Système universel de retraite Art. 4 - Version analytique |
AN 1 - Débats 28 février 2020 : 1ère séance du 27 |
Article 4M. le président. La parole est à M. Stéphane Viry. M. Stéphane
Viry. Avant de partager quelques observations au sujet de
l’article 4, je voudrais souligner que notre rythme de travail est soutenu.
Il me paraît conforme au rythme habituel de nos travaux, ce dont je me félicite.
Je me suis exprimé hier soir au sujet de l’article 3 et suis ravi que nous
abordions dès à présent l’article 4. M. le président. La parole est à M. Jean-Paul Dufrègne. M.
Jean-Paul Dufrègne. Nous abordons, avec l’article 4, l’épineuse
question de la fusion, dans votre système universel, des régimes autonomes des
travailleurs indépendants et libéraux et de leurs caisses complémentaires. Dans
de nombreux cas, cette fusion fera des perdants, que ce soit en matière de
cotisations ou de prestations. Certaines catégories d’indépendants subiront un
doublement de leurs cotisations dans le cadre du système universel, sans y
gagner en matière de prestations. Plusieurs professions sont également très
opposées à ce texte car elles se verront dépossédées de la gestion de leur
régime autonome ou de leur caisse complémentaire. M. Jean-René Cazeneuve. C’est faux ! Nous l’avons répété cent fois ! M. Jean-Paul Dufrègne. Si c’est faux, démontrez-le ! En tout cas, ce n’est pas ce que disent les avocats. Ce n’est pas plus faux que ce que disait M. Petit tout à l’heure. M. Sylvain Maillard. C’est donc faux ! M. Jean-Paul Dufrègne. Une fois encore, vous déroulez une politique de classes, au service des plus puissants – mais ce n’est pas nouveau – et au grand dam des plus démunis. En pénalisant les petits cabinets, vous touchez durement les populations les plus fragiles qui bénéficient de l’aide juridictionnelle. Au fond, vous faites ici porter aux seuls avocats les caprices d’une politique et d’une réforme qui desservent une profession pourtant peu habituée à manifester de la sorte. Sachez que nous les soutenons et que nous restons déterminés à ce que cette mauvaise réforme ne touche pas des femmes et des hommes si utiles au bon fonctionnement de notre république. Plusieurs députés du groupe LaREM. Tout le monde est utile ! M. Sylvain Maillard. Vous êtes les lobbyistes des avocats ! M. le président. La parole est à Mme Catherine Fabre. Mme Catherine Fabre. En réponse à M. Dufrègne, je voudrais d’abord préciser que tout le monde est utile dans notre société. (Applaudissements sur certains bancs du groupe LaREM.) Les avocats sont 60 000 en France. Dans une population d’environ 60 millions de personnes, de nombreux autres professionnels sont certainement utiles aussi ! Je vous remercierais de penser à eux. M. Pierre Dharréville. Rassurez-vous, nous en parlerons aussi. Nous allons faire la liste ! M. Jean-Paul Dufrègne. Et les agriculteurs ? Vous les abandonnez ! C’est honteux ! Mme Catherine Fabre. Nous sommes très fiers de défendre l’article 4, car il prévoit que l’ensemble des professions indépendantes, des artisans, des commerçants et des professions libérales seront intégrés dans le système universel. L’objectif est de leur offrir une meilleure lisibilité de leur situation, mais surtout une protection largement accrue. De nombreux artisans et commerçants souhaitent intégrer ce régime, dans lequel ils seront gagnants ! Ce sera aussi le cas de la plupart des professions libérales. En effet, elles ne subiront pas de surcoût – au contraire, nous accédons à l’une de leurs revendications de longue date, qui est la simplification de l’assiette sociale. Je souhaite le dire à l’ensemble de ces artisans, commerçants et professions libérales, car ils la revendiquent depuis très longtemps. Dans le même temps, nous leur offrons également une meilleure couverture et davantage de droits pour la retraite, sans aucun surcoût. M. Jean-Paul Dufrègne. Il est certain que vous ne mettez pas beaucoup de moyens ! Mme Catherine Fabre. Les cotisations supplémentaires sont en effet compensées par l’abaissement de l’assiette sociale. L’ensemble de ces professionnels seront donc gagnants, bénéficieront de nouveaux droits et seront mieux protégés au moment de leur retraite, grâce à cette réforme, qu’ils soient artisans, commerçants, professions indépendantes et libérales. Nous sommes donc fiers de l’article 4. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM.) M. Sylvain Maillard. Excellent ! M. Pierre Dharréville. Il doit y avoir une étude d’impact cachée ! Fournissez-nous vos chiffres ! M. le président. La parole est à M. Cyrille Isaac-Sibille. M. Cyrille Isaac-Sibille. Il est important de souligner, à l’occasion de la discussion sur l’article 4, que cette réforme ne concerne pas uniquement notre système de retraite mais plus globalement notre système social, comme le soulignait l’ancien haut-commissaire Delevoye. Les professions libérales et indépendantes – notamment les avocats, dont on parle beaucoup – ne sont pas tant fragilisées par la réforme des retraites que par le système qui encadre leurs professions. Dans les semaines à venir, il nous faudra réfléchir au moyen de renforcer le modèle libéral au sein de notre société. Je suis très satisfait de constater que sur l’ensemble de ces bancs, aussi bien à droite qu’à gauche, on défend le modèle libéral des professions indépendantes. M. Sylvain Maillard. Oui, c’est vrai. M. le président. La parole est à M. Éric Coquerel. M. Éric
Coquerel. L’article 4 concerne effectivement les travailleuses et
travailleurs indépendants, qui rejoindraient ainsi le régime dit universel. Pour
notre part, nous rejetons cette disposition. Nous ne sommes pas opposés à
l’application de dispositions équitablement uniformes en matière de pensions de
retraite, mais à la façon dont vous proposez de le faire. Les spécificités des
régimes applicables aux libéraux, qui ont fait l’objet d’accords et sont le
fruit de l’histoire, sont en effet trop souvent ignorées. Nous avons évoqué hier
les avocats, dont nous reparlerons ultérieurement dans le débat :
l’augmentation du taux de cotisation à 28 % menace de disparition les plus
fragiles d’entre eux. En réalité, pour toutes les professions libérales qui
manifestaient récemment – comme les médecins –, c’est un grand saut
dans le vide. M. le
président. Je suis saisi de plusieurs amendements,
no 227 et identiques, tendant à supprimer
l’article 4. Mme Emmanuelle Anthoine. L’article 4 prévoit l’application du système universel de retraite aux travailleurs indépendants. Or il est important de rappeler, comme nous l’avons déjà fait, que certains régimes sont à l’équilibre et pérennes. Un député du groupe LaREM. Pas tous ! Mme Emmanuelle Anthoine. Compte tenu des spécificités de ces professions, pourquoi voulez-vous absolument les intégrer dans le régime universel ? Dans d’autres pays, les libéraux sont rattachés à des régimes autonomes, qui préservent leur indépendance. En doublant les taux de cotisation, alors que les retraites ne progresseront pas, voire régresseront par rapport à leur montant actuel, vous allez pénaliser les indépendants. C’est la raison pour laquelle nous vous demandons de supprimer cet article. M. le président. La parole est à M. Maxime Minot, pour soutenir l’amendement no 397. M. Maxime Minot. Je propose également de supprimer l’article 4. En effet, alors que les régimes d’assurance vieillesse des avocats et de certaines professions libérales sont autonomes et bénéficiaires, ce projet de loi prévoit de les supprimer. L’intention de mettre toutes les professions sur un pied d’égalité en ce qui concerne la retraite serait compréhensible si elle ne mettait pas en péril la survie de certaines d’entre elles. L’intégration de l’assurance vieillesse des avocats au système universel s’accompagne d’un doublement de leur taux de cotisation, qui passe de 14 % à 28 %. Cela entraîne un risque financier majeur, notamment pour les petits cabinets et, in fine, une mise en danger de l’accès au droit. Le présent amendement propose donc de supprimer l’article 4. M. le président. La parole est à Mme Marie-Christine Dalloz, pour soutenir l’amendement no 489. Mme
Marie-Christine Dalloz. L’article 4 soulève effectivement des
questions au sujet desquelles nous n’avons toujours pas reçu de réponse. Je ne
peux m’empêcher de sourire lorsque j’entends les éléments de langage du groupe
La République en marche. Car, si certaines professions indépendantes bénéficient
effectivement dans ce nouveau système d’un minimum vieillesse plus élevé que
celui auquel elles auraient pu s’attendre (Applaudissements sur les bancs des
groupes LaREM et MODEM) – attendez, je n’ai pas
fini ! –, cela ne concerne qu’une infime partie des professions
libérales et indépendantes, notamment les artisans et les commerçants. M. Jean-René Cazeneuve. Vos chiffres ne sont pas bons ! M. Pierre Dharréville. Et les vôtres, où sont-ils ? Mme
Marie-Christine Dalloz. Je crois sincèrement que certains de ces
professionnels rencontreront de réelles difficultés pour payer leurs cotisations
retraite dans le régime auquel vous les affiliez, en particulier les
indépendants, comme les coiffeurs. M. le président. La parole est à M. Boris Vallaud, pour soutenir l’amendement no 948. M. Boris
Vallaud. Nous continuons de souligner la difficulté que pose
l’intégration des indépendants dans votre système universel de retraite. En
effet, entre une et trois fois le PASS – plafond annuel de la sécurité sociale
–, les indépendants cotiseront moins que les salariés : leurs revenus
seront soumis à un taux de cotisation de 12,94 %, dont 2,81 points de
part non contributive, ce qui est, en proportion, beaucoup plus important que
pour les salariés. Aussi, le taux de rendement réel de leurs cotisations, qui
prend en compte la part non contributive, sera substantiellement inférieur à
celui des salariés, ce qui constitue, à notre sens, une rupture d’égalité
majeure. Mme Marie-Christine Dalloz. C’est vrai ! M. le président. La parole est à Mme Emmanuelle Ménard, pour soutenir l’amendement no 3963. Mme
Emmanuelle Ménard. Il s’agit également d’un amendement de suppression de
l’article 4, lequel vise à intégrer au système universel de retraite les
travailleurs indépendants que sont les artisans, les commerçants et les
professionnels libéraux, alors que leurs régimes indépendants et autonomes n’ont
jamais coûté un seul euro aux contribuables depuis leur création. Mme Emmanuelle Anthoine. Eh oui ! M. le président. La parole est à Mme Clémentine Autain, pour soutenir l’amendement no 10662 et seize autres amendements identiques déposés par les membres du groupe La France insoumise. Mme
Clémentine Autain. Nous avons également déposé des amendements de
suppression de l’article 4 car l’intégration des indépendants dans le
système universel de retraite pose de très nombreux problèmes. M. le
président. L’amendement no 11884 de M. Marc
Le Fur est défendu. Mme Valérie Beauvais. Les professions libérales, les commerçants et les artisans seront les grands perdants de votre système universel de retraite. Ces professionnels ont fait le choix de l’indépendance dans leur activité : ils en assument donc toutes les conséquences, mais pas celle de voir doubler leur cotisation, ce qui va obérer leur pouvoir d’achat durant leur activité sans pour autant leur assurer une retraite décente. Cela a déjà été démontré brillamment par mes collègues, notamment par Marie-Christine Dalloz. Les commerçants subissent depuis de nombreux mois des difficultés économiques. Vous le savez, les différents mouvements qui se sont succédé ont déjà fortement fragilisé leur trésorerie. Le nouveau système, que vous prétendez équitable, tire au contraire les professions libérales vers le bas. Aussi convient-il de supprimer l’article 4. (Mme Marie-Christine Dalloz applaudit.) M. le président. La parole est à M. Stéphane Viry, pour soutenir l’amendement no 24536. M. Stéphane
Viry. De nombreux amendements de suppression de l’article 4 ont été
déposés. J’observe, comme je l’ai déjà fait la semaine dernière, que
l’amendement signé par Mme Le Pen et plusieurs de ses collègues n’a
pas été défendu. Cela devient monnaie courante ! Je tenais à vous le faire
remarquer. M. le président. La parole est à M. Alain Bruneel, pour soutenir l’amendement no 26745 et quinze autres amendements identiques déposés par les membres du groupe de la Gauche démocrate et républicaine. M. Alain Bruneel. L’article 4 prévoit que le système universel de retraite s’appliquera aux travailleurs indépendants. (Mme Nadia Essayan s’exclame.) Si notre collègue du groupe La République en marche veut s’exprimer, elle n’a qu’à prendre le micro : ce sera beaucoup plus simple ! Mme Brigitte Bourguignon, présidente de la commission spéciale. Ce n’est pas une députée du groupe La République en marche, mais une députée du groupe MODEM ! M. Alain
Bruneel. Je disais donc que le système universel de retraite allait
s’appliquer aux travailleurs indépendants, aux artisans, aux commerçants et aux
professionnels libéraux. L’article 4 prévoit donc la fusion, dans le
système universel, des régimes autonomes des travailleurs indépendants et
libéraux et de leurs caisses complémentaires. Dans de nombreux cas, cette fusion
fera des perdants, que ce soit en termes de cotisations ou en termes de
prestations. M. le
président. L’amendement no 34314 de M. Pierre
Morel-À-L’Huissier est défendu. M.
Guillaume Gouffier-Cha, rapporteur général. Cette série
d’amendements identiques vise à exclure du système universel les artisans, les
commerçants et les professions libérales. Bien entendu, nous ne partageons pas
ce point de vue, pour trois raisons. M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ? M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Il est défavorable. Je voudrais profiter de cet échange pour revenir sur un certain nombre de contre-vérités et d’approximations. M. Pierre Dharréville. Nous marquons des désaccords politiques ! M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. Il ne s’agit pas de ça. Nous
avons déjà parlé dix fois, vingt fois, quarante fois, de ce sujet des réserves.
Je vous ai indiqué l’article du projet de loi qui précise qu’il n’y aura aucune
expropriation en la matière ; je vous ai rappelé le discours tenu par le
Premier ministre le 11 décembre ; j’ai explicité à plusieurs reprises la
position du Gouvernement sur la question. En dépit de tout cela, des députés
continuent à affirmer ici que ces caisses seront dépouillées de leurs réserves,
ce qui est faux, objectivement faux ! (Applaudissements sur les bancs
des groupes LaREM et MODEM.) Il est compliqué de débattre face à une
succession de contre-vérités constamment réaffirmées, alors que ces informations
ont déjà été données à maintes reprises ici. Mme Valérie Beauvais. C’est vous, le flou ! M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. Je vous remercie de me laisser
m’exprimer. M. Jean-René Cazeneuve. Faux ! M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Jean-Pierre Door, qui fait partie des députés qui connaissent bien le sujet et avec qui nous en avons discuté il y a quatre ou cinq jours, n’aurait jamais dit cela ! Il a bien conscience que, même si les cotisations des médecins sont supérieures à celles qu’ils acquitteront dans le régime universel, le niveau de leurs pensions ne sera pas inférieur en proportion. Les médecins, dont j’ai rencontré les représentants, le savent bien. M. Maxime Minot. Auchan et la vie change ! M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. On ne peut pas dire en permanence que toutes les professions libérales sont vent debout contre cette transformation de société, autre contre-vérité dont la récurrence ne fait pas une vérité. M. Jean-René Cazeneuve. Faux ! M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. C’est faux ! Le haut-commissaire et moi-même avons rencontré l’ensemble des organisations représentatives des professions libérales. Ils préféreraient bien sûr qu’on se limite à un PASS. Je reconnais à ce propos, monsieur le président Woerth, je vous l’ai dit à plusieurs reprises, que le projet que vous défendez est plus proche de ce que veulent ces professions que de notre projet. Celles-ci ont cependant reconnu qu’en dépit des évolutions de leurs cotisations, elles s’y retrouveraient en termes de niveau des pensions, dans un sens comme dans un autre. Il faut là aussi être clair et n’avancer que des éléments objectifs, vérifiables et comparables. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.) M. le président. La parole est à Mme Clémentine Autain. Mme Clémentine Autain. Il y a quand même quelque chose que je n’arrive pas à comprendre, monsieur le secrétaire d’État : pourquoi les avocats ne voient-ils pas les choses comme vous ? Eux disent que vous allez piller les réserves de leur caisse, qui va en tout état de cause disparaître du fait de leur entrée dans le régime général. M. Bruno Millienne. Ce serait pire avec votre contre-projet ! Mme
Clémentine Autain. Deuxièmement, vous ne pouvez absolument pas affirmer
que les pensions ne baisseront pas, alors que toutes les organisations
représentatives de ces professions – artisans, commerçants, professions
libérales, médecins, infirmières et bien d’autres – disent le contraire,
projections à l’appui. Quant à la concertation que vous affichez, comment
expliquez-vous que ces syndicats – les avocats hier encore devant l’Assemblée
nationale vous pressaient de les rencontrer – aient le sentiment que leur voix
n’a pas été entendu et affirment qu’il y a eu très peu de discussions sur
l’évolution de leur régime spécifique ? Ce ne sont pas seulement les
députés de l’opposition que vous mettez en cause par cette affirmation, mais
également les syndicats représentatifs des professions en question et des
mobilisations qui dépassent même celles et ceux qui sont syndiqués. Pouvez-vous
nous expliquer pourquoi ils sont tellement en colère si votre système est si
vertueux ? M. le président. La parole est à M. Bruno Fuchs. M. Bruno Fuchs. La France est championne du monde de l’exception, de la niche. Dans le village gaulois, on ne veut jamais vraiment être comme les autres. M. Alain Bruneel. Parce que c’est une qualité de vouloir être comme les autres ? M. Bruno Fuchs. Le principe même de ce projet, c’est la solidarité, que nous soyons tous solidaires les uns des autres. Pourquoi les routiers ne devraient-ils l’être que des routiers, les avocats des avocats, les mineurs des mineurs ? Pourquoi un mineur ne serait-il pas solidaire d’un routier, un avocat d’un mineur ? M. Éric Woerth. S’il y a des régimes spécifiques, c’est qu’il y a des raisons ! M. Bruno
Fuchs. Le principe même est de restaurer une solidarité qui permette à
chacun, à chaque profession en difficulté de s’appuyer sur l’ensemble de la
solidarité nationale. Ce nouveau système sera enraciné dans la solidarité
nationale. M. le président. La parole est à M. Éric Woerth. M. Éric Woerth. Un régime universel total dont tout le monde relèverait, tant pour sa couverture complémentaire que pour sa couverture de base, c’est l’Union soviétique des années soixante, sans vouloir choquer nos excellents collègues ! M. Sylvain Maillard. Si c’était vrai, ça leur plairait ! M. Jean-Paul Dufrègne. Les staliniens, aujourd’hui, c’est eux. Et c’est dur à porter, on peut vous le dire ! M. Éric Woerth. Il doit certes y avoir une part de solidarité, dans le pays très solidaire que nous sommes, mais on doit aussi tenir compte des particularités des professions. Pourquoi ne pas laisser vivre ces régimes autonomes ? Laissez-les donc vivre ! Ils n’embêtent personne ! Mme Emmanuelle Anthoine. Très bien ! M. Éric
Woerth. Je ne conteste pas qu’il faille les amener à plus de convergence
et que leurs modes de calcul sont parfois complexes, notamment en raison de la
circularité évoquée par le secrétaire d’État. Simplifions-les, mais laissons
vivre les régimes eux-mêmes. M. le président. La parole est à M. Boris Vallaud. M. Boris Vallaud. S’agissant des avocats, monsieur le secrétaire d’État, le dispositif de solidarité, qui prévoit de lisser le doublement des cotisations, prévoit aussi d’utiliser le produit des réserves de la Caisse nationale des barreaux français – CNBF. La grande difficulté, c’est qu’il n’y a dans votre étude d’impact aucune doctrine d’emploi des réserves. M. Pierre Dharréville. Quelle étude d’impact ? M. Boris Vallaud. C’est bien le problème ! On ne sait pas quelle est la doctrine d’emploi du fonds de réserve des retraites, ni des réserves constituées par les caisses autonomes. On aimerait avoir quelques projections. Quel sera le niveau de ces fonds à l’horizon de 2037 ? Quel sera l’emploi des réserves constituées notamment par l’AGIRC-ARRCO en cas de choc systémique ? Nous ne savons rien ! Mme Marie-Christine Dalloz. Eh oui ! M. Boris
Vallaud. Face au silence du Gouvernement nous en sommes réduits aux
hypothèses. M. Pierre Dharréville. Excellente question ! M. le président. La parole est à Mme Cendra Motin. Mme Cendra Motin. Je voudrais d’abord inviter mes collègues à se reporter au point 53 de l’avis du Conseil d’État. Il confirme que mettre fin à la circularité de la base de la CSG pour les indépendants est parfaitement constitutionnel. (Protestations sur les bancs du groupe FI.) Mme Clémentine Autain. Personne n’a dit que c’était inconstitutionnel ! Mme Cendra
Motin. Page 24, point 53, madame Autain ! Apparemment, vous en
savez plus sur ce point que le Conseil d’État ! M. le président. La parole est à M. Hubert Wulfranc. M. Hubert
Wulfranc. Le modèle d’économie mixte qui reste en vigueur en France
justifie l’attachement des députés communistes au sort réservé aux indépendants
et aux professions libérales. Il justifie aussi notre défense acharnée de
secteurs stratégiques relevant de régimes spéciaux – que vous
dépecez –, et notre volonté de les maintenir et de les consolider.
Malheureusement, depuis votre arrivée au pouvoir, vous défendez une politique
inverse. M. le
président. Votre temps de parole est malheureusement dépassé, mon cher
collègue, mais nous vous écouterons plus tard avec le même intérêt. (Il est procédé au scrutin.) M. le
président. Voici le résultat du
scrutin : (Les amendements no 227 et identiques ne sont pas adoptés.) M. le président. La parole est à Mme Danièle Obono, pour soutenir l’amendement no 13493 et les seize amendements identiques déposés par les membres du groupe La France insoumise. Mme Danièle
Obono. Nous demandons la suppression du premier alinéa de
l’article 4. Le secrétaire d’État semble s’étonner que nous soyons si
nombreux à refuser cette réforme. Pourtant, l’ensemble des professions
libérales, représentées notamment dans le collectif SOS retraites, s’y opposent.
Un jeune kinésithérapeute gréviste a par exemple calculé que, sur une année, la
réforme lui coûterait 2 500 euros, soit l’équivalent d’un mois de
salaire. Ces professions subiront une perte sèche de 5 %. M. le président. La parole est à Mme Clémentine Autain. Mme
Clémentine Autain. Nous n’avons pas affirmé qu’il était
inconstitutionnel de baisser la CSG, madame Motin ; nous réfutons plutôt
votre argument selon lequel une compensation sera inscrite dans la loi. Le
Conseil d’État a d’ailleurs souligné qu’en renvoyant la revalorisation de la
rémunération des enseignants à une loi de programmation, vous donniez
l’injonction au Parlement de voter une telle loi, ce qui n’est pas acceptable.
La baisse de la CSG sera votée – ou non – dans le PLFSS et pourra être
remise en cause chaque année. Elle aura de surcroît un effet sur le budget de la
sécurité sociale. Nous disons haut et fort qu’il s’agit d’une mesure de
compensation d’un manque à gagner, preuve que les professionnels concernés ne
sortiront pas gagnants de votre réforme. Il faut donc trouver un moyen d’amortir
le choc. M. Bruno Questel. Arrêtez avec ça ! Mme
Clémentine Autain. Si ce n’est pas une expropriation au sens juridique,
c’est une façon de vider les caisses des avocats. Vous jouez sur les mots pour
nous raconter des sornettes au sujet d’un régime dont personne ne veut, car tout
le monde sera perdant. M. le président. La parole est à M. Erwan Balanant. M. Erwan
Balanant. Après les avocats, nous entendons beaucoup parler des
indépendants. J’appelle ceux qui n’ont jamais eu ce statut et qui ne connaissent
pas cette réalité à faire preuve de modestie. Il se trouve qu’avant d’être
député, j’ai été un travailleur indépendant durant une grande partie de ma vie
professionnelle. Je sais ce que cela signifie ; je sais notamment que,
certains trimestres, les indépendants ne peuvent pas payer leurs charges. C’est
un vrai problème, et c’est pourquoi certains craignent une éventuelle
augmentation lissée des charges. (Les amendements no 13493 et identiques, repoussés par la commission et le Gouvernement, ne sont pas adoptés.) M. le
président. Je suis saisi de dix-huit amendements identiques,
nos 13510 et identiques déposés par les membres du groupe La
France insoumise, et no 24934. M. Éric
Coquerel. Je ne pense pas que cette réforme avantage les indépendants,
monsieur Balanant, mais nous y reviendrons. M. le président. La parole est à M. Boris Vallaud, pour soutenir l’amendement no 24934. M. Boris
Vallaud. Comme en témoigne l’étude d’impact, dans le tableau 24 de
la page 147, la modification de la CSG et de la CRDS des indépendants
induira un manque à gagner de 2,6 milliards d’euros pour la sécurité
sociale. Je m’inquiète en particulier pour la branche maladie. Quelles
institutions en seront affectées, et quelle compensation est prévue à leur
égard ? M. le président. Quel est l’avis de la commission ? M.
Guillaume Gouffier-Cha, rapporteur général. Pour le bon
déroulement de nos travaux, il serait souhaitable que vous défendiez les
amendements que vous avez déposés, plutôt que d’utiliser votre temps de parole
pour aborder d’autres sujets. Ainsi, l’intervention de M. Coquerel n’avait
rien à voir avec les amendements no 13510 et identiques.
(Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LaREM et
MODEM.) M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ? M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Même avis. M. le président. La parole est à M. Éric Coquerel. M. Éric
Coquerel. Je suis assez étonné de cette réponse. Certes, je me suis
servi d’un amendement, mais pour poser une question précise au sujet d’un
argument que vous avancez : la baisse de la CSG à partir du moment où
l’assiette augmente. Je vous demande de me prouver que l’assiette ne va pas
augmenter, contrairement à ce qu’affirme Christophe Pettiti : « Les
seuls qui n’auront pas d’augmentation sont ceux qui sont largement au-dessus de
trois PASS, 120 000 euros, car ils ne cotiseront plus au régime
universel – RU – ni à la CNBF. Mais ils n’auront pas de droits au
régime universel ou à la CNBF et cotiseront toutefois à 2,81 % au RU pour
la solidarité. Pour bénéficier de l’équivalent en prestation de celle servie
aujourd’hui par la CNBF, ils devront cotiser en Madelin ou en produit
assurance-vie avec un rendement largement inférieur et pas nécessairement avec
une défiscalisation. Pour les autres, la seule question reste : quelle est
l’augmentation des cotisations ? Elle est certaine. Le Gouvernement parle
de 5,4 points de plus après avoir reconnu 6 %. » Mme Brigitte Bourguignon, présidente de la commission spéciale. Mais il a répondu ! (Les amendements nos 13510 et identiques ne sont pas adoptés.) M. le
président. Je suis saisi de huit amendements, nos 23840,
118, 3961, 11886, 11887, 24935, 25386 et 27395, pouvant être soumis à une
discussion commune. Mme
Emmanuelle Anthoine. Il concerne plus particulièrement la situation des
avocats. Nous l’avons dit, leur régime démographique est favorable : près
de quatre actifs pour un retraité, ce qui est le signe de la vitalité, de
l’attractivité de cette profession. Toutefois, comment voulez-vous continuer à
attirer des jeunes vers une carrière lorsque les conditions économiques de
celle-ci deviennent compliquées ? M. Philippe Gosselin. Excellente question ! M. le président. La parole est à Mme Emmanuelle Ménard, pour soutenir l’amendement no 3961. Mme
Emmanuelle Ménard. Cet amendement vise à supprimer les alinéas 3 et
4 de l’article 4. Ceux-ci rendent applicable aux avocats le système
universel de retraite, balayant ainsi les spécificités de leur régime. C’est
tout à fait regrettable : comme je l’ai expliqué hier soir à plusieurs
reprises, les cotisations retraite passant alors de 14 à 28 %, de nombreux
cabinets d’avocats, à commencer par les plus petits, pourraient voir leur
activité remise en cause par cette augmentation de charges sans
précédent. M. le
président. Les amendements nos 11886 de M. Fabrice
Brun, 11887 de M. Marc Le Fur, 24935 de Mme Cécile Untermaier et
25386 de Mme Isabelle Valentin sont défendus. M. Philippe
Gosselin. Je voudrais rebondir sur la question posée par Emmanuelle
Anthoine. Si les retraites sont au cœur du réacteur, de nombreux autres aspects
du statut social, au sens large, des avocats ne sont pas résolus. Il faut
vraiment prendre en compte la particularité de cette profession. M. Sylvain Maillard. Si ! M. Philippe Gosselin. Les avocats sont des auxiliaires de justice, reconnus comme tels, participant au maillage, à la proximité de la justice. Dans certains départements ruraux, ils constituent le seul point de contact avec le droit, en dehors des notaires et d’autres professions réglementées. Si on les affaiblit, il n’y aura plus d’accès à la justice : voilà l’enjeu, qui dépasse largement la question des retraites. Ce que nous vous reprochons, c’est de vous arc-bouter, de ne voir qu’à travers le prisme des retraites, alors qu’il faudrait tenir compte de bien d’autres éléments. M. le président. Quel est l’avis de la commission sur l’ensemble des amendements en discussion commune ? M. Guillaume Gouffier-Cha, rapporteur général. Il est défavorable. Je ne reviens pas sur ce qui a été dit, sauf sur un point : un certain nombre d’amendements abordent le sujet des avocats salariés. Ceux-ci sont déjà intégrés au régime général. En supprimant les alinéas 3 et 4, vous entraîneriez donc une distinction au sein de la profession. M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ? M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Je ne reviendrai pas non plus sur les sujets de la CSG ou de la réserve. Répondre deux cents fois à la même question, cela devient lassant, y compris pour ceux qui la posent. En revanche, Mme Anthoine a raison de signaler que je ne lui ai pas répondu hier concernant les dispositifs de prévoyance invalidité-décès. Ils seront bien sûr maintenus tels qu’ils existent aujourd’hui, comme l’explicite le libellé du troisième alinéa de l’article 4 : « Les travailleurs indépendants pourront continuer à disposer de régimes propres pour l’invalidité-décès, qui ne relève pas de la retraite. » Avis défavorable. M. le président. La parole est à Mme Nadia Essayan. Mme Nadia Essayan. On tourne en rond : les mêmes argumentaires reviennent de semaine en semaine, ce qui, à la longue, est lassant. S’agissant des avocats, nous avons expliqué hier, une fois de plus, que notre projet social concernait tout le monde. Nous n’avons pas le même projet, mais celui-ci est le nôtre ; nous le souhaitons, nous le soutenons, et vous n’allez pas nous faire changer d’avis. Un député du groupe LR. Vous ne nous ferez pas changer d’avis non plus ! Mme Nadia Essayan. Par ailleurs, je souhaitais alerter au sujet de la situation sur le terrain. Ce matin, la présidente de la cour d’appel de Bourges a signalé que les retards s’accumulaient après huit semaines de grève des avocats. (Exclamations sur les bancs des groupes LR, SOC, FI et GDR.) J’en appelle à leur sens des responsabilités. Mme Clémentine Autain. C’est incroyable ! Mme Nadia Essayan. Des personnes attendant d’être jugées pour crime risquent d’être mises en liberté. Vous devez avoir conscience de la gravité de la situation ; vous-mêmes êtes responsables de ce que vous défendez, et que vous savez très bien être intenable. M. le président. La parole est à Mme Danièle Obono. Mme Danièle
Obono. L’article 4 porte sur les travailleurs indépendants, ce qui
justifie la question qu’a posée tout à l’heure Éric Coquerel. M. le président. La parole est à M. Fabien Roussel. M. Fabien Roussel. Je réagis à l’intervention de la députée de La République en marche, qui en appelle au sens des responsabilités des avocats pour les inciter à cesser la grève. Plusieurs députés du groupe MODEM. Nadia Essayan est du MODEM ! M. Fabien Roussel. Ah oui, c’est vrai. Elle appartient en tout cas à la majorité qui, en défendant sur ces bancs la retraite par points, fait beaucoup de mal à de nombreuses professions, depuis les ouvriers jusqu’aux avocats. Mme Nadia Essayan. Pas du tout ! Bien au contraire ! M. Fabien Roussel. Et vous demandez à toutes ces professions, y compris les avocats, d’arrêter de faire grève en en appelant à leur responsabilité. Mais comment se fait-on entendre dans ce pays ? Comment exprimer ses revendications ? M. Sylvain Maillard. En le faisant ici même ! M. Fabien Roussel. Comment signifier qu’une réforme des retraites est particulièrement injuste ? Que l’on soit ouvrier, aide-soignante, égoutier, bûcheron, avocat ou cadre, il faudrait l’accepter en silence ? Les avocats ont peut-être largement voté pour votre majorité, mais, aujourd’hui, ces blouses noires se sentent blousées, trompées, trahies ! Mme Nadia Essayan. J’ai parlé aux avocats ! M. Fabien Roussel. Jamais vous n’avez écrit noir sur blanc ce que vous comptiez faire. Bien au contraire, à l’époque de la campagne présidentielle, le candidat Macron a soutenu qu’il n’y aurait pas de mesure d’âge, donc de nécessité de travailler plus longtemps, et que les règles ne seraient pas cassées. Vous faites tout l’inverse. Les Français se sentent trahis, ils le manifestent. Mais, avec vous, la démocratie s’exerce une fois tous les cinq ans : entre deux élections, il faudrait se taire et tout accepter. Ne vous étonnez pas qu’il y ait de la contradiction, de l’opposition, des grèves ! Il faudra tenir jusqu’au bout, et au-delà ; car, même si vous imposez l’article 49, alinéa 3, nous continuerons à manifester notre opposition ! (M. Jean-Paul Dufrègne applaudit.) M. le président. La parole est à M. Sébastien Huyghe. M.
Sébastien Huyghe. Souffrez, mesdames et messieurs de la majorité, que
nous n’ayons pas le même avis que vous au sujet de cette réforme des retraites
pour le moins bâclée, malgré les deux ans de concertations censément menées par
le haut-commissaire. L’ouvrage a été remis sur le métier : il est revenu au
point de départ. On nous a dit qu’il y avait eu beaucoup de concertations ;
mais la concertation, ce n’est pas la « réunionnite » qui consiste à
recevoir les gens sans entendre ce qu’ils ont à dire. M. le président. La parole est à M. Boris Vallaud. M. Boris Vallaud. C’est vrai, les magistrats sont inquiets, mais ils restent solidaires de leurs collègues avocats avec qui ils seront en grève dans quelques jours pour protester, ensemble, contre ce projet de réforme. Vous accusez les avocats d’irresponsabilité, alors qu’en défendant le maintien de leur régime particulier, ils font preuve au contraire de responsabilité, car ils luttent pour garantir l’égal accès au droit, en particulier dans les territoires ruraux où beaucoup d’entre eux, contraints de travailler seuls, seront menacés de faillite par votre projet. Ils ne méritent certainement pas les reproches dont vous les accablez. M. Jean-Pierre Vigier. C’est ce qui se passera, en effet. M. Boris
Vallaud. Le Conseil national des barreaux a par ailleurs considéré que
l’amendement déposé par le Gouvernement, il y a quelques jours, sans qu’il lui
ait été préalablement soumis, n’était qu’un expédient et ne répondait nullement
aux préoccupations de la profession. Comment pourrait-il en être
autrement ? Votre amendement n’a fait l’objet d’aucune étude
d’impact ! Nous n’avons pas la moindre idée du nombre d’avocats concernés
par le seuil de revenu de 80 000 euros en deçà duquel les hausses de
cotisations seraient prises en charge. Nous ne savons rien ! De nouvelles
mesures arrivent de-ci de-là, des bouts de concertations tombent au hasard sur
ce texte à trous et les négociateurs eux-mêmes reconnaissent qu’ils ne s’y
retrouvent pas. Ce n’est pas sérieux. M. le président. La parole est à Mme Florence Granjus. Mme Florence Granjus. Après onze jours de débats, nous n’en sommes qu’à l’article 4. Je suis présente quasiment tous les jours et j’ai l’impression de réentendre ce qui a été dit hier. M. Jean-Paul Dufrègne. Revenez tous les huit jours. Mme Florence Granjus. L’article 4 prévoit d’intégrer les professions indépendantes dans le régime universel. Nous avons beaucoup parlé des avocats, hier. La démocratie, c’est débattre, échanger, écouter, mais c’est aussi avancer, dans l’intérêt des Français. Vous posez de nombreuses questions relatives à la CSG, à l’assiette des cotisations, mais c’est à l’article 21 que nous pourrons en débattre. J’aimerais que nous puissions avancer, à présent. M. Éric Coquerel. Cet article renvoie à des ordonnances ! (L’amendement no 23840 n’est pas adopté.) (Les amendements no 118 et identiques ne sont pas adoptés.) M. le président. La parole est à Mme Clémentine Autain pour soutenir l’amendement no 13527 et les seize amendements identiques déposés par le groupe La France insoumise. Mme
Clémentine Autain. Nous ne sommes pas hors sujet en vous soumettant le
problème des avocats. Vous nous renvoyez à l’article 21, mais nous ne
sommes pas du tout certains d’y parvenir ! Vous avez sans doute entendu,
vous aussi, M. Le Gendre déclarer ce matin sur France Inter qu’il
avait presque hâte que l’article 49, alinéa 3, soit déposé ! Nous n’avons
aucune garantie que le débat se poursuive. M. Bruno Millienne. Nous n’arrêtons pas de vous répondre ! Mme
Clémentine Autain. Enfin, nous n’avons pas pu déposer tous les
amendements que nous voulions (Exclamations sur les bancs du groupe LaREM)
pour la simple et bonne raison que les annonces interviennent après le dépôt
des amendements. Il en est ainsi pour le sujet qui nous occupe. Je pose
solennellement la question au secrétaire d’État. Vous avez dit que les
cotisations seraient calculées sur une base super-brute. Quelle sera la
différence entre le super-brut et le net ? Selon le président du Conseil
national des barreaux, la baisse de la CSG ne suffirait pas à compenser la
hausse des cotisations pour la retraite et les cotisations versées par les
avocats pourraient augmenter, au total, de 5 ou
6 %. M. Jean-Pierre Vigier. Mais si ! Ils prendront tout ! M. le président. Quel est l’avis de la commission ? M. Guillaume Gouffier-Cha, rapporteur général. Avis défavorable. M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ? M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. J’ai répondu moult fois aux
questions relatives à la CSG. Je comprends que l’on puisse ne pas être d’accord
avec moi, mais nous devons avancer dans l’examen du texte. Les mesures proposées
sont claires. J’ai accepté, depuis le début, de répondre à de nombreuses
interrogations, même lorsqu’elles n’avaient aucun lien avec l’amendement ou
l’article, parce qu’elles étaient connexes et émanaient de plusieurs bancs.
J’estime à présent qu’il faut arrêter de poser dix, quinze ou vingt fois la même
question, à laquelle il a déjà été répondu dix, quinze ou vingt fois. Avançons.
(Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM.) M. le président. La parole est à M. Frédéric Petit. M. Frédéric
Petit. Ce n’est pas la même chose d’avancer loin et d’avancer dans le
désordre, à coups de répétitions. Non seulement vous avez déposé énormément
d’amendements mais en plus vous nous obligez, par leur objet, à sauter d’un
sujet à l’autre. Les rapporteurs se sont montrés exemplaires en essayant de vous
répondre dans le détail malgré ce désordre, et voilà qu’à présent, vous nous
reprochez de ne pas répondre. Nous ne pouvons continuer inlassablement à répéter
les mêmes explications pour nous voir reprocher, vidéos bien choisies à l’appui,
que nous ne répondons pas. M. le président. La parole est à Mme Monique Limon. Mme Monique
Limon. Nous ne pouvons pas tolérer qu’une petite musique s’élève pour
faire croire à nos concitoyens que nous débattons du fond dans cet hémicycle.
C’est faux. Le débat suppose l’échange, la confrontation de différentes
convictions, autour d’amendements émanant de tous les groupes, avant le passage
au vote. Or, depuis des jours, nous assistons à un monologue à partir
d’amendements de suppression. Tous les sujets y passent et nous répétons
inlassablement les mêmes choses, sans avancer. M. le président. Précisons tout de même, madame, que, depuis ce matin, 193 amendements ont été présentés et mis aux voix. (Applaudissements sur les bancs des groupes LR, GDR, SOC et FI.) M. Rémy Rebeyrotte. Combien en reste-t-il ? M. le président. La parole est à M. Éric Coquerel. M. Éric
Coquerel. Que des députés considèrent hors sujet une question relative
au super-brut alors que le secrétaire d’État a évoqué la CSG au début de la
discussion me laisse perplexe. Nous avons bien compris, chers collègues de La
République en marche et du MODEM, que vous teniez absolument à faire passer ce
texte avant les municipales, ce qui explique que vous vous retrouviez pris dans
des délais impossibles à tenir. Ce n’est pas une raison pour caricaturer les
propos de l’opposition. M. le président. La parole est à Mme Marie-Christine Dalloz. Mme
Marie-Christine Dalloz. Je ferai deux remarques, quant à la forme et
quant au fond. S’agissant de la forme, vous nous reprochez de nous livrer à un
long monologue. Or, chaque fois qu’une discussion s’est engagée à la suite d’un
amendement, ou à un article, le groupe du MODEM ou le groupe La République en
marche a pris la parole. Ce n’est pas un monologue, me semble-t-il. M. Sylvain Maillard. Pas de procès d’intention ! Mme
Marie-Christine Dalloz. Nous nous répétons parce que vous aussi, vous ne
cessez de répéter, dans votre projet de loi, la liste des bonnes pratiques et
des bonnes intentions, comme s’il s’agissait d’un catalogue. M. Sylvain Maillard. Arrêtez de nous faire des procès d’intention ! Mme Marie-Christine Dalloz. Enfin, la Caisse nationale des barreaux français a déclaré hier que le Gouvernement lui avait fait parvenir sa proposition d’amendement, mais qu’elle ne l’avait pas validé. Si les manifestations sont si nombreuses, si tant de professions sont mécontentes, c’est parce que votre texte n’est pas bon. Mme Nadia Essayan. Il est en tout cas meilleur que tout ce que vous avez fait jusqu’ici. M. le président. La parole est à M. Fabien Roussel. M. Fabien Roussel. Comme notre collègue du groupe Les Républicains, je constate que, dès qu’un débat s’engage, nous sommes systématiquement accusés de faire de l’obstruction. Mme Marie-Christine Verdier-Jouclas et M. Maxime Minot. Il n’y a pas de débat ! M. Fabien Roussel. Nous recevons des leçons de démocratie de la part d’une super-majorité surreprésentée qui se vante de l’être et prétend, à ce titre, que nous devrions clore le débat. (Exclamations sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.) Un député du groupe LaREM. Cela ne veut rien dire ! M. Rémy Rebeyrotte. Nous sommes contre la démocratie, c’est ça ? M. le président. Chers collègues, seul M. Roussel a la parole. M. Fabien
Roussel. Leçon de démocratie : nous sommes la majorité, vous êtes
l’opposition ; alors, ne déposez pas d’amendements et votons, un point
c’est tout. Mais, enfin, les choses ne se passent jamais ainsi dans l’hémicycle,
heureusement, quelle que soit la majorité et quelles que soient les oppositions.
L’Assemblée est un lieu de débat et de confrontation d’idées, mais aussi un lieu
où l’on peut poser des questions. M. Jacques Marilossian. Mais non ! Ces mesures étaient prévues depuis le début ! M. Fabien Roussel. Ma question est simple : comment sera calculé le super-brut ? Quelle sera la différence finale entre la baisse de la CSG et la hausse des cotisations sociale ? Combien cela coûtera-t-il aux avocats ? La profession est toujours en grève, car elle n’a pas obtenu de réponse. Nous ne sommes pas ici pour faire de grands discours, mais pour vous poser des questions précises et, tant que vous n’y répondrez pas, nous continuerons de les poser. M. le président. La parole est à M. Hervé Saulignac. M. Hervé
Saulignac. J’ai été étonné, pour ne pas dire irrité, par la conception
du débat qu’a exposée tout à l’heure Monique Limon : à vous écouter, chère
collègue, j’ai l’impression que le débat consiste à échanger sur le texte sans
vraiment s’y opposer. (« Mais
non ! » sur les bancs du groupe
LaREM.) Bien sûr que si, et surtout à ne pas s’opposer à vos desseins
funestes puisque, dès que nous le faisons, nous sommes taxés d’obstruction. Cela
fait pourtant plus de deux siècles que l’opposition s’oppose et que la majorité
essaye de faire passer ses textes. Cela s’appelle la démocratie, et souhaitons
qu’elle dure le plus longtemps possible ! M. Rémy Rebeyrotte. Votre habitude, c’est l’article 49, alinéa 3 ! M. Hervé
Saulignac. En réalité, pourquoi voulez-vous sortir le plus vite possible
du débat sur les avocats ? Tout simplement parce que vous êtes pris au
piège de la parole présidentielle, celle qui a dit : il faut supprimer tous
les régimes spéciaux, tous les régimes autonomes, en stigmatisant ceux qui sont
déficitaires. La parole présidentielle a montré du doigt les régimes de la SNCF
et de la RATP, mais elle a oublié que d’autres régimes étaient déjà, en tout
point ou presque, conformes à votre philosophie. Le régime des avocats est
solidaire à l’égard de la nation. M. Éric Bothorel. Ni les sénateurs… (Les amendements identiques nos 13527 et identiques ne sont pas adoptés.) M. le président. La parole est à Mme Brigitte Bourguignon, présidente de la commission spéciale. Mme
Brigitte Bourguignon, présidente de la commission spéciale. Je
souhaite revenir sur un point de sémantique, car je crois que nous tournons en
rond depuis quelque temps. Il existe une différence profonde entre débat, idées
de fond et travail parlementaire, et c’est cette différence qui se fait jour
aujourd’hui. Rappels au règlementM. le président. La parole est à M. Rémy Rebeyrotte, pour un rappel au règlement. Je vous propose de suspendre ensuite la séance afin que chacun puisse respirer. M. Rémy
Rebeyrotte. Mon rappel se fonde sur l’article 100 du règlement. En
effet, le compteur indique qu’il reste encore plus de 31 200 amendements.
Avez-vous le même chiffre, monsieur le président ? M. Jean-Paul Dufrègne. C’est vous qui faites obstruction ! Mme Marie-Christine Dalloz. Vous faites du chantage ! M. Rémy Rebeyrotte. Car l’obstruction interdit les travaux et nous empêche de sortir dans des délais raisonnables un texte véritablement à la hauteur de l’enjeu. Je demande donc une fois de plus aux oppositions de reconsidérer leur logique d’obstruction. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.) M. le président. Avant de suspendre, je précise que nous avons examiné 210 amendements depuis neuf heures du matin. Cela fait plus de 100 amendements à l’heure. (Exclamations sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.) M. Sylvain Maillard. On blablate ! Suspension et reprise de la séanceM. le président. La séance est suspendue. (La séance, suspendue à dix heures cinquante, est reprise à onze heures dix.) M. le
président. La séance est reprise. M. Fabien
Roussel. Rappel au règlement au titre de l’article 100, concernant
le droit d’amendement des députés. En effet, comme nos collègues de
La République en marche interviennent systématiquement pour le remettre en
cause, je tiens à leur poser des questions très précises. M. Rémy Rebeyrotte. Oui. M. Fabien Roussel. Je vous pose clairement la question : à quel niveau estimez-vous qu’il y a obstruction ? Ce matin, nous avons avancé à raison de 100 amendements par heure. Faudrait-il que nous en examinions 200, voire 300 de l’heure pour que vous déclariez qu’il n’y a pas obstruction ? Nous en avons déposé 10 000 contre ce texte, dont une majorité de Français ne veulent pas. M. Rémy Rebeyrotte. Vous en avez déposé 10 000, et vos amis qui se trouvent sur les bancs au-dessus des vôtres en ont déposé 30 000 ! M. Fabien Roussel. Est-ce pratiquer l’obstruction qu’être en phase avec la majorité de l’opinion ? À partir de quel nombre d’amendements jugez-vous qu’il y a obstruction ? Faudrait-il que nous n’en ayons déposé que 200 ou 300, comme vous, qui défendez ce texte, pour ne pas être accusés de pratique l’obstruction ? Eh bien, il vous faut accepter que, dans ce pays, des gens pensent différemment de vous, – tout simplement ! Il vous faut également accepter que l’on puisse exprimer leur désaccord ici, au sein de l’hémicycle, qui est le lieu où résonne la voix du peuple de France. Or, parfois, cette voix est en contradiction avec la majorité. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.) Mme Brigitte Bourguignon, présidente de la commission spéciale. Nous sommes tous élus par le peuple ! M. le président. La parole est à Mme Clémentine Autain, pour un rappel au règlement. Mme
Clémentine Autain. Il est fondé, lui aussi, sur
l’article 100. M. Rémy Rebeyrotte. L’obstruction n’est pas l’opposition ! M. Jean-Paul Dufrègne. L’obstruction, c’est vous ! M. Stéphane Baudu. C’est faux ! Mme
Clémentine Autain. …mes chers collègues de la majorité, j’aimerais bien
que nous comptions le nombre d’heures passées par les députés de votre groupe à
expliquer que la méthode que l’opposition a choisie pour s’opposer ne convient
pas. M. Bruno Millienne. C’est faux ! Mme
Clémentine Autain. …alors que répondre à nos questions vous demanderait
bien moins de temps, ce qui nous permettrait de passer aux articles suivants.
(Exclamations sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.) M. Boris Vallaud. Exact ! Mme Clémentine Autain. Or ce flou est à l’origine des troubles que connaît actuellement la majorité. Vous ne nous répondez pas, parce que vous ne savez pas quoi répondre : voilà le problème. (Applaudissements sur les bancs du groupe FI.) M. Jean-Paul Dufrègne. Très bien ! M. le président. La parole est à M. Bruno Millienne, pour un rappel au règlement. M. Bruno
Millienne. Rappel au règlement sur le fondement de
l’article 100. Mme Clémentine Autain. Pourquoi ne pas l’avoir appliqué, dans ce cas ? (Exclamations sur les bancs des groupes MODEM et LaREM.) M. Sylvain Maillard et M. Rémy Rebeyrotte. Vous l’avez refusé ! M. Bruno
Millienne. Madame Autain, je vous ai laissée parler : laissez-moi
parler, s’il vous plaît ! Mme Clémentine Autain. Mensonge ! C’est vous qui êtes en cause : vous n’aviez pas respecté les délais ! M. Bruno
Millienne. Ils ne veulent qu’une chose : faire durer les débats au
maximum en revenant systématiquement sur les mêmes sujets, situés à différents
articles du texte. Or il ne sera peut-être pas possible d’examiner ceux-ci,
parce qu’ils ne veulent pas que nous puissions les atteindre ! M. le président. La parole est à M. Jean-René Cazeneuve, pour un rappel au règlement. M.
Jean-René Cazeneuve. Rappel au règlement au titre de l’article 100
et relatif au bon déroulement de nos débats. Mme Danièle Obono. C’est notre droit de déposer les amendements que nous voulons ! M. Jean-René Cazeneuve. Notre rôle n’est pas de battre un record ! Mme Danièle Obono. Là n’est pas le problème ! M. Jean-René Cazeneuve. Je le répète : nous respectons le droit d’amendement, qui est fondamental. Néanmoins, tout irait mieux si vous retiriez les 30 000 amendements dilatoires que vous avez déposés pour nous consacrer à 2 000 ou 3 000 amendements de fond. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM.) Plusieurs députés du groupe FI. Eh bien ! Voilà qui a le mérite d’être clair ! M. le président. La parole est à M. Philippe Vigier, pour un rappel au règlement. M. Philippe
Vigier. Rappel au règlement sur le fondement de
l’article 100. M. le président. Chers collègues, seul M. Vigier a la parole. M. Philippe
Vigier. On ne peut pas à la fois vouloir qu’on avance et regretter que
nous allions à 100 à l’heure ! Or les choses étaient plutôt bien engagées
ce matin. M. le président. La parole est à M. Boris Vallaud, pour un rappel au règlement. M. Boris Vallaud. Rappel au règlement sur le fondement de l’article 100, alinéa. Depuis ce matin, nous avons abordé des sujets de fond et posé beaucoup de questions. M. Alain Perea. Tout comme hier et avant-hier et avant-avant-hier… M. Boris Vallaud. Certaines de ces questions étaient des demandes de précision, d’autres reflétaient des incompréhensions, soulignaient des manques ou marquaient des divergences d’interprétation. Nous essayons d’aller au fond des choses,… M. Alain Perea. Ça, vous allez y rester, au fond… M. Boris Vallaud. …que ce soit à l’occasion de l’examen d’un de nos amendements – les membres de notre groupe n’en ont déposé que 700 – ou à l’occasion de celui d’un autre amendement. Je conçois que le fait que cela se passe bien et que nous allions au fond des choses vous dérange. (Protestations sur plusieurs bancs du groupe LaREM.) Et pourtant, c’est la réalité, et vous ne cessez d’essayer de revenir à votre thème de l’obstruction. Ce que cela révèle, c’est que vous aimeriez que les désaccords, les mécontentements et les colères s’arrêtent aux portes de l’Assemblée nationale. Pour ma part, je pense que c’est une nécessité que s’expriment ici les contradictions et les colères. M. Rémy Rebeyrotte. Bien sûr ! M. Boris Vallaud. Et elle s’y expriment de diverses manières, y compris à travers le choix fait par plusieurs groupes de déposer beaucoup d’amendements – ce que la majorité appelle de l’obstruction. M. Rémy Rebeyrotte. Trente mille amendements ! M. Jean-Paul Dufrègne. Et alors ? Nous aurions pu en déposer 100 000 ! M. Boris Vallaud. S’il n’y avait pas cette violence symbolique dans le débat parlementaire, cela ne servirait à rien de débattre. Ce n’est pas parce qu’on n’est pas d’accord avec vous qu’on est contre la France. Nous sommes les uns et les autres élus pour dire ce que nous entendons exprimer. M. Rémy Rebeyrotte. Oui à l’opposition, non à l’obstruction ! M. Jean-Paul Dufrègne. L’obstruction, c’est vous ! M. Boris Vallaud. Vous ne pouvez pas considérer systématiquement que vous avez raison contre l’ensemble du pays… Et c’est pourtant ce que vous prétendez ! M. le président. Je vous prie de conclure, cher collègue. M. Boris Vallaud. Mettez-vous au travail comme nous-mêmes essayons de le faire. (Huées sur de nombreux bancs du groupe LaREM.) M. Éric Coquerel. Rappel au règlement ! M. le président. Monsieur Coquerel, tout n’a-t-il pas été dit ?… M. Éric Coquerel. Nous allons reprendre la discussion, monsieur le président, mais je voudrais auparavant préciser un point pour la bonne tenue de nos débats – sur le fondement de l’article 100. Je signale à notre collègue Millienne que pour débattre à peu près sereinement, encore faut-il ne pas mentir. (Exclamations sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.) M. Bruno Millienne. Fait personnel ? ! M. le président. Pas d’échanges bilatéraux entre députés, s’il vous plaît. M. Éric
Coquerel. Je ne fais que répondre à son argumentation, monsieur le
président, afin que ceux qui nous écoutent sachent la vérité. Mme Brigitte Bourguignon, présidente de la commission spéciale. Personne ne dit le contraire ! M. Éric Coquerel. Si elle n’a pas été appliquée, le Gouvernement en est le seul responsable, car il n’a pas respecté les délais, voulant à tout prix que ces deux textes de loi soient adoptés avant les municipales. M. Jean-Paul Dufrègne. Eh oui ! Assumez ! M. Éric
Coquerel. Il n’y a pas ici de groupe qui aurait entravé l’application de
cette procédure dans le cadre du règlement : c’est le Gouvernement et, à
travers lui, la majorité qui se sont mis dans cette situation. M. Rémy Rebeyrotte. De 700 000 sous-amendements, et non amendements. M. Éric Coquerel. Je ne vois pas quel est votre intérêt. Cette infox a déjà été dénoncée par des sites de fact checking – et elle provient de chez vous, la presse l’a démontré. (Exclamations sur de nombreux bancs du groupe LaREM.) Je serais à votre place, je ne répéterais plus ce genre de mensonge parce que cela ne fait qu’embrouiller le débat. Il n’y a pas 700 000 amendements qui ont été déposés. M. Rémy Rebeyrotte. Sous-amendements ! M. Éric
Coquerel. Il n’y a pas non plus 700 000 sous-amendements qui ont
été déposés. Pourtant, vous continuez à répéter ce mensonge. M. le président. Merci, cher collègue. Article 4 (suite)M. le
président. Je suis saisi d’un amendement no 13544 et de
seize amendements identiques déposés par les membres du groupe La France
insoumise. Mme Danièle
Obono. Ces amendements tendent à supprimer l’alinéa 4 de l’article.
Je rappelle, pour que les choses soient bien claires, que l’article 4 porte
globalement sur les indépendants, et l’alinéa 4 sur les avocats salariés.
On en revient ainsi à nos questions très précises. Il ne s’agit pas, madame la
présidente de la commission, d’une question d’ordre général – même s’il
nous arrive d’en poser et nous assumons d’interpeller sur ce fondement –,
mais de savoir très précisément ce qu’il en est de l’abattement de 30 %. Le
vice-président de la CNBF lui-même s’en inquiète. Plusieurs députés du groupe LaREM. Vous êtes perdue ! Mme Danièle
Obono. Oui, on est perdu ! Et si l’on est perdu, c’est que
c’est complètement flou. M. le président. Quel est l’avis de la commission sur ces amendements identiques ? M. Guillaume Gouffier-Cha, rapporteur général. Avis défavorable. Je signale qu’au total, nous devons en être à deux cent onze amendements identiques ou presque. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM.) M. Jean-Paul Dufrègne. Vous n’avez pas répondu sur le super brut ! M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ? M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. Encore une fois, vous posez des
questions dont vous avez les réponses, madame la députée. Si, par hasard, vous
arrivez à trouver une nouvelle question que vous n’auriez pas encore posée au
cours des onze jours précédents, c’est parce que vous avez déjà la réponse.
(Applaudissements sur de quelques bancs du groupe LaREM.) En
l’occurrence, lisez la page 146 de l’étude d’impact et vous y trouvez la
définition du super-brut. Je ne pense pas que ce soit très passionnant de passer
une heure là-dessus puisque vous avez déjà la réponse. M. Jacques Marilossian. Ils n’ont pas lu l’étude d’impact ! Mme Elsa Faucillon. Si, nous l’avons lue – et nous ne sommes pas les seuls… M. le président. La parole est à Mme Marie-Christine Verdier-Jouclas. Mme
Marie-Christine Verdier-Jouclas. J’ai une grande amie qui est avocate
et, depuis deux jours, elle est ravie parce qu’on ne fait que parler des
avocats… Toutefois, je ne suis pas sûre que ce coup de projecteur sur eux leur
rende vraiment service puisque les collègues de l’opposition sont en train
d’expliquer au reste de la population que les avocats, eux, ne devraient pas
être dans le système universel de retraite. M. Jérôme Lambert. C’est sûr qu’ils font la gueule ! Mme
Marie-Christine Verdier-Jouclas. …à l’artisan qui est venu faire des
travaux chez moi, au cabinet d’infirmières installé juste à côté de mon domicile
etc. Cet article, ils l’attendent parce qu’il s’agit aussi de leur retraite.
Arrêtons donc, s’il vous plaît, de ne parler que des avocats.
(Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM.) M. Maxime Minot. Et vous, que faites-vous en ce moment ? Mme Marie-Christine Verdier-Jouclas. …d’autant que vous vous plaignez d’en manquer. Arrêtez de défendre des amendements redondants – le rapporteur général a dit que c’était le deux cent onzième ayant le même objet –, sans avoir d’autre but que de répéter encore et encore la même chose, comme dans un jour sans fin. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM. – Exclamations sur les bancs des groupe LR, FI et GDR.) M. le
président. Merci, chère collègue. M. Bruno Millienne. Comme cette assemblée est friande de cas concrets, je prendrai celui d’un boucher qui s’appelle Michel. Mme Danièle Obono. Ce n’est pas l’objet de ces amendements, qui concernent les avocats ! Vous êtes hors sujet ! M. Bruno Millienne. Vous avez parlé des avocats, libre à moi de parler des indépendants et artisans. Mme Danièle Obono. Cela nous fait perdre du temps ! M. Bruno
Millienne. Ce boucher, aujourd’hui à la retraite, a eu une carrière
compliquée parce qu’il n’était pas en boutique, mais sur les marchés. Il a connu
une première partie de carrière assez florissante, à l’époque où les marchés
étaient très appréciés, puis une période de déclin, ce qui l’a conduit à taper
dans ses économies. Il avait évidemment cotisé à sa caisse, mais le moins
possible, comme beaucoup de commerçants, qui ont comme lui prélevé dans le
capital qu’ils avaient constitué pour leur retraite. Aujourd’hui, à 78 ans,
il touche une petite retraite largement inférieure au SMIC et est obligé de
continuer à travailler tous les week-ends pour l’améliorer. M. le président. La parole est à Mme Danièle Obono. Mme Danièle Obono. Je rappelle que la discussion porte sur l’alinéa 4 de l’article 4, alinéa qui porte sur les avocats salariés. (Rires et exclamations sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.) M. Sacha Houlié. Zéro ! M. Bruno Millienne. Vous êtes disqualifiée ! M. le président. Écoutons Mme Obono, chers collègues. Mme Danièle
Obono. C’était un simple rappel, mes chers collègues. M. le président. Chers collègues ! M. Rémy Rebeyrotte. Mais ce sont provocations sur provocations, monsieur le président ! M. Bruno Millienne. On en a marre des mensonges ! Mme Danièle
Obono. Je pense, par exemple, à notre interpellation au sujet de ce
jeune kinésithérapeute qui, ayant fait le calcul des baisses de pension de
retraite que vont provoquer vos mesures, s’est mobilisé avec ses collègues
– et nous aurions bien d’autres exemples encore à vous fournir. M. le
président. Merci, chère collègue. Mme
Marie-Christine Dalloz. J’entends certains députés de la majorité dire
que nous ne parlons que des avocats, mais c’est inexact : la première qui a
parlé des coiffeurs ce matin, c’est moi, et j’ai aussi cité, outre les avocats,
les experts-comptables, les artisans et les commerçants. Nous n’avons pas de
leçons à recevoir (Murmures sur les bancs du groupe LaREM) – et je
me garderai bien d’en donner à qui que ce soit à condition qu’il y ait du
respect. M. Jean-Jacques Bridey. Et donc ? Mme Marie-Christine Dalloz. C’est un problème aussi pour les justiciables ! Il convient de sortir rapidement de cette situation de blocage pour qu’ils puissent bénéficier du service de justice auxquels ils ont le droit de prétendre. M. M’jid El Guerrab. C’est vrai ! Mme Marie-Christine Dalloz. Quant à la forme du débat elle-même, je rappelle à chacun que l’on peut travailler ensemble tout en dialoguant et en s’opposant, et que l’Assemblée nationale est le lieu même du débat démocratique. Il y a une majorité, et des élus qui ne sont pas d’accord sur certains aspects du texte proposé – mais, de grâce, patientons, respectons, écoutons. Que vous, députés de la majorité, soyez excédés, cela peut s’entendre puisque cela fait maintenant plus de dix jours que nous examinons ce texte en séance publique, mais la patience est une vertu. M. Rémy Rebeyrotte. Nous ne sommes pas excédés, nous constatons l’obstruction ! Mme Marie-Christine Dalloz. Je vous invite tous à accepter que le débat avance au rythme qui est le sien, ce qui nous permettra d’obtenir des réponses pour chaque catégorie de Françaises et de Français que votre texte inquiète légitimement. Elles sont en droit d’attendre des réponses – qu’il est vrai que vous fournissez. (Applaudissements sur les bancs du groupe LR. – M. Jean-Paul Dufrègne applaudit également.) M. le président. La parole est à M. Éric Bothorel. M. Éric
Bothorel. Madame Obono, vous avez posé une question précise sur le
super-brut et le secrétaire d’État vous a renvoyé à la lecture de la
page 146 de l’étude d’impact, que j’ai moi-même relue. M. Guillaume Gouffier-Cha, rapporteur général. Elle n’est pas mal, finalement, cette étude d’impact ! M. Éric
Bothorel. Enfin, La France insoumise indiquait, dans son projet
présidentiel, avoir besoin de 2 points de PIB pour réaliser tous ses
projets sociaux. Or, dans votre contre-projet de réforme des retraites, ces
2 points de PIB sont consacrés aux retraites : on se demande comment
sont financées les augmentations de salaires et autres mesures. Dans votre
contre-projet, vous garantissez également à tous une retraite égale au SMIC,
mais sans en préciser le montant : s’établira-t-il au niveau actuel, au
SMIC revalorisé de 15 % qu’avait proposé le candidat Mélenchon, ou encore
aux montants de 1 600 euros ou 1 800 euros qu’on entend dans
les cortèges ? M. le président. La parole est à M. Alain Bruneel. M. Alain
Bruneel. Pour répondre à de précédentes interventions, pour ce qui me
concerne, je ne mets pas en doute la parole des collègues qui expliquent
rencontrer des coiffeurs, des bouchers, des boulangers, des avocats, des
kinésithérapeutes ou des experts-comptables. Je leur signale simplement que nous
en rencontrons aussi. Ceux que vous rencontrez, à vous entendre, soutiennent
votre réforme. Ceux que nous rencontrons, pour notre part, expriment l’avis
inverse. M. Cyrille Isaac-Sibille. Ils se sont déjà exprimés en 2017 ! M. Alain
Bruneel. On aurait bien vu, alors, qui est d’accord avec vous et qui ne
l’est pas. C’était le meilleur moyen de poursuivre le débat de façon
démocratique, mais vous n’avez pas voulu. M. Bruno Millienne. Il est tout de même incroyable que ce soient des députés qui refusent la démocratie ! M. Alain Bruneel. Acceptez aussi que nous proposions des amendements constructifs (Mme Nadia Hai s’exclame), parce que nous avons besoin de savoir. Vous nous renvoyez à la page 146 de l’étude d’impact, mais nous ne savons toujours pas comment le système sera financé, ni quels seront la valeur du point d’indice ou l’âge d’équilibre. Admettez tout de même que nous avons le droit de nous poser des questions ! Or c’est ce que nous faisons à travers nos amendements. L’hémicycle doit être un lieu de débat et de proposition, un lieu où l’opposition – et non pas l’obstruction, contrairement à ce qui est souvent répété par certain collègue –… M. Rémy Rebeyrotte. Si ! L’obstruction ! M. Alain
Bruneel. …doit pouvoir s’exprimer de manière constructive et relayer les
réactions que nous recueillons dans la rue et lors de nos contacts avec les
Français. M. le président. Je mets aux voix l’amendement no 13544 et les seize amendements identiques déposés par les membres du groupe La France insoumise. (Il est procédé au scrutin.) M. le
président. Voici le résultat du
scrutin : (Les amendements no 13544 et identiques ne sont pas adoptés.) M. le président. La parole est à M. Hervé Saulignac, pour soutenir l’amendement no 24936. M. Hervé
Saulignac. Je veux à mon tour évoquer les artisans. Vous ne me ferez
pas, je pense, le reproche de faire de l’obstruction en parlant d’une profession
dont le niveau des pensions, après une carrière complète, s’établit à environ
1 000 euros – comme c’est également le cas pour les commerçants
et les agriculteurs, dont les pensions sont même légèrement
inférieures. M. Bruno Millienne. Ils peuvent cotiser jusqu’à trois plafonds ! M. Hervé
Saulignac. Les faire passer à 28,12 % comme les salariés, c’est
leur faire franchir une marche élevée. Vous l’avez d’ailleurs reconnu, monsieur
le secrétaire d’État – je vous accorde cette honnêteté. Nous comprenons mal
comment les artisans pourront trouver place dans votre nouveau système universel
de retraite. Je rappelle qu’un indépendant est son propre employeur, qu’il
s’acquitte de la totalité des cotisations – patronales et salariales –
et que son assiette de cotisation peut bien entendu varier en fonction de son
activité. M. Frédéric Petit. On a déjà répondu cinq fois à cette question ! M. Hervé Saulignac. Si tel devait être le cas, quelles réserves seront concernées, et dans quelles conditions ? M. le président. Quel est l’avis de la commission ? M. Guillaume Gouffier-Cha, rapporteur général. Merci, cher collègue Saulignac, pour cette intervention. Je vous sais particulièrement attaché à la situation des artisans et des commerçants. Cela étant, à travers la suppression des alinéas 5 à 8 de l’article 4, vous proposez de les exclure du système universel, les privant de ce fait de toutes les solidarités intergénérationnelles et des droits qu’il offrira. Pour beaucoup, cela se traduirait par le maintien dans une précarité durable. C’est pourquoi la commission émet un avis défavorable sur la suppression de ces alinéas de coordination avec les dispositions adoptées dans l’article 2. M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ? M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. Monsieur le député Saulignac,
je ne pourrai qu’émettre un avis défavorable sur la suppression des
alinéas 5 à 8. Vous avez cependant choisi d’étayer votre propos en évoquant
une question jusqu’ici peu abordée : si nous avons parlé pendant des
dizaines d’heures des avocats, vous avez le mérite de vous concentrer sur les
commerçants et les artisans, dont la situation reste peu débattue, alors qu’ils
sont aussi représentatifs, sinon plus, de la diversité de la population active
française. Je prendrai donc quelques instants pour vous répondre sur ce point
qui n’a, étonnamment, pas fait l’objet de débats après dix jours d’examen du
texte dans l’hémicycle. M. le président. La parole est à M. Jean-Paul Mattei. M.
Jean-Paul Mattei. Le sujet est complexe. Un artisan ou un commerçant
peut exercer son activité sous différentes formes : entreprise
individuelle, entreprise individuelle à responsabilité limitée, SARL
– société à responsabilité limitée –, SAS ou société par actions
simplifiée… C’est aussi le cas pour les professions libérales. Suivant la forme
retenue, on peut arbitrer entre la base – le revenu –, et les sommes
qui seront soumises à l’impôt sur les sociétés. Le régime fiscal n’est pas du
tout le même suivant que la société est fiscalement transparente
– c’est-à-dire qu’elle réalise des BNC, bénéfices non commerciaux, ou des
BIC, bénéfices industriels et commerciaux – ou qu’elle est soumise à
l’impôt sur les sociétés. M. le président. La parole est à Mme Clémentine Autain. Mme Clémentine Autain. Il est amusant d’entendre un parlementaire dire qu’il attend avec impatience des ordonnances pour être éclairé sur le contenu de la loi… M. Vincent Descoeur. C’est vrai ! M. Sylvain Maillard et M. Frédéric Petit. Nous les ratifierons, ces ordonnances ; elles seront soumises à notre examen ! Mme
Clémentine Autain. Franchement, c’est assez cocasse. M. Sylvain Maillard. C’est très clair ! M. Bruno Millienne. Quelle partie de la phrase ne comprenez-vous pas ? Mme Clémentine Autain. Nous vous posons, à nouveau, une question concrète : quelle est la différence, en pourcentage, entre les deux assiettes ? Nous devons être éclairés sur ce point. M. Vincent Descoeur. Ce ne serait pas inutile, en effet… Mme
Clémentine Autain. Je signale que les deux exemples donnés dans l’étude
d’impact concernent les artisans – qui ne s’acquittent pas du même taux de
cotisation vieillesse que, par exemple, les avocats ou les médecins – et
les auto-entrepreneurs. Vous garantissez d’une simple phrase qu’il n’y aura pas
de différentiel entre la baisse de la CSG et la hausse des cotisations
vieillesse – d’une phrase ! Vous ne fournissez aucun exemple
concernant les avocats ou les médecins. J’estime donc que ces deux pages ne sont
pas de nature à nous éclairer. Mme Brigitte Bourguignon, présidente de la commission spéciale. Cela fait déjà quatre fois que vous dites ça ce matin… Mme Clémentine Autain. …parce que l’âge d’équilibre y est fixé à 65 ans, parce que le taux de croissance y est figé ad vitam aeternam à 1,3 %, et parce que vous y présentez des exemples qui font parfois sourire, comme cette infirmière qui gagnerait 2 500 euros par mois. M. Jean-Michel Fauvergue. Ce n’est pas vrai ! M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Vous n’écoutez pas les débats ! Mme Clémentine Autain. Autant vous dire que tout cela n’est pas parole d’évangile – pour le dire avec humour. M. le président. La parole est à M. Jean-Paul Dufrègne. M. Jean-Paul Dufrègne. Je me réjouis moi aussi que nous parlions des artisans et des commerçants. Je veux souligner la difficulté qui est la leur aujourd’hui, particulièrement en milieu rural, où ils exercent souvent des activités peu rémunératrices. On voit bien, d’ailleurs, toutes les peines qu’ils peuvent rencontrer à transmettre leur commerce : la notion de fonds de commerce existe de moins en moins, parce que la valeur d’un fonds de commerce réside dans sa rentabilité, c’est-à-dire dans ce qu’il est susceptible de rapporter eu égard à l’investissement réalisé. M. Jean-Paul Mattei. C’est vrai. M. Jean-Paul Dufrègne. Ces métiers, qui sont de moins en moins attractifs, le seront encore moins à l’avenir, puisque votre nouveau système, s’il est adopté, conduira à augmenter les cotisations pesant sur des revenus déjà faibles. Je ne crois pas qu’on puisse se satisfaire de garantir aux artisans et commerçants, en contrepartie, une pension de retraite équivalente à 85 % du SMIC. Certes, c’est mieux que de toucher 800 euros, mais qui, ici, souhaiterait vivre avec 1 000 euros pour sa retraite ? M. Julien Borowczyk. Et que proposez-vous ? M. Jean-Paul Dufrègne. C’est pourquoi nous souhaitons que la fameuse conférence de financement soit menée en amont de l’examen du texte au Parlement, afin que nous puissions définir les moyens à consacrer à cette réforme des retraites. M. Rémy Rebeyrotte. Vous n’en voulez pas, de la réforme ! M. Jean-Paul Dufrègne. Aujourd’hui, vous restreignez ces moyens tout en faisant semblant d’être généreux – mais cette générosité, qui se limite à 85 % du SMIC, l’accepteriez-vous pour vous-mêmes ? M. Sylvain Maillard. Vous vous battez pour conserver un système dans lequel les artisans et commerçants touchent encore moins ! M. le président. La parole est à M. Hervé Saulignac. M. Hervé
Saulignac. Je rappellerai d’abord au rapporteur et à M. le
secrétaire d’État que, si nous déposons des amendements de suppression, c’est
parce qu’il s’agit du seul moyen dont nous disposons pour faire valoir un
certain nombre d’arguments, dès lors que les autres amendements que nous
pourrions présenter seraient frappés d’irrecevabilité au titre de
l’article 40 de la Constitution. Il ne s’agit pas demander l’exclusion des
artisans du futur système que vous voulez construire ; je souhaite, pour ma
part, qu’ils soient intégrés dans un système universel, dès lors que celui-ci
serait généreux. M. Frédéric Petit. On y a déjà répondu ! M. Hervé Saulignac. Par ailleurs, peut-être pourriez-vous donner aux commerçants et artisans à la retraite des perspectives un peu plus positives que le statu quo. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.) M. le président. La parole est à M. Sacha Houlié. M. Sacha
Houlié. Puisque nous parlons de la cotisation des artisans et des
commerçants, permettez-moi de dire que, pour toute personne qui a eu la chance
ou l’occasion de gérer une entreprise, le calcul des assiettes est très
clair : à partir du revenu super-brut, on abat les cotisations sociales,
puis la CSG, puis les déductibilités et on obtient ainsi le revenu sur lequel
s’applique la cotisation. Tous ceux ici qui ont géré une entreprise savent ce
que cela veut dire. Mme Clémentine Autain. Vous n’allez pas recommencer avec ça ? C’est insensé ! M. Sacha Houlié. …c’est-à-dire un minimum de pension de 85 % du SMIC, qui sera de 1 000 euros en 2022, et de 1 147 euros en 2025. M. Jean-Paul Dufrègne. En trésorerie, ils seront perdants ! M. Sacha Houlié. Ce seront donc – pardon de vous le dire – moins de cotisations et plus de droits. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.) M. Jean-Jacques Bridey. CQFD. M. le président. La parole est à M. le rapporteur général. M.
Guillaume Gouffier-Cha, rapporteur général. Monsieur Saulignac, à
aucun moment ne m’est venue l’idée de remettre en question la sincérité de votre
démarche ni de vos intentions pour ce qui concerne les commerçants et les
artisans. (L’amendement no 24936 n’est pas adopté.) Fait personnelM. le président. La parole est à M. Frédéric Petit. M. Frédéric
Petit. Monsieur le président, sur le fondement de l’article 58 du
règlement, je déplore un fait personnel. M. le président. Monsieur Petit, le fait personnel n’est pas établi. M. Jean-Jacques Bridey. Laissez-le finir ! M. Frédéric Petit. On se moque de ma fonction ! (Applaudissements sur quelques bancs des groupes MODEM et LaREM.) Rappels au règlementM. le président. La parole est à M. Rémy Rebeyrotte, pour un rappel au règlement. M. Rémy
Rebeyrotte. Il se fonde sur l’article 100 du
règlement. M. Jean-Paul Dufrègne. Et alors ? M. Rémy
Rebeyrotte. …et qu’il nous faudrait, à ce rythme, 183 jours de
débats pour parvenir au bout du texte ? (Exclamations sur les bancs des
groupes LaREM et MODEM.) M. le
président. Je ne vous fait pas grief de votre demande, cher collègue,
mais je vous signale que l’information est accessible à tous : le nombre
d’amendements restant en discussion figure en rouge sur nos tablettes.
(Exclamations.) Il en reste actuellement 31 211. M. Hubert Wulfranc. Il faut arrêter de lancer en permanence des appels au crime ! (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe LaREM.) Les oppositions expriment clairement des questionnements. M. Rémy Rebeyrotte. Retirez les doublons et les triplons ! M. Hubert Wulfranc. D’ailleurs, le rapporteur général et le ministre s’expriment sur le fond à l’occasion de ces amendements, par exemple au sujet de la retraite des commerçants. Arrêtez donc, s’il vous plaît, de faire monter la sauce dans l’hémicycle. M. Rémy Rebeyrotte. Cent quatre-vingt-trois jours ! M. Hubert Wulfranc. Le débat se déploie normalement. Vous avez tous le 49.3 en tête, mais prenez l’air, et continuons le débat tranquillement ! (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe LaREM.) M. Rémy Rebeyrotte. Nous voudrions éviter le 49.3 ! Article 4 (suite)M. le
président. Je suis saisi d’un amendement no 13561 et de
seize amendements identiques déposés par le groupe La France
insoumise. M. Éric
Coquerel. Permettez-moi de revenir sur la question de la CSG. Nous avons
reçu hier une délégation d’avocats – même si leur profession n’est pas la
seule concernée. Vous évoquez des questions de représentativité ; eh bien,
cette délégation comportait tout de même quatre bâtonniers, qui s’interrogent.
Les gens écoutent nos débats et c’est tant mieux si les questions que nous vous
posons permettent de clarifier des choses, car, manifestement, vous n’avez pas
été capables jusqu’à présent de le faire dans le cadre des discussions que vous
avez eues avec eux. M. le
président. Merci, monsieur Coquerel. M. Guillaume Gouffier-Cha, rapporteur général. Défavorable. M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ? M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Même avis que le rapporteur. M. le président. La parole est à Mme Célia de Lavergne. Mme Célia
de Lavergne. Cet amendement de suppression de l’alinéa 5, qui est
une phrase de portée générale, me donne l’occasion de souligner la créativité de
nos oppositions, en particulier celle de gauche, qui souhaite supprimer tantôt
l’alinéa 5, tantôt les alinéas 6 et 7, et qui propose également
de supprimer les alinéas 5 et 6, les alinéas 5, 6 et 7 ou
les alinéas 5 à 8. Ces combinaisons sans fin sont assez intéressantes…
(Applaudissements sur quelques bancs du groupe LaREM.) Cela dit, chers
collègues, vous ne les avez pas toutes explorées. M. Jean-Paul Dufrègne. Nous sommes petits joueurs ! (Sourires.) Mme Célia
de Lavergne. Assumez-le donc, chers collègues : vous êtes là pour
vous opposer et vous utilisez des outils à cette fin. Je déplore pour la
démocratie que vous recouriez à l’obstruction parlementaire, mais c’est ce que
vous faites. M. Jean-Paul Dufrègne. C’est ce que nous avons fait hier ! Mme Célia de Lavergne. …afin de pouvoir aller jusqu’au bout du texte et éviter le recours à article 49, alinéa 3, de la Constitution ; cela a pris moins de trois semaines. C’est donc tout à fait possible et cela dépend uniquement de vous. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.) M. Cyrille Isaac-Sibille. Bravo ! Un peu de courage ! Mme Célia de Lavergne. Je vous invite à vous comporter de la même manière, par responsabilité envers les Français. (Mêmes mouvements.) M. le président. La parole est à M. Éric Woerth. M. Éric
Woerth. Nous avons déjà eu plusieurs discussions sur la forme du
débat. Mme Nadia Hai. Trois semaines ! M. Éric Woerth. …et la discussion était allée jusqu’à son terme. Il faut faire la même chose avec ce texte, car c’est nécessaire. Mme Nadia Hai. Encore faudrait-il s’en donner les moyens ! M. Éric Woerth. Y consacrer trois semaines ne poserait aucun problème, puisque aucun texte majeur n’est prévu après celui-ci. M. Sylvain Maillard. Ce n’est pas trois semaines qu’il faudrait, c’est trois mois ! M. Éric
Woerth. Il s’agit d’un texte fondamental. S’il nous faut trois semaines
ou un mois pour compenser deux ans d’une préparation et d’une concertation pour
le moins insatisfaisantes, allons-y ! Rectifions les
choses ! M. le président. La parole est à M. Hubert Wulfranc. M. Hubert Wulfranc. Depuis que la question du régime des retraites a été posée, vous avez en face de vous une opposition. Or, face aux mouvements sociaux, votre réponse est d’abord la langue de bois (Exclamations sur certains bancs du groupe LaREM) : vous dites que les Français sont pris en otage et que l’économie va mal. Dans la foulée, ce sont des sanctions. Aujourd’hui, par exemple – mais on n’en parle pas –, 120 agents de la RATP sont menacés de sanctions dans leur entreprise. M. Bruno Millienne. Ce n’est peut-être pas par hasard ! M. Sylvain Maillard. Il y a une raison ! M. Hubert Wulfranc. En outre, alors que les cheminots sont majoritairement en grève et que leur fiche de paie affiche zéro,… M. Sylvain Maillard. C’est la conséquence de la grève ! M. Hubert
Wulfranc. …vous distribuez une prime aux non-grévistes. Voilà comment
vous provoquez la population ! (Protestations sur les bancs des groupes
LaREM et MODEM.) Plusieurs députés du groupe LaREM. Oh oui, nous souffrons ! M. Hubert Wulfranc. …au-delà même des municipales, à l’issue desquelles on verra bien dans les urnes quel est le vote des Français – nous ferons les comptes au lendemain du 15 mars. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe GDR.) Mme Nadia Hai. Combien de communistes ? M. le président. La parole est à M. Régis Juanico. M. Régis Juanico. Puisque nous sommes sans cesse ramenés à des questions de procédure et à des commentaires de nos débats,… Mme Sandra Marsaud. C’est normal ! M. Régis Juanico. Pourquoi normal ? Cela se passe très bien depuis quelques jours. (Exclamations sur les bancs des groupes MODEM et LaREM.) M. Bruno Millienne. Après dix jours d’obstruction ! M. Régis Juanico. Voyez le rythme soutenu que nous tenons et le nombre d’amendements que nous examinons à l’heure ! Ayant assisté à la quasi-totalité des séances de la commission spéciale et des séances publiques, je n’ai qu’à me féliciter de la qualité des échanges que nous avons avec le rapporteur général et le secrétaire d’État, ainsi qu’avec plusieurs de vos collègues qui, courageusement, prennent la parole et alimentent le débat sur le fond. Mme Brigitte Bourguignon, présidente de la commission spéciale. C’est vrai qu’il faut du courage ! M. Régis Juanico. Si vous voulez que le président Ferrand écrive aux présidents des groupes d’oppositions, il n’a qu’à le faire, comme l’avait fait en son temps M. Debré. Pour notre part, nous avons écrit à M. Ferrand et à Mme Belloubet en vue de la création d’une commission d’enquête, et ils ont mis quinze jours à nous répondre. Mme Brigitte Bourguignon, présidente de la commission spéciale. Oh, ça va ! C’est le délai normal. M. Régis
Juanico. Quoi qu’il en soit, nous ne sommes pas pressés. M. le président. La parole est à M. Jean-Paul Mattei. M. Jean-Paul Mattei. Comme vous, cher collègue Juanico, j’ai eu le bonheur d’assister à l’intégralité des séances de la commission spéciale, qui ont duré soixante-quinze heures au total. M. Régis Juanico. Pour un texte qui comporte soixante-cinq articles ! M.
Jean-Paul Mattei. Nous siégeons ici depuis la semaine dernière.
Objectivement, nous n’avançons pas sur ce texte à un rythme normal. Je reconnais
que le droit d’amendement est tout à fait légitime – vous remarquerez
d’ailleurs que mes interventions portent le plus souvent sur le fond, j’essaie
d’éviter de parler de la forme. Nous gagnerions cependant en sérénité si nous
arrivions à nous concentrer sur les amendements essentiels. La discussion sur
l’article 4 n’est pas neutre. M. Jean-Paul Dufrègne. Nous ne prenons pas la parole sur chaque amendement ! M. Jean-Paul Mattei. …ce qui pose un problème, démocratique, d’équité au sein de l’hémicycle. (« Eh oui ! » sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.) M. Bruno Millienne. Nous avons d’ailleurs demandé le décompte des temps de parole à la présidence de l’Assemblée, mais nous ne l’avons pas obtenu ! M. Jean-Paul Mattei. Nous entendons les mêmes arguments en boucle. En ce qui concerne le temps de parole, la majorité devient presque l’opposition, ce qui est un peu gênant. (Applaudissements sur les sur les bancs des groupes MODEM et LaREM.) M. Jérôme Lambert. Rien ne vous empêche d’intervenir ! Mme Clémentine Autain. Vous pouvez vous inscrire sur chaque amendement ! M. le président. La parole est à M. Éric Coquerel. M. Éric Coquerel. Je ne reviendrai pas sur les interventions d’une majorité capricieuse qui estime que les débats n’avancent pas au rythme qu’imposerait le calendrier qu’elle a défini. (Exclamations sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.) M. Rémy Rebeyrotte. Provocation ! M. Éric Coquerel. Au lieu de faire des interventions sur la forme, chers collègues, peut-être pourriez-vous nous répondre sur le fond, puisque le Gouvernement ne le fait pas. M. Bruno Millienne. Nous le faisons, mais vous n’entendez pas ! M. Éric
Coquerel. Peut-être disposez-vous d’arguments pour répondre, non
seulement à nous, mais aussi aux personnes qui, dans différents secteurs, sont
actuellement en lutte. M. Jean-Paul Mattei. C’est une nécessité ! M. Éric
Coquerel. En tout cas, cela montre bien que tout cela n’est pas si
clair, alors que, dès lors que vous nous dites que la disposition sera fixée par
ordonnance, vous estimez que vos réponses sont précises. M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques no 13561 et identiques. (Il est procédé au scrutin.) M. le
président. Voici le résultat du
scrutin : (Les amendements no 13561 et identiques ne sont pas adoptés.) M. le
président. Sur l’amendement no 13578 et les seize
amendements identiques déposés par les membres du groupe La France insoumise, je
suis saisi par ce groupe d’une demande de scrutin public. Mme
Clémentine Autain. Il s’agit à nouveau d’amendements de
suppression. M. Xavier Paluszkiewicz. La faute à qui ? M. Rémy Rebeyrotte. C’est la conséquence de votre obstruction ! Mme Clémentine Autain. C’est de votre faute, et cela pour plusieurs raisons. D’abord, vous avez dépassé les délais pour l’instauration d’un temps législatif programmé. Ensuite, vous n’êtes pas à l’écoute de la société. M. Bruno Millienne. Soutenez vos amendements ! Mme Clémentine Autain. Et puisque vous nous interpellez en invoquant la démocratie, trouvez-vous logique qu’un projet de loi soit adopté par le Parlement alors qu’il est rejeté par la majorité des Français et suscite dans le pays une colère massive, produisant une mobilisation sociale d’une durée et d’une ampleur totalement inédites ? Si vous n’entendez rien de tout cela et vous considérez comme parfaitement légitimes, fort bien, mais comprenez qu’en tant qu’opposition politique, nous n’avons pas décidé de nous taire, de vous faciliter la tâche, d’accepter je ne sais quel compromis, de remiser nos amendements et sous-amendements au placard parce qu’ils vous déplaisent, et d’arrêter de vous poser des questions car en l’absence de réponse de votre part, il faudrait que nous rentrions tranquillement chez nous ! M. Bruno Millienne. Vous faire taire, c’est mission impossible… Mme Clémentine Autain. Vous comprenez bien qu’il n’est pas possible de débattre dans de telles conditions. C’est un enjeu de démocratie qui se pose. J’espère que vous vous rendez compte que la situation présente est un symptôme du dysfonctionnement de la Ve République. Mme Josy Poueyto. Ah ! Nous y voilà ! Mme Clémentine Autain. C’est pourquoi nous proposons d’aller vers une nouvelle République. (Vives exclamations sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.) Mme Cendra Motin. Et voilà ! On y arrive ! Mme Clémentine Autain. Ça vous énerve ? M. Bruno Millienne. En réalité, ce n’est pas un débat sur les retraites, c’est un débat sur la Ve République ! M. Rémy Rebeyrotte. Obstruction et insurrection ! M. le président. Laissez Mme Autain conclure son intervention ! Mme Clémentine Autain. Pardonnez-moi, mais je ne comprends pas ce qui chiffonne la majorité quand j’évoque notre souhait d’aller vers une VIe République. Ce n’est tout de même pas un scoop ! Nous l’avons déjà dit, c’est la proposition politique que nous faisons et à laquelle nous tenons. M. Xavier Paluszkiewicz. Hors sujet ! Mme Clémentine Autain. Je pense que nous n’assisterions pas à un tel déni de démocratie si le fonctionnement de nos institutions était davantage compatible avec l’exigence de participation des citoyens à la décision publique. Mme Josy Poueyto. Vous avez été battus lors des élections ! M. le président. Quel est l’avis de la commission sur cette série d’amendements identiques ? M. Guillaume Gouffier-Cha, rapporteur général. Je vous remercie pour ce discours politique, chère collègue, mais les amendements n’ont pas été présentés sur le fond. Aussi l’avis de la commission est-il défavorable. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LaREM et MODEM.) M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ? M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Avis défavorable : une fois encore, la suppression de l’alinéa rendrait l’article incohérent. M. le président. La parole est à Mme Nadia Hai. Mme Nadia Hai. Je suis extrêmement surprise que chaque défense d’amendement par un des groupes de gauche prenne la forme d’un meeting politique. (Approbation sur les bancs du groupe LaREM.) Mme Marie-Christine Dalloz. Et vous, que faites-vous ? Mme Nadia Hai. Or nous ne sommes pas dans un meeting politique. M. Éric Coquerel. Non : nous formons une assemblée politique ! Mme Nadia Hai. Nous examinons un projet de loi de réforme des retraites qui va concerner des millions de Français. M. Jérôme Lambert. Ce que vous dites n’est pas politique, peut-être ? Mme Nadia Hai. Vous contestez l’idée d’obstruction ? M. Maxime Minot. Ce n’est pas de l’obstruction ! Avançons ! Mme Nadia Hai. Vous contestez le fait que vous transformez cette assemblée en une salle de meeting politique ? Dans ce cas, pouvez-vous m’expliquer, madame Autain, pourquoi votre amendement no 13578 vise à supprimer l’alinéa 6, l’amendement no 13579 de M. Bernalicis vise à supprimer l’alinéa 6, celui de M. Coquerel, le no 13580, vise à supprimer l’alinéa 6, celui de M. Corbière, le no 13581, vise à supprimer l’alinéa 6 – et ainsi de suite, pour tous les membres de votre groupe ? M. Jean-Paul Dufrègne. Ils ne sont défendus que par une seule personne ! Mme Nadia Hai. C’est inadmissible ! Il s’agit bien d’obstruction ! M. Philippe Gosselin. Vous remettez une pièce dans la machine ! Vous leur donnez raison ! Mme Nadia Hai. Nous voulons débattre, nous sommes présents, nous sommes patients. M. Hubert Wulfranc. Non : vous souffrez, vous l’avez dit ! Mme Nadia Hai. Nous ne souffrons pas, monsieur Wulfranc. Mme Elsa Faucillon. Nous allons vous expliquer ce qu’est la souffrance ! Mme Nadia Hai. Nous souhaitons arriver au débat de fond et vous nous en empêchez. M. Éric Coquerel. Arrêtez votre cinéma : nous vous posons des questions précises ! Mme Nadia Hai. Ne faites pas croire aux Français qu’il s’agit d’un débat de fond. M. Jean-Paul Dufrègne. Nous ne défendons nos amendements qu’une fois pour chaque série ! C’est de la désinformation ! Vous racontez des balivernes ! Mme Nadia Hai. Vous avez transformé cet hémicycle en salle de meeting politique, il est temps de le dénoncer. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LaREM et MODEM.) M. Jérôme Lambert. Qu’on fasse de la politique à l’Assemblée, c’est normal ! M. Jean-Paul Dufrègne. L’obstruction, c’est vous ! M. le
président. La parole est à M. Frédéric Petit. (Brouhaha. –
Invectives.) M. Frédéric
Petit. Madame Autain… (Le brouhaha persiste.) Je parle !
Madame Autain, votre opposition, celle de tous vos collègues, est totalement
légitime. Vous avez le droit de vous opposer. Je dirai même plus : vous
avez le devoir de représenter dans l’hémicycle non seulement les citoyens qui
vous ont élue, mais aussi ceux qui m’ont élu, de la même manière que je
représente aussi les citoyens qui vous ont élue. Mme Clémentine Autain. Parce que nous ne sommes pas d’accord sur le texte ! M. Frédéric Petit. Il vous suffirait de l’amender correctement. Au lieu de vous lancer dans d’une logorrhée d’amendements, vous en auriez choisi quatre ou cinq, visant par exemple à demander un passage à cinq ou même à huit PASS, cela aurait donné lieu à un vrai débat, qui vous aurait permis de regagner votre légitimité d’opposition, alors que vous êtes vous-même en train de la fragiliser. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes MODEM et LaREM.) Mme Elsa Faucillon. Vous n’avez qu’à prendre notre place, tant que vous y êtes ! M. le président. La parole est à Mme Marie-Christine Dalloz. Mme Marie-Christine Dalloz. Je voudrais rappeler à la majorité que le temps de parole de l’opposition, sur tous les textes, est toujours supérieur à celui de la majorité. Ne vous en déplaise, c’est ainsi que cela fonctionne : c’est ça, la démocratie. (Exclamations sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.) M. Jérôme Lambert. Ils ne savent pas ce que c’est ! Mme
Marie-Christine Dalloz. Je vous rappelle une fois encore qu’il s’agit
d’un texte du Gouvernement, en liaison avec lequel vous avez travaillé, que la
majorité est représentée par le rapporteur général, auquel il faut ajouter un
nombre pléthorique de rapporteurs – pas moins de cinq –, ainsi que le
ministre et la présidente de la commission spéciale, et que la majorité compte
deux groupes. Si, malgré tout cela, vous n’arrivez pas à admettre que les autres
ont le droit de s’exprimer un peu, dans quel hémicycle
sommes-nous ? Mme Nadia Hai. Quelle mauvaise foi ! Mme
Marie-Christine Dalloz. C’est votre majorité qui a modifié le règlement
afin qu’une série d’amendements identiques soit défendue une seule fois. J’ai
connu une époque où tous les amendements d’une même série étaient défendus. Vous
avez déjà largement amputé le temps de parole de chacun avec cette nouvelle
règle. Mme Brigitte Bourguignon, présidente de la commission spéciale. Nous ne sommes pas du tout déstabilisés ! M. le président. La parole est à M. Hubert Wulfranc. M. Hubert
Wulfranc. S’agissant d’un débat aussi fondamental pour les Français, que
n’avez-vous retenu la demande, que nous vous avons formulée avec d’autres
groupes de l’opposition, de recourir à un référendum ! M. Rémy Rebeyrotte. On en viendrait presque à penser que vous le souhaitez, c’est curieux… M. Hubert Wulfranc. …choisissez la voie de la sagesse et consultez les Français afin qu’ils s’expriment sur le fond, éclairés par leurs députés, quelle que soit leur sensibilité. M. le président. La parole est à Mme Clémentine Autain. Mme Clémentine Autain. Du fait de la modification du règlement par la majorité, un seul d’entre nous peut défendre les dix-sept amendements identiques des députés de notre groupe. On ne peut donc pas soutenir que le même amendement aura été défendu dix-sept fois. M. Bruno Millienne. Le nouveau règlement donne un temps de parole plus important aux oppositions ! Mme
Clémentine Autain. Ensuite, monsieur Petit, vous m’interpellez sur la
fixation du plafond de cotisation à trois PASS. Je ne vois pas exactement à quoi
vous faites référence car ce n’est pas le sujet des amendements en discussion.
En outre, nous ne sommes pas là pour améliorer si peu que ce soit le texte, mais
pour vous dire que nous ne voulons pas d’un régime par points à cause duquel le
niveau des pensions va baisser et à cause duquel la durée de cotisation sera
prolongée. L’enjeu, pour nous, n’est pas d’essayer de temporiser, de faire en
sorte que les conséquences de votre projet soient moins dramatiques que nous le
prévoyons, puisque vous préparez la casse monstrueuse de notre régime de
retraite ; nous sommes ici pour faire valoir que, comme la majorité des
Français, nous nous opposons à votre projet. M. Frédéric Petit. Mais si ! Mme Clémentine Autain. J’ai ainsi demandé au secrétaire d’État s’il pouvait prendre l’engagement qu’il n’y aurait pas de ponction dans les caisses de retraite des avocats et des médecins… M. Frédéric Petit. Il vous a répondu vingt fois ! Mme Clémentine Autain. Non, il a indiqué qu’il n’y aurait pas d’expropriation – écoutez bien, monsieur Petit, ne faites pas le bisounours. (Vives protestations sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.) M. Rémy Rebeyrotte. C’est insupportable ! Ça suffit, les injures ! Mme Clémentine Autain. M. Petit, dans une tribune, a insulté les députés de notre groupe en les traitant de bisounours et de staliniens ; je ne fais que lui renvoyer le compliment. (Brouhaha.) M. le
président. Un peu de calme, chers collègues. (Il est procédé au scrutin.) M. le
président. Voici le résultat du
scrutin : (Les amendements identiques no 13578 et identiques ne sont pas adoptés.) M. le
président. Avant que nous n’en venions aux amendements suivants, je vous
demande un moment d’attention, chers collègues, pour évoquer un comportement que
je trouve inadmissible. Notre collègue Mme Iborra, ici présente, s’est
permis, par tweet, de contester ma présidence.
(Murmures.) Mme Clémentine Autain. Ce serait bien que d’autres présidents de séance s’en souviennent… M. le président. Et je n’ai pas l’intention de faire autre chose ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LR.) Enfin, vous indiquez dans votre tweet, madame Iborra, que je ne commente pas les amendements de l’opposition. Or ma fonction ne consiste absolument pas à commenter les amendements. Mme Monique Iborra. Puis-je répondre, monsieur le président ? M. le président. Vous avez la parole – pour présenter des excuses, j’imagine… Mme Monique Iborra. Monsieur le président, en effet, vous n’avez pas l’habitude de contester ou de commenter le contenu des amendements. M. le président. Ce n’est pas ma fonction. Mme Monique Iborra. Mais vous n’avez pas non plus l’habitude de déclarer que l’Assemblée vote des amendements à cent à l’heure. M. le président. C’est pourtant très fréquent… Mme Monique Iborra. Et, tout en respectant votre présidence, nous sommes en droit, nous, de nous poser la question de savoir pourquoi, en effet, aujourd’hui, dans le contexte dans lequel nous votons, vous signalez que nous pourrions être jugés sur la vitesse à laquelle nous votons les amendements. Je trouve que ce n’est pas normal, venant du président de séance. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM.) M. le président. Chère collègue, je suis vice-président depuis douze ans et je siège à l’Assemblée depuis vingt ans. Je suis attaché à cette institution et je ferai tout pour préserver le maximum de sérénité en son sein. Il est très fréquent d’indiquer le rythme auquel nous examinons les amendements, ce qui permet à tout un chacun d’être au fait de la progression de l’examen du texte. J’attends donc de vous des excuses. En attendant, nos travaux sont suspendus pour dix minutes. (Applaudissements sur les bancs des groupes LR, LT, FI et GDR.) Suspension et reprise de la séanceM. le président. La séance est suspendue. (La séance, suspendue à douze heures vingt, est reprise à douze heures trente.) M. le
président. La séance est reprise. Mme Brigitte Bourguignon, présidente de la commission spéciale. Monsieur le président, à ce moment de notre débat, j’aimerais que la sérénité revienne sur tous les bancs sans exception, et que nous ne remettions pas en cause, par quelque biais que ce soit, la présidence, quelle qu’elle soit. (Applaudissements sur certains bancs du groupe LaREM et sur les bancs des groupes LR, MODEM, SOC, UDI-Agir, LT et GDR.) Ce matin, nous pouvons saluer la présidence de M. Le Fur, qui a été parfaitement conforme à ce qu’elle doit être dans notre hémicycle. M. Vincent Descoeur et M. Philippe Gosselin. C’est vrai ! M. Alain Bruneel. Elle a été remarquable ! Mme Brigitte Bourguignon, Présidente. Monsieur le président, je voulais vous présenter des excuses ; je pense que c’est important pour la suite de nos débats. J’aimerais maintenant que chacun se replonge dans nos travaux sur le fond, car c’est ce que nous souhaitons. Nous en parlions avec Mme Annie Genevard, vice-présidente de notre assemblée, il y a quelque jour, et cela se vérifie : franchement, les réseaux sociaux n’ont rien à faire dans l’hémicycle ! (Mêmes mouvements.) Mme Marie-Christine Dalloz. Très bien ! M. le
président. Je vous remercie, madame la présidente. J’apprécie vos
propos. Je crois que nous pouvons reprendre nos travaux sereinement et essayer
d’avancer. L’incident est clos – d’ailleurs, il n’y a pas eu
d’incident. M. Éric
Coquerel. Je remercie notre excellent président. Ces amendements visent
à supprimer l’alinéa 7 de l’article 4 qui tend à intituler un chapitre
du code de la sécurité sociale « Système universel de retraite ». Je
conteste la véracité de ces termes. M. le président. Quel est l’avis de la commission sur les amendements identiques ? M. Guillaume Gouffier-Cha, rapporteur général. Avis défavorable. M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ? M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Même avis que celui du rapporteur. M. le président. La parole est à M. Éric Coquerel. M. Éric Coquerel. Que l’on évoque de façon précise un article en posant des questions sur le caractère universel du système, à partir d’exemples comme ceux que je viens de citer, ou que l’on soutienne un amendement plus global sur les difficultés de compenser une augmentation de cotisation sur le net par un abattement sur le super-brut, on obtient la même réponse : sans commentaire ! Manifestement, quoi qu’on fasse, les réponses aux questions ne viennent ni du Gouvernement ni du rapporteur général ; je le regrette bien. M. le président. Je mets aux voix les amendements no 13595 et identiques. (Il est procédé au scrutin.) M. le
président. Voici le résultat du
scrutin : (Les amendements no 13595 et identiques ne sont pas adoptés.) M. le
président. Je suis saisi de trois amendements identiques,
nos 7414, 11878 et 11880. Mme Isabelle Valentin. Comme nous l’avons déjà signalé à plusieurs reprises, votre système n’a d’universel que le nom. Vous avez déjà créé cinq régimes spécifiques. Soyons précis avec le vocabulaire : supprimons le mot « universel » ! M. le président. La parole est à M. Jean-Pierre Vigier, pour soutenir l’amendement no 11880. M. Jean-Pierre Vigier. Je ne reprendrai pas les arguments pertinents de notre collègue Isabelle Valentin, mais je tenais à défendre cet amendement avec fierté car il a pour premier signataire notre excellent président, j’ai bien dit l’excellent président Marc Le Fur. (Applaudissements sur les bancs du groupe LR.) M. le président. Quel est l’avis de la commission sur ces trois amendements identiques ? M. Guillaume Gouffier-Cha, rapporteur général. Merci d’avoir abordé un sujet totalement nouveau ! Avis défavorable. M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ? M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Nous avons déjà eu un débat sur le mot « universel » à plusieurs reprises. Je peux vous dire un mot sur le sujet, si vous y tenez. M. Philippe Gosselin. Pour le plaisir ? M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. En clair, le système est universel et il comprend plusieurs régimes. C’est dans le titre du projet de loi : « système universel de retraite ». Avis défavorable. (Les amendements identiques nos 7414, 11878 et 11880 ne sont pas adoptés.) M. le
président. Je suis saisi d’un amendement no 24937, qui
fait l’objet de deux sous-amendements. M. Régis
Juanico. Madame la présidente de la commission spéciale, merci d’avoir,
avec l’aide de tous les groupes, ramené de la sérénité dans l’hémicycle. Je
connais Marc Le Fur depuis près de dix ans en tant que président de
séance : il n’a jamais fait preuve de partialité, jamais je ne l’ai pris en
défaut sur ce terrain. (« On passe à autre
chose ! » sur plusieurs bancs du
groupe LaREM.) Je tenais à le dire calmement, car nous ne sommes pas
vraiment du même bord politique. M. Rémy Rebeyrotte. Pas « prétendue » ! M. Régis
Juanico. Nous aurions pu comprendre que ces prises de parole préparent
le terrain à l’irruption imminente dans l’hémicycle d’un membre du Gouvernement
– tel Blücher à Waterloo – venant demander l’application de
l’article 49, alinéa 3 de la Constitution. Il n’en a rien été. La
menace est écartée. M. le président. La parole est à M. Alain Bruneel, pour soutenir le sous-amendement no 42575. M. Alain
Bruneel. Monsieur le président, j’en profite pour vous apporter notre
soutien et exprimer la solidarité que le groupe de la Gauche démocrate et
républicaine entend vous montrer dans vos fonctions de vice-président de notre
assemblée. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR et sur quelques sur
les bancs du groupe LR. – Exclamations sur les bancs du groupe
LaREM.) Mme Clémentine Autain. On ne s’en lasse pas, de cette citation ! M. le président. La parole est à M. Jean-Paul Dufrègne, pour soutenir le sous-amendement no 42577. M. Jean-Paul Dufrègne. Ce sous-amendement de précision vise à mettre en lumière l’un des objectifs cachés de cette réforme des retraites que le Gouvernement entend imposer à nos concitoyens : le développement des retraites par capitalisation. Avec cette réforme, le Gouvernement cherche à acclimater les ménages à une épargne retraite individualisée et pose les bases d’un système de retraite par capitalisation. Nous proposons en conséquence de compléter l’amendement afin qu’il fasse état de la retraite par points « et par capitalisation ». M. le président. Quel est l’avis de la commission sur les sous-amendements et l’amendement ? M. Guillaume Gouffier-Cha, rapporteur général. Il est défavorable. Monsieur Juanico, votre présentation est habile, mais nous avons déjà eu ce débat à de multiples reprises, et j’ai déjà plusieurs fois répondu sur le sujet. M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ? M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Même avis. (Les sous-amendements nos 42575 et 42577, successivement mis aux voix, ne sont pas adoptés.) (L’amendement no 24937 n’est pas adopté.) M. le président. La parole est à Mme Danièle Obono, pour soutenir l’amendement no 3613 et les seize amendements identiques déposés par les membres du groupe La France insoumise. Mme Danièle
Obono. Alinéa par alinéa, nous continuons à vous proposer la suppression
des articles du projet de loi. S’agissant des travailleurs et travailleuses
indépendants, il est important de rappeler que, s’il y a une mobilisation d’un
certain nombre de professions, ce n’est pas parce que les personnes concernées
ne sont pas solidaires, ni parce qu’elles ne veulent pas participer à l’effort
collectif. Nous avons bien vu, lors de nos débats, hier, que la caisse autonome
des avocats y participe bien. M. Rémy Rebeyrotte. Ça tourne en boucle ! Mme Danièle Obono. Oui, cher collègue, nous allons continuer notre démonstration. Si ça n’était que nous, vous pourriez toujours dire que nous radotons,… M. Bruno Millienne. Vous radotez quand même un peu ! Mme Danièle Obono. …mais nous ne faisons que reprendre ce que vous répètent les professions que nous avons déjà citées et les secteurs qui vous interpellent. Ils appellent à une mobilisation dans quelques jours, car votre système n’est ni universel ni égalitaire et qu’il ne converge pas vers le haut et le mieux disant. (Les amendements no 13613 et identiques, repoussés par la commission et le Gouvernement, ne sont pas adoptés.) M. le président. La parole est à Mme Sira Sylla, pour soutenir l’amendement no 27358. Mme Sira
Sylla. La disparité des situations des avocats non salariés demande une
période de préparation préalable à leur intégration au système universel de
retraite. Oui, je suis favorable à notre réforme, qui est clairement une grande
réforme sociale. M. le président. Quel est l’avis de la commission ? M. Guillaume Gouffier-Cha, rapporteur général. Chère collègue, l’amendement est déjà satisfait puisque les avocats intégreront le système universel à partir du 1er janvier 2025. M. Philippe Gosselin. Ce n’est pas ce qu’on demande ! M. Guillaume Gouffier-Cha, rapporteur général. En effet, en 2022 y entreront les personnes nées en 2004, qui auront donc 18 ans : vous reconnaîtrez que peu de personnes deviennent avocats à cet âge. Votre demande est donc de fait satisfaite. Je vous propose de retirer votre amendement ; à défaut, avis défavorable. M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ? M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Madame Sylla, votre amendement vise à intégrer tous les avocats libéraux au système universel de retraite à compter de 2025 – même si vos propos ont laissé percevoir des nuances. Si l’on avance tranquillement dans l’examen du texte – et j’espère qu’on va bientôt accélérer –, on verra, à l’article 63, que l’entrée en vigueur du système universel de retraite sera fonction de la génération de naissance. M. Philippe Gosselin. Encore faut-il y arriver, à l’article 63 ! M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. Cette entrée en vigueur par
génération s’appliquera aussi aux avocats. Le rapporteur général l’a déjà
évoqué, mais j’entrerai plus dans les détails ; redire les choses permet
d’informer nos concitoyens, avocats ou non. Les avocats nés avant 1975
– comme tous les Français des mêmes générations – ne seront pas
concernés par le nouveau système ; c’est pourquoi le rapporteur général a
dit que l’amendement était satisfait. Les avocats nés après 1975 seront affiliés
au régime général et intégrés au système universel de retraite à compter de
2025. En effet, l’intégration en 2022 concerne la génération de 2004, mais,
compte tenu des études nécessaires pour devenir avocat, l’activité
professionnelle ne commence que vers 24, 25 voire 26 ans, certainement pas
à 18 ans. Les avocats concernés par la réforme commenceront à cotiser au
système universel de retraite uniquement à compter de cette date. Il n’y aura
pas de choc de cotisation puisqu’on a justement prévu une transition sur quinze
ans pour permettre aux avocats libéraux concernés de s’adapter au nouveau
système. M. le président. La parole est à M. Philippe Gosselin. M. Philippe
Gosselin. Monsieur le président, je salue, comme tous les collègues,
votre façon de présider. M. le président. La parole est à Mme Clémentine Autain. Mme Clémentine Autain. Lorsque les réponses du Gouvernement ou du rapporteur font défaut ou nous semblent contradictoires ou incomplètes, on peut trouver sur les réseaux sociaux des éclairages – faisant d’ailleurs écho à des propos qui ont été tenus dans cet hémicycle. Je pense au tweet de Jean Terlier, qui circule beaucoup, dans lequel notre collègue garantit que les cotisations des avocats n’augmenteront qu’à partir 2029, et de seulement 5,4 %. M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Arrêtez avec ça ! M. Bruno Millienne. La politique se fait dans l’hémicycle, pas sur Twitter ! Mme Clémentine Autain. D’abord, petite infox, il s’agit, non pas de 5,4 %, mais de 5,4 points, ce qui change tout. La CNBF explique que cela revient à 40 % d’augmentation, et non à 5,4 %. Je voudrais que M. le secrétaire d’État nous confirme qu’il s’agit bien d’une augmentation de 5,4 points. M. Philippe Gosselin. Cette question est très importante ! Mme Clémentine Autain. Deuxième chose : notre collègue Mattei nous dit qu’il attend avec impatience les ordonnances, mais le rapporteur affirme que tout est clair dans l’étude d’impact. Je ne comprends pas : soit on arrive dès aujourd’hui à faire des projections sérieuses, soit il faut pour cela attendre les ordonnances. Il y a là à l’évidence une contradiction ; quelle est la bonne hypothèse ? M. Jean-Paul Mattei. C’est une négociation ! Mme Clémentine Autain. Enfin, je répète ma question : il semblerait que la caisse de retraite des avocats ne sera pas expropriée, mais elle sera bien utilisée pour la transition ; monsieur le secrétaire d’État, pouvez-vous nous garantir, comme vous sembliez le faire tout à l’heure, que vous ne toucherez pas à cette caisse ? M. Philippe Gosselin. Excellente question ! Une question de fond ! M. le président. La parole est à M. Jean-Paul Dufrègne. M.
Jean-Paul Dufrègne. On voit bien que la question des avocats reste posée
et que ce qu’ils entendent ne les satisfait pas. L’adoption de l’excellent
amendement de Mme Sylla permettrait de remettre le métier sur l’ouvrage. Je
suis d’accord avec mon collègue Gosselin : il ne suffit pas de dire que
l’amendement est satisfait ; il l’est avec les conditions que vous avez
posées. La période de réflexion permettrait d’explorer d’autres
solutions. M. Philippe Gosselin. Exactement ! M. Jean-Paul Dufrègne. Les membres du groupe GDR, tout au moins ceux d’entre eux qui sont présents – les meilleurs ! – voteront pour cet amendement. (M. Alain Bruneel applaudit.) M. le président. On le dira aux autres membres de votre groupe ! Je ne sais pas s’ils apprécieront. M. Alain Bruneel. C’est leur problème ! (Sourires.) M. le président. La parole est à M. Frédéric Petit. M. Frédéric Petit. J’aime beaucoup quand la règle de trois revient dans l’hémicycle. En effet, 5 points d’augmentation par rapport à 14 %, c’est bien 40 % de 14 %, mais, par rapport à 100 %, ça fait toujours 5 %. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LaREM et MODEM.) Mme Cendra Motin. C’est des maths ! M. Frédéric Petit. Cette démonstration est assez évidente. D’ailleurs, quand vous dites qu’il faut maintenir la part des retraites dans le PIB au même niveau qu’aujourd’hui, et qu’il suffit pour cela, dans le projet, de l’augmenter de 2 points seulement, c’est pareil : ce n’est pas d’une augmentation de 2 % qu’il s’agit, mais d’une augmentation de quelque 20 % par rapport au niveau envisagé de 12 %. (Mêmes mouvements.) (L’amendement no 27358 n’est pas adopté.) M. le président. La suite de la discussion est renvoyée à la prochaine séance.
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