Si, à ce rythme, nous y arriverons peut-être… En
attendant, concentrons-nous sur l’article 2. Toutes les réponses à vos
questions figurent à l’article 46 où elles sont beaucoup plus détaillées
que nos échanges d’aujourd’hui.
M.
Jean-Marie Sermier. Vous perdez du temps ! C’est de
l’obstruction !
(Les amendements no 5573 et
identiques ne sont pas adoptés.)
Mme
la présidente. Je suis saisie de plusieurs amendements pouvant être
soumis à une discussion commune : l’amendement no 24922,
qui fait l’objet de plusieurs sous-amendements, et les amendements no
26736 et identiques.
La parole est à M. Alain David, pour
soutenir l’amendement no 24922.
M.
Alain David. Cet amendement vise à faire coïncider l’intitulé du
nouveau titre du code de la sécurité sociale avec son contenu. En effet, le
Gouvernement ne crée par un régime universel de retraite, mais bien un système
de retraite par points.
Mme
la présidente. Je suis saisie de plusieurs sous-amendements,
nos 42143 à 42149, pouvant faire l’objet d’une présentation
groupée.
La parole est à M. Fabien Roussel, pour les soutenir.
M.
Fabien Roussel. Ces sous-amendements visent à préciser la formule
« régime de retraite par points » qui est proposée par nos collègues
socialistes. Ainsi, notre premier sous-amendement ajoute les mots « pas
tout à fait universel », le rapporteur ayant lui-même souligné cet état de
fait dès les premiers jours du débat.
Mme
la présidente. La parole est à M. Marc Le Fur, pour soutenir
le sous-amendement no 42432.
M.
Marc Le Fur. Ce sous-amendement me permet de démontrer une fois plus
que le régime proposé n’est pas universel. Au-delà de 10 000 euros de
revenus, les cotisations de retraite sont supprimées. Prenons l’exemple de
M. X, dont le revenu est supérieur à 10 000 euros.
M.
Jean-René Cazeneuve. François Fillon ?
M.
Marc Le Fur. Au-delà de ce montant, il ne cotisera plus, en
contrepartie de quoi il ne percevra pas la pension de retraite correspondante.
C’est logique : pas de cotisation, pas de pension.
Cependant, le
prédécesseur de M. X – appelons-le M. Y –, qui gagnait lui
aussi très bien sa vie, par exemple 20 000 euros par mois, a cotisé
dans le système actuel et a donc droit à la pension correspondante. Or ce sont
les actifs qui paieront sa retraite, sachant que M. X ne cotisera plus
au-delà de 10 000 euros. En clair, les cotisants gagneront moins de
10 000 euros ! Ce sont donc les classes moyennes voire
inférieures qui financeront les retraites de personnes ayant gagné
20 000 euros par mois, pas leurs es successeurs, qui gagnent
autant.
M.
Jean-Paul Dufrègne. Eh oui !
M.
Marc Le Fur. Peut-être me démontrerez-vous l’inverse, monsieur le
secrétaire d’État, en arguant des phases de transition, mais elles ne font
qu’atténuer le problème sans le résoudre !
M.
Alexis Corbière. Exact !
M.
Marc Le Fur. Une personne ayant cotisé sur la base de
20 000 euros de revenu par mois a droit à la retraite correspondante.
Mais désormais, je le répète, ne cotiseront plus que les personnes gagnant moins
de 10 000 euros.
Mme
la présidente. Merci, monsieur Le Fur…
M.
Marc Le Fur. Vous prétendrez que peu de gens sont concernés, mais ce
sont tout de même 4 milliards d’euros que l’on retire ainsi du système de
retraite !
M.
Alexis Corbière. Une paille !
Mme
la présidente. Nous en venons aux seize amendements
no 26736 et identiques déposés par les membres du groupe de la
Gauche démocrate et républicaine.
La parole est à M. Alain Bruneel,
pour les soutenir.
M.
Alain Bruneel. Ces amendements visent à remplacer
« universel » par « inéquitable ».
M.
Philippe Latombe. Ça recommence !
M.
Alain Bruneel. Depuis le début du débat, vous prétendez que cette
réforme est juste et équitable, mais l’instauration d’un système par points
individualise à outrance le droit à la retraite et rend chacun comptable de son
seul sort. De fait, ce système se traduira par la hausse des inégalités, la
baisse des pensions de la majorité de la population et l’augmentation des
pensions de quelques-uns – qui pouvaient déjà compter sur des retraites
généreuses. Autrement dit, le chacun pour soi sera le principe fondateur du
régime de retraite que veut instaurer le Gouvernement.
Le texte que vous
proposez est forcément inéquitable, car un point cotisé par un ouvrier n’a pas
la même valeur qu’un point cotisé par un cadre étant donné la pénibilité de
leurs métiers et leur espérance de vie respective. En traitant de la même façon
des individus dont les situations professionnelles sont inégales, le
Gouvernement a donc fait le choix d’un système inéquitable de retraite qui aura
pour effet d’amplifier les inégalités entre assurés.
Mme
la présidente. Quel est l’avis de la commission ?
M.
Nicolas Turquois, rapporteur. Je ne résiste pas au plaisir
d’indiquer qu’une série d’amendements exactement identiques a déjà été déposée à
l’alinéa précédent : amendement du groupe socialiste, et sous-amendements
du groupe GDR et de M. Le Fur. Les arguments qui valaient pour
l’alinéa 1 valent donc pour l’alinéa 2.
J’en viens à la
question du nombre de PASS, avant que M. Petit, qui en est le spécialiste,
ne prenne le relais. Tout d’abord, au-delà de trois PASS, les cotisations ne
sont pas supprimées : le taux de 2,81 % s’applique à tout le monde.
M.
Marc Le Fur. Au lieu de 28 % !
M.
Nicolas Turquois, rapporteur. M. Le Fur évoque le cas
de M. X, qui ne cotisera plus, à partir de 2027, sur ses revenus au-delà de
10 000 euros et ne touchera donc pas la part de pension
correspondante, tandis que son prédécesseur, qui avait cotisé, aura des droits
qu’il faudra financer. Dans ces cas-là, heureusement, l’État assume ses
engagements !
M.
Marc Le Fur. Mais qui paiera ? Les personnes qui gagnent moins de
10 000 euros !
M.
Nicolas Turquois, rapporteur. Faisons une analogie avec les
mineurs, qui sont désormais très peu nombreux : est-ce à dire que l’on ne
paie plus leurs retraites ? La situation est un peu la même dans le domaine
agricole.
M.
Jean-Marie Sermier. Ce n’est pas une réponse !
M.
Nicolas Turquois, rapporteur. C’est clair : il y aura une
transition, l’État est responsable et assume les engagements pris par les
majorités précédentes. Si l’on souhaite l’extinction d’un système, il faut s’en
donner le temps. Avis défavorable.
Mme
la présidente. Quel est l’avis du Gouvernement ?
M.
Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Comme le rapporteur,
je relisais les amendements avant d’y répondre et je constatais qu’ils sont
exactement les mêmes que ceux que nous avons déjà examinés.(Applaudissements
sur plusieurs bancs du groupe LaREM.)
M.
Roland Lescure. Eh oui !
M.
Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Remplacer la notion de
répartition par celle de retraite par points ne fait guère avancer le débat et
n’en favorise pas la qualité, que chacun dit pourtant souhaiter sur tous les
bancs. Tâchons de mettre nos actes en cohérence avec nos propos, ce serait
extraordinaire ! (Applaudissements sur les bancs du groupe
LaREM.)
Vous savez, monsieur Le Fur, à quel point j’aime
débattre avec vous, mais la question que vous posez l’a déjà été quatre, cinq
voire six fois.
M.
Marc Le Fur. En vain !
M.
Jean-Marie Sermier. C’est la réponse qui nous intéresse !
M.
Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. La réponse est
toujours la même : la transition sera progressive et les taux de cotisation
vont décroître.
M.
Marc Le Fur. Que la transition soit progressive ne change rien au
principe !
M.
Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Vous formulez votre
question comme si nous organisions un big bang, comme si toutes les cotisations
allaient s’éteindre subitement au 1er janvier 2025 et comme
si toutes les pensions allaient monter en flèche. Vous faites comme si à cette
date, 100 % des personnes dont les revenus sont supérieurs à trois PASS,
déjà dans les starting blocks, allaient partir immédiatement à la retraite, et
100 % des cotisations disparaître. (« Pas du
tout ! » sur les bancs du groupe
LR.)
M.
Olivier Marleix. Tout de même, 65 milliards !
M.
Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Il va de soi que les
choses ne se passeront pas ainsi, et que la réponse à cette question est plus
sophistiquée. Il faudra du temps : la sortie du système se fera en biseau.
Avis défavorable. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LaREM et
MODEM.)
M.
Patrick Hetzel. Ce n’est pas convaincant !
Mme
la présidente. La parole est à M. Marc Le Fur.
M.
Marc Le Fur. Cette histoire des cotisations au-delà de
10 000 euros par mois et de la perte de 4 milliards, bien sûr
qu’elle soulève des interrogations ! Même les organisations salariales,
même le MEDEF s’en inquiètent !
M.
Roland Lescure. Ça, ça vous inquiète !
M.
Marc Le Fur. Il n’y a pas que le député Le Fur et ses collègues du
groupe Les Républicains qui s’en inquiètent.
Vous me dites que les
personnes touchant ces revenus paieront une cotisation supplémentaire de
2,8 %. Au lieu de 28 % aujourd’hui, que les choses soient bien
claires !
Je l’ai déjà dit avec ironie : cette mesure constitue
un énorme cadeau au Paris Saint-Germain. (Exclamations sur les bancs des
groupes LaREM et MODEM.)
M.
Erwan Balanant. Oh là là !
M.
Marc Le Fur. Mais si ! Cela vous gêne !
(M. Jean-Paul Dufrègne applaudit.)
C’est un
énorme cadeau aux employeurs versant des salaires élevés. Et quels sont les
employeurs dont la structure comporte de petits effectifs très bien payés ?
Le Paris Saint-Germain et certains clubs de football !
M.
Philippe Latombe. Il n’y aura pas de pension !
M.
Marc Le Fur. C’est la réalité ! Elle vous gêne, mais elle est là.
(Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.)
M.
Jean-Paul Dufrègne. Il a raison !
M.
Marc Le Fur. Les gens qui ont cotisé sur la base d’un salaire supérieur
à 10 000 euros bénéficieront d’une retraite : c’est légitime, ils
ont cotisé. Mais qui paiera cette retraite ? Ce ne seront pas leurs
successeurs à hauts salaires, ce seront les personnes percevant des salaires
moyens ou modestes, ce seront tous les Français ! Cela mérite quand même
que l’on se pose des questions.
Vous nous parlez de transition, mais
c’est du bla-bla ! Elle ne change rien au principe, elle l’atténue
simplement dans le temps. Je repose la question : pourquoi perdre
4 milliards d’euros ? La proportion de salaires élevés est plus
importante aujourd’hui qu’hier,…
M.
Frédéric Petit. Mais non !
M.
Marc Le Fur. …et sera peut-être encore plus élevée demain. Le montant
des recettes perdues n’en sera que plus grand. (Applaudissements sur quelques
bancs du groupe LR.)
Mme
la présidente. La parole est à M. Erwan Balanant.
M.
Erwan Balanant. Mon cher Marc Le Fur, je suis là depuis lundi.
J’ai l’impression d’être la marmotte, dans le film Un jour sans fin avec
Bill Murray et Andie MacDowell.
M.
Fabien Roussel. Encore ? Ça fait douze fois que vous
l’utilisez ! Il faudrait faire une vidéo avec ça !
M.
Erwan Balanant. Dans le rôle de Bill Murray, on a Marc Le Fur et
dans celui d’Andie MacDowell, on a la présidente Genevard. (Exclamations sur
les bancs des groupes LR et GDR.)
Mme
la présidente. Monsieur Balanant, nous étions convenus ce matin
qu’il n’y aurait pas d’intervention pour dire que l’on perdait son temps.
(Applaudissements sur les bancs des groupes LR et GDR.)
M.
Erwan Balanant. Madame la présidente, le rapporteur et le
secrétaire d’État ont répondu à cette question au moins une fois par jour.
M.
Sébastien Jumel. Il faut arrêter de parler pour ne rien dire !
M.
Erwan Balanant. Cette question a été réglée un nombre incalculable de
fois. L’autre jour, M. Le Fur, répondant, me semble-t-il, à
M. Turquois, a même dit « je crois que j’ai compris ».
Visiblement, il a oublié.
Dans le film Un jour sans fin, le
personnage principal s’en sort en trouvant enfin un sens à sa vie. J’aimerais
que nous trouvions enfin un sens à ces débats. (Applaudissements sur
plusieurs bancs des groupes MODEM et LaREM.)
M.
Pierre Dharréville. La Provence est là aussi !
Il est clair
qu’il y aura un manque à gagner de cotisations, au cours de la période de
transition que vous avez évoquée, monsieur le secrétaire d’État. Nous
avons, en effet, déjà évoqué ce sujet, mais avez-vous répondu à nos
questions ? Pour l’instant, nous n’avons pas obtenu les réponses que nous
espérions. Peut-être ne pouvez-vous pas nous les donner ? Si tel est le
cas, dites-le nous ! Cela clarifierait les débats.
Ce n’est pas un
hasard, si cette question revient, c’est parce que votre réponse n’est pas
satisfaisante. Vous nous dites qu’il y aura une transition en biseau. Très
bien : expliquez-nous la montée en charge pendant la transition !
M.
Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Je l’ai
fait !
M.
Pierre Dharréville. Les économistes nous disent que le manque à gagner
s’élèvera à 4 milliards d’euros par an. Si la transition est en biseau, ce
ne sera pas 4 milliards dès la première année, alors donnez-nous les
chiffres ! Dites-nous combien cela coûtera et quelle sera la montée en
charge. Voilà ce que nous vous demandons. Le Parlement veut être éclairé. Mais
si vous ignorez les chiffres, il y a un problème : peut-être que vous ne
savez pas comment cela se passera. Et si vous ne le savez pas, vous nous dites,
comme dans la publicité : « Et alors la marmotte »…
(Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes GDR et
LR.)
Rappel au règlement
Mme
la présidente. La parole est à M. Patrick Hetzel, pour un rappel
au règlement.
M.
Patrick Hetzel. Il se fonde sur l’article 58. M. Balanant
vient de se livrer à une attaque personnelle contre notre collègue Marc
Le Fur. (Protestations sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.)
Oui, absolument !
La question soulevée par M. Le Fur
engage 4 milliards. Nous avons demandé à plusieurs reprises 1 milliard
d’euros pour les agriculteurs, mais vous ne les avez pas ; en revanche,
vous avez 4 milliards pour les très hauts cadres !
(Applaudissements sur les bancs du groupe LR.)
Article 2 (suite)
Mme
la présidente. La parole est à Mme Anne Genetet.
Mme
Anne Genetet. Je souhaiterais revenir à l’essence de l’article 2,
qui porte sur le champ d’application de la réforme, et faire une pause poétique
et métaphorique.
Nous sommes tous ici des ouvriers, des artisans.
M.
Olivier Marleix. Des ouvriers amateurs !
Mme
Anne Genetet. En effet, nous construisons ensemble un grand projet de
société, une nouvelle maison, que j’appellerais « Ma retraite ». La
maison « Ma retraite » sera une et indivisible, protectrice,
solidaire, solide et pérenne.
M.
Marc Le Fur. Les sermons, c’est le dimanche !
Mme
Anne Genetet. Aujourd’hui, « Ma retraite » n’est pas une
maison unique : ce sont de nombreuses petites maisons, distinctes et toutes
anciennes. Certaines, opulentes, font envie, et d’autres, fragiles, prennent
l’eau. (Exclamations sur les bancs des groupes LR, FI et GDR.)
M.
Marc Le Fur. La vôtre brûle !
Mme
la présidente. S’il vous plaît…
Mme
Anne Genetet. Surtout, les conditions d’accès à ces maisons sont
illisibles. Il faut parfois frapper à plusieurs portes.
Vous l’aurez
compris, je dénonce ici les injustices du système actuel. Nous voulons bâtir une
maison commune, aérée, dépoussiérée, aux portes et aux fenêtres ouvertes, dotée
d’une rampe d’accès pour les personnes handicapées, accueillant ceux qui veulent
avoir un pied dedans et l’autre dehors. Les fondations de cette grande maison,
c’est le projet de loi organique, que, j’espère, nous examinerons bientôt, qui
les bâtira. Sa charpente, c’est le présent article qui en dessine la forme et le
périmètre. (Exclamations sur les bancs des groupes LR et GDR.)
Mme
la présidente. S’il vous plaît, mes chers collègues !
Mme
Anne Genetet. Vous, chers collègues de l’opposition, pour construire
cette charpente, vous utilisez des planches pourries ! Des planches qui ne
servent à rien, n’étayent rien ! (Applaudissements sur quelques bancs du
groupe LaREM.) Votre seule proposition est de maintenir l’existant, en
ignorant son déséquilibre, ce qui va le mener à son enlisement, à sa perte.
(Mêmes mouvements.)
Vous retardez non seulement ce chantier, mais
tous ceux à venir. Nous défendons l’unicité, la solidarité, la pérennité des
retraites : nous l’avions promis dans notre programme, nous tenons nos
engagements. Nous mènerons ce chantier à son terme. Aujourd’hui, je suis fière,
nous sommes collectivement fiers d’être des bâtisseurs. Vous, membres des
oppositions, êtes des fossoyeurs ! (Vifs applaudissements sur les bancs
du groupe LaREM et quelques bancs du groupe MODEM.)
Rappels au règlement
Mme
la présidente. La parole est à M. Thibault Bazin, pour un rappel
au règlement.
M.
Thibault Bazin. Il se fonde sur l’article 100, alinéa 5, qui
porte sur la méthode d’examen des amendements en discussion
commune.
Aujourd’hui, nous avons bien avancé, grâce au principe que vous
avez édicté, madame la présidente, de ne parler que des amendements.
M.
Maxime Minot. Et non de poésie !
M.
Thibault Bazin. C’est plus intéressant que de nous faire un sketch sur
vos ressentis sentimentaux, les planches pourries et les fossoyeurs. Nous sommes
ici pour avancer, pour aller au bout du texte, pas pour faire des vidéos
destinées à faire le jeu du déclenchement, ou non, du 49.3. Débattons projet
contre projet et refusons les interventions qui ne concernent pas le texte.
Parlons de l’article 2 relatif au champ d’application du projet de loi, et
des amendements en discussion ! (Vifs applaudissements sur les bancs du
groupe LR. – Mme Agnès
Thill applaudit également.)
Mme
la présidente. La parole est à M. Sébastien Jumel, pour un rappel
au règlement.
Monsieur Jumel, vous avez un micro de compétition, n’en
abusez pas !
M.
Sébastien Jumel. Vous noterez que nos positions progressent : nous
avons un régime spécial, avec un micro spécial ! (Rires.)
Ce
rappel au règlement pour dénoncer un fait personnel. Je trouve désobligeant de
considérer que nos collègues de droite sont des planches pourries. Ce n’est ni
vrai ni à la hauteur de leur engagement. (Rires et applaudissements sur les
bancs du groupe LR.)
Sur le fond, il y a Un jour sans fin,
L’homme qui valait 3 milliards… et l’homme qui perdait
4 milliards ! Nous vous posons une question claire sur ces
4 milliards qui s’envolent. Vous les prenez dans la poche des plus riches…
non, vous les leur donnez… (Rires.) Vous voyez, je finis par ne plus rien
comprendre à votre film ! Bref, à que rythme allez-vous les piquer aux plus
pauvres ? Selon quelles modalités ? Votre réponse sera de nature à
éclairer le débat, monsieur le secrétaire d’État. Vous devez nous
répondre : 4 milliards par an, ça fait du bruit !
Mme
la présidente. Vous parlez au fond, monsieur Jumel, ce n’est pas
un rappel au règlement.
M.
Sébastien Jumel. Non, je parle de la forme, madame la présidente.
Traiter nos collègues de planches pourries est désobligeant !
Enfin,
votre maison est sans fondations, sans toit, sans volets. C’est un courant
d’air, elle prend l’eau de toute part ! (Exclamations sur les bancs du
groupe LaREM.) Même le Conseil d’État affirme qu’elle n’est pas
étanche ! Répondez aux questions que nous vous
posons !
Article 2 (suite)
Mme
la présidente. Nous en venons aux votes.
(Les sous-amendements nos 42143, 42144,
42145, 42146, 42147, 42148, 42149 et 42432, successivement mis aux voix, ne sont
pas adoptés.)
(L’amendement no 24922 n’est
pas adopté.)
(Les amendements no 26736
et identiques ne sont pas adoptés.)
(L’amendement no 3957, repoussé par la
commission et le Gouvernement, n’est pas adopté.)
Mme
la présidente. Je suis saisie de seize amendements, no
26737 et identiques, déposés par les membres du groupe de la Gauche
démocrate et républicaine.
Ils font l’objet d’un sous-amendement
no 42556.
Sur ces amendements, je suis saisie par le groupe de
la Gauche démocrate et républicaine d’une demande de scrutin public.
(Exclamations sur les bancs du groupe LaREM.)
Le scrutin est
annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à
M. Jean-Paul Dufrègne, pour soutenir l’amendement no 26737
et les quinze identiques.
M.
Jean-Paul Dufrègne. En opposition à votre philosophie, nous pensons
qu’un système de retraite ne peut se résumer à un ensemble de règles de calcul.
La retraite est un droit, qui résulte d’une vie de travail et de labeur. Elle
n’est pas l’antichambre de la mort, mais une nouvelle étape de la vie.
C’est ainsi que nos aînés ont imaginé le système qui nous régit
aujourd’hui, et auquel les Françaises et les Français sont très attachés. Ils y
sont tellement attachés qu’ils rejettent majoritairement votre projet de loi,
qui n’est pas si attendu que vous le prétendez.
Ils ont bien vu qu’avec
l’âge d’équilibre qu’il introduit, et qui n’est autre que le recul du départ de
l’âge en retraite, des générations entières de travailleurs seront contraintes
de poursuivre leur activité sans pouvoir espérer profiter légitimement de leurs
dernières années de vie en bonne santé. Ils ont bien compris qu’avec
l’individualisation croissante qu’il prévoit, tout est fait pour nous faire
sortir de la logique de la sécurité sociale, qui veut que chacun cotise selon
ses moyens et reçoive selon ses besoins.
Au fond, la majorité ouvre ici
les portes du travail à vie, sans tenir compte de la pénibilité de certains
métiers, ni des difficultés rencontrées par les millions de travailleuses et de
travailleurs de ce pays. Sans doute est-ce là le rêve des néolibéraux que vous
êtes, chers collègues !
M.
Pierre Person. Mais non !
M.
Jean-Paul Dufrègne. Permettez-nous de revendiquer un autre modèle, et
de souhaiter au plus grand nombre la jouissance de jours heureux. Défendre un
droit à la retraite, c’est défendre un héritage social, une vision de
l’histoire. Permettez-nous de le faire par le biais du présent amendement.
(Mme Muriel Ressiguier applaudit.)
Mme
la présidente. La parole est à M. Marc Le Fur, pour soutenir
le sous-amendement no 42556.
M.
Marc Le Fur. Il est rédactionnel, et me permet surtout de poser à
nouveau une question à laquelle je n’ai pas obtenu de réponse. Pardonnez-moi,
monsieur le secrétaire d’État, mais je crois que cette question n’émane pas
uniquement des bancs du groupe Les Républicains, dont au demeurant les
membres traitent toujours du fond. Les organisation syndicales, dont le MEDEF,
vous interrogent aussi sur cette absence totale de cotisation retraite pour les
revenus supérieurs à 10 000 euros par mois. En effet, elle signifie
que ceux qui perçoivent les plus hauts revenus ne s’inscrivent pas dans la même
logique que les autres, et sont incités à s’inscrire dans celle de la
capitalisation.
Il y a là une question en suspens, s’agissant du
périmètre de notre système de retraite. Je ne comprends pas que vous ayez
accepté cette évolution.
M.
Philippe Latombe. Il faudrait lui faire passer une note de
synthèse !
Mme
la présidente. Quel est l’avis de la commission ?
M.
Nicolas Turquois, rapporteur. L’argumentaire développé à
l’instant par M. Le Fur n’a aucun rapport avec son sous-amendement
no 42556. Je n’y répondrai plus qu’à l’article 13 : c’est à
ce moment que nous expliquerons précisément ce qu’il advient des plafonds de 1,
de 3 et de 8 PASS et de tout ce qui va avec.
M.
Erwan Balanant. Pour la cinquantième fois !
M.
Nicolas Turquois, rapporteur. Sur les amendements déposés par le
groupe communiste, je rappelle qu’il y a deux considérations qui doivent être
explicitées dans un texte de loi sur les retraites. La première envisage la
retraite comme un droit. C’est de ce point de vue que vous vous placiez,
monsieur Dufrègne. Cette conception fonde clairement
l’article 1er, qui définit une liste de droits assis sur des
cotisations et expose les solidarités mises en œuvre. Mais ensuite il y a
l’application effective de ces droits, qui est l’objet de l’article 2,
conformément à certaines règles de calcul. Votre conception est légitime,
monsieur Dufrègne, mais nous l’avons abordée lors de l’examen de
l’article 1er. L’article 2 définit les règles d’application
de ces droits. Avis défavorable.
Mme
la présidente. La parole est à M. Marc Le Fur.
M.
Marc Le Fur. Mes collègues des Républicains m’ont soufflé une précision
très importante : la perte de 4 milliards par an doit être multipliée
par le nombre d’années de transition !
M.
Boris Vallaud. Eh oui !
M.
Marc Le Fur. Tant que des retraités ayant cotisé au titre de revenus
supérieurs à 10 000 euros par mois seront en vie, ils bénéficieront de
la pension afférente. Cela durera aussi longtemps que leur retraite.
M.
Frédéric Petit. Article 13 !
M.
Marc Le Fur. La transition durera donc vingt ou vingt-cinq ans, voire
trente ou quarante pour certains retraités. Monsieur le secrétaire d’État,
d’après vos propres évaluations, son coût total s’élève à environ
64 milliards d’euros. Ce n’est pas un petit sujet, 64 milliards,
fût-ce sur trente ans !
M.
Frédéric Petit. C’est 1 % des dépenses de l’assurance
retraite !
Mme
la présidente. La parole est à M. Boris Vallaud.
M.
Boris Vallaud. J’abonde dans le sens de M. Le Fur. Nous avons
également posé la question à plusieurs reprises, en pensant obtenir au moins une
fois la réponse. Quelle sera la chronique de la baisse du plafond de 8 à
3 PASS ? Nous ne le savons pas.
M.
Erwan Balanant. Comment pouvez-vous mentir à ce point ?
M.
Boris Vallaud. Son coût devrait osciller entre 64 et
70 milliards d’euros, au rythme de 3,7 milliards par an, afin de
financer les pensions de ceux partis en retraite avant l’entrée en vigueur de la
réforme. Qui paiera ? Les 99 % de Français
restants !
Autrement dit, les classes moyennes financeront les
retraites des plus riches. On est en droit de savoir comment sera financée cette
évolution, et selon quel calendrier elle aura lieu ! Peut-on obtenir ces
éléments d’information utiles à la représentation nationale ?
Mme
la présidente. La parole est à M. Frédéric Petit.
M.
Frédéric Petit. Rappelons que 4 milliards d’euros par an, cela
représente 1 % des montants dont nous parlons.
M.
Fabien Roussel. Vous ne trouvez pas 1 milliard pour les
agriculteurs, mais 4 milliards, ce n’est rien ? C’est un peu
fort !
M.
Frédéric Petit. Dans le cadre d’une transition d’une quinzaine
d’années, il est possible de décaler ou de lisser cette dépense, comme l’a
indiqué M. le secrétaire d’État. Vous conviendrez, monsieur Vallaud, que
l’on ne peut prévoir exactement la date à laquelle ces gens décéderont ! Il
faudra donc offrir un outil de management aux partenaires sociaux, qui
contrôleront tout cela pendant quinze ans et n’auront guère de difficulté, me
semble-t-il, à absorber ces 4 milliards sachant que, je le répète,
l’alignement des plafonds de cotisation sur 3 PASS rapportera chaque année
plusieurs dizaines de milliards d’euros au régime général !
M.
Bruno Questel. Ils le savent très bien !
M.
Erwan Balanant. Votons !
Mme
la présidente. La parole est à M. Sébastien Jumel.
M.
Sébastien Jumel. On vient d’expliquer aux agriculteurs que le
Gouvernement s’apprête à renoncer à la parole donnée parce qu’il ne trouve pas
1 milliard (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR, SOC et
LR. – M. Jean Lassalle
applaudit également) et vous faites cadeau de quatre fois plus aux plus
riches ? Et votre justification, c’est « On lissera, on absorbera, ca
va aller, ne vous inquiétez pas, ça ne se verra pas, ça se fera en
douceur » ? Mais de qui vous moquez-vous !
M.
Jean Lassalle. Eh oui !
M.
Sébastien Jumel. Vous avez décidé de câliner les plus riches !
Vous avez décidé de faire payer les plus pauvres ! Vous avez décidé
d’humilier les agriculteurs ! Vous avez décidé de renoncer à la parole
donnée ! Mais de qui vous moquez-vous ! (M. Loïc
Prud’homme applaudit.)
Plusieurs députés du
groupe GDR. Il a raison !
M.
Sébastien Jumel. Ce n’est pas possible ! Dans quel monde
vivez-vous ? Allez expliquer au Salon de l’agriculture que vous leur
refusez 1 milliard mais que vous en offrez 4 aux autres !
(Exclamations sur quelques bancs du groupe LaREM.)
M.
Fabien Roussel. Et en chantant l’Internationale, s’il vous
plaît !
M.
Sébastien Jumel. Ce n’est pas possible ! C’est humiliant !
(Applaudissements sur les bancs du groupe
GDR. – M. Loïc
Prud’homme applaudit également.)
Mme
la présidente. La parole est à M. Guillaume Gouffier-Cha,
rapporteur général de la commission spéciale.
M.
Guillaume Gouffier-Cha, rapporteur général de la commission
spéciale. J’aimerais fournir une précision qui me semble importante. Les
4 milliards disparaîtront progressivement.
M.
Sébastien Jumel. Quatre milliards par an !
M.
Guillaume Gouffier-Cha, rapporteur général. Il s’agit de
supprimer une ouverture de droits à pension. Contrairement à ce que vous
sous-entendez, monsieur Jumel, à la suite de M. Hetzel, le milliard que
vous évoquez ne peut à aucun moment être utilisé pour financer la retraite des
agriculteurs. (Exclamations sur les bancs du groupe GDR.)
M.
Sébastien Jumel. Si !
M.
Guillaume Gouffier-Cha, rapporteur général. Mais non !
M.
Jean-Paul Dufrègne. C’est la solidarité !
M.
Guillaume Gouffier-Cha, rapporteur général. Je regrette, le
système ne fonctionne pas ainsi. (Mêmes mouvements.)
M.
Pierre Dharréville. Et puis ce n’est pas grand-chose !
Mme
la présidente. Chers collègues, veuillez laisser M. le rapporteur
général s’exprimer.
M.
Guillaume Gouffier-Cha, rapporteur général. L’impôt peut
fonctionner ainsi, pas le régime de retraite. Je tenais à fournir cette
précision afin que le malentendu ne s’installe pas. (Applaudissements sur
quelques bancs du groupe LaREM.)
M.
Bruno Questel. Ils le savent très bien !
Mme
la présidente. La parole est à M. Jean-René Cazeneuve.
M.
Patrick Hetzel. Un grand diplomate !
M.
Jean-René Cazeneuve. Je regrette, mais il faut se répéter. Dès lors que
nos collègues des oppositions répètent indéfiniment ce qui a déjà été dit
– j’ai presque envie de dire qu’ils radotent – (Exclamations sur
les bancs du groupe LR) nous sommes obligés d’en revenir toujours aux mêmes
sujets.
M.
Patrick Hetzel. C’est ce qui s’appelle remettre une pièce dans la
machine !
M.
Thibault Bazin. Passons au vote !
M.
Jean-René Cazeneuve. Tout est dans l’article 13. La transition
durera vingt ans, c’est écrit. Que voulez-vous que l’on vous dise de plus, nous
n’allons pas le répéter indéfiniment ! Encore une fois, votre objectif est
de faire traîner les débats en longueur. (Applaudissements sur les bancs du
groupe LaREM et sur quelques bancs du groupe
MODEM. – Exclamations sur les bancs du
groupe LR.)
Nous voulons aller au terme de l’examen du texte. Vous,
non, alors vous répétez toujours les mêmes discours, mais nous allons nous
répéter aussi ! Nous avons tout notre temps.
Nous n’offrons aucun
cadeau aux plus riches, au contraire. À partir de 2027, ils verseront une
contribution exceptionnelle supplémentaire, qui n’ouvrira aucun droit à la
retraite. Ce n’est pas un cadeau ! (Applaudissements sur les bancs du
groupe LaREM et sur plusieurs bancs du groupe
MODEM. – Exclamations sur les bancs du
groupe GDR.)
Vous savez très bien – toutes les organisations
syndicales le disent, Piketty et tous les économistes sérieux le disent –
que ce que vous proposez est au contraire une redistribution à l’envers.
(Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM.)
M.
Pierre Dharréville. Vous ne pouvez pas dire cela !
M.
Jean-René Cazeneuve. Que se passera-t-il dans dix, quinze ou vingt ans,
si l’on ne fait rien ? Les entrées d’argent seront inférieures aux pensions
très élevées qu’il faudra verser aux cadres supérieurs, et vous aurez été
complices de cette redistribution à l’envers ! (Applaudissements sur les
bancs du groupe
LaREM. – M. Brahim
Hammouche applaudit également.)
M.
Boris Vallaud. Nous n’avons toujours pas obtenu de
réponse !
(Le sous-amendement no 42556 n’est pas
adopté.)
Mme
la présidente. Je mets aux voix les amendements
no 26737 et identiques.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme
la présidente. Voici le résultat du
scrutin :
Nombre de
votants 156
Nombre
de suffrages
exprimés 154
Majorité
absolue 78
Pour
l’adoption 40
Contre 114
(Les amendements no 26737 et
identiques ne sont pas adoptés.)
Mme
la présidente. Nous en venons à trois amendements identiques,
nos 10, 486 et 11087.
La parole est à M. Éric
Woerth, pour soutenir l’amendement no 10.
M.
Éric Woerth. Monsieur Cazeneuve, si nous devons nous répéter sans
cesse, c’est parce que vous refusez d’écouter le projet que nous vous avons
présenté. Votre collègue qui parle de maisons, de charpentes et de fondations
nous reproche de ne rien avoir à dire : elle n’a rien entendu, rien écouté,
elle n’a pas cherché à comprendre. (Applaudissements sur les bancs des
groupes LR, SOC et GDR.)
Chers collègues de la majorité, vous ne
cherchez en aucun cas à comprendre ce que nous disons. Vous y efforcer vous
aurait évité de nombreux ennuis, car, en matière de retraites, notre expérience
est bien supérieure à la vôtre. (Applaudissements sur plusieurs bancs du
groupe LR. – Exclamations sur les bancs du
groupe LaREM.)
Vous auriez peut-être pu comprendre, par exemple,
l’intérêt du plafond à 1 PASS. Cela vous a plu, pourtant, de récupérer un
régime en équilibre ! Cela vous a évité de poser certaines questions
auxquelles vous devez désormais répondre sous la contrainte.
Quant aux
cadres supérieurs, ils sont les super-perdants de la réforme, alors même qu’on
plaide en France pour un renforcement de l’encadrement. Les cadres y perdront
– pour une raison assez simple : ils n’auront plus accès à la sécurité
sociale – et le régime y perdra avec eux.
M.
Jacques Marilossian. Mais non !
M.
Éric Woerth. J’aimerais bien savoir si vous nourrissez un projet
similaire pour l’assurance maladie. Vous interrogez-vous sur la possibilité de
limiter à une certaine tranche de revenus – fixée à 3 PASS par
exemple – l’accès à la sécurité sociale et à l’assurance maladie ? Si
tel est le cas, dites-le nous, cela serait très intéressant !
M.
Jacques Marilossian. Ce que vous dites là est scandaleux !
M.
Éric Woerth. Enfin, j’aimerais que vous expliquiez correctement les
périodes de transition, ce que vous n’avez toujours pas fait. À l’heure
actuelle, avec des cotisations entre 3 et 8 PASS, les régimes sont
bénéficiaires. En effet, le montant des cotisations versées par les cadres
concernés est supérieur à celui des pensions versées. Tel est le cas de
l’AGIRC-ARRCO.
M.
Jean-René Cazeneuve. Aujourd’hui, monsieur le président Woerth, mais
demain ?
M.
Éric Woerth. Pas simplement aujourd’hui, monsieur Cazeneuve : au
moins jusqu’en 2040, d’après l’étude d’impact. Pourquoi abandonner un régime
bénéficiaire ? Pourquoi faites-vous disparaître ce régime bénéficiaire, qui
contribue à la solidarité pour ceux qui n’ont pas les mêmes revenus ? Il
n’y a aucune raison à cela. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe
LR.)
Enfin, les cotisations de solidarité dont vous êtes si fiers
existent d’ores et déjà. Vous vous vantez de prévoir un taux de 2,8 %, en
prétendant que c’est mieux que les 2,3 % en vigueur, mais le système actuel
prévoit trois cotisations de solidarité – on en oublie toujours deux !
En fait, les cotisations de solidarité, à l’heure actuelle, sont au dessus de
3 %.
Sincèrement, il faut avoir conscience que le système est
complexe. En réalité, chers collègues de la majorité, vous dénigrez un système
que vous connaissez mal…
Mme
la présidente. Merci, monsieur le président Woerth…
M.
Éric Woerth. Je m’en tiendrai là. (Applaudissements sur les bancs du
groupe LR.)
Mme
la présidente. Sur les amendements identiques nos 10,
486 et 11087, je suis saisie par le groupe Les Républicains d’une demande
de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée
nationale.
Rappel au règlement
Mme
la présidente. La parole est à Mme Marie-Christine Dalloz, pour un
rappel au règlement.
Mme
Marie-Christine Dalloz. Il se fonde sur l’article 56 et porte sur
le déroulement de nos travaux. J’ai déposé un amendement no 486
qui n’est pas identique aux amendements nos 10 et 11087 .
Certes, le corps de l’amendement l’est, mais l’exposé sommaire est différent. La
façon de procéder du service de la séance me choque un peu. J’aimerais obtenir
une explication. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe
LR.)
Mme
la présidente. Madame Dalloz, les exposés sommaires sont en effet
différents, mais l’amendement est identique.
M.
Jean-Paul Lecoq. On nous avait expliqué que cela fonctionnait
autrement ! Encore une nouvelle règle, en trois jours ?
M.
Thibault Bazin. Madame la présidente, rappel au règlement !
Mme
la présidente. Monsieur Bazin, je vous donnerai la parole après que
Mme Dalloz aura présenté son amendement.
M.
Jean-Marie Sermier. Les Républicains sont
bâillonnés !
Article 2 (suite)
Mme
la présidente. La parole est à Mme Marie-Christine Dalloz, pour
soutenir l’amendement no 486.
Mme
Marie-Christine Dalloz. L’article 2 consacre les grands principes
financiers. Or le choix de fixer le plafond à 3 PASS sera très pénalisant.
Tant pour le développement de leur carrière que pour leur protection sociale,
les cadres seront assimilés aux autres salariés. Ce n’est pas une juste
reconnaissance de leur rôle dans l’entreprise. Nos entreprises ont besoin de
cadres.
Votre réforme opère un nivellement par le bas. Le dispositif
actuel fonctionnait. Je ne comprends pas cette limitation à 3 PASS.
(Applaudissements sur quelques bancs du groupe
LR.)
Rappel au règlement
Mme
la présidente. La parole est à M. Thibault Bazin, pour un rappel
au règlement.
M.
Thibault Bazin. Sur le fondement des articles 56 et 100, madame la
présidente. Il s’agit de l’interprétation faite par le service de la
séance : comme nous appliquons un nouveau règlement, il importe de ne pas
prendre de mauvaises habitudes.
M.
Bruno Questel. Excellent règlement !
M.
Thibault Bazin. Il a été convenu, lors de la conférence des présidents,
que les amendements qui ne relèvent pas de l’obstruction devaient pouvoir être
défendus. Or en l’occurrence nos amendements font bien des propositions,
s’agissant des plafonds retenus, et leurs exposés des motifs sont différents.
C’est important, car c’est la liberté d’amendement des députés qui est en jeu.
La réserve de Conseil constitutionnel sur la réforme du règlement allait dans le
même sens.
Avec tout le respect et toute la considération que je vous
porte, madame la présidente, il est essentiel de veiller au respect de cette
règle. C’est l’intérêt de notre Parlement. Peut-être, chers collègues de la
majorité, serez-vous un jour dans l’opposition : vous serez alors heureux
d’en bénéficier ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe
LaREM. – M. Joël Aviragnet applaudit
également.)
Mme
la présidente. Monsieur Bazin, votre rappel au règlement m’inspire
plusieurs remarques. D’abord, la réserve du Conseil constitutionnel implique
que, lorsque des amendements identiques ont des exposés sommaires distincts,
cela justifie une présentation distincte.
Dans le cas présent, chacun a
défendu son amendement… (Exclamations sur les bancs du groupe
LR.)
M.
Thibault Bazin. Vous avez refusé !
M.
Bruno Questel. Excellente présidente !
Mme
la présidente. Mais pas du tout ! Je ne sais pas ce qui vous
fait penser que je n’allais pas appeler le troisième…
Plusieurs députés du
groupe LR. Regardez le tableau !
Mme
la présidente. Je ne suis pas maîtresse du tableau, mais j’avais bien
sûr l’intention d’appeler chaque amendement. La question ne se pose même pas.
Plusieurs députés du
groupe LaREM. Vous avez raison, madame la présidente !
Article 2 (suite)
Mme
la présidente. La parole est donc à M. Pierre Vatin, pour soutenir
l’amendement no 11087.
M.
Pierre Vatin. Comme cela a été dit, la réforme visant à porter le
plafond de 1 à 3 PASS risque de pénaliser les artisans, commerçants,
libéraux ou exploitants agricoles, compte tenu du taux de cotisation. Il est
donc proposé de maintenir un taux de cotisation spécifique à chaque profession
au-delà de 1 PASS. (Applaudissements sur les bancs du groupe
LR.)
Mme
la présidente. Quel est l’avis de la commission sur ces amendements
identiques ?
M.
Nicolas Turquois, rapporteur. J’aimerais d’abord adresser une
requête personnelle. Certains s’expriment de façon très bruyante, et, du fait
d’un effet d’entonnoir, cela provoque une souffrance auditive en bas de
l’hémicycle. (Sourires.)
Plusieurs députés du
groupe GDR. Pénibilité !
M.
Nicolas Turquois, rapporteur. Je vous assure !
M.
Jean-Paul Lecoq. Régime spécial pour les rapporteurs !
Mme
la présidente. S’il vous plaît…
M.
Nicolas Turquois, rapporteur. Je fais l’effort d’essayer de
répondre aux uns et aux autres. En retour, je demande que chacun fasse un peu
attention car c’est douloureux, je vous assure. Le son tombe en bas.
M.
Jean-Paul Dufrègne. Ce sont les ondes négatives !
M.
Nicolas Turquois, rapporteur. Ce n’est pas
anecdotique.
Quant à l’argumentation de M. Woerth, qui concerne
moins son amendement que la transition de 8 à 3 PASS, il est évident que
les régimes qui aujourd’hui sont concernés sont excédentaires : il y a plus
de cotisants que de pensionnés ! L’explication est démographique, comme
toutes celles qui concernent ce sujet-là. Il y a plus de salariés qui cotisent
sur la part de leur rémunération entre 3 et 8 PASS que de pensionnés.
Autrement dit, et puisque vous faites comme si tout devait basculer d’un jour à
l’autre en 2027, si le système devait continuer tel quel, cela ferait
4 milliards d’euros de points acquis chaque année, qu’il faudrait servir
dans le futur ! Les plus modestes seraient mis à
contribution.
Monsieur Woerth, vous avez raison : à l’instant
t, globalement, le système est excédentaire.
M.
Patrick Hetzel. Pas à l’instant t, jusqu’en 2040 !
M.
Nicolas Turquois, rapporteur. Mais individuellement, il s’agit
d’une redistribution négative. Les personnes qui perçoivent des revenus de cet
ordre ont une espérance de vie plus élevée que l’ensemble des pensionnés.
M.
Éric Woerth. D’où ma question sur l’assurance maladie !
M.
Nicolas Turquois, rapporteur. Les plus modestes cotisent donc
pour servir des pensions à 10 000, 12 000 ou 18 000 euros.
Nous y reviendrons dans le cadre de l’article 13.
Nous reviendrons
aussi sur le fait que vous vouliez une limitation à 1 PASS, ce qui rend
d’ailleurs votre argumentation peu cohérente. Dans ce cas, 23 % des
salariés seraient exemptés, là où notre réforme, avec une limite à 3 PASS,
permet d’intégrer 96 % des revenus et 99 % des personnes. Avis
défavorable.
Mme
la présidente. Quel est l’avis du Gouvernement ?
M.
Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Le rapporteur a raison
de nous inviter à nous écouter plus tranquillement. Outre le confort que cela
procure, cela aide sans doute à s’entendre et à se comprendre.
Nous avons
bien compris votre proposition, monsieur Woerth, nous en avons accusé réception
à plusieurs reprises depuis le début de nos travaux. Nous avons des projets
différents : vous plaidez pour un plafond à 1 PASS ; au-delà de
1 PASS, vous souhaitez maintenir des spécificités statutaires ; et
vous utilisez le levier que constitue l’âge légal.
M.
Éric Woerth. Vous le présentez bien !
M.
Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Vous voyez que je
comprends, quand il n’y a pas trop de bruit ! Mais je porte un autre
projet : une universalité large, une solidarité réaffirmée, une équité pour
l’ensemble de nos concitoyens.
Nos projets sont différents. J’entends que
vous défendiez le vôtre, et certains points me paraissent intéressants, mais ce
n’est pas le mien, ce n’est pas celui auquel je crois. Avis défavorable.
(Applaudissements sur quelques bancs du groupe LaREM.)
Mme
la présidente. La parole est à M. Olivier Marleix.
M.
Olivier Marleix. Monsieur le secrétaire d’État, monsieur le rapporteur,
vous n’êtes pas clairs, ni précis sur les chiffres. Et, cher collègue Cazeneuve,
certes nous en reparlerons à l’article 13, mais nous sommes également au
cœur du sujet en évoquant la question du plafond de cotisation dans l’article
qui traite du champ d’application du système universel.
La réforme
entraînera un déficit. L’AGIRC-ARRCO a publié des chiffres montrant que selon
les années – la démographie modifie la donne d’une année sur l’autre –
le déficit s’établirait entre 4 et 5 milliards d’euros par an, pendant une
période de transition de plus de vingt ans, soit au total 65 milliards
d’euros de déficit. Pourquoi faites-vous le choix d’un tel déficit, qui n’est à
l’avantage de personne, et certainement pas des hauts cadres qui devront se
débrouiller pour financer leur retraite par capitalisation ?
Vous n’êtes pas clairs sur le financement. Comment comptez-vous
financer la période de transition ? En piquant les réserves de
l’AGIRC-ARRCO ? Les organisations syndicales sont totalement opposées à
cette idée. En augmentant les cotisations ? Le MEDEF est contre également.
Même si la conférence de financement est autonome, nous aurions aimé des
explications. Nous n’en avons pas.
Vous n’êtes pas clairs non plus sur
votre philosophie. Pourquoi avoir décidé de dispenser les hauts salaires de la
solidarité ? Cela rappelle étrangement la réforme de l’UNEDIC, dans
laquelle vous avez également plafonné l’indemnisation pour les cadres, avec pour
conséquence de les renvoyer vers l’assurance privée tant le système devient vite
défavorable et dégressif. La question d’Éric Woerth sur vos intentions futures
en matière d’assurance maladie est donc tout à fait fondée.
Quelle
philosophie vous anime ? Quelle est votre vision de notre sécurité
sociale ? Une sécurité sociale qui ne serait plus qu’un filet de sécurité
plus les plus modestes et qui inviterait les plus riches à prendre leur
autonomie, ce n’est certainement pas ce que nous souhaitons pour notre pays.
(Applaudissements sur les bancs du groupe
LR. – M. Jean Lassale
applaudit également.)
Mme
la présidente. La parole est à M. Patrick Mignola.
M.
Patrick Mignola. Nous sommes vraiment dans une discussion projet contre
projet. La proposition du président Woerth, c’est 1 PASS. La nôtre, 3.
M.
Sébastien Jumel. Trois PASS ou 1 PASS, c’est
l’impasse !
M.
Patrick Mignola. Si je la reformule le plus objectivement possible, le
système reposerait sur une retraite de base pour l’ensemble des Français et
ensuite des complémentaires. Disons-nous les choses : il y aurait des
complémentaires et de la capitalisation, c’est ainsi que cela se passerait. Si
l’on créait un « SMIC retraite » pour tous, s’élèverait-il jusqu’à la
barre de 40 000 euros, soit 1 PASS ? Cela signifie bien que
votre projet est de faire appel à des régimes complémentaires et à de la
capitalisation. Jusqu’à preuve du contraire, ce faisant, on avantage plutôt les
personnes les plus riches du pays. Nos projets sont bien différents. Si je
voulais faire un trait d’esprit, mais j’en ai peu, je dirai que c’est le projet
du président des riches, le président Woerth.
M.
Maxime Minot. Attaque personnelle !
M.
Patrick Mignola. Nous devons conserver un système par répartition.
M.
Patrick Hetzel. Vous jouez un drôle de jeu !
M.
Patrick Mignola. Ensuite, j’ai regardé les chiffres, puisque vous en
réclamez. Selon l’AGIRC-ARRCO, le système est aujourd’hui excédentaire de
500 millions d’euros, pas de 4 milliards ! Je suis désolé, il y a
une erreur dans vos chiffres… Et que rapporterait la cotisation de solidarité
au-delà de 3 PASS ? 500 millions d’euros ! En réalité,
aujourd’hui, le système ne perd rien financièrement. Au fur et à mesure que le
nombre de pensionnés au-delà de 3 PASS augmenterait, l’excédent serait
ramené à 400, 300 millions… et ce seraient les pauvres qui finiraient par
payer pour les riches !
C’est bien le système du président des
riches, et ce n’est pas le nôtre. (Applaudissements sur plusieurs bancs des
groupes MODEM et LaREM.)
M.
Éric Woerth. Vous n’avez pas très bien compris comment cela
fonctionne !
Mme
la présidente. La parole est à M. Charles de Courson.
M.
Charles de Courson. L’amendement de M. Woerth a le mérite de poser
une question de fond : celle du niveau du plafond. Le projet gouvernemental
propose 3 PASS, Éric Woerth 1 PASS.
Mais, monsieur le
secrétaire d’État, comment allez-vous vous en sortir pour les professions
libérales ? Vous ne voulez pas de l’amendement de M. Woerth, pas plus
que vous ne voulez fixer à 1 PASS le plafond pour les professions
libérales. Si vous essayez d’en sortir en leur promettant un double abattement
de 30 %, vous vous heurterez, s’agissant de l’assiette de la CSG
– contribution sociale généralisée –, à la jurisprudence
constitutionnelle sur les impositions de toute nature.
M.
Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Non !
M.
Charles de Courson. Si, sur la CSG, vous n’y couperez pas. N’anticipons
pas la décision du Conseil constitutionnel, mais la CSG est une imposition de
toute nature.
Quand au second abattement sur les cotisations, il est
défendable dans un régime autonome, mais pas dans un régime universel. Comment
justifierez-vous un écart d’assiette dans le même régime ?
Monsieur le secrétaire d’État, il serait bon que vous répondiez à
ces deux questions.
M.
Sébastien Jumel. Êtes-vous sûrs de vouloir continuer ? Plus il y a
d’articles, plus il y a de questions ! (Rires.)
Mme
la présidente. La parole est à M. Boris Vallaud.
M.
Boris Vallaud. Il y a, en effet, une divergence politique majeure. Elle
sépare ceux qui ont en mémoire le modèle historique d’assurance vieillesse
français et votre projet. Votre projet consiste essentiellement à passer d’un
système bismarckien à un système beveridgien, c’est-à-dire d’un système
assurantiel à un système assistanciel.
Votre système est
assistanciel : vous faites sortir les riches et vous instaurez un filet
de sécurité minimal pour les plus pauvres.
Plusieurs députées du
groupe LaREM. Mais non !
M.
Boris Vallaud. Nous le voyons bien : vous faites sortir du système
les 1 % les plus riches, alors que 30 % des pensionnés
– 40 % chez les femmes – ne disposeront que du minimum
vieillesse. Vous déconnectez d’ailleurs les besoins de chacun de ce qu’il aura
contribué ; ce filet de sécurité est donc indifférent du taux de
remplacement et de ce qui aura été cotisé.
La même logique a prévalu lors
de la réforme de l’Unédic, avec l’instauration d’un filet de sécurité
véritablement minimal pour les plus pauvres et la sortie des plus riches du
système.
Vous opérez donc un changement de philosophie majeur en
construisant un système assistanciel là où nous avons créé, depuis 1945 et même
avant avec les lois de 1910 et 1928, un système assurantiel.
M.
Olivier Marleix. Eh oui…
Mme
la présidente. Je mets aux voix les amendements identiques
nos 10, 486 et 11087.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme
la présidente. Voici le résultat du
scrutin :
Nombre de
votants 155
Nombre
de suffrages
exprimés 150
Majorité
absolue 76
Pour
l’adoption 36
Contre 114
(Les amendements identiques nos 10, 486 et
11087 ne sont pas adoptés.)
Mme
la présidente. La parole est à M. Fabien Roussel, pour les
soutenir l’amendement no 26936 et les quinze amendements
identiques du groupe de la Gauche démocrate et républicaine.
M.
Fabien Roussel. Ces amendements visent à réintroduire un pilotage
paritaire de la caisse de retraite que vous souhaitez créer, car votre volonté
est, en réalité, de l’exclure. La discussion que nous venons d’avoir nous
conforte dans l’idée que confier la gestion de notre caisse de retraites aux
organismes paritaires – aux représentants des salariés et du
patronat – permettrait une bien meilleure gestion que ce que vous envisagez
de faire.
Vous souhaitez sortir les hauts salaires de l’effort de
solidarité. Jusqu’à 8 PASS, le système est bien excédentaire, cela a été
dit par M. le rapporteur, et cela contribue à la solidarité et à la
redistribution – ce que les partenaires sociaux savent parfaitement gérer.
En excluant les hauts salaires du système, ce sont aux bas salaires qu’il
reviendra de financer les basses retraites ; c’est pourquoi votre système
de retraite est une fabrique à pauvres. C’est pour empêcher cela que nous
demandons que les organisations syndicales et les représentants des salariés
aient les pleins pouvoirs dans l’organisation de notre futur système de
retraite.
Mme
la présidente. Quel est l’avis de la commission ?
M.
Nicolas Turquois, rapporteur. Je redonnerai l’explication que
j’ai déjà donnée, car la première fois un certain nombre de personnes n’étaient
pas présentes.
Je vous invite d’abord à consulter le titre IV du
projet de loi, dont mon excellente collègue Carole Grandjean est la rapporteure,
et notamment l’article 49, qui prévoit la présence équitable des
représentants du personnel et des représentants des employeurs au sein du
conseil d’administration de l’établissement chargé du pilotage du système de
retraite.
Aujourd’hui, plusieurs régimes différents existent, lesquels
ont chacun leur conseil d’administration ; ils équilibrent leurs comptes en
fonction de leurs contraintes spécifiques et demeurent plus ou moins à l’abri de
l’attention médiatique. Demain, vous aurez une seule caisse nationale
universelle et un seul conseil d’administration : les décisions de
celui-ci, qui pourront porter sur l’indexation des points ou encore l’âge pivot,
seront scrutées par les médias, ce qui renforcera considérablement leur poids
politique. Par conséquent, si avec cette orientation, nous ne favorisons pas un
pilotage paritaire, j’aimerais savoir de quoi il s’agit !
L’avis est
donc défavorable.
Mme
la présidente. Quel est l’avis du Gouvernement ?
M.
Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Il est également
défavorable à cette redéfinition proposée par les députés communistes.
M.
Jean-Paul Dufrègne. Ce serait bien pourtant !
M.
Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Je crois beaucoup à la
gouvernance et au paritarisme et, en vous écoutant et relisant votre amendement,
je me demandais ce qui pouvait vous mobiliser et vous donner l’envie de déposer
ce type d’amendement. Vous vous êtes emparés, les uns et les autres dans cet
hémicycle, des études de l’AGIRC-ARRCO avec beaucoup d’ardeur, aussi je présume
que l’organisation de cette association doit vous satisfaire. Si vous y êtes
sensible, cela tombe bien, car il s’agit du modèle qui nous a inspiré pour bâtir
la gouvernance du système universel de retraite.
Il y a des éléments sur
lesquels nous pouvons ne pas être d’accord. Vous pouvez imaginer que nous sommes
inspirés par une théorie libérale anglo-saxonne,…
M.
Jean-Paul Dufrègne. Un peu quand même…
M.
Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. …même si je le réfute
et considère comme une erreur de nous affubler de ce type de caricature. Mais si
vous accordez du temps à la lecture du texte et notamment du titre IV
consacré à la gouvernance, vous, qui êtes attentifs au dialogue social et à la
démocratie sociale, devriez tout de même y trouver votre compte.
Mme
la présidente. La parole est à Mme Carole Grandjean, rapporteure
de la commission spéciale.
Mme
Carole Grandjean, rapporteure de la commission spéciale. Sur le
mode de gouvernance que vous souhaitez voir instauré, nous sommes d’accord, mon
cher collègue. Nous serons d’accord sur un autre point : la gouvernance
actuelle des caisses de retraite n’est pas paritaire. La nouvelle gouvernance
que nous souhaitons instaurer poursuit précisément l’objectif du paritarisme,
avec une cogouvernance par les représentants des syndicats de salariés et des
organisations patronales. C’est pourquoi votre amendement me paraît totalement
satisfait. Le modèle de gouvernance que nous défendons pour le conseil
d’administration de l’établissement chargé du pilotage du système de retraite
est comparable à celui de l’AGIRC-ARRCO ; je crois que nous partageons
cette philosophie.
M.
Éric Bothorel. Bravo !
Mme
la présidente. La parole est à M. Thibault Bazin.
M.
Thibault Bazin. L’élargissement de la gouvernance et votre volonté
d’instaurer un paritarisme unifié posent tout de même une question intéressante
s’agissant des caisses autonomes, d’autant que l’article 2 définit le champ
d’application du futur régime.
Comptez-vous, dans ce mode de gouvernance
unifié, dissocier la gestion de la retraite et de la prévoyance, afin d’éviter
les risques d’inconstitutionnalité et d’inconventionnalité ? La retraite
relevant plus de la compétence de la sécurité sociale et la prévoyance davantage
de la compétence de l’assurance, qui arbitrera en cas de désaccord entre la
caisse grand-mère et les caisses mères, c’est-à-dire entre la caisse nationale
universelle de retraite et les caisses autonomes ? Qui arbitrera la mise en
cohérence de leurs actions sociales ? Qui arbitrera la mise en cohérence de
leur gestion des régimes d’invalidité-décès ou des régimes de retraite
supplémentaire obligatoire ? En définitive, les caisses autonomes
pourront-elles basculer leurs réserves et provisions vers les régimes de
retraite obligatoires ? Quel sera leur niveau d’autonomie vis-à-vis de la
gouvernance unifiée que vous appelez de vos vœux ?
M.
Ugo Bernalicis. Ce sera nada, que dalle, oualou, rien du
tout !
M.
Thibault Bazin. Il est très important que vous puissiez apporter des
réponses très concrètes à toutes ces questions.
Mme
Marie-Christine Dalloz. Très bien !
Mme
la présidente. La parole est à M. Fabien Roussel.
M.
Fabien Roussel. Notre désaccord porte sur les missions qui reviendront
aux partenaires sociaux dans la gouvernance que vous souhaitez instaurer. En
effet, le problème est qu’ils n’auront d’autre levier, pour respecter votre
règle d’or, que d’augmenter l’âge de départ à la retraite, ou de jouer sur la
valeur du point, et donc sur le montant des pensions. Voilà où se situe le
problème.
Dans le système paritaire tel qu’il existe aujourd’hui, les
organisations syndicales gèrent un système de retraite et la solidarité entre
les générations, entre les salariés, les cadres et les ouvriers. Demain, vous
demanderez aux organisations syndicales et patronales de participer à la
gouvernance au sein d’un conseil d’administration, mais dans le respect de la
règle d’or, qui est une règle d’économie et d’austérité, la même d’ailleurs que
celle que les traités européens imposent au budget de la France. Ce sont ces
mêmes politiques libérales d’austérité que vous imposerez dans la gestion de la
caisse de retraite.
Voilà toute la différence entre nos projets de
société : le vôtre est bien libéral ; le nôtre est réellement
progressiste. Nous voulons partager les richesses, tandis que vous demanderez
aux organisations syndicales de distribuer la pauvreté !
(Applaudissements sur les bancs du groupe GDR ainsi que sur plusieurs bancs
du groupe FI. – Protestations sur les bancs des groupes LaREM
et MODEM.)
Mme
la présidente. La parole est à M. Alexis Corbière.
M.
Alexis Corbière. L’amendement de nos collègues communistes dit quelque
chose de clair et, en réponse, M. le secrétaire d’État nous renvoie à
l’article 49. Or ce dernier, quand on le lit, ne répond absolument pas à
l’amendement. Le pilotage de la caisse nationale que vous comptez créer sera
fixé par décret, et en aucune manière ceci ne constitue l’assurance qu’il soit
paritaire.
Mme
Marie-Christine Dalloz. C’est vrai !
M.
Alexis Corbière. Éclaircissons donc le débat ! À ce stade, rien ne
garantit que le système sera géré de manière paritaire, c’est-à-dire par les
cotisants, les représentants des salariés et ceux des employeurs. Nous pouvons
même penser le contraire ; cela vient d’être expliqué par Fabien
Roussel.
Je ne comprends donc pas pourquoi M. le secrétaire d’État
nous renvoie à l’article 49 qui, malgré sa complexité, montre bien que
d’aucune manière le système ne sera paritaire. C’est un décret qui décidera de
tout cela ! Éclaircissons donc le débat afin d’avancer. Vous refusez en
réalité un système paritaire, ce qui éclaire d’ailleurs tous les propos que vous
avez tenus dernièrement. Vous affirmez croire au paritarisme, mais, honnêtement,
vous ne l’instaurez pas ; ce n’est pas exact !
Mme
la présidente. La parole est à M. Patrick Mignola.
M.
Patrick Mignola. La question soulevée par nos collègues est très
importante. Si nous sommes attachés à un système paritaire de gouvernance, c’est
pour qu’il puisse y avoir plusieurs leviers. En l’occurrence, vous avez fait
référence, monsieur Roussel, à deux leviers, qui seraient la valeur du point
– donc le niveau des pensions – et l’allongement de la durée du
travail. Il en existe un troisième, surtout compte tenu de la durée dans
laquelle nous bâtissons ce système : ce sont les cotisations. Ce n’est pas
un gros mot ! Je rappelle qu’un certain nombre de caisses, en
responsabilité et dans un cadre paritaire entre patronats et syndicats, ont, par
le passé, déjà décidé d’augmenter les cotisations.
Je prendrai deux
exemples. Le premier est la caisse des avocats. Un certain nombre de députés
défendent les régimes autonomes ; en ce qui nous concerne, nous souhaitons
qu’ils soient intégrés dans le régime universel. En 2013, les avocats,
constatant que leur démographie était défavorable, ont d’eux-mêmes décidé, au
sein de leur régime autonome et dans le cadre du paritarisme, d’augmenter leurs
cotisations.
Deuxième exemple : nous avons la possibilité de jouer
sur les niveaux de cotisation sans nuire à la compétitivité du travail. Nous
bénéficions actuellement d’une baisse du chômage dans notre pays – je crois
que chacun peut s’en réjouir ; or, si demain les cotisations chômage sont
en baisse, cela pourrait permettre d’augmenter les cotisations retraite. Le
système paritaire que nous souhaitons instaurer n’interdit donc en aucune
manière de trouver des ressources. (Applaudissements sur les bancs des
groupes MODEM et LaREM.)
(Les amendements
no 26936 et identiques ne
sont pas adoptés.)
Suspension et reprise de la séance
Mme
la présidente. La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à vingt-trois heures, est reprise à vingt-trois
heures dix.)
Mme
la présidente. La séance est reprise.
La parole est à
M. Alain Bruneel, pour soutenir l’amendement no 26952 et
les quinze amendements identiques déposés par le groupe de la Gauche démocrate
et républicaine.
Ces amendements font l’objet d’un sous-amendement,
no 42557.
M.
Alain Bruneel. En préambule, je souhaite répondre à Mme Genetet,
qui a dit, en toute sincérité, que nous étions tous des ouvriers. J’ai
vérifié : parmi les députés, il y a 4,6 % d’employés et il n’y a plus
aucun ouvrier,…
M.
Jean-Paul Lecoq. Et moi, alors ? Je suis électricien !
M.
Alain Bruneel. …alors que ces deux catégories représentent la moitié de
la population active. À l’inverse, la proportion des cadres et des professions
intellectuelles supérieures s’élève à 67 %, étant ainsi 4,4 fois
supérieure à ce qu’elle est dans la population active. Je ferme la
parenthèse.
Par ces amendements, nous souhaitons préciser que le système
universel de retraite « s’applique à tous les assurés dans le respect des
spécificités des métiers et des sujétions liées à l’exercice d’une mission de
service public ».
Je souhaiterais que l’on cesse le brouhaha, parce
que le rapporteur a un problème auditif. (Sourires.)
Mme
la présidente. Mes chers collègues, s’il vous plaît !
M. Bruneel a raison. Un peu de silence.
M.
Alain Bruneel. Merci, madame la présidente.
Je répète donc à
l’attention du rapporteur : nos amendements portent sur les spécificités
des métiers et la pénibilité. Aujourd’hui, les parcours professionnels sont
totalement différents les uns des autres. Il y a en outre des métiers
difficiles, que nous avons évoqués à plusieurs reprises : les travailleurs
de la sidérurgie et de la verrerie, les employés hospitaliers,
etc.
L’équité implique également la prise en compte des particularités
liées aux carrières. Nous souhaitons ici mettre en avant les spécificités de la
fonction publique. Les fonctionnaires ont une carrière beaucoup plus ascendante
que dans le privé, puisqu’ils partent du plus bas de l’échelle des rémunérations
et rattrapent l’écart au fur et à mesure de leur carrière. La prise en compte de
l’ensemble des années travaillées les pénalisera donc nécessairement. C’est
pourquoi nous proposons ces amendements. (Mme Muriel
Ressiguier applaudit.)
Mme
la présidente. La parole est à M. Marc Le Fur, pour soutenir
le sous-amendement no 42557.
M.
Marc Le Fur. Tout le monde admet que le métier des armes – celui
de nos soldats, de nos marins, de nos aviateurs – est très spécifique. Si
je comprends bien, monsieur le secrétaire d’État – je ne vous fais aucun
procès d’intention –, vous souhaitez maintenir trois principes :
l’ouverture des droits à la retraite après dix-sept années de service pour les
militaires du rang et les sous-officiers, après vingt-sept années pour les
officiers ; la possibilité de jouissance immédiate ; la possibilité de
cumuler la pension militaire avec une activité professionnelle.
Cela
devrait satisfaire les militaires ; il se trouve que j’en croise qui
manifestent certaines préoccupations. Pourtant, il me semble que
l’article 37 offre des assurances sur tous ces aspects. Ceux que je
rencontre s’inquiètent de savoir si ces dispositifs dureront. Je voudrais donc,
monsieur le secrétaire d’État, que vous nous rassuriez.
Autre sujet de
crainte, dans la continuité de mon intervention de cet après-midi : le
calcul de leur retraite sera fondé sur des points, et non plus sur des annuités.
Cela signifie que l’ensemble des traitements qui leur sont alloués seront pris
en compte. Or, au traitement indiciaire s’ajoutent des primes ou avantages
spécifiques, qui représentent des sommes importantes pour certains : ceux
qui partent en OPEX – opérations extérieures –, parachutistes,
sous-mariniers par exemple. Donneront-elles lieu à cotisation et à ouverture de
droits pour le calcul de la pension ? Cela aurait l’avantage de les
intégrer au calcul, mais soulèverait une difficulté : le salaire réel des
soldats, des marins, des aviateurs en activité serait réduit d’autant. Je
voudrais donc obtenir des précisions sur ce sujet.
Enfin, ils
s’inquiètent de voir leur régime banalisé. Le système des pensions militaires
relève du code de la défense ; il dépendra du code de la sécurité sociale
– ils seront traités comme tout le monde, selon la logique de votre système
universel. Ils se savaient protégés par un code spécifique et l’examen
systématique des dossiers par le ministère des armées – lequel,
pardonnez-moi, les connaît un peu mieux que le ministère de la sécu –,
ainsi que par l’examen des textes les concernant en commission de la défense à
l’Assemblée nationale et en commission des affaires étrangères, de la défense et
des forces armées au Sénat.
Mme
la présidente. Merci, monsieur le député.
M.
Marc Le Fur. Vous comprenez leur inquiétude – je termine, madame
la présidente : je ne vous prête aucune mauvaise intention, monsieur le
secrétaire d’État, mais je souhaite que vous expliquiez très clairement comment
les primes seront intégrées et ce qui concerne le maintien et la pérennisation
des principes existants.
Mme
la présidente. Quel est l’avis de la commission sur ces amendements
identiques et sur le sous-amendement ?
M.
Nicolas Turquois, rapporteur. Avis défavorable. Monsieur
Bruneel, votre amendement vise à compléter l’alinéa 2 par une phrase
concernant le respect des métiers et des sujétions liées à l’exercice d’une
mission de service public.
M.
Alain Bruneel. C’est bien ça.
M.
Nicolas Turquois, rapporteur. Il me semble satisfait par la
suite du projet de loi : les missions de service public seront prises en
considération au sein du régime fonction publique du système universel
– elles sont examinées dans les articles à venir. C’est d’ailleurs la
principale raison du maintien d’un régime d’affiliation spécifique aux
fonctionnaires.
Concernant le sous-amendement de M. Le Fur, je
pense que Mme la présidente acceptera de confier la parole à mon collègue
Jacques Maire, rapporteur pour le titre II. Je confirme néanmoins que les
sujétions particulières à certaines fonctions, notamment régaliennes, et tout
particulièrement celles de nos militaires, seront prises en compte de façon très
spécifique.
Mme
la présidente. La parole est à M. Jacques Maire, rapporteur de la
commission spéciale pour le titre II.
M.
Jacques Maire, rapporteur de la commission spéciale.
M. Le Fur a raison : les militaires relèvent d’un dispositif de
retraite spécifique, en ce qu’il permet à des femmes et des hommes relativement
jeunes de poursuivre leur carrière. Il s’agit donc davantage d’une rente ;
cette organisation permet d’avoir une armée active, composée de personnes
jeunes, capables de combattre. La durée d’activité et le droit au cumul
emploi-retraite doivent donc être considérés de façon très spécifiques,
conformément au droit.
L’examen détaillé de l’article 37 viendra en
son temps – j’espère le plus rapidement possible –, néanmoins je peux
assurer que Mme la présidente de la commission de la défense nationale et
des forces armées et moi serons très attentifs à ce que les prérogatives du
Conseil supérieur de la fonction militaire – CSFM – soient exactement
exercées pour l’ensemble des dispositifs dont relève la fonction militaire, y
compris les retraites.
Un point revêt une importance particulière à nos
yeux, parce qu’il touche à justice sociale ; il s’agit des primes –
d’expatriation, d’opération, etc. Vous l’ignorez peut-être, mais le dispositif
actuel cache une iniquité profonde : les primes des militaires de carrière,
notamment pour les OPEX, font l’objet de cotisations, mais ne produisent aucun
droit particulier pour les contractuels de courte durée. C’est-à-dire que dans
l’ensemble, les jeunes soldats que nous envoyons au front, ceux qui sont les
plus exposés, n’en retirent presque aucun bénéfice en matière de retraite. Cet
aspect est essentiel pour leur motivation : pour la première fois, dans les
domaines de l’acquisition de droits à la retraite et de la reconnaissance des
durées de carrière, ces jeunes auront les mêmes droits que les militaires de
carrière. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LaREM et
MODEM.)
Mme
la présidente. Quel est l’avis du Gouvernement ?
M.
Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Il est
défavorable ; je ne répéterai pas les arguments développés par les
rapporteurs.
Concernant le sous-amendement de M. Le Fur, dont
les questions sont toujours très pointues – à raison –, je répète bien
volontiers que les droits à la retraite caractéristiques des carrières
militaires seront préservés, qu’il s’agisse de la durée d’activité, de la
jouissance immédiate des pensions, de la prise en considération des spécificités
de leur métier ou du cumul emploi-retraite.
Je garde d’autant mieux ces
aspects à l’esprit que j’ai souvent recruté des cadres de la gendarmerie en
retraite pour occuper des fonctions d’encadrement dans les domaines de la
sécurité et du management : je connais bien cette population, qui a la
jouissance de sa retraite et conjointement le temps d’une deuxième vie
professionnelle. Pour tous ces anciens soldats qui abordent une deuxième
carrière avec la plénitude de leurs moyens et un véritable bagage professionnel,
le système universel de retraite sera une chance : ils y trouveront une
continuité, grâce à une traduction en points dans la durée. Je confirme
assurément l’ensemble de ces réponses, tout en espérant, monsieur Le Fur,
que vous serez avec nous pour en discuter à nouveau lors de l’examen de
l’article 37.
Mme
la présidente. La parole est à M. Fabien Gouttefarde.
M.
Fabien Gouttefarde. Je voudrais également répondre aux préoccupations
exprimées par M. Le Fur. Comme l’a dit M. Le secrétaire d’État,
le Président de la République a rappelé que les militaires intégreraient le
système universel de retraite comme les autres Français, mais qu’ils
conserveraient certaines spécificités, que je voudrais énoncer
précisément.
La première est évidemment le droit à l’ouverture d’une
pension après dix-sept ans de service, c’est-à-dire une retraite avec jouissance
immédiate. Vous avez évoqué des bonifications liées à certaines activités ;
les articles 31, 37 et 46 du projet de loi en prévoient par exemple pour
les services sous-marins ou de campagne. La retraite de réversion restera
acquise pour le conjoint survivant d’un militaire décédé en service, sans
condition d’âge et de ressources, alors que le seuil sera de 55 ans pour
les autres Français. Comme pour tous les Français, leur retraite sera calculée
sur l’ensemble des rémunérations ; or, en moyenne, 35 % des
rémunérations des militaires sont considérées comme des primes : elles
seront désormais intégrées au calcul, participant à revaloriser leurs pensions.
(MM. Éric Bothorel et Patrick Mignola
applaudissent.)
Mme
la présidente. La parole est à M. André Chassaigne.
M.
André Chassaigne. Concernant les retraites des militaires, je ne
partage pas vraiment les appréciations du rapporteur, du secrétaire d’État et de
M. Gouttefarde. La commission de la défense a auditionné de nombreux
représentants du Conseil supérieur de la fonction militaire, et il existe une
inquiétude sensible : les choses ne sont pas si simples. Les militaires
connaissent une forte progression de carrière, et ils craignent que les
nouvelles modalités de calcul n’en tiennent pas suffisamment compte. De plus,
des primes seront certes intégrées, mais beaucoup n’en touchent pas. Ils sont
donc très inquiets parce qu’ils sont persuadés de ne pas atteindre le niveau de
retraite que le système actuel leur aurait assuré.
Le rapporteur a raison
de souligner que l’existence d’une armée opérationnelle nécessite le départ
anticipé des militaires – c’est facile à comprendre. Néanmoins, nous
risquons à l’inverse d’assister à des départs rapides et de connaître des
difficultés de recrutement, susceptibles d’engendrer un problème de pérennité de
l’emploi de militaire. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe GDR.
– M. Bruno Fuchs applaudit
également.)
Mme
la présidente. La parole est à M. Thibault Bazin.
M.
Thibault Bazin. Je veux en rester à l’article 2 et ne pas
anticiper l’examen de l’article 37 : mieux vaut nous en tenir à la
règle établie ; nous pourrons évoquer les pensions militaires et le
rattachement au code de la défense en temps voulu.
Je voudrais évoquer le
champ d’application du régime universel. Si j’ai bien compris, ceux qui sont à
moins de dix-sept ans de la retraite ne sont pas concernés par le futur
système.
Une question se pose donc. Quelle règle sera appliquée à ces
sous-officiers qui ont la possibilité de partir à la retraite après dix-sept
années de service, mais qui appartiennent aux générations nées avant 2004 ?
Je pense qu’il y a, sur le champ d’application, une difficulté de mise en
cohérence entre l’article 2 et l’article 37.
Pouvez-vous nous
confirmer que les militaires habilités à percevoir une pension après dix-sept
ans de service, mais qui se trouvent actuellement à plus de dix-sept ans de
l’âge de départ à la retraite – par exemple ceux qui entrent dans le corps
cette année, alors qu’ils sont nés après 1975 –, n’entrent pas dans le
champ d’application du futur système ?
À mon avis, la question reste
en suspens de la compatibilité entre l’article 2, le droit spécifique aux
hommes du rang et sous-officiers de partir après dix-sept ans, et la règle qui
exclut de l’application de la réforme ceux qui sont à moins de dix-sept ans du
départ à la retraite. Je pense qu’un amendement du Gouvernement serait
nécessaire pour distinguer clairement qui entre et qui n’entre pas dans le champ
d’application de l’article 2.
Mme
la présidente. La parole est à M. Alexis Corbière.
M.
Alexis Corbière. Je veux apporter une précision, sans m’éloigner du
sujet du sous-amendement de M. Le Fur. Concernant les militaires, je
marche dans les pas du collègue Chassaigne…
M.
André Chassaigne. Camarade Chassaigne !
M.
Alexis Corbière. Camarade, aussi, et ami !
La profession
ressent une inquiétude profonde : beaucoup de militaires ne perçoivent pas
de primes et craignent les conséquences du système. De même, le calcul des
pensions sur la totalité de la carrière plutôt que sur les traitements des six
derniers mois fait naître des interrogations parfaitement légitimes. Le Conseil
d’État a eu des mots rudes ; de la même façon, le CSFM a tenu des propos
peut-être inédits dans la profession.
Monsieur Maire, je trouve un peu
léger d’affirmer qu’il n’existe aucun problème : la profession est
inquiète, notamment ceux qui ne touchent pas de primes. Les conséquences de la
réforme sont néfastes pour de nombreux militaires, y compris de jeunes
sous-officiers. Ils gardent certes le droit de partir plus tôt – c’est la
moindre des choses, et nous ne voulons pas une armée vieillissante –, mais
en aucune manière vos propositions ne leur apportent de la sécurité, bien au
contraire. (Applaudissements sur les bancs du groupe FI.)
(Le sous-amendement no 42557 n’est pas
adopté.)
(Les amendements
no 26952 et identiques ne
sont pas adoptés.)
Mme
la présidente. L’amendement no 3952 de
Mme Emmanuelle Ménard est défendu.
Quel est l’avis de la
commission ?
M.
Nicolas Turquois, rapporteur. Il est défavorable. Vous voulez
limiter le régime universel au régime de base, mais la distinction entre régime
de base et régime complémentaire n’aura plus lieu d’être dans le nouveau
système.
Mme
la présidente. Sur les amendements no 5970 et
identiques, je suis saisie par le groupe La France insoumise d’une demande de
scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée
nationale.
Quel est l’avis de la commission sur l’amendement
no 3952 ?
M.
Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Avis défavorable. Nous
en avons déjà discuté. Le Gouvernement a choisi de retenir un système universel
de retraite en plafonnant le revenu sur lequel portent les cotisations à
3 PASS. Il ne s’agit pas de se cantonner au régime de base.
Monsieur
Bazin, sans transformer chaque amendement en séance de question-réponse, je vous
répondrai pour clore le sujet avant d’y revenir à l’article 37. Concernant
les militaires, seule la durée de l’activité compte. Cela n’a rien à voir avec
le régime de transition de ceux qui en sont à dix-sept ans de la retraite. Peu
importe l’âge, seule la durée d’activité est prise en compte. Ne vous emmêlez
pas les pinceaux avec les histoires de générations.
M.
Sébastien Jumel. Cela ne s’appellerait-il pas un régime
spécifique ?
Mme
la présidente. La parole est à M. Marc Le Fur.
M.
Marc Le Fur. Vous oubliez, monsieur le secrétaire d’État, que le monde
militaire est celui de la promotion – c’est vrai aussi pour le monde civil,
mais dans une moindre mesure. Certains ont commencé simples soldats, marins de
base, mais ont pu progresser. Prenons un exemple concret. Aujourd’hui, le
colonel qui a démarré sa carrière en sortant de Saint-Cyr, école prestigieuse,
et donc avec des indices assez élevés, aura en fin de carrière le même indice,
et la même retraite, que celui qui est arrivé au grade de colonel après avoir
gravi tous les échelons – simple soldat, sous-officier,
officier.
Demain, ce sera fini. Celui qui aura passé sa carrière à un
grade élevé, aura accumulé plus de points et percevra une pension de retraite
plus importante que celui qui aura dû gravir les échelons les uns après les
autres.
M.
Jean-René Cazeneuve. Mais il aura cotisé davantage !
M.
Marc Le Fur. Certes, mais la morale militaire veut que l’on favorise la
promotion. Vous faites le contraire. Que les colonels ne puissent plus partir à
la retraite avec le même niveau de pension marquera une différence très
sensible. Votre projet de réforme renoue avec une logique qui s’appliquera
également dans le monde civil : ramener chacun à sa condition de départ.
« Tu as commencé petit, tu auras une petite retraite. » Notre logique,
à nous, est inverse : il est contraire à la morale et à l’éthique militaire
que deux personnes de même grade ne perçoivent pas la même retraite. En tout
cas, cette mesure est contre-productive en ce qu’elle ne favorise pas la
promotion. La promotion des uns est la promotion de tous – c’est une règle
à laquelle le groupe Les Républicains est très attaché, mais je suis sûr que
nous ne sommes pas les seuls. (Applaudissements sur les bancs du groupe
LR.)
Mme
la présidente. La parole est à M. Charles de Courson.
M.
Charles de Courson. L’amendement a le mérite de nous permettre de poser
une question. Vous voulez supprimer les régimes complémentaires ; mais que
deviendront les 72 milliards des réserves de l’AGIRC-ARRCO ? Ce
minuscule détail technique n’est pas sans intérêt car on peut se demander s’ils
profiteront à l’ensemble des assurés du régime universel ou uniquement à ceux
qui ont cotisé, à savoir les salariés du privé.
Par ailleurs, vous avez
déclaré, monsieur le secrétaire d’État, qu’il serait possible de cotiser à des
régimes supplémentaires au-delà des 3 PASS – on ne sait pas encore
très bien dans quel cadre. Mais je me demande s’il serait possible de créer des
régimes supplémentaires au-delà du régime universel, pour ne pas réserver cette
possibilité aux plus aisés mais l’ouvrir aux salariés plus modestes.
Mme
la présidente. La parole est à M. Sébastien Jumel.
M.
Sébastien Jumel. Même quand vous instaurez un régime spécial, vous ne
protégez pas les personnes concernées. C’est fou ! Même quand vous pensez
faire bien, vous faites mal. La remise en cause du calcul de la pension sur les
traitements des six derniers mois affecte les militaires puisqu’il est d’usage
de récompenser un militaire pour sa carrière en le nommant au grade supérieur.
On lui donne une barrette, pour reprendre un terme du jargon : c’est une
manière d’exprimer la reconnaissance de la nation que de lui permettre de
profiter d’une meilleure retraite.
La prise en compte des primes aura le
même effet Kiss Cool que pour les enseignants. Vous leur infligez une pénalité
sans nom. M. Chassaigne a raison : vous voulez nous faire croire que
tout le monde se félicite de votre réforme mais il n’en est rien. En l’espèce,
les militaires ont compris qu’ils seraient vite renvoyés à leur origine. Ceux
qui venaient de la base y retourneront ; ceux qui sortent d’une grande
école et sont entrés officier dans l’armée recevront une pension plus importante
car leur carrière aura été plus rapide. C’est très préoccupant.
(L’amendement no 3952 n’est pas
adopté.)
Mme
la présidente. La parole est à Mme Muriel Ressiguier, pour
soutenir l’amendement no 5970 et les seize amendements identiques
déposés par les membres du groupe La France insoumise.
Mme
Muriel Ressiguier. Cet amendement vise à supprimer l’alinéa 3. En
effet, ce système n’a rien d’universel. Nous en discutons depuis fort longtemps
mais vous resterez convaincus qu’il en est un. Nous pensons le contraire, à la
suite du Conseil d’État. Une multitude de régimes naîtront de votre réforme, les
inégalités augmenteront. Bâtie dans la précipitation, votre réforme fera
basculer le système actuel, fondé sur la solidarité, vers le « chacun pour
soi » ou le « marche ou crève », toujours vers le
moins-disant.
Les Français ne sont pas dupes. Je répondrai à notre
collègue qui, tout à l’heure, sans doute emportée par son élan, a traité les
députés de l’opposition de fossoyeurs, que nous sommes favorables à la retraite
à 60 ans, au partage du temps de travail, au partage des richesses et,
soyons complètement dingues, à l’augmentation des bas salaires.
M.
Jean-René Cazeneuve. Et des cotisations ?
Mme
Muriel Ressiguier. Vous nous proposez, de votre côté, de travailler
jusqu’à la maladie ou la mort. Qui sont les fossoyeurs, chers collègues ?
(Applaudissements sur les bancs des groupes FI, GDR et SOC.)
M.
Ugo Bernalicis. Âge pivot, âge caveau !
Mme
la présidente. Quel est l’avis de la commission ?
M.
Nicolas Turquois, rapporteur. Vous voulez supprimer l’alinéa qui
tend à substituer un régime universel aux quarante-deux existants. Il y a eu
beaucoup de questions sur ce chiffre ; précisément, il y a quarante-deux
combinaisons possibles.
M.
Ugo Bernalicis. Ah ! On aura enfin appris quelque chose !
M.
Nicolas Turquois, rapporteur. Je vous renvoie…
M.
Ugo Bernalicis. C’est formidable, ça ! On a appris quelque
chose !
Mme
la présidente. Monsieur Bernalicis, s’il vous plaît. Laissez le
rapporteur s’exprimer.
M.
Ugo Bernalicis. Pardon, madame la présidente, mais je suis très
content. (Sourires.)
M.
Nicolas Turquois, rapporteur. Je vous renvoie à la page 194
du rapport qui décrit la complexité du système. Avis défavorable à cet
amendement.
Mme
la présidente. La parole est à M. Julien Borowczyk.
M.
Julien Borowczyk. Cet amendement est fort intéressant. Vous dites qu’il
est impossible d’instituer un régime universel. Reprenons le débat, si vous le
voulez bien. Avant notre tout petit tunnel d’amendements de précision
sémantique, il était question de référendum. Je me suis donc intéressé à votre
proposition, chers collègues de gauche, car il me semble important d’éclairer
les Français. Le début était prometteur : votre programme évoque le sujet
de l’écologie. Reconnaissons-lui d’être particulièrement écologique – en
nombre de pages : neuf à gauche, treize pour La France insoumise.
Bravo !
M.
Thibault Bazin. Pouvons-nous revenir à l’amendement ?
M.
Julien Borowczyk. Venaient ensuite de longues considérations pour
préciser la pénibilité. La gastro-entérite, dans la pénibilité, moi j’ai trouvé
cela intéressant.
J’en viens au financement : 16 % du PIB. Vous
avez beaucoup parlé de gâteau, ce qui a pu nous donner envie de sucreries, mais
comment faire quand on n’a pas de gâteau ? Vous avancez le chiffre de
16 % du PIB mais encore faut-il avoir du PIB, relancer l’économie, avoir
envie d’obtenir des résultats. Ce n’est pas votre cas !
M.
Maxime Minot. Vous ralentissez les débats !
M.
Julien Borowczyk. J’en viens à une petite pépite :
« mobiliser les réserves des régimes autonomes ». Comment peut-on être
le grand défenseur des avocats, des médecins, qui exercent des métiers
formidables, et vouloir leur prendre leur réserve ? Je me pose des
questions ! (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe
LaREM.)
Enfin, je vous ai vu chaleureusement applaudir notre ami
M. David qui se demandait comme nous pourrions financer la hausse des
salaires dans la fonction publique, en particulier dans les municipalités. Vous
sembliez d’accord pour vous poser la même question mais, dans votre programme,
vous proposez d’augmenter les cotisations sans baisser le revenu net – en
augmentant donc le salaire brut. Il faudra prévoir des financements
supplémentaires !
M.
Dominique Potier. Ce n’est pas le sujet !
M.
Julien Borowczyk. Un collègue a pu qualifier notre projet de jardin à
la française. Vous avez votre propre jardin en ce domaine, nous préférons le
nôtre. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM.)
Mme
la présidente. La parole est à M. Ugo Bernalicis.
M.
Ugo Bernalicis. Je voudrais répondre gentiment et tranquillement à
M. Borowczyk.
Mme
la présidente. Vous parlez à tous les députés, monsieur Bernalicis.
M.
Ugo Bernalicis. Bien sûr, pour les éclairer sur un point précis.
(Sourires.) Madame la présidente, vous avez entendu les mêmes propos que
moi : du nombre de pages d’un programme, nous pourrions déduire
l’engagement écologique d’un candidat. L’idée sous-jacente est sans doute que le
papier pollue. Or, le papier est le matériau qui se recycle le mieux en France.
Hélas, la majorité a laissé crever la seule entreprise qui fabriquait du papier
recyclé en France. Vous refusez de relancer l’emploi dans cette entreprise car,
en effet, les salariés d’Arjowiggings se mobilisent pour reprendre leur outil de
travail.
Je ne sais pas qui veut créer de la richesse et qui s’y refuse
mais, en l’occurrence, pour ce qui est de l’écologie, du papier recyclé et de
l’emploi, vous avez tout faux, tout comme le Gouvernement qui porte sa part de
responsabilité en refusant les prêts demandés par les salariés pour récupérer
leur outil de travail, qui est pourtant productif.
(M. Loïc Prud’homme applaudit.)
Quant aux réserves
– pas seulement celles des caisses autonomes, car elles n’ont pas 130 ou
140 milliards de côté, mais aussi celles du régime général –, il
faudra en effet les mobiliser pour faire face au soi-disant déficit des
prochaines années, inéluctable dans la conjoncture actuelle.
Reprenons
l’exemple des avocats que vous affectionnez tout particulièrement. Pourquoi
mettent-ils de l’argent de côté dans leur caisse autonome ? Serait-ce par
affection pour les écureuils ? Pas du tout. Ils savent simplement que leur
démographique est dynamique mais que la tendance peut s’inverser. Ils font donc
des réserves pour faire face à un éventuel déficit et lisser les cotisations et
les droits, le cas échéant. Bien sûr, cette réserve est mobilisable. Ils
n’économisent pas par principe ! (Exclamations sur les bancs du groupe
LaREM.)
Mme
la présidente. Merci, mon cher collègue.
M.
Ugo Bernalicis. Ce n’est notre seule proposition de financement ;
mais nous atteindrons les 16 % du PIB, pour le plus grand déplaisir de vos
amis.
Mme
la présidente. La parole est à M. Frédéric Petit.
M.
Frédéric Petit. Vous prévoyez dans votre programme un départ à
60 ans après quarante annuités. Avec des études dont la fin pourra
s’échelonner entre vingt ans et vingt-huit ans, vous créez huit régimes.
(Applaudissements sur quelques bancs des groupes MODEM et LaREM.)
M.
Sébastien Jumel. Vous nous en faites perdre, du temps, avec ces
interventions !
Mme
la présidente. Je mets aux voix les amendements no 5970
et identiques.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme
la présidente. Voici le résultat du
scrutin :
Nombre de
votants 116
Nombre
de suffrages
exprimés 109
Majorité
absolue 55
Pour
l’adoption 16
Contre 93
(Les amendements no 5970 et
identiques ne sont pas adoptés.)
Mme
la présidente. Je suis saisie de deux amendements,
nos 24924 et 24923, pouvant être soumis à une discussion
commune.
La parole est à M. Alain David, pour soutenir l’amendement
no 24924.
M.
Alain David. Cet amendement vise à exclure du périmètre d’application
de la réforme les ministres des cultes et les membres des congrégations et
collectivités religieuses qui ne relèvent pas, à titre obligatoire, d’un autre
régime de sécurité sociale.
Mme
la présidente. La parole est à Mme Gisèle Biémouret, pour soutenir
l’amendement no 24923.
Mme
Gisèle Biémouret. Cet amendement tend à exclure le régime général de la
sécurité sociale du périmètre d’application de la réforme.
Mme
la présidente. Quel est l’avis de la commission ?
M.
Nicolas Turquois, rapporteur. Il semblerait qu’il y ait une
erreur de codification dans le premier des deux amendements : l’article
L. 721-1 portait anciennement sur les ministres du culte, mais il concerne
aujourd’hui les fonctionnaires. En croyant exclure de la réforme les ministres
du culte, vous proposez donc d’en exclure les fonctionnaires.
Avis
défavorable aux deux amendements.
M.
Alexis Corbière. Et sur le fond ?
Mme
la présidente. Quel est l’avis du Gouvernement ?
M.
Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Je confirme l’analyse
pointue de M. le rapporteur. L’amendement no 24924 exclut les
fonctionnaires du système universel. Il s’agit a priori d’une confusion avec les
assurés du régime des cultes. L’amendement no 24923, quant à lui,
exclut tous les assurés du régime général. C’était peut-être son objectif, après
tout. Dans les deux cas, avis défavorable.
Mme
la présidente. La parole est à M. Thibault Bazin.
M.
Thibault Bazin. En écoutant l’argumentaire des députés socialistes, il
m’est apparu que la réforme n’abordait pas le cas des ministres du culte. Je
pense ici à la CAVIMAC, la caisse d’assurance vieillesse invalidité et maladie
des cultes, qui ne couvre pas seulement les catholiques, mais aussi les
bouddhistes, et qui a pour spécificité de ne pas assurer des salariés, mais des
communautés, ce qui entraîne un versement communautaire des
pensions.
Dans le futur système individuel que vous préparez, outre la
question du taux de cotisations, qui risque d’être relativement importante pour
ces congrégations, se pose la question plus technique de la spécificité du
versement communautaire des pensions, dont la prise en compte impliquerait
peut-être une délégation de gestion et de recouvrement à la CAVIMAC.
Mme
la présidente. La parole est à M. Charles de Courson.
M.
Charles de Courson. Notre collègue Jérôme Lambert pourrait-il nous
expliquer pourquoi il veut exclure du système universel les ministres du culte
et les membres des congrégations religieuses ? Quel est le fondement de son
analyse ? Forment-ils une catégorie entièrement à part ? N’y aurait-il
pas un peu de racisme dans son attitude ? J’aimerais qu’il nous
l’explique.
Mme
la présidente. La parole est à M. Alexis Corbière.
M.
Alexis Corbière. Nous en discuterons plus tard, mais l’idée de faire
bénéficier les ministres du culte d’un régime spécifique est intéressante. C’est
l’occasion de discuter du fait que la laïcité n’est pas appliquée sur l’ensemble
du territoire de la République. Il mérite d’être rappelé, à l’heure où beaucoup
s’expriment sur le sujet, à commencer par le Président de la République qui a
réaffirmé le principe de laïcité il y a quelques jours, précisément dans un
département où celui-ci ne s’applique pas. Le sujet est passionnant et l’on
s’apercevrait que, dans certains départements, nous salarions certains ministres
du culte mais nous excluons d’autres convictions spirituelles.
M.
Frédéric Petit. C’était un référendum !
M.
Alexis Corbière. Justement, nous pourrions faire un référendum sur le
sujet, comme sur le reste. Nous sommes assez à l’aise avec l’idée.
M.
Frédéric Petit. Il a déjà été fait !
M.
Alexis Corbière. Il faut redonner la parole au peuple !
(Exclamations sur les bancs du groupe LaREM.) Notre collègue de la
majorité a jugé bon de présenter le programme de La France insoumise tout à
l’heure ; il a eu raison et je l’en remercie. Nous organisons beaucoup de
meetings à travers la France pour présenter notre programme : venez !
Car je ne crois pas que vous organisiez actuellement beaucoup de meetings pour
présenter votre réforme. Vous êtes sans doute si à l’aise que vous ne jugez pas
cela utile, mais il est bon de donner la parole au peuple sur ces affaires-là.
(Protestations sur les bancs du groupe MODEM.)
Oui, y compris par
un référendum. C’est un sujet compliqué, ou du moins un sujet qui nous divise.
Dans ces cas-là, il faut toujours donner la parole au souverain, c’est-à-dire au
peuple. Soumettez votre belle réforme aux Français, que la question soit
tranchée démocratiquement, et pas par le recours à l’article 49.3 ! Ce
serait dommage.
J’ai bien compris l’astuce : des collègues En Marche
discutent ; d’autres s’ennuient un peu, se demandent ce qu’ils pourraient
dire, alors ils ressortent le programme de La France insoumise. Ça marche à tous
les coups. Cela vous fait rire, et cela nous fait plaisir que vous profitiez
d’un moment de détente. (Applaudissements sur les bancs du groupe
FI.)
Mme
la présidente. La parole est à M. Bruno Fuchs.
M.
Bruno Fuchs. Il est louable que certains veuillent créer des moments de
détente dans l’hémicycle, et je les en remercie, mais ils ne répondent pas à
notre question : pourquoi vouloir exclure les ministres du culte du système
universel ? De plus, puisque M. Corbière les a mentionnés, trois
départements – les deux d’Alsace et la Moselle – vivent selon un
régime différent : sont-ils ou non intégrés dans l’amendement ? Quelle
est votre réflexion ? Merci de répondre précisément.
Mme
la présidente. La parole est à M. Thierry Michels.
M.
Thierry Michels. On observe régulièrement dans l’hémicycle une
obsession pour le régime concordataire d’Alsace-Moselle. Cette discussion n’a
rien à faire dans un débat sur le système de retraite universel. Toutefois, il
est légitime de se demander comment y intégrer ces fonctionnaires de la
République…
M.
Alexis Corbière. Fonctionnaires de la République ! On apprécie la
formule !
M.
Ugo Bernalicis. Oui, elle est osée !
M.
Thierry Michels. …qui sont constitutionnellement reconnus comme
tels ; parlons donc des retraites, car je ne vois dans le reste qu’une
nouvelle manœuvre dilatoire visant à nous éloigner du sujet, qui est la réforme
et non la laïcité. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes LaREM et
MODEM.)
(Les amendements nos 24924 et 24923,
successivement mis aux voix, ne sont pas adoptés.)
Mme
la présidente. Je suis saisie de deux amendements,
nos 24926 et 24925, pouvant être soumis à une discussion
commune.
La parole est à M. Joël Aviragnet, pour soutenir
l’amendement no 24926.
M.
Joël Aviragnet. Il vise à exclure les assurés relevant des caisses de
mutualité sociale agricole du périmètre d’application de la réforme. Nous
parlions tout à l’heure des agriculteurs ; c’est l’occasion d’y revenir,
mais je ne sais pas si le sujet est beaucoup plus consensuel.
(Sourires.)
Mme
la présidente. La parole est à M. Alain David, pour soutenir
l’amendement no 24925.
M.
Alain David. Il vise à exclure les assurés relevant du périmètre
d’application de la réforme de la mutuelle sociale agricole
– MSA.
Mme
la présidente. Quel est l’avis de la commission sur ces
amendements ?
M.
Nicolas Turquois, rapporteur. Je ne vous comprends plus du
tout : si un régime de retraite a besoin du système universel, c’est bien
le régime agricole ! (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM
et MODEM.) Je vous invite à relire les règles : parmi les agriculteurs
qui, en moyenne, ne gagnent pas bien leur vie, il y en a quelques-uns dont les
revenus sont plus corrects, et le futur système sera plus redistributif afin de
limiter la faiblesse des pensions. Tout le monde y gagnera.
M.
Thibault Bazin. Pour les retraites agricoles habituelles, vous ne
faites rien !
M.
Jean-Paul Dufrègne. Et pour ceux qui sont déjà à la retraite ?
M.
Nicolas Turquois, rapporteur. On nous a reproché plusieurs fois
de ne pas en faire assez pour les retraités agricoles actuels, mais permettons
du moins aux actifs agricoles de bénéficier de pensions dignes demain. Avis tout
à fait défavorable.
Mme
la présidente. Quel est l’avis du Gouvernement ?
M.
Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Je suis stupéfait par
ces amendements. La réalité de la MSA, c’est que les pensions sont en très
grande partie financées par la solidarité nationale, et que les acteurs du monde
agricole sont extrêmement demandeurs d’un système universel capable d’assurer la
pérennité de leurs retraites, auquel leur caisse serait adossée. Quand j’étais
député, j’ai passé du temps auprès des agriculteurs de ma circonscription, et
des représentants de la profession. Il y a quelques semaines, ils m’ont invité à
un colloque annuel auquel étaient également présents les retraités agricoles. Je
ne sais pas si vous vous êtes vraiment intéressés au sujet avant de proposer de
les exclure du système universel. Avis défavorable.
M.
Jean-Paul Dufrègne. Les retraités actuels n’ont pas dû vous faire un
accueil formidable !
Mme
la présidente. La parole est à M. Ugo Bernalicis.
M.
Ugo Bernalicis. J’essaie de comprendre le sort que vous réservez au
monde agricole. En général, je m’en tiens à la parole présidentielle – la
parole du monarque, c’est sacré.
(« Oh ! » sur les
bancs du groupe LaREM.)
Un député du groupe
LaREM. Et où est lelíder máximo ?
M.
Ugo Bernalicis. Or, si le Président de la République dit qu’on ne
pourra pas raser gratis parce que, voyons, nous n’avons pas les moyens de donner
1 000 euros à tout le monde, je me dis qu’il n’y aura peut-être pas
que des gagnants parmi les régimes agricoles. La redistribution affichée est
attirante mais la réalité est peut-être un chouïa plus subtile, et il n’y a sans
doute pas tant à gagner. Vous ferez des gagnants – vous en faites
toujours – mais aussi beaucoup de perdants, et l’on se demande à quelle
sauce ils risquent d’être mangés, surtout quand on considère l’avenir du monde
agricole, sachant que l’instabilité des prix n’a pas été réglée et que les taux
de marge de la grande distribution restent un problème.
Quant à
M. Petit qui nous demandait comment notre magnifique programme, qui
mériterait d’ailleurs d’être mieux connu, comptait permettre la retraite à
60 ans avec quarante annuités de cotisation, je le renvoie à notre texte,
qui indique que nous prenons en compte les années d’études supérieures. Problème
réglé ! (Exclamations sur les bancs du groupe LaREM.) Nous incluons
même les périodes de RSA – revenu de solidarité active.N’hésitez pas
à en lire des passages ! Cela nous arrangerait car, à cause des
articles 40 et 45 de la Constitution, beaucoup de nos amendements ne sont
pas recevables, ce qui nous empêche de proposer un contre-projet à cette réforme
pourrie.
Mme
la présidente. La parole est à Mme Cendra Motin.
Mme
Cendra Motin. Il s’est passé aujourd’hui un événement que nous avons
tous salué…
M.
Ugo Bernalicis. Le Président de la République a parlé ?
Mme
Cendra Motin. …et qui nous a même valu une dépêche AFP : nous
avons adopté l’article 1er ! Mais, bizarrement, à
l’article 2, on prend les mêmes et on recommence : les militaires, les
agriculteurs… Nous tournons de plus en plus en rond. (Protestations sur les
bancs des groupes LR, FI et GDR.)
M.
Maxime Minot. Vous en remettez une couche ! Cela fait cinquante
fois que vous dites la même chose !
Mme
Cendra Motin. Tous ceux que vous avez voulu inclure dans les principes
de l’article 1, vous voulez maintenant les supprimer dans les régimes
concrets créés à l’article 2. C’est absolument fantastique ! Il faut
vivre ça au moins une fois dans sa vie de député. Merci pour ce moment, puisque
nous faisons dans les références littéraires ! Je suis certaine que nous en
vivrons d’autres tout aussi intéressants. (Applaudissements sur quelques
bancs du groupe LaREM.)
M.
Jean-Paul Dufrègne. Ah, ça, ce que vous faites pour les agriculteurs,
c’est en effet passionnant !
M.
Ugo Bernalicis. Quel est le lien avec l’amendement, madame la
présidente ?
Mme
la présidente. La parole est à M. André Chassaigne.
M.
André Chassaigne. L’amendement est sans doute mal rédigé, mais
permettez-moi d’expliquer ce qui le justifie : la MSA a effectivement donné
un avis défavorable au système de retraite des agriculteurs tel qu’il a été
déposé.
M.
Frédéric Reiss. C’est vrai.
M.
André Chassaigne. Pourquoi ? Parce que la MSA considère manquer de
visibilité. Le problème de la période transitoire n’est pas réglée, ce qui met
en péril le guichet unique, dans la mesure où la MSA, même si elle obtient une
délégation de gestion par la caisse nationale de retraite universelle, n’aura
pas la pleine main sur la gestion de la retraite des agriculteurs. C’est du
moins mon analyse, mais elle n’apparaît pas dans l’amendement.
Bien
évidemment qu’il faut revoir la retraite des agriculteurs ! J’aurai
l’occasion d’y revenir, quand nous aurons le temps, car j’ai étudié la question
de près et les choses ne sont pas aussi lisses que vous le prétendez. Mais cela
ne règle toujours pas la question de la retraite de 1,3 million
d’agriculteurs et agricultrices aujourd’hui. (Applaudissements sur les bancs
des groupes GDR, SOC et FI.)
Une promesse avait été faite par le
Gouvernement et le Président de la République et je regrette que celui-ci ait
dit, samedi dernier, au salon de l’agriculture, qu’il ne pourrait pas la tenir.
Certes, il a eu le courage de le dire, mais le problème reste entier. Nous ne
pouvons pas laisser 1,3 million d’agriculteurs et leurs conjointes toucher
des retraites de misère. Beaucoup d’entre vous ont pris des engagements aussi.
Il faudra les tenir. (Applaudissements sur les bancs des groupes FI,
GDR et SOC.)
M.
Éric Bothorel. Vous avez fermé les yeux pendant des
années !
Mme
la présidente. La parole est à M. Pascal Lavergne.
M.
Pascal Lavergne. Certes, Mme Motin a pris la parole au nom du
groupe La République en marche. Je tiens toutefois à ajouter que nous ne voulons
pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Je ne suis pas du tout favorable à ces
deux amendements, qui visent à exclure le régime agricole du régime universel.
C’est sans doute la première fois qu’une majorité s’occupe d’une telle façon des
retraites agricoles. (Exclamations sur les bancs des groupes SOC, FI et
GDR.)
Je rappelle que c’est la solidarité nationale qui, aujourd’hui,
abonde à hauteur de 85 % le régime de la MSA. Pourquoi vouloir l’exclure du
régime universel ? Je ne comprends pas.
Les agriculteurs seront les
premiers professionnels à être intégrés au régime universel, dès 2022
(Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM), ce qui permettra
à ceux qui prendront leur retraite à compter de cette date de bénéficier d’un
minimum de 1 000 euros par mois. (Exclamations sur les bancs des
groupes LR, SOC, FI et GDR.)
M. Thibault
Bazin, M. Dino Cinieri et M. André Chassaigne. C’est
faux ! Pas tous ! C’est faux !
M.
Pascal Lavergne. Personne n’avait encore adopté une telle mesure !
Je parle de ceux qui partiront à la retraite à partir de 2022. Reste, mon cher
président Chassaigne, le problème posé par le stock, lequel préoccupe nos bancs.
Nous continuerons d’y travailler, comme nous l’avons affirmé hier au cours des
débats ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM.)
M.
Jean-Paul Dufrègne. Scandaleux !
Mme
la présidente. Il est inutile de crier pour se faire entendre, monsieur
Lavergne.
La parole est à M. Thibault Bazin.
M.
Thibault Bazin. Nous avons eu droit à une double ration de La
République en marche : nous ne serons pas jaloux, c’est l’iniquité en
marche. (Sourires.)
Vous n’avez pas répondu à la question qu’a
soulevée le président Chassaigne. Non seulement, les actuels retraités agricoles
ne pourront pas bénéficier du minimum de 1 000 euros promis, mais, de
plus, certains futurs retraités agricoles ne rempliront pas toutes les
conditions que vous avez fixées pour profiter de cette mesure.
M.
André Chassaigne. C’est vrai !
M.
Thibault Bazin. Certains pourront en bénéficier – et tant mieux,
je vous le concède ! Mais d’autres ne le pourront pas, alors qu’ils
croyaient le contraire. Ils sont profondément déçus. Il est normal que nous
relayions leur attente dans l’hémicycle, afin de trouver des solutions adossées
à des mesures de financement efficaces. Il convient de répondre à leur demande
au plus tôt, sans attendre une vague mission parlementaire. Nous ne croyons pas
à la câlinothérapie. Bonne nuit à tous !
Mme
la présidente. La parole est à M. Joël Aviragnet.
M.
Joël Aviragnet. Je remercie André Chassaigne d’avoir donné à l’instant
les explications qui s’imposaient. Chers collègues, vous pouvez recourir à tous
les éléments de langage que vous voulez, vous pouvez vous gargariser de mots,
mais la réalité est là. Avant vous, des gouvernements se sont occupés des
retraités agricoles, vous n’avez pas inventé l’eau chaude. (Vives
protestations sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.)
M.
Patrick Mignola. Avec de tels amendements, il ne faut pas faire le
malin !
M.
Joël Aviragnet. Vous pouvez hurler autant que vous le voulez !
Allez partager votre satisfaction avec les retraités agricoles et les
agriculteurs : c’est le moment, ils apprécieront votre démarche. Du reste,
chacun peut voir combien ils sont tous contents !
M.
Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Retirez donc votre
amendement !
(Les amendements nos 24926 et 24925,
successivement mis aux voix, ne sont pas adoptés.)
Mme
la présidente. La suite de la discussion est renvoyée à la prochaine
séance.
2
Ordre du jour de la prochaine séance
Mme
la présidente. Prochaine séance, demain, à quinze
heures :
Questions au Gouvernement ;
Présentation du
rapport annuel de la Cour des comptes ;
Suite de la discussion du
projet de loi instituant un système universel de retraite.
La séance est
levée.
(La séance est levée, le mardi 25 février 2020, à zéro heure
cinq.)
Le Directeur du service du compte rendu de la séance
de
l’Assemblée nationale
Serge Ezdra
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