Système universel de retraite Art. 4 - Version analytique |
AN 1 - Débats 28 février 2020 : 2ème séance du 27 |
Article 4 (suite)M. le
président. Je suis saisi de deux amendements identiques,
nos 443 et 24938. M. Maxime Minot. Cet amendement que nous devons à notre collègue Pierre Cordier vise à supprimer les alinéas 9 à 11 de l’article 4. Le système universel de retraite s’appliquera aux travailleurs indépendants, ce qui implique la fusion dans le système universel des régimes autonomes des travailleurs indépendants et libéraux et de leurs caisses complémentaires. Dans de nombreux cas, cette fusion fera des perdants, du fait des cotisations ou des prestations. Certaines catégories d’indépendants subiront en effet un doublement de leurs cotisations, sans y gagner en matière de prestations. M. le président. La parole est à M. Régis Juanico, pour soutenir l’amendement no 24938. M. Régis
Juanico. J’ai beau essayer, depuis le tout début, de suivre nos débats
très attentivement, concernant l’article 4, on n’y comprend plus rien. Du
point de vue de la lisibilité de la réforme, pour les indépendants et les
professions libérales, on en est au degré zéro. Entre l’amendement déposé à la
dernière minute par le Gouvernement après l’article 2, les concertations et
les annonces parallèles au débat parlementaire – en dehors de ces
murs – et le recours aux nombreuses ordonnances, il est difficile d’y voir
encore clair ! M. le président. La parole est à M. Guillaume Gouffier-Cha, rapporteur général de la commission spéciale, pour donner l’avis de la commission. M. Guillaume Gouffier-Cha, rapporteur général de la commission spéciale. Avis défavorable. Nous avons déjà eu ce débat ce matin, et des réponses ont été apportées à ces questions. M. le président. La parole est à M. le secrétaire d’État chargé des retraites, pour donner l’avis du Gouvernement. M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État chargé des retraites. Avis défavorable. M. le président. La parole est à M. Alain David. M. Alain David. L’amendement no 24938 est un amendement de cohérence avec ceux qui visent à faire barrage à une réforme sans précédent de notre système d’assurance vieillesse, imposée sans aucune étude d’impact sérieuse, sans évaluations financières fiables et sans que le Parlement soit en mesure d’en apprécier toute la teneur, du fait des nombreux renvois à des ordonnances ou des décrets. Nous voulons que ce projet soit purement et simplement retiré. (Les amendements identiques nos 443 et 24938 ne sont pas adoptés.) M. le président. L’amendement no 13630 et les seize amendements identiques déposés par les membres du groupe La France insoumise sont défendus. (Les amendements no 13630 et identiques, repoussés par la commission et le Gouvernement, ne sont pas adoptés.) M. le
président. L’amendement no 13647 et les seize
amendements identiques déposés par les membres du groupe La France insoumise
sont défendus. M. Guillaume Gouffier-Cha, rapporteur général. Avis défavorable. M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ? M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Avis défavorable également à ces amendements qui, en supprimant des alinéas de l’article, rendent celui-ci incohérent. (Les amendements no 13647 et identiques ne sont pas adoptés.) M. le président. L’amendement no 13665 et les seize amendements identiques déposés par les membres du groupe La France insoumise sont défendus. (Les amendements no 13665 et identiques, repoussés par la commission et le Gouvernement, ne sont pas adoptés.) M. le président. Les amendements identiques nos 228 de M. Fabrice Brun, 398 de M. Pierre Cordier et 11908 de M. Marc Le Fur sont défendus. (Les amendements identiques nos 228, 398 et 11908, repoussés par la commission et le Gouvernement, ne sont pas adoptés.) M. le
président. Je suis saisi d’une série de dix-huit amendements identiques
qui se compose de l’amendement no 13682 et de seize amendements
identiques déposés par les membres du groupe La France insoumise, ainsi que de
l’amendement no 24939. M. Éric Coquerel. Ce matin, nous avons commencé à débattre des travailleurs indépendants et, un peu avant la fin de la séance, je vous ai posé, monsieur le secrétaire d’État, une question à laquelle je ne crois pas avoir eu de réponse. Elle concernait le caractère pseudo-universel de la réforme concernant les indépendants : je l’ai signalé, 75 % d’entre eux seulement seraient concernés ; en outre, il est proposé qu’ils cotisent uniquement à hauteur de la part salariale, de sorte qu’en cotisant moins, ils s’ouvrent moins de droits que les salariés, à revenus identiques. Je vous ai aussi signalé plusieurs cas témoignant de l’existence de situations à la carte, certaines professions pouvant acquérir des points supplémentaires. Je vous repose ma question : ne pensez-vous pas que cet état de fait hypothèque le prétendu caractère universel de votre système ? M. le président. La parole est à M. Régis Juanico, pour soutenir l’amendement no 24939. M. Régis Juanico. Je souhaite moi aussi revenir sur des questions posées en fin de matinée et qui n’ont pas reçu de réponses claires et précises. Le Gouvernement prévoit-il de puiser dans les réserves des caisses existantes afin de financer les mesures de lissage destinées à certaines professions libérales et indépendantes ? C’est ce que vous semblez prévoir pour les avocats : la lettre adressée hier par Mme la garde des sceaux à la Caisse nationale des barreaux français – CNBF – évoque la possibilité d’utiliser les produits des réserves financières de cette dernière. M. le secrétaire d’État répète depuis plusieurs jours qu’il n’est pas question de puiser dans les caisses des professions libérales et indépendantes, mais la lettre de Mme la garde des sceaux dit exactement le contraire ! (Protestations sur les bancs du groupe LaREM.) M. Patrick Hetzel. Tout à fait ! M. Boris Vallaud. Vérité en deçà de la Seine… M. Régis Juanico. À un moment donné, il faut que vous preniez clairement position ! M. le président. Quel est l’avis de la commission sur ces amendements ? M. Guillaume Gouffier-Cha, rapporteur général. Défavorable à ces amendements de suppression de l’alinéa 12. Nous reviendrons plus longuement, à l’article 58, sur ces sujets qui ont déjà fait l’objet d’explications. M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ? M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. À ce genre de question, on répond une première fois, puis une deuxième ; à la troisième, on vous reproche de ne pas y avoir tout à fait répondu ; elles reviennent en permanence et ne font pas du tout avancer le débat.(Protestations sur les bancs des groupes SOC et GDR.) Tous ceux qui nous suivent doivent se dire que cela n’est pas possible ! M. Éric Coquerel. Pas au sens où vous l’entendez ! M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. La réalité est toujours la
même, monsieur Juanico, il n’y a rien de nouveau : les réserves
appartiennent à ceux qui les ont constituées ; ils décideront de leur
utilisation en fonction des différentes options possibles. Ce n’est pas au
Gouvernement d’en décider et cette décision ne figure pas dans le projet de
loi. M. le président. La parole est à M. Éric Coquerel. M. Éric Coquerel. Nous faisons bien de vous reposer cette question, car vos réponses ne sont jamais tout à fait les mêmes. (Protestations sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.) Vous dites qu’il appartiendra à ces caisses de décider si elles puisent ou non dans leurs fonds de réserve. M. Rémy Rebeyrotte. C’est la lettre de la garde des sceaux ! M. Éric Coquerel. Si vous obligez les avocats, pour éviter le plan social qui s’annonce concernant notamment les moins fortunés d’entre eux, à puiser dans leur fonds de réserve… M. Alain Perea. C’est faux ! M. Éric Coquerel. …pour équilibrer la situation, vous n’en prenez certes pas la responsabilité, mais cela revient au même. M. Bruno Millienne. C’est un procès d’intention ! M. Éric
Coquerel. Ce fonds de réserve repose sur un principe très clair :
il permet, en fonction des aléas et de l’évolution du nombre d’avocats du fait
des nouveaux arrivants dans la profession, de compenser les coups
durs. M. Jean-René Cazeneuve. Ça y est ? C’est bon, on n’y revient plus ? M. Éric Coquerel. Respirez un bon coup, cher collègue, vous irez mieux ! (« C’est fait ! » sur les bancs du groupe LaREM.) Et demandez la parole si vous avez quelque chose à dire, argumentez, répondez ! M. le président. La parole est à M. Frédéric Petit. M. Frédéric Petit. Les avocats demeureront pleinement responsables de leur fonds de réserve. Je vous rappelle que nous avons adopté hier une disposition les autorisant à maintenir les principes et les méthodes de solidarité interne qu’ils appliquent déjà ! Autrement dit, la loi leur permettra de conserver leur système interne de compensation afin que la profession dispose d’un fonds de solidarité et qu’elle soit libre de faire ce qu’elle veut de ce qui lui appartient. C’est clair, net et précis. (Applaudissements sur les bancs des groupes MODEM et LaREM.) M. le président. La parole est à M. Boris Vallaud. M. Boris
Vallaud. En toute franchise, ça sent l’embrouille… Je relis la lettre de
la ministre(Exclamations sur les bancs du groupe MODEM) : le
financement de la solidarité « sera assuré par les droits de plaidoirie et
leur contribution équivalente » ; soit. Elle ajoute ceci :
« La CNBF pourra également utiliser les produits de ses réserves
financières. » Or le montant que rapporteront les droits de plaidoirie ne
fait pas la maille ! L’augmentation totale des cotisations, de l’ordre de
229 millions d’euros, sera nettement supérieure au produit des droits de
plaidoirie, qui devrait s’élever à 87,2 millions. Comment pallier la
différence ? En puisant dans les réserves. M. Jean-Paul Dufrègne. Eh oui ! Mme Catherine Fabre. Et la solidarité ? M. Boris Vallaud. En réalité, vous utilisez bien le fonds de réserve des avocats, même s’il reste à leur bénéfice. M. Frédéric Petit. Ils ont dix ans pour s’organiser ! M. le président. La parole est à M. Roland Lescure. M. Roland Lescure. Nous sommes le 27 février, il est quinze heures quinze, il nous reste 31 115 amendements à examiner et voilà onze jours que nous sommes ensemble. M. Jean-Paul Dufrègne. Nous avons entendu cela toute la matinée ! M. Thibault Bazin. C’est de l’obstruction ! M. Roland Lescure. Puisque ces amendements ont trait au champ d’application de la réforme, permettez-moi de revenir quelques instants sur le projet de nos collègues du groupe Les Républicains, que le président Éric Woerth a rapidement présenté ce matin. M. Thibault Bazin. Mais ce ne sont pas nos amendements ! M. Roland Lescure. Je lui reconnais volontiers clarté, rigueur et cohérence – contrairement à d’autres, qui nous proposent onze pages simplistes et confiscatoires. M. Alain Bruneel. Vous ne nous diviserez pas ! M. Roland
Lescure. Votre projet, chers collègues du groupe Les Républicains, est
simple : au fond, c’est le nôtre, mais au rabais.
(« Non ! » sur les
bancs du groupe LR.) Si j’ai bien entendu, vous proposez un système
universel par points et une retraite minimum ; pour le reste, vous
souhaitez préserver les caisses autonomes. En bon français et sans pudeur, vous
introduisez des fonds de pension à la française. Ce faisant, vous allez à
l’encontre de l’objectif de solidarité que nous partageons tous, y compris pour
les petits avocats ou encore les danseurs d’opéra qui ne sont pas à l’Opéra de
Paris et sont sans projet précis. Au fond, le régime que vous prônez est très
proche d’un régime que je connais bien, le régime canadien, et repose sur la
combinaison de fonds de pension à la française, d’un régime par capitalisation
et d’un régime minimum ; voilà ce qui vous convient. M. Stéphane Viry. Nous essayons ! M. Roland Lescure. Je suis certain qu’ainsi, nous parviendrons à progresser ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM.) M. le président. Sans transition, la parole est au président Éric Woerth. M. Éric Woerth. Votre découverte est bien tardive, monsieur le président Lescure ! M. Patrick Hetzel. Excellent ! M. Éric Woerth. Nous avons présenté notre proposition dès le mois de janvier, peut-être même à la fin décembre : ce n’est pas tout récent, mais il faut du temps pour qu’il infuse. Vous n’en avez manifestement pas encore tout compris ; lorsqu’il aura infusé davantage, vous aurez une vision réaliste de notre projet qui, tout simplement, est plus clair et plus compréhensible. M. Sacha Houlié. Et égalitaire ? M. Éric
Woerth. La loi ne saurait être illisible ; si elle l’est, ce n’est
plus la loi. Il serait problématique que les Français ne comprennent pas
l’intention du législateur. Interrogez les gens dans vos circonscriptions :
vous ne trouverez personne pour expliquer un tant soit peu ce dont il s’agit
– c’est impossible. Quant aux éléments de langage – nous en avons
tous – sur le caractère plus juste et plus universel du projet, ils ne sont
avérés nulle part. Les périodes de transition s’étalent sur vingt, trente, voire
cinquante ans – c’est-à-dire sur cinq, six, sept ou huit
quinquennats ! Comment voulez-vous garantir quoi que ce soit aux Français
dans ces conditions ? Nous sommes plus clairs. M. Patrick Hetzel. Très bien ! M. le président. La parole est à M. Alain Bruneel. M. Alain Bruneel. M. Lescure, arrivé en début d’après-midi, reprend les mêmes phrases que ses collègues ce matin. (Exclamations sur les bancs du groupe LaREM.) M. Patrick Mignola. Ce n’est pas à vous que ça arriverait… M. Alain Bruneel. Nous avons examiné x amendements, nous dit-il, mais je lui rappelle que nous sommes dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale et que si nous ne sommes pas tous d’accord, chacun a le droit de s’exprimer. Mme Brigitte Bourguignon, présidente de la commission spéciale. En effet, et comme il le souhaite ! M. Rémy Rebeyrotte. Oui, monsieur Lescure a le droit de dire ce qu’il veut ! M. Patrick Mignola. Seule l’opposition a le droit de se répéter ! M. Alain Bruneel. S’agissant des avocats, je ne comprends pas : comme on l’a dit maintes fois, ils ont une caisse autonome et reversent une partie de leurs fonds au régime général. D’autre part, vous affirmez que leur nombre va décroître – ce que l’on ne saurait deviner, même si des enquêtes existent sur le sujet. Il y a néanmoins un paradoxe : la population augmente – nous sommes 7,7 milliards aujourd’hui mais nous serons 10 milliards en 2050 – et avec elle, le nombre de personnes qui auront besoin de recourir aux services d’avocats. Je regrette, mais il est contradictoire de prétendre que le nombre d’avocats diminuera alors que la population, elle, augmentera ! (M. Stéphane Peu applaudit.) M. le président. La parole est à M. Sacha Houlié. M. Sacha
Houlié. Nous avons beaucoup parlé des avocats ; permettez-moi un
mot en tant que membre de la profession. Les avocats – ils le disent
eux-mêmes – vivent un malaise qui n’est pas dû à la réforme des retraites.
(Exclamations sur les bancs du groupe LR.) Il découle de l’antécédent de
la réforme de la carte judiciaire de 2009 – vous pouvez, chers collègues
qui siégez à la droite de l’hémicycle, en assumer la responsabilité – et de
la manière dont on a longtemps laissé traîner la question de l’aide
juridictionnelle, que nous traitons. M. Boris Vallaud. Bienvenue dans la justice automatique ! M. Sacha Houlié. Ceux-ci vont, comme les infirmiers, se spécialiser dans l’accompagnement de cas typiques où leur intervention demeurera essentielle sans qu’il soit nécessaire de maintenir leur nombre actuel, étant entendu qu’en outre, le ratio entre le nombre de pensionnés et le nombre de cotisants connaîtra une forte hausse. C’est pourquoi la profession s’est elle-même adaptée en augmentant ses cotisations et en prévoyant le rythme de transition. De même, c’est pour eux que nous prenons ces dispositions dans la réforme, en cohérence avec les décisions de la CNBF. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM.) M. le président. La parole est à Mme Marie-Christine Dalloz. Mme
Marie-Christine Dalloz. Selon l’argumentation du président Lescure, le
groupe Les Républicains ferait la promotion des fonds de pension à la
française ; c’est faux. Démontrez-nous la moindre intention, dans notre
projet, d’adopter ce type de mécanisme ! Que ce soit clair : nous
sommes foncièrement – je dirais même idéologiquement, structurellement,
génétiquement – favorables à la répartition. Il n’y a aucune ambiguïté à ce
sujet, monsieur Lescure, et notre projet de réforme des retraites ne va pas du
tout dans ce sens. M. Patrick Hetzel. Très bien ! M. le président. La parole est à Mme Caroline Fiat. Mme Caroline Fiat. Il vient de nous être dit que le nombre d’avocats baisserait mécaniquement car, les algorithmes permettant d’accélérer le traitement des dossiers, leur présence serait moins nécessaire. M. Sacha Houlié. Pour le contentieux de masse, oui. Mme Caroline Fiat. Cette évolution a été comparée à celle des infirmiers. M. Sacha Houlié. Mais non, c’est tout l’inverse ! Mme Caroline Fiat. Il a été envisagé de faire autant avec moins d’infirmiers ; on en voit le résultat – c’est la crise que traversent les hôpitaux. Aujourd’hui, on se fonde sur ce précédent pour se réjouir de pouvoir à l’avenir faire autant avec moins d’avocats,… M. Erwan Balanant. Ce n’est pas du tout ce que M. Houlié a dit ! Mme
Caroline Fiat. …mais je peux d’ores et déjà vous annoncer le résultat,
qui est bien connu puisqu’il sera identique à la crise actuelle du système
hospitalier ! On a tant misé sur la capacité à faire autant avec moins
d’infirmiers qu’on est allé droit dans le mur. Je vous en prie, ne faites pas le
même pari s’agissant des avocats. Un peu de cohérence ! Ne misez pas sur
les algorithmes : ils ne fonctionnent pas. M. Éric Coquerel. Très bien ! M. le président. La parole est à M. Jean-Paul Dufrègne. M. Jean-Paul Dufrègne. M. Lescure a mis en avant deux autres projets : celui du groupe Les Républicains, dont il a invité les membres à rejoindre la majorité, et un autre qu’il a balayé d’un revers de manche en évoquant ses onze pages « confiscatoires »,… M. Roland Lescure. Parce que c’est vrai ! M.
Jean-Paul Dufrègne. …comme si cette notion était taboue et à proscrire.
Vous ne cessez de nous rappeler que la société a changé, et nous ne vous avons
pas attendus pour le constate. Il faut assurément envisager d’autres sources de
financement, et j’espère que la conférence de financement le fera. Il faut
partager le progrès, partager la richesse produite dans les entreprises et par
les autres moyens qu’offre la société. Notre collègue Houlié a annoncé la baisse
du nombre d’avocats grâce aux algorithmes et à la robotique. Cela n’empêchera
pas notre pays de produire autant de richesses, voire plus ! Nous devons
changer de paradigme pour adapter la société aux réalités de
demain. M. le président. La parole est à M. Erwan Balanant. M. Erwan Balanant. Nous parlons décidément beaucoup des avocats. M. Patrick Hetzel. C’est un sujet important ! M. Erwan Balanant. Oui, comme beaucoup d’autres, comme celui des artisans, des commerçants, des ouvriers, des agriculteurs, des pêcheurs. Mme Marie-Christine Dalloz. Nous en avons parlé ce matin ! M. Erwan Balanant. Tous ces sujets sont importants, et j’ai beaucoup d’estime pour les avocats,… M. Thibault Bazin. Montrez-le leur ! M. Erwan Balanant. …qui exercent une profession essentielle. M. Jean-Paul Dufrègne. Vous feriez un mauvais avocat ! M. Erwan
Balanant. Comme vous, j’ai récemment rencontré des avocats. Les
retraites sont un voile qui cache un malaise plus profond : oui, des sauts
technologiques induisent une transformation de la profession, même si je ne
crois pas beaucoup dans l’avènement d’une justice algorithmique et espère que
notre pays comptera encore longtemps beaucoup d’avocats. (Les amendements no 13682 et identiques ne sont pas adoptés.) M. le
président. Je suis saisi de deux amendements identiques,
nos 1487 et 3964. M. Thibault
Bazin. Il ne vise pas à supprimer un alinéa, mais à assurer la cohérence
entre l’alinéa 12 de l’article 4 et le titre 4 du livre 6 du
code de la sécurité sociale, « Assurance vieillesse et invalidité-décès des
professions libérales ». M. Patrick Hetzel. Très bien ! M. le président. La parole est à Mme Emmanuelle Ménard, pour soutenir l’amendement no 3964. Mme
Emmanuelle Ménard. Dans notre énumération, nous avons veillé à n’oublier
aucune profession. Mon collègue Thibault Bazin a évoqué des professions du
secteur médical ; pour compléter, je tiens à citer les notaires, les
huissiers de justice, les commissaires-priseurs, les experts-comptables, mais
également les professions liées à l’architecture, les artistes non mentionnés à
l’article L. 382-1 du code de la sécurité sociale et les guides
conférenciers, les vétérinaires, les moniteurs de ski, ainsi que les guides de
haute montagne et les accompagnateurs de moyenne montagne, que l’on oublie trop
souvent. M. le président. Quel est l’avis de la commission ? M.
Guillaume Gouffier-Cha, rapporteur général. Par ces amendements,
vous voulez énumérer les professions libérales qui continueront à relever de
leur caisse pour la couverture du risque invalidité-décès. Vous voulez éviter
que certaines catégories ne soient oubliées ; rassurez-vous, nous n’en
oublierons aucune ! En réalité, les amendements n’apportent aucune
clarification par rapport au droit existant, car la rédaction actuelle de
l’alinéa 12 conserve la référence aux huit groupes de professions libérales
que vous citez et dont l’article L. 640-1 du code de la sécurité
sociale dresse la liste. L’alinéa 12 complète cet article, mais ne le
modifie pas. M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ? M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. Madame Ménard, je relisais avec
attention votre amendement, en même temps que j’écoutais le rapporteur général,
pour vérifier que nous n’avions oublié personne. J’ai répondu à
Mme Anthoine à ce sujet ce matin, en lui rappelant que les dispositifs de
prévoyance qui existent au sein des professions libérales, concernant notamment
l’invalidité et le décès, continueraient de fonctionner comme aujourd’hui. De ce
point de vue, la rédaction actuelle de l’alinéa 12 est bonne et satisfait
votre demande. M. le président. Êtes-vous rassuré, monsieur Bazin ? M. Thibault Bazin. Oui, du moins pour la partie que nous avions déjà évoquée en commission spéciale. Néanmoins, je continue de cheminer… M. Jean-René Cazeneuve. C’est bien ! M. Thibault
Bazin. C’est un sujet sérieux, monsieur Cazeneuve. Je persiste à me
poser la question des modalités : les caisses autonomes perdurent, mais
leur mode de financement, par délégation et sous la forme de conventions
d’objectifs et de moyens, peut poser des problèmes à certaines d’entre elles,
notamment celles plus attractives que le régime général que votre réforme
imagine pour tout le monde. M. le président. La parole est à M. Patrick Mignola. M. Patrick Mignola. Ces amendements sont importants et constructifs, même si je suis en désaccord avec leur objet. Je vais être rapide pour ne pas retarder l’examen des amendements – je sais combien la présidence est attachée à l’objectif du 100 à l’heure. (Sourires.) M. Rémy Rebeyrotte. On en est loin ! M. Patrick
Mignola. Si les amendements étaient adoptés, et si les professions
énumérées devaient conserver un régime intégralement autonome, elles se
retrouveraient en grande difficulté, à cause de la démographie, d’une part, de
l’évolution de leur métier, d’autre part. M. Thibault Bazin. Les cotisations sont l’un de nos combats ! M. Patrick Mignola. Ils ne veulent surtout pas une autonomisation de leur régime, qui les contraindrait probablement à payer des cotisations supplémentaires. M. Roland Lescure. Exactement ! M. Patrick Mignola. Le groupe du Mouvement démocrate est donc très opposé à ces amendements. J’y reviendrai, le cas échéant, à propos du seuil de 1 PASS qu’a évoqué M. Bazin. Vous nous savez opposés à la capitalisation, mais rien n’empêchera ces professions de continuer à bénéficier des surcotisations régies par l’article 83 ou l’article 39 du code général des impôts. Il me semble que les auteurs des deux amendements font erreur. (Applaudissements sur les bancs du groupe MODEM, ainsi que sur plusieurs bancs du groupe LaREM. – Exclamations sur les bancs du groupe LR.) M. Roland Lescure. Bravo ! M. le président. La parole est à M. Éric Coquerel. M. Éric Coquerel. Le fait que nos collègues du groupe Les Républicains demandent des rectifications ou, du moins, des précisions confirme que vous transformez notre système de retraite en usine à gaz, chers collègues de la majorité. À ce sujet, je voudrais répondre à M. Lescure, qui, avec le mépris propre à certains marcheurs,… (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe LaREM.) M. Rémy Rebeyrotte. C’est insupportable ! M. Éric Coquerel. …a balayé d’un revers de main le document de trente-huit pages présentant notre contre-projet de réforme des retraites, ce qui a au moins ceci de sympathique que davantage de gens seront incités à le lire ! M. Philippe Gosselin. Toute publicité est proscrite dans l’hémicycle ! M. Éric Coquerel. À votre avis, pourquoi trente-huit pages suffisent-elles à présenter notre contre-projet ? Parce qu’il ne remet pas structurellement en cause, contrairement au vôtre, le système de retraite en vigueur. Mme Sophie Beaudouin-Hubiere. C’est un truc infaisable que vous proposez ! M. Éric
Coquerel. Le vôtre présente autant d’écueils et de trous qu’en imposent
vos tentatives de le rééquilibrer un tant soit peu en faveur des professions
auxquelles vous prenez beaucoup, au motif que vous estimez qu’elles doivent
être, comme les autres, régies par un système par points, lequel, en plus d’être
une terrible usine à gaz, masque un recul de l’âge de la retraite pour tout le
monde, un nivellement par le bas pour tout le monde, une baisse des pensions
pour tout le monde ! M. Roland Lescure. C’est ce qu’on appelle des éléments de langage ! M. Éric Coquerel. Je comprends pourquoi il vous en faut autant : c’est que votre projet de loi est incompréhensible et injuste ! Voilà la différence avec ceux qui pensent que nous pouvons peut-être conserver le système en vigueur, l’améliorer, certes, mais non pas casser ce qui a fonctionné depuis soixante-dix ans dans ce pays ! M. Alain Perea. Cela ne fonctionne pas ! M. le président. La parole est à M. Éric Woerth. M. Éric Woerth. J’aimerais interroger le président Mignola : si je comprends bien, il est impossible de raisonner par métier s’agissant des caisses de retraite autonomes, mais il est possible et même souhaitable de le faire s’agissant de la pénibilité. M. Erwan Balanant et M. Patrick Mignola. Oui, par branche ! M. Éric Woerth. Ainsi, il faut prendre les métiers en considération pour la pénibilité, mais, pour les caisses de retraite autonomes, surtout pas ! M. Roland Lescure. Exactement ! M. Éric Woerth. Il faudra que vous nous expliquiez la cohérence de vos positions, chers collègues de la majorité. Faire preuve d’un peu de cohérence de temps à autre ne vous nuirait pas. M. le président. La parole est à M. Régis Juanico. M. Régis Juanico. J’aimerais revenir sur les propos tenus tout à l’heure par notre collègue Sacha Houlié, qui nous a fait le coup de l’héritage. Il a dit, en substance, que, si les avocats sont massivement mobilisés contre votre projet de loi sur les retraites, chers collègues de la majorité, la faute en incombe à un effet retard des précédentes réformes, notamment celle de la carte judiciaire, remontant même à la réforme de 2009 – comme si les avocats se mobilisaient pour cela onze ans plus tard ! Mme Brigitte Bourguignon, présidente de la commission spéciale. Leurs difficultés durent depuis dix ans ! M. Erwan Balanant. Qu’avez-vous fait de 2012 à 2017 ? M. Régis Juanico. Chers collègues, y a-t-il déjà eu une mobilisation aussi importante des avocats ? Peut-on dire que celle-ci n’est pas sans précédent ? M. Erwan Balanant. Oui ! Il y a un effet retard ! M. Régis Juanico. Non ! Il est évident que la réforme des retraites fait office de catalyseur, et que les avocats sont confrontés à des difficultés catégorielles. M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Ah ! M. Régis Juanico. Toutefois, la mobilisation à laquelle nous assistons est massive, non seulement parmi les avocats, mais aussi dans de nombreuses catégories de population. Elle l’est dans les hôpitaux publics, depuis plus d’un an. Leurs personnels sont en grève, et 1 200 chefs de service ont démissionné de leurs fonctions administratives – quarante sur quatre-vingt au CHU de Saint-Étienne, par exemple. Mme Brigitte Bourguignon, présidente de la commission spéciale. C’est faux ! M. Régis Juanico. Cela aussi, c’est un héritage, peut-être ? M. Erwan Balanant. Oui ! M. Régis Juanico. Mais le coup de l’héritage, ça va bien six mois ou un an après avoir été élu – d’autres l’ont fait avant vous ! M. Erwan Balanant. Non, il faut bien dix ans pour rattraper ce qui a été fait ! M. Régis Juanico. Vous avez été élus il y a trois ans : assumez vos responsabilités ! C’est votre politique qui est en cause ! Dans deux ans, vous nous ferez encore le coup de l’héritage ? Espérons que non ! C’est bien des retraites qu’il s’agit, et aucune mobilisation des avocats n’a jamais été de telle ampleur que celle, historique, que suscite cette réforme. M. Patrick Hetzel. C’est incontestable ! M. Régis Juanico. Répondez-y ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC et sur plusieurs bancs du groupe GDR.) M. Thibault Bazin. Heureusement qu’à Saint-Étienne les poteaux ne sont pas carrés ! (Sourires.) M. le président. La parole est à M. Frédéric Petit. M. Frédéric Petit. J’aimerais revenir sur la comparaison entre le nombre de pages de notre projet et les onze pages du groupe La France insoumise…. M. Éric Coquerel. Trente-huit ! M. Jean-Paul Dufrègne. Onze, c’est le nôtre ! M. Frédéric
Petit. Trente-huit pages, admettons. Monsieur Coquerel, vous affirmez
que vous ne proposez pas un big bang du système de retraite, préférant
accompagner les gens. Dès lors, expliquez-nous comment vous comptez passer sans
transition, immédiatement et de façon autoritaire, à un régime permettant de
partir à la retraite à soixante ans, et à taux plein après quarante annuités de
cotisation, ce qui semble déjà difficile à mettre en œuvre. M. Éric Coquerel. Trente-huit ! M. Frédéric Petit. …assorties de vingt-sept pages de contextualisation. Vous nous accusez de soutenir un projet de loi injuste ; mais comment justifiez-vous que quelqu’un n’ayant pas travaillé – donc pas cotisé – jouisse des mêmes droits à la retraite et parte en même temps que quelqu’un ayant travaillé ? M. Bruno Millienne. Eh oui ! M. Frédéric Petit. Je ne suis pas certain qu’une telle disposition sera facile à faire accepter sur vos bancs, ni plus généralement de votre côté de l’hémicycle. M. Éric Coquerel. On va vous expliquer ! M. Bruno Millienne. Ce n’est pas ce que l’on appelle de la justice ! M. Philippe Gosselin. C’est de la provocation ! M. Bruno Millienne. Pas du tout ! Quand on débat projet contre projet, il faut des chiffres ! M. le président. La parole est à M. Roland Lescure. M. Roland
Lescure. Je comptais répondre à M. Coquerel, mais M. Petit
s’en est chargé avec succès. M. Philippe Gosselin. La maison brûle et vous regardez ailleurs ! M. Roland Lescure. …celle d’un système de retraite universel par points qui facilite les carrières multiples tout en reconnaissant la pénibilité des métiers, tant il est vrai qu’être avocat et guide de haute montagne, ce n’est pas la même chose. (M. Frédéric Petit applaudit.) M. le président. La parole est à M. Frédéric Descrozaille. M. Frédéric
Descrozaille. J’hésitais à intervenir, peu désireux que je suis de
participer à ce qui ressemble à une guerre d’usure ou à un marathon. Toutefois,
nous vivons parfois, dans cet hémicycle, des moments d’authenticité et de
sincérité qui sont de grands moments de démocratie, même s’ils sont émaillés
d’empoignades. Au demeurant, être en désaccord et confronter les opinions me
semble être, à certains égards, le signe d’une démocratie assez saine. M. Philippe Gosselin. Il faut beaucoup d’imagination ! M. Frédéric Descrozaille. …que nous souhaitons comme vous concourir au bien commun, … M. Philippe Gosselin. Il était une fois… M. Frédéric Descrozaille. …et que nous voulons nous mettre au service de l’intérêt général. M. Philippe Gosselin. On peut se tromper tout en étant sincère ! M. Erwan Balanant. C’est vrai ! M. Frédéric Descrozaille. Nous pensons sincèrement que la réforme proposée constitue une amélioration pour le pays, pour les générations futures. Nous pouvons nous tromper, et vous pouvez ne pas être d’accord avec nous, mais, de grâce, cessez de nous reprocher d’être cyniques et méprisants, cela devient fatigant. (Applaudissements sur de nombreux bancs des groupes LaREM et MODEM.) (Les amendements identiques nos 1487 et 3964 ne sont pas adoptés.) M. le
président. Je suis saisi d’une série de dix-sept amendements identiques.
Cette série comprend l’amendement no 24940, ainsi que l’amendement
no 26746 et quinze amendements identiques déposés par les
membres du groupe de la Gauche démocrate et républicaine. M. Alain David. Chers collègues de la majorité, avouez-le : votre réforme est d’une violence inouïe. Elle ne comporte ni étude d’impact sérieuse… Mme Nadia Hai. Tenez, la voilà ! (Mme Nadia Hai soupèse l’étude d’impact en la montrant.) M. Alain
David. …ni évaluations financières fiables, ce qui place le Parlement
dans une très grande difficulté, dès lors qu’il doit en apprécier la qualité et
mener ses travaux de façon raisonnable. M. Patrick Mignola. Vous n’êtes pas dans nos bureaux, alors du calme ! M. Alain David. Vous adoptez – et ils vous le reprochent – deux attitudes : dans vos circonscriptions,… Mme Isabelle Florennes. Vous avez la maîtrise de nos agendas ? M. Alain David. …vous dites que le projet de loi peut encore être amélioré, que tout cela est dans leur intérêt, que les négociations se poursuivent… M. Patrick Mignola. Devons-nous en conclure que vous nous espionnez jusque dans nos permanences ? M. Alain David. …tandis que, dans l’hémicycle, vous leur tapez dessus à bras raccourcis. Ils n’y comprennent plus rien ! À présent, ils sont dans la rue et manifestent contre le projet de loi. M. le
président. Sur les amendements no 26746 et identiques,
je suis saisi par le groupe de la Gauche démocrate et républicaine d’une demande
de scrutin public. M. Stéphane Peu. Monsieur le président, pour vous être agréable et accélérer les débats, je les défendrai en une fois. (Exclamations et applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LaREM et MODEM.) M. Roland Lescure. Quelle générosité ! M. Rémy Rebeyrotte. Après quoi il n’en restera plus que 31 000 ! M. Stéphane Peu. Merci, chers collègues. Il n’est pas si fréquent d’être applaudi ainsi ! M. le président. Monsieur Peu, mettons-nous bien d’accord sur la méthode : en réalité, vous n’avez pas le choix. (Rires et applaudissements sur divers bancs.) La conférence des présidents a clairement rappelé que, en application du nouveau règlement, les amendements identiques déposés par les membres d’un même groupe seront défendus par un seul orateur. M. Stéphane Peu. Franchement, monsieur le président, ce n’est pas sympa : vous gâchez le plaisir que j’éprouve à être ainsi applaudi sur les bancs de la majorité ! (Mêmes mouvements.) M. le président. J’en suis désolé, monsieur Peu ! Je suis certain que la majorité saura y remédier ! M. Stéphane
Peu. J’espère, monsieur le président ! M. Roland Lescure. Il est vrai que ce n’est pas votre genre ! M. Stéphane
Peu. Si on élabore un projet que l’on estime bénéfique et juste
– cela m’est arrivé à de nombreuses reprises dans le cadre de mes mandats
d’élu local – et qu’il s’avère que l’immense majorité des habitants du
quartier ou du secteur concerné y sont hostiles, tout maire, quel que soit son
bord politique, le retire et poursuit la concertation. C’est le B.A. BA de
l’expérience démocratique d’un élu républicain ! (Applaudissements sur
les bancs des groupes GDR et SOC.) Plusieurs députés du groupe LaREM. C’est faux ! M. Stéphane Peu. …et que, s’agissant des avocats, ce n’est pas la majorité mais quasiment la totalité d’entre eux qui y est opposée – je rappelle que 100 % des barreaux sont en grève –,… (Protestations sur les bancs du groupe LaREM.) Mme Caroline Abadie. C’est faux ! M. Stéphane
Peu. …la moindre des choses est de remettre l’ouvrage sur le métier, de
poursuivre les concertations et de retirer le projet de loi en
attendant. M. Alain Bruneel. Oui ! M. Stéphane Peu. Ainsi, nous connaîtrons directement l’opinion des Français sur un projet de loi qui ne figurait pas dans votre programme législatif, ni dans le programme présidentiel. M. Bruno Millienne. Mais si ! M. Stéphane Peu. Par ces amendements, nous proposons – c’est un minimum – d’accéder à la demande unanime des avocats de supprimer les dispositions de la réforme qui les concernent. (M. Alain Bruneel applaudit.) M. le président. Quel est l’avis de la commission sur ces amendements ? M. Guillaume Gouffier-Cha, rapporteur général. Bravo à notre collègue Stéphane Peu pour cette performance ! En revanche, je crains que ma réponse ne vous déçoive, cher collègue. M. Jean-Paul Dufrègne. Ce serait bien la première fois… M.
Guillaume Gouffier-Cha, rapporteur général. Si tel est le cas, ce
ne sera pas faute de l’avoir détaillée à de multiples reprises depuis
l’ouverture de nos débats. M. Thibault Bazin. Après les municipales ! M. Guillaume Gouffier-Cha, rapporteur général. Comme nous l’avons dit hier, le système universel de retraite ne remet en aucune manière en cause l’indépendance de la profession d’avocat. M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ? M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Même avis. M. le président. La parole est à M. Stéphane Viry. M. Stéphane Viry. Vous tenez, monsieur le président, un rythme de 100 amendements à l’heure, qui apporte de la fluidité… M. Rémy Rebeyrotte. On en est loin ! M. Stéphane Viry. C’est ce qui se passe depuis hier soir. À ce rythme et compte tenu du volume initial d’amendements, il nous faudrait quarante-quatre jours de débats, soit environ deux mois, ce qui me semble un délai raisonnable et responsable pour un texte de cette nature. M. Jean-Paul Dufrègne. Tout à fait ! M. Stéphane
Viry. Les amendements identiques me donnent l’occasion de répondre à la
remarque de M. Mignola sur les travailleurs indépendants et les professions
libérales. La majorité semble s’en remettre à une vision malthusienne :
avec le temps et la baisse programmée du nombre d’avocats, et peut-être d’autres
professions indépendantes, les problèmes se résoudraient d’eux-mêmes. Nous, nous
ne sommes pas adeptes du malthusianisme. Jamais, dans notre pays, cette théorie
économique n’a apporté de valeur ajoutée ; jamais elle n’a été une source
de progrès ni de satisfaction intellectuelle. C’est un point de divergence
majeur entre nous. M. Jean-Jacques Bridey. C’est une impasse ! M. Stéphane
Viry. …mais il est certainement plus ambitieux et plus réaliste que le
vôtre. Plus ambitieux, car il n’est pas équivoque s’agissant des mesures
d’âge : nous disons clairement les choses, car nous voulons assurer le
financement du système et, par là, sa pérennité, pour que l’argent ainsi produit
puisse être redistribué afin de corriger des inégalités. Voilà notre
ambition ! Ce n’est peut-être pas de l’audace, mais c’est éminemment
ambitieux. M. Roland Lescure. J’espère qu’on y arrivera ! M. le président. Puisque je suis interpellé pour la seconde fois sur le rythme de nos débats, voici les faits : depuis 15 heures, nous avons examiné 81 amendements,… M. Philippe Gosselin. Il ne faut pas dépasser les 80 à l’heure ! M. le
président. …uniquement grâce à la décision de la conférence des
présidents d’autoriser un seul orateur par groupe sur les articles. Dans le cas
contraire, nous serions à 11 amendements à l’heure. M. Rémy Rebeyrotte. Pour répondre à M. Peu, dans les conseils municipaux, la majorité présente des projets qui ne font pas toujours l’unanimité, qui ne sont pas toujours populaires, mais qui servent l’intérêt commun. M. Erwan Balanant. Exactement ! M. Rémy Rebeyrotte. Je n’ai jamais vu, face à cela, une opposition poser 40 000 questions diverses. (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe LaREM. – Exclamations sur les bancs du groupe LR.) Les oppositions posent des questions, ce qui est normal, mais il se passe rien de ce à quoi nous assistons ici :… M. Stéphane Peu. Alors c’est que vous n’avez pas face à vous une vraie opposition ! M. Rémy
Rebeyrotte. …de l’obstruction organisée. M. Jean-Paul Dufrègne. Non ! M. Rémy Rebeyrotte. …pour qu’enfin le débat puisse avoir lieu normalement, à un rythme convenable et raisonnable. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM.) M. Stéphane Peu. Je parlais des Français qui ne sont pas d’accord ! M. le président. La parole est à M. Erwan Balanant. M. Erwan Balanant. Tout à l’heure, il a été question de notre mauvais projet de réforme des retraites, comparé aux quinze pages du contre-projet de La France insoumise. M. Adrien Quatennens. Trente-huit pages ! M. Erwan
Balanant. Mais seulement quinze pages de propositions, même s’il est
important de les replacer dans leur contexte. M. Philippe Gosselin. Bravo ! Un député du groupe LR. Vous n’avez pas redoublé ? M. Erwan Balanant. Non, j’ai fait des études. M. le président. Les sifflets sont vraiment superflus ! M. Erwan Balanant. Vous fixez à quarante le nombre d’annuités. Cela signifie-t-il que je pars à la retraite à 68 ans ou à 60 ans, l’âge légal à taux plein dans votre projet ? Si je pars à 60 ans, j’aurai donc travaillé trente-deux ans, après avoir eu la chance de faire des études que mes parents auront peut-être financées – en l’occurrence, je les ai financées en partie par mon travail. L’ouvrier, ou le boucher, ou la coiffeuse qui aura commencé à travailler à 20 ans– je prends cet âge moyen plutôt que celui de 16 ans, même si cela arrive de débuter à cet âge-là –… M. Jean-Paul Dufrègne. Ils sont en apprentissage ! M. Erwan Balanant. …partira aussi à 60 ans. Je suis désolé, mais l’ouvrier aura travaillé quarante ans et celui qui aura fait des études et peut-être bien moins souffert de la pénibilité, trente-deux ans. M. Jean-Paul Dufrègne. Et l’espérance de vie ! M. Erwan Balanant. Expliquez-moi la cohérence de votre système. Voilà où cela mène de bâtir un système de retraite en quinze pages : cela ne fonctionne pas. (Claquements de pupitres sur les bancs du groupe LR.) M. le président. Je vais vous demander de conclure, monsieur Balanant. M. Erwan Balanant. Mesdames, messieurs les insoumis, vous venez d’inventer la « retraite Tanguy », pour ceux qui ont une bonne situation et dont la retraite sera payée par les ouvriers. (Applaudissements sur les bancs du groupe MODEM et sur plusieurs bancs du groupe LaREM.) M. Jean-Paul Dufrègne. Le phénomène existe déjà, et vous l’aggravez ! M. le président. La parole est à M. Éric Woerth. M. Éric
Woerth. Monsieur Rebeyrotte, personne ici n’a le monopole de l’intérêt
général. (Applaudissements sur les bancs du groupe LR.) M. Rémy Rebeyrotte. Oui ! M. Éric Woerth. Le projet du groupe Les Républicains présente exactement les mêmes caractéristiques. Nous le proposons parce que nous pensons qu’il correspond à l’intérêt général. M. Rémy Rebeyrotte. Oui ! M. Éric Woerth. Ces projets donnent lieu à des confrontations dans l’hémicycle, mais personne n’a le monopole de l’intérêt général. M. Rémy Rebeyrotte. C’est projet contre projet ! M. Éric Woerth. Ensuite, vous dites que votre projet est audacieux. C’est vrai : il est très audacieux de présenter un projet non financé ! (Sourires et applaudissements sur les bancs du groupe LR.) M. Damien Abad. On est à la marge de l’irresponsabilité ! M. le président. La parole est à M. Boris Vallaud. M. Boris
Vallaud. La question de M. Balanant est tout à fait intéressante et
fondée, mais je demande s’il a bien lu le projet de réforme qu’il
défend. M. Bruno Millienne. Vous oubliez la pénibilité ! M. Boris Vallaud. C’est la preuve que votre réforme est très défavorable à ceux qui commencent leur carrière le plus tôt. (Applaudissements sur les bancs des groupes SOC et GDR ainsi que sur les bancs du groupe LR.) M. Erwan Balanant. Il y a des mesures pour équilibrer cela ! M. le président. La parole est à M. Éric Coquerel. M. Éric Coquerel. Je vous remercie d’avoir lu notre contre-projet ; mais, manifestement, trente-huit pages, c’est trop, car vous n’avez pas bien lu. Ce n’est pas très grave, c’est une habitude. M. Erwan Balanant. Je vous ai parlé gentiment, de manière très respectueuse, monsieur Coquerel. M. Éric
Coquerel. Nous revendiquons, en effet, le retour à la retraite à
60 ans, instaurée dans notre pays à une époque où celui-ci était infiniment
moins riche qu’aujourd’hui. À l’époque, le nombre d’années de cotisations était
fixé à trente-sept et demie. Nous avons hésité à revenir à cette borne, mais
nous avons préféré retenir celle de quarante annuités, en tenant compte pour la
validation de trimestres des années en tant qu’allocataire du RSA et des années
de formation. M. le président. La parole est à M. Alain Bruneel. M. Alain Bruneel. Notre collègue ne cesse de nous accuser de faire de l’obstruction. M. Rémy Rebeyrotte. Oui ! M. Alain
Bruneel. Mardi, nous avons défendu, en une seule intervention, quarante
amendements qui n’étaient pas identiques. Nous l’avons fait de nouveau depuis.
Nous sommes animés d’un état d’esprit constructif. M. le président. La parole est à Mme Cendra Motin. Mme Cendra Motin. Je m’éloigne sans doute du sujet des amendements qui nous occupent, mais je ne peux pas résister à la tentation de commenter le contre-projet de La France insoumise,… M. Éric Coquerel. Eh bien voilà ! Mme Cendra
Motin. …auquel on pourrait donner pour sous-titre « La finance
magique ». M. Adrien Quatennens. Pouah, quelle horreur ! Mme Cendra
Motin. …et à tant d’autres en y consacrant 2 points de PIB
supplémentaires, mais, abracadabra, vous êtes partisans de la décroissance. Je
vous rassure, je ne fais pas de lapsus cette fois, c’est bien la décroissance
que vous prônez. M. le président. Je mets aux voix les amendements nos 26746 et identiques. (Il est procédé au scrutin.) M. le
président. Voici le résultat du
scrutin : (Les amendements no 26746 et identiques ne sont pas adoptés.) M. le
président. Je suis saisi d’un amendement no 13699 et de
seize amendements identiquesdéposés par le groupe La France
insoumise. M. Adrien
Quatennens. Je suis ravi qu’à l’occasion de la discussion de ces
amendements, nous ayons l’occasion de parler du projet de La France insoumise.
Avoir réussi, en l’espace de dix jours de débats, à faire en sorte que nous
parlions presque exclusivement de notre projet représente pour nous une
victoire ! (Protestations sur les bancs du groupe LaREM.) Mme Nicole Trisse. Et les amendements ? M. Adrien
Quatennens. …il apparaît plus clair, plus réaliste et, sans aucun doute,
plus sérieux, étant donné que, contrairement au vôtre, il est financé. (Mêmes
mouvements.) M. Julien Borowczyk. Vous voulez une baisse du PIB ! M. Adrien
Quatennens. Je vous ai dit hier soir que vous invoquiez régulièrement
vos enfants dans l’hémicycle pour souligner que vous souhaitez vous montrer
responsables en ne leur laissant ni dette et ni déficit. Dans ce cas, il
faudrait commencer par ne pas en construire de toutes pièces par vos politiques
fiscales et sociales. Quant à la dette écologique, vous n’en faites
rien ! Mme Cendra Motin. Rappelez-vous le petit pin’s ! M. le président. Il faut conclure, monsieur Quatennens. M. Adrien Quatennens. Comme je ne disposais que de deux minutes de temps de parole, je vous déclinerai le reste de notre programme plus tard. M. Roland Lescure. Nous sommes impatients ! M. Philippe Gosselin. Il fait du teasing ! La suite au prochain épisode ! Mme Cendra Motin. Dommage que tout cela n’ait rien à voir avec les amendements ! M. le président. En attendant, quel est l’avis de la commission sur les amendements ? M.
Guillaume Gouffier-Cha, rapporteur général. J’avoue que je n’y
comprends plus rien. Monsieur Quatennens, vous nous parlez des avocats pendant
des heures et quand nous en arrivons aux alinéas qui les concernent, vous nous
parlez de tout autre chose. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM
et MODEM.) M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ? M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Même avis. M. le président. La parole est à Mme Caroline Fiat. Mme Caroline Fiat. Je remercie M. le rapporteur général d’avoir remarqué que ses collègues de la majorité avaient totalement vrillé en passant du projet de loi de la majorité au contre-projet de La France insoumise. C’est bien d’avoir rappelé à la majorité qu’il fallait rester dans le sujet… Plusieurs députés du groupe LaREM. C’est le contraire ! Mme Caroline Fiat. Mes collègues vous ont répondu, mais c’est bien vous qui avez commencé à discuter de notre projet ; nous pourrons regarder la vidéo pour le vérifier. Cessez donc de discuter nos contre-propositions, même si elles vous plaisent, visiblement ! Si vous en avez véritablement envie, invitez le Gouvernement, comme je vous l’ai déjà suggéré, à inscrire notre projet à l’ordre du jour. Nous nous ferons un plaisir de répondre à vos questions, vous pourrez déposer des amendements, mais, pour l’heure, nous examinons votre copie, pas la nôtre. Respectez au moins l’ordre du jour que fixe votre Gouvernement ! Rappels au règlementM. le président. La parole est à Mme Emmanuelle Ménard, pour un rappel au règlement. Mme
Emmanuelle Ménard. Il se fonde, monsieur le président, sur
l’article 100, alinéa 2. M. Éric Coquerel. C’est sûr que ce n’est pas Marine Le Pen qui joue au ping-pong : pour ça, il faudrait qu’elle soit là ! Mme Emmanuelle Ménard. Une fois n’est pas coutume, je suis d’accord avec ce que vient de dire Mme Fiat : nous avons à discuter du projet de loi soutenu par la majorité, pas de celui de La France insoumise. C’est sur ce projet de loi que j’ai des propositions à formuler et des amendements à soutenir. Je souhaiterais donc que nous nous y tenions, que la majorité cesse ses digressions perpétuelles et, j’ose le dire, son obstruction à nos débats en invoquant sans arrêt le projet de La France insoumise, qui n’est pas à l’ordre du jour. (Exclamations sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.) M. Rémy Rebeyrotte. Très drôle ! M. Philippe Gosselin. Ce n’est pas faux ! M. Jean-Paul Dufrègne. Ce n’est pas Marine Le Pen qui fait de l’obstruction, c’est sûr ! Mme Emmanuelle Ménard. Puisque nous souhaitons tous aller de l’avant et nous montrer constructifs – ce que vous nous demandez depuis des jours –, continuons, par pitié, d’avoir un débat sur le fond et non pas sur le projet de La France insoumise. M. Rémy Rebeyrotte. C’est la synthèse des extrêmes ! M. le président. La parole est à Mme Catherine Fabre, pour un rappel au règlement. Mme
Catherine Fabre. Il se fonde, monsieur le président, sur le même
article 100 de notre règlement. M. Thibault Bazin. Il est temps, depuis dix jours ! M. Maxime Minot. Arrêtez de ralentir les débats ! Mme Catherine Fabre. S’agissant des avocats, alors que nous en venons aux dispositions qui les concernent, vous n’en parlez plus au moment de défendre vos amendements. Tous les éléments précis à leur sujet figurent plus loin dans le projet de loi, donc, par pitié, chers collègues, si vous souhaitez débattre, retirez vos amendements identiques qui nous bloquent aux premiers articles du texte, ceux consacrés aux principes généraux et au périmètre de la réforme. Venons-en au détail des dispositifs : nous n’attendons que ça ! Il est encore temps de retirer vos amendements identiques et de progresser enfin, à un bon rythme, dans la discussion de l’ensemble des articles. M. Philippe Gosselin. Quatre-vingts à l’heure, ce n’est pas mal ! On frise l’excès de vitesse ! M. le président. La parole est à M. Éric Coquerel, pour un rappel au règlement – sur quel fondement, mon cher collègue ? M. Éric Coquerel. Je me disais qu’il n’y avait pas eu d’intervention de ce type depuis longtemps… M. le président. Prenons l’habitude de donner le fondement des rappels au règlement, je vous prie. M. Éric
Coquerel. Le mien se fonde, monsieur le président, sur
l’article 100, relatif à la bonne tenue des débats. M. Rémy Rebeyrotte. Il y en a 42 000 ! M. Roland Lescure. Retirez-les donc ! M. Éric Coquerel. Ne laissez pas croire que lorsque l’on en vient tout à coup à dix-sept amendements signés par chaque député d’un groupe, ils seront tous soutenus : ce n’est pas de cette manière que les choses se passent. (Protestations sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.) M. Rémy Rebeyrotte. C’est pourtant vrai ! M. Éric Coquerel. Ils ne sont défendus qu’une fois, puis le président de séance propose à un ou deux députés par groupe de s’exprimer, et enfin nous passons au vote. Cessez donc de faire croire qu’il reste quelque 30 000 amendements.(Protestations sur les bancs du groupe LaREM.) M. Rémy Rebeyrotte. Mais c’est vrai ! (M. Rémy Rebeyrotte montre sa tablette.) M. Éric
Coquerel. Le groupe La France insoumise n’en a soutenu que 1 300
depuis le début. M. Pascal Bois. Ils suivent aussi ce que vous faites ! M. Éric Coquerel. Vous essayez de les convaincre, comme M. Le Gendre ce matin, qu’il devient urgent d’utiliser l’article 49, alinéa 3, de la Constitution, pour vous justifier par avance de le faire lorsque vous aurez estimé que l’obstruction suffit ! Vous m’obligez à vous répondre pour rétablir la vérité : cela nous oblige à utiliser quatre minutes de temps de parole pour rien. (Mêmes mouvements.) M. Rémy Rebeyrotte. Et les 300 000 sous-amendements ? Retirez-les s’ils ne servent à rien ! M. Patrick Hetzel. La majorité a ses propres pompiers pyromanes… M. le président. Je vous invite, chers collègues, à relire l’article 54, alinéa 6 du règlement, qui me paraît constituer un meilleur fondement aux rappels au règlement qui viennent d’être faits. Article 4 (suite)M. le président. Je mets aux voix les amendements no 13699 et identiques. (Il est procédé au scrutin.) M. le
président. Voici le résultat du
scrutin : (Les amendements no 13699 et identiques ne sont pas adoptés.) M. le
président. Je suis saisi de l’amendement no 13716 et de
seize amendements identiques déposés par les membres du groupe La France
insoumise. Mme Nadia Essayan. Nous voilà rassurés ! M. Cyrille Isaac-Sibille. C’est sûrement pour la bonne compréhension des débats ! M. le président. La parole est à M. Éric Coquerel, pour soutenir ces amendements. M. Éric
Coquerel. Je défendrai en même temps la série d’amendements
no 10731 et identiques. M. Bruno Millienne. Encore ? M. Éric
Coquerel. …concernés par l’alinéa en discussion et dont le traitement me
paraît tout à fait révélateur de l’ensemble de votre projet de loi, vous vous
employez à faire disparaître un régime qui fonctionne et qui génère
80 millions d’euros d’excédents par an – lesquels sont reversés au
régime général –, au profit d’une usine à gaz qui pénalisera une grande
partie de la profession. Je rappelle que vous proposez de multiplier par deux
les cotisations retraite sur les revenus allant jusqu’à 40 000 euros.
Cette mesure touchera donc les avocats les plus fragiles, notamment ceux qui
assurent l’aide juridictionnelle ; cela concerne 70 % des avocats dans
mon département de Seine-Saint-Denis. Cette situation est problématique non
seulement pour le métier d’avocat, mais aussi pour les personnes qui y
recourent. M. Jean-René Cazeneuve. C’est faux ! M. Éric Coquerel. Mais si, chers collègues. J’ai même entendu Sacha Houlié nous expliquer tout à l’heure qu’il pouvait y avoir une justice algorithmique, de sorte que nous aurions moins besoin d’avocats à l’avenir – M. Le Maire l’a également dit. Mme Nadia Hai. M. Houlié est lui-même avocat ! M. Éric Coquerel. Cela me fait penser au numerus clausus, dont personne ne voulait plus, vous les premiers, et que vous supprimez, car notre pays ne compte pas assez de médecins. S’il y a moins d’avocats, savez-vous qui en paiera les conséquences ? La justice ! Mme Nadia Essayan. Fake news ! M. le président. La parole est à M. Alain Bruneel, pour soutenir l’amendement no 30983 et les quinze amendements identiques déposés par le groupe de la Gauche démocrate et républicaine. M. Alain
Bruneel. Je souhaite à nouveau évoquer les barreaux français, qui
contestent depuis plusieurs semaines votre réforme pour ses conséquences
néfastes, en particulier pour les petits cabinets. En voici quelques
témoignages. M. le président. Quel est l’avis de la commission sur ces amendements ? M. Guillaume Gouffier-Cha, rapporteur général. Même avis défavorable que sur les amendements précédents, dont la visée était comparable. M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ? M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Même avis. M. le président. La parole est à M. Adrien Quatennens. M. Adrien
Quatennens. Monsieur le rapporteur, monsieur le secrétaire d’État, je
souhaite vous alerter sur le caractère extrêmement grave de ce qui se
prépare. M. Bruno Millienne. Comment peut-on sortir des conneries pareilles ? C’est hallucinant ! M. Adrien Quatennens. Vous allez le faire en particulier dans les territoires où les gens sont extrêmement dépendants de l’aide juridictionnelle. Voilà ce qui va se passer. M. Bruno Millienne. Vous n’avez peur de rien, monsieur Quatennens ! Ça ose tout ! M. Adrien
Quatennens. Plus que jamais, nous aurons une justice à deux
vitesses : des cabinets d’avocats d’affaires pour ceux qui ont les moyens,
un barreau pour les pauvres gens. Voilà ce que vous préparez, en creux, avec
cette réforme des retraites, au-delà même de la question du régime des
avocats. M. Rémy Rebeyrotte. Les régimes spéciaux ! M. Adrien Quatennens. Je répète ce que j’ai dit hier, une personne qui, pour tout vous dire, ne faisait à mon avis pas partie de l’électorat insoumis en 2017 nous a clairement affirmé que, de son point de vue, rien ne serait plus jamais comme avant après cette réforme des retraites, quelle qu’en soit l’issue. Voilà ce que dit une partie de votre propre électorat, souvent et régulièrement, s’agissant du sort qui est réservé aux avocats. M. Cyrille Isaac-Sibille. Je vais voter insoumis ! M. Bruno Millienne. Heureusement que cette personne n’a pas lu la rubrique 31 de votre programme ! M. Adrien Quatennens. Très franchement, quand des professionnels aussi dévoués et aussi attachés à leur métier en sont à jeter leur robe au pied de leur ministre de tutelle,… M. Jean-René Cazeneuve. Tous les Français sont comme ça ! M. Adrien Quatennens. …cela signifie qu’il y a un vrai ras-le-bol. Or vous refusez obstinément de l’entendre. M. le président. La parole est à Mme Marietta Karamanli. Mme
Marietta Karamanli. Je prends à mon tour la parole pour préciser que
nous avons tous reçu, tant à Paris que dans nos permanences, les avocats et les
bâtonniers. J’y insiste, même si cela énerve certains collègues qui ne veulent
plus écouter ce que tout le monde dit : pensé depuis très longtemps par la
profession, le régime de retraite autonome des avocats est équilibré, mais aussi
solidaire et pérenne. M. le président. La parole est à M. Cyrille Isaac-Sibille. M. Cyrille
Isaac-Sibille. Comme les professions médicales, les professions
juridiques peuvent être exercées en mode libéral ou en mode salarié. La tendance
actuelle, c’est que les médecins et les juristes sont de plus en plus attirés
par le mode salarié. Certaines entreprises préfèrent salarier des juristes ou
des avocats plutôt que de faire appel à des juristes ou des avocats exerçant en
libéral. Il nous revient dès lors de réfléchir à la meilleure manière de rendre
le statut libéral plus attractif, ce qui va bien au-delà du problème des
retraites. Mme Nadia Essayan. À l’extrême gauche ! M. Cyrille Isaac-Sibille. …on défend les professions libérales, et je serais ravi de vous voir vous associer à cette réflexion, monsieur Quatennens. (Applaudissements sur les bancs du groupe MODEM et sur quelques bancs du groupe LaREM.) M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques no 13716 et identiques. (Il est procédé au scrutin.) M. le
président. Voici le résultat du
scrutin : (Les amendements no 13716 et identiques ne sont pas adoptés.) M. le
président. Sur l’article 4, je suis saisi par le groupe La
République en marche, le groupe Les Républicains et le groupe de la Gauche
démocrate et républicaine d’une demande de scrutin public. M. Guillaume Gouffier-Cha, rapporteur général. Défavorable. M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ? M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Défavorable. M. Patrick Hetzel. Quelle surprise ! (Les amendements no 10731 et identiques ne sont pas adoptés.) M. le président. Je mets aux voix l’article 4. (Il est procédé au scrutin.) M. le
président. Voici le résultat du
scrutin : (L’article 4 est
adopté.) M. Patrick Hetzel. Les avocats vous remercient !
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