Système universel de retraite Art. 8 - Version analytique |
AN 1 - Débats 1er mars 2020 : 2ème séance du 29 février |
Article 8 (suite)M. le président. Je mets aux voix les amendements no 16669 et identiques. (Il est procédé au scrutin.) M. le
président. Voici le résultat du
scrutin : (Les amendements no 16669 et identiques ne sont pas adoptés.) M. le président. La parole est à Mme Bénédicte Taurine, pour soutenir l’amendement no 16840 et les seize amendements identiques déposés par les membres du groupe La France insoumise. M. Bruno Millienne. Vos collègues ne sont pas gentils de vous avoir laissée toute seule… Mme Bénédicte Taurine. Ils visent à supprimer l’alinéa 2. M. le président. Quel est l’avis de la commission sur ces amendements ? M. Nicolas Turquois, rapporteur. L’alinéa 2 de l’article 8 dispose que le montant de la pension de retraite sera égal au nombre de points inscrits au compte personnel de carrière, multiplié par la valeur de service du point. Cette définition est nécessaire à la lisibilité et à la compréhension du système de retraite que nous défendons. Avis défavorable. M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ? M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Supprimer l’alinéa 2 rendrait en effet l’article 8 incompréhensible et inintelligible. Avis défavorable. (Les amendements no 16840 et identiques ne sont pas adoptés.) M. le président. La parole est à Mme Bénédicte Taurine, pour soutenir l’amendement no 25016 et les seize amendements identiques déposés par les membres du groupe La France insoumise. Mme Bénédicte Taurine. Ils visent à supprimer la fin de l’alinéa 2. M. le président. Quel est l’avis de la commission sur les amendements identiques ? M. Nicolas Turquois, rapporteur. Défavorable. M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ? M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. La suppression de la partie de l’alinéa 2 mentionnant la valeur de service du point fixée à la date d’effet de la retraite rendrait cet alinéa complètement inintelligible et incompréhensible. Avis défavorable. (Les amendements no 25016 et identiques ne sont pas adoptés.) M. le
président. Je suis saisi de dix-huit amendements pouvant être soumis à
une discussion commune. Cette série comprend l’amendement
no 26821 et quinze amendements identiques déposés par les
membres du groupe de la Gauche démocrate et républicaine, ainsi que les
amendements nos 10341 et 5593. M. Bruno Millienne. Nous devrions entendre une argumentation un peu plus étayée que sur les amendements précédents… M. Alain
Bruneel. Nous proposons de modifier la rédaction de l’alinéa 2 afin
que la pension de retraite soit « calculée en annuités sur la base des
vingt-cinq meilleures années de salaire ou des six derniers mois de traitement
hors primes ». M. le
président. L’amendement no 10341 de M. Marc
Le Fur est défendu. M. Maxime
Minot. Je l’ai évoqué lorsque je me suis exprimé en tant qu’orateur
inscrit à l’article 8. M. le président. Quel est l’avis de la commission sur cette série d’amendements soumis à discussion commune ? M. Nicolas
Turquois, rapporteur. Ils visent à ce que la retraite soit
calculée en annuités sur la base des vingt-cinq meilleures années de salaire ou
des six derniers mois de traitement, c’est-à-dire qu’ils tendent à rétablir l’un
des paramètres les plus antiredistributifs du système actuel. En effet, dans le
système existant, les bas salaires et les salariés aux fins de carrière les plus
difficiles ne bénéficient pas de la règle retenue en matière de salaire de
référence. M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ? M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. Nous abordons un débat de fond,
que je ne veux pas éluder. Le système actuel renforce les inégalités – nous
l’avons dit et démontré à de nombreuses reprises, chaque fois que cette question
a été évoquée : en réalité, seuls les dispositifs de solidarité permettent
d’atténuer les écarts de pensions, qui sont amplifiés par le système actuel par
annuités. Ce dernier oblige certains de nos compatriotes à travailler jusqu’à
67 ans pour éviter de subir une décote et concentre les droits familiaux
– dont on sait qu’ils bénéficient essentiellement aux pères – sur les
familles de trois enfants ou plus. M. le président. La parole est à Mme Marie-Christine Dalloz. Mme Marie-Christine Dalloz. Monsieur le secrétaire d’État, vous ne pouvez pas affirmer que le système actuel est injuste pour les personnes aux carrières heurtées. M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Si ! Mme Marie-Christine Dalloz. C’est faux : un mécanisme de solidarité existe déjà. M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Non ! Mme
Marie-Christine Dalloz. Peut-être n’est-il pas suffisant. Peut-être
fallait-il effectivement – nous nous accorderons sur ce point –
améliorer le dispositif de solidarité qui permet actuellement de prendre en
considération les carrières heurtées. M. le président. La parole est à M. Frédéric Petit. M. Frédéric Petit. Peut-être y aura-t-il en 2070, comme l’a dit M. Bruneel, 40 % de retraités de plus qu’aujourd’hui, mais le montant des retraites distribuées – le contenu de ce que j’appelle le « panier » – aura augmenté quatre fois plus. Certes, un point de PIB en moins sera consacré aux retraites, mais le PIB aura énormément progressé et, quel que soit donc le mode de répartition, les retraites versées seront, en moyenne, supérieures. Évidemment – nous en avons beaucoup parlé –, il y aura des gagnants et des perdants, mais il y aura, en moyenne, des gagnants. M. le président. La parole est à M. Alain Bruneel. M. Alain
Bruneel. Monsieur le secrétaire d’État, nous n’allons pas tomber
d’accord : pour nous, le système actuel est un système solidaire, qu’il
faut certes améliorer, mais qu’il faut aussi tirer vers le haut, en fixant à
60 ans l’âge de départ à la retraite. M. le président. La parole est à M. Ugo Bernalicis. M. Ugo
Bernalicis. Ce sont là, en effet, les questions que nous nous posons à
propos de cet article 8 : quelles seront la valeur d’acquisition et la
valeur de service du point, et quelle sera l’évolution de ces différents
paramètres ? Le système actuel, qui comporte certes des injustices que
chacun ici reconnaît, comporte aussi une certaine stabilité, une certaine
prévisibilité qu’on ne retrouve pas dans votre système par points. M. Bruno Millienne. Bref, le Conseil d’État a raison quand ça vous arrange ! M. Ugo Bernalicis. Vous dites que, par défaut, l’évolution de la valeur d’acquisition et de la valeur de service seront fondées sur le revenu moyen par tête, mais cela ne signifie pas pour autant que ce sera toujours le cas. Le plancher que vous prévoyez pourra être modifié chaque année sur proposition du conseil d’administration de la caisse nationale de retraite universelle. Je ne sais donc pas comment vous pouvez dire qu’au bout du compte ce sera, en moyenne, mieux pour les gens – ce qui ne veut strictement rien dire. (Les amendements no 26821 et identiques ne sont pas adoptés.) (Les amendements nos 10341 et 5593, successivement mis aux voix, ne sont pas adoptés.) M. le
président. Je suis saisi d’une série d’amendements identiques, qui
comporte l’amendement no 11915, ainsi que l’amendement
no 26764 et quinze amendements identiques déposés par les
membres du groupe GDR. M. Dino
Cinieri. Dans le système actuel, on calcule le montant des pensions en
prenant en compte les vingt-cinq meilleures années de cotisation pour l’ensemble
des assurés et les six derniers mois pour les agents publics. La réforme
introduit à cet égard un changement apparemment accessoire du point de vue
technique, mais philosophiquement majeur, car elle postule qu’il ne peut y avoir
de retraite par points sans prise en compte de la totalité de la carrière
professionnelle du salarié ou du fonctionnaire. Le système par points et la
prise en compte de la totalité de la carrière sont deux sujets distincts, mais
que l’on a systématiquement liés dans le projet. M. Sylvain Maillard. Ce n’est pas très clair ! M. Dino Cinieri. Est-ce un système juste ? Certes, notre système éducatif est censé ouvrir à tous, et sur le fondement du seul mérite, l’accès à de belles études,… M. le
président. Merci, monsieur Cinieri. M. Stéphane
Peu. L’alinéa que nous examinons dispose qu’« à compter de l’âge
prévu […], l’assuré a droit, sur sa demande, à une retraite d’un montant égal au
produit de l’ensemble des points inscrits à son compte personnel de carrière, à
la date d’effet de sa retraite, par la valeur de service du point fixée à cette
date […] ». Pour résumer, parvenu à l’âge d’équilibre, on regarde combien
on possède de points sur son compte et quelle est la valeur du point à cette
date, on multiplie le tout et, surprise ! on obtient son niveau de pension.
C’est bien ça ? Vous avez donc inventé la retraite loterie
(Protestations sur les bancs du groupe LaREM), dans
laquelle il est impossible de savoir au préalable quelle pension on touchera,
puisque cela dépendra du nombre de points et de leur valeur à la date donnée. On
passe donc ainsi clairement à un système de cotisations
définies. M. Jean-René Cazeneuve. Mais non ! M. Stéphane Peu. …plus personne ne saura quelle sera sa retraite et c’est, je le répète, pour ceux qui le pourront, une invitation à s’orienter vers la capitalisation, laquelle est bien, in fine, l’objectif de votre réforme. M. Jean-René Cazeneuve. Après treize jours de débats, dire ça, franchement… M. Ugo Bernalicis. C’est que cela n’a pas changé en treize jours ! M. le président. Quel est l’avis de la commission ? M. Nicolas Turquois, rapporteur. Je sais bien que le but des oppositions est de faire peur, mais on a l’impression, à vous entendre, qu’en arrivant au jour de la retraite, on se verra présenter un sac rempli de billes, qu’on devra en tirer une et voir si on a tiré le bon numéro et touché le super-point ! (M. Jean-René Cazeneuve applaudit.) Existe-t-il un système qui fonctionne ainsi ? M. Sylvain Maillard. À part « Koh-Lanta », non ! M. Nicolas
Turquois, rapporteur. C’est comme si on annonçait que les prix de
demain seront un pur hasard, sans lien avec ceux d’aujourd’hui. À tout moment,
il se produit des évolutions des prix et des salaires – à en juger par ces
dernières années, elles représenteraient entre 1 % et 2 % de la valeur
du point. On peut donc, à tout moment, procéder à une simulation et calculer ce
que serait la retraite en euros d’aujourd’hui. M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ? M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. Je reviendrai d’abord, puisque
le sujet est de nouveau abordé, sur l’alternative entre les vingt-cinq
meilleures années et la carrière complète comme base de calcul des pensions.
Vous n’avez pas toujours été très bienveillants vis-à-vis de l’étude d’impact,
mais je trouve intéressant de s’y reporter chaque fois que nous abordons ce type
de sujet, car on y trouve des tableaux très clairs. Ainsi le tableau 7
montre-t-il bien que le calcul du salaire de référence à partir de l’ensemble de
la carrière, avec indexation, profite aux carrières les plus linéaires, les plus
plates et essentiellement aux revenus modestes qui bénéficient du cœur
redistributif du nouveau système par répartition et par points. Mme Marie-Christine Dalloz. C’est ce que nous disons depuis le début. Nous sommes bien d’accord ! M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. J’ai eu le sentiment, en écoutant votre comparaison entre deux carrières, que vous estimiez qu’il fallait calculer la retraite de chacun en fonction du point d’arrivée de sa vie professionnelle. Mme Marie-Christine Dalloz. Nous ne parlons pas du point d’arrivée mais du cumul de points ! M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. Selon moi, la retraite reflète
la totalité de la carrière. Voilà pourquoi je ne peux être d’accord avec vos
propos. Mais peut-être souhaitiez-vous souligner par là l’idée, que j’ai déjà
entendue sur vos bancs, selon laquelle le système que nous proposons serait
défavorable aux évolutions de carrière. M. le président. La parole est à Mme Géraldine Bannier. Mme
Géraldine Bannier. L’argumentation de M Cinieri me fait – pour
une fois – réagir. Il a cité l’exemple d’un agrégé et celui d’un ouvrier.
Mais qu’on soit l’un ou l’autre, ou si l’on exerce un tout autre métier, on se
rend au même repas de famille le dimanche. Et je vous assure qu’autour de la
table, cet agrégé, pour lequel le calcul se fait à partir des six derniers mois,
cet ouvrier, pour lequel il se fait à partir des vingt-cinq meilleures années,
ou encore l’agriculteur, qui ne reçoit même pas 700 euros de retraite par
mois, sont tout à fait conscients des inégalités du système actuel. Il faut le
rappeler ! (Applaudissements sur les bancs du groupe MODEM et sur
plusieurs bancs du groupe LaREM.) M. Alain Bruneel. Et avec votre système, il touchera combien ? Vous n’avez pas fait le calcul ! M. le président. La parole est à M. Joël Aviragnet. M. Joël
Aviragnet. Vous souhaitez que nos débats soient plus précis, que nous
soyons bienveillants vis-à-vis de l’étude d’impact, bref, vous souhaitez
beaucoup de choses. M. le président. La parole est à M. Stéphane Peu. M. Stéphane Peu. Je veux dire à ma collègue Bannier que lorsqu’il y a des inégalités, il faut les corriger, et non les aggraver comme le fait votre projet de loi. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et FI. – Protestations sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.) Mme Nadia Hai. C’est faux ! M. Jean-René Cazeneuve. Vous êtes un conservateur, voilà ce que vous êtes ! M. Stéphane
Peu. C’est à cela que tiennent toutes les divergences entre
nous. Mme Nadia Hai. C’est mon cas ! M. Stéphane Peu. Tous ceux qui ont commencé en bas de l’échelle et ont gravi peu à peu les échelons seront lésés par le nouveau système, puisque leur retraite ne sera pas calculée, comme aujourd’hui, sur leurs vingt-cinq meilleures années, mais sur l’ensemble de leur carrière. Ce nouveau système, qui profite aux uns – ceux qui sont très diplômés – et pénalise les autres – ceux qui sont très méritants – est fortement inégalitaire et porte atteinte à la valeur travail. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et FI. – M. Dino Cinieri et M. M’jid El Guerrab applaudissent également.) M. Alain Bruneel. C’est dit, bravo ! M. le président. La parole est à M. Ugo Bernalicis. M. Ugo Bernalicis. Notre collègue Stéphane Peu a donné à l’instant des exemples très pertinents qui devraient faire réfléchir la majorité. Je voudrais revenir sur le cas du chauffeur de taxi qui devra travailler jusqu’à 67 ans pour toucher 1 000 euros. Dans votre système, je ne suis pas sûr qu’il doive travailler bien moins longtemps pour toucher le même niveau de pension. S’il n’a pas fait une carrière complète, s’il a commencé à travailler tard, il n’a pas accumulé de points. Le montant qu’il touchera dépendra donc du coefficient d’ajustement, c’est à dire de l’âge à partir duquel s’appliquera une décote ou une surcote. Mme Marie-Christine Dalloz. C’est exactement ça ! C’est un très bon argument. M. Ugo Bernalicis. Même s’il cumule un grand nombre de points – parce que son métier lui permet de cotiser plus –, cela ne suffira toujours pas à lui procurer un montant de pension acceptable. Il continuera donc à bosser, d’autant plus s’il n’atteint pas l’âge d’équilibre – que vous allez faire évoluer au fil du temps et qui sera repoussé. Je ne suis pas sûr qu’à 67 ans il touchera les 1 000 euros que vous promettez, puisqu’il n’aura pas fait de carrière complète. Par conséquent, je doute que ce chauffeur de taxi doive vous remercier d’avoir porté ainsi sa parole dans l’hémicycle. (M. Alain Bruneel rit.) S’il souhaite que la situation des personnes ayant des carrières hachées soit prise en considération, il a plutôt intérêt à ce que le pays soit gouverné par des gens comme nous. (Vives exclamations et rires sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.) M. le président. Laissons conclure M. Bernalicis ! M. Ugo Bernalicis. Heureusement, cela dit, que l’essentiel de votre réforme ne s’appliquera qu’à partir de 2022 : nous pourrons ainsi plus facilement revenir sur elle. Mme Cendra Motin. Une fois de plus, vous tombez d’accord avec Marine Le Pen ! M. Ugo Bernalicis. Il faut tout de même admettre que tout cela est incompréhensible. Récapitulons (M. Rémy Rebeyrotte et M. Frédéric Petit font signe que le temps de parole est écoulé) : on ne connaît pas la valeur d’acquisition du point ni son évolution, on sait uniquement qu’elle ne peut pas baisser. On ne connaît pas non plus la valeur de service, ni son évolution. Le coefficient… M. le
président. Je vous remercie, monsieur le député. M.
Dominique Da Silva. Je ne comprends pas cette opposition systématique à
la retraite par points qui, je le rappelle, existe déjà : l’AGIRC-ARRCO,
l’Association générale des institutions de retraite des cadres et Association
des régimes de retraite complémentaire, et l’IRCANTEC, l’Institution de retraite
complémentaire des agents non titulaires de l’État et des collectivités
publiques, sont des régimes par points. Aujourd’hui, au sein de la gouvernance
de ces organismes, des syndicats de salariés – qui, d’ailleurs, s’opposent
pourtant à la réforme – sont parvenus à signer des accords nationaux visant
à garantir la soutenabilité du point. Où est donc le
problème ? M. Bruno Millienne. Excellente intervention ! M. le président. La parole est à Mme Marie-Christine Dalloz. Mme Marie-Christine Dalloz. Concernant les polypensionnés, je demande à voir. (Exclamations sur les bancs du groupe LaREM.) Nous ne sommes pas encore arrivés au moment de l’examen des articles portant sur cette question… Mme Cendra Motin. Comme nous aimerions y être ! Mme
Marie-Christine Dalloz. …mais je pense que de nombreuses précisions
devront alors être apportées. M. le président. Je mets aux voix les amendements no 11915 et identiques. (Il est procédé au scrutin.) M. le
président. Voici le résultat du
scrutin : (Les amendements no 11915 et identiques ne sont pas adoptés.) M. le
président. Je suis saisi de deux séries de dix-sept amendements
identiques chacune, déposés par les membres du groupe La France insoumise et
pouvant faire l’objet d’une discussion commune. Mme Bénédicte Taurine. Il s’agit d’amendements de repli. Nous considérons qu’il est nécessaire d’y voir plus clair concernant l’évolution de la valeur du point. Nous proposons par conséquent que l’INSEE détermine un indicateur solide qui intègre à la fois l’évolution des salaires et l’évolution du capital, afin de permettre une réévaluation qui soit plus favorable aux travailleuses et aux travailleurs. Aussi, à l’alinéa 2, après le mot : « point », nous souhaitons que soient insérés les mots : « déterminée par l’Institut national de la statistique et des études économiques, sur la base d’une combinaison entre l’évolution des salaires et l’évolution du capital, après avis du Conseil économique, social et environnemental ». M. le président. La parole est à M. Ugo Bernalicis, pour soutenir les amendements nos 24982 et identiques. M. Ugo Bernalicis. Nous ne sommes pas défavorables à la création d’un indicateur de revenu moyen par tête à condition qu’il soit établi par l’INSEE – et non pas par le Conseil d’État –, c’est-à-dire par des gens qui savent faire ce genre de calcul, qui savent, statistiquement, à quelle réalité un tel indicateur correspond. Nous voulons éviter la création d’un machin sur un coin de table… Au départ, d’ailleurs, vous aviez décidé qu’un tel indicateur concernerait le salaire moyen par tête, avant que vous ne vous décidiez pour le revenu moyen par tête. M. Frédéric Petit. Parce que les indépendants n’ont pas de salaire, mais un revenu ! M. Ugo Bernalicis. Or, d’après les premiers éléments dont nous disposons, un tel indicateur serait moins favorable, quant à sa dynamique, que s’il reposait sur le salaire par tête,… M. Jean-Paul Mattei. Ce que vous dites ne correspond pas à l’évolution de la société. M. Ugo Bernalicis. …même si j’ai bien entendu l’explication alambiquée du secrétaire d’État… M. Bruno Millienne. Ce que vous pouvez être méprisant… M. Ugo
Bernalicis. …selon lequel, l’un comportant l’autre, la dynamique serait
quand même au rendez-vous. M. Bruno Millienne. C’est ce qui est prévu ! M. Ugo Bernalicis. …et non, donc, par le seul Conseil d’État. Ne me dites pas que c’est ce qui est prévu puisqu’il est écrit noir sur blanc que c’est au Conseil d’État que vous voulez confier la création de l’indicateur. Le texte précise en effet que les taux de revalorisation de la valeur d’acquisition et de la valeur de service du point doivent être « supérieur[s] à zéro et compris entre l’évolution annuelle des prix hors tabac et l’évolution annuelle du revenu moyen par tête, constatée par l’Institut national de la statistique et des études économiques selon des modalités de calcul déterminées par décret en Conseil d’État ». Ce qui ne revient donc pas à confier la définition de l’indicateur à l’INSEE ni à lui confier le calcul et la constatation mentionnés. M. Sylvain Maillard et M. Frédéric Petit. Mais c’est une commande ! M. Ugo Bernalicis. Après, si vous voulez bidouiller les chiffres (Exclamations sur plusieurs bancs des groupes LaREM et MODEM),… M. Sylvain Maillard et Mme Nadia Hai. Mais non ! M. Ugo
Bernalicis. …et ainsi obtenir des données sur lesquelles nous ne
pourrons pas nous appuyer… M. Frédéric Petit. Nous en sommes à l’article 8 et vous évoquez des dispositions de l’article 9 ! M. Ugo
Bernalicis. La seule garantie que nous avons est que la valeur ne
baissera pas – maigre garantie quand on sait que le coefficient
d’ajustement ainsi que de nombreux autres paramètres peuvent être
modifiés. M. le président. Quel est l’avis de la commission sur ces deux séries d’amendements identiques ? M. Nicolas Turquois, rapporteur. L’une d’elles inclut l’amendement no 25000, déposé par M. Bernalicis lui-même : le chiffre est éloquent, mais la quantité n’est pas la qualité… Je n’ai pas tout à fait suivi votre argumentation, monsieur Bernalicis : remettez-vous en cause l’indépendance du Conseil d’État ou celle de l’INSEE ? Mme Brigitte Bourguignon, présidente de la commission spéciale. L’un ou l’autre selon ce qui l’arrange. M. Nicolas
Turquois, rapporteur. Mais que ce soit l’un ou l’autre, cela me
semble suffisamment grave pour être relevé, s’agissant de professionnels qui
sont au service de l’État. M. Nicolas
Turquois, rapporteur. Quant au fond, si l’on prend en
considération l’évolution du capital, que va-t-il se passer ? Les années de
forte croissance, vous allez sensiblement augmenter la valeur d’acquisition du
point ; aussi, à cotisations égales, les salariés en activité
obtiendront-ils mécaniquement un nombre de points moindre. Si l’on vous suit,
l’année du retournement, pour ceux qui vont liquider leur retraite, la valeur du
point va beaucoup baisser puisque vous voulez que l’indicateur intègre
l’évolution du capital. Or le capital ne reflète pas les revenus ; c’est
pourquoi nous avons retenu le revenu moyen par tête qui agrégera les salaires,
les traitements des fonctionnaires et les revenus des indépendants, ce qui nous
semble bien plus fidèle à la réalité que d’intégrer le capital – par nature
variable. M. Sylvain Maillard. Voilà qui était très clair. M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ? M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. La question du revenu moyen par
tête, monsieur Bernalicis, sera examinée au prochain article. Je comprends que
quand nous en sommes à l’article 8 vous vouliez évoquer l’article 9,
que quand nous en serons à l’article 9 vous discuterez de
l’article 12, comme à l’article 1er vous avez pu aborder
l’article 25… (M. Jean-René Cazeneuve rit.) Mais
cela ne facilite pas toujours la vie de ceux qui vous répondent, malgré leur
bonne volonté. M. Bruno Millienne. En effet, un peu de cohérence ! M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. Vous attendez de nous que nous
soyons cohérents ; eh bien, admettez la réciproque. M. Frédéric Petit. Eh oui ! M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. La représentation nationale n’a
donc pas à s’interroger gravement sur la question. Cet organisme indépendant
propose déjà trois indicateurs qui seront les principales composantes de
l’indicateur du revenu moyen d’activité – et même les seules puisqu’elles
concernent les trois catégories d’actifs concernées. On voit bien, a priori, que
l’INSEE, forte de sa compétence, de son expertise, va trouver la solution pour
suivre cet indicateur de façon indépendante. J’ai bien saisi qu’il s’agissait
d’un sujet de discussion : nous l’avons déjà évoqué en commission et
maintes fois en séance, mais il n’y a pas de quoi s’inquiéter puisque l’INSEE,
j’y insiste, a les moyens de suivre l’évolution du revenu d’activité moyen par
tête. M. Ugo Bernalicis. C’est vrai, ça, pourquoi ? Expliquez-moi ! M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Je tente depuis plus de deux semaines, sans toujours y parvenir, de vous expliquer qu’il faut faire confiance à la gouvernance et à la démocratie sociale. Je tente de vous expliquer – et je croyais que de votre côté de l’hémicycle on y était sensible – que les partenaires sociaux sont capables de prendre de bonnes décisions. (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe LaREM.) Je tente de vous expliquer que si l’on veut donner de l’espace à la démocratie sociale, il faut lui donner des responsabilités et non se contenter de se payer de mots. Eh bien, c’est ce que fait le Gouvernement avec ce texte. (Applaudissements et « Très bien ! » sur les bancs des groupes LaREM et MODEM. – M. Patrick Hetzel s’exclame.) M. le président. La parole est à M. Ugo Bernalicis. M. Ugo
Bernalicis. Il est intéressant que vous mentionniez le Conseil d’État,
puisque son vice-président sera auditionné la semaine prochaine par la
commission d’enquête sur les obstacles à l’indépendance du pouvoir judiciaire,
que je préside. Je vous invite à venir assister à cette audition, monsieur le
rapporteur. Oui, il y a un débat sur l’indépendance et l’impartialité du Conseil
d’État. Ses membres ne sont pas reconnus comme des magistrats, à la différence
des juges administratifs. Il existe par exemple une dualité entre la fonction de
conseil et la fonction juridictionnelle qui peut prêter à confusion quant à la
notion d’indépendance et à celle de séparation des pouvoirs. Ces discussions ont
toute leur noblesse, donc ne les balayez pas d’un revers de la main en avançant
que, selon moi, le Conseil d’État ne serait pas indépendant ou ne le serait
qu’en partie. M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Si, c’est le vôtre. M. Ugo Bernalicis. Vous le retrouverez au paragraphe 13 de l’avis, qui, en outre, vous suggère de revoir vos calculs car le chômage des plus de 65 ans pourrait poser problème. M. le président. La parole est à M. Éric Woerth. M. Éric
Woerth. Vous créez un régime universel de retraite, mais pourvu de
sous-régimes : c’est un problème. Je ne pense pas qu’on puisse construire
tout un système en fonction des carrières hachées ou heurtées. On peut rendre le
système plus juste les concernant, certes, mais elles ne sont pas seulement
subies par des personnes qui vivent des situations sociales très
compliquées : elles concernent aussi des personnes qui ont décidé d’arrêter
de travailler – même si on ne doit pas oublier que de nombreuses femmes
sont touchées par ce phénomène. Mme Marie-Christine Dalloz. Très bien ! M. le président. La parole est à M. Frédéric Petit. M. Frédéric
Petit. Je vais parler de pondération avec pondération. Monsieur
Bernalicis, vous m’expliquez que ce que je dis ne veut rien dire parce qu’une
moyenne n’a pas de sens dans un régime par répartition. Bien au contraire, en
l’espèce, seule la moyenne a un sens. Dans un système par répartition, vous
prenez les cotisations de l’année pour servir les pensions de l’année :
c’est là que la moyenne a tout son sens. Il s’agit d’une moyenne pondérée, car
si l’on s’en tenait à une moyenne simple, on servirait la même pension à tous
les retraités – actuellement, par exemple, ils percevraient
1 600 euros par mois. Nous utilisons donc un mode de calcul, déjà en
vigueur aujourd’hui, qui consiste à diviser le contenu d’un panier entre des
bénéficiaires en pondérant selon les cotisations et les efforts des uns et des
autres, le nombre de leurs enfants, et la pénibilité de leur travail. M. le
président. Je vous propose de passer aux votes sur les amendements en
discussion commune. (Il est procédé au scrutin.) M. le
président. Voici le résultat du
scrutin : (Les amendements no 24999 et identiques ne sont pas adoptés.) M. le président. Je mets aux voix les amendements no 24982 et identiques. (Il est procédé au scrutin.) M. le
président. Voici le résultat du
scrutin : (Les amendements no 24982 et identiques ne sont pas adoptés.) M. le président. La parole est à Mme Bénédicte Taurine, pour soutenir l’amendement no 41095 et les seize amendements identiques déposés par les membres du groupe La France insoumise. Mme Bénédicte Taurine. Ils visent à assurer aux retraités la dignité de leurs vieux jours. Nous considérons qu’il est nécessaire d’inscrire dans la loi que les pensions de retraite garantissent le maintien du niveau de vie des assurés, niveau de vie qui ne doit pas être subir les effets de leur départ à la retraite. M. le président. Quel est l’avis de la commission sur les amendements identiques ? M. Nicolas Turquois, rapporteur. Madame la députée, nous avons d’ores et déjà adopté à l’article 1er un « objectif de garantie d’un niveau de vie satisfaisant ». Nous avons même précisé qu’il devait être « digne ». Ne confondons pas les objectifs du système universel, qui relevaient du chapitre Ier du titre Ier, avec les outils destinés à les atteindre, présentés au chapitre II ! Avis défavorable. M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ? M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Avis défavorable. J’ajoute aux arguments de M. Turquois que le rapport entre le niveau de vie des retraités et celui des actifs a vocation à être déterminé par la gouvernance du système universel. Laissons-lui ses marges de manœuvre et faisons confiance à la démocratie sociale ! (Les amendements no 41095 et identiques ne sont pas adoptés.) M. le
président. Je suis saisi de dix-huit amendements identiques :
l’amendement no 25271 et les amendements
no 41181 et identiques déposés par les membres du groupe La
France insoumise. M. Joël
Aviragnet. Il vise à supprimer le mécanisme de calcul de la pension par
points, auquel nous sommes opposés. En effet, ce mécanisme a d’abord pour effet
de calculer le montant de la pension de retraite sur l’ensemble de la carrière
plutôt que sur les meilleures années. Pour un salarié qui débute sa carrière à
22 ans en gagnant 1 500 euros bruts par mois, si l’on fait
l’hypothèse d’une revalorisation annuelle de son salaire de 1,5 %, on
obtient une pension différente selon qu’elle se fonde sur les vingt-cinq
meilleures années de sa carrière – sa pension s’élèverait à
1 692 euros bruts par mois – ou sur l’ensemble de cette dernière
– en l’espèce, il toucherait 1 470 euros bruts par mois. Cet
exemple concret montre ce qu’il en est vraiment de votre réforme. Le calcul de
la retraite sur l’ensemble de la carrière pour ce salarié se traduirait par une
perte sur sa pension de 222 euros bruts par mois, soit
2 664 euros bruts par an. M. Sylvain Maillard et M. Rémy Rebeyrotte. C’est faux ! M. Frédéric Petit. « Globalement », ce n’est pas vrai ! M. Joël Aviragnet. …et, dans le même temps, que vous le vouliez ou non, je vous le répète : vous avez baissé les impôts sur les plus riches (M. François Ruffin applaudit) et supprimé l’impôt sur la fortune. Finalement, vous appliquez le même principe à tous les sujets. M. le
président. Sur les amendements no 25271 et identiques,
je suis saisi par le groupe La France insoumise d’une demande de scrutin
public. Mme Bénédicte Taurine. Ils visent à supprimer les alinéas 4 à 8 de l’article 8 auquel nous sommes totalement opposés. M. le président. Quel est l’avis de la commission ? M. Nicolas Turquois, rapporteur. Monsieur Aviragnet, votre amendement supprime l’ensemble des modalités d’acquisition des points retraite. Autrement dit, vous visez non seulement l’acquisition par cotisation, mais aussi les points attribués au titre des interruptions de carrière et des droits familiaux – je vous renvoie aux alinéas 6, 7 et 8 – et ceux destinés à prendre en compte les situations de handicap ou à garantir une pension minimale de 1 000 euros. Je ne crois pas que ce soit ce que vous souhaitez ; pour notre part, en tout cas, nous ne sommes absolument défavorables à la suppression de ces alinéas. M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ? M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Monsieur Aviragnet, je vous avoue que je suis toujours un peu stupéfié quand je lis les exposés sommaires des amendements de tous ceux qui, dans les rangs de gauche, s’opposent au système de retraite par points. Je me demande parfois si vous avez fait part aux partenaires sociaux de votre opposition à ce système. M. Ugo Bernalicis et M. Stéphane Peu. Bien sûr ! M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Savent-ils que vous êtes fondamentalement opposés à la retraite par points ? Il ne faut pas hésiter à le leur dire. M. François Ruffin. Ils sont au courant, et ils sont les premiers à s’opposer à ce système ! M. le président. Monsieur Ruffin, laissez M. le secrétaire d’État s’exprimer ! M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Ils gèrent eux-mêmes un système par points que vous connaissez bien. Je suis étonné que vous considériez non seulement qu’un tel système n’est pas intéressant pour les salariés mais aussi qu’il est totalement injuste. Si je prenais vos arguments au pied de la lettre, je pourrais croire que les partenaires sociaux gèrent un système profondément injuste au profit de 70 % des Français (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe LaREM), c’est-à-dire les salariés qui perçoivent 40 à 60 % de retraite complémentaire grâce à l’AGIRC et à l’ARRCO. J’avoue que j’ai du mal à vous suivre. Avis défavorable. M. le président. La parole est à M. Ugo Bernalicis. M. Ugo
Bernalicis. Monsieur le secrétaire d’État, vous savez bien que ce ne
sont pas les syndicats eux-mêmes qui ont pris la décision de mettre en place
l’AGIRC et l’ARRCO ou un certain nombre de règles. Ce sont les gouvernements
successifs qui ont fait ces choix pour prendre en compte les primes. Pendant
longtemps, dans le secteur public comme dans le privé, on a cessé d’augmenter
les salaires au profit des primes. Comme on s’est aperçu que ces augmentations
n’étaient pas prises en compte pour le calcul des pensions, on a mis en place
des systèmes complémentaires, ce qui nous mène à la situation actuelle
– c’est vrai, pour faire plus simple, on a instauré des systèmes par
points. M. François Ruffin. Tous, même ! M. Jean-René Cazeneuve et M. Frédéric Petit. C’est faux ! M. Ugo Bernalicis. Peut-être avons-nous mal lu les tracts de l’intersyndicale ? Peut-être avons-nous mal vu ceux qui défilaient dans la rue ? Peut-être avons-nous mal compris ? (Exclamations sur plusieurs bancs des groupes LaREM, MODEM et UDI-Agir.) Quant à l’opposition au système par points de notre côté de l’hémicycle, ce n’est pas une nouveauté. Vous pouvez en faire état pour que tout le monde sache bien qui est favorable à un système prétendument universel pourri (Exclamations sur les bancs des groupes LaREM et UDI-Agir) et qui est favorable à une réforme des retraites progressiste. M. le président. La parole est à M. Joël Aviragnet. M. Joël Aviragnet. Monsieur le secrétaire d’État, je crois avoir été clair en soutenant mon amendement : je conteste le fait de calculer les pensions à partir de l’ensemble de la carrière au lieu des vingt-cinq meilleures années. Ne détournez pas mes propos ! M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. L’AGIRC et l’ARRCO, c’est pour l’ensemble de la carrière ! M. Joël Aviragnet. Moi, ce qui me stupéfie, ce qui m’arrache les tripes, c’est que vous baissiez les pensions de tout le monde ! (Applaudissements sur les bancs des groupes SOC, FI et GDR.) Voilà ce que vous faites ! Plusieurs députés du groupe LaREM. C’est faux ! M. Joël Aviragnet. Quand on voit ce que vous avez distribué aux grandes fortunes de notre pays, cela devient absolument ignoble ! M. le président. Je mets aux voix les amendements no 25271 et identiques. (Il est procédé au scrutin.) M. le
président. Voici le résultat du
scrutin : (Les amendements no 25271 et identiques ne sont pas adoptés.) M. le président. La parole est à Mme Bénédicte Taurine, pour soutenir l’amendement no 16726 et les seize amendements identiques déposés par les membres du groupe La France insoumise. Mme Bénédicte Taurine. Ils visent à supprimer l’alinéa 4 de l’article 8. M. le président. Quel est l’avis de la commission sur ces amendements ? M. Nicolas
Turquois, rapporteur. Avis défavorable. Je ne reviens pas sur
l’alinéa 4 qui introduit les dispositions relatives à l’acquisition
annuelle des points inscrits au compte personnel de carrière. M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ? M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Avis défavorable. M. le président. La parole est à M. Frédéric Petit. M. Frédéric
Petit. Comment peut-on dire que la retraite de tout le monde baissera
alors que le montant des pensions versées – je ne parle pas en pourcentage
du PIB – sera multiplié quatre fois plus rapidement que le nombre de
retraités ? Si c’est cela, comme le disait le rapporteur hier soir, où
passe l’argent ? Arrêtez de dire que nous baissons la retraite de tous, et
cessez de vouloir jouer sur les sentiments ! Nous avons réfléchi : le
MODEM travaille sur le sujet depuis dix ans. M. Rémy Rebeyrotte. Bravo ! M. le président. La parole est à M. François Ruffin. M. Sylvain Maillard. Il va nous reparler de Jacqueline ! M. François Ruffin. Oui, nous allons continuer à dire que les pensions vont baisser… M. Rémy Rebeyrotte. Cela n’en fera pas une vérité ! M. François Ruffin. …et à expliquer pourquoi nous sommes opposés à la retraite par points. En plus de ce changement, vous baissez la part des retraites dans le PIB de 14 à 12,8 %, alors que vous savez qu’il y aura des centaines de milliers de retraités supplémentaires. (Protestations sur les bancs du groupe MODEM.) Pourquoi la plafonner ? M. Frédéric Petit. Elle n’est pas plafonnée ! M. François Ruffin. Vous ne plafonnez pas la part des dividendes, alors pourquoi celle des retraites ? Un député du groupe LaREM. Il fallait venir ce matin ! Mme Nadia Hai. Si tu avais suivi les débats, tu saurais, Ruffin ! M. François
Ruffin. Deuxième point : pourquoi voulez-vous calculer les pensions
sur la totalité de la carrière et non plus sur les vingt-cinq meilleures
années ? Ce n’est pas lié à la retraite par points, c’est une autre règle
que vous glissez dans le texte. M. Jacques Maire. Respirez ! Vous allez étouffer ! M. le président. Laissez M. Ruffin parler ! Il en est à une minute quinze, il a le droit de s’exprimer comme chacun de nous. M. Patrick Mignola. Il parle trop vite, on ne comprend rien ! M. François Ruffin. Apparemment, une minute quinze de Ruffin, c’est déjà trop pour la majorité ! M. Sylvain Maillard. Ça, c’est vrai ! M. François Ruffin. M. Turquois était présent aux états généraux de l’alimentation. Lors du débat sur la loi du 30 octobre 2018 sur l’agriculture, je lui ai dit que vous construisiez une usine à gaz incompréhensible qui ferait le jeu des distributeurs. Je n’ai cessé de le répéter. On m’a dit : mais non, il n’en sera rien. On voit ce qu’il en est aujourd’hui. À la fin de la foire, on voit qui est le gagnant ! Aujourd’hui, le gagnant des états généraux de l’alimentation, c’est la grande distribution. M. Rémy Rebeyrotte. C’est faux ! M. François Ruffin. De la même manière, je vous dis aujourd’hui – on pourra le vérifier, même si vous ne serez plus sur ces bancs depuis très longtemps – à quoi conduiront la retraite par points et tout le reste que vous faites passer en même temps : oui, tout cela conduira à la baisse des pensions ! M. le président. La parole est à M. Joël Aviragnet. M. Joël Aviragnet. Vous dites que globalement les retraites ne baisseront pas, mais calculer le montant de la pension sur l’ensemble de la carrière est toujours moins avantageux que de le faire sur les vingt-cinq meilleures années ;… M. François Ruffin. Évidemment ! M. Joël Aviragnet. …c’est exactement le même calcul que pour les notes d’un élève sur une année scolaire ! Comment voulez-vous qu’on vous croie ? Depuis le début du mandat, vous avez baissé toutes les prestations sociales, par exemple l’aide personnalisée au logement (Applaudissements sur les bancs du groupe FI. – Protestations sur les bancs des groupes LaREM et MODEM)… M. Rémy Rebeyrotte. Nous avons augmenté l’AAH ! M. Joël Aviragnet. La seule chose que vous n’avez pas baissée, ce sont les grandes fortunes ! M. Bruno Questel. Arrêtez ! M. Jean-René Cazeneuve. Menteur ! M. Jean-Michel Fauvergue. C’est faux ! Nous avons surtout baissé le chômage ! M. Joël Aviragnet. Elles ont bien profité de la flat tax. Alors assumez ce que vous êtes – des libéraux – et arrêtez d’endormir tout le monde ! (Mêmes mouvements.) (Les amendements no 16726 et identiques ne sont pas adoptés.) M. le
président. Sur l’amendement no 26765 et les quinze
amendements identiques déposés par les membres du groupe de la Gauche démocrate
et républicaine, je suis saisi par le groupe de la Gauche démocrate et
républicaine d’une demande de scrutin public. M. Alain
Bruneel. Je voudrais poser plusieurs questions. Dans le système que vous
proposez, chacun devient seul comptable de son sort et les droits à la retraite
reflètent les difficultés vécues pendant la carrière professionnelle sans les
corriger, malgré les prétendus dispositifs de solidarité. À ce propos, j’ai lu
– vous allez le confirmer ou me contredire – que les périodes de
chômage non indemnisé ne seront plus prises en compte dans les droits à la
retraite, alors que le système actuel permet de valider jusqu’à six trimestres
au moment de la première inscription à Pôle emploi, ce qui aujourd’hui profite
aux jeunes qui entrent sur le marché du travail. Lorsque la période de chômage
non indemnisé suit une période de chômage indemnisé, on se voit accorder quatre
trimestres pour les moins de 55 ans et jusqu’à vingt trimestres pour les
plus de 55 ans. M. le président. Quel est l’avis de la commission ? M. Nicolas
Turquois, rapporteur. Les articles relatifs à la solidarité et à
la prise en compte des périodes de chômage se situent plus loin dans le texte.
Les présents amendements proposent, à l’alinéa 4, de substituer au mot
« points » le mot « trimestres », donc ils n’ont pas du tout
le même objet. Je veux bien qu’on refasse le débat à chaque fois, mais nous
verrons ces questions plus tard. Mes corapporteurs seront plus à même
d’expliquer les choix qui ont été retenus. M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ? M. Laurent
Pietraszewski, secrétaire d’État. Monsieur Bruneel, je comprends
que vous vouliez parler du chômage, mais nous pourrons le faire dans le
titre III. Je rappelle néanmoins que dans le système actuel, si les
périodes de chômage donnent bien droit à des trimestres, les salaires
correspondants portés au compte sont à zéro. Vous parlez toujours de trimestres,
mais si on peut en distribuer beaucoup, c’est que cela n’a aucun impact
puisqu’ils n’amènent aucun salaire. Vous dites que le fait de calculer le
montant des pensions sur les vingt-cinq meilleures années lisse les difficultés
liées aux périodes de chômage, mais c’est faux, d’autant que vous m’avez
expliqué à de nombreuses reprises depuis le début des débats que les plus de
55 ans étaient fortement touchés par le chômage. M. le président. La parole est à Mme Charlotte Lecocq. Mme Charlotte Lecocq. On veut systématiquement nous donner l’image de méchants libéraux sans cœur et qui auraient baissé les prestations sociales. C’est totalement faux : nous avons augmenté le minimum vieillesse et l’allocation aux adultes handicapés. Dans le cadre du système universel de retraite, nous attribuons des points de solidarité pour les incidents de parcours que chacun peut rencontrer : chômage, maladie ou invalidité – une mesure dont je suis fière. Ces périodes seront ainsi prises en compte. À l’occasion des ateliers citoyens, nous avions constaté que nos concitoyens attendaient cette mesure, qui représente une façon de pérenniser notre contrat social dans le cadre du nouveau système de retraite. (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe LaREM.) M. le président. La parole est à M. Stéphane Peu. M. Stéphane
Peu. Je ne suis pas sûr qu’on se comprenne parfaitement : j’ai bien
écouté la réponse du secrétaire d’État, mais je n’ai pas été totalement
convaincu. Alain Bruneel a expliqué qu’aujourd’hui, ce sont les trimestres
accumulés qui permettent d’être éligible à la retraite, et le montant des
pensions est déterminé sur la base des vingt-cinq dernières années ou des six
derniers mois. Un jeune actif qui entre sur le marché du travail et se retrouve
au chômage non indemnisé bénéficie de six trimestres qui sont validés pour le
calcul de la durée légale. Après une période de chômage indemnisé, ce sont
quatre trimestres de chômage non indemnisé qui sont pris en compte
– jusqu’à vingt pour ceux qui ont plus de 55 ans. Tous ces trimestres
cumulés permettent d’atteindre le nombre nécessaire pour partir à la retraite.
Mais le montant de la pension, lui, est calculé sur les vingt-cinq meilleures
années ou les six derniers mois, ce qui neutralise du point de vue financier les
périodes de chômage non indemnisé. En revanche, les trimestres auxquels elles
donnent droit comptent dans l’accumulation du nombre nécessaire pour avoir droit
à la retraite. M. le président. La parole est à M. Frédéric Petit. M. Frédéric
Petit. Monsieur Ruffin, vous avez commencé votre intervention en disant
que vous alliez « continuer à dire » ; d’abord, ce serait bien si
vous pouviez dire et non pas crier ; ensuite, je ne suis pas là pour dire
ou pour répéter, mais pour débattre. Je vais donc essayer de vous
convaincre. M. le président. Nous allons mettre les amendements aux voix. M. François Ruffin. Ah non, je veux répondre ! (Protestations sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.) M. Frédéric Petit. Vous avez déjà parlé ! M. le
président. Monsieur Ruffin, vous vous êtes déjà exprimé !
(Protestations sur les bancs du groupe FI.) M. François Ruffin. M. le rapporteur m’a mis au défi de trouver mention dans le texte que les pensions de retraite seraient plafonnées à 14 % du PIB. Voici un extrait de l’avis du Conseil d’État : « Le Conseil d’État constate que le projet a pour objectif de stabiliser la dépense liée aux retraites à 14 % du PIB. Or le nombre de personnes de plus de soixante-cinq ans [est] appelé à augmenter de 70 % d’ici à 2070 […]. » M. Frédéric Petit. Ce n’est pas dans le texte ! M. François Ruffin. Par ailleurs, si l’on se réfère au tableau no 39 de l’étude d’impact intitulé : « Effet de la réforme sur les dépenses de prestations à horizon 2050 », on constate que la trajectoire des dépenses rapportée au PIB évolue de la manière suivante : 13,6 % en 2025, 13,5 % en 2030, 13,3 % en 2040, 12,9 % en 2050. M. Frédéric Petit. Et quels sont les montants, s’il vous plaît ? M. François Ruffin. Évidemment, cela ne figure pas tel quel dans votre projet. (« Ah ! » sur les bancs du groupe LaREM.) M. Ugo Bernalicis. Parce que vous êtes des hypocrites ! M. François Ruffin. Vous n’allez pas dire franchement aux Français : « Nous allons baisser la part consacrée aux retraites dans la richesse nationale,… M. Jean-Michel Fauvergue. C’est faux ! M. François Ruffin. …alors tournez-vous vers AXA et BlackRock (Vives exclamations sur les bancs du groupe LaREM. – Applaudissements sur les bancs du groupe FI) et débrouillez-vous pour capitaliser. Ils ne l’accepteraient pas. Alors vous déguisez la réalité. M. Rémy Rebeyrotte. C’est le grand complot ! M. François Ruffin. Le fondement de tout cela, c’est que nous n’avons pas confiance en vous, et les Français non plus. M. Rémy Rebeyrotte. Faux populaire, vrai populiste ! M. François Ruffin. On ne peut pas avoir confiance en une majorité qui parle de justice sociale alors que les grands marqueurs de son quinquennat ont été la suppression de l’impôt sur la fortune (Applaudissements sur les bancs du groupe FI. – Vives exclamations sur les bancs des groupes LaREM et MODEM) et la désindexation des pensions pour les retraités. M. Jean-Michel Fauvergue. Et la baisse du chômage, vous l’oubliez ? M. le
président. Mes chers collègues, je vous en prie ! M. Paul
Christophe. Je n’assurerai pas autant le spectacle, mais il est vrai que
je n’ai pas besoin d’alimenter un site en vidéos… (Applaudissements sur les
bancs des groupes UDI-Agir, LaREM et MODEM.) M. le président. La parole est à M. Nicolas Turquois. M. Nicolas Turquois. Monsieur Ruffin, vous avez vos convictions mais, en tant que rapporteur, j’aimerais vous faire une remarque. Pour moi qui dois être présent tous les jours pendant toute la durée des débats, il est physiquement difficile de vous entendre crier en permanence dès que vous êtes là. Exprimez-vous, c’est votre droit le plus strict, mais faites-le en adaptant le volume sonore. La fatigue s’accumule et… M. Ugo Bernalicis. Dès lorsque l’on est interrompu, on parle plus fort, c’est normal ! La preuve, c’est que votre volume sonore est en train d’augmenter aussi à mesure que je parle ! M. le président. S’il vous plaît, monsieur Bernalicis. M. Nicolas Turquois. Je vous invite donc à faire en sorte que nous ayons des débats plus posés. M. le président. La parole est à M. Éric Woerth. M. Éric Woerth. L’étude d’impact indique clairement que la part des retraites dans le PIB va plutôt baisser au cours des trente ans à venir, ce qui signifie que le niveau de vie moyen des retraités augmentera moins vite que le niveau de vie moyen global. M. Ugo Bernalicis. Et voilà ! Ce n’est pas plus compliqué que ça ! M. Éric
Woerth. C’est un choix, mais nous en verrons le résultat dans trente
ans. M. le président. Je mets aux voix les amendements no 26765 et identiques. (Il est procédé au scrutin.) M. le
président. Voici le résultat du
scrutin : (Les amendements identiques no 26765 et identiques ne sont pas adoptés.) M. le
président. Sur les amendements nos 16756 et
identiques, je suis saisi par le groupe La France insoumise d’une demande de
scrutin public. M. Bruno Questel. Vous cherchez encore à ralentir les débats ! M. le président. La parole est à M. Ugo Bernalicis, pour soutenir l’amendement no 16756 et les seize amendements identiques déposés par les membres du groupe La France insoumise. M. Ugo
Bernalicis. Ne vous inquiétez pas, cher collègue : le scrutin est
annoncé à l’avance ; tout le monde a le temps de regagner sa place et il
faut dix secondes pour appuyer sur le bouton. (Exclamations sur les bancs du
groupe LaREM.) M. Bruno Millienne. Quel mépris vis-à-vis de vos collègues ! M. Ugo
Bernalicis. L’intervention du président Woerth me conduit à poser cette
question importante : comment comptez-vous faire évoluer la valeur
d’acquisition du point et la valeur de service ? À vous écouter, on
pourrait croire que ces deux courbes suivent la même trajectoire. Or, au vu des
objectifs poursuivis et compte tenu de la baisse de la part des pensions dans le
PIB, il y aura une décorrélation entre les deux. Vous n’allez pas indexer de la
même manière le prix d’acquisition du point et la valeur de service. En la
matière, nous aimerions avoir des certitudes. Mme Brigitte Bourguignon, présidente de la commission spéciale. Je ne sais pas qui rabâche le plus ! M. Ugo Bernalicis. …que le montant global des pensions sera bientôt de 400 milliards d’euros parce que le PIB augmente chaque année et le montant des pensions avec lui. M. Bruno Millienne. Ah, vous commencez à comprendre ! M. Ugo
Bernalicis. Le problème est que le coût de la vie augmente aussi. De
plus, le raisonnement ne vaut que dans un monde pur et parfait où les courbes
progresseraient tranquillement ; or une nouvelle crise financière n’est pas
à exclure. Je prédisais sa survenue avant 2022 mais, finalement, elle sera
peut-être corrélée à l’épidémie du coronavirus qui bouleverse l’économie
mondiale. M. le président. Quel est l’avis de la commission ? M. Nicolas
Turquois, rapporteur. Supprimer l’alinéa 5 revient à
supprimer le cœur de notre système. J’y suis donc défavorable. M. François Ruffin. Dites-le à Axa, monsieur Turquois ! M. le président. Inutile de crier ! Le rapporteur a la parole ; écoutons-le. Et cela vaut pour toutes les travées et tous les bancs. M. Nicolas
Turquois, rapporteur. Monsieur Ruffin, je n’ai pas interpellé qui
que ce soit pendant son intervention. M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ? M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Avis défavorable. M. le président. La parole est à M. Éric Bothorel. M. Éric Bothorel. Monsieur le président, merci de tenir ces débats avec beaucoup de brio alors même que vous étiez attendu à un événement important dans votre circonscription. Je fais mon Jean Lassalle. (Sourires et applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM.) M. le président. Il doit y être, d’ailleurs ! (Sourires.) M. Éric
Bothorel. Du côté de Lasseube, on doit être fier de vous
aujourd’hui ! M. le président. La parole est à M. Jean-Paul Mattei. M. Jean-Paul Mattei. À mon tour, je souligne l’excellence de la présidence. (Sourires sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.) M. le président. Cela devient suspect ! M.
Jean-Paul Mattei. Plus sérieusement, je me suis absenté hier après-midi
et ce matin, tout en essayant de suivre les débats, et je constate que la
méthode n’a pas changé : des amendements proposent de supprimer tous les
alinéas, l’un après l’autre. M. Ugo Bernalicis. À l’article 8 aussi ! M. Jean-Paul Mattei. Mais je voudrais surtout insister sur la modernité de ce texte, sur son caractère lisible pour les jeunes, avec lesquels je discute beaucoup. Avant les débats, j’entendais nombre de jeunes me dire qu’ils ne comptaient pas avoir de retraite. Ils ont maintenant l’impression qu’ils en auront une. C’est vraiment un point positif. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes MODEM et LaREM.) M. le président. Je crois que nous pouvons passer au vote. M. François Ruffin. J’ai demandé la parole ! Vous ne me voyez pas bien, monsieur le président. M. le président. Si vous demandez la parole, je vous la donne, monsieur Ruffin. M. François
Ruffin. Malgré votre difficulté à voir à 180 degrés, je veux, moi
aussi, saluer votre présidence. Mme Brigitte Bourguignon, présidente de la commission spéciale. Nous non plus ! M. Gilles Le Gendre. Quelle caricature ! M. Rémy Rebeyrotte. Faux populaire, vrai populiste ! M. François Ruffin. J’en garde ici la trace. Ça ne peut pas vous faire de mal d’avoir un fumet, un échantillon de ce que pourraient être le bruit et l’odeur du pays réel… M. Rémy Rebeyrotte. Ah, la démagogie ! M. François Ruffin. …lorsque vous rentrerez dans vos circonscriptions avec l’immense satisfaction d’avoir réformé le système de retraite. Je viens vous en apporter un avant-goût, et je pense que vous devriez m’en remercier. M. Rémy Rebeyrotte. Fouquier-Tinville d’opérette ! M. François
Ruffin. Quant au raisonnement de M. Petit selon lequel le PIB sera
multiplié par quatre au cours des prochaines décennies, depuis que je suis né
– c’est-à-dire depuis 1975 – et déjà même dans le ventre de ma mère,
je n’ai entendu que ce mot : croissance ! M. Rémy Rebeyrotte. Il faut une autre croissance, mais une croissance ! M. François Ruffin. Ce qui est important aujourd’hui, c’est la répartition du gâteau ! M. le président. Je mets aux voix les amendements no 16756 et identiques. (Il est procédé au scrutin.) M. le
président. Voici le résultat du
scrutin : (Les amendements no 16756 et identiques ne sont pas adoptés.) M. le président. La parole est à M. Ugo Bernalicis. M. Ugo Bernalicis. Monsieur le président, je demande une suspension de séance. M. le président. Elle est de droit. Suspension et reprise de la séanceM. le président. La séance est suspendue. (La séance, suspendue à seize heures quarante-cinq, est reprise à seize heures cinquante-cinq.) M. le
président. La séance est reprise. M. Stéphane
Peu. M. Mattei l’a lui-même souligné : le mode de calcul du
point sera précisé ultérieurement. Les modalités d’acquisition des points sont
cependant évoquées à l’alinéa 5 de l’article 8, sur lequel portent nos
amendements. M. le président. Quel est l’avis de la commission ? M. Nicolas
Turquois, rapporteur. Avis défavorable. J’ai déjà expliqué au
début de l’examen de l’article 8 pourquoi nous considérons que le système du
point est un outil de valorisation plus fin que le trimestre, puisque ce dernier
correspond à la fois à une durée et à une valeur portée au compte et qu’il peut
arriver que cette dernière soit insuffisante pour être comptabilisée. M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ? M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. J’essaie de comprendre ce qui fonde votre inquiétude, monsieur Peu. Vous soulignez que la valeur d’acquisition du point va progresser – mais, je l’ai dit, ce sera comme celle de la valeur de service. Par conséquent, même si un point coûte un peu plus cher à l’achat que quelques années plus tôt, il vaudra aussi un peu plus cher lors de la liquidation, puisque la valeur de service aura elle aussi augmenté. Et comme les cotisations salariales se calculent en pourcentage du salaire et que, même si celui-ci est modeste, il bénéficie au moins de la dynamique du SMIC et de l’inflation, il y aura une progression, sachant que les valeurs d’achat et de service seront réévaluées a minima au niveau de l’inflation et progresseront, jusqu’en 2045, sur la base du revenu moyen d’activité par tête. La valeur d’achat du point va augmenter, mais sa valeur de service aussi, et de la même façon : un point vaudra un peu plus cher, mais donnera aussi un peu plus de droits à pension et dans la même proportion. Avis défavorable. M. le président. La parole est à Mme Marie-Christine Dalloz. Mme Marie-Christine Dalloz. Je vais vous lire, monsieur le secrétaire d’État, chers collègues de la majorité, des extraits de l’article très intéressant, que vous découvrirez demain, de Jean Pisani-Ferry – il doit vous dire quelque chose, le programme du candidat devenu depuis Président de la République s’étant largement inspiré de ses travaux – : « Pour la grande majorité des actifs, et en particulier pour les plus jeunes, la question la plus lourde, en matière de retraites, est de savoir sur quel niveau de pension ils vont pouvoir compter demain. » C’est la vraie question, et nous en débattons depuis maintenant treize jours dans cet hémicycle. Mais votre réforme est l’inverse d’une réponse, car vous n’avez réussi qu’à attiser les angoisses : « Un régime par répartition », poursuit-il, « est un contrat par lequel les actifs investissent collectivement dans les performances économiques futures du pays. Au lieu d’acheter des titres financiers, comme avec la capitalisation, ils acquièrent collectivement des droits sur la croissance à venir. L’objet des règles de la répartition est de définir avec précision ces droits. […] Mais le texte en discussion au Parlement reste elliptique sur plusieurs points importants, [notamment parce que] l’indexation ne sera complète qu’en 2045 […]. » Ce n’est pas moi qui le dis : je viens de vous lire un extrait de l’article qui sortira demain. 2045… C’est cette période d’incertitudes de vingt-cinq ans qui devrait vous conduire à vous interroger. M. Nicolas Forissier. Très bien ! M. le président. La parole est à M. Ugo Bernalicis. M. Ugo
Bernalicis. Premier point : j’aimerais vraiment comprendre quelles
sont les intentions du Gouvernement – par delà même les intentions du
conseil d’administration de la future Caisse nationale de retraite
universelle – quant à l’évolution de la valeur d’acquisition du point et de
la valeur de service. Vous dites que l’une comme l’autre vont monter, les effets
de l’éventuelle augmentation de la première étant annulés par ceux de
l’augmentation de la seconde. Mais la valeur d’achat est définie au moment où on
cotise, elle est fixée annuellement pendant toute la période d’activité,
éventuellement plus de quarante ans, alors que la valeur de service, c’est du
one shot : elle est définie au moment où on liquide ses droits à la
retraite. Si pendant quarante ans, l’évolution de la valeur d’acquisition a été
plus rapide que celle de la valeur de service, vous vous retrouverez avec un
capital de points achetés que vous ne pourrez utiliser qu’à une valeur moindre.
C’est une probabilité, parce que rien dans votre texte ne prévoit que
l’évolution des deux valeurs soit corrélée. (Les amendements identiques nos 26766 et identiques ne sont pas adoptés.) M. le
président. Je suis saisi d’un amendement no 2555 qui
fait l’objet de plusieurs sous-amendements, nos 42605, 42604,
42606 et 42601. M. Joël
Aviragnet. Avant de défendre cet amendement, monsieur le président, je
souligne que la confrontation qui a eu lieu tout à l’heure sur la part du PIB
consacrée aux retraites illustre le manque de précision et même le flou du
texte. Il est extrêmement compliqué de travailler à partir d’éléments qui
manquent à tous les niveaux. J’ai bien vérifié : il n’y a rien dans le
texte sur les variables importantes, qui n’y figurent pas davantage que la part
du PIB consacrée aux retraites. Où trouver l’âge pivot, le taux de la décote, la
valeur d’acquisition du point, la valeur de service ? Dans ces conditions,
la représentation nationale est dans l’impasse : je ne vois pas comment
nous pourrions aller plus loin. Toutes ces lacunes nous placent dans une
situation extrêmement compliquée si nous voulons travailler sérieusement et de
manière profitable. M. le
président. Les sous-amendements nos 42605 et 42604 de
M. Sébastien Jumel, 42606 de M. Pierre Dharréville et 42601 de
M. Sébastien Jumel sont défendus. M. Nicolas
Turquois, rapporteur. Avis défavorable. Dans le système proposé,
monsieur Aviragnet, nous avons une valeur d’acquisition du point et une valeur
de liquidation – la valeur dite de service –, l’une et l’autre pouvant
évoluer de la même façon à la base ou légèrement différemment en fonction de la
décision du conseil d’administration de la CNRU ; nous avons aussi un âge
d’équilibre qui s’appliquera à tout le monde. Cela fait trois variables. Je vous
invite à faire un inventaire exhaustif des variables qui existent aujourd’hui
dans les différents régimes : vous verrez qu’elles ne sont pas les mêmes.
Il serait faux de dire qu’il faut multiplier le nombre de variables du nouveau
système par autant de régimes existants pour aboutir au nombre de variables
actuelles, car certains des quarante-deux régimes partagent des variables
communes, mais je vous assure que ce sera beaucoup plus clair : la CNRU
aura ces trois instruments de pilotage à sa main pour gérer au mieux le système
en tenant compte des évolutions démographiques et économiques. M. Éric Woerth. Ce n’est qu’une intention ! Mme Marie-Christine Dalloz. Il y aura des à-coups de croissance ! M. Nicolas Turquois, rapporteur. Mais comme l’indexation sur l’inflation n’assure qu’une augmentation minimale des retraites, mieux vaut un système plus dynamique, sachant que la CNRU sera là pour assurer la transition, en l’occurrence pour faire passer d’un mode d’indexation à un autre. Le texte prévoit une échéance ; libre à la CNRU de faire une transition plus rapide si elle estime en maîtriser l’ensemble des paramètres, sachant que sa composition changera nécessairement au fur et à mesure, avec de nouvelles entrées dans son conseil d’administration d’ici 2045. Le système général sera généralisé pour les générations concernées en 2025, avec retour à l’équilibre en 2027, certaines professions relevant des régimes spéciaux y entrant plus tard. Il faut donc laisser la main à la CNRU pour lui permettre d’utiliser les outils à sa disposition afin de régler le plus finement possible cette intégration dans le système universel. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe MODEM.) M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ? M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Monsieur le député, votre amendement porte sur la quotité annuelle de travail. Je crois que M. le rapporteur vous a répondu assez complètement et que j’ai déjà indiqué à plusieurs reprises comment la durée de travail serait comptabilisée. Elle n’aura de toute façon de sens que dans des cas tout à fait particuliers, notamment celui du minimum contributif ; elle sera alors reconstituée au travers d’une recherche individualisée pour savoir s’il y a bien eu l’équivalent de 600 heures-SMIC de cotisation sur une année. Si la réponse est positive, l’année sera entièrement validée, même s’il n’y a eu que quelques mois travaillés – quelques mois à temps plein peuvent aboutir à 600 heures-SMIC sur l’année – ; si la réponse est négative, on ira voir dans l’année le nombre de mois où la personne aura travaillé a minima 50 heures. Pour les personnes non concernées par le minimum de pension, je confirme une nouvelle fois que la première heure travaillée donnera des droits. Avis défavorable. (Les sous-amendements nos 42605, 42604, 42606 et 42601, successivement mis aux voix, ne sont pas adoptés.) (L’amendement no 2555 n’est pas adopté.) M. le président. La parole est à M. le secrétaire d’État. M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Monsieur le président, je demande une suspension de séance de dix minutes. (Exclamations sur divers bancs.) M. François Ruffin. 49.3 ! M. le président. Elle est de droit. |