Article 8
M. le
président. La conférence des présidents a décidé d’autoriser deux
orateurs par groupe à intervenir sur l’article 8.
La parole est à
Mme Laurence Dumont.
Mme Laurence
Dumont. L’article 8 est au cœur du dispositif que vous souhaitez
instaurer. Rappelons que, dans le système par points, le montant de la pension
est obtenu en multipliant le nombre de points par la valeur du point et en
déduisant le malus. J’insiste sur cet élément, qui constitue un changement
majeur : pour la première fois depuis 1945, le malus est indexé sur l’âge
réel de départ à la retraite et non sur la durée de cotisation.
À titre
d’illustration, je reprendrai le cas désormais connu d’un ouvrier ayant commencé
à travailler à l’âge de 20 ans et qui, après avoir cotisé pendant
quarante-trois années, part en retraite à 63 ans. Dans votre système, cette
personne subirait l’application d’un malus de deux ans, soit une réduction de
10 % du montant de sa pension de retraite, ce qui est énorme.
Par
ailleurs, le seul élément tangible, la règle d’airain, c’est l’équilibre
financier. Tout le reste en dépend. Nous ne savons pas ce que sera la valeur du
point, et les règles d’indexation elles-mêmes sont contingentes, puisqu’elles
visent à respecter l’équilibre financier. La règle d’or constitue en quelque
sorte une camisole. Vous préméditez un échec des négociations et du paritarisme,
comme vous l’avez fait à propos de l’assurance chômage : vous aviez adressé
une lettre de cadrage dont le respect était impossible, ce qui s’est finalement
soldé par une ordonnance, avec à la clé des économies de 3,4 milliards
d’euros et la pénalisation de 40 % des chômeurs du pays. La réforme des
retraites est un deuxième coup porté aux chômeurs puisque, s’ils ne sont pas
indemnisés, ils ne recevront pas de points pour leur retraite.
En résumé,
votre seule règle d’or est celle de l’équilibre financier. Il n’y a aucune règle
d’or concernant les droits sociaux : voilà ce qui manque dans ce
texte.
M. le
président. La parole est à M. Paul Christophe.
M. Paul
Christophe. Avec l’article 8, nous entrons dans le cœur du sujet du
système universel. L’article définit le point comme unité de calcul de
l’ensemble des droits à retraite du système par répartition et en précise les
grands principes dans un nouveau chapitre du code de la sécurité sociale. Ce
faisant, il met en œuvre un choix fort : le principe selon lequel un euro
cotisé ouvre les mêmes droits. Il construit donc un système plus lisible, plus
juste et plus conforme à la réalité des métiers et des parcours du
XXIe siècle.
Le groupe UDI-Agir soutient pleinement cet
article, fort de la conviction que le système par points est plus adapté et plus
protecteur pour les travailleurs d’aujourd’hui. Le choix du calcul par points
plutôt que par trimestres permettra de prendre en compte l’ensemble des périodes
d’activité. Il permettra, par exemple, d’acquérir des points dès les premiers
emplois occupés dans la vie ; cela concerne notamment le travail saisonnier
exercé par les étudiants ou même les stages. Dans le nouveau système de
retraite, il sera possible, à la différence d’aujourd’hui, d’acquérir des points
au titre du cumul emploi-retraite : c’est un nouveau droit ouvert à tous
ceux qui le souhaitent, et il faut le saluer.
Je m’adresse à tous les
Français attentifs à nos débats : au-delà des procès d’intention et des
caricatures, l’objectif de ce projet de loi est bel et bien de créer des
nouveaux droits, mieux adaptés au mode de vie actuel. C’est d’ailleurs toute la
force de notre système de sécurité sociale que d’être capable de s’adapter
constamment aux besoins nouveaux des personnes qu’il protège. En cela, il est
conforme aux ambitions de ses fondateurs.
Notre groupe plaide enfin pour
une association plus étroite du Parlement à la définition de la valeur du point,
qu’il s’agisse de sa valeur d’acquisition ou de sa valeur de service aussi bien
que des variations apportées au niveau de l’âge systématique, que nous
évoquerons à l’article 9.
M. Antoine
Herth. Excellent !
M. le
président. La parole est à M. Alexis Corbière.
M. Alexis
Corbière. Mon collègue Ugo Bernalicis interviendra également sur
l’article 8.
Il s’agit là d’un aspect particulièrement problématique
de votre réforme : son manque de visibilité, souligné par le Conseil
d’État. Vous voulez instaurer un système à points, mais comment la valeur du
point est-elle calculée ? Il s’agit tout de même d’une question
importante ! Nous l’avons posée plusieurs fois en commission spéciale, et
il nous a été répondu – d’où l’intérêt de poser plusieurs fois les
questions – que la valeur du point serait définie en fonction du revenu
d’activité moyen par tête. Nous avons alors demandé de quoi il s’agissait, et le
rapporteur a concédé que cet indicateur n’était pas encore défini et que l’INSEE
nous en proposerait un prochainement. Avouez que c’est quand même une inconnue
assez lourde, s’agissant de l’un des éléments devant permettre de calculer la
valeur du point ! Ainsi, comme Mme Dumont l’a rappelé tout à l’heure,
vous êtes actuellement incapables de proposer à nos concitoyens un simulateur
qui leur permettrait de comprendre ce qui va leur arriver. Voilà l’un des grands
vices de notre discussion, qui nous amène à faire en sorte que ce texte ne soit
pas adopté rapidement : il y a trop d’inconnues, au détriment des
Français.
L’article 8 traite également de la question des malus.
Comme nous vous l’avons déjà dit plusieurs fois, ce que vous avez fait en la
matière n’est pas tolérable du point de vue démocratique. Vous avancez
régulièrement l’argument selon lequel vous aviez annoncé aux Français, à
l’occasion de l’élection présidentielle, que vous alliez réformer le système de
retraite. Mais vous aviez promis que vous ne toucheriez pas à l’âge légal de la
retraite, et tout le monde avait compris qu’il resterait donc autour de
62 ans. Or vous introduisez désormais la notion d’âge d’équilibre, et, si
l’âge légal est maintenu, il sera complètement décorrélé de l’âge d’équilibre.
Certes, les Français auront la possibilité de partir à l’âge légal, mais ils
subiront alors un malus.
M. Frédéric
Petit. Comme aujourd’hui !
M. Alexis
Corbière. C’est intolérable ! Vous dites à nos compatriotes :
« Si tu veux respecter la loi, tu subiras un malus pour cela ; il vaut
donc mieux ne pas la respecter et partir plus tard. »
M. Bruno
Millienne. C’est déjà le cas aujourd’hui !
M. Alexis
Corbière. Ces questions sociales ne sont pas secondaires. C’est aussi
l’objet de la controverse entre nous car vous avez floué les Français qui vous
ont fait confiance sur ce point.
M. le
président. Merci, monsieur Corbière.
M. Alexis
Corbière. Nous jugeons donc que votre texte est mauvais.
M. le
président. La parole est à M. Stéphane Peu.
M. Stéphane
Peu. Nous abordons l’un des articles les plus importants de ce texte,
puisqu’il substitue à notre système par annuités à prestations définies, où le
niveau de revenu détermine le niveau de pension, un système par points à
cotisations définies, où on sait ce qu’on paiera pendant notre carrière mais où
on touche une pension aléatoire. C’est un changement de paradigme majeur :
la retraite ne sera plus calculée sur la base des vingt-cinq meilleures années
dans le privé ou des six derniers mois de traitement dans la fonction
publique ; toute la carrière sera prise en compte, chacun capitalisant des
points dont la valeur sera évolutive et qui seront convertis en pension au
moment de la liquidation. C’est l’individualisation du droit à la retraite, qui
rend chacun comptable de son seul sort, sans visibilité sur la retraite
finale.
Depuis le début de nos débats, vous n’avez jamais réussi à
démontrer que le système par points sera meilleur et plus prévisible.
D’ailleurs, c’est le contraire : votre réforme grave dans le marbre l’aléa
permanent. À aucune de nos questions nous n’obtenons de réponse. Ces questions
sont pourtant essentielles pour évaluer l’impact de votre réforme sur nos
concitoyens. Je vais donc vous reposer quatre questions très précises, et
j’espère que nos débats permettront d’éclairer tant la représentation nationale
que les Français.
Première question : quel sera le taux de
remplacement des retraites après la réforme ?
Deuxième
question : à quoi correspond une carrière complète dans le système à
points ?
Troisième question : quelle sera la valeur
d’acquisition du point ? Faudra-t-il avoir cotisé 10 euros pour
obtenir un point de retraite, comme le prévoit le rapport Delevoye ? La
valeur d’acquisition évoluera-t-elle au même rythme que la valeur de
service ? Dans ce cas, les travailleurs devront travailler toujours plus
pour obtenir un point.
Quatrième question : quelle sera la valeur de
service du point, c’est-à-dire le rendement du point, en
2022 ?
Jusqu’à présent, nous n’avons obtenu de réponse à aucune de
ces interrogations. J’espère que le débat sur cet article permettra de nous
éclairer.
M. le
président. La parole est à Mme Christine
Cloarec-Le Nabour.
Mme
Christine Cloarec-Le Nabour. Les points seront acquis tout au long de la
vie, dès la première heure travaillée, et 1 euro cotisé vaudra la même
chose pour tous. Le montant de la retraite sera déterminé en multipliant le
nombre de points constitués par leur valeur de service, laquelle sera fixée
chaque année avec la participation des partenaires sociaux. Les garanties seront
inscrites dans la loi : les valeurs de service et d’acquisition des points
ne baisseront pas et seront indexées sur les salaires, qui augmentent plus vite
que l’inflation.
Le système à points existe déjà. Il est utilisé par les
caisses de retraite complémentaire et est bien plus simple à comprendre que le
régime de base.
Ce système sera plus lisible et plus visible : un
compte personnel de carrière permettra à chacun, à tout moment, de savoir où il
en est.
Ce système sera plus solidaire : des points de solidarité
seront attribués en cas d’inactivité pour cause de chômage, de maternité ou de
maladie, ainsi que pour les stagiaires, les personnes en situation de handicap
et les aidants, pendant les aménagements de fin de carrière et en cas de cumul
emploi-retraite.
Ce système sera plus juste car il valorisera tout
travail dès la première heure.
Je salue les belles avancées de ce système
universel de retraite par points, qui bénéficieront aux publics empêchés, à ceux
qui effectuent des petits boulots, à ceux qui ont des carrières hachées, en
particulier aux anciens étudiants, qui pourront enfin valoriser les jobs d’été
et petits boulots de leurs études ou de leur début de carrière.
J’ai
travaillé douze trimestres sans ouverture de droits à la retraite, je suis née
trop tôt : tant pis pour moi, tant mieux pour eux !
(Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM et sur quelques bancs du
groupe MODEM.)
M. le
président. La parole est à M. Maxime Minot.
M. Maxime
Minot. Dans le système actuel, le montant des pensions de retraite est
calculé sur la base des vingt-cinq meilleures années de cotisation pour le
secteur privé et des six derniers mois pour la fonction publique, on l’a dit à
plusieurs reprises. Or l’article 8 vise à mettre en place un système de
calcul de pension prenant en compte l’intégralité de la carrière.
Cela va
considérablement réduire les pensions de retraite de la majorité des Français,
dans la mesure où les mauvaises années seront également prises en compte. De
plus, cela va défavoriser les personnes qui ont vu leur rémunération progresser
pendant leur carrière car elles ont occupé des fonctions à plus forte
responsabilité ; leur mérite ne sera donc plus valorisé dans le cadre de
leur retraite, comme c’est le cas actuellement – nous défendrons d’ailleurs
un amendement visant à préserver ce principe.
Beaucoup d’interrogations
restent sans réponse, notamment sur la valeur du point. Le rendement du point de
retraite devrait être fixé à 5,5 %, si l’on en croit le rapport Delevoye.
Ma question est donc la suivante : quels sont le détail et les hypothèses
du calcul ayant donné ce résultat ? (Applaudissements sur quelques bancs
du groupe LR.)
Mme
Marie-Christine Dalloz. Bravo !
M. le
président. La parole est à M. Frédéric Petit.
M. Frédéric
Petit. J’ai été très flatté par vos propos, madame Dalloz. J’ai toujours
pensé que la politique ne devait pas être un métier, mais j’ai pu constater que
cela nécessite un gros travail. Puisque nous en sommes aux indicateurs, j’ai
sans doute beaucoup parlé, mais le rapport entre mon temps de parole et mon
temps d’écoute, depuis le début de nos débats, est sans doute l’un des plus
faibles…
Vous avez dit, monsieur Bernalicis, que la loi encadrait la part
du PIB consacrée aux retraites. C’est faux : ce pourcentage ne sera qu’une
constatation après les décisions qui auront été prises en matière de
cotisations. Vous avez également évoqué la différence entre l’âge légal et l’âge
réel de départ à la retraite. Aujourd’hui, les Français prennent leur retraite à
63,7 ans en moyenne ; si l’on ne change rien, cet âge continuera
d’augmenter, sachant qu’il est possible de différer son départ à la retraite
jusqu’à 67 ans. Quant à la crise de 2008, monsieur Bernalicis, elle est
peut-être la cause de la réforme Touraine menée quelques années plus
tard.
J’en viens enfin aux dispositions de l’article 8. La question
du taux de remplacement et de la prise en compte des vingt-cinq meilleures
années ou de la totalité de la carrière est hors sujet. Comme je l’ai dit tout à
l’heure et comme le précise l’alinéa 7 de l’article 9, la valeur du
point sera d’abord calculée en divisant le gros panier – le nouveau panier
commun, pour reprendre l’image que j’ai utilisée tout à l’heure –, non pas
de manière égalitaire, mais en utilisant une moyenne pondérée des mérites.
J’entends dire que l’indicateur nécessaire n’existe pas, mais je précise que
l’indicateur en question ne servira pas à calculer la valeur du point : ce
n’est qu’une fois fixée la valeur initiale du point, avant le 30 juin 2021
pour le 1er janvier 2022, comme le précise l’alinéa 7 de
l’article 9, qu’il conviendra de déterminer son évolution en l’indexant sur
un indicateur. En effet, ce dernier n’existe pas encore à ce stade, mais sa
construction ne sera pas très compliquée : il suffira de regrouper trois
indicateurs existants portant sur l’évolution des salaires en général, sur
l’évolution des salaires dans le secteur privé et sur l’évolution des revenus
des indépendants. Nous devrions y arriver facilement !
Nous
discutons donc enfin du bon article. J’aimerais que nous démystifiions ces
dispositions :…
M. le
président. Merci, monsieur Petit.
M. Frédéric
Petit. …le point ne détricote rien du tout ; il ne fait que changer
un mode de calcul.
M. le
président. La parole est à M. Philippe Vigier.
M. Philippe
Vigier. Je ne renierai pas la position que je défends depuis de
nombreuses années : j’ai toujours été favorable à la mise en place d’un
système de retraite par points, et ne comptez pas sur moi pour changer d’avis.
Ce système offre davantage de souplesse : l’affilié n’est plus prisonnier
de la notion de trimestre, même si la possibilité d’annualisation du temps de
travail constitue une avancée incontestable. Pour autant, plusieurs questions se
posent, et la confiance que les Français accorderont au système dépendra des
réponses que vous y apporterez.
La première question sur laquelle il
faudra nous éclairer, monsieur le secrétaire d’État, concerne le fameux
indicateur que vous avez demandé à l’INSEE. Dans quelles conditions cet
indicateur sera-t-il élaboré et quelles garanties effectives pourra-t-il nous
apporter ? Cette question n’a pas été tranchée. À l’heure où je vous parle,
nous n’avons absolument aucune information précise à ce propos.
La
deuxième question porte sur le rôle du Parlement et la clause de revoyure. Il
est prévu que le Parlement se prononce sur la trajectoire tous les cinq ans,
mais ne pourrait-on pas profiter de la discussion du PLFSS, rendez-vous
important pour les parlementaires, pour veiller à la bonne tenue de la
trajectoire et à l’absence de tromperie en la matière ? Si nous nous
prononcions chaque année sur cette question, la démocratie parlementaire
s’associerait efficacement, me semble-t-il, à la démocratie
sociale.
Enfin, l’article 8 dispose que des points seront attribués
en fin de carrière. Lesquels ? On ne peut pas tout renvoyer aux
ordonnances : nos compatriotes et les parlementaires que nous sommes
doivent connaître les modalités d’attribution de ces points supplémentaires,
notamment au vu des critères de pénibilité. Au-delà du stock de points acquis de
manière classique, il y a tous les points qui seront attribués en plus :
ces derniers susciteront de la confiance et seront un gage d’efficacité de la
réforme. Sur ce sujet, il faut éclairer la représentation nationale. Monsieur
Turquois, nous ne pouvons pas renvoyer cette question à une ordonnance :
c’est notre rôle que de déterminer comment les différents critères seront pris
en compte, comment ils permettront d’obtenir des points supplémentaires et
comment ils rendront le nouveau système universel de retraite solide et
robuste.
Voilà des questions simples, qui ne font pas obstacle à la mise
en place du système par points mais qui, au contraire, cherchent à le sécuriser.
Il faut donc que vous nous apportiez des réponses.
M. le
président. La parole est à M. Joël Aviragnet.
M. Joël
Aviragnet. Je voudrais revenir sur cette farce, que vous nous faites
régulièrement, consistant à dire qu’on va faire confiance au dialogue social. Le
problème est qu’avec la règle d’or, c’est une véritable camisole que vous allez
imposer au paritarisme, cette règle servant de baguette pour taper sur les
doigts des partenaires sociaux. Tout est défini à l’avance, vous ne leur laissez
aucune marge de manœuvre. Ils ne pourront pas décider autre chose que
l’équilibre financier du système de retraite, ayez l’honnêteté de le
reconnaître. Vous êtes en train de préméditer l’échec des négociations et du
paritarisme, comme vous l’avez fait pour l’assurance chômage. Vous aviez alors
adressé une lettre de cadrage impossible à respecter, d’où le résultat, qui
était tout à fait prévisible. Il y a fort à craindre que la conférence de
financement soit elle-même beaucoup trop encadrée et que rien de bénéfique ne
puisse donc en sortir.
M. le
président. La parole est à M. Ugo Bernalicis.
M. Ugo
Bernalicis. Le carcan budgétaire que constitueront les règles définies
notamment par le projet de loi organique nous a fait dire que votre objectif
était de plafonner les dépenses de retraite à 14 % du PIB. Ce n’était pas
exact, vous avez raison, puisque le tableau 39 de votre étude d’impact
indique qu’à horizon 2050, l’objectif sera de les plafonner à 12,9 %
du PIB, soit encore moins que le montant des pensions servies aujourd’hui. Vous
prétendez que la valeur du point ne baissera pas – on peut d’ailleurs se
demander pourquoi, mais c’est une autre histoire –, pas plus sa valeur
d’acquisition que sa valeur de service, mais il y a ce fichu coefficient
d’ajustement, qui définit l’âge à partir duquel on applique le malus de 5 %
par an. Voilà l’arnaque.
En réalité, le seul gain attendu de la mise en
place d’un tel système est politique, voire politicien : vous ne serez pas
obligés de revenir devant le Parlement tous les trois, quatre ou cinq ans pour
faire voter une nouvelle réforme des retraites sous prétexte qu’il n’y a plus de
sous et qu’il faut travailler plus longtemps, ce qui suscite toujours du
mécontentement et des manifestations. Il suffira désormais à un conseil national
des retraites de faire varier ces valeurs discrètement, sur un coin de table, à
chaque projet de loi de financement de la sécurité sociale. Ce ne sera plus une
réforme des retraites, mais une simple modification des valeurs d’acquisition et
de service, et d’un coefficient d’ajustement auquel personne ne comprend rien.
Cela vous évitera d’avoir à assumer politiquement le fait de devoir dire
régulièrement aux gens qu’ils vont trimer plus longtemps. Voilà le seul gain,
politicien, de cette manœuvre consistant à substituer des points aux trimestres.
Nous ne sommes pas d’accord car le système actuel des trimestres est plus
protecteur.
M. le
président. La parole est à M. Alain Bruneel.
M. Alain
Bruneel. Depuis le commencement des débats, la majorité comme le
Gouvernement répètent à l’envi que le futur système de retraite par points
serait plus égalitaire et redistributif que le système actuel. Cet argument ne
tient pas quand on dévoile la réalité de votre réforme. Il n’est nul besoin d’un
système à points pour corriger des inégalités qui auraient très bien pu l’être
dans le cadre du système des annuités. Vous me permettrez de développer deux
éléments à l’appui de mon argumentation.
Premièrement, on découvre que,
si la réforme est plus égalitaire c’est au prix d’un nivellement des droits par
le bas. Ce qui vous permet d’afficher un effort de redistribution, c’est le fait
que les personnes aux bas revenus seront rattrapées par le filet social de
sécurité que constitue le minimum de pension de 85 % du SMIC. Encore
faudra-t-il qu’elles remplissent toutes les conditions pour en bénéficier :
avoir cotisé pendant quarante-trois années et avoir atteint l’âge d’équilibre de
65 ans. En revanche, si ces assurés doivent partir à la retraite avant
d’avoir atteint l’âge d’équilibre – à 62, 63 ou 64 ans –, les
simulations du collectif nosretraites.fr montrent que leurs retraites seront
inférieures dans le système par points que celles qu’ils auraient touchées dans
le système actuel.
Deuxièmement, on découvre que la réduction des
inégalités s’explique par l’exclusion des personnes à hauts revenus de la
répartition. Au-delà de 10 000 euros par mois, elles ne seront plus
assujetties à cotisations contributives, alors que le système actuel les y
soumet jusqu’à 27 000 euros par mois. Ce cadeau de 4 milliards
d’euros par an aux entreprises fera chuter de manière mécanique le niveau des
retraites les plus élevées, ce qui explique la réduction de l’écart entre
petites et grosses retraites.
Ces deux mesures expliquent l’essentiel de
la redistribution. Le système par points est une machine à reproduire les
inégalités.
M. le
président. La parole est à Mme Florence Granjus.
Mme
Florence Granjus. Nous avons l’ambition de mettre en place un système de
retraite universel, obligatoire pour tous, par répartition et par
points.
Le système par points vise à plus de justice, de clarté, de
lisibilité. L’article 8, que nous abordons, pose le principe que les droits
seront calculés en points et que ces points refléteront la vie professionnelle,
toute la vie professionnelle – périodes d’activité et périodes de chômage,
de maladie, d’interruption pour l’éducation des enfants. Le système par points
traduira fidèlement les droits constitués et mettra fin aux injustices
actuelles, que nul ne peut nier quand la France, un des pays les plus riches au
monde, compte 1 million de retraités pauvres, vivant avec moins de
1 000 euros par mois.
Alors oui, nous avons choisi de combattre
ces injustices, nous avons choisi de réformer le système de calcul des retraites
et nous avons choisi de mettre en place un système qui reflète mieux la carrière
professionnelle et qui la reflète tout entière. (Applaudissements sur les
bancs du groupe LaREM.)
M. le
président. La parole est à M. Éric Woerth.
M. Éric
Woerth. Il ne faut pas se noyer ainsi dans de fausses certitudes :
il est impossible de donner des garanties absolues aux futurs retraités.
(Applaudissements sur les bancs du groupe FI.) Ce n’est pas moi qui le
dis, mais Jean Pisani-Ferry dans un article du Monde d’hier.
Le
système par points sera-t-il plus lisible ? Pas vraiment puisque personne
ne connaîtra la valeur du point, alors qu’il était assez simple de modifier la
distribution des trimestres. Sera-t-il moins opaque que le système actuel ?
Pas vraiment non plus, pour la même raison.
Je n’ai, pour ma part, pas
d’opposition de principe à un tel système : il s’agit simplement d’une
modalité de calcul différente, déjà en vigueur pour un certain nombre de régimes
importants. J’ai cependant quelques questions à vous poser sur des paramètres
importants.
D’abord, pourquoi avoir retenu le taux de rendement de
5,5 % ? Comptez-vous le fixer dans le marbre ? Je ne le pense
pas.
Y aura-t-il ce que l’on appelle un « taux d’appel du
point », sur le modèle de ce que fait l’AGIRC-ARRCO, l’achat d’un point ne
permettant pas de bénéficier de 100 % des droits issus de ce point ?
Ce mécanisme assez discret fait que le point a perdu de sa valeur au moment
d’être transformé en droits à la retraite.
Le taux de rendement global
sera-t-il garanti jusqu’à 2045 ou plus longtemps ? Dans ce cas, c’est le
montant des pensions qui constituera la variable d’ajustement.
Pourquoi
n’avez-vous pas retenu un mode de calcul des pensions sur la base des vingt-cinq
meilleures années de points ? Nombre de problèmes sociaux qui se posent
pour les salariés ayant effectué une carrière longue auraient été ainsi résolus.
Cela aurait été possible sans devoir passer par un algorithme compliqué :
il aurait suffi d’additionner les points acquis au cours des vingt-cinq
meilleures années et d’établir une moyenne annuelle.
M. le
président. Merci, monsieur le président Woerth.
M. Éric
Woerth. Enfin, comptez-vous enfin distribuer des points pour les
périodes de chômage non indemnisées ?
M. le
président. La parole est à M. Bruno Fuchs.
M. Bruno
Fuchs. On prétend, pour la deux-centième ou la trois-centième fois, que
nous voulons baisser le niveau des retraites et que tout le monde va y perdre.
Je voudrais donc à nouveau expliquer ce que mon collègue Petit vient d’expliquer
ce que nous avons déjà tous expliqué des dizaines, des centaines de fois :
une projection à 2050 prévoit effectivement une baisse de la part des pensions
de retraites dans le PIB, mais cela se vérifie aussi dans le système actuel, à
epsilon près.
M. Ugo
Bernalicis. De combien l’epsilon ?
M. Bruno
Fuchs. À 0,1 point près. Si vous refusez cette baisse, aidez-nous à
transformer le système.
Vous voulez que 16 points de PIB soient
consacrés à ces dépenses, soit 50 milliards de prélèvements en plus.
M. Ugo
Bernalicis. Exactement !
M. Bruno
Fuchs. Moi, je ne voudrais pas vivre dans une France qui devrait
supporter 50 milliards de prélèvements supplémentaires.
M. Nicolas
Forissier. Pour les prélèvements, ils sont champions !
M. Bruno
Fuchs. Ce n’est pas 100 000 gilets jaunes que vous auriez en face
de vous, mais 20 millions ou 30 millions.
Je voudrais insister
sur la visibilité et la prévisibilité du système par points, en vous donnant
lecture d’un courrier électronique que d’autres collègues ont peut-être aussi
reçu, dans lequel un professeur de l’éducation nationale décrit sa situation. Il
a pris sa retraite, préparée avec le rectorat, en septembre 2019, à
62 ans et un jour, avec l’assurance de toucher une retraite à taux plein de
2 600 euros par mois. Deux mois plus tard, on lui apprend qu’il n’a
finalement pas droit à une retraite à taux plein, qu’un autre indice est retenu
et qu’il touchera 1 300 euros. En deux mois, sa pension est tombée de
2 600 à 1 300 euros, et il ne peut plus revenir en arrière
puisque ses droits ont été liquidés, tout cela parce qu’il aurait travaillé à
mi-temps quatre mois de trop. Il se retrouve donc dans une situation absolument
impossible, qui ne pourra plus survenir avec le système par points.
M. le
président. La parole est à M. le secrétaire d’État.
M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. L’article 8 suscite de
nombreuses questions avant même que nous n’entamions l’examen des
amendements ; elles étaient même posées avant que nous n’abordions cet
article, puisque vous les avez posés lors de l’examen des
articles 1er, 2, 3, 4, 5, 6 et 7 – en un mot, vous les
posez depuis le début de nos débats il y a une dizaine de jours, alors que
c’était hors sujet. Mais j’ai toujours plaisir à être ici pour répondre à vos
questions !
M. Ugo
Bernalicis. Ah ! Vous y prenez donc plaisir !
M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. Très franchement, monsieur Peu,
vous ne pouvez pas dire que vous n’avez pas obtenu de réponse sur ce que sera
une carrière complète ! Vous qui avez participé assidûment à nos débats,
vous savez très bien que j’ai répondu à cette question. Vous voulez dire
peut-être que ma réponse ne vous convient pas…
M. Stéphane
Peu. Voilà.
M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. …mais vous savez que je vous ai
répondu : la durée exigée sera de 516 mois. Le calcul en mois sera
d’ailleurs plus avantageux que le calcul en trimestres et il se fera sur la base
d’une cotisation équivalente à 50 heures payées au SMIC. Cela représentera
quarante-trois annuités, soit en points de solidarité, soit en points
cotisés.
Sur les taux de remplacement, monsieur Peu, je trouve que
l’étude d’impact est relativement complète, même si j’ai bien compris qu’elle
n’avait pas l’heur de vous satisfaire. Les graphiques 59 et 61,
pages 176 et 177 – que, je vous l’accorde, nous n’avons pas encore
évoqués –, sont de nature à vous rassurer : ils montrent que la
pension annuelle moyenne de droit direct va progresser en euros constants ;
et le montant de la pension moyenne perçue sur le cycle de retraite – on
s’intéresse là à la durée passée à la retraite – progresse
aussi.
M. Peu et plusieurs autres députés, sur divers bancs, ont
évoqué les valeurs d’achat et de service du point, qui feront l’objet d’un
article spécifique. Comme vous le savez, elles seront fixées par la CNRU, la
Caisse nationale de retraite universelle. Cela ne fait pas débat – nous en
avons d’ailleurs parlé de nombreuses fois. Comme je l’ai déjà expliqué, nous
voulons que la gouvernance ait un fonctionnement proche de celui de
l’AGIRC-ARRCO et qu’elle endosse donc des responsabilités. Il n’y a pas
d’ambiguïté en la matière.
Cela nous amène au taux de rendement. Pourquoi
l’avons-nous fixé à 5,5 % ? D’abord parce qu’il est proche de celui
qui est constaté par l’AGIRC-ARRCO. Ensuite parce qu’il permet d’atteindre
l’équilibre au regard des autres paramètres. Il sera constant par défaut mais
sera piloté par la CNRU, comme je viens de le dire. Vous aurez beau me demander
cinquante ou mille fois quelle décision prendra la CNRU, je ne pourrai pas vous
répondre car c’est elle qui aura la main. Vous continuerez donc à affirmer que
je ne vous ai pas répondu précisément ! Le projet de loi que je défends a
précisément pour objet de confier les décisions à la gouvernance et aux
partenaires sociaux. Évitons donc de reproduire, après ces deux premières
semaines, un débat circulaire dans lequel vous posez des questions en sachant
pertinemment que je n’ai pas la réponse ! Une fois encore, le projet de loi
précise à qui il reviendra de déterminer cette valeur ! Je considère que
nous pourrions passer à autre chose !
Quant à la valeur du point,
elle est faciale ; c’est plutôt le rendement du point qui importe. Dans
notre simulation, nous avons retenu un taux de 5,5 %, proche de la réalité
constatée par l’AGIRC-ARRCO, je viens de l’expliquer. Il sera garanti dans le
temps puisque les valeurs d’achat et de service sont indexées de la même
façon.
En outre, certains m’ont interrogé, une nouvelle fois, sur le
revenu moyen par tête. Comme je l’ai déjà expliqué, un décret précisera le
détail de cet indicateur, et l’INSEE, organisme indépendant, le concevra.
(Exclamations sur les bancs du groupe FI.)
Mme Cendra
Motin. Il n’y a que La France insoumise pour mettre en cause
l’INSEE !
M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. L’INSEE produit déjà
l’indicateur du salaire moyen par tête, dont personne ne conteste la qualité. Il
n’y a donc aucune raison que, demain, son indicateur du revenu moyen par tête
soit contesté. C’est la vie normale d’un institut de statistiques indépendant
que de fournir des éléments utiles à la société. Je lui fais confiance pour y
procéder, une fois que les choses auront été établies par décret.
M. Alexis
Corbière. Et voilà !
M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. Ce sera une amélioration.
Certains nous ont reproché d’effectuer des simulations sur la base du salaire
moyen par tête. Il était pourtant normal que nous utilisions l’indicateur
disponible ! C’est même l’indicateur majoritaire disponible, qui détermine
largement le revenu moyen par tête, dans la mesure où 70 % des actifs sont
des salariés. Nous avons donc pris pour référence un indicateur parfaitement
clair et rigoureux, qui conditionnera significativement l’indicateur du revenu
moyen par tête : il décrira l’évolution du revenu de l’ensemble des actifs,
dont plus de 70 % sont des salariés. (Mme Cendra
Motin applaudit.)
Vous avez soulevé de nombreux autres sujets mais,
pour ne pas être trop long, je les traiterai volontiers à l’occasion des
amendements suivants. Je reviendrai toutefois sur la garantie du
rendement : une fois encore, les valeurs d’acquisition et de service
évolueront de la même façon, suivant les mêmes indicateurs. Dès lors que le taux
de rendement découle de ces deux valeurs, vous avez tout lieu d’être rassurés.
(Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM et sur quelques bancs du
groupe MODEM.)
M. le
président. Je suis saisi de trente-cinq amendements,
nos 961 et 11913, nos 16652 et identiques
déposés par le groupe La France insoumise, et nos 26763 et
identiques déposés par le groupe de la Gauche démocrate et républicaine, tendant
à supprimer l’article 8.
La parole est à M. Joël Aviragnet,
pour soutenir l’amendement no 961.
M. Joël
Aviragnet. Le projet de loi engage une réforme sans précédent de notre
système de retraite depuis 1945, non seulement parce qu’il fait de l’âge de
départ à la retraite plutôt que la durée de cotisation le déterminant d’une
retraite à taux plein, mais aussi parce qu’il fait des revenus perçus – ou
plutôt non perçus – durant la totalité d’une carrière, et non durant les
meilleures années, le critère de calcul de la pension. C’est pourquoi ce système
sera une source d’inégalités accrues pour l’ensemble des assurés.
Dès
lors que le montant de la retraite sera calculé sur l’ensemble de la carrière
plutôt que sur les meilleures années, le revenu de référence sera mécaniquement
plus faible, ainsi que les pensions – de même que si l’on retient
uniquement les meilleures notes d’un élève, sa moyenne est plus élevée que si
l’on prend l’ensemble de ses notes. Un assuré dont les revenus évoluent moins
vite que la moyenne – ce qui est le cas de la majorité des employés,
ouvriers et fonctionnaires – verra son pouvoir d’achat en points diminuer
dans le temps et perdra chaque année un peu plus de points, de manière
cumulative.
Le système par points prévoit par ailleurs d’instaurer un âge
d’équilibre auquel les assurés d’une génération pourront liquider leur retraite
sans décote. Loin d’offrir aux assurés la liberté de choisir de partir avant ou
après cet âge, moyennant décote ou surcote, l’âge d’équilibre constitue une
violence économique.
Les failles, les insuffisances et les simulations
tronquées qui constituent ce projet de loi et ses annexes ne peuvent décemment
permettre au Parlement de mener un débat éclairé sur un sujet qui représente
14 % du PIB et concerne 67 millions de Français, sans compter les
générations à venir. Le présent amendement propose donc la suppression de
l’article 8.
M. le
président. Sur les amendements identiques nos 961 et
identiques, je suis saisi par le groupe La France insoumise d’une demande de
scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée
nationale.
La parole est à Mme Marie-Christine Dalloz, pour soutenir
l’amendement no 11913.
Mme
Marie-Christine Dalloz. Dans son avis relatif au projet de loi, au
point 22, le Conseil d’État rappelle : « la fixation
d’orientations pluriannuelles des finances publiques relève du domaine exclusif
des lois de programmation des finances publiques » – la précision
n’est pas anodine – et « les lois de finances et de financement de la
sécurité sociale sont régies, quant à elles, par le principe d’annualité ».
Ainsi, des dispositions adoptées dans le champ organique ne peuvent interférer
avec le plafond de dépenses fixé par le législateur financier – je parle
ici sous le contrôle du président de la commission des finances. Comment ces
dispositions s’articulent-elles avec la ratification par la France du TSCG, le
traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l’Union
économique et monétaire ? C’est une question fondamentale, mais rien de
tout cela n’est clair.
Vous expliquez, monsieur le secrétaire d’État,
qu’il existe une corrélation entre les valeurs d’acquisition et de service. Or
cette corrélation n’existe pas, et l’AGIRC-ARRCO en apporte la preuve :
elle ne montre aucune corrélation entre la valeur d’achat et la valeur de
service. Sinon, pourquoi retiendriez-vous l’échéance de 2045 ? Rappelons
d’ailleurs que le taux de rendement constaté à l’AGIRC-ARRCO n’est pas de
5,5 %, mais de 4,5 %. Si vous retenez le taux de 5,5 %, cela
signifie que vous fixez un âge d’équilibre à 65 ans. Si, en revanche, vous
aviez appliqué le même taux que l’AGIRC-ARRCO, cela aurait créé un important
déséquilibre et une perte de revenus. Vos projections n’étaient donc pas aussi
crédibles que vous l’auriez souhaité. Tout cela doit être précisé dans
l’article 8. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LR.)
Mme Cendra
Motin. Ainsi a dit le rapporteur !
M. le
président. La parole est à Mme Bénédicte Taurine, pour soutenir
l’amendement no 16652 et les seize amendements identiques
déposés par les membres du groupe La France insoumise.
Mme
Bénédicte Taurine. Pour nous, le système de retraite que vous proposez
n’est ni juste ni universel, et sera encore moins lisible que l’actuel. Il a été
question tout à l’heure du million de retraités pauvres que compte notre pays.
Or votre réforme ne résout en rien la situation, par exemple, des paysannes et
des paysans qui ont une recette indécente. Vous expliquez que votre système
prendra en compte les petits boulots des étudiants. Pour notre part, nous
considérons qu’un étudiant doit se consacrer entièrement à ses études, sans
avoir à travailler pour les payer. (Applaudissements sur les bancs du groupe
FI.) La vocation d’un étudiant, notamment de milieu modeste, est bien
d’étudier. On constate malheureusement qu’à l’université, les étudiants issus
des classes les plus défavorisés sont très peu nombreux.
(M. Alexis Corbière applaudit.)
M. Rémy
Rebeyrotte. Mais c’est faux !
Mme
Christine Cloarec-Le Nabour. Ce n’est plus le cas !
M. le
président. Laissez Mme Taurine poursuivre.
Mme
Bénédicte Taurine. Enfin, il est hallucinant de vous entendre invoquer
les partenaires sociaux. Vous n’avez pas hésité une seule seconde à supprimer
les CAPN et les CAPA – les commissions administratives paritaires
nationales et les commissions administratives paritaires académiques – au
ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse, tout comme les CHSCT
– comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail – et les
délégués du personnel. Vous renvoyez les discussions aux partenaires sociaux
quand ça vous arrange, mais quand il s’agissait de respecter leurs droits, vous
ne l’avez pas fait. (Applaudissements sur les bancs du groupe
FI.)
M. le
président. La parole est à M. Stéphane Peu, pour soutenir
l’amendement nos 26763 et les quinze amendements identiques
déposés par les membres du groupe de la Gauche démocrate et républicaine.
M. Stéphane
Peu. Avant d’en venir aux amendements, je souhaiterais m’adresser à
M. le secrétaire d’État, qui a donné des explications sur la durée de la
carrière complète, soit 516 mois cotisés. Or ces 516 mois ne
permettront de toucher que la pension minimale ; pour le reste, tout
dépendra de l’âge d’équilibre, que personne ne connaît. L’incertitude est totale
pour la majorité des assurés.
Quant à nos amendements, ils visent à
supprimer l’article 8. Le système de retraite actuel est à prestations
définies, principe qui fonde le pacte social de notre pays. Votre réforme
cassera ce pacte social puisqu’elle fera disparaître l’engagement explicite
garantissant un niveau de retraite dans la continuité du salaire perçu en fin de
carrière. En fait, les assurés cotiseront sans savoir quelle pension ils
toucheront. Le système que vous instaurez ne sera plus à prestations définies,
mais à cotisations définies.
En rendant la retraite aléatoire, vous
ouvrez la voie à la capitalisation. Tout au long de leur carrière, nos
concitoyens sauront combien ils cotiseront mais ignoreront combien ils
toucheront une fois à la retraite. Face à cet aléa et à cette incertitude, ceux
qui en auront les moyens, et eux seuls, s’orienteront vers une solution de
retraite par capitalisation. En cela, l’introduction d’un système à points
provoque un changement de paradigme et une ouverture, par petites touches, vers
la retraite par capitalisation. C’est la perversité de votre système, si je puis
dire : compte tenu des aléas et des incertitudes qu’elle fera peser sur les
retraites, votre réforme est extrêmement dangereuse pour notre contrat
social.
M. le
président. Quel est l’avis de la commission sur ces amendements de
suppression ?
M. Nicolas
Turquois, rapporteur. Si j’étais arrivé ce matin dans l’hémicycle
les yeux bandés, j’aurais pu croire que nous en étions encore à la discussion
générale : tout a été abordé, depuis les 12,9 % du PIB consacrés aux
retraites jusqu’au minimum social, en passant par les agriculteurs, les
étudiants, etc. ! Il ne manque que les trois et huit PASS, à moins que cela
ne m’ait échappé !
Mme
Marie-Christine Dalloz. Bonne idée ! On l’avait oublié !
M. Nicolas
Turquois, rapporteur. Je vous fais confiance !
M. Ugo
Bernalicis. Bien vu, monsieur le rapporteur !
M. Stéphane
Peu. On va être obligés d’intervenir de nouveau !
M. Nicolas
Turquois, rapporteur. Certains ont reproché au texte d’être mal
structuré. Nous avons examiné les principes généraux à
l’article 1er. À l’article 2, la seule décision concrète,
ayant un enjeu politique, concernait les générations qui entreront
progressivement dans le dispositif, nées après le 1er janvier
2004 ou après le 1er janvier 1975. Dans les articles suivants,
nous avons intégré toutes les professions, une à une. Ce matin, alors que nous
abordons enfin le cœur du projet, la définition du système à points, nous ne
parvenons même pas à discuter des éléments techniques ! Plutôt que d’en
rester à des considérations générales, parlons du point !
(Mme Monique Limon applaudit.)
M. Stéphane
Peu. Nous avons voulu rappeler les grands principes !
M. Nicolas
Turquois, rapporteur. L’article 8 définit clairement les
modes de liquidation : nombre de points multiplié par la valeur du point,
éventuel bonus ou malus – nous y reviendrons, et cela donnera assurément
lieu à des discussions politiques –, valeur d’acquisition rapportée aux
cotisations, modalités d’acquisition de points supplémentaires. Voilà l’enjeu de
l’article 8 : au bout de douze jours, nous en arrivons au point, à la
définition précise des modalités de calcul ! Concentrons-nous donc sur
l’objet du texte et, si possible, ne refaisons pas la discussion générale à tout
bout de champ. Nous y gagnerons en clarté et en pertinence politique, je
crois.
M. Nicolas
Turquois, rapporteur. Je suis défavorable aux amendements de
suppression de l’article.
M. le
président. La parole est à M. Jacques Maire.
M. Jacques
Maire. Je voudrais revenir sur les interrogations réitérées par Stéphane
Peu, relatives à la distinction entre système à cotisations définies et système
à prestations définies, sans pour autant apporter beaucoup de clarté.
Je
me permets de préciser que le système par points est un système à prestations
définies. Pourquoi ? Parce que les points représentent une créance sur le
système et qu’ils ont une valeur définie, garantie par la loi, ce qui interdit
de la remettre en cause. Les systèmes à cotisations définies obéissent au
contraire à la capitalisation. Ce sont ceux que vous évoquez, mais cela ne
figure pas dans le texte : ce sont les fonds de pension, souvent assortis
– pas toujours – d’une garantie de l’employeur, et, si cette garantie
vient à faire défaut, les prestations baissent. Encore une fois, nous ne
proposons pas du tout un tel système, mais un système à prestations définies,
universel, fondé sur la répartition et généralisant celle-ci à trois PASS, ce
qui, à ce jour, n’est pas le cas pour toutes les professions.
(Applaudissements sur les bancs du groupe MODEM.)
M. le
président. Quel est l’avis du Gouvernement ?
M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. D’abord, les décisions prises
par la Caisse nationale de retraite universelle seront clairement articulées
avec le PLFSS. Le projet de loi organique prévoit d’ailleurs que les tableaux
financiers figurent en annexe du PLFSS. Nous débattrons donc de ces
dispositions : vous aurez voix au chapitre, mesdames, messieurs les
députés.
Mme
Marie-Christine Dalloz. C’est le b.a.-ba de la démocratie !
M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. Le Conseil d’État avait demandé
que les paramètres financiers soient approuvés par décret, et ce sera le
cas.
Par ailleurs, madame Dalloz, vous posiez la question du taux de
rendement. Je ne vous en fais pas grief, car les choses peuvent évoluer d’une
année à l’autre, mais le taux de rendement de l’AGIRC-ARRCO n’est pas inférieur
à 5,5 %, contrairement à ce que vous croyiez, mais légèrement supérieur à
ce taux : en 2019, il s’élevait à 5,81 % – j’ai vérifié et je
suis prêt à débattre avec vous sur cette base. Du reste, pour juger du taux de
rendement, il faut tenir compte de l’indexation de la valeur du point.
Mme
Marie-Christine Dalloz. Eh oui !
M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. La valeur du point de
l’AGIRC-ARRCO a été indexée sur l’inflation. Nous proposons une indexation
beaucoup plus dynamique. (Exclamations sur les bancs du groupe LR.) Si
vous voulez établir une comparaison, vous devez considérer cet
élément.
Nous aurions pu décider, à l’inverse, d’inclure, dans nos
simulations, un taux de rendement inférieur à 5,5 % : cela aurait
entraîné un abaissement de l’âge d’équilibre, et tout le monde ici nous l’aurait
reproché. La difficulté de ce débat, c’est que tout raisonnement fondé sur un
seul indicateur est vite biaisé, car il suppose que tous les autres sont fixes.
Or le système ne fonctionne pas ainsi : il est dynamique, et les
indicateurs agissent les uns sur les autres.
Enfin, je souhaite vous
répondre à nouveau, monsieur Peu, puisque vous avez précisé votre question, en
confirmant que vous avez retenu qu’une carrière complète est nécessaire pour
bénéficier du minimum de pension, ce qui vous a conduit à reparler de l’âge
d’équilibre. C’est un peu la même chose que pour le taux de rendement :
comment voulez-vous que je vous réponde au sujet de ce qui sera fixé par la
gouvernance ? J’ai foi dans la gouvernance, dans les partenaires
sociaux ; ce système peut fonctionner, contrairement à ce que pense
Mme Taurine, et je ne peux vous répondre à leur place. Cela étant, vous
retrouverez les dispositions relatives à l’âge d’équilibre lorsque nous
débattrons du PLFSS ; vous aurez donc, mesdames et messieurs les
représentants de la nation, l’occasion d’y revenir chaque année.
Merci,
monsieur le président, de m’avoir donné ces quelques instants
supplémentaires.
J’émets un avis défavorable.
(Mme Mireille Robert applaudit.)
M. le
président. La parole est à Mme Annie Vidal.
Mme Annie
Vidal. À ce stade de la discussion, je voudrais évoquer le cas de deux
de mes anciennes collègues, cadres de santé à l’hôpital. En 2016, elles ont reçu
leur simulation de retraite, leur départ étant prévu en 2017. Elles sont
diplômées de la même école et ont commencé à travailler la même année ;
elles sont au même échelon, au même indice, reçoivent le même salaire, et ont
toutes deux atteint la note maximale. Chacune a eu un enfant. Il y a toutefois
une petite différence entre elles : l’une des deux, qui a travaillé quinze
ans dans le secteur privé, a constaté, en recevant la simulation, que sa pension
de retraite sera inférieure de 250 euros à celle de l’autre.
Si je
comprends bien, en voulant supprimer l’article 8, qui instaure le système
par points, vous souhaitez faire perdurer de telles inégalités. Si mes anciennes
collègues avaient toutes deux cumulé des points tout au long de leur carrière,
elles toucheraient la même retraite. (Applaudissements sur plusieurs bancs
des groupes LaREM et MODEM.)
M. le
président. La parole est à M. Ugo Bernalicis.
M. Ugo
Bernalicis. Je vais achever votre phrase : elles toucheraient la
même retraite, plus faible qu’aujourd’hui. Votre système consiste à niveler par
le bas, et c’est tout ce à quoi nous nous opposons. Nous ne disons pas qu’il
n’existe pas de différences, de divergences, de distorsions dans les régimes de
retraite actuels, mais qu’il faut les combler par le haut. C’est vrai, cela
coûte de l’argent.
Monsieur le secrétaire d’État, monsieur le rapporteur,
pardonnez-moi, mais je ne sais pas comment on peut discuter d’un article portant
sur les règles de calcul, d’acquisition et de service des points, sans parler de
la part de la richesse nationale que nous comptons y consacrer et des
conséquences que cela entraîne. Je ne sais pas comment vous faites !
Discuter de la valeur d’un point en oubliant tous les autres paramètres, comme
si cette valeur était suspendue dans les airs, je n’en vois pas l’intérêt. Quant
à la valeur réelle du point, évoquée par M. Maire, j’ignore comment on peut
faire pour la connaître avant le moment de liquider sa retraite, puisqu’elle
s’obtient par une multiplication à trois facteurs : valeur d’acquisition,
valeur de service et coefficient d’ajustement, dont chacun peut évoluer chaque
année au sein d’une trajectoire de cinq ans.
Voilà la réalité du système
que vous allez instaurer : toute la difficulté, c’est qu’il est aussi
illisible qu’imprévisible, comme nous le dénonçons depuis le début ! Au
contraire, dans un système où votre pension est calculée sur les vingt-cinq
meilleures années ou sur les six derniers mois, vous voyez à peu près ce que
vous recevrez à la sortie.
M. le
président. Merci, cher collègue.
M. Ugo
Bernalicis. J’ajoute un dernier mot, monsieur le président : il
n’est pas vrai que la valeur d’acquisition et la valeur de service, énoncées à
l’article 8, évolueront de la même manière ; rien n’est prévu en ce
sens dans le texte.
M. le
président. La parole est à M. Patrick Hetzel.
M. Patrick
Hetzel. Ce débat est important car nos concitoyens ont besoin de savoir.
La retraite est une question essentielle. Or, sur un point très précis, le
Gouvernement ne répond pas, monsieur le secrétaire d’État : peut-il
confirmer que la valeur d’achat du point n’évoluera en aucun cas plus vite que
sa valeur de service, c’est-à-dire que le rendement du point ne sera susceptible
de baisser ? Si tel n’est pas le cas, vous savez pertinemment que vous
êtes, là encore, en train de léser nos concitoyens. À un moment donné, il vous
faudra vous prononcer sur cette question. Le fait que vous ne répondiez pas
montre que votre réforme pose un vrai problème. Vous ne pouvez pas le
nier ! Encore une fois, ma question est simple : pouvez-vous assurer
ce matin à la représentation nationale que la valeur d’achat n’évoluera pas plus
vite que la valeur de service ? Oui ou non ?
(M. Maxime Minot applaudit.) Si c’est non, nos
concitoyens sortiront perdants de cette réforme, vous le savez.
(Applaudissements sur quelques bancs du groupe LR.)
M. le
président. La parole est à M. Frédéric Petit.
M. Frédéric
Petit. Monsieur Bernalicis, je reviens sur votre expression
« niveler par le bas ».
M. Ugo
Bernalicis. Très bien ! Allez-y !
M. Frédéric
Petit. Il ne faut pas partir d’exemples précis, comme celui des deux
cadres de santé, mais du panier.
M. Ugo
Bernalicis. Tout est dans le panier !
M. Frédéric
Petit. Vous parlez toujours de votre indice lié au PIB, mais le montant
du panier va augmenter environ quatre fois plus vite que le nombre de
pensionnés. Quelle que soit la décision que nous prendrons dans cet hémicycle,
changer ou ne pas changer, les évaluations sont les mêmes : une répartition
égalitaire donnerait 1 600 euros aujourd’hui, 2 000 euros en
2050. Vous dites que nous ne savons pas calculer. Je suis désolé, mais vous avez
la clé de ce calcul : les 28 % de cotisations, voilà tout. Dès lors
que vous connaissez à peu près le PIB, la valeur ajoutée du travail, et que vous
savez qu’on en prélève 28 %, vous pouvez faire vos projections. Même si
elles seront forcément approximatives, vous avez votre point de départ. Or, je
le répète encore une fois, c’est ce point de départ, décrit aux articles 8
et 9, qui permettra d’établir, avant le 30 juin 2021, la première valeur du
point, c’est-à-dire sa valeur au 1er janvier 2022. Sur cette
base, nous l’indexerons au moyen d’autres calculs, sans qu’il puisse jamais
baisser. Je ne comprends pas votre entêtement à soutenir que tout va baisser. Il
n’est pas possible que tout baisse, puisque le total augmente. Encore une fois,
si je divise la valeur des cotisations prévues en 2050 par le nombre de
personnes prévues…
M. le
président. Merci.
M. Frédéric
Petit. Je finis, monsieur le président.
M. le
président. Pardon, mais c’est moi qui décide, monsieur
Petit !
La parole est à M. Alain Bruneel.
M. Alain
Bruneel. J’ai lu un article de Jean Pisani-Ferry dont je vais vous citer
quelques passages. Au sujet de la modification des paramètres, il écrit :
« Cette redéfinition figure dans le projet de loi. Les principes en sont
posés : les droits – c’est-à-dire à la fois la valeur du point et son
taux de conversion en pension, qu’on appelle "valeur de service" – seront
indexés sur le revenu moyen par tête […] ; l’âge d’équilibre évoluera en
fonction de l’espérance de vie ; les pensions elles-mêmes seront, comme
aujourd’hui, indexées sur les prix. » Il poursuit : « Il faut
être clair : il est impossible de donner des garanties absolues aux futurs
retraités. » Voilà qui est d’importance.
Si je reprends maintenant
le rapport de M. Delevoye, 10 euros cotisés égalent un point, un point
égale 0,55 euro, le cumul des points égale une pension, soit complète, soit
morcelée. Vous nous dites que nous posons ici les grands principes, les jalons,
et que le reste sera déterminé par la gouvernance, ce qui signifie que nous
avançons à tâtons dans l’inconnu : c’est la gouvernance qui va décider de
l’âge d’équilibre et de la valeur du point. Je ne sais pas ce que cela donnera
pour les retraités futurs, qui vont entrer dans un système dont nous-mêmes ne
voulons pas, permettez-moi de le faire observer.
Lorsque la gouvernance
aura décidé, ce n’est pourtant pas elle qui aura le dernier mot : le
Gouvernement acceptera ou refusera sa décision. Imaginons que le rapport de
forces évolue en France et que les syndicats opposés à cette réforme deviennent
majoritaires : vous ne voudrez pas accepter toutes les décisions de la
gouvernance ! C’est pour cela que vous vous êtes réservé le dernier
mot ! (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.)
M. le
président. Je mets aux voix les amendements no 961 et
identiques.
(Il est procédé au scrutin.)
M. le
président. Voici le résultat du
scrutin :
Nombre de
votants 57
Nombre
de suffrages
exprimés 57
Majorité
absolue 29
Pour
l’adoption 10
Contre 47
(Les amendements no 961
et identiques ne sont pas adoptés.)
M. le
président. La suite de la discussion est renvoyée à la prochaine
séance.
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