Système universel de retraite Art. 1er - Version analytique |
AN 1 - Débats 21 février 2020 : 2ème séance du 20 |
Discussion des articles (suite)Article 1er (suite)M. le
président. Ce matin, l’Assemblée a poursuivi la discussion des articles
du projet de loi, s’arrêtant à l’amendement no 23972 à
l’article 1er. (À quinze heures vingt, M. Sylvain Waserman remplace M. Richard Ferrand au fauteuil de la présidence.) Présidence de
M. Sylvain Waserman
M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État chargé des retraites. Bien que
M. Éric Coquerel m’ait indiqué qu’il ne pourrait pas être présent cet
après-midi, je répondrai à la question qu’il a posée hier soir en fin de
séance sans qu’il soit possible de lui répondre, et qui portait sur le calcul de
la pension sur les vingt-cinq meilleures années, par rapport au calcul sur la
carrière complète. M. Boris Vallaud. Ce n’est pas ce que dit Antoine Bozio ! M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. Madame Pires Beaune, vous
m’avez interrogé sur la situation plus particulière des infirmiers, des
infirmières et des aides-soignantes à l’hôpital ; c’est une bonne question,
à laquelle je n’ai pas pu répondre hier soir. M. Pierre Dharréville et M. Boris Vallaud. Si ! Ce sont les catégories actives ! M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. …ni du reste pour l’ensemble
des régimes spéciaux. Tous les fonctionnaires hospitaliers auront donc accès au
compte professionnel de prévention, ce qui leur permettra de partir jusqu’à deux
ans plus tôt. M. Christian Hutin. Non payées ! M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. …voire les journées à récupérer,… M. Alain Bruneel. Non récupérées ! M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. …de partir plus tôt et, au bout du compte, d’avoir une répartition différente du temps de travail en fin de carrière. M. Pierre Dharréville. Il faut surtout embaucher à l’hôpital ! M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. Voilà, madame la députée, les
éléments que je voulais porter à votre connaissance. M. le président. Mes chers collègues, je vous salue toutes et tous. M. Christian Hutin. Nous sommes heureux de vous accueillir, monsieur le président ! M. le
président. Merci, monsieur Hutin. M. Hervé
Saulignac. J’ai bien entendu les souhaits qui se sont exprimés pour que
nous puissions aller au fond du débat. C’est ce que je vais m’employer à faire
et j’espère que cela nous permettra d’obtenir des réponses plus précises que
celles que nous venons d’obtenir du secrétaire d’État. M. Bertrand Bouyx. Vous êtes des prédicateurs d’apocalypse ! M. le président. La parole est à M. Pierre Dharréville, pour soutenir le sous-amendement no 41945. M. Pierre
Dharréville. Monsieur le secrétaire d’État, nous ne pouvons pas nous
satisfaire de voir des personnels hospitaliers accumuler autant d’heures
supplémentaires non payées, alors qu’il faut accroître leurs effectifs
– c’est la première revendication de ces personnels. Il ne faut donc pas
fonder des prévisions à long terme sur une continuation de la situation actuelle
à l’hôpital et je ne comprends donc pas bien le sens de vos propos. M. le président. La parole est à M. Bastien Lachaud, pour soutenir le sous-amendement no 42226. M. Bastien Lachaud. Ici encore, nous souhaitons que soit inscrit dans la loi que celle-ci a pour objectif d’être un progrès social, et non pas une grande régression. Or, au terme des débats en commission, vous n’avez pas réussi à nous démontrer comment vous pourrez financer les retraites en bloquant à 13 % le taux de richesse du pays qui leur sera consacré, alors que le nombre de retraités augmentera – c’est-à-dire comment nous réussirions, avec moins d’argent, à payer des pensions au moins équivalentes à un plus grand nombre de personnes. M. Bruno Millienne. C’est vous qui ne comprenez pas ce qu’on vous dit ! M. Bastien Lachaud. Tant que vous n’aurez pas répondu à cette question simple – mais à laquelle, j’en ai peur, il est impossible de répondre –, nous ne pourrons pas soutenir un tel projet de régression sociale. M. le président. La parole est à M. Sébastien Jumel, pour soutenir le sous-amendement no 41946. M.
Sébastien Jumel. À la faveur d’un rapport de commission d’enquête que
j’ai rédigé sur l’inclusion des enfants en situation de handicap, j’ai souligné
le rôle déterminant des orthophonistes et la nécessité d’augmenter les
dépistages précoces, notamment des troubles dys. D’ailleurs, lorsque le
Président de la République s’est exprimé sur la question du handicap il y a
quelques jours, il a été amené à proposer que le dépistage soit étendu aux
enfants de douze ans, comme je l’avais préconisé dans mon rapport. M. le président. Chers collègues, nous avons la chance de discuter en ce moment du fond du sujet. Je vous demanderai donc toute votre attention et vous prie d’écouter M. Jumel. M. Sébastien Jumel. Je vous remercie, monsieur le président. (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe LaREM.) M. Marc Le Fur. La majorité est dissipée ! M.
Sébastien Jumel. La question de la démographie médicale des
orthophonistes, dont le rôle est pourtant reconnu, a été soulevée dans nos
territoires de vie. Or, ces professionnels, qui ont suivi cinq ans d’études et
passé des concours souvent difficiles, et qui sont à 97 % des femmes,
seront doublement pénalisés. Ceux qui font partie de la fonction publique
subiront la remise en cause de la règle des six derniers mois. Aux salaires peu
élevés, s’ajoute donc une retraite rognée. Ceux qui exercent en libéral verront,
eux, leur taux de cotisation passer de 16 % à 28 % : il leur sera
plus difficile d’ouvrir un cabinet. M. le président. La parole est à M. Pierre Dharréville, pour soutenir le sous-amendement no 41947. M. Pierre Dharréville. Au moment où nous entamons la discussion, je veux saluer les manifestations qui se déroulent aujourd’hui dans notre pays, en écho à nos débats. Comme vous le savez, la rue ne désemplit pas. Plusieurs dizaines de milliers de personnes défilaient ce matin dans les rues de Marseille,… M. Jacques Marilossian. Dites des centaines de milliers, carrément ! M. Jean-Charles Colas-Roy. Les sardines vont boucher le Vieux-Port ! M. Pierre Dharréville. …on en compte au moins autant dans celles de Paris. Vous devriez ouvrir les yeux sur la réalité de la contestation, qui est profonde dans l’ensemble du pays. C’est le signe que votre réforme ne passe pas, même si vous avez passé deux ans à tenter, en vain, de préparer le terrain et l’opinion. Les 160 réunions que vous avez tenues ne suffisent pas à vous permettre d’affirmer que les gens sont d’accord avec vous et vous soutiennent. Ça n’est pas sérieux, toutes les enquêtes d’opinion montrent le contraire. Je vous invite à essayer d’écouter ce qui se passe en dehors de cet hémicycle et dont nous essayons de nous faire l’écho en nous heurtant, je dois le dire, à une fermeture problématique. Rappel au règlementM. le président. La parole est à M. Bastien Lachaud, pour un rappel au règlement. M. Bastien Lachaud. Mon rappel au règlement se fonde sur l’article 52, alinéa 1. M. Jumel a raison : le bruit et les invectives en permanence, c’est insupportable. M. le président. Monsieur Lachaud, je vous remercie. M. Bastien Lachaud. Je vous propose donc une solution simple : ouvrez davantage le débat en autorisant un plus grand nombre de députés de La République en marche à prendre la parole. Ils s’exprimeront ainsi dans le micro plutôt que par des invectives. (Exclamations sur quelques bancs du groupe LaREM.) M. le président. Je vous remercie pour ces conseils, monsieur Lachaud. Chers collègues, continuons nos débats dans le calme. Article 1er (suite)M. le président. La parole est à M. Alain Bruneel, pour soutenir le sous-amendement no 41948. M. Alain Bruneel. L’amendement proposé par nos collègues socialistes évoque la spécificité et la pénibilité de certains métiers. Je voudrais ici témoigner de la situation de milliers de travailleurs confrontés à un métier pénible. Je parle de ceux qui nettoient vos rues, enlèvent vos poubelles. Alors que vous dormez encore, ils courent après le camion en respirant les poussières des déchets, la Ventoline dans la poche, car beaucoup d’entre eux souffrent d’asthme ou d’autres maladies respiratoires. Toute la journée, qu’il pleuve, qu’il vente ou en pleine canicule, ils accomplissent les mêmes gestes difficiles et répétitifs. Il faut pousser et soulever des charges lourdes à une cadence rythmée par la pression des klaxons. Ce marathon quotidien usant est le prix à payer pour remplir une mission essentielle au service de la population. Les problèmes de dos et de genou accentuent déjà les risques de vivre en mauvaise santé au moment de la retraite, les troubles musculo-squelettiques font partie du métier, le tout pour un salaire de base de 1 300 euros dans le meilleur des cas, avec une espérance de vie réduite de sept ans par rapport à la moyenne nationale. C’est le travail jusqu’à la mort qui les attend si ce mauvais projet de loi est adopté. De nombreux éboueurs sont mobilisés, en grève, ils veulent que la pénibilité soit reconnue et refusent votre réforme. Ils manifestent encore aujourd’hui. M. le président. La parole est à M. Julien Aubert, pour soutenir le sous-amendement no 42267. M. Julien
Aubert. L’amendement vise à éviter une régression des droits des
assurés ; je propose avec ce sous-amendement d’affirmer le principe selon
lequel on ne doit pas baisser le montant des pensions. Il faut certes
s’intéresser à ce qui arrive aux assurés d’aujourd’hui mais ces derniers sont
évidemment aussi les retraités de demain. La conférence de financement prévoit
très clairement une augmentation des cotisations, un allongement de la durée de
celles-ci mais aucune baisse des pensions actuelles. Cette dernière disposition
doit s’appliquer aussi aux pensions de demain, d’autant plus que l’INSEE,
l’Institut national des statistiques et des études économiques, n’a toujours pas
été saisi de la question de ce fameux indicateur inconnu de tous, qui reste à
créer, sur lequel la valeur du point sera indexée. M. le président. La parole est à Mme Elsa Faucillon, pour soutenir le sous-amendement no 41949. Mme Elsa
Faucillon. Si nous nous permettons de nous appesantir sur le problème
des orthophonistes, c’est parce que ces derniers ont eux-mêmes insisté pour être
reçus ; afin d’être mieux entendus, ils ont formulé vingt propositions.
Nous sommes inquiets parce que nous constatons dans nos circonscriptions que les
personnes qui souhaitent prendre rendez-vous chez un orthophoniste se retrouvent
souvent sur une longue liste d’attente alors même que nous savons à quel point
le délai de prise en charge peut jouer un rôle décisif, notamment pour les tout
jeunes enfants. M. le président. La parole est à M. Pierre Dharréville, pour soutenir le sous-amendement no 41951. M. Pierre
Dharréville. Je veux vous faire part du témoignage d’étudiantes en
orthophonie. « Nous faisons cinq ans d’études, parfois plus, car le
concours d’entrée est très difficile ; et nous sommes pourtant payés à un
niveau bac+3, c’est-à-dire à peine plus que le SMIC. Avec la retraite à points,
nous perdrions le bénéfice du calcul effectué sur les six derniers mois en
vigueur dans la fonction publique. Nos salaires évoluent très lentement. Nous
serions de grands perdants », explique par exemple Lucie. Elle
poursuit : « C’est une profession qui compte 97 % de femmes, dont
beaucoup de carrières hachées, de reconversion. Là encore, nous sommes
perdantes ». Pauline confie de son côté : « Sur l’exercice
libéral, c’est pareil : les cotisations passeraient de 16 % à
28 % alors que nos tarifs conventionnés n’évoluent pas. Cela conduirait
nombre d’entre nous à se déconventionner. » M. le
président. Je suis saisi de deux sous-amendements identiques,
nos 41952 et 42228. M.
Sébastien Jumel. Cet amendement vise à faire entrer la notion de dignité
sociale dans le projet de loi. Par les temps qui courent, alors que trop de nos
concitoyens ont le sentiment d’être maltraités, broyés, humiliés, méprisés, il
me semble d’une impérieuse nécessité que le législateur se fixe comme objectif
la dignité sociale. Je le dis en ayant à l’esprit le témoignage de Peggy,
opératrice dans une usine de cosmétiques. Chaque port de charge se fait
au-dessus du cœur. S’ajoutent le bruit, l’exposition au plastique, le roulement
en cinq-huit. Autant de facteurs de pénibilité qui rendent insupportable la
soustraction prévue par le projet de réforme des retraites. M. le président. Je vous remercie, monsieur Jumel. Vous aurez apprécié le calme qui a régné pendant votre intervention. M. Sébastien Jumel. C’est vrai, monsieur le président, merci ! M. le président. La parole est à Mme Mathilde Panot, pour soutenir le sous-amendement no 42228. Mme
Mathilde Panot. Ce sous-amendement vise à prendre en compte l’espérance
de vie en bonne santé. Cette précision est importante car un ancien ministre a
dit, à propos de l’espérance de vie, qu’il fallait avoir « un QI de
bulot » pour ne pas comprendre qu’il faut travailler plus longtemps puisque
nous vivons plus longtemps. M. le président. La parole est à M. Alain Bruneel, pour soutenir le sous-amendement no 41953. M. Alain
Bruneel. Toujours à propos de la spécificité et de la pénibilité de
certains métiers, j’ai eu l’occasion de rencontrer des salariés de Renault qui
m’ont expliqué à quoi ressemblait une journée de travail et quelles étaient les
cadences qu’ils subissaient. M. le président. La parole est à Mme Caroline Fiat, pour soutenir le sous-amendement no 42245. Mme
Caroline Fiat. Nous souhaitons améliorer l’amendement déjà quasi parfait
(Sourires) présenté par notre collègue Saulignac, qui porte sur les
orthophonistes, en insérant, après le mot « concernés », les mots
« à leur garantir un départ à la retraite suffisamment tôt pour leur
permettre de s’épanouir dans cette nouvelle partie de la vie que représentent
les retraites ». En effet, en commission, nous avons longuement évoqué la
transmission professionnelle, le fait qu’il fallait peut-être partir plus tard à
la retraite pour former de nouvelles personnes. Je vous ai alors opposé la
transmission familiale. M. le président. Je vous remercie, chers collègues, de ne pas multiplier les conversations particulières, le brouhaha contribuant à l’excitation générale, afin que nous puissions écouter M. Lachaud qui soutient le sous-amendement no 42247. M. Bastien
Lachaud. Le présent sous-amendement vise à réaffirmer que cette réforme
doit avoir pour but d’améliorer le niveau de vie des retraités. Aujourd’hui, le
taux de pauvreté des retraités oscille, selon les estimations, entre 7,5 %
et 10 % ; c’est déjà beaucoup trop, mais nous craignons que cette
réforme ne fasse qu’empirer la situation. Et cette crainte ne vient pas de nulle
part ! Elle ne vient pas seulement de votre absence de réponse à la
question de savoir comment, avec moins d’argent et plus de retraités, vous allez
maintenir le taux de pension. Elle vient simplement de l’exemple
allemand. M. le président. La parole est à Mme Mathilde Panot, pour soutenir le sous-amendement no 42249. Mme
Mathilde Panot. Nous entendons inscrire dans la loi un principe qui nous
semble essentiel : la réforme doit « garantir un niveau de vie
au-dessus du seuil de pauvreté à tous les retraités ». La France a l’un des
taux de retraités pauvres les plus bas en Europe – et Bastien Lachaud vient
d’évoquer des systèmes étrangers de retraite par capitalisation et de retraite à
points, où le taux de retraités pauvres est deux à trois fois supérieur à celui
de la France. M. Bruno Millienne. Les réformes que vous préconisez ne sont pas financées! Mme Mathilde Panot. D’ailleurs, qu’aucune carrière complète au SMIC ne donne lieu à une pension inférieure au SMIC, ce serait cela, respecter la dignité des Françaises et des Français. Il est en effet intolérable qu’une personne qui a travaillé toute sa vie, parfois en rencontrant des difficultés, ne puisse avoir un niveau de vie digne, c’est-à-dire, encore une fois, au-dessus du seuil de pauvreté. M. le président. La parole est à Mme Caroline Fiat, pour soutenir le sous-amendement no 42251. Mme
Caroline Fiat. Nous proposons de compléter l’alinéa 5 par la phrase
suivante : « Ces réformes veillent à garantir un départ anticipé pour
les personnes ayant exercé des métiers pénibles. » Monsieur le secrétaire
d’État, je vous ai écouté attentivement ; vous avez parlé du compte
professionnel de prévention. Or depuis que nous avons entamé l’examen du texte,
je n’ai pas vu que nous en ayons traité. Nous souhaitons donc savoir où il en
est question dans le projet de loi afin que nous puissions avancer et discuter
sur le fond. Ce n’est pas que je ne veux pas vous faire confiance mais, dès que
nous évoquons la pénibilité, on nous parle d’un compte professionnel de
prévention sans qu’aucun élément à son sujet ne nous soit parvenu. Nous sommes
députés et nous ne disposons pas des textes nécessaires pour
avancer ! M. le président. La parole est à M. Adrien Quatennens, pour soutenir le sous-amendement no 42261. M. Adrien Quatennens. Pardonnez mon retard, monsieur le président, mais je suis allé prendre l’air auprès des manifestants toujours mobilisés contre ce projet de réforme des retraites (Exclamations sur de nombreux bancs des groupes LaREM et MODEM) et je vous avoue que ça fait du bien… M. Bruno Millienne. Ça a dû vous faire du bien, en effet. M. Adrien
Quatennens. …car on peut y observer que nos débats sont très suivis, que
le pays s’intéresse de près aux travaux de l’Assemblée, et surtout que la
démarche de la France insoumise est tout à fait soutenue. Je tenais à le
souligner, c’est important, car voilà qui redonne de l’énergie. M. le président. La parole est à M. Bastien Lachaud, pour soutenir le sous-amendement no 42262. M. Bastien Lachaud. Je reprendrai l’exemple allemand. Il est assez intéressant de constater qu’en 2018, les Allemands partent en moyenne avec une retraite de 750 euros – 928 pour les hommes, 675 pour les femmes –, conséquence de l’instauration d’un système similaire à celui que vous appelez de vos vœux. M. Erwan Balanant. Mais non ! M. Bastien
Lachaud. Un des effets du système allemand concerne le taux de pauvreté
des retraités. En 2018, alors qu’il est, en France, de 7 % à 10 %, il
atteint 19 % des Allemands de plus de 65 ans, taux en augmentation de
trois points par rapport à 2009 et qui pourrait, dans les années à venir,
dépasser 20 %. M. le président. La parole est à M. François Ruffin, pour soutenir le sous-amendement no 42263. M. François Ruffin. Il s’agit d’inscrire dans la loi que les réformes prévues garantissent un départ à la retraite « à un âge raisonnable ». (Brouhaha.) Un peu d’attention, s’il vous plaît, chers collègues. (Rumeurs sur de nombreux bancs du groupe LaREM.) Monsieur le président… M. le président. Monsieur Ruffin, l’hémicycle est serein ; je vous prie de défendre votre sous-amendement. Mes chers collègues, s’il vous plaît. M. François
Ruffin. Bien. Que peut-on considérer comme un âge raisonnable ?
L’espérance de vie en bonne santé. Il faut au minimum que quand les gens
prennent leur retraite, ils puissent un peu en profiter en étant en bonne santé.
Cette espérance de vie en bonne santé est d’environ 63 ans – ce serait
la référence pour fixer l’âge raisonnable pour un départ à la
retraite. M. Patrick Mignola. Monsieur Ruffin vient d’inventer la retraite par contumace ! M. le président. La parole est à Mme Mathilde Panot, pour soutenir le sous-amendement no 42255. Mme
Mathilde Panot. Il vise à traduire dans la loi l’une de nos
propositions, car, contrairement à ce que vous dites, nous ne nous contentons
pas de nous opposer à votre texte : nous faisons des propositions inspirées
par une vision du monde totalement différente de la vôtre. M. le président. La parole est à M. Bastien Lachaud, pour soutenir le sous-amendement no 42264. M. Bastien
Lachaud. Il vise à ce que les gens puissent partir à la retraite avec
« une pension à taux plein à l’issue d’un nombre d’annuités
raisonnable ». Ce n’est absolument pas ce qui est proposé par le projet de
loi. La merveilleuse étude d’impact a beau nous expliquer que l’âge d’équilibre
fixé à 65 ans n’augmentera jamais, c’est totalement faux et cela ne
correspond pas à l’esprit de cet outil. L’âge d’équilibre ira crescendo jusqu’à
66 ou 67 ans. On imagine le nombre d’années de cotisations de ceux qui
auront commencé à travailler à 16 ans et qui voudront bénéficier d’une
retraite à taux plein sans décote ! Cet âge pivot est le symbole de la
régression totale qu’implique le système par points : il crée une inégalité
entre ceux qui auront commencé à travailler tôt et les autres. M. le président. La parole est à M. François Ruffin, pour soutenir le sous-amendement no 42258. M. François Ruffin. Il vise à « assurer une prise en compte des enfants dans le calcul des retraites ». Aujourd’hui, les femmes sont malheureusement pénalisées par la maternité qui contribue souvent à hacher leur carrière et, en conséquence, à diminuer leur retraite. M. Damien Pichereau. Donc vous voulez que rien ne change ! M. Philippe Gosselin. On peut changer pour faire mieux, mais ce n’est pas ce que vous proposez ! M. François
Ruffin. Nous ne disons pas qu’il ne faut rien changer, au
contraire ! Nous vous demandons d’inscrire dans la loi que les enfants sont
pris en compte dans le calcul de la retraite. M. le président. Veuillez conclure, monsieur le député ! M. François Ruffin. C’est le choix de la régression alors qu’il s’agit d’une proposition de la Commission européenne. La France s’est opposée à une mesure d’élévation du niveau de l’accompagnement social en Europe… M. le
président. Le sous-amendement no 41954 de M. Pierre
Dharréville est défendu. M. Julien
Aubert. L’amendement no 23972 évoque les orthophonistes.
Il me semble que c’est l’occasion d’y ajouter d’autres catégories
professionnelles que la réforme en cours inquiète très sérieusement
– inquiétude qui a, à mon sens, des raisons réelles et
objectives. M. le président. La parole reste à M. Julien Aubert, pour soutenir le sous-amendement no 42281, qui est de même nature… M. Julien
Aubert. De même nature, mais néanmoins différent puisqu’il est relatif
aux agriculteurs et non plus aux avocats. Les agriculteurs ont souvent des
carrières hachées, et il ne faut pas oublier le statut particulier des aidants
familiaux agricoles. Ils relèvent d’un régime ayant une forte identité, celui de
la MSA – Mutualité sociale agricole. Ils sont assez inquiets et craignent
que les règles futures se retournent contre eux du fait de la nature
particulière de leur activité. M. le président. La parole est à M. Marc Le Fur, pour soutenir le sous-amendement no 42077. M. Marc Le
Fur. Pour vous être agréable, monsieur le président, car chacun,
président compris, a su faire des efforts, je me propose de défendre en même
temps mes huit amendements successifs nos 42077 à 42084 relatifs à
des professions de santé : les infirmières et les infirmiers libéraux, les
kinésithérapeutes, les psychomotriciens, les ostéopathes, les
pédicures-podologues, les orthoptistes, les diététiciens et les
ergothérapeutes. M. Jean-Pierre Vigier. Eh oui ! M. Philippe Gosselin. C’est toute la question ! M. Boris Vallaud. Absolument ! M. Marc Le Fur. Ces conséquences concernent les professionnels de santé, leur patientèle, et le budget de la sécurité sociale. Nous ne pouvons pas voter un dispositif aussi important sans avoir une vision claire des choses. Je note qu’une fois de plus, l’étude d’impact est totalement défaillante sur le sujet. (Applaudissements sur les bancs du groupe LR.) M. Philippe Gosselin. La démonstration est magnifique et le plaidoyer magistral ! M. le président. La parole reste à M. Marc Le Fur, pour soutenir le sous-amendement no 42129. M. Marc Le Fur. Il concerne les patrons-pêcheurs et le monde des marins. Ils connaissent une situation très particulière en matière de retraite. Cette fois, mes chers collègues, ce n’est pas à la Libération qu’il faut chercher les origines de ce régime : il faut remonter à Louis XIV qui a créé le système de protection des marins. M. Sébastien Jumel. À Colbert ! M. Marc Le
Fur. En effet, Colbert était le ministre de Louis XIV. Il est vrai
que l’instruction publique a davantage insisté sur Colbert ; c’est de bonne
guerre. Le système est en tout cas très ancien. Il a des particularités
auxquelles les marins tiennent, comme le départ à 55 ans ou le calcul des
pensions fondé sur le salaire forfaitaire et non sur le revenu
réel. M. Philippe Gosselin. Ou normands ! M. Sébastien Jumel. Il ne faut pas nous oublier ! M. Marc Le
Fur. Je rectifie bien sûr par amitié pour mes excellents collègues
Gosselin et Jumel : à partir des ports bretons et normands. M. le président. La parole est à M. Julien Aubert, pour soutenir le sous-amendement no 42280. M. Marc Le Fur. L’Assemblée a donné le nom de Colbert, dont nous parlions, à l’une de ses plus belles salles. Malheureusement, elle est affectée au groupe majoritaire ! M. le président. Nous vous remercions pour ces précisions, monsieur Le Fur, mais la parole est à M. Aubert. M. Julien
Aubert. Je me joins à l’éloge du grand Colbert que vient de prononcer
M. Le Fur. L’héritage de Colbert est fort riche et, malheureusement,
nous avons oublié quelques-uns de ses préceptes. M. le président. La parole est à Mme Mathilde Panot, pour soutenir le sous-amendement no 42248. Mme
Mathilde Panot. Le présent sous-amendement demande la prise en compte de
la pénibilité de certains métiers, notamment de celui des assistantes
maternelles. Dans le système actuel, la prise en compte de la pénibilité n’est
pas satisfaisante. Ainsi, les assistantes maternelles portent chaque jour des
charges cumulées importantes et sont exposées a du bruit et à des virus, ce qui
a des conséquences sur leur santé. Ces particularités devraient leur permettre
de partir à la retraite plus tôt. M. le
président. Je suis saisi de plusieurs demandes de scrutin public. Le
groupe de la Gauche démocrate et républicaine demande un scrutin sur les
sous-amendements nos 41946, 41947, 41948 et 41949 ; le
groupe de la France insoumise, sur les sous-amendements
nos 42264, 42258 et 42248 ; le groupe Les Républicains, sur
le sous-amendement no 42129. M. Christian Hutin. Voilà qui va être intéressant ! M. Nicolas Turquois, rapporteur de la commission spéciale. Vu le nombre de sujets abordés, je ne sais pas par où commencer mon propos. Si j’étais membre du groupe Socialistes et apparentés, je serais quelque peu vexé de voir mon amendement faire l’objet de trente-sept sous-amendements – la preuve qu’il ne devait pas être très bien rédigé ! (Protestations sur les bancs du groupe FI.) M. François Ruffin. Au contraire, nous allons dans le même sens ! Mme Mathilde Panot. Nous nous intéressons à leur travail ! M. Christian Hutin. Je demande un droit de réponse à cette insulte ! M. le président. S’il vous plaît, mes chers collègues. Monsieur Hutin, vous aurez la parole après l’avis du secrétaire d’État. M. Nicolas Turquois, rapporteur. L’amendement et les sous-amendements reflètent la volonté manifeste de bloquer le fonctionnement de l’Assemblée et d’abîmer le rôle des parlementaires. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM ainsi que sur plusieurs bancs du groupe MODEM. – Protestations sur les bancs du groupe LR.) Cet après-midi, M. Mélenchon a déclaré : « Nous allons tenir la tranchée. » Pour ma part, je ne suis pas en guerre en venant à l’Assemblée. J’ai envie de travailler, de faire des constats, d’analyser, d’essayer des choses. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.) Mme Mathilde Panot. Nous avons donné des arguments ! M. Patrick Hetzel. Renouvelez vos éléments de langage ! M. Nicolas Turquois, rapporteur. Ici aussi, certains cherchent peut-être, en parlant au micro, à profiter d’un moment de gloire ; mais ce faisant, ils abîment profondément notre fonction. Mme Caroline Fiat. Pardon ? M. Christian Hutin. Tu veux la paix ou la guerre ? M. Nicolas Turquois, rapporteur. Je vais citer les éléments évoqués dans les sous-amendements. Alors que l’amendement no 23972 était consacré aux professions libérales et particulièrement aux orthophonistes, M. Bruneel, qui est parti aussitôt après son intervention… (Très vives protestations sur les bancs des groupe SOC, FI et GDR.) M. Christian Hutin. Ce procédé est indigne ! M. Sébastien Jumel. Mais à quel jeu joue-t-il ? M. Nicolas Turquois, rapporteur. …nous a parlé des éboueurs ! (Très vives protestations sur les bancs des groupe SOC, FI et GDR. – Applaudissements sur quelques bancs du groupe LaREM.) M. le président. Mes chers collègues, s’il vous plaît… M. Nicolas Turquois, rapporteur. Madame Fiat, au sous-amendement no 42251, vous avez ajouté la notion de pénibilité… (Vives exclamations sur de nombreux bancs.) M. Christian Hutin. Où est M. Véran ? M. Brahim Hammouche. Laissez parler le rapporteur ! M. le président. Mes chers collègues, s’il vous plaît, un peu de silence ! Monsieur Jumel, vous aurez la parole tout à l’heure. Vous avez demandé le calme pendant votre intervention ; je comprends que vous ayez envie de réagir, mais vous aurez l’occasion de le faire. M. le rapporteur va finir son propos, puis nous entendrons M. le secrétaire d’État, et ensuite je laisserai s’exprimer un orateur par groupe. M. Nicolas
Turquois, rapporteur. Monsieur Lachaud, vous nous avez interrogés
sur la façon dont on pouvait financer les pensions d’un nombre croissant de
retraités par une part plus faible du PIB. Vous aviez déjà fait cette remarque
hier ; nous avons déjà apporté une réponse, mais je vais la redonner. Un de
vos collègues a dit à plusieurs reprises que depuis les années 1970, la
valeur produite par les salariés a été multipliée par quatre et le PIB a
fortement augmenté : c’est cela qui permet d’assurer une hausse des
pensions malgré l’augmentation du nombre de retraités. M. Hervé Saulignac. Enfin ! M. Boris Vallaud. Je croyais qu’il était mal rédigé ! M. Nicolas
Turquois, rapporteur. Il portait sur les orthophonistes. Ceux-ci
relèvent de la CARPIMKO. Un rapport sur l’évolution du ratio entre cotisants et
retraités, rédigé à la demande de cette caisse, indique que pour conserver
l’équilibre malgré le retournement du ratio démographique, il faudra augmenter
la valeur d’achat du point actuelle – car c’est un système à points –
de 4 %. Cela exige d’amener progressivement le taux de cotisation
– actuellement de 17 % – à 21 % d’ici
à 2040. Rappels au règlementM. le président. La parole est à M. Marc Le Fur, pour un rappel au règlement. M. Marc Le Fur. Je me fonde sur l’article 100, alinéa 7 du règlement. Nous déposons des amendements, nous les défendons ; le rapporteur est censé nous répondre sur le fond ! Mme Mathilde Panot. Mais bien sûr ! M. Marc Le Fur. Nous commencions à bien travailler et à progresser, chacun faisait des efforts. Moi-même, comme vous avez pu le constater, je n’ai pas défendu tous mes sous-amendements, les regroupant pour nous permettre de gagner du temps. Mais le rapporteur, au lieu d’en prendre acte et d’essayer de répondre sur le fond, que fait-il ? Un député du groupe LR. De la provocation ! M. Marc Le Fur. Ma question sur les patrons pêcheurs – une catégorie tout à fait digne de notre intérêt, monsieur le rapporteur ! – n’a reçu aucune réponse. Je sais que le secrétaire d’État répondra, car il est sérieux. (Exclamations sur les bancs du groupe MODEM.) Monsieur le rapporteur, votre tâche est, certes, délicate et difficile, mais vous devez l’assumer pleinement en répondant aux auteurs d’amendements sur le fond. (Applaudissements sur les bancs du groupe LR.) M. le président. La parole est à M. Sébastien Jumel, pour un nouveau rappel au règlement. M.
Sébastien Jumel. J’interviens en vertu de l’article 100,
alinéa 5 – et peut-être même alinéa 7. M. Patrick Hetzel. Il a raison ! Bravo ! M. Sébastien Jumel. Il prétend ainsi interdire à l’un de mes collègues, présent depuis le début de nos débats, d’aller prendre l’air trois minutes. Ce n’est respectueux ni de l’opposition ni du Parlement ; ce n’est pas à la hauteur de la mission qu’on vous a confiée. Si vous voulez rallumer la mèche, si la mission qu’on vous a donnée est de créer un bordel généralisé, alors faites-le, mais ne faites pas porter à l’opposition le poids de vos propres turpitudes ! M. Patrick Hetzel. Voilà, c’est cela qu’il faut faire ! M. Sébastien Jumel. Vous êtes, depuis le début, responsable de ce qui se passe mal, incapable de mener les débats sur le texte correctement. Assez ! Cela suffit maintenant. M. Marc Le Fur. Très bien ! Mme Cendra Motin. Assumez, au moins ! M. le président. La parole est à Mme Caroline Fiat, pour un autre rappel au règlement. Mme
Caroline Fiat. Je me fonde sur l’article 100, alinéa 7. Nous
avons déposé des sous-amendements, que nous avons expliqués et défendus ;
nous attendons des réponses de la part de M. le
rapporteur. M. Christian Hutin. C’est sa grande qualité ! Mme Caroline Fiat. On ne peut pas nous demander de parler du fond si c’est pour nous le reprocher ensuite ! Par ailleurs, il est pénible de s’exprimer dans un brouhaha constant ; vous allez encore dire que c’est l’opposition qui le crée, mais depuis quinze heures, le brouhaha, c’est vous ! Mme Mathilde Panot. C’est vrai ! M. le président. La parole est à M. Boris Vallaud, également pour un rappel au règlement. M. Boris Vallaud. J’interviens sur le fondement de l’article 100, alinéa 7. Je voudrais appuyer ce qui vient d’être dit. Nous avons été patients, nous avons défendu notre amendement et écouté avec beaucoup d’intérêt la présentation des sous-amendements ; ceux-ci soulèvent des questions qui méritent des réponses. Mais que rencontrons-nous en face ? De la morgue et du mépris ! (Protestations sur les bancs du groupe MODEM.) M. Bruno Millienne. En cette matière, tu n’es pas le dernier ! M. Boris Vallaud. Ce n’est pas possible. Vous réclamez avec insistance qu’on se concentre sur le fond ; dans ce cas, quand des questions de fond sont abordées, apportez-y des réponses de fond ! (Applaudissements sur les bancs des groupes LR, SOC, GDR et FI. – Protestations sur les bancs du groupe LaREM.) Ou alors, s’il n’a rien d’intéressant à dire, que le rapporteur garde le silence ! M. le président. La parole est à M. Patrick Hetzel, pour un rappel au règlement. M. Patrick
Hetzel. J’interviens également sur le fondement de l’article 100.
Nous avons un vrai problème dans les débats, et la manière dont on traite les
choses doit être examinée. Je parle bien du fond. Nous sommes nombreux à avoir
déposé des amendements réclamant des rapports, et nous les avons évidemment
placés à différents endroits du texte, pour que le débat reste
cohérent. Mme Brigitte Bourguignon, présidente de la commission spéciale. Cela n’a rien à voir avec le sujet ! M. Patrick Hetzel. Vous prenez une lourde responsabilité : vous voudriez prouver que nos propositions n’ont pas de sens que vous ne vous y prendriez pas autrement, alors qu’elles ont un véritable sens. M. Boris Vallaud. Exactement ! M. Patrick Hetzel. Pour abonder dans le sens de M. Vallaud, je dirai que nous avons l’impression que c’est la majorité qui est en train de saboter l’intégralité de ce débat parlementaire. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LR, SOC, GDR et FI.) Mme Cendra Motin. N’importe quoi ! M. le président. La parole est à M. Patrick Mignola. M. Patrick Mignola. Mon rappel au règlement se fonde également sur l’article 100, alinéa 7 du règlement. Je suis très gêné de voir que, depuis quelques jours, les provocations se multiplient. Si je suis prêt à entendre que la majorité peut parfois y prendre sa part, je ne peux en aucun cas accepter les cris d’orfraie, les contestations venues à l’instant de la gauche et de la droite de l’hémicycle pour expliquer que ce serait la majorité qui ferait preuve de mépris et de morgue. Mme Brigitte Kuster. Et sur Twitter ? M. Patrick Hetzel. Vous faites tout pour ça ! M. Patrick Mignola. À aucun moment, je n’ai vu le rapporteur manifester une quelconque morgue. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM,MODEM et UDI-Agir.) Je l’ai entendu répondre sur le fond. (Mêmes mouvements.) Cela fait trois semaines qu’il répond sur le fond ! Cela fait trois semaines que vous essayez d’échapper au débat et que nous, nous voulons dire ce que nous voulons apporter aux Français ! Vous voulez réduire le rapporteur au silence ! Vous voulez nous réduire au silence, mais nous ne vous laisserons pas faire, car nous sommes ici par la volonté des électeurs ! (De nombreux députés des groupes MODEM, LaREM et UDI-Agir se lèvent et applaudissent.) M. Sébastien Jumel. Que c’est drôle ! Quel comédien ! M. Alain Bruneel. Salut l’artiste ! M. le président. S’il vous plaît, essayons de retrouver le fil de nos débats. La parole est à M. François Ruffin. M. François
Ruffin. Mon intervention se fonde sur l’article 100, alinéas 5
et 7 du règlement. M. Erwan Balanant. Cela prouve que nous ne sommes pas des Playmobil ! Mme Brigitte Bourguignon, présidente de la commission spéciale. Quel rapport avec le sujet ? M. François Ruffin. Moi, je voudrais faire une proposition, monsieur le président. M. le président. Allez-y, monsieur Ruffin. M. François Ruffin. Nous sommes dans une ornière : c’est évident ! Moi, je voudrais faire une proposition à la majorité. Ce texte concerne des millions de retraités et futurs retraités – à peu près tous les Français. M. Bruno Millienne. Eh oui ! M. François Ruffin. Comme le dit M. Poulliat, il faut se donner le temps. Voici ma proposition : suspendons les débats jusqu’aux élections municipales (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LR. – M. Sébastien Jumel applaudit également) et adressons au Conseil d’État une étude d’impact qu’il n’estimera pas sommaire, mal faite… M. le président. Merci, monsieur Ruffin. M. François Ruffin. …et n’employons pas la procédure accélérée. M. Erwan Balanant. Quel rapport avec le règlement ? M. François Ruffin. Si le débat se déroule de cette manière, sur la base d’une étude d’impact fiable, sans procédure accélérée, en donnant du temps au Parlement, je suis convaincu que les oppositions sont prêtes à faire un travail tout à fait constructif. (Applaudissements sur les bancs du groupe FI. – M. Sébastien Jumel applaudit aussi.) M. Bruno Millienne. Pas du tout ! M. le président. La parole est à M. Éric Woerth. M. Éric
Woerth. Mon intervention se fonde sur l’article 100 du
règlement. M. Patrick Hetzel. Très bien ! M. Éric
Woerth. Ce texte étant très compliqué, le débat l’est aussi. Pour ma
part, je propose de calculer les points sur les vingt-cinq meilleures années. La
proposition oblige à faire un peu d’arithmétique, mais elle est assez simple et
pourrait constituer une solution. En tout cas, elle peut être soumise au débat.
Je demande donc un rapport sur ce sujet, car un amendement proposant ce mode de
calcul serait déclaré irrecevable en application de l’article 40 de la
Constitution. M. Jean-Jacques Bridey. C’est ce que nous faisons pour tous les textes ! M. Éric Woerth. M. Hetzel a parfaitement raison : il faut examiner les amendements demandant des rapports au moment où le sujet de fond auquel ils se réfèrent est traité. (Applaudissements sur les bancs du groupe LR.) M. le président. La parole est à M. Thierry Benoit. M. Thierry
Benoit. Je n’avais pas forcément prévu d’intervenir, mais je vais le
faire sur le fondement de l’article 100, comme nos collègues. Mme Brigitte Bourguignon, présidente de la commission spéciale. Oui : nous, nous y sommes depuis trois semaines ! M. Thierry
Benoit. Nous débattons dans l’hémicycle depuis lundi. Je considère que
les membres du groupe UDI, Agir et indépendants n’ont pas abusé de leur droit de
parole. Nous appartenons à un petit groupe, mais nous sommes témoins de ce qui
se passe. Nous avons aussi quelques idées sur les différents sujets abordés dans
ce projet de loi, que nous avons traduites sous forme d’amendements. Nos
amendements passent à leur rythme, c’est-à-dire une fois tous les
1 000 amendements, puisque des dizaines de milliers d’amendements ont
été déposées. M. le président. Les rappels au règlement sont de droit, mais je peux y mettre un terme s’ils sont trop répétitifs. Si c’est pour dire la même chose, cela ne sert à rien de prendre la parole. La parole est à M. Adrien Quatennens, à qui je demande d’être concis. M. Adrien
Quatennens. Vous savez que je n’en abuse pas, monsieur le président, et
je vais essayer de faire au mieux. Mon intervention se fonde sur
l’article 100 de notre règlement. M. Patrick Loiseau. Vous nous l’avez déjà dit ! M. Bruno Millienne. Venez-en au fait ! M. Adrien Quatennens. …et je peux vous rassurer : nos débats sont très suivis et, globalement, la manière dont ils se déroulent plaît beaucoup aux gens, elle leur convient. (Mêmes mouvements.) M. le président. Monsieur Quatennens… M. Adrien Quatennens. J’essaie d’apaiser les débats, monsieur le président. M. le président. Non, ce n’est pas ce que vous faites. M. Adrien Quatennens. Bien sûr que si ! M. le président. Je ne vais pas vous faire l’injure de relire l’article 100 du règlement, mais je peux vous dire qu’il ne traite pas des manifestations ou des reportages de télévision sur nos travaux. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.) Je vais vous laisser finir votre intervention, en vous demandant d’être respectueux du règlement et de cet hémicycle et de vous concentrer sur votre rappel au règlement. M. Adrien Quatennens. Évidemment, mais mon rappel au règlement porte sur le bon déroulement de nos débats et je veux rassurer nos collègues : à l’extérieur, les gens sont majoritairement opposés aux projets de réforme et ils sont contents de la manière dont les débats se passent. (Vives exclamations sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.) M. Bruno Millienne. Ils sont 2 000 ! M. Adrien Quatennens. Pourrais-je au moins terminer dans le calme, monsieur le président ? M. le président. Rapidement, s’il vous plaît. M. Adrien Quatennens. Rappelant que M. Mélenchon avait utilisé l’expression de guerre de tranchées, le rapporteur nous a dit : c’est la guerre. Il s’agit d’une guerre démocratique, mais c’est vous qui l’avez déclarée parce que, nous vous l’avons répété, votre programme annonce l’inverse de ce que vous faites… Mme Sophie Beaudouin-Hubiere. Menteur ! M. le
président. Merci, monsieur Quatennens. Nous en resterons là concernant
votre rappel au règlement. Votre propos est clair mais il n’a pas de rapport
avec l’article 100 du règlement, que je vous incite à relire.
(Applaudissements sur quelques bancs du groupe LaREM.) M. Bruno
Fuchs. J’interviens aussi au titre de l’article 100 du
règlement. M. Patrick Loiseau. Très bien ! M. Christian Hutin. Pourquoi contrevérités ? M. Sébastien Jumel. Quel rapport avec le règlement ? M. Bruno Fuchs. …mais je voudrais que les personnes qui nous regardent sachent de quoi l’on parle. M. le président. Restez sur le règlement, monsieur Fuchs. M. Bruno Fuchs. Ces sous-amendements proposent, par exemple, de remplacer « contribuent» par « conduisent », ou « à aucune » par « pas une », ou « jamais » par « pas ». Voilà le type de sous-amendements qui sont proposés, et qui n’ont rien à voir avec le fond !(Applaudissements sur les bancs des groupes MODEM et LaREM.) Vous tournez en rond pour nous accuser ensuite des choses que vous êtes vous-mêmes en train de commettre ! M. le président. La parole est à Mme Brigitte Bourguignon, présidente de la commission spéciale. Mme Brigitte Bourguignon, présidente de la commission spéciale. Je voudrais rappeler chacun à ses responsabilités dans ce débat. M. Mélenchon a eu l’occasion de saluer à plusieurs reprises les propos du rapporteur, qui apportait les précisions nécessaires à chaque moment du débat. M. Boris Vallaud. C’est son travail ! Mme
Brigitte Bourguignon, Présidente. Vous pourrez consulter ses
déclarations dans le rapport, comme peuvent le faire les députés de toutes les
autres oppositions. M. Adrien Quatennens. C’est bien normal ! Mme Brigitte Bourguignon, Présidente. Dans le cadre d’un débat digne de ce nom, deux choses doivent prévaloir : le débat a lieu à l’Assemblée nationale, et non pas sur les réseaux sociaux ou à l’extérieur ; le respect de chacun envers les autres. Quand cesseront les invectives et les noms d’oiseaux, peut-être pourrons-nous enfin parler du texte ! (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM, MODEM et UDI-Agir.) Article 1er (suite)M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement sur l’amendement no 23972 et les sous-amendements ? M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. Les sous-amendements sont
nombreux, en effet, et ils abordent beaucoup de sujets. Je vais essayer d’en
traiter un maximum, en commençant par ceux de La France insoumise pour qu’Éric
Coquerel, qui suit certainement nos travaux cet après-midi, ne pense pas que je
les ai oubliés. M. Christian Hutin. Effectivement, ils ont l’air très contents ! M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. L’une de ces simulations, que tout le monde peut consulter en ligne, concerne les infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes, orthophonistes et orthoptistes. On y apprend que la pension mensuelle brute se monte à 1 337 euros dans le système actuel et atteindra 1 899 euros dans le système universel, ou encore que le taux moyen des cotisations de retraite passera de 18,3 % aujourd’hui à 28,12 % à l’issue de la transition – laquelle s’étendra sur plus de quinze ans. Comme l’a excellemment expliqué Nicolas Turquois, la Carpimko avait déjà prévu des hausses de cotisations. Les caisses sont en effet attentives à leur équilibre, et la démographie de leurs assurés peut les conduire à augmenter leurs cotisations. Par ailleurs, les auxiliaires médicaux ayant des revenus relativement modestes, de l’ordre de 30 000 euros annuels, ne connaîtront aucune hausse de leurs cotisations, du fait du changement d’assiette de la CSG, mais bénéficieront d’une hausse de 42 % de leurs pensions de retraite. Ceux dont le revenu annuel avoisine 40 000 euros ne verront pas non plus leurs cotisations augmenter, mais leurs pensions croîtront de 45 %. M. David Habib. Il est quand même exceptionnel ! On n’y comprend rien ! M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Quant aux auxiliaires médicaux ayant des revenus très importants, de l’ordre de 80 000 euros, leurs cotisations augmenteront d’un point et leurs pensions croîtront de 82 %. M. David Habib. Vraiment, 82 % d’augmentation des pensions ? M. Christian Hutin. On ne comprend rien ! M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. Le travail a donc été fait en
amont, et bien fait. Je comprends que la représentation nationale nous
interpelle – vous-mêmes avez été interpellés, et il est normal que vous
vous en fassiez écho dans l’hémicycle. Il est donc légitime que je vous apporte
des explications de nature à vous rassurer. M. Marc Le Fur. Va-t-on l’écrire dans la loi ? M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. Monsieur Le Fur, je vous
propose de traiter plus longuement ce sujet lorsque nous aborderons
l’article 8. Je ne voulais toutefois pas l’éluder et souhaitais en donner
aujourd’hui un premier éclairage. M. Hervé Saulignac. Qui comprend ? M. le président. Ayant reçu de nombreuses demandes de prise de parole, j’en accorderai une par groupe. La parole est à M. Éric Woerth. M. Éric Woerth. Ce débat est compliqué, car chaque étape nous conduit à aborder de nombreux aspects. Je me concentrerai ici sur les professions libérales. En la matière, votre proposition est d’une complexité inouïe, monsieur le secrétaire d’État. À titre d’exemple, un abattement de 30 % sur l’assiette de la CSG vient contrebalancer – pour autant qu’il soit constitutionnel – une augmentation des cotisations : en d’autres termes, un trou vient en boucher un autre ! Verrons-nous resurgir la TVA pour combler encore un autre trou ? Tout cela me semble peu responsable. Votre tuyauterie est encore plus complexe que celle qu’elle est censée remplacer ! M. Patrick Hetzel. Très juste ! M. Éric Woerth. Les députés de La France insoumise évoquent constamment la souffrance au travail. Évidemment, le travail est difficile ; évidemment, certains travaux sont plus difficiles que d’autres. Mme Caroline Fiat. Tout de même ! M. Éric
Woerth. Mais nous sommes en France ! Vous passez systématiquement
sous silence les mesures globales de prévention et de rattrapage qui existent
dans notre pays pour réduire la pénibilité – rémunération, jours de
récupération… Peut-être ces mesures sont-elles insuffisantes, mais vous ne
pouvez ni les nier, ni raisonner métier par métier. M. Patrick Hetzel. Évidemment ! M. Éric Woerth. Il fallait maintenir un régime de base jusqu’à un certain plafond de sécurité sociale et, pour le reste, laisser vivre les régimes autonomes, précisément parce qu’ils sont autonomes. Jusqu’à présent, lorsqu’ils voulaient rejoindre un régime plus universel, ils le faisaient, avec une soulte le cas échéant. Cette approche était bien plus moderne et efficace. (M. Patrick Hetzel applaudit.) M. le président. La parole est à M. Bruno Millienne. M. Bruno Millienne. Je souscris aux remarques de M. Woerth concernant la difficulté de répondre à la multitude de sujets abordés par la myriade de sous-amendements. M. Hervé Saulignac. Répondez au moins à l’amendement ! M. Bruno Millienne. Je remercie M. Turquois et l’ensemble des rapporteurs qui se livreront à cet exercice tout au long de l’examen du texte, comme je remercie M. le secrétaire d’État, d’avoir la patience de répondre aussi exhaustivement que possible aux innombrables sous-amendements. Je note d’ailleurs que certains sont répétés presque systématiquement à tout bout de champ, notamment à propos du PIB. M. Sébastien Jumel. Ça va, on a compris ! M. Bruno Millienne. Monsieur Lachaud, est-il si difficile de comprendre que le montant alloué aux retraites représente un pourcentage du PIB, mais n’est pas un pourcentage du PIB ? L’allocation destinée aux retraites ne se définit pas en proportion du PIB ; elle évolue avec le temps. Depuis 1947, le PIB n’a cessé d’augmenter, hormis en 1993. Nous payons les retraites qui doivent l’être ; or, comme le PIB croît plus vite que le montant destiné aux retraites, la part représentée par les retraites dans le PIB baisse mécaniquement. J’espère que vous l’aurez enfin compris, mais j’en doute. Vous avez un problème avec les mathématiques, mais qu’importe, je vous répondrai autant de fois qu’il le faudra ! (Exclamations sur les bancs du groupe FI.) M. le président. La parole est à M. Jean-René Cazeneuve. M. Jean-René Cazeneuve. Les Français ne sont pas dupes de ce qui se passe actuellement au Parlement. M. Patrick Hetzel. Vous avez raison ! M. Jean-René Cazeneuve. Mes chers collègues, après avoir déposé 40 000 amendements, vous déposez autant de sous-amendements. Si chacun donne lieu à deux minutes d’exposé, cela mobilisera le Parlement pendant vingt ans, matin, midi et soir ! (M. Jean-René Cazeneuve poursuit sous les applaudissements des députés du groupe LaREM.) Qui ne respecte pas le Parlement ? Qui ne respecte pas les parlementaires ? Qui ne respecte pas l’opposition ? Qui veut paralyser nos institutions ? Vous, puisque nous ne pouvons répondre qu’aux amendements, et non aux sous-amendements ! M. Sébastien Jumel. Calmez-vous ! M. Jean-René Cazeneuve. Lorsque vous prenez la parole pour soutenir un sous-amendement, vous ne parlez jamais de l’amendement correspondant ! Vous ne parlez pas de l’article ! C’est bien vous qui créez un climat de chaos ! M. Patrick Hetzel. Là, c’est la majorité qui veut créer un incident ! M. Jean-René Cazeneuve. Vous entendez nous faire croire que le texte n’est pas clair. Mais c’est vous qui créez de la confusion avec vos amendements et vos sous-amendements ! (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LaREM et MODEM.) M. Patrick Hetzel. Vous avez dépassé votre temps de parole ! M. Jean-René Cazeneuve. Si vous le permettez, monsieur le président, et si j’en ai le temps, je dirai quelques mots de l’article. M. le président. Il vous reste trente secondes. M. Jean-René Cazeneuve. Je peine à comprendre vos arguments, mes chers collègues. Quand les régimes autonomes sont déficitaires, vous en appelez à la solidarité nationale – et vous avez raison. En revanche, quand les régimes autonomes sont bénéficiaires, vous estimez qu’ils doivent rester autonomes. Ce n’est pas notre conception de la solidarité ! La solidarité n’est pas à sens unique ! (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.) Nous devons aussi tenir compte des évolutions démographiques et des transformations des métiers : les régimes qui sont bénéficiaires aujourd’hui ne le seront peut-être pas demain ! (Mêmes mouvements.) M. Erwan Balanant. Exactement ! M. le
président. Merci, monsieur Cazeneuve. M. Hervé Saulignac. Cet après-midi, en entrant dans l’hémicycle pour défendre la cause des orthophonistes, je ne m’attendais pas à m’y trouver encore deux heures plus tard. M. Bruno Millienne. Vous n’étiez pas au courant ? Arrêtez de mentir ! Quel cinéma ! M. Hervé Saulignac. C’était sans compter sur notre collègue Nicolas Turquois qui, je le dis très sincèrement, fut un excellent rapporteur dans le cadre de la commission spéciale, car il a tenu la barre. M. Patrick Hetzel. Il l’est toujours ! M. Hervé Saulignac. Je suis d’autant plus choqué par le dérapage et la provocation qu’il a commis tout à l’heure, mais je les mets volontiers sur le compte de la fatigue nerveuse ; c’est parfaitement compréhensible. M. Patrick Hetzel. Il est très nerveux ! M. Hervé Saulignac. Je lui demande amicalement de se garder, à l’avenir, de provocations de ce genre. Je m’étonne aussi que pour dénoncer ce qu’il considérait comme une obstruction, il ait assimilé les sous-amendements à l’amendement lui-même. Si vous pensez, monsieur le rapporteur, que défendre la cause des orthophonistes équivaut à faire de l’obstruction, vous faites injure aux inquiétudes et à la souffrance réelles et légitimes de ces professionnels ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC, ainsi que sur quelques bancs du groupe GDR.) M. Bruno Millienne. Il a répondu au fond ! M. Hervé
Saulignac. Je reconnais, monsieur le rapporteur et monsieur le
secrétaire d’État, que vous avez tenté d’apporter une explication. Monsieur
Turquois, vous avez indiqué à juste titre que la démographie de cette profession
la conduirait à augmenter ses cotisations de retraite. Or vous les faites passer
de 16 % en moyenne à 28 % ! Ce bond est bien supérieur à celui
que la profession avait prévu, et il lui sera extrêmement difficile de le
supporter. M. le président. Je vous remercie, monsieur Saulignac. M. Hervé Saulignac. Je termine, monsieur le président. (Exclamations sur les bancs du groupe LaREM.) En plus, vous avez indiqué que ceux-ci bénéficieraient d’un niveau de pension de 82 % supérieur à ce qu’ils touchent aujourd’hui ! Écrivez-le ! M. le
président. Je vous rassure, nos débats font l’objet d’un compte rendu
écrit. M. Sébastien Jumel. Je confirme qu’en commission, le rapporteur Turquois a été respectueux. J’espère qu’il n’a pas reçu de consignes pour changer de posture en cours de route. (Exclamations sur plusieurs bancs des groupes LaREM et MODEM.) M. Bruno Millienne. C’est insupportable ! M.
Sébastien Jumel. Je confirme aussi que si les amendements de fond que
nous avions déposés ne s’étaient pas vu opposer l’irrecevabilité, nous n’aurions
pas été contraints, monsieur le secrétaire d’État, chers collègues de la
majorité, de déposer ces sous-amendements pour vous obliger à parler du fond
(Exclamations sur plusieurs bancs du groupe LaREM), sans même parler des
amendements que vous avez cherché à mettre à la poubelle et que nous avons dû
récupérer de force. M. le président. La parole est à M. Adrien Quatennens. M. Adrien Quatennens. Monsieur le président, comme nos collègues de la majorité ont profité de leurs interventions pour aborder des questions de forme, je vais faire de même avant d’aborder le fond. On a connu dans cette auguste maison, en des temps où, comme beaucoup d’entre vous, je n’étais pas député, des heures d’obstruction, notamment lors de la privatisation de GDF, où plus de 130 000 amendements avaient été déposés. M. Bruno Millienne. Quelle conclusion en tirez-vous ? M. Adrien Quatennens. Je veux bien qu’on parle maintenant d’obstruction et de montagnes d’amendements, mais nous en sommes tout de même très loin : nous ne faisons que la grève du zèle !(Exclamations sur les bancs du groupe LaREM.) M. Bruno Millienne. Une guerre de tranchées ! M. Adrien Quatennens. Chers collègues, économisez vos nerfs. Je serai clair : le groupe La France insoumise n’a pas l’intention de coopérer avec vous. M. Bruno Millienne. Donc vous ne voulez pas coopérer avec le peuple, que nous représentons nous aussi ! M. Adrien Quatennens. Nous ne sommes pas là, contrairement à ce que vous dites à satiété, pour coconstruire avec vous un texte, mais pour représenter deux mots d’ordre majoritaires dans le pays selon les enquêtes d’opinion, à savoir le retrait ou le référendum, et vous rappeler que vous n’avez pas de mandat pour faire ce que vous faites, car votre projet de loi est en contradiction avec les engagements du Président de la République. (Mme Mathilde Panot applaudit. – Exclamations sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.) M. le président. Chers collègues, seul l’orateur a la parole. M. Bruno Millienne. Monsieur le président, ce n’est pas possible d’entendre ça sans réagir ! Mme Mathilde Panot. Calmez-vous, monsieur Millienne ! M. Adrien
Quatennens. Par ailleurs, je tiens à rappeler que le président Ferrand
nous a donné raison en début de séance, estimant qu’il faudrait quelque
150 jours de travail pour terminer l’examen de tous les articles. Pour
notre part, nous y sommes prêts : nous avons tout le temps. Pourquoi s’en
tenir à trois semaines de débats ? Pour faire plaisir à
qui ? M. le président. Je vous demande de conclure, monsieur Quatennens. M. Adrien Quatennens. Et vous savez bien, monsieur le secrétaire d’État, que l’on peut financer cette mesure sans difficulté – nous avons déjà discuté ensemble d’autres sources de financement possibles. Ce ne sont pas vos options, mais c’est possible. (Mme Mathilde Panot applaudit.) M. le président. La parole est à M. le rapporteur. M. Nicolas
Turquois, rapporteur. Quand on m’a confié la mission de
rapporteur sur le titre Ier, j’ai eu l’ambition de bien
comprendre quels étaient ses tenants et ses aboutissants pour pouvoir répondre
en éclairant au mieux les questions qui allaient m’être posées, sachant qu’il y
a des sujets très techniques et qu’il est évidemment impossible à chacun des 577
députés de les appréhender toutes. J’ai eu la chance d’avoir à mes côtés des
administrateurs qui ont fait un travail excellent pour m’expliquer et que je
puisse vous retranscrire ce qu’il en est. J’ai essayé de m’y impliquer au mieux
dans la phase du travail en commission. M. Olivier Marleix. Eh bien lisez-les ! C’est important ! M. Nicolas Turquois, rapporteur. Il y a un moment donné où, je le redis, on ne grandit pas le rôle du Parlement en fonctionnant de cette façon. (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe LaREM.) Il faut structurer ses propos et argumenter. M. Saulignac a raison d’aborder dans son amendement la question des orthophonistes,… M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. En effet ! M. Nicolas Turquois, rapporteur. …dont les appréhensions sont bien compréhensibles, mais on répond au final presque à tout, sauf aux orthophonistes… M. Alain Bruneel. C’est votre rôle ! M. Nicolas Turquois, rapporteur. …et c’est dommage. Je redis à M. Saulignac que le passage du taux de cotisation de 16 % – plutôt 17 % – à 28 % inscrit dans ce projet de loi se fera selon une évolution prévue par la Carpimko elle-même et avec un abattement de 30 % de l’assiette de la CSG, ce qui revient au final à comparer le taux de 21 % prévu dans le système actuel avec le taux de 21 % du nouveau système pour les orthophonistes dont la rémunération tourne autour d’une fois le plafond annuel de la sécurité sociale. Pour ceux dont la rémunération est moindre – car beaucoup d’orthophonistes peuvent avoir des difficultés à gagner leur vie –, le gain sera encore meilleur parce que le système actuel de la Carpimko prévoit à la base une cotisation forfaitaire, proportionnellement plus importante par définition pour les bas revenus. Voilà l’explication de fond que je souhaitais apporter en réponse à cet amendement. Je crois qu’on ne gagne pas à aborder, par le biais de sous-amendements, l’ensemble des sujets soulevés par ce projet de réforme à l’occasion de chaque amendement déposé. Telle est l’attitude que je continuerai à adopter au cours de ces débats. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LaREM et MODEM.) M. le président. Nous en venons aux votes. (Les sous-amendements nos 41945 et 42226, successivement mis aux voix, ne sont pas adoptés.) M. le président. Je mets aux voix le sous-amendement no 41946. (Il est procédé au scrutin.) M. le
président. Voici le résultat du
scrutin : (Le sous-amendement no 41946 n’est pas adopté.) M. le président. Je mets aux voix le sous-amendement no 41947. (Il est procédé au scrutin.) M. le
président. Voici le résultat du
scrutin : (Le sous-amendement no 41947 n’est pas adopté.) M. le président. Je mets aux voix le sous-amendement no 41948. (Il est procédé au scrutin.) M. le
président. Voici le résultat du
scrutin : (Le sous-amendement no 41948 n’est pas adopté.) (Le sous-amendement no 42267 n’est pas adopté.) M. le président. Je mets aux voix le sous-amendement no 41949. (Il est procédé au scrutin.) M. le
président. Voici le résultat du
scrutin : (Le sous-amendement no 41949 n’est pas adopté.) (Le sous-amendement no 41951 n’est pas adopté.) (Les sous-amendements identiques nos 41952 et 42228 ne sont pas adoptés.) (Les sous-amendements nos 41953, 42245, 42247, 42249, 42251, 42261, 42262, 42263 et 42255, successivement mis aux voix, ne sont pas adoptés.) M. le président. Je mets aux voix le sous-amendement no 42264. (Il est procédé au scrutin.) M. le
président. Voici le résultat du
scrutin : (Le sous-amendement no 42264 n’est pas adopté.) M. Bruno Millienne. Ah ! Leur plus mauvais score ! M. le président. Je mets aux voix le sous-amendement no 42258. (Il est procédé au scrutin.) M. le
président. Voici le résultat du
scrutin : (Le sous-amendement no 42258 n’est pas
adopté.) (Les sous-amendements nos 41954, 41955, 42279, 42281, 42077, 42078, 42079, 42080, 42081, 42082, 42083 et 42084, successivement mis aux voix, ne sont pas adoptés.) M. le président. Je mets aux voix le sous-amendement no 42129. M. Marc Le Fur. « Homme libre, toujours tu chériras la mer ! » (Sourires.) (Il est procédé au scrutin.) M. le
président. Voici le résultat du
scrutin : (Le sous-amendement no 42129 n’est pas adopté.) (Le sous-amendement no 42280 n’est pas adopté.) M. le président. Je mets aux voix le sous-amendement no 42248. (Il est procédé au scrutin.) M. le
président. Voici le résultat du
scrutin : (Le sous-amendement no 42248 n’est pas
adopté.) M. le président. Nous passons maintenant au vote à main levée sur l’amendement. (L’amendement no 23972 n’est pas adopté.) M. le président. La parole est à Mme Monique Limon. Mme Monique Limon. Je demande une suspension de séance, monsieur le président. Suspension et reprise de la séanceM. le président. La séance est suspendue. (La séance, suspendue à dix-sept heures quinze, est reprise à dix-sept heures trente.) M. le
président. La séance est reprise. M. Alain
David. Cet amendement du groupe Socialistes et apparentés, dont
Mme Untermaier est la première signataire, vise à poser un principe général
de non-régression applicable aux réformes des retraites. M. le président. La parole est à M. Alain Bruneel, pour soutenir le sous-amendement no 41823. M. Alain
Bruneel. Alain David vient d’évoquer la situation des avocats. Je
rappelle qu’ils ont jeté leurs robes ou les ont accrochées à des ponts, ont
interrompu des cérémonies de vœux de personnalités politiques, ont organisé des
concours d’éloquence, ont distribué des roses aux magistrats et greffiers à la
Saint-Valentin. Pourtant, ils ne sont toujours pas entendus. M. le président. La parole est à Mme Caroline Fiat, pour soutenir le sous-amendement no 42253. Mme
Caroline Fiat. Il vise à garantir qu’aucune réforme, ni celle-ci ni
celles qui viendront, ne conduise à une régression des droits des assurés.
Personne ne doit perdre de droits au moment de prendre sa retraite. M. le président. La parole est à M. Bastien Lachaud, pour soutenir le sous-amendement no 42259. M. Bastien
Lachaud. Il faut veiller à ce qu’aucune réforme, présente ou future, ne
constitue une régression. Tel est le sens de ce
sous-amendement. M. le président. La parole est à Mme Caroline Fiat, pour soutenir le sous-amendement no 42260. Mme
Caroline Fiat. Il va un peu plus loin que celui que j’ai défendu
précédemment : il vise à s’assurer non pas que les réformes ne conduiront
pas à une régression des droits des assurés, mais qu’elles conduiront à une
amélioration de ces droits. M. le président. La parole est à M. Pierre Dharréville, pour soutenir le sous-amendement no 41825. M. Pierre
Dharréville. L’amendement vise à établir le principe de non-régression
sociale au cœur de votre projet de
réforme. M. Sylvain Maillard. Un peu débridé, c’est un euphémisme ! M. Bruno Millienne. Oui ! M. Pierre
Dharréville. …mais il reflète la manière dont vous avez voulu rédiger le
texte. M. le président. Il vous reste quinze secondes. M. Pierre Dharréville. …contrairement aux idées reçues, je l’ai souligné précédemment, un certain nombre d’avocats se trouvent dans une situation difficile. Et tout cela finit effectivement par peser sur la capacité de la justice à faire son travail au service de tout un chacun. M. le président. La parole est à M. Bastien Lachaud, pour soutenir le sous-amendement no 42254. M. Bastien
Lachaud. Je poursuis la discussion sur la régression des droits des
avocats. M. le président. La parole est à M. Sébastien Jumel, pour soutenir le sous-amendement no 41827. M. Sébastien Jumel. L’article 1er ressemble à un bulletin météorologique présenté par Alain Gillot-Pétré. Mme Olivia Gregoire. Paix à son âme ! M.
Sébastien Jumel. Demain, il fera beau, peut-être, s’il ne pleut
pas : voilà l’article 1er ! Aucune valeur normative,
aucune garantie inscrite dans la loi : des promesses qui n’engagent que
ceux qui les croient. Voilà pourquoi nous soutenons et sous-amendons tout
amendement visant à offrir un minimum de garanties. La première à offrir est
l’assurance que la réforme n’aboutira pas à une dégradation du montant des
pensions. Un député du groupe LaREM. Mais arrêtez ! Mme Brigitte Bourguignon, Présidente. Franchement, des sous-entendus de cet ordre… M.
Sébastien Jumel. Les avocats ne peuvent être soupçonnés d’un tel manque
d’intelligence ou de discernement. Le barreau de Dieppe par exemple, auquel je
suis profondément attaché, est presque unanimement, pour ne pas dire
unanimement, opposé à votre projet de réforme ; or, il se caractérise par
sa grande pluralité politique – on y trouve des soutiens de
M. Jacob –, qui reflète celle de notre hémicycle. Mme Valérie Rabault. Ça, c’est un grand mystère ! M.
Sébastien Jumel. Comment peut-on laisser avancer le rouleau compresseur
comme si de rien n’était, alors qu’on a le MEDEF, l’ensemble des organisations
syndicales et l’ensemble des professions touchées par le projet en
opposition ? M. Hervé Saulignac. Bonne question ! M. Sébastien Jumel. Répondre à cette question vous permettrait de sortir par le haut de la situation inextricable dans laquelle vous vous trouvez. M. le président. La parole est à M. Pierre Dharréville, pour soutenir le sous-amendement no 41829. M. Pierre
Dharréville. Je voudrais ajouter un mot sur le sujet que j’évoquais tout
à l’heure. Les avocats, notamment ceux des petits cabinets, dont les revenus
sont parfois faibles, avertissent que l’application de votre réforme
provoquerait la disparition de certains cabinets et amoindrirait donc leur
capacité à défendre celles et ceux qui en ont besoin, en particulier ceux qui
ont le moins de moyens. M. le président. La parole est à M. François Ruffin, pour soutenir le sous-amendement no 42256. M. François
Ruffin. Je me trouvais tout à l’heure à la manifestation, où défilaient
les avocats et le Syndicat des avocats de France, en compagnie des danseurs de
l’Opéra et de tous les autres syndicats. Je vous renouvelle donc ma proposition
de sortie. Éric Poulliat, du groupe La République en marche, le disait
lui-même : c’est le Gouvernement qui a choisi de faire examiner le texte
juste avant les élections municipales. Quelle urgence y avait-il ? Sur une
réforme aussi essentielle, il faut se donner le temps. M. Erwan Balanant. Et sur les réseaux sociaux ! M. François Ruffin. Les retraites méritent mieux que ce travail bâclé – que ce soit durant les négociations, devant le Conseil d’État, ou à l’Assemblée. Comme le Conseil d’État le souligne, la situation est d’autant plus regrettable qu’il s’agit d’une réforme inédite depuis 1945 et destinée à transformer pour les décennies à venir une des composantes majeures du contrat social. M. Philippe Vigier. Allez ! M. François Ruffin. Suspendez jusqu’à la fin des élections municipales,… M. Bruno Millienne. C’est insupportable ! M. François Ruffin. …pour qu’alors nous puissions débattre sereinement,… Mme Brigitte Bourguignon, Présidente. Pourrions-nous débattre sur le texte, un peu ? M. François Ruffin. …en faisant participer les partenaires sociaux et les parlementaires, quelles que soient les opinions qu’ils professent sur la réforme, sans la pression d’un compte à rebours, qui agit comme un pistolet sur la tempe. Acceptez cette voie de sortie ! M. le président. La parole est à M. Sébastien Jumel, pour soutenir le sous-amendement no 41833. M. Sébastien Jumel. Je souscris à l’appel lancé par mon copain Ruffin. M. Bruno Millienne. Copain ? M.
Sébastien Jumel. Le calendrier de la conférence de financement prévoit
qu’elle finira début avril. Les discussions sur la pénibilité renvoient à des
accords de branches, rendant difficile sa définition. Il faudra apparemment
encore beaucoup de travail pour nous fournir quelque assurance qu’elle sera
prise en considération. Les projections financières sont pour le moins
lacunaires, le Conseil d’État l’a dit ; l’étude d’impact en
témoigne. Mme Brigitte Bourguignon, Présidente. Il ne prospère pas, il a diminué ! M. Sébastien Jumel. …le mécontentement gronde et vous ne savez pas comment sortir de cette situation. Faites une pause ! Suspendez ! Laissez les discussions se poursuivre, reprenez langue avec l’ensemble des groupes parlementaires, tentez de renouer le dialogue avec les organisations syndicales que vous avez humiliées à chaque étape de la non-concertation. Après ce moment démocratique que constituent les élections municipales, nous ferons le point. Mme Brigitte Bourguignon, Présidente. Pouvons-nous parler du texte ? M. Sébastien Jumel. En prime, je pronostique que vous allez prendre une claque sans précédent, monumentale, à Paris comme ailleurs. (« Et alors ? » sur les bancs du groupe LaREM.) M. Bruno Millienne. C’est de la provocation gratuite ! Vous êtes hors sujet ! M. David Habib. Monumentale ! M. Sylvain Maillard. C’est faux ! M.
Sébastien Jumel. Cela devrait être de nature à vous faire réfléchir et à
réorienter votre politique. M. le président. La parole est à M. Pierre Dharréville, pour soutenir le sous-amendement no 41835. M. Pierre
Dharréville. Comme ils partagent une même philosophie, je défendrai
également les sous-amendements nos 41837 et 41840. M. le
président. Les sous-amendements nos 41837 de
M. Sébastien Jumel et 41840 de M. Pierre Dharréville sont donc
défendus. M. Adrien
Quatennens. On observe en effet que la mobilisation des avocats demeure
forte : ils étaient encore nombreux tout à l’heure dans les cortèges de la
manifestation, et n’ont pas l’intention de s’arrêter. Ce ne sont pas des
nantis : ils sont chargés de défendre les gens ; lorsqu’ils vont
jusqu’à déposer leur robe – vous savez combien elle leur est chère –
aux pieds de leur ministre de tutelle, ils lancent au Gouvernement un message de
désespoir. M. Jacques Marilossian. C’est gratuit ! M. Adrien
Quatennens. Tout à l’heure, le président Ferrand a dit qu’il nous
faudrait 150 jours pour terminer l’examen du texte. Prenons-les ! Nous
voyons bien que vous essayez de créer, à l’aide d’interruptions indignées à
répétition, un climat favorable à l’usage de ce LBD parlementaire qu’est
l’article 49, alinéa 3. C’est inacceptable. M. le président. La parole est à M. Alain Bruneel, pour soutenir le sous-amendement no 41843. M. Alain
Bruneel. Je défendrai en même temps le no 41846. M. Bruno Fuchs. Mais ce ne sont pas des amendements ! M. Alain
Bruneel. Il y a un débat de société, un véritable débat de rapport de
classes, je le répète ; depuis que nous discutons en séance, nous nous
sommes efforcés d’apporter des exemples de pénibilité issus de nombreux métiers
– les infirmiers, les aides-soignants, les éboueurs, les salariés de chez
Renault –, et nous évoquons maintenant le cas des avocats. M. Sébastien Jumel. Très bien ! M. le
président. Le sous-amendement no 41846 de
M. Sébastien Jumel est défendu. M. Bastien
Lachaud. Nous nous interrogeons sur les conséquences de la réforme pour
les avocats. Le Conseil national des barreaux a soumis à l’examen d’un célèbre
cabinet d’études le cas d’un avocat débutant sa carrière à
23 000 euros annuels, avec une rémunération en augmentation de
1,3 % par an. M. le président. La parole est à Mme Caroline Fiat, pour soutenir le sous-amendement no 42042. Mme
Caroline Fiat. Certaine que vous êtes désormais convaincus de la
nécessité de voter l’amendement, et afin de gagner du temps, comme vous le
réclamez, je propose de compléter le dernier alinéa de l’amendement par les mots
« , les personnels de la Comédie française et de l’Opéra de Paris, les
égoutiers, les marins et le régime des ports autonomes de Bordeaux et de
Strasbourg ». M. le
président. Sur l’amendement no 23970, je suis saisi par
le groupe Socialistes et apparentés d’une demande de scrutin public. M. Nicolas
Turquois, rapporteur. M. Ruffin a quitté
l’hémicycle. Mme Caroline Fiat. J’ai dit que des centaines, voire des milliers de cabinets pourraient fermer ! M. Nicolas
Turquois, rapporteur. Depuis dix ans, le nombre d’avocats a
fortement augmenté et la rentabilité de leur activité pose parfois problème. Si
les ténors du barreau gagnent bien leur vie, beaucoup d’avocats ont du mal à
boucler leur fin de mois. L’aide juridictionnelle, qui fait l’objet d’une
discussion avec la garde des sceaux, est probablement à revoir, mais ne
mélangeons pas le débat sur les retraites et d’autres interrogations, très
légitimes, inhérentes à cette profession. M. Christian Hutin. Ce serait insupportable ! M. Nicolas Turquois, rapporteur. Ce serait effectivement insupportable, mais il faut intégrer dans ce calcul l’abattement de 30 % sur l’assiette de cotisation et sur la CSG, qui diminue de sept points… M. Christian Hutin. Les avocats ne sont pas d’accord ! Ils préfèrent payer leurs impôts ! M. Nicolas
Turquois, rapporteur. Il faut considérer l’équilibre de
l’ensemble. Laissez-moi finir, monsieur Hutin ! Ceux qui perçoivent un demi
PASS enregistreront donc une baisse de cotisations de sept points. M. Julien Aubert. Mais 4 % de 20 000 euros, cela ne fait pas 200 euros par mois ! M. Nicolas Turquois, rapporteur. C’est parce que nous avons conscience des changements à apporter qu’il faut se donner le temps de la transition. À l’importance de la transformation correspond celle de la transition. Un délai de vingt ans nous semble suffisant pour lisser les choses afin de les rendre le plus indolores possible, tout en gardant en tête qu’une cotisation plus importante ouvrira aussi des droits plus importants. Avis défavorable sur l’amendement et les sous-amendements. M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ? M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Le sujet a déjà été évoqué plusieurs fois dans cet hémicycle depuis lundi, comme il l’avait été en commission. M. Christian Hutin. Ainsi que dans la rue et les palais de justice ! M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Nous l’avons aussi abordé lors de la séance de questions au Gouvernement. Le débat concerne les avocats, mais aussi les professions libérales, les indépendants, que chacun connaît plus ou moins bien en fonction de son histoire. Leur situation, en termes de protection vieillesse, est moins favorable qu’on ne le pense souvent. Mme Marie-Christine Dalloz. Le régime de retraite des avocats est excédentaire ! Mme Constance Le Grip. Il dispose de 2 milliards de réserve ! M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. Examinons quelques exemples. Si
l’on considère le revenu médian, le nouveau système induira une baisse de
cotisations des agents généraux pour un revenu de 80 000 ou 120 000
euros par an et une augmentation des prestations vieillesse de 9 % à
13 %. Les notaires ne devraient subir aucune augmentation de cotisations,
tandis que leurs prestations vieillesse augmenteront de 30 % à 40 %.
Les sages-femmes verront leurs cotisations augmenter de 0 % à 1 %, et
leurs prestations vieillesse de 39 % à 50 %. Je ne détaillerai pas le
cas de toutes les professions libérales, mais vous l’avez compris : pour
ces professions, l’augmentation des charges sera minime, sinon nulle. M. David Habib. Il n’y a que vous pour le croire ! Partout, les avocats expriment leur crainte. M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Il n’est pas question de croire, mais d’être objectif ! M. David Habib. Quel mépris ! M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Sur l’utilisation de ces réserves, nous leur laissons le choix : il revient à ceux qui les ont constituées de fixer leur utilisation. En revanche, nous devons continuer à réfléchir avec la profession au moyen de lisser l’augmentation de charges qui s’appliquera aux avocats aux revenus modestes. Plusieurs intervenants ont suggéré qu’une péréquation pourrait être instaurée entre les gros cabinets, capables de supporter une hausse éventuelle des charges, et les plus petits. Mais je rappelle que l’augmentation ne correspond qu’à quelques dizaines d’euros par mois. Nous sommes donc relativement sereins. M. Christian Hutin. Pourquoi s’attaquer à un système qui fonctionne ? M. David Habib. Par dogmatisme ! Quand ils ont une idée en tête, ils foncent dans le mur et ils klaxonnent ! M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. Je terminerai par un point
qu’ont relevé les représentants des avocats quand nous les avons consultés.
J’entends qu’il faut trouver une solution pour augmenter les charges de
5 % sur vingt ans, mais n’oublions pas de mettre dans la balance
l’augmentation significative des pensions. Celles-ci augmenteront de 13 %
pour un revenu annuel de 32 000 euros, de 24 % pour un revenu de
40 000 et de 11 % pour un revenu de 80 000. M. le président. La parole est à Mme Marie-Christine Dalloz. Mme
Marie-Christine Dalloz. L’augmentation de cotisations dont a parlé
M. le rapporteur est-elle de 4 % ou de quatre points, ce qui n ’est
pas la même chose ? D’autre part, comment aboutit-on au montant de
200 euros qu’il a cité ? Compte tenu de l’évolution de leur carrière,
les avocats verront nécessairement leur contribution augmenter. M. Christian Hutin. Très bien ! Mme
Marie-Christine Dalloz. Les avocats sont un rouage fondamental de l’État
de droit. Il convient de préserver l’accès à cette profession. Le surcoût causé
par votre système universel serait de nature à entraver l’accès à leur service,
et menace l’indépendance des avocats. M. le président. La parole est à M. Jean-Paul Mattei. M.
Jean-Paul Mattei. Élargissons le débat sur les cotisations à l’ensemble
des professions libérales et indépendantes. Je connais bien ces professions, qui
ont beaucoup évolué : elles peuvent être soumises au régime des bénéfices
non commerciaux – BNC – ou s’organiser en sociétés d’exercice libéral,
soumises à l’impôt sur les sociétés. De multiples règles, assez complexes,
permettent de faire évoluer leurs statuts. Mme Marie-Christine Dalloz. Tout à fait d’accord ! M. Jean-Paul Mattei. Il ne faut pas s’arrêter au problème des retraites ; bien d’autres sont plus importants. Le domaine de compétence des avocats, notamment, doit être préservé. M. Christian Hutin. C’est pour ça que vous vous attaquez aux retraites ! M. Jean-Paul Mattei. Parlons des statuts. De nombreuses professions libérales ont mal cotisé, faute de statuts adéquats. Ce texte va assurer une certaine sécurité. M. Christian Hutin. Vraiment ? M.
Jean-Paul Mattei. Il instaure un compte, avec des points, donnant aux
membres des professions libérales une certaine visibilité. Quand on discute avec
eux, on s’aperçoit qu’ils ne comprennent pas forcément tous les enjeux et les
bénéfices, pourtant fondamentaux, associés à ce système de points acquis au
cours de la vie professionnelle, et à ce système par répartition. Nous
instaurons un nouvel outil ; il ne faut pas s’en méfier et je suis certain
qu’il peut fonctionner. M. le président. La parole est à Mme Yaël Braun-Pivet. Mme Yaël Braun-Pivet. Pour reprendre les mots du président du tribunal judiciaire de Paris lors de l’audience solennelle de rentrée, « la justice sans les juges, c’est la barbarie ; la justice sans les avocats, c’est la tyrannie ». Nous sommes tous d’accords dans cet hémicycle pour considérer que les avocats sont indispensables à l’œuvre de justice. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LaREM et MODEM.) M. David Habib. Ça ne fait pas débat ! M. Christian Hutin. Jusque-là nous sommes d’accord ! Mme Yaël
Braun-Pivet. Et je pense que nous serons d’accord encore longtemps.
Grâce à ce débat, chacun a rencontré le bâtonnier de sa circonscription. Ils ont
été élus à la tête d’ordres qui peuvent compter dix, vingt, ou deux mille
avocats. Nous avons tous conscience des difficultés que rencontre cette
profession, du faible chiffre d’affaires de certains cabinets, et de ses
inquiétudes. M. Patrick Hetzel. Vous parlez de la garde des sceaux qui est sur le départ ? Mme Yaël
Braun-Pivet. …le secrétaire d’État chargé des retraites, le Premier
ministre et les parlementaires sont à leur écoute. M. Christian Hutin. Mais alors pourquoi manifestent-ils toujours ? M. Patrick Hetzel. Ce n’est pas parce que vous le dites que c’est vrai ! Mme Yaël Braun-Pivet. Actuellement, les jeunes avocates ne bénéficient pas de la prise en compte des grossesses dans le calcul des retraites et, quand elles quittent la profession – elles sont nombreuses à partir au bout de cinq ou dix ans –, elles perdent tous leurs droits à la retraite. C’est donc aussi pour elles qu’il faut intégrer les avocats au régime universel de retraite. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.) Mme Constance Le Grip. Bizarrement, les avocats n’ont pas du tout le même sentiment ! M. le président. La parole est à Mme Valérie Rabault. Mme Valérie
Rabault. Monsieur le secrétaire d’État, je souhaite aborder trois
points. Un député du groupe LaREM. Ce n’est pas vrai ! Mme Valérie Rabault. Si, c’est la réalité ! Vous ne pouvez le nier ; lisez le texte ! (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe LaREM.) M. Christian Hutin. La justice selon La République en marche : les riches paient moins ! Mme Valérie
Rabault. Monsieur le secrétaire d’État, pourrez-vous préciser de nouveau
ce point, puisque, manifestement, la majorité n’a pas lu le texte. (Vives
exclamations sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.
– Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe
LR.) M. Patrick Hetzel. Excellent ! M. le président. S’il vous plaît, laissez Mme Rabault continuer. Mme Valérie Rabault. Sur 67 000 avocats, la moitié a des revenus inférieurs à 40 000 euros et verra donc ses cotisations doubler. Pour les rassurer, vous annoncez que ce sera compensé par un abattement de l’assiette de la CSG ; cette mesure, pour l’instant, n’est inscrite nulle part. (Protestations sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.) M. Marc Le Fur. Mais écoutez, enfin ! Mme Valérie
Rabault. Laissez-moi finir ! Vous prétendez avoir raison, alors que
cet abattement n’est pas inscrit dans le texte. Vous pouvez râler, vous pouvez
hurler, ça ne changera rien à la réalité ! M. Patrick Hetzel. Nous non plus ! Mme Valérie Rabault. Par ailleurs, monsieur le secrétaire d’État, sur les 40 000 avocats qui risquent de voir leurs cotisations doubler, 20 000 pourraient mettre la clé sous la porte. Mme Sylvie Tolmont. Et voilà ! Mme Valérie Rabault. Vous serez responsables, Gouvernement et majorité, d’un plan social qui coûtera leur emploi à 20 000 membres des professions indépendantes. (Applaudissements sur les bancs des groupes PS, LR et GDR. – Exclamations sur plusieurs bancs des groupes LaREM et MODEM.) M. le président. La parole est à M. Pierre Dharréville. M. Pierre
Dharréville. Le site du Conseil national des barreaux cite ce propos
d’un ancien bâtonnier : « Aucun avocat en France ne peut accepter que
le taux de cotisation à la retraite double pour une retraite plus faible. »
Voilà où en est votre prétendue discussion avec les avocats. M. le président. La parole est à Mme Mathilde Panot. Mme
Mathilde Panot. Vous prétendez tenter de convaincre les avocats qui,
massivement mobilisés depuis un mois et demi, fustigent le mépris du
Gouvernement et un dialogue de sourds.(Exclamations sur plusieurs bancs du
groupe LaREM.) M. Christian Hutin. Absolument ! Mme
Mathilde Panot. La question est aussi celle de notre système de
justice : si les avocats n’ont plus les moyens de fournir d’aide
juridictionnelle à cause du doublement des cotisations, cela compromettra
l’accès à la justice pour les plus pauvres. M. le président. La parole est à M. le rapporteur. M. Nicolas
Turquois, rapporteur. Je souhaite apporter quelques précisions
supplémentaires. Entre 2002 et 2012, le nombre d’avocats a augmenté de
42 % ; je ne pense pas que l’activité judiciaire ait cru d’autant.
Cela explique une partie de leurs difficultés. En 2013, ils étaient
5 actifs pour chaque pensionné ; ils ne sont plus que 4,1 ; ils
ont même dû prévoir une hausse des taux, pour financer leur caisse de
retraite. (Les sous-amendements nos 41823 et 42253, successivement mis aux voix, ne sont pas adoptés.) M. le président. Je mets aux voix le sous-amendement no 42259. (Il est procédé au scrutin.) M. le
président. Voici le résultat du
scrutin : (Le sous-amendement no 42259 n’est pas adopté.) (Les sous-amendements nos 42260, 41825, 42254, 41827, 41829, 42256 et 41833, successivement mis aux voix, ne sont pas adoptés.) M. le président. Je mets aux voix le sous-amendement no 41835. (Il est procédé au scrutin.) M. le
président. Voici le résultat du
scrutin : (Le sous-amendement no 41835 n’est pas adopté.) M. le président. Je mets aux voix le sous-amendement no 41837. (Il est procédé au scrutin.) M. le
président. Voici le résultat du
scrutin : (Le sous-amendement no 41837 n’est pas adopté.) (Les sous-amendements nos 41840, 42257, 41843, 41846 et 42273, successivement mis aux voix, ne sont pas adoptés.) M. le président. Je mets aux voix le sous-amendement no 42042. (Il est procédé au scrutin.) M. le
président. Voici le résultat du
scrutin : (Le sous-amendement no 42042 n’est pas adopté.) M. le président. Je mets aux voix l’amendement no 23970. (Il est procédé au scrutin.) M. le
président. Voici le résultat du
scrutin : (L’amendement no 23970 n’est pas adopté.) M. le
président. Je suis saisi d’un amendement no 23860 qui
fait l’objet de plusieurs sous-amendements. M. David Habib. Cet amendement fait suite à la discussion que nous venons d’avoir sur le sort réservé aux avocats. La garde des sceaux les a assurés du maintien de leur situation : nous attendons encore le début du commencement d’un élément permettant d’y croire. Nous rappelons qu’il ne saurait y avoir de régression concernant les pensions de retraite des avocats. Je demande la suspension de nos travaux et de notre réflexion sur cette profession : il est nécessaire d’engager avec elle une discussion qui ne soit pas celle que vous avez évoquée, mais une discussion solide, permettant véritablement d’avancer. Le respect de la Nation pour cette profession et pour son rôle social mériterait un peu plus de sérieux… M. Patrick Hetzel. Très bien ! M. David Habib. …et d’efficacité. M. Christian Hutin. Très bien ! M. David
Habib. Je souhaite ensuite m’adresser à mon ami Jean-Paul Mattei.
(Murmures sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.). Je n’ai aucun
problème à le dire, il est non seulement mon ami, mais aussi mon notaire.
(Sourires et exclamations sur les bancs des groupes LaREM et
MODEM.) M. Patrick Hetzel. Excellent ! M. François Cormier-Bouligeon. C’est une mise en cause personnelle ! M. David Habib. À l’époque, de nombreuses études de notaires étaient venues me voir. Aujourd’hui, je vous demande de faire confiance aux avocats, comme aux notaires, s’agissant de leur rôle en matière d’aménagement du territoire. M. Patrick Hetzel. Bravo ! M. le président. La parole est à M. Sébastien Jumel, pour soutenir le sous-amendement no 41830. M. Sébastien Jumel. Il ne faut quand même pas être sorti de la cuisse de Jupiter pour comprendre certaines choses simples. Quand, il y a quelques années, il y avait un avocat pour quatre dossiers, il y a désormais quatre avocats pour un dossier ; le modèle économique de la profession s’est profondément dégradé. Par ailleurs, votre réforme pour une mauvaise justice a sorti plusieurs contentieux du périmètre des avocats, les privant d’autant d’interventions et dégradant là encore leur modèle économique. Vous parachevez cela en modifiant, d’une manière unilatérale non concertée, le niveau de cotisation ; cela fragilisera les avocats qui constituent la sève des villes moyennes. Ce faisant, vous les conduirez à abandonner leurs missions d’intérêt général, telles que la défense des plus modestes et des plus petits. Parmi ces missions d’intérêt général figurent aussi les permanences qu’ils tiennent dans les points d’accès au droit – PAD –, qui sont cofinancés par les conseils départementaux d’accès au droit – CDAD. Ces dernières seront donc fragilisées :par définition, un avocat qui ne fait plus de fric, qui est économiquement fragilisé, recentrera sa force de frappe sur ce qui est lucratif et se débarrassera des missions non lucratives. Votre mauvais projet a ainsi un « double effet Kiss Cool » : il fragilise l’économie de ces professionnels du droit, mais aussi l’accès au droit des populations les plus modestes. C’est la raison pour laquelle les députés communistes n’ont aucune difficulté à être aux côtés et au chevet des avocats. M. le président. La parole est à M. Pierre Dharréville, pour soutenir le sous-amendement no 41832. M. Pierre
Dharréville. J’ai entendu la défense du rapporteur concernant
l’amendement adopté en commission spéciale. Quelle conception avez-vous de la
CSG et de l’architecture du financement de la protection sociale dans notre
pays ? Vous prévoyez un abattement de 30 % sur l’assiette de la CSG
pour les avocats, ce qui réduira d’autant le montant collecté par ce biais.
Quelle est la cohérence du système que vous proposez en matière de financement
de la protection sociale – et par conséquent de la retraite ? M. le président. Peut-on considérer que vous avez également défendu le sous-amendement no 41839, monsieur Dharréville ? M. Pierre Dharréville. Oui, monsieur le président. M. le président. La parole est à Mme Mathilde Panot, pour soutenir le sous-amendement no 42043. Mme
Mathilde Panot. Je n’ai toujours pas eu de réponse concernant l’aide
juridictionnelle. Si la mobilisation des avocats ces dernières semaines est
exemplaire, c’est parce qu’on ne devient pas avocat par hasard. On devient
avocat, nous disent beaucoup d’entre eux, parce qu’on est animé par une passion,
celle d’assister ceux qui n’ont plus personne pour les défendre. À Avignon, à La
Réunion, les avocats proposent des consultations gratuites, pour dire qu’ils
sont au service de la population et qu’ils sont là pour défendre toutes les
personnes qui en ont besoin. Outre la possibilité pour certains avocats
d’effectuer ce métier, la réforme remet également en cause l’accès à la justice
pour les plus pauvres. C’est ce que disent et répètent les avocats dans les
différentes mobilisations, de toutes les manières possibles : en faisant un
haka, en dansant, en offrant des consultations gratuites et en rappelant que la
justice est un bien commun. J’aimerais avoir une réponse concernant l’aide
juridictionnelle ! M. le
président. Le sous-amendement no 41841 de
M. Sébastien Jumel est défendu. M. Alain Bruneel. Je reviens sur la proposition de nos collègues socialistes de suspendre la réflexion sur les avocats. Des rencontres ont eu lieu entre la ministre de la justice et les avocats ; ils sont écoutés, mais peut-être pas entendus, puisque rien n’en sort. Une très grande majorité des barreaux sont en grève et les avocats continuent à maintenir la pression et à exprimer leur désaccord. Les avocats ont la particularité d’étudier, d’analyser et de défendre les dossiers pour le bon droit de tous. Dans votre proposition, ils ne trouvent pas d’écho concernant leurs propres droits. Suspendez les projets les concernant, allez au bout de la discussion en mettant noir sur blanc les propositions de chaque partie et essayez de vous en sortir ensemble ! M. le
président. Le sous-amendement no 41856 de
M. Sébastien Jumel est défendu. M. François Ruffin. Il y a deux semaines, le Président Macron vous recevait à l’Élysée… Mme Nadia Hai. Vous n’étiez pas là ! M. François Ruffin. …et citant Charles Maurras, penseur nationaliste d’extrême droite…, M. Jean-Charles Colas-Roy. Comme Clémentine Autain, je crois ! (Exclamations sur les bancs du groupe FI.) Je ne parlais que de la citation, chers collègues ! M. François Ruffin. …il évoquait le divorce entre le pays légal – ici –, où vous êtes en extrême majorité, et un pays réel où vous êtes en petite minorité. (Protestations sur les bancs des groupes LaREM, MODEM et UDI-Agir.) M. François Cormier-Bouligeon. Vous racontez n’importe quoi ! Il n’a pas dit cela ! M. François Ruffin. Je pense que cela devrait vous alerter : vous n’êtes plus seulement fâchés avec les gilets jaunes… Mme Nadia Hai. Nous sommes fâchés avec vous, monsieur Ruffin ! M. François Ruffin. …vous n’êtes pas seulement fâchés avec les cheminots, les électriciens, les gaziers et les deux tiers des Français – au moins – qui rejettent cette réforme… M. François Cormier-Bouligeon. Quel rapport avec le texte ? M. François Ruffin. Désormais, vous êtes même fâchés avec les avocats. M. François Cormier-Bouligeon. Vous, vous êtes fâché avec la réalité ! M. François Ruffin. Ce divorce, y compris avec les avocats, ne vous alerte-t-il pas ? M. François Cormier-Bouligeon. Cinéma ! Mme Brigitte Bourguignon, présidente de la commission spéciale. Le texte ! M. François Ruffin. Quand un voyant rouge s’allumera t-il enfin pour vous signifier que vous mettez trop le pays en tension ? Mme Nicole Trisse. De quel sous-amendement parlez-vous ? M. François Ruffin. Dans ma ville d’Amiens, la grève des avocats est repartie de plus belle ! Ils ont rejoint les avocats des barreaux de Laon, entre autres, pour entrer dans une grève dure suite aux propos de Mme Belloubet. Quand réaliserez-vous enfin que vous mettez trop le pays en tension ? Quand ? M. Jacques Marilossian. De quel sous-amendement parlez-vous ? M. le président. La parole est à M. Julien Aubert, pour soutenir le sous-amendement no 42311. M. Julien
Aubert. Cet amendement relatif à la situation de l’ensemble des avocats
me donne l’occasion d’interroger le rapporteur sur la réponse qu’il vient de
faire, car je ne comprends pas le point suivant. Vous nous dites qu’avec la
réforme et après application de l’abattement de 30 % sur l’assiette des
cotisations des avocats, la hausse de ces cotisations se limitera à quatre
points. Or de mémoire, vous avez cité l’exemple d’un avocat gagnant
20 000 euros pour qui cette hausse serait de 200 euros. Comment
faites-vous ce calcul ? Pour moi, 4 % de 20 000 font
800 euros. En outre, cette hausse de quatre points ne s’entend pas brute
mais en tant que solde, c’est-à-dire à l’issue de la réforme. Comment
parvenez-vous à ce résultat ? Si je porte le taux de cotisations retraite
des avocats de 14 % à 28 % tout en appliquant une baisse de 30 %
du chiffre d’affaires, soit un revenu annuel de 17 000 euros,
j’aboutis plutôt à une hausse des cotisations de l’ordre de
1 000 euros sur l’année – ce qui est très différent. M. le président. La parole est à Mme Mathilde Panot, pour soutenir le sous-amendement no 42276. Mme
Mathilde Panot. Ce sous-amendement qui plaira à nos collègues de la
majorité vise à répéter la question suivante : qu’en sera-t-il de la hausse
des cotisations de retraite des avocats après 2029 suite à la promesse de
Mme Belloubet ? Rappel au règlementM. le président. La parole est à M. Jean-Paul Mattei, pour un rappel au règlement. M.
Jean-Paul Mattei. Au titre de l’article 70, alinéa 3, puisque
j’ai été interpellé – certes gentiment – par M. David Habib. Permettez-moi
donc de préciser mes propos. Le groupe MODEM a déposé un amendement visant à ce
qu’un rapport soit établi sur la progressivité des charges sociales en fonction
des PASS, notamment pour les professions libérales. M. David Habib. C’est justement ce que nous demandons ! M. Christian Hutin. Vous voulez savoir si M. Habib va changer de notaire, c’est ça ? M. le
président. Je vous remercie de bien vouloir cantonner les rappels au
règlement au seul règlement, et non au fond du texte. Mme Valérie Rabault. Je demande une suspension de séance, monsieur le président. Suspension et reprise de la séanceM. le président. La séance est suspendue. (La séance, suspendue à dix-huit heures cinquante, est reprise à dix-neuf heures cinq.) M. le président. La séance est reprise. Rappel au règlementM. le président. La parole est à Mme Caroline Fiat, pour un rappel au règlement. Mme Caroline Fiat. Il se fonde sur l’article 100, alinéa 5. Nous proposons à nouveau une porte de sortie. Le Gouvernement a choisi de déposer le texte juste avant les élections municipales : quelle urgence y avait-il, alors qu’il faut se donner le temps pour une réforme aussi essentielle ? M. Éric Poulliat, député du groupe La République en marche, élu en Gironde, pose la même question que nous. M. le président. Je suis désolé, madame Fiat, mais l’alinéa 5 de l’article 100 a trait aux modalités d’examen des amendements. Je comprends votre propos, mais il ne s’inscrit pas dans un rappel au règlement fondé sur l’article 100, alinéa 5. Mme Caroline Fiat. Je termine, monsieur le président, car on nous interroge beaucoup sur un bruit qui court prêtant à notre groupe le dépôt de 700 000 sous-amendements. Je sais que l’on pourrait faire peur, mais cette rumeur est fausse. J’aimerais que les choses soient claires, d’autant que nous proposons une porte de sortie à la situation présente. Article 1er (suite)M. le président. Revenons aux sous-amendements à l’amendement no 23860. La parole est à M. François Ruffin, pour soutenir le sous-amendement no 42272. M. François
Ruffin. Il vise à préciser que les retraites des avocats ne pourront pas
être financées par les autres réserves de la protection sociale des
avocats. M. Jean-Charles Colas-Roy. Oui : cessez l’obstruction ! M. François Ruffin. …demandée par votre collègue Éric Poulliat, député du groupe La République en marche, elle consisterait à suspendre l’examen de cette réforme jusqu’aux élections municipales. Le Gouvernement pourrait présenter une nouvelle étude d’impact, dont le Conseil d’État n’aurait pas à relever le grand flou, les lacunes et l’inexistence de projections financières. La majorité reviendrait avec un texte reposant sur un socle sérieux pour réformer le système de retraite, qui existe depuis 1945, soit plus de soixante-dix ans. Nous ne voyons pas la nécessité d’examiner sous le régime de la procédure accélérée, en toute urgence, une telle réforme. J’aimerais une réponse du Gouvernement sur ce point, monsieur le président. M. le président. Je vous remercie, monsieur Ruffin. C’est la troisième fois que vous nous proposez ce scénario : nous l’avons bien compris. Je suggère de revenir à l’examen des amendements. Mme Brigitte Bourguignon, présidente de la commission spéciale. Ce serait bien, oui ! M. le président. La parole est à Mme Mathilde Panot, pour soutenir le sous-amendement no 42277. Mme
Mathilde Panot. La question des avocats est symptomatique de l’ensemble
de la réforme. Massivement mobilisés, ils soulèvent depuis des semaines des
problèmes très importants, mais ils ne reçoivent aucune réponse précise. À
quelle sauce seront-ils mangés et quel sera l’avenir de leur profession et celui
de la justice ? Mme Marie-Christine Verdier-Jouclas. On fera ce qu’on veut ! Mme Mathilde Panot. …parce que, jusqu’à maintenant, les réponses n’ont été ni claires ni précises. Les problèmes que pointent les avocats, bien réels, se posent toujours ! M. le président. La parole est à M. François Ruffin, pour soutenir le sous-amendement no 42278. M. François
Ruffin. Il s’agit de préciser dans le texte que le niveau des
cotisations des avocats doit être raisonnable, afin qu’il ne s’élève pas
excessivement. M. François Ruffin. Voilà l’état dans lequel la présente réforme, ajoutée à celle de la justice, met notre justice. Elle la met à mal ! Au demeurant, le divorce entre Mme Belloubet, ministre de la justice, et les avocats – ainsi que le monde judiciaire en général – est tel qu’on entend dire qu’elle serait sur le point de quitter le Gouvernement. M. François Ruffin. Monsieur le président, vous avez dit que je présentais mon scénario pour la troisième fois. Je regrette : tant que je n’aurai pas obtenu de réponse, je continuerai à le présenter – une quatrième fois, une cinquième fois, une sixième fois, une dixième fois, une vingtième fois ! Mme Marie-Christine Verdier-Jouclas. Aucun problème ! M. François Ruffin. Monsieur le secrétaire d’État, le Gouvernement a-t-il l’intention de recourir à l’article 49, alinéa 3 ? (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe LaREM.) Allons-nous débattre pendant des mois ? Ou envisagez-vous d’emprunter la porte de sortie qui vous est proposée, consistant à suspendre le débat afin de le reprendre après les élections municipales, comme le propose notre collègue de la majorité Éric Poulliat ? M. Jean-René Cazeneuve. Pas question ! M. François Ruffin. Cela nous permettrait de disposer d’une étude d’impact fiable, contrairement à celle que nous avons, … M. Jean-René Cazeneuve. Coupez ! M. François Ruffin. … qui est jugée insincère par le Conseil d’État, et de travailler sur un socle sain, afin d’avancer dans ce débat, s’agissant d’une réforme qui concerne des millions de Français et qui est très ambitieuse, j’en fais crédit au Gouvernement. M. le
président. Sur les sous-amendements nos 42043, 42276,
42272 et 42277, je suis saisi par le groupe La France insoumise d’une
demande de scrutin public. M. le président. Quel est l’avis de la commission sur l’amendement no 23860 et les différents sous-amendements ? M. Nicolas Turquois, rapporteur. Je ne me permettrai pas de parler à la place du Gouvernement, mais il me semble que la véritable alternative au blocage… Je m’arrête là, car M. Ruffin ne m’écoute pas. Monsieur Ruffin, vous nous interrogez, mais vous n’écoutez pas notre réponse : il y a là une manifestation de votre mode de fonctionnement habituel. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM.) M. Nicolas Turquois, rapporteur. L’objectif est de débattre du fond du texte, en examinant ses dispositions au fur et à mesure. Alors, nous avancerons et sortirons du blocage. Il s’agit de la véritable solution pour sortir par le haut de cette situation, bien préférable aux postures. M. Jean-René Cazeneuve. Bravo ! M. Nicolas Turquois, rapporteur. Madame Panot, vous avez évoqué les difficultés soulevées par la situation des avocats. Nous les connaissons. Par ailleurs, vous avez rappelé – nous sommes d’accord sur ce point – leur importance dans le fonctionnement de la justice. M. Nicolas Turquois, rapporteur. Toutes les professions qui ont été évoquées au cours de ce débat ou qui le seront, dont on peut dresser la liste, y ont leur place – tant les infirmières que les médecins, les agriculteurs, les ouvriers et les ouvrières chers à M. Jumel, ainsi que les salariés de l’industrie du verre. Chacune a sa place dans ce débat. Il importe de créer les meilleures conditions pour que chacune et chacun bénéficie des conditions de départ en retraite les plus honorables et les plus équitables possibles. M. Nicolas Turquois, rapporteur. Monsieur Aubert, vous m’avez interrogé sur le mode de calcul de l’augmentation des cotisations des avocats. Vous avez raison sur un point : pour un revenu de 20 000 euros, une hausse de quatre points correspond à 800 euros. M. Nicolas Turquois, rapporteur. L’exemple retenu dans l’étude d’impact prévoyait une hausse de 850 euros, mais l’abattement de CSG induit une baisse de 660 euros, soit une augmentation d’environ 200 euros. Vous pouvez vous reporter à la page 460 – de mémoire – de l’étude d’impact. Nous aurons l’occasion de débattre précisément de ce sujet. M. Nicolas Turquois, rapporteur. Telles sont les précisions que je souhaitais apporter. Au reste, nous avons longuement débattu de la situation des avocats. La commission est défavorable aux sous-amendements ainsi qu’à l’amendement. Rappel au règlementM. le président. La parole est à M. François Ruffin, pour un rappel au règlement. M. François Ruffin. Il se fonde sur l’article 58, alinéa 1, puisque je demande la parole pour fait personnel. Je peux être dur, dans cet hémicycle, à l’égard de la majorité, mais je le suis à l’encontre de sa dimension politique, incarnée notamment par les 300 membres du groupe La République en marche et par les quarante-six membres du groupe MODEM. Il ne m’arrive jamais d’attaquer quiconque ad hominem. (Exclamations sur plusieurs bancs des groupes LaREM et MODEM.) M. François Ruffin. Je n’ai pas attaqué M. le rapporteur. Je trouve tout à fait déplacé qu’il caractérise mon comportement alors que je n’ai fait qu’échanger quelques mots avec mon collègue Adrien Quatennens. On peut être dur à l’égard des groupes de la majorité comme de l’opposition, sans pour autant recourir à des attaques ad hominem, d’autant que j’ai présenté une proposition constructive. (Applaudissements sur les bancs du groupe FI et sur plusieurs bancs du groupe GDR.) M. Bruno Millienne. Nous saurons nous en souvenir, monsieur Ruffin ! M. le président. La parole est à M. le rapporteur. M. Nicolas Turquois, rapporteur. Monsieur Ruffin, j’aimerais formuler une précision. Nous venons d’examiner une quinzaine de sous-amendements, après en avoir examiné trente-sept sur l’amendement précédent. Je m’efforce de me concentrer pour écouter chaque orateur. Si, en plus, je dois attendre pour répondre que chacun soit présent et attentif, l’exercice s’avère compliqué ! M. Nicolas Turquois, rapporteur. Je conçois que vous dialoguiez avec vos collègues. En tant que rapporteur, je dois – et c’est normal – me concentrer sur les questions posées par les divers orateurs. En retour, ceux-ci doivent se concentrer sur mes réponses. Il y a là, me semble-t-il, la base même du dialogue. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LaREM et MODEM.) M. Bruno Millienne. Excellent ! M. François Ruffin. Monsieur le président, je souhaite répondre à M. le rapporteur. (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe LaREM.) M. le président. Monsieur Ruffin, cette partie de ping-pong peut durer indéfiniment. Nous avons compris votre rappel au règlement ; les propos de M. le rapporteur n’appellent pas de réponse particulière. Le point est clair. Article 1er (suite)M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement sur l’amendement no 23860 et les sous-amendements dont il fait l’objet ? M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Nous avons longuement débattu de la situation des avocats tout à l’heure. Je reviendrai sur un point : la concertation qui a été menée avec eux, dont je rappellerai les étapes. M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. L’année dernière, du mois de janvier au mois de juin, six réunions préparatoires ont été organisées avec leurs représentants. Nous en avons tenu trois autres au mois de septembre, en présence des membres du Gouvernement concernés, Jean-Paul Delevoye puis moi-même. M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Plusieurs réunions techniques se sont déroulées simultanément, dont certaines après que nous ayons retrouvé les voies du dialogue avec les avocats. Ils ont souhaité – et c’est très bien ainsi – avancer dans le cadre de réunions techniques, afin d’être véritablement au clair au sujet des simulations que nous leur communiquions. Ces réunions techniques ont été, me semble-t-il, de bon niveau. M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Nous avons réexaminé tout à l’heure les propositions concrètes qui ont été faites aux avocats, reprises dans un premier courrier cosigné par Nicole Belloubet et moi-même, puis dans un second signé par elle seule. Tous deux leur ont été adressés après que nous ayons mené des concertations supplémentaires, sous l’égide de M. le Premier ministre, au cours des dernières semaines. M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Je rappelle que la Caisse nationale des barreaux français prévoit des augmentations de cotisations, attentive qu’elle est à son équilibre financier et consciente du fait que les perspectives démographiques des avocats ne seront pas toujours aussi favorables qu’à l’heure actuelle, comme l’a expliqué précédemment M. le rapporteur. Elle prévoit donc des augmentations de cotisations significatives jusqu’en 2029. M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Le Gouvernement a proposé de ne pas en ajouter d’autres au titre de la transition d’un régime à l’autre avant cette date, ce qui en facilitera la mise en place. Nous avons rappelé que ce lissage doit avoir lieu sur une durée très longue – M. le rapporteur l’a bien expliqué tout à l’heure, je n’y reviens pas. M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. S’ils le souhaitent – nous ne leur imposons aucune obligation en la matière –, ils peuvent utiliser une partie de leurs réserves financières. À ce sujet, il faut rappeler deux points très importants. M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Tout d’abord, comme nous l’avons rappelé dans le courrier adressé aux représentants des avocats, le dispositif de solidarité entre les petits et les hauts revenus sera maintenu dans le nouveau système. Ensuite, la Caisse nationale des barreaux français, à laquelle ils sont particulièrement attachés, pourrait être maintenue dans le cadre d’une délégation de service public attribuée par la CNRU. M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Sur ces points – cela devrait rassurer la représentation nationale –, nous avons avancé. J’ai bon espoir que nous trouvions in fine, avec les avocats, les voies d’un compromis. Ils ont toute leur place dans le système universel de retraite. Nous trouverons avec eux les moyens de faire vivre leurs spécificités, notamment en matière de solidarité interprofessionnelle. M. le président. La parole est à M. Gilles Carrez. M. Gilles Carrez. Monsieur le secrétaire d’État, nous sommes vraiment en droit de nous demander comment s’est déroulée la concertation que vous évoquez. J’aborderai non le cas des avocats, mais celui de la Caisse de retraite et de prévoyance des clercs et employés de notaires, évoqué tout à l’heure par mon collègue et ami David Habib. M. David Habib. Nous sommes tous deux béarnais ! M. Gilles Carrez. Je parle sous le contrôle attentif de mon collègue – et également ami – Jean-Paul Mattei, dont je m’empresse de préciser qu’il n’est pas mon notaire… M. David Habib. Mais qui est aussi béarnais ! (Sourires.) M. Gilles Carrez. S’agissant des salariés du notariat – et non des notaires –, le système de retraite est parfaitement équilibré. Il ne coûte pas un euro de subventions à l’État et assure une péréquation par le biais d’une cotisation assise sur le chiffre d’affaires des études. M. Gilles Carrez. Cela permet à ses bénéficiaires de partir en retraite dans des conditions qui ne sont absolument pas injustes. Leur moyenne d’âge de départ en retraite est légèrement supérieure à 63 ans, ce qui n’est pas comparable à celle des salariés de la RATP ou de la SNCF. Leur système fonctionne parfaitement. M. Gilles Carrez. Dans le cadre de la concertation menée par Jean-Paul Delevoye, on leur a assuré que ces conditions seraient maintenues et que la cotisation spécifique précitée, assise sur le chiffre d’affaires des études, le serait également. Nous découvrons à présent, en examinant le projet de loi, qu’elle ne l’est pas du tout : elle est affectée au régime général de la CNRU. Il y a là un nouvel exemple de l’hyperconcentration, de l’étatisation et de la bureaucratisation auxquelles mène la création du véritable monstre qu’est la CNRU, à rebours de la concertation préalablement menée. M. Gilles Carrez. Monsieur le secrétaire d’État, j’aimerais que vous indiquiez comment s’est déroulée la concertation, et pourquoi vous détruisez, de façon si méthodique, des régimes de retraite qui n’ont rien demandé à personne et fonctionnent parfaitement, en toute équité, sans aucune injustice par rapport aux autres professions. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LR, SOC et GDR.– M. Adrien Quatennens applaudit également.) M. David Habib. Exactement ! M. Alain Bruneel. Bravo ! M. le président. La parole est à Mme Agnès Thill. Mme Agnès Thill. J’aimerais revenir sur la mobilisation des avocats, qui aura au moins eu le mérite de faire parler d’eux dans cet hémicycle. Qu’ils soient unanimement vent debout contre la réforme m’intrigue. Mme Agnès Thill. Quand on demande à quelqu’un ce qu’il ne peut donner, c’est que l’on se trompe. En l’espèce, il me semble qu’on leur demande – que vous leur demandez, monsieur le secrétaire d’État – quelque chose qu’il ne peuvent donner : leur accord. Il me semble donc que nous nous trompons. Mme Agnès Thill. Nous avons débattu de la durée de cotisation, de l’avenir de l’aide juridictionnelle, du risque que les petits cabinets ferment et de l’augmentation des cotisations. Je me demande quel est l’intérêt de changer ce qui fonctionne bien, si c’est pour aboutir à un système fonctionnant moins bien pour les premiers concernés. Mme Agnès Thill. Tandis que je m’efforçais de comprendre les raisons d’un tel choix, l’un de nos collègues a argué de la solidarité. Certes, il faut participer au pot commun. Toutefois, il me semble que les avocats contribuent d’ores et déjà à la solidarité nationale, à hauteur de 100 millions d’euros. Cet argument ne tient donc pas. Mme Agnès Thill. Enfin, je tiens fermement à l’indépendance de la justice. S’il existe une profession dont les membres doivent rester indépendants, autonomes – appelez cela comme vous voulez –, ce sont les avocats, qui sont, en France, les piliers de la justice et de son indépendance. M. Erwan Balanant. N’exagérons rien ! M. le président. La parole est à M. Sébastien Jumel. M. Sébastien Jumel. Je ne sais pas comment on peut être membre d’un groupe appelé « En marche ! » et passer son temps à casser ce qui marche. Quelque chose m’échappe : les membres du groupe La République en marche s’évertuent à casser tout ce qui marche, sans rien réparer. Il y a là un problème. M. Bruno Millienne. La baisse du chômage, ça vous parle ? M. Sébastien Jumel. Deuxième problème : monsieur le secrétaire d’État, vous évoquez la concertation qui a été menée, et citez les nombreuses réunions de travail organisées avec les organisations représentatives des avocats. Après tant de réunions, comment se fait-il que l’on aboutisse à un tel point de crispation, de blocage de la négociation et d’incompréhension réciproque, qui nous occupe depuis plus de trois heures ? M. Sébastien Jumel. Comment expliquez-vous votre incapacité à convaincre ? Comment pouvez-vous livrer à la représentation nationale les points de blocage des avocats, résultant de leur refus de laisser détruire ce qui marche, et contribue de surcroît à la solidarité nationale ainsi qu’à l’équilibre de leur caisse autonome de retraite ? Tout cela est préoccupant. M. Sébastien Jumel. Peut-être serait-il utile de permettre à des observateurs extérieurs de participer à vos réunions de négociation, un peu comme on fait appel à des organisations non gouvernementales dans les zones de guerre, afin de déterminer si nous pouvons vous aider à élaborer des mécanismes de réconciliation avec la France. M. Sébastien Jumel. Vous êtes fâchés avec tous ceux avec lesquels vous êtes censés négocier. Même votre principal allié, le MEDEF, est en train de quitter le navire des négociations. M. Bruno Millienne. Vous n’en voulez pas ! M. Sébastien Jumel. Nous avons auditionné le secrétaire général de FO, celui de la CGT, le président de la CFTC, le secrétaire général de la FSU ; aucun de ces responsables syndicaux ne vous fait crédit de votre capacité à négocier, ce qui est particulièrement préoccupant. (Les sous-amendements nos 41830, 41832 et 41839, successivement mis aux voix, ne sont pas adoptés.) M. le président. Je mets aux voix le sous-amendement no 42043. (Il est procédé au scrutin.) M. le
président. Voici le résultat du
scrutin : (Le sous-amendement no 42043 n’est pas adopté.) (Les sous-amendements nos 41841, 41924, 41844, 41847, 41850, 41856, 42274 et 42311, successivement mis aux voix, ne sont pas adoptés.) M. le président. Je mets aux voix le sous-amendement no 42276. (Il est procédé au scrutin.) M. le
président. Voici le résultat du
scrutin : (Le sous-amendement no 42276 n’est pas adopté.) M. le président. Je mets aux voix le sous-amendement no 42272. (Il est procédé au scrutin.) M. le
président. Voici le résultat du
scrutin : (Le sous-amendement no 42272 n’est pas adopté.) M. le président. Je mets aux voix le sous-amendement no 42277. (Il est procédé au scrutin.) M. le
président. Voici le résultat du
scrutin : (Le sous-amendement no 42277 n’est pas adopté.) (Le sous-amendement no 42278 n’est pas adopté.) (L’amendement no 23860 n’est pas adopté.) M. le
président. Je suis saisi d’un amendement no 23859 qui
fait l’objet de nombreux sous-amendements. Mme Gisèle
Biémouret. Cet amendement vise à appliquer aux professionnels de santé
le même principe de non-régression des droits du fait de la réforme. M. le président. La parole est à M. Pierre Dharréville, pour soutenir le sous-amendement no 41802. M. Pierre
Dharréville. Il aurait été utile de poser le principe de non-régression
pour toutes les professions, mais nous voici réduits à examiner son application
profession par profession. Je comprends le sens de la démarche qui vise à
essayer de protéger le plus grand nombre de personnes des méfaits de votre
réforme. M. le président. La parole est à M. Sébastien Jumel, pour soutenir le sous-amendement no 41804. M.
Sébastien Jumel. La crise hospitalière et le cri de colère qu’ont poussé
les soignants en EHPAD, mais aussi les familles, ont placé au cœur de
l’actualité la maltraitance institutionnelle dont sont victimes ceux qui
prennent soin des autres. Mme Marie-Christine Verdier-Jouclas. La faute à la gauche sous le précédent quinquennat ! M.
Sébastien Jumel. De par leur statut, les personnels, souvent à temps
partiel, sont soumis à des horaires modulables. En outre, la pression de la
tarification à l’activité à l’hôpital accentue la charge de travail. M. le président. La parole est à Mme Caroline Fiat, pour soutenir le sous-amendement no 42292. Mme
Caroline Fiat. Nous souhaitons soutenir l’amendement et souligner le
caractère très régressif des principes définis à l’article
1er. M. Bruno Millienne. C’est Cosette ! Mme
Caroline Fiat. …et, au lieu de laisser les employés du secteur public
partir à 57 ans, comme ils pouvaient le faire jusqu’à présent, vous leur
demandez de partir à 62, 64 ou 66 ans. Comment peut-on accepter
cela ? M. le président. La parole est à M. Alain Bruneel, pour soutenir le sous-amendement no 41808. M. Alain Bruneel. Nous devons bien réfléchir au devenir des professionnels de la santé. Au lieu de s’arrêter à 57 ans dans le secteur public ou 59 ans et sept mois, ils devront, du fait de la réforme, poursuivre leur activité jusqu’à 65 ans. Or, ils sont déjà épuisés, ils n’en peuvent plus. Cela fait onze mois qu’ils crient pour alerter le Gouvernement et réclamer des moyens. Mme Marie-Christine Verdier-Jouclas. Que faisait la gauche ? M. Alain Bruneel. Je vous serais reconnaissant de bien vouloir m’écouter. Si vous n’êtes pas d’accord, vous prendrez la parole et vous l’expliquerez. Nous sommes dans un débat, j’ai tout de même le droit de m’exprimer. C’est agaçant ! M. Jacques Marilossian. Vous avez raison, c’est agaçant ! (Sourires.) M. le président. Continuez, monsieur Bruneel, vous avez la parole. M. Alain
Bruneel. C’est une profession qui souffre et qui demande au Gouvernement
des moyens humains et matériels. M. le président. La parole est à M. Adrien Quatennens, pour soutenir le sous-amendement no 42288. M. Adrien
Quatennens. La crise de l’hôpital public vient s’ajouter à la réforme
des retraites. Le plan d’urgence pour l’hôpital, prévoyant 1,5 milliard
d’investissement sur trois ans pour l’ensemble des hôpitaux de France, n’est pas
en mesure d’éteindre la colère du personnel hospitalier, soignant et non
soignant. Ce montant correspond au budget annuel du seul centre hospitalier
universitaire de Lille. Qui peut croire que ces mesures résoudront le problème
pour l’ensemble des hôpitaux ? M. le président. La parole est à M. Sébastien Jumel, pour soutenir le sous-amendement no 41810. Vous souhaitez remplacer le mot « régression » par le mot « baisse ». M.
Sébastien Jumel. Je vous remercie pour votre aide, monsieur le
président, mais je connais mes amendements et sous-amendements par cœur.
(Sourires.) M. Erwan Balanant. Serrer le kiki ? M. Sébastien Jumel. Quand on parle comme les gens normaux, cela heurte toujours ! Chez moi, on parle normalement, on n’est pas né de la cuisse de Jupiter ; on parle simplement pour se faire comprendre. Pour ma part, je n’oublie pas mes origines et je parle comme cela me vient. M. Erwan Balanant. L’expression m’a simplement fait rire. M. Sébastien Jumel. En définitive, on dit aux soignants : « On vous aime, mais on continue de vous flinguer, on continue de vous pressurer, car, dans le même temps, on va vous proposer de travailler plus longtemps. » C’est cela qui nous tord le ventre et c’est pour cette raison qu’il convient d’adopter ces amendements et sous-amendements. M. le président. La parole est à M. François Ruffin, pour soutenir le sous-amendement no 42291. M. François
Ruffin. Ce sous-amendement vise à inscrire dans le texte de loi que nous
refusons résolument que les soignants subissent une baisse de leur pension,
qu’il s’agisse des aides-soignantes ou des infirmiers. M. Alain Bruneel. C’est vrai ! M. François Ruffin. En l’espèce, on cherche à faire beaucoup de caresses aux soignants, à leur dire qu’ils sont formidables, mais il faudrait qu’ils le soient avec une crise endémique de l’hôpital, avec un mal-être dans les services de soins et, maintenant, avec une diminution de leur pension, dont la baisse est garantie et annoncée par une publicité d’Axa qui parle de la baisse programmée des futures pensions. (« Ah ! » sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.) M. Bruno Millienne. Ça faisait longtemps ! M. François
Ruffin. Raillez, mais nous attendons une réponse sur ce
point ! M. le président. La parole est à M. Pierre Dharréville, pour soutenir le sous-amendement no 41814. M. Pierre
Dharréville. Je souhaiterais prolonger ces échanges relatifs aux
personnels soignants, car il s’agit d’un bon exemple des craintes que nous
nourrissons à l’égard des effets de cette réforme. M. le président. La parole est à Mme Mathilde Panot, pour soutenir le sous-amendement no 42289. Mme Mathilde Panot. Cela a été dit, depuis onze mois les soignants et les soignantes de notre pays crient leur souffrance et demandent des moyens, des lits supplémentaires, qui ne leur sont pas accordés. Élisabeth, infirmière au CHU de Toulouse dit :… Mme Marie-Christine Verdier-Jouclas. Ah, Toulouse ! Mme
Mathilde Panot. …« On traite les patients à la chaîne, voilà
comment je me sens, une ouvrière à la chaîne. ». Marthe, aide-soignante,
ajoute : « Au bout du compte, on devient maltraitant. Ce week-end, par
exemple, j’ai eu cinq fiches d’incidents. Je l’ai signalé à ma cadre. On devait
faire les toilettes au lit, très vite pour finir à midi, l’heure du repas. Je
n’ai fait aucun rasage ni aucun soin de bouche, je n’ai mis aucun patient en
fauteuil et je ne leur ai pas lavé les pieds non plus. Parce que je n’avais pas
le temps. Puis on a pris nos repas, en dix minutes au lieu des vingt prévues. On
a un travail technique, mais aussi relationnel : le patient veut vider son
sac, mais on lui dit qu’on n’a pas le temps et on ferme la porte. On le laisse
seul avec sa souffrance et puis c’est tout. » M. le président. La parole est à M. Alain Bruneel, pour soutenir le sous-amendement no 41816. M. Alain
Bruneel. Permettez-moi de vous rappeler quelques chiffres
révélateurs : l’espérance de vie d’une infirmière s’élève à 78 ans,
contre 85 ans en moyenne pour les femmes en France, tandis que 30 %
des aides-soignantes et 20 % des infirmières accèdent à la retraite avec un
taux d’invalidité positif. M. Sébastien Jumel. Bravo ! M. le président. La parole est à Mme Caroline Fiat, pour soutenir le sous-amendement no 42290. Mme
Caroline Fiat. Ma question sera très simple. Avant, une aide-soignante
exerçant dans le secteur public accédait à la retraite à 57 ans et sa
pension était calculée à partir de ses six derniers mois de salaire, soit
environ 1 575 euros. Désormais, vous ferez la moyenne de la totalité
de ses salaires, c’est-à-dire 1 290 euros. Elle perdra donc plus de
250 euros et accédera cinq, six, voire sept ans plus tard à la retraite.
Étant donné que plus de 80 % des aides-soignants sont des femmes, où sont
les grandes gagnantes de votre réforme ? M. le président. La parole est à M. Adrien Quatennens, pour soutenir le sous-amendement no 42295. M. Adrien
Quatennens. La question de l’espérance de vie inférieure des
infirmières, en raison de la pénibilité de leur métier, montre, une nouvelle
fois, que vous préparez une grande régression. Vous allez en effet abaisser le
niveau des pensions, et il ne peut en être autrement dès lors que votre objectif
est celui de l’équilibre financier sans que vous ne consacriez une part plus
importante des richesses aux retraites. La variable sera bien le niveau des
pensions et, comme vous ne l’assumez pas, vous préférez le cacher, le
masquer. M. Bruno Millienne. On ne sait pas, on verra à la fin ! M. Adrien Quatennens. Nous ne l’avons jamais dit et il s’agit d’une fausse information émanant de députés de « la retraite en moins » en vue de créer un climat favorable à l’utilisation de l’article 49, alinéa 3, de la Constitution, que vous avez désormais l’intention de dégainer. (Protestations sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.) M. le président. La parole est à M. François Ruffin, pour soutenir le sous-amendement no 42296. M. François
Ruffin. Dans votre étude d’impact figure en effet l’exemple d’une
infirmière touchant 2 500 euros par mois. Vous surévaluez légèrement ses
revenus, mais ce que vous ne mentionnez pas, c’est que les infirmières meurent
en moyenne sept ans plus tôt que le reste des Françaises. Trente pour cent des
aides-soignantes et 20 % des infirmières accèdent à la retraite en
invalidité ou ne finissent pas leur carrière au travail, mais en arrêt
maladie. M. le président. La suite de la discussion est renvoyée à la prochaine séance.
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