Système universel de retraite Art. 5 - Version analytique |
AN 1 - Débats 28 février 2020 : 2ème séance du 27 |
Article 5M. le président. La parole est à Mme Hélène Vainqueur-Christophe. Mme Hélène
Vainqueur-Christophe. J’interviens pour la première fois sur ce texte
avec l’espoir que nous obtiendrons enfin des réponses pour les outre-mer. Le
projet de loi ne comporte pas d’article particulier à ce sujet,
l’article 64 indiquant néanmoins qu’il y aura une adaptation de la loi pour
les outre-mer. M. le président. La parole est à Mme Agnès Firmin Le Bodo. Mme Agnès
Firmin Le Bodo. Nous abordons l’article 5, relatif à l’application
du système universel de retraite aux salariés et aux exploitants agricoles.
L’examen de cet article a un écho particulier au moment où le Salon de
l’agriculture bat son plein. M. le président. La parole est à M. Michel Castellani. M. Michel
Castellani. Je souhaite évoquer à mon tour le sujet récurrent des
retraites des salariés et des exploitants agricoles. M. le président. La parole est à M. Adrien Quatennens. M. Adrien Quatennens. Dans notre pays, la situation des agriculteurs est extrêmement préoccupante, pour ne pas dire dramatique. Tous les deux jours, un agriculteur se suicide. M. Jimmy Pahun. Chaque jour, a dit l’orateur précédent… M. Adrien
Quatennens. Un agriculteur sur trois gagne moins de 350 euros par
mois. L’an dernier, 20 % des agriculteurs français ont déclaré un revenu
nul, voire un déficit de leur exploitation. M. le président. La parole est à M. Jean-Paul Dufrègne. M.
Jean-Paul Dufrègne. L’article 5 prévoit en effet que le système
universel de retraite par points s’applique aux salariés et exploitants
agricoles. Depuis le début de l’examen du texte, vous prétendez que votre
réforme sera bénéfique pour le monde agricole ; pourtant, deux réalités
viennent contredire vos belles promesses. Premièrement, les retraités agricoles
actuels ne seront pas concernés et ne verront donc pas la couleur d’une retraite
minimum garantie à 85 % du SMIC. Le groupe de la Gauche démocratique et
républicaine a défendu une proposition semblable devant le Parlement, mais le
Gouvernement a empêché qu’elle soit adoptée au Sénat. Cette mesure, qui se
chiffre à quelques centaines de millions d’euros, est largement
finançable ; l’argent existe, puisque dans le même temps vous vous
permettez d’exonérer les cadres à hauts revenus de 4 milliards d’euros pas
an, en supprimant les cotisations sociales au-delà de trois fois le montant du
PASS, selon l’article 13 de votre projet de loi. M. le président. La parole est à Mme Véronique Hammerer. Mme Véronique Hammerer. L’article 5 concerne l’intégration des exploitants agricoles dans le système universel. Enfin, nous y sommes. Aujourd’hui, sur 30 000 agriculteurs, 20 000 perçoivent une retraite inférieure à 1 000 euros, certains n’ayant même que 600 euros par mois, voire moins. M. Aurélien Pradié. Ça ne changera pas ! Mme
Véronique Hammerer. Nous partageons ce constat, et nous souhaitons tous
trouver une solution pour ces futurs retraités, qui ont travaillé toute leur
vie, sans compter les heures, parfois pour dégager des revenus indécemment
faibles. M. Aurélien Pradié. Et les actuels retraités ? Mme Véronique Hammerer. Cette revalorisation est attendue par les agriculteurs, par la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles – FNSEA – et par la Mutualité sociale agricole – MSA. Concernant cette dernière, je me suis récemment entretenue avec M. Pascal Cormery, son président. M. Stéphane Viry. Ah ! M. Patrick Hetzel. Alors… Mme
Véronique Hammerer. Je profite de cet instant pour souligner
l’importance de la caisse de la Mutualité sociale agricole, qui continuera à
gérer les retraites agricoles ; elle constitue un organisme essentiel pour
nos territoires ruraux. M. le président. La parole est à M. Thibault Bazin. M. Thibault
Bazin. L’article 5 concerne l’affiliation des exploitants agricoles
non salariés, au sens des dispositions du code rural, nés à partir du
1er janvier 1975, au régime général de sécurité sociale, en les
intégrant au champ d’application du futur système universel de
retraite. M. Vincent Descoeur. Malheureusement. M. Thibault Bazin. C’est la douche froide ! Ils vous ont pourtant servi de prétexte. Assurer cette retraite minimum aux chefs d’exploitation coûterait 400 millions d’euros. Le projet des Républicains permettrait de le financer. Or, votre système n’est toujours pas financé : pas de financement équilibré, pas de crédits pour les mesures de justice sociale. Voilà l’impasse dans laquelle vous nous avez entraînés, en faisant le choix critiquable de placer l’examen parlementaire du texte avant de connaître les conclusions de la conférence de financement. Quand étudierez-vous enfin notre proposition de mettre sur la table un projet complet et financé ? (Applaudissements sur les bancs du groupe LR.) M. le président. La parole est à M. Stéphane Baudu. M. Stéphane Baudu. Nous sommes enfin parvenus à l’examen de l’article 5 relatif aux personnes non salariées agricoles. Il fait partie des articles dont nous sommes le plus fiers. M. Jean-Paul Dufrègne. Eh bien, il n’y a pas de quoi ! M. Stéphane
Baudu. Certes, il ne résout pas le problème des retraités agricoles
actuels, auquel les membres du groupe MODEM sont très sensibles : nous
devrons y travailler au cours des prochains mois. M. le
président. Sur les amendements de suppression no 491 et
identiques, je suis saisi par les groupes Les Républicains et la Gauche
démocrate et républicaine d’une demande de scrutin public. Mme
Marie-Christine Dalloz. Trois arguments justifient la suppression de
l’article 5. Premièrement, nous dénonçons un mensonge : vous avez
laissé croire au 1,3 million de retraités agricoles qu’on allait augmenter
leur pension à hauteur de 85 % du SMIC ; or vous ne les intégrez pas à
votre réforme. M. Patrick Hetzel. Très bien ! M. le président. La parole est à Mme Marietta Karamanli, pour soutenir l’amendement no 950. Mme
Marietta Karamanli. Nous demandons la suppression de l’article 5.
La réforme accroît les inégalités pour l’ensemble des assurés : le montant
de la retraite sera calculé à partir de l’ensemble de la carrière plutôt que sur
les meilleures années, donc le revenu de référence sera mécaniquement plus
faible, et les pensions aussi. M. Jean-René Cazeneuve. On parle des agriculteurs, ici ! Mme Marietta Karamanli. J’énumère toutes les situations jusqu’à arriver à l’article 5. La situation des agriculteurs est déjà notoirement difficile ; elle sera encore aggravée, et même désastreuse. Vous leur infligez une violence économique, comme aux autres. Celle-ci est inacceptable, et plus injuste encore à l’égard des agriculteurs – nous proposons donc de supprimer cet article. M. le président. La parole est à Mme Emmanuelle Ménard, pour soutenir l’amendement no 3905. Mme
Emmanuelle Ménard. Il est louable de vouloir concéder une retraite
décente à nos agriculteurs – ils le méritent. Néanmoins, il serait
préférable de préciser le détail du dispositif proposé par le Gouvernement. Il
serait en effet désastreux que les exploitants agricoles se voient accablés de
charges supplémentaires induites par leur agrégation au nouveau dispositif de
retraite. M. Olivier Damaisin. Scandaleux ! M. Rémy Rebeyrotte. Elle se découvre ! M. Jean-René Cazeneuve. Indécent ! M. Alain Perea. Une honte ! M. le président. La parole est à M. Nicolas Meizonnet, pour soutenir l’amendement no 13484. M. Nicolas
Meizonnet. Je me ferai l’écho de bien des propos déjà tenus, mais je
crois utile de les répéter. Depuis le début, les agriculteurs sont classés dans
le camp des grands gagnants de votre réforme : ils devaient tous percevoir
un minimum de 1 000 euros de retraite par mois. Seulement, il semble que ce
qui se voulait être une vraie bonne nouvelle se soit progressivement étiolé, au
même rythme d’ailleurs que les soutiens à cette réforme, jusqu’à se transformer
progressivement en « fake news » – fausse nouvelle en
français – car, pour citer les mots du Président de la République, se pose
la fameuse « question du stock » – expression détestable, soit
dit en passant. Dans ce flou artistique, nous comprenons désormais que la
réforme laissera d’entrée de jeu 1,3 million de retraités sur le
bas-côté. M. le président. La parole est à M. Éric Coquerel, pour soutenir l’amendement no 15726 et et les seize amendements identiques déposés par le groupe La France insoumise. M. Éric
Coquerel. Selon un de nos collègues de la République en marche, nous
pourrions débattre avec vous mais surtout pas remettre en cause votre bonne foi.
On est tout de même en droit de se poser quelques questions à propos de cet
article 5, qui ressemble vraiment à une arnaque, puisqu’il tente de faire
passer pour une conquête sociale un rattrapage incomplet, amputé et
ajourné. M. Jean-René Cazeneuve. Indécent ! M. Adrien Quatennens. Prouvez donc le contraire ! M. le président. La parole est à M. Pierre Dharréville, pour soutenir l’amendement no 31015 et les quatorze amendements identiques déposés par le groupe de la Gauche démocrate et républicaine. M. Pierre
Dharréville. Cette semaine, au Salon de l’agriculture, le Président de
la République a confirmé une nouvelle trahison, qui est venue balayer le slogan
de votre réforme : « Nous allons relever les petites retraites,
notamment les retraites agricoles, pour qu’aucun retraité ne touche une pension
inférieure à 1 000 euros. » Finalement, en 2022 comme en
2025, de très nombreux agriculteurs continueront de percevoir une pension moins
importante. M. le président. Quel est l’avis de la commission ? M. Guillaume Gouffier-Cha, rapporteur général. Cette série d’amendements tendant à supprimer l’article 5 me laisse perplexe. Vous proposez, au motif que nous n’avons pas encore trouvé une solution pour les retraités agricoles actuels… M. Pierre Dharréville. Nous l’avons trouvée, nous ! M. Guillaume Gouffier-Cha, rapporteur général. …de condamner les futurs retraités, en faisant sortir les agriculteurs du système universel. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM.) Oui, voilà ce que vous proposez, et nous ne pouvons pas l’accepter ! Je vous rappelle que ce nouveau système leur ouvrira pourtant de nouveaux droits, améliorera leur pension et que la MSA sera toujours leur interlocuteur. M. Adrien Quatennens. Tout le monde n’y aura pas accès, à ces nouveaux droits ! M.
Guillaume Gouffier-Cha, rapporteur général. Au passage, je
m’étonne que certains députés de La France insoumise nous demandent d’appliquer
immédiatement le système de retraite universel aux agriculteurs. M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ? M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. Je voudrais d’abord répondre à
Mme Vainqueur-Christophe. S’agissant de l’outre-mer, tous les gouvernements
travaillent par ordonnances, non parce qu’ils ne voudraient pas inscrire dans la
loi des dispositions propres à ces territoires, mais parce que les réalités
changent considérablement d’une collectivité territoriale à l’autre. M. le président. La parole est à M. Damien Abad. M. Damien
Abad. J’en reviens à l’intervention de M. Bazin. Même si l’on tient
compte de l’abattement que vous avez annoncé, beaucoup d’agriculteurs verront
finalement leurs cotisations augmenter. M. Vincent Descoeur. C’est exact. M. Damien Abad. Nombre d’entre eux avaient compris qu’ils seraient concernés par la réforme. Ils s’attendaient à percevoir ce fameux montant de 1 000 euros, correspondant à 85 % du SMIC, pour une carrière complète. Au Salon de l’agriculture, le Président de la République a refermé la porte en expliquant qu’une telle mesure aurait coûté 1,1 milliard. Nous avons eu confirmation que ce chiffre est faux : l’application aux retraités actuels de la mesure proposée pour les futurs retraités concernerait 220 000 personnes et coûterait 400 millions. Qui dit la vérité ? Ce point doit être clarifié. Si le dispositif initialement promis par le Président – et attendu avec impatience – coûte réellement 400 millions, il semble indispensable de faire ce geste. (Applaudissements sur les bancs du groupe LR.) M. le président. La parole est à M. Serge Letchimy. M. Serge
Letchimy. Monsieur le secrétaire d’État, je me contenterai de poser des
questions, en espérant obtenir des réponses claires. M. Jean-René Cazeneuve. Mais non ! C’est faux ! M. Serge Letchimy. Si c’est faux, dites-le. Je vous donne la possibilité de répondre clairement. Faites-le et laissez-moi la possibilité de poser des questions. M. Roland Lescure. La possibilité de répéter, surtout ! M. Serge
Letchimy. J’attends une réponse simple : oui ou
non. M. le président. La parole est à M. Frédéric Descrozaille. M. Frédéric
Descrozaille. Quoi que vous pensiez, monsieur Coquerel, je vais essayer
de vous prouver notre bonne foi sur ce sujet comme sur les autres. Mme Marie-Christine Dalloz. Pas réducteur du tout comme propos ! M. Thibault Bazin. Ne réécrivez pas l’histoire ! M. Frédéric Descrozaille. Je me rends au Salon international de l’agriculture tous les matins depuis samedi, et n’ai pas rencontré un seul responsable professionnel qui nous ait reproché notre projet pour les retraites. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM.) Ils nous font d’autres reproches ; j’ai été alpagué, mais pas sur ce point. Ils sont même atterrés par la tenue des débats dans l’hémicycle depuis dix jours. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.) M. le président. La parole est à M. Jean-Paul Dufrègne. M.
Jean-Paul Dufrègne. Les agriculteurs à la retraite doivent être nombreux
à nous regarder aujourd’hui. Je les ai reçus très souvent ; je connais leur
colère et la partage, car je ne comprends pas que l’on puisse opposer autant de
mépris à celles et ceux qui ont travaillé dur pour nourrir la France et aménager
le territoire. M. Roland Lescure. Elle avait été adoptée à l’Assemblée début 2017 ! C’était une pure manœuvre électorale ! M.
Jean-Paul Dufrègne. …en jurant, la main sur le cœur, que l’anomalie que
constituent les retraites agricoles serait corrigée lors de l’examen du présent
projet de loi. C’est un mensonge, et même un gros ! M. Alexandre Freschi. La loi Chassaigne, c’était du clientélisme ! C’était deux mois avant l’élection ! M. le président. La parole est à M. Éric Coquerel. (Exclamations persistantes et vifs échanges de banc à banc.) S’il vous plaît, chers collègues ! M. Thibault Bazin. Monsieur le président, rétablissez le calme ! M. Damien Abad. Que la majorité modère ses réactions ! M. Éric
Coquerel. Je ne peux pas laisser passer les discours politiciens du
rapporteur général et de mon collègue de la majorité : vous règleriez des
problèmes qui auraient dû l’être plus tôt. M. Roland Lescure. On l’a fait ! M. Éric
Coquerel. Je rappelle que 22 % d’entre eux vivent sous le seuil de
pauvreté. M. le président. La parole est à M. Frédéric Petit. M. Frédéric Petit. Je serai rapide : le système agricole fonctionne actuellement par points et par paliers – ce qui le rend encore plus compliqué. M. Roland Lescure. C’était court, en effet ! M. Patrick Mignola. Court, mais efficace ! M. le président. La parole est à M. Éric Woerth. M. Éric
Woerth. Comme Damien Abad l’a très bien résumé, nous vivons dans une
lourde atmosphère d’agribashing. Ce n’est pas propre à la France, mais comme
notre pays est une grande terre agricole, qui compte encore – et Dieu
merci – beaucoup d’agriculteurs, on est impressionné de constater qu’un tel
climat pèse sur le débat. M. Damien Abad. C’est ça, la vraie question ! M. le président. La parole est à M. Alain David. M. Alain David. J’ai assisté à une assemblée générale des retraités de l’agriculture de mon département. Ils relatent vos rencontres avec eux d’une manière très différente de la vôtre – je ne sais pas quel genre de retraités agricoles vous rencontrez. (Exclamations sur plusieurs bancs des groupes LaREM et MODEM.) M. Jean-Paul Dufrègne. Ah, moi non plus ! M. Rémy Rebeyrotte. Ceux de Saône-et-Loire – et il y en a ! M. Alain David. En tout cas, ceux que j’ai rencontrés sont furieux ! (Mêmes mouvements.) Ils croyaient dans vos promesses. Quelle déception ! M. Roland Lescure. On croit rêver ! M. Alain David. Certains avaient voté pour vous justement pour ces promesses. M. Rémy Rebeyrotte. Eh bien, les agriculteurs sont satisfaits, je crois. M. Alain
David. Le Président de la République, sur une autre question, vous a
demandé de faire preuve d’humanité – mais en êtes-vous même capables…
(Vives protestations sur les bancs des groupes LaREM et
MODEM.) M. le président. La parole est à Mme Fadila Khattabi. Mme Fadila
Khattabi. Mes chers collègues, les amendements de suppression de cet
article sont lunaires. Moi aussi, j’ai participé à une réunion en Côte-d’Or. La
salle était bondée d’agriculteurs – au moins 250.
(« Oh ! »,
« Incroyable ! » sur
les bancs du groupe LR.) Mme Marie-Christine Dalloz. C’est qu’ils n’avaient pas encore compris ! Mme Fadila Khattabi. Ils m’ont fait part de leur espoir que nous ne reculions pas. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LaREM et MODEM.) M. Thibault Bazin. Résultat, vous avez reculé samedi, au Salon de l’agriculture ! Mme Fadila
Khattabi. Ils saluent le minimum contributif prévu dans ce texte et les
avancées en matière de solidarité, à tel point qu’ils souhaitent que le minimum
contributif ne vaille pas seulement pour le « flux », mais aussi pour
le « stock ». Le Président de la République a répondu. M. Patrice Verchère. Parlez pour vous ! Votre groupe est composé pour moitié de députés de droite et de gauche qui ont trahi ! Mme Fadila Khattabi. Vous demandez que ce projet de loi règle à la fois les problèmes de l’avenir et ceux que vous n’avez pas su régler ! (« Bravo ! » et applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM. – Exclamations continues sur les bancs du groupe LR.) M. Maxime Minot. Vite ! Une camomille pour Mme la députée ! Mme Marie-Christine Dalloz. On croit rêver en entendant ça ! M. le président. Chers collègues, s’il vous plaît. Rappels au règlementM. le président. La parole est à M. Rémy Rebeyrotte, pour un rappel au règlement. M. Jean-Paul Dufrègne. Et voici l’exercice d’obstruction qui recommence ! M. Rémy Rebeyrotte. J’ai participé aux mêmes réunions agricoles que Mme Khattabi, aussi en Bourgogne, où elles sont larges. M. le président. Sur quel article se fonde votre intervention, cher collègue ? M. Rémy Rebeyrotte. Sur l’article 58 du règlement. M. Maxime Minot. La majorité n’arrête pas d’interrompre les débats ! M. Rémy
Rebeyrotte. On nous a accusés pendant deux jours d’être
méprisants ; on nous qualifie maintenant
d’« inhumains ». M. Aurélien Pradié. Magnifique ! Nous sommes émus ! M. Rémy Rebeyrotte. Vos propos sont inqualifiables. L’obstruction est une chose, l’injure en est une autre ! (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM. – Échanges de bancs à bancs.) M. Aurélien Pradié. Quelle indignation touchante ! M. Stéphane Peu. Le Président de la République lui-même vous reproche votre manque d’humanité ! M. Jean-Paul Dufrègne. Vous nous avez même appelés des « riens » ! Mme Nadia Hai. Vous pouvez parler ! Vous-mêmes, vous nous traitez de robots et de Playmobils ! M. Aurélien Pradié. Pauvres Caliméros ! M. le président. S’il vous plaît, mes chers collègues ! M. Régis Juanico. Il faudrait une suspension de séance pour ramener le calme… (Sourires.) M. le président. La parole est à M. Adrien Quatennens, pour un rappel au règlement. M. Adrien Quatennens. Il se fonde sur l’article 100, relatif à la bonne tenue et la sincérité de nos débats. Vous vous plaignez d’invectives, mais, en l’occurrence, c’est vous qui causez de nouveau des incidents de séance. On connaît bien la technique,… M. Rémy Rebeyrotte. Ça suffit, les insultes ! M. Adrien Quatennens. …que vous avez attendu 23 heures pour utiliser, les deux jours précédents. (Vives exclamations sur plusieurs bancs des groupes LaREM et MODEM.) Quand les débats sont de bonne tenue, que les échanges sont argumentés, comme peut en témoigner le président, les arguments en faveur du recours à l’article 49, alinéa 3, s’affaiblissent. M. Roland Lescure. Vous en rêvez, du 49.3 ! M. Adrien
Quatennens. Vous avez donc besoin d’organiser le bazar en séance, par ce
genre d’interventions. M. le président. Monsieur Quatennens, s’il vous plaît, attendez ! M. Adrien Quatennens. … seront les grandes gagnantes de ce projet de loi – mensonge aussi. La valeur du point… (Vives protestations sur les bancs des groupes LaREM et MODEM. – M. le président coupe le micro de l’orateur.) M. le président. Monsieur Quatennens, vous ne pouvez pas profiter du rappel au règlement pour traiter du fond. Je vous laisse conclure. M. Adrien
Quatennens. Je ne cherche pas à relancer le débat, mais à montrer la
stratégie de la majorité, qui cherche à faire croire à une obstruction – si
nous poursuivions réellement cet objectif, nous ne serions vraiment pas à la
hauteur des pratiques qui ont prévalu lors des grandes heures de l’Assemblée, et
vous le savez très bien. M. Jacques Maire. Il recommence ! M. Adrien
Quatennens. …de la majorité, notamment sur les
agriculteurs. M. le
président. Sur des articles et des amendements, monsieur
Quatennens. M. Serge Letchimy. Il se fonde sur l’article 58, relatif à la bonne tenue des débats, à laquelle je suis attaché. Restons sages, calmons-nous et poursuivons le débat. Je peux comprendre qu’il soit blessant de se voir reprocher d’avoir une attitude inhumaine – faisons preuve de sagesse. M. Aurélien Pradié. Bien sûr qu’ils n’ont pas été blessés ! M. Serge Letchimy. En même temps, l’incompréhension suscitée par la majorité pourrait être justifiée. Qui a promis de régler le problème des faibles pensions ? C’est Mme Buzyn, membre du Gouvernement. (Vives exclamations sur plusieurs bancs des groupes LaREM et MODEM.) M. Sylvain Maillard. Elle n’est pas au Gouvernement ! Elle est candidate à la mairie de Paris ! M. Thibault Bazin. Elle a fui le coronavirus, dès qu’elle a vu la pandémie arriver ! Mme Marie-Christine Dalloz. Elle est partie en rase campagne ! M. Serge Letchimy. Elle y était ! M. le président. Cher collègue, je vous remercie pour les paroles d’apaisement du début de votre intervention. Toutefois, vous ne pouvez pas revenir sur le fond du débat lors d’un rappel au règlement. Je vous laisse néanmoins conclure. M. Serge Letchimy. Quand elle était au Gouvernement, Mme Buzyn avait annoncé clairement qu’en 2020, les petites pensions seraient revalorisées, en reprenant des dispositions de la proposition de loi de M. Chassaigne. La promesse n’a pas été tenue ; c’est notre droit de dire que ce n’est pas respectable. M. le président. La parole est à M. Patrick Mignola, pour un rappel au règlement. M. Patrick
Mignola. Ce rappel est fondé sur les articles 58 et 70,
alinéa 2, du règlement. M. Régis Juanico. Calimero ! Article 5 (suite)M. le président. Je mets aux voix les amendements no 491 et identiques. (Il est procédé au scrutin.) M. le
président. Voici le résultat du
scrutin : (Les amendements no 491 et identiques ne sont pas adoptés.) Suspension et reprise de la séanceM. le président. La séance est suspendue. (La séance, suspendue à dix-sept heures trente, est reprise à dix-sept heures quarante.) M. le
président. La séance est reprise. M. Alexis
Corbière. Ces amendements, qui visent à supprimer l’alinéa 1 de
l’article 5, sont une manière de faire à nouveau entendre notre désaccord
avec votre proposition. M. le président. Quel est l’avis de la commission ? M. Guillaume Gouffier-Cha, rapporteur général. Défavorable. M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ? M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. Monsieur le député Corbière,
j’avais compris que vous étiez en désaccord avec cet article, comme d’ailleurs
avec l’ensemble du projet de loi. J’aimerais apporter quelques précisions à
l’avis défavorable que j’émets sur votre amendement, car pour ma part je défends
ce texte et j’y crois – même si je ne suis pas certain de parvenir à vous
convaincre au cours de nos séances. M. Roland Lescure. Si nous y parvenons ! M. le président. La parole est à M. Patrice Verchère. M. Patrice
Verchère. Je souhaite m’exprimer au sujet de l’article 5 en
général. Vous le savez, les agriculteurs demandent de longue date une
revalorisation urgente de leurs pensions de retraite ; ils ont renouvelé
leur revendication encore récemment à l’approche du Salon de l’agriculture. Le
Président de la République a jugé samedi dernier qu’il était impossible de
revaloriser les pensions actuelles à 85 % du SMIC. Pourtant, cette mesure
avait été largement promue par le Gouvernement lorsqu’il a commencé à présenter
votre projet de loi. Vous avez mis en avant ce nouveau dispositif en vous
gardant bien de préciser qu’il ne concernerait que les futurs retraités. Un
espoir était né chez l’ensemble des retraités agricoles actuels, qui a été déçu,
comme nous avons pu le constater cette semaine à l’occasion du Salon. Mais au
tout début, cela leur avait réellement été vendu comme cela ! Peut-être
est-ce une erreur de votre prédécesseur ; toujours est-il qu’elle a été
faite. M. Roland Lescure. Eh oui ! M. Patrice Verchère. C’est vrai ! Mais nombreux sont sur les bancs de la majorité les anciens socialistes, anciens Républicains ou anciens membres d’UDI-Agir qui avaient eux-mêmes voté cette proposition à l’époque – y compris d’anciens ministres, ou députés devenus ministres ! M. Roland Lescure. Pour ma part je n’étais pas là, monsieur Verchère ! M. Patrice
Verchère. Cessez donc de prétendre que rien n’a été fait avant car, ce
faisant, vous critiquez la plupart de vos collègues qui ont retourné leur veste
au moment des élections législatives ! M. le président. Il faut conclure, cher collègue… M. Patrice Verchère. Je ne pourrai citer l’ensemble de son propos mais je vous invite à lire le compte rendu de la séance publique du Sénat du 7 mars 2018. (Applaudissements sur les bancs du groupe LR.) M. le président. La parole est à M. Yves Daniel. M. Yves Daniel. Je trouve vos propos choquants, mes chers collègues. M. Vincent Descoeur. Est-il choquant de défendre les agriculteurs ? M. Yves
Daniel. Lorsque vous parlez des paysans, vous oubliez qu’il y en a dans
cet hémicycle – à commencer par le rapporteur M. Turquois. Vous parlez
de nous ! Quand je vous entends affirmer que les agriculteurs doivent
rester dans le système de retraite de 1945, je me dis qu’il y a un vrai
problème. (M. Jean-René Cazeneuve
applaudit.) M. le président. La parole est à M. Régis Juanico. M. Régis
Juanico. Il ne s’agit pas de pointer du doigt une majorité en
particulier. Ce n’est en tout cas pas mon propos. La situation objective,
aujourd’hui, est qu’un grand nombre de retraités agricoles sont pauvres :
300 000 d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté. Le montant moyen
de leurs pensions mensuelles s’établit à environ 750 euros ; c’est
l’un des plus faibles en France, et il équivaut à la moitié de la moyenne des
pensions françaises. Pour les femmes, le montant s’établit même à 580 euros
par mois. M. Serge Letchimy. Très juste ! M. le président. La parole est à M. M’jid El Guerrab. M. M’jid El Guerrab. Je suis très peu intervenu dans ce débat sur les retraites, pour de multiples raisons. J’écoute beaucoup. Mais le sujet dont nous discutons actuellement me touche de façon intime et personnelle. Nous avons souvent entendu dans l’hémicycle des députés partager leurs témoignages personnels et leur histoire. Pour ma part, il m’est difficile d’entendre les retraités agricoles qualifiés de « stock ». Il s’agit de ceux qui sont aujourd’hui à la retraite – celle de la MSA –, comme mon papa, qui perçoit à peine quelques centaines d’euros de pension… M. Jean-Paul Dufrègne. C’est ce que nous dénonçons ! M. M’jid El
Guerrab. …alors qu’il a travaillé toute sa vie en tant qu’ouvrier
agricole, après être arrivé de son pays, le Maroc. Mon papa a dormi pendant de
nombreuses années sur de la paille, dans les années soixante-dix, et a travaillé
dans les bois, dans le Cantal. C’est pour ces retraités que je souhaite
intervenir, pour dire que ce stock, ces êtres humains, ces agriculteurs et
personnels agricoles méritent mieux qu’une mission ou un geste. Ils méritent de
la reconnaissance pour le travail qu’ils ont accompli. M. le président. La parole est à M. Alexis Corbière. M. Alexis
Corbière. Je regrette, même si les échanges sont fructueux, que
M. le secrétaire d’État et M. le rapporteur n’aient pas répondu à ce
que j’ai dit en présentant cet amendement. Vous avez souvent indiqué, lors la
présentation de ce projet de loi, que certaines professions seraient moins
gagnantes que d’autres avec le nouveau système de retraite, mais que l’une
d’entre elles au moins serait gagnante : les paysans. Et, membres du
Gouvernement comme représentants de la majorité, vous avez répété dans le débat
public, dans les médias, qu’ils bénéficieraient d’une retraite de
1 000 euros. M. le président. La parole est à M. Patrick Mignola. M. Patrick
Mignola. Je vais répéter ce que j’ai déjà dit, mais un peu différemment,
car nous avons déjà abordé ce sujet à de nombreuses reprises. M. Patrice Verchère. Ce sont les mots du Président de la République ! M. Patrick Mignola. Bien sûr, cette loi concerne les retraités futurs, les agriculteurs qui seront les pensionnés de demain, et elle fera mieux pour eux que pour les autres car elle le fera dès le 1er janvier 2022. Mais tous les intervenants qui se sont exprimés ont ceci en tête : nous devrons bien sûr traiter la question des retraités actuels ! Je fais toutefois observer, car cela aura des incidences financières majeures, que si nous le faisons pour les agriculteurs, il faudra le faire également pour les commerçants et les indépendants, dans un souci de justice. (Mme Monique Limon et M. Roland Lescure applaudissent.) M. Jean-Paul Dufrègne. Commençons par les agriculteurs ! M. Patrick
Mignola. Avec d’autres membres de la majorité – mais je suis
certain, néanmoins, que nous pouvons nous entendre sur le sujet avec les groupes
d’opposition – nous souhaitons que les parlementaires puissent formuler des
propositions pour le projet de loi de financement de la sécurité
sociale 2021. Je comprends qu’il puisse y avoir des échanges entre majorité
et opposition avec, le cas échéant, des procès d’intention à la clé. C’est tout
à fait normal. Mais j’aimerais que nous puissions prendre l’engagement de
définir le périmètre des populations concernées – des femmes et des hommes
concernés – et le poids budgétaire que cela représenterait. On entend en
effet les chiffres les plus fous : c’est à un zéro près ! Nous
pourrions aussi définir le calendrier de réparation de ces situations
indignes. M. Roland Lescure. Très bien ! M. Sylvain Maillard. Excellent ! M. le président. Un membre de chaque groupe s’étant exprimé, nous en resterons là. Il ne s’agit jamais avec cet amendement que de la suppression d’un alinéa. Mme Marie-Christine Dalloz. Très bien ! (Les amendements no 15675 et identiques ne sont pas adoptés.) M. le président. La parole est à M. Serge Letchimy, pour soutenir l’amendement no 24941. M. Serge
Letchimy. Monsieur le président Mignola, je souscris à votre
déclaration. Comme nous sommes tous d’accord et que les pensionnés actuels de
l’agriculture ne sont pas concernés par le présent projet de loi, vous demandez
officiellement, en tant que membre de la majorité – cette précision est
très importante – au Président de la République, au Premier ministre et au
secrétaire d’État chargé des retraites, ici présent, de prendre l’engagement de
réparer cette injustice dans le cadre de la prochaine loi de finances. Je vous
prends au mot. Que répond M. le secrétaire d’État ? M. Bruno Millienne. Les propos de Mme Buzyn ne contredisent pas notre position ! M. Serge Letchimy. La majorité vous respecte-t-elle, monsieur Mignola, au point de prendre l’engagement de régler ce problème des petites retraites et de ne pas tromper la population ? (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.) M. le président. Quel est l’avis de la commission ? M. Guillaume Gouffier-Cha, rapporteur général. Comme sur les précédents amendements tendant à la suppression d’alinéas, avis défavorable. M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ? M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Même avis. M. le président. La parole est à M. Rémi Delatte. M. Rémi
Delatte. Vous avez fait naître des espoirs dans le monde paysan. Vous
avez constamment répété une promesse, que ce soit dans cet hémicycle ou même
publiquement devant les organisations professionnelles. Aujourd’hui, on a du mal
à comprendre pourquoi l’ensemble des agriculteurs ne peuvent pas bénéficier de
cette réévaluation de leurs pensions. M. le président. La parole est à M. Jean-Paul Dufrègne. M.
Jean-Paul Dufrègne. M. Delatte vient d’exprimer en partie ce que je
voulais dire sur l’utilisation du terme de « stock ». Quand je faisais
de la comptabilité, il fallait valoriser les stocks ; or nous parlons ici
d’hommes et de femmes, comme cela a été rappelé tout à l’heure. Nous avons
évoqué tout à l’heure la nécessité de faire preuve d’humanité. Si nous voulons
rendre hommage aux retraités agricoles, nous devons parler d’hommes et de femmes
qui ont travaillé dur toute leur vie. (Applaudissements.) Je ne
reviendrai pas plus longuement sur ces hommes et ces femmes dont nous avons déjà
longuement parlé et pour lesquels nous devons rapidement trouver une
solution. M. le président. La parole est à M. Bruno Millienne. M. Bruno Millienne. Je suis vraiment ravi des échanges que nous avons. Enfin, le débat est constructif ! M. Régis Juanico. Il l’est aussi sur d’autres sujets ! M. Bruno
Millienne. Enfin, nous parvenons à trouver des solutions communes !
(Applaudissements sur quelques bancs du groupe MODEM.) M. le président. La parole est à M. Alain Perea. M. Alain
Perea. Depuis de très nombreuses heures, j’écoute les interventions de
chacun. De temps en temps, je m’énerve mais des collègues arrivent à me calmer…
Je ne suis pas intervenu dans le débat pour ne pas en rajouter. Mais là, je ne
peux pas me retenir ! M. Jean-Paul Dufrègne. Chez nous aussi ! M. Alain
Perea. Rassurez-vous, je les ai vus, et si je n’avais pas fait la
démarche, ils seraient venus me chercher ! M. Jean-Paul Dufrègne. On est sorti de l’unanimité ! M. Éric Woerth. Vous êtes complètement déconnecté de la réalité ! Personne ne vous a attendu pour agir en faveur du monde rural ! M. le président. La parole est à Mme Jeanine Dubié. Mme Jeanine
Dubié. Beaucoup de choses ont été dites. Il est important de tenir
compte de la situation particulière, en matière de retraites, des agriculteurs,
mais aussi des artisans et commerçants. Après la guerre puis dans les années
soixante, lorsque la proposition leur a été à nouveau adressée, ils n’ont pas
souhaité intégrer le régime général. Cependant, la situation a changé – le
nombre de cotisants, d’actifs, a baissé dans ces secteurs – et il est
aujourd’hui véritablement nécessaire de trouver une solution pour les prochaines
années. M. le
président. Mes chers collègues, vous êtes nombreux à m’avoir demandé la
parole. Cependant, après le présent amendement visant à supprimer les
alinéas 2 à 5, j’appellerai des amendements de suppression de
l’alinéa 2, puis de l’alinéa 3, de l’alinéa 4 et de
l’alinéa 5. Cette configuration vous permettra d’intervenir très largement.
Je ferai en sorte que chaque groupe puisse s’exprimer. (L’amendement no 24941 n’est pas adopté.) M. le
président. Je suis saisi de dix-huit amendements identiques. Cette série
comprend l’amendement no 591 ainsi que l’amendement
no 15692 et seize autres amendements identiques déposés par les
membres du groupe La France insoumise. M. Vincent
Descoeur. Je souhaite profiter de l’examen de cet amendement pour vous
demander, monsieur le secrétaire d’État, de lever un doute s’agissant des
conditions à remplir pour bénéficier de la garantie de 1 000 euros au
terme d’une carrière complète. M. le président. La parole est à M. Adrien Quatennens, pour soutenir les amendements no 15692 et identiques. M. Adrien Quatennens. Collègues, s’agissant des agriculteurs, nous ne vous reprochons pas de ne pas en faire assez : nous vous reprochons d’avoir trahi une promesse. Ce n’est pas exactement la même chose. Vous aviez clairement annoncé, à cor et à cri, à qui voulait l’entendre, que les agriculteurs pourraient toucher une retraite minimum de 1 000 euros. M. Roland Lescure. C’est faux ! M. Adrien
Quatennens. Or ceux qui sont déjà retraités et qui comptaient sur vos
promesses n’y auront pas accès : compte tenu de la grande diversité des
situations et du fait, souligné par Alexis Corbière, qu’avoir travaillé pendant
quarante-trois ans au SMIC n’est pas à la portée de tout le monde, 43 % des
agriculteurs au bas mot ne pourront pas toucher ces 1 000 euros. C’est
donc une promesse trahie. Dans un contexte, nos collègues l’ont rappelé,
particulièrement douloureux pour les agriculteurs et alors que la profession a
le plus grand mal à remplacer ceux qui partent à la retraite, le défi est de
taille et la trahison de cette promesse ne fera qu’aggraver leurs
difficultés. M. Bruno Millienne. Ça n’a rien à voir avec le texte ! M. Adrien Quatennens. Voilà ce qu’il conviendrait de faire : passer d’une agriculture intensive en chimie à une agriculture intensive en main-d’oeuvre et permettre à toutes et tous d’acheter au bon prix, parce que l’injonction à produire moins cher dégrade toujours davantage les conditions de production, y compris sur le plan écologique. Or l’Union européenne, tant au travers du fonctionnement actuel de la politique agricole commune que par les traités de libre-échange qu’elle signe, aggrave encore la situation de nos agriculteurs. M. le président. Quel est l’avis de la commission ? M. Guillaume Gouffier-Cha, rapporteur général. L’avis sera défavorable à cette nouvelle proposition de suppression d’un alinéa. Par ailleurs, monsieur Descoeur, les articles 40 et 41 répondent à l’ensemble de vos questions. (M. Jean-René Cazeneuve applaudit.) M. Vincent Descoeur. C’est inexact ! Ou alors cela signifie que les aides familiaux sont exclus ! M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ? M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. Défavorable. Je me suis déjà
exprimé sur la notion de carrière complète, en précisant en outre que pour les
agriculteurs le niveau de cotisation passerait de 800 à 600 heures par an
au SMIC. La carrière complète se calculera sur l’ensemble de l’année :
s’ils ont cotisé l’équivalent de 600 heures SMIC, leur année sera validée.
Si tel n’est pas le cas, on regardera sur combien de mois ils auront atteint le
nombre de 50 heures. Cela facilite la réalisation du nombre d’heures,
sachant en outre que l’abaissement du niveau de cotisation minimum se traduira
par un gain pour la plupart des agriculteurs. M. le président. La parole est à M. Frédéric Petit. M. Frédéric
Petit. Je fais un rêve… Il est assez clair que ce que nous proposons
dans cet article est, au pire, quand même mieux que rien. Pourtant de nombreux
amendements proposent de le supprimer, partiellement ou entièrement. Est-ce
vraiment l’intérêt de qui que ce soit ici de le faire ? Ne pourrions-nous
pas, comme l’a proposé Bruno Millienne, voter cet article, même si nous sommes
tous conscients que cela ne suffit pas, et laisser tomber tous ces
amendements ? Je pense que ce serait la bonne attitude. M. Bruno Millienne. Sortons de ces polémiques ridicules ! M. le président. La parole est à M. Aurélien Pradié. M. Aurélien Pradié. Respecter nos agriculteurs et nos paysans, c’est être précis avec eux et ne pas leur mentir. Or, beaucoup d’imprécisions entourent le sujet. Pardon, monsieur le rapporteur général, mais vous ne pouvez pas exciper des articles 40 et 41 pour refuser de nous donner les précisions que notre collègue Descoeur vous demande, d’autant que vous savez parfaitement que vous aurez dégainé le 49.3 avant que nous n’y arrivions. Mme Brigitte Bourguignon, présidente de la commission spéciale. Allons, monsieur Pradié, vous venez d’arriver ! M. Aurélien
Pradié. Arrêtez de nous renvoyer à des calendes inexistantes et répondez
à nos questions, en l’espèce aux questions très précises de Vincent Descoeur,
qui sont capitales. En effet, selon les réponses que vous y apporterez, vous
exclurez entre la moitié et les trois quarts des agriculteurs qui sont
aujourd’hui en activité. M. Vincent Descoeur. Malheureusement ! M. Aurélien Pradié. Le deuxième point est le niveau de cotisation. Vous nous parlez, monsieur le secrétaire d’État, de 600 heures payées au SMIC. J’ai calculé qu’en 2018, 22 % de nos agriculteurs n’ont pas pu tirer de leur travail le moindre euro de revenu. Pas un seul, vous m’entendez ? Même à la condition de 600 heures SMIC, ils ne pourront pas valider une année. M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Il s’agit de la cotisation, pas du revenu ! M. Aurélien Pradié. Vous ne répondez pas aux questions que l’on vous pose ! (Exclamations sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.) M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. J’ai déjà répondu sur ce point ! M. Roland Lescure. Vous n’étiez pas là monsieur Pradié ! M. Aurélien
Pradié. Ils ne pourront pas valider le dispositif sur l’ensemble des
annuités. M. le président. La parole est à Mme Corinne Vignon. Mme Corinne
Vignon. Je voudrais répondre à nos deux collègues du côté droit et du
côté gauche de l’hémicycle. Monsieur Quatennens, je ne peux pas vous laisser
dire que le Président a menti. Je vous invite à écouter sa déclaration du
25 avril 2019 – vous la trouverez en ligne. Il y dit souhaiter que
toutes celles et ceux qui partent à la retraite aient droit à au moins
1 000 euros : il n’a jamais, au grand jamais, parlé des retraités
actuels. C’est un premier point. M. le président. La parole est à M. Adrien Quatennens. M. Adrien Quatennens. Chers collègues, la parole du Président de la République a de l’importance et quand le chef de l’État parle, je l’écoute toujours avec beaucoup d’attention. Or il avait clairement dit que les agriculteurs auraient accès à une retraite minimum de 1 000 euros. Plusieurs députés du groupe LaRem. C’est faux ! M. Adrien
Quatennens. On voit aujourd’hui que ce n’est pas le cas dans toutes les
situations que nous avons citées, compte tenu des conditions de carrière et de
rémunérations qu’il faut réunir pour y avoir accès. D’ailleurs la plupart des
syndicats agricoles reconnaissent effectivement que la promesse n’est pas tenue.
Allez faire un tour au Salon de l’agriculture – mais peut-être l’avez-vous
fait : vous y serez interpellés sur le fait que la promesse faite dans des
termes très clairs par le chef de l’État n’est pas tenue. M. Jacques Marilossian. Faux ! Faux ! M. Adrien Quatennens. Plus les débats avancent, plus on voit de promesses non tenues. L’architecture de votre projet de loi est en train de s’écrouler sous l’effet de la vérification, point par point, des arguments que nous avançons. M. Jacques Marilossian. Tout cela est faux ! M. Adrien Quatennens. Cher collègue, je regrette que vous ne saisissiez guère d’occasions de prendre la parole pour démontrer vos positions avec des arguments, comme nous le faisons, plutôt que de vociférer. (Les amendements no 591 et identiques ne sont pas adoptés.) M. le
président. Je suis saisi de plusieurs amendements identiques, le
no 592 et dix-sept amendements du groupe La France
insoumise. M. Vincent Descoeur. Il est défendu. M. le président. La parole est à M. Alexis Corbière, pour soutenir les amendements no 15709 et identiques. M. Alexis
Corbière. Selon notre collègue En Marche Mme Vignon, le Président
de la République disait en avril 2019 à propos des agriculteurs que ceux qui
partaient à la retraite auraient 1 000 euros. Avouons que le
dispositif proposé ici ne correspond pas à cette déclaration : il n’est pas
exact que les agriculteurs qui feront valoir leurs droits à la retraite auront
1 000 euros de pension, à moins qu’ils aient cotisé pendant
quarante-trois ans et sur la base du SMIC, entre autres conditions qui, on le
sait, ne seront, en raison des difficultés propres à ce métier, pas réunies pour
au moins 40 % d’entre eux. M. Roland Lescure. Vous n’y étiez pas ! M. Alexis Corbière. Souvenons-nous, à un moment où il arrive qu’on demande aux forces de l’ordre de réprimer les mobilisations du peuple en colère, que certains ont préféré mettre crosses en l’air plutôt que de frapper leurs frères. M. le président. Quel est l’avis de la commission ? M. Guillaume Gouffier-Cha, rapporteur général. Défavorable. M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ? M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Même avis. M. le président. La parole est à M. Jean-Paul Dufrègne. M. Jean-Paul Dufrègne. J’avancerai un autre argument incontournable pour quiconque entend assurer une retraite décente aux agriculteurs – sachant qu’une pension de 1 000 euros n’est pas la panacée : le système de retraite peut corriger les inégalités géographiques entre les territoires riches et les territoires plus modestes, notamment ruraux, mais il peut aussi les amplifier. Il n’a rien d’anodin pour l’économie locale, car les pensions que perçoivent les retraités y sont réinjectées : lorsqu’elles sont faibles, elles profitent moins à l’économie du territoire. M. Alain Perea. C’est vrai ! M.
Jean-Paul Dufrègne. Combien les retraites au rabais ont-elles fait
perdre aux territoires ruraux ? Je propose que M. Daniel Labaronne
intègre cette dimension dans l’« agenda rural ». Elle est
fondamentale, car les pensions représentent une plus grande part des ressources
totales dans les zones rurales que dans les métropoles. En outre, la proportion
de retraités percevant des pensions faibles est nettement plus importante dans
les territoires ruraux que dans les autres. M. le président. La parole est à M. Jean-René Cazeneuve. M.
Jean-René Cazeneuve. Je rappellerai aux nouveaux chevaliers blancs de
l’agriculture, nos collègues du groupe La France insoumise, que leur projet ne
consacre pas un seul mot à l’agriculture et aux agriculteurs. Pas un mot !
(Applaudissements sur quelques bancs du groupe LaREM.) M. Jean-Paul Dufrègne. Non ! M. le président. La parole est à Mme Marie-Christine Dalloz. Mme
Marie-Christine Dalloz. Les députés du groupe MODEM nous proposent de
cesser de débattre, de voter l’article et de créer une mission. Soyons
sérieux ! Faut-il créer une énième mission ? Déjà à
l’article 1er, au sujet des sapeurs-pompiers, vous avez proposé
de créer un groupe de travail qui aboutirait à une proposition de loi. Vous ne
pouvez pas nous renvoyer sans cesse soit à une ordonnance, soit à une mission ou
à une réflexion ultérieure ! Si nous voulons vraiment traiter des retraites
des agriculteurs, nous devons connaître précisément le rapport entre leurs
revenus actuels et la retraite de base que vous leur proposez. Le chiffre qui a
été annoncé jusqu’à présent semble incohérent. Soyons crédibles, donnons une
perspective d’espoir au monde agricole, mais ne le trompons pas ! Les
agriculteurs demandent tout sauf d’être trompés. M. le président. La parole est à M. Frédéric Petit. M. Frédéric
Petit. J’ai parfois le sentiment désagréable qu’on nous donne des
leçons. Ensemble, dans cet hémicycle, nous représentons la nation ; les
influences extérieures ne doivent pas s’exercer. Nous avons la liberté de
débattre et la responsabilité de décider, et les seules influences qui doivent
s’exercer dans l’hémicycle sont celles que nous avons les uns sur les autres.
Telle est la Constitution, et je souhaite que nous la
respections. Mme Marie-Christine Dalloz. Le ministère a les chiffres ! M. Frédéric Petit. Accordons-nous à considérer que nous marquons des points qui constituent autant de progrès pour une partie de la profession, et mettons-nous au travail pour aller beaucoup plus loin et résoudre un problème auquel nous n’avons pas encore apporté de solution. M. le président. La parole est à Mme Caroline Fiat. Mme Caroline Fiat. Je serai brève, car nous sommes ici pour parler de votre projet, pas du nôtre. M. Bruno Millienne. Cela vaut mieux ! Mme
Caroline Fiat. Notre programme considère les agriculteurs comme des
salariés ou des ouvriers comme les autres. Il affirme qu’aucun retraité ne doit
se trouver sous le seuil de pauvreté ni percevoir une pension inférieure au SMIC
s’il a fait une carrière complète. Les agriculteurs y sont évidemment
inclus. M. Bruno Millienne. Mais non ! Mme Caroline Fiat. Qu’expliquerons-nous à nos concitoyens quand ils nous reprocheront d’avoir voté cette loi sans lutter contre une telle mesure ? Voilà pourquoi nous demandons des suppressions d’alinéas et d’articles. Vous ne respectez pas vos promesses, et vous ferez inévitablement des déçus. Nous nous faisons leur porte-parole dans l’hémicycle. M. Adrien Quatennens. Très bien ! (Les amendements no 592 et identiques ne sont pas adoptés.) M. le président. La parole est à M. Adrien Quatennens, pour soutenir l’amendement no 18276 et les seize amendements identiques du groupe La France insoumise. M. Adrien
Quatennens. M. Petit vient d’affirmer qu’il croyait en notre
capacité d’influence. Cher collègue, je n’ai pourtant pas l’impression que nous
vous influencions, pour autant que nous prenions la parole ! M. le président. Quel est l’avis de la commission sur ces amendements identiques ? M. Guillaume Gouffier-Cha, rapporteur général. Il est, une nouvelle fois, défavorable à ces amendements tendant à la suppression d’un alinéa. Qui plus est, cette suppression irait à l’encontre de tout ce que vous venez de défendre. M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ? M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. Même avis. Un mot à l’adresse
de Mme Dalloz : l’article 20 prévoit une cotisation spécifique
pour les aides familiaux, et l’article 21, qu’elle devra être sur le
montant de la cotisation minimale, si bien qu’elle va générer des droits. Pour
être très clair, il ne faut pas quarante-trois ans comme chef d’exploitation,
mais quarante-trois ans de cotisations. Vous pouvez très bien, à un moment
donné, avoir cotisé comme salarié. Quel que soit votre type d’activité, ce qu’il
faut, c’est que l’on puisse reconstituer l’équivalent de quarante-trois années,
à raison de 600 heures au SMIC, cotisées. M. le
président. Ce fut avec plaisir, monsieur le secrétaire d’État. Vous
savez que la parole des membres du Gouvernement n’est jamais
restreinte. M. Bruno
Millienne. Monsieur le secrétaire d’État, je suis désolé : vous
avez fourni les explications demandées au sujet des agriculteurs, mais je crains
que les membres du groupe La France insoumise, qui débattaient entre eux,
n’aient pas écouté. On vous reposera donc forcément la question dans très peu de
temps. M. Adrien Quatennens. Ah ! M. Bruno Millienne. Eh bien, il est confiscatoire ; autrement dit, il installe une dictature. (Protestations sur les bancs des groupes FI et GDR.) Moi, je n’ai pas envie de vivre sous une dictature ! (Applaudissements sur quelques bancs des groupes MODEM et LaREM.) M. Jean-Paul Dufrègne. Cela s’appelle de la solidarité ! M. le président. La parole est à M. Adrien Quatennens. M. Adrien
Quatennens. Cher collègue, nous n’avons jamais eu l’intention de
confisquer quoi que ce soit à qui que ce soit : nous parlons d’une
meilleure répartition. Dans le partage de la valeur produite, de manière
générale, dans ce pays, 67 % va à la sphère financière et seulement
25 % aux investissements productifs. Peut-être pourrions-nous nous accorder
sur le fait que ce dernier chiffre est trop faible, bien trop faible pour les
grands investissements que nous devons faire afin de relever les défis qui nous
attendent. M. Bruno Millienne. Et provoqueront du chômage ! M. Adrien Quatennens. Rien que 1 % d’augmentation, ce que vous reconnaîtrez n’être pas confiscatoire, ce sont 2,5 milliards de cotisations en plus dans les caisses. M. Bruno Millienne. Sans compter les chômeurs en plus ! M. Adrien
Quatennens. Par ailleurs, vous savez aussi bien que moi que la petite
paie qui est augmentée, cela ne va pas se traduire par du boursicotage,
BlackRock et tout le reste, mais par la possibilité de mieux consommer, et
pourquoi pas d’acheter des produits alimentaires de meilleure qualité, ce qui
garantirait à nos agriculteurs une meilleure rémunération ? M. le président. La parole est à M. Julien Borowczyk. M. Julien
Borowczyk. Je suis surpris de constater à quel point les oppositions
sont mieux-disantes lorsque nous concrétisons des suggestions qu’elles-mêmes
n’ont jamais réussi à mettre en œuvre. Je suis également déçu de vous voir rater
ce formidable véhicule législatif de solidarité et d’universalité que nous
proposons. Vous le ratez d’ailleurs avec une volonté dont je tenais à souligner
le caractère pernicieux, puisque, comme l’a rappelé Frédéric Petit, le problème
des agriculteurs actuellement retraités ne sera résolu que par le projet de loi
de financement de la sécurité sociale, et en aucun cas par le texte que nous
examinons. Là encore, vous faites donc de l’obstruction ! M. le président. La parole est à M. Stéphane Viry. M. Stéphane
Viry. Il y a quelques instants, nous recherchions une sorte de concorde
nationale au sujet de nos agriculteurs et de notre agriculture. Manifestement,
il s’agissait tout au plus d’un vœu pieux ; en tout cas, cette attitude a
fait long feu. M. le président. La parole est à M. Jean-Paul Dufrègne. M. Jean-Paul Dufrègne. Nous venons une nouvelle fois d’avoir droit à une séance dite « d’obstruction », où l’on brandit les épouvantails de la démocratie en péril, de l’Assemblée otage, du blocage complet du Parlement, des dangers extrêmes, et ainsi de suite ; vous l’avez répété à chaque fois. M. Sylvain Maillard. C’est vrai ! Il y a un blocage du Parlement ! M. Jean-Paul Dufrègne. C’est une stratégie rhétorique : cette catastrophe supposée, orchestrée à l’Assemblée nationale par quelques députés qui se sont exprimés sur ce point, est censée faire admettre l’utilisation de l’article 49, alinéa 3, qui n’était pas jugée acceptable au départ. Somme toute, on veut banaliser l’idée qu’une opposition qui s’oppose, ce n’est pas bien, c’est mal, c’est même antidémocratique. M. Bertrand Sorre. Quel est le rapport avec l’amendement ? M. Jean-Paul Dufrègne. Vous nous offrez de monter dans votre véhicule législatif ; nous vous avons répété à de nombreuses reprises que nous ne le souhaitions pas. Cela ne m’a pas empêché de dire tout à l’heure : tant mieux pour ceux qui bénéficieront d’une revalorisation ! Mais nous voyons dans ce projet beaucoup, beaucoup d’insuffisances, puisque nombre d’agriculteurs partant en retraite à partir de 2022 ne pourront pas en bénéficier. Il ne nous satisfait pas, et nous voterons contre ; non contre le fait d’améliorer quelques situations, mais contre le fait que vous laisserez encore bien trop de monde sur le bord de la route. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.) M. le président. La parole est à M. le rapporteur général. M. Guillaume Gouffier-Cha, rapporteur général. Je souhaitais répondre à Stéphane Viry, qui a souligné l’expertise du rapporteur Nicolas Turquois. Les réflexions de ce dernier en commission spéciale et au sein du rapport que nous avons corédigé ont pris la forme d’un amendement, no 371148, portant article additionnel après l’article 20, que j’ai cosigné et qui proposera de borner à cinq ans le dispositif destiné aux conjoints collaborateurs agricoles, sur le modèle de ce qui existe aujourd’hui pour les aides familiaux. (Les amendements no 18276 et identiques ne sont pas adoptés.) M. le
président. Je suis saisi de deux amendements identiques,
nos 11883 et 11907, visant à supprimer le mot
« universel » de l’alinéa 4. M. Alain Ramadier. Cet amendement dû à Marc Le Fur est déjà revenu à plusieurs reprises. Il est défendu. M. le président. Effectivement ! Je vous remercie. M. Thibault Bazin. Il faut bien faire avancer le débat ! M. le président. La parole est à M. Vincent Descoeur, pour soutenir l’amendement no 11907. M. Vincent
Descoeur. Je ne souhaite pas revenir sur le caractère universel ou non
de la réforme, mais remercier M. le secrétaire d’État de sa réponse et lui
demander deux précisions. M. M’jid El Guerrab. C’est une excellente question ! M. le président. Quel est l’avis de la commission ? M. Guillaume Gouffier-Cha, rapporteur général. Il est défavorable, comme à chaque fois que nous avons examiné cet amendement. Je m’inquiétais d’ailleurs de ne pas encore l’avoir vu cet après-midi. M. le
président. Soyez rassuré ! (Sourires.) M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. Tout le monde a bien compris
que mon avis serait également défavorable. Mme Marie-Christine Dalloz. Merci pour votre réponse. M. le président. La parole est à M. Vincent Descoeur. M. Vincent Descoeur. Il reste deux points à préciser – pardonnez-moi d’être difficile à contenter, je ne sollicite pas ces précisions pour moi mais pour les professions concernées. Le premier est celui du niveau de rémunération de l’aide familial, dont dépend la cotisation. S’agissant du conjoint collaborateur, vous avez évoqué un amendement après l’article 20, qui viserait à limiter le bénéfice du statut à cinq ans. Prenons garde, cependant, à ne pas prévoir une trop courte durée qui aurait pour effet d’en écarter un trop grand nombre. Nous en débattrons le moment venu sauf si une mauvaise surprise nous empêche d’atteindre cet article. La question est fondamentale car nous devons trouver la bonne durée, celle qui reflète l’implication des épouses dans l’exploitation agricole. Plus la durée sera longue, plus nous aurons des chances de répondre aux préoccupations de ces femmes qui ne peuvent être les oubliées de cette réforme. M. le président. La parole est à M. Bertrand Pancher. M. Bertrand
Pancher. Je voudrais remercier Vincent Descoeur pour ses interventions.
Cela fait une quinzaine d’années que je ne manque aucune assemblée générale des
anciens exploitants agricoles. Les réunions ne tournent qu’autour de ces
questions – la pension de 1 000 euros réservée aux prochains
retraités, le sort des pensionnés actuels, de ceux dont les carrières ont été
espacées, des conjoints. (Les amendements identiques nos 11883 et 11907 ne sont pas adoptés.) M. le
président. Je suis saisi d’un amendement no 24942 qui
fait l’objet de plusieurs sous-amendements. M. Alain David. Cette réforme ne créant pas un régime universel unique mais un système de calcul par points applicables à plusieurs régimes, cet amendement tend à corriger la rédaction de l’article. M. le
président. Les sous-amendements nos 42578 de
M. Pierre Dharréville et 42579 de M. Sébastien Jumel sont
défendus. M. Guillaume Gouffier-Cha, rapporteur général. Avis défavorable. M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ? M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Je prends soin de lire attentivement les amendements et les sous-amendements et je suis bien certain d’avoir vu passer plusieurs fois, à des articles différents, et pour des alinéas différents, celui qui tend à substituer aux mots « universel de retraite » les mots « de retraite par points ». Je confirme mon avis défavorable. (Les sous-amendements nos 42578 et 42579, successivement mis aux voix, ne sont pas adoptés.) (L’amendement no 24942 n’est pas adopté.) M. le
président. Nous en venons à présent aux amendements tendant à supprimer
l’alinéa 5, après ceux qui tendaient à supprimer les alinéas 1 à 5
puis 2, 3 et 4. M. Alexis Corbière. Je ne comprends pas bien votre mise en scène. M. le président. Je remarquais simplement que nous arrivions aux amendements tendant à supprimer l’alinéa 5, après avoir examiné une première série d’amendements tendant à supprimer les alinéas 1 à 5, puis une somme d’amendements tendant à supprimer chaque alinéa de cet article, les uns après les autres. Cela a donné lieu à différentes prises de parole. Nous en arrivons à présent à l’alinéa 5. Tous ceux qui l’auront voulu se seront ainsi exprimés. M. Erwan Balanant. C’est beau ! De la belle légistique ! M. Alexis
Corbière. Cet amendement tend, en effet, à supprimer cet alinéa qui est
le cœur de l’article. Nos échanges auront eu le mérite de mettre en évidence ce
que plus personne ne peut contester, ni même le rapporteur général ou le
secrétaire d’État : tous les exploitants agricoles ne percevront pas une
pension de retraite de 1 000 euros. Nous avons bien fait de prendre le
temps du débat puisque, enfin, vous ne contestez plus cette évidence. Certes,
vous continuez à vous défendre en déclarant que ce serait toujours mieux que
rien. Il n’empêche que nous avons permis d’éclairer les débats. M. le président. Quel est l’avis de la commission ? M. Guillaume Gouffier-Cha, rapporteur général. Ce sera un avis défavorable, comme pour les précédents amendements visant à supprimer des alinéas de cet article. Précisons simplement à M. Corbière que nous avons pas apporté d’éclaircissements nouveaux cet après-midi puisque les réponses concernant le champ d’application avaient déjà données précédemment, à plusieurs reprises, par le rapporteur Nicolas Turquois et le secrétaire d’État. M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ? M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Même avis. (Les amendements no 18293 et identiques ne sont pas adoptés.) M. le président. L’amendement no 24943 de Mme Valérie Rabault, visant à supprimer les alinéas 6 et 7, est défendu. (L’amendement no 24943, repoussé par la commission et le Gouvernement, n’est pas adopté.) M. le président. La parole est à M. Adrien Quatennens, pour soutenir l’amendement no 21543 et les seize amendements identiques déposés par La France insoumise, qui tendent à supprimer, cette fois, l’alinéa 6. M. Adrien
Quatennens. Nous voici arrivés à la fin des débats sur cet
article 5, et il ne nous reste plus que deux amendements pour tenter de
vous convaincre de ne pas commettre l’erreur de fouler aux pieds une promesse
essentielle – à en croire en tout cas les éléments de langage dont vous
vous êtes le plus souvent servis pour défendre ce projet de réforme des
retraites. M. Rémy Rebeyrotte. Ah, elle vous ennuie, cette séquence de progrès social ! M. Adrien Quatennens. Il vous est peut-être encore possible de convaincre l’ensemble de la représentation nationale – ce serait un immense événement – de voter avec vous une mesure qui serait un progrès mais, voyez-vous, nous n’en acceptons pas le principe. Nous n’avons qu’un mot d’ordre : non pas tenter d’améliorer ce texte à la marger, mais en exiger le retrait définitif, à la suite des cheminots de ce pays, des avocats et de tous ceux qui sont mobilisés depuis plus de soixante-dix jours. M. Éric Bothorel. Et les agriculteurs ? M. Adrien Quatennens. Même les agriculteurs rejoignent le mouvement de protestation, car ils se rendent bien compte que vous trahissez vos promesses. M. Éric Bothorel. Ce n’est pas ce qu’on voit au Salon ! M. le
président. Sur l’article 5, je suis saisi par les groupes de la
Gauche démocrate et républicaine et de La République en marche d’une demande de
scrutin public. M. Guillaume Gouffier-Cha, rapporteur général. En effet, cher collègue, vous ne parviendrez pas à nous convaincre de ne pas intégrer les agriculteurs au futur système universel de retraite, ni de renoncer à les faire bénéficier de nouveaux droits, à améliorer leur pension et leur quotidien. Vous ne parviendrez pas à nous convaincre de cesser d’agir pour nos concitoyens, les agriculteurs en tête. Avis défavorable. M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ? M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Monsieur le député, il nous reste deux amendements, ou peut-être davantage, pour vous convaincre que les agriculteurs attendent les mesures de justice sociale prévues dans ce texte. Si vous voulez, comme nous, transformer le quotidien des futurs retraités agricoles en leur attribuant des pensions de retraite décentes demain, vous devez voter, non la suppression des différents alinéas de l’article 5, mais cet article lui-même. M. le
président. Il vous reste 30 820 occasions de convaincre,
monsieur le secrétaire d’État. (Sourires.) M. Pierre
Dharréville. Nous avons des regrets, mais nous ressentons aussi de la
colère face à votre refus de prendre en compte la situation des actuels
retraités agricoles. Ils n’ont cessé de répéter leurs demandes. Nous vous avons
fait une proposition qui avait recueilli un large assentiment, mais vous avez
préféré la repousser en nous expliquant que vous la reprendriez à l’occasion de
cette réforme. Or, ce n’est pas le cas. C’est un premier regret. M. Rémy Rebeyrotte. Ce n’est qu’un nouvel outil d’obstruction ! M. Pierre Dharréville. Quant à votre volonté de justice sociale, elle manque de crédit – au singulier comme au pluriel. M. Jean-Paul Dufrègne. Très bien ! M. Roland Lescure. Je l’ai connu meilleur. M. le président. La parole est à Mme Véronique Hammerer. Mme
Véronique Hammerer. Je souhaiterais recentrer le débat sur l’objet de
l’article 5, c’est-à-dire sur les futurs retraités agricoles. Cela ne nous
emmène pas très loin : en 2022, dans deux ans. M. Jean-Paul Dufrègne. C’est de la charité ! M. le président. La parole est à M. Adrien Quatennens. M. Adrien Quatennens. Chers collègues, ce n’est malheureusement pas parce que vous parlez fort ou que vous répétez les mêmes choses que celles-ci deviennent vraies. (Exclamations sur les bancs du groupe LaREM.) Je regrette de ne pas être parvenu à vous convaincre sur l’article 5, ou plutôt à vous influencer, pour reprendre les termes de notre collègue Petit. Pour nous, il ne s’agit pas d’améliorer le texte mais de défendre le mot d’ordre du retrait. Nous n’ignorons pas que nous sommes ici en minorité… Plusieurs députés du groupe LaREM. Et pas qu’ici ! M. Adrien
Quatennens. …mais il nous semble qu’à l’extérieur de l’hémicycle, le
pays tout entier souhaite le retrait du texte. (Exclamations sur les bancs du
groupe LaREM.) Ils sont beaucoup plus que 6 %, collègue Lescure :
si vous et moi nous lisons les mêmes enquêtes d’opinion, ils sont même une
majorité. M. Roland Lescure. La faute à qui ? M. Adrien Quatennens. …non du fait de l’obstruction parlementaire, qui est franchement loin des grandes heures de l’obstruction dans l’hémicycle, mais en raison d’un délai d’examen trop restreint. Monsieur le secrétaire d’État, pouvez-vous garantir que nous atteindrons bien les articles 40, 41 et 60 que vous avez évoqués ? (Exclamations sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.) Plusieurs députés des groupes LaREM et MODEM. Cela dépend de vous ! Retirez vos amendements ! M. Adrien Quatennens. Non, cela ne dépend pas de l’opposition parlementaire, mais du délai que vous voudrez bien accorder à l’examen de la réforme des retraites. J’ai donc une question claire, qui pourrait peut-être changer notre stratégie (Nouvelles exclamations sur les bancs des groupes LaREM et MODEM) : avons-nous la certitude de parvenir au terme de l’examen du texte ? La question mérite d’être posée. M. le président. La parole est à M. Frédéric Petit. M. Frédéric Petit. Je suis un peu déçu que nous n’ayons pas réussi à économiser le temps passé sur cet article et à marquer une convergence sur un sujet qui, au fond, nous rapproche. Le MODEM votera bien sûr pour l’article 5. Par ailleurs, je voudrais dire qu’il n’appartient pas à M. le secrétaire d’État de nous garantir quoi que ce soit ici. M. Pierre Dharréville. Ça, on l’a compris depuis longtemps ! M. Frédéric Petit. Ici, nous sommes la nation souveraine. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LaREM et MODEM.) M. le président. Je précise que nous en sommes toujours à l’examen des amendement, pas au vote sur l’article. (Les amendements no 21543 et identiques ne sont pas adoptés.) M. le président. La parole est à M. Alexis Corbière, pour soutenir l’amendement no 21560 et les seize amendements identiques déposés par les membres du groupe La France insoumise. M. Alexis
Corbière. Nous continuons notre travail, et trouvons ces échanges tout à
fait intéressants. Il est donc inutile, chers collègues, de hausser le ton pour
dramatiser la situation. Nous sommes principes contre principes, vision de la
société contre vision de la société… Si vous pensez que discuter de la loi
représente une perte de temps, il fallait devenir autre chose que député !
(Exclamations sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.) Vous pensez
peut-être que c’est une perte de temps que de consacrer cinq ou six semaines à
un texte qui concerne la vie de millions de gens. Mais l’histoire de la
République, l’histoire du Parlement est faite de débats très longs sur des
sujets importants. Vous avez peut-être l’habitude que tout aille vite dans vos
entreprises privées, mais quand on fait la loi, on prend le temps. Mme Brigitte Bourguignon, présidente de la commission spéciale. Vous êtes bien mal placé pour parler de méthodes agressives ! M. Alexis Corbière. C’est nous qui posons des questions. Plus de la moitié des interventions des députés de la majorité sont des réponses dilatoires, qui éludent le sujet ou évoquent le programme prétendument dictatorial de La France insoumise. M. Rémy Rebeyrotte. Vous faites de l’obstruction ! M. Alexis Corbière. C’est sans doute cette difficulté qui vous fait hésiter à recourir au 49.3 : vous voyez bien que cela ne passe pas dans l’opinion. Ceux qui parlent d’autre chose, c’est vous ! (Agitation sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.) Ceux qui crient quand on intervient, c’est vous ! Mme Nadia Essayan. Restons calmes ! M. Alexis Corbière. Ceux qui font des gestes… Je ne sais pas si c’est un geste à caractère sexuel que vous faites, madame Cloarec-Le Nabour, mais c’est assez indécent. (Exclamations sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.) M. le président. Monsieur Corbière, je sens que le débat dérape. M. Alexis Corbière. Je suis choqué, monsieur le président ! Une de nos collègues a fait un geste de la main qui, personnellement, me choque ! (Mêmes mouvements.) J’ai eu peur que… M. le président. Pas du tout, monsieur Corbière. Passons. Une députée du groupe LaREM. C’est dans votre tête ! M. Cyrille Isaac-Sibille. Sexiste ! C’est du harcèlement, monsieur Corbière ! M. Alexis Corbière. J’aimerais que tout le monde se calme. Moi, je suis calme. M. le président. Je vous remercie, monsieur Corbière. Il vous reste quelques secondes pour conclure. M. Alexis
Corbière. Je termine, monsieur le président. Je vous connais et je
trouve que vous êtes généralement un bon président, je le dis sans aucune
arrière-pensée. Je fais simplement observer que, quand j’interviens, mes
collègues se mettent à hurler et font des gestes indécents. J’aimerais, comme
tout le monde, pouvoir parler sans que l’on se mette à hurler. Mme Nadia Essayan. On vous la laisse, la responsabilité ! M. le président. Quel est l’avis de la commission ? M. Guillaume Gouffier-Cha, rapporteur général. L’objet de l’amendement, c’était encore la suppression d’un alinéa. Avis défavorable. Je souligne au passage que, sur l’article 5, à l’exception de deux amendements rédactionnels portant sur les mots « universel » et « retraite par points » – ils auraient manqué ! – nous n’avons eu que des amendements de suppression. (« Bravo ! » et applaudissements prolongés sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.) Je laisserai les agriculteurs seuls juges des attitudes de chacun. M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ? M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. Il s’agit en effet d’un article
important. Comme je l’ai dit tout à l’heure en réponse à l’un des amendements
défendus par Adrien Quatennens, j’espère que la représentation nationale réunie
ici ce soir décidera de voter massivement l’article 5, au regard des
avancées sociales significatives qu’il contient pour les agriculteurs. C’est un
moment important. M. Jean-Paul Dufrègne. Peut-être ? M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. …tout en notant que de
nombreuses dispositions seraient prises dès 2022 pour les futurs retraités
agricoles et qu’une mission allait rapidement rendre des propositions pour ceux
qui sont déjà retraités. M. le président. La parole est à Mme Marie-Christine Dalloz. Mme
Marie-Christine Dalloz. Nous sommes ici pour légiférer. N’allez pas nous
faire croire, monsieur le rapporteur général, monsieur le secrétaire d’État,
mesdames et messieurs de la majorité, qu’à travers cet article, nous votons pour
ou contre l’agriculture. C’est faux, pour deux raisons objectives. M. Guillaume Gouffier-Cha, rapporteur général. Mais non ! Mme
Marie-Christine Dalloz. …beaucoup des dispositifs sont définis à
l’article 20 et complétés à l’article 21 – M. le secrétaire
d’État lui-même nous a renvoyés aux articles 20 et 21. Nous ne traitons pas
encore du fond, mais d’un affichage de principes. Il est donc inutile de nous
donner des leçons : le monde agricole attend mieux, en termes de débat, que
celui qui consiste à dire que ne pas voter pour l’article 5, c’est dire
qu’on est contre les agriculteurs. (Exclamations sur les bancs du groupe
LaREM.) M. Cyrille Isaac-Sibille. Assumez ! (Plusieurs députés des groupes LR et MODEM s’interpellent.) M. le président. Chers collègues, s’il vous plaît. La parole est à M. Pierre Dharréville. M. Pierre Dharréville. Nous abordons ce sujet comme tous les autres, c’est-à-dire avec beaucoup d’humilité, tant la situation de nombre d’agriculteurs est préoccupante. M. le président. S’il vous plaît, mes chers collègues, gardez vos discussions pour le dîner. Pardon, monsieur Dharréville. M. Pierre
Dharréville. Face à cette situation, nous leur devons ici des réponses,
et des actes. Faut-il agir pour les retraites agricoles ? Oui. Je pense que
la réponse fait l’unanimité et, pour notre part, nous avons formulé des
propositions. La proposition que vous faites est-elle suffisante ? Non.
Est-elle satisfaisante ? Non. Est-elle cohérente ? Non. Le système de
retraite tel que vous l’imaginez est-il philosophiquement désirable ?
Va-t-il fonctionner ? Nous pensons que non. Voilà les raisons de notre
opposition. Mme Marie-Christine Dalloz. Oui, c’est vrai. M. Pierre Dharréville. C’est la raison pour laquelle nous avons déposé une proposition de loi qui contient des mesures en faveur des agriculteurs et qui fera l’objet d’une petite séquence ce soir. Elle sera sans doute trop courte à mon goût mais, qui sait, si nous prenions alors une bonne décision, la suite du débat pourrait changer… (Sourires.) Quoi qu’il en soit, je vous rassure, monsieur le rapporteur général : des propositions différentes de la vôtre existent. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.) M. le président. La parole est à Mme Caroline Fiat. Mme Caroline Fiat. Comme l’a souligné Marie-Christine Dalloz, appuyer sur un bouton ne nous fera pas voter pour ou contre les agriculteurs. (Exclamations sur les bancs du groupe LaREM.) M. Rémy Rebeyrotte. Non, mais pour ou contre leur retraite. Mme
Caroline Fiat. Personne, ici, n’est contre notre
agriculture. M. le président. La parole est à Mme Célia de Lavergne. Mme Célia
de Lavergne. Plus que sur l’article, je souhaite m’exprimer sur notre
attitude dans ce débat, notamment pour répondre aux provocations de la
gauche. M. Alexis Corbière. Monsieur le président ! Comment accepter cela ? Mme Célia de Lavergne. Vous envisagez chaque projet de loi avec une attitude destructrice. Nous, nous adoptons, je le répète, une attitude constructive. Nous voulons fonder un système universel plus solidaire, avec de vraies avancées sociales pour les femmes, pour les agriculteurs, pour tous ceux dont les carrières sont aujourd’hui hachées, pour les temps partiels. Nous voulons offrir une solidarité nationale, au-delà des quarante-deux solidarités professionnelles, sans rogner les pensions. Telle est, encore une fois, notre attitude. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM et quelques bancs du groupe MODEM.) M. le président. La parole est à Mme Agnès Firmin Le Bodo. Mme Agnès Firmin Le Bodo. Faut-il agir pour les retraités du monde agricole ? Notre réponse est oui. Faut-il exclure les agriculteurs du système universel de retraite ? Notre réponse est non. Le groupe UDI, Agir et indépendants votera donc pour l’article 5, afin d’envoyer un message fort et de permettre notamment aux agriculteurs, qui, pour la grande majorité d’entre eux, touchent des retraites inférieures à 1 000 euros, d’atteindre ce montant dès 2022, et 85 % du SMIC dès 2025. Un député du groupe LR. Et pour le stock ? Mme Agnès Firmin Le Bodo. Non pas pour le « stock », cher collègue, mais pour les « retraités actuels », dont la pension est inférieure à 1 000 euros, nous déposerons des amendements au projet de loi de financement de la sécurité sociale visant à régler en partie et de façon progressive leur situation. Rappel au règlementM. le président. La parole est à M. Adrien Quatennens, pour un rappel au règlement. M. Adrien
Quatennens. Au titre de l’article 100 sur la bonne tenue de nos
débats. (Exclamations sur quelques bancs du groupe LaREM.) Nous avons des
points de vue différents, et argumentons. Serait-il possible, dès lors, d’éviter
de se jeter à la figure des « dictature » et autres
« attiser la haine » ? Nous souhaitons simplement défendre
un projet qui ne correspond pas au vôtre. S’agissant plus précisément de
l’article 5, vous ne traduisez pas dans le texte les promesses que vous
avez faites aux Français. C’est clair. M. le président. Je vous prie de conclure, cher collègue. M. Adrien Quatennens. Moi, je n’affirme pas que vous êtes des dictateurs en puissance : je vous dis simplement que vous ne traduisez pas dans le projet de loi la promesse que vous avez faite. C’est la raison pour laquelle nous voterons contre cet article. M. le président. Monsieur Quatennens, respectez les règles du jeu ! Article 5 (suite)M. le président. La parole est à M. Bruno Millienne. M. Bruno
Millienne. Au cours de la discussion sur l’article 5, nous avons
failli parvenir à l’unanimité : le fait que les agriculteurs ne réussissent
pas à vivre de leur activité et que leurs pensions de retraite soient indignes
émeut tous les bancs de l’Assemblée. (Les amendements nos 21560 et identiques ne sont pas adoptés.) M. le président. Je mets aux voix l’article 5. (Il est procédé au scrutin.) M. le
président. Voici le résultat du
scrutin : (L’article 5 est
adopté.)
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